Le califat de ‘Ali Ibn Abi Talib et la crise politique

 

‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui), le quatrième Calife Juste, succéda à ‘Uthman Ibn ‘Affan (qu’Allah soit satisfait de lui) et prit en main les affaires des Musulmans. Il nomma ‘AbdAllah Ibn ‘Abbas gouverneur du Yémen, Samourah Ibn Joundoub Ibn Hilal Ibn Fourayj al-Fazari, un des Compagnon du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) qui décéda en l’an 60 de l’Hégire (679), gouverneur de Basra. Puis il nomma ‘Omara Ibn Hassan Ibn Shihab gouverneur de Koufa, Qays Ibn Sa’d Ibn ‘Oubadah, un Sahabi (compagnon, singulier de sahaba) qui décéda en l’an 59 de l’Hégire (678), gouverneur d’Egypte. De même que Sahl Ibn Hounayf Ibn Wahib al-Awsi al-Ansari, gouverneur de Sham (Syrie) en remplacement de Mou’awiyah qui était gouverneur de Syrie depuis l’époque de ‘Omar Ibn al-Khattab (puisse Allah le Très Haut être satisfait de tous les compagnons que nous avons mentionné). Sahl était un Sahabi qui assista à Badr et à toutes les campagnes du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) qui le jour d’Ouhoud soutint ferme avec le Prophète (Saluts et bénédictions d’Allah sur lui) lorsque les Musulmans furent déroutés. Sahl décéda à Koufa en l’an 38 de l’Hégire (658).

Lorsque Sahl Ibn Hounayf arriva à Tabouk alors qu’il était en route pour prendre son poste, il fut intercepté par les cavaliers de Mou’awiyah qui lui demandèrent :

- « Qui es-tu ? » Il répondit :

- « Amir ».

- « Amir sur quoi ? » 

- « Sur Sham ». Ils lui dirent :

- « Si c’est ‘Uthman qui t’a envoyé, tu es le bienvenue. Mais si c’est quelqu’un d’autre retourne d’où tu viens ! » Sahl ne put rien leur dire car les soldats de Mou’awiyah lui était totalement obéissant et dévoués.

‘Ali (qu’Allah soit satisfait de lui) envoya un très grand nombre de lettres à Mou’awiyah pour lui demander de quitter son poste mais ce dernier ne répondit à aucune de ses lettres.

Mou’awiyah Ibn Abi Soufyan Ibn Harb Ibn Oumayyah Ibn ‘Abd ash-Shams Ibn ‘Abdel Manaf (qu’Allah soit satisfait de lui) était gouverneur de Syrie et il voulait venger la mort de son oncle martyr et il dit à propos des appels de ‘Ali : « Je ne lui porterais pas allégeance tant qu’il ne me remettra pas les assassins de ‘Uthman car il fut tué opprimé ». 

Mais ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) ne put capturer les assassins du fait de la précarité de la situation de l’état sur le point de rupture et aussi du fait que les rebelles étaient un puissant groupe. Personne n’était en mesure d’attraper les centaines de personnes qui complotèrent l’assassinat du Calife martyr du fait de leur force. Et Mou’awiyah (qu’Allah soit satisfait de lui) avait aussi raison dans le sens où il voulait capturer les assassins car son oncle fut injustement tué.

Un jour ‘AbdAllah Ibn ‘Abbas (qu’Allah soit satisfait d’eux) dit lors d’un prêche : « Si les gens ne demandaient pas la vengeance du sang de ‘Uthman, des pierres tomberaient du ciel sur eux ! » Une parole parfaitement claire !

 

 

La bataille du Chameau

 

‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) décida de combattre ceux qui refusaient ses ordres. Et Mou’awiyah était l’un d’entre eux. Il leva son armée de Médine qu’il choisit comme centre de départ pour ses opérations. Il écrivit à ses domestiques de demander aux Ansars de lui fournir des forces mais les rapides et successifs évènements qui s’ensuivirent à La Mecque lui firent changer ses plans et il transféra le centre de ses opérations près de Basra.

La bataille du Chameau, entrainée par la grande sédition, eut lieu au mois de Joumadah Thani de l’année 33 de l’Hégire (653) et elle causa la mort de plusieurs dizaines de milliers de Musulmans.

Avant la bataille, le grand Compagnon, ‘Uthman Ibn Hounayf Ibn Wahib al-Awsi al-Ansari (qu’Allah soit satisfait de lui) dit : « A Allah nous sommes et à Lui nous retournons ! La quiétude de l’Islam est perdue par le Seigneur de la Ka’bah ! » (Il n’y a de force et de puissance qu’en Allah) ». Plus de 10.000 Musulmans et pas les moindres furent tués lors de cet affrontement.

Après la Bataille du Chameau, l’Amir des Croyants ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) se prépara à combattre Mou’awiyah et les soldats de Syrie qui étaient avec lui. Et étant le Commandeur des Croyants, il n’a ni doute et ni discussion sur la justesse de son acte.

 

 

L’expédition de Constantin, le roi des Romains, contre les Musulmans

 

En l’an 35 de l’Hégire (655), Constantin fils d’Héraclius (qoustantin ibn hiraql) navigua vers les terres musulmanes à la tête d’une flotte de mille navires. Mais Allah Exalté leva une tempête contre eux et les envoya par le fond. Constantin survécut et revint en Sicile, sa flotte anéantie. Un jour, les siciliens lui préparèrent un bain, et quand il entra, ils le tuèrent en lui disant : « Ceci pour avoir tué tous nos chefs »

 

 

La bataille de Siffin

 

A la fin de l’année 36 de l’Hégire (656), eut lieu l’effrayante bataille de Siffin. S’il n’a pas été fait mention du mot guerre lors de la bataille du Chameau, la bataille de Siffin fut vraiment une guerre entre les Musulmans qui ne compta pas moins de quatre-vingt-dix affrontements entre les deux parties. Et quel peut être le résultat de tel affrontement si ce n’est la perte de milliers d’hommes. Les historiens ont dénombrés à soixante-dix-mille morts, le nombre de Musulmans de la première heure tués lors de ces affrontements ! Soixante-dix-mille Musulmans tués est un terrible nombre. Quarante-cinq mille Syriens et vingt-cinq Irakiens furent tués.

 

Al-Bayhaqi (puisse Allah le Très Haut lui faire miséricorde) a rapporté que les combattants de Syrie, (armée de Mou’awiyah (qu’Allah soit satisfait de lui)) était près de soixante-mille et que vingt-mille d’entre eux furent tués tandis que les gens d’Iraq (l’armée de ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui)) étaient vingt-mille et que cinq-mille furent tués. Ce fut vraiment une catastrophe pour les Musulmans !

 

Mouslim (puisse Allah lui faire miséricorde) a rapporté dans son Sahih d’Abou Hourayrah (qu’Allah soit satisfait de lui) que le Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « L’Heure Dernière n’arrivera pas avant que deux grands groupes de Musulmans se combattent et qu’il y ait entre eux une grande tuerie, alors que leurs invocations est une ! » Non seulement il n’y a aucun doute sur la véracité du Hadith mais il y a aussi aucun doute que cela allait et est arrivé tel que nous avertit le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui).

Le grand Compagnon (sahabi) ‘Ammar Ibn Yassir (qu’Allah soit satisfait de lui) combattit dans les rangs du quatrième Calife Juste ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) et l’Imam Mouslim a rapporté dans son Sahih de la mère des croyants Oum Salamah (qu’Allah soit satisfait d’elle) : « Le Messager d’Allah (Saluts et bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « Le groupe injuste tuera ‘Ammar » ».

 

 

‘Ali Ibn Abi Talib accepte l’arbitrage et l’émergence des khawarije (harouri - kharijites)

 

Au mois de Safar de l’année 37 de l’Hégire (657), alors que l’avantage était pour la troupe de ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui), les soldats de Syrie accrochèrent le Qur’an au bout d’une lance qu’ils hissèrent en disant : « Nous confions notre jugement au livre d’Allah pour le différent qu’il y a entre nous et vous et pour protéger le sang des Musulmans ». Les deux groupes finirent par s’entendre pour trouver un arrangement conforme au Qur’an. Un rendez-vous fut pris au moins de Ramadan de la même année pour trouver une solution.

L’armée de ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) retourna à Koufa tandis que l’armée de Syrie revint à Damas (dimashq). L’Amir des Croyants ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) décida de trouver une solution pour mettre fin à la division qui s’ensuivit dans son armée suite à son accord de juger par le Livre d’Allah Exalté soit-Il.

 

Les infâmes khawarije apparurent et leur haine s’endurcit. Et comme a dit Ibn Kathir (puisse Allah lui faire miséricorde) : « Ils devinrent extrêmement mauvais envers ‘Ali et jetèrent la mécréance sur lui. Zour’a Ibn Bourj at-Ta'i et Hourqous Ibn Zouhayr Sa’di at-Tamimi vinrent trouver ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) et lui dirent : « Pas de jugement sauf celui d’Allah ! »

‘Ali (qu’Allah soit satisfait de lui) répondit : « Pas de jugement sauf celui d’Allah ! » Puis ils discutèrent entre eux jusqu’à ce que Zour’a dit : « Par Allah, ô ‘Ali si jamais tu ne juges pas les hommes avec le Livre d’Allah nous te combattrons ne recherchant que la miséricorde et la satisfaction d’Allah ! » ‘Ali (qu’Allah soit satisfait de lui) lui répondit : « Puisses-tu périr dans ton effort. C’est comme si je t’avais déjà tuer ». Auquel l’homme répondit : « J’aurais voulu que cela soit ainsi ! »

‘Ali (qu’Allah soit satisfait de lui) lui dit : « Si tu étais méritant, sache qu’il y a dans la mort une consolation de la vie, mais le diable t’a emporté » ».

Quant à Hourqous, il participa aux conquêtes de l’Iraq, et d’Ahwaz contre Hormouzan mais après cela il devint l’un des partisans les plus acharné contre l’Amir des Croyants ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) et il fut tué lors de la bataille de Nahrawan.

 

Avant d’arriver à Koufa, douze-mille soldats quittèrent ses rangs et se rebellèrent contre ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui). Ce groupe descendit dans une région appelée Harourah et c’est pour cela qu’ils sont connus comme les Harouriyah, les khawarije (de kharajou qui veut dire : ils sont sorti), un groupe de Musulmans égarés, qu’Allah Exalté nous préserve de l’égarement.

 

 

L’intervention de ‘AbdAllah Ibn ‘Abbas

 

Le Calife (qu’Allah soit satisfait de lui) envoya un messager au fils de son oncle, le grand Compagnon ‘AbdAllah Ibn ‘Abbas (qu’Allah soit satisfait d’eux) pour lui demander de venir parler aux khawarije ce qu’il fit. Lorsqu’il eut fini de parler avec eux après leur avoir donné des preuves décisives tous retournèrent avec lui à Koufa ou ils portèrent allégeance au Calife pour l’écoute (sam’) et l’obéissance (ta’a). Mais lorsque le rendez-vous arriva pour régler le différend entre les deux parties, ils se rebellèrent de nouveau contre le Calife et portèrent allégeance à l’un d’entre eux et redoublèrent les prêches enflammés contre les Musulmans et la légitimité de les tuer jusqu’à ce que l’un d’entre eux dit : « Je témoigne sur les gens de notre groupe, de notre Qiblah, qu’ils ont suivi l’égarement. Ils ont abandonné le jugement du Livre et leur combat est un droit pour les croyants ». Puis il dit : « Frappez leur flancs et leurs visages de vos sabres jusqu’à ce que le Clément, le Miséricordieux soit obéi ». Et leur devise était : « Pas de jugement sauf celui d’Allah » et ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) dit : « Une parole juste mal interprétée ».

 

L’Iman al-Hafiz Ibn Kathir a dit dans son livre « al-Bidayah wal Nihayah » à propos des khawarije : « Ils se sont mis d’accord pour la rébellion de Koufa à Nahrawan et ils sont sortis pour voir si quelqu’un allait se mettre en travers de leur chemin. Ils sont sortis entre les pères et les mères, entre les oncles et les tantes, ils ont divisés les proches, convaincus par leur ignorance, le peu de leur science et de leur intelligence que leurs actes étaient agréés par le Seigneur des cieux et des terres, sans savoir que ce qu’ils faisaient étaient des péchés majeurs (kaba'ir) ».

 

 

La défaite des khawarije à la bataille de Nahrawan

 

An-Nahrawan[1] existe encore de nos jours, de même qu’un nombre important d’autres noms de villes et de lieux.

 

Alors qu’ils étaient en mouvements, les khawarije rencontrèrent sur leur chemin le compagnon ‘AbdAllah Ibn Khabab Ibn al-Arak (qu’Allah soit satisfait de lui et de son père) alors qu’il était en compagnie de la mère de ses enfants qui était enceinte. Ils lui demandèrent : « Es-tu ‘AbdAllah Ibn Khabab le Compagnon du Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) ? »

Et comme Ibn Athir a dit dans son livre : « ‘AbdAllah Ibn Khabab était appelé « le lion de la forêt » et il rencontra le Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) alors qu’il était encore un enfant ». ‘AbdAllah Ibn Zoubayr et ‘AbdAllah Ibn Khabab (qu’Allah soit satisfait d’eux) sont les deux premiers enfants nés en islam.

Les khawarije lui demandèrent s’il avait entendu de son père un Hadith rapporté par le Prophète (Saluts et bénédictions d’Allah sur lui) sur la sédition ou s’il avait entendu quelque chose se rapportant à cette sédition dans lequel il était dit que : « Celui est assis est mieux que celui qui est debout, et ce que celui qui est debout est mieux que celui qui marche, que celui qui marche est mieux que celui qui court ? »

‘AbdAllah Ibn Khabab dit « Oui ! » J’ai entendu ce Hadith de mon père. Lorsqu’il l’eut rapporté ils l’attrapèrent et lui tranchèrent la tête près du bord de la rivière tandis que son sang s’écoulait dans l’eau, puis ils firent de même à son épouse avant de l’éventrer puisse Allah le Très Haut leur faire miséricorde. Les historiens rapportèrent qu’ils furent tués comme s’ils avaient été leur ennemi ! Où est donc l’application de leur devise : « Nul jugement excepté celui d’Allah », quelle est donc cette religion que ces gens suivaient ? La doctrine de ces gens était corrompue, vile et dangereuse et l’est encore.

 

L’Amir des croyants, le Calife des Musulmans ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) sortit avec son armée pour rencontrer les khawarije à Nahrawan. Lorsqu’il arriva près d’eux, il leur demanda de livrer simplement ceux qui avaient commis les infâmes crimes et qu’il se contenterait de cela. Les khawarije répondirent : « Nous tous les avons tués ». Puis ils dirent : « Ne parlez plus à ces gens ! Et préparez-vous à la rencontre de votre seigneur ». Puis ils se mirent à crier et à répéter : « Hâtez-vous, hâtez-vous vers le Paradis » (ar-rawah, ar-rawah illal jannah).

Avant que le combat ne commence, le Calife leur laissa plusieurs fois la possibilité de revenir mais les khawarije n’entêtèrent. Alors il donna l’étendard de l’aile droite à Abou Ayyoub al-Ansari (qu’Allah soit satisfait de lui). Et Abou Ayyoub al-Ansari est Khalid Ibn Zayd al-Khazraji le Compagnon Ansari (qu’Allah soit satisfait de lui). Abou Ayyoub harangua les khawarije et leur dit : « Quiconque d’entre vous qui n’a pas tué et qui n’a pas commis d’infamie et se range sous cet étendard sera en sécurité. Quiconque d’entre vous quitte son rang et s’en va à Koufa ou Mada'in[2] sera en sécurité ». Par commettre des infamies, il vous savoir que les khawarije, ces vils individus coupaient les routes des gens et les dépouillaient de leurs bien et de leur vie exactement comme ils avaient fait à Kahab et son épouse. Nul n’était sauf s’il avait le malheur de tomber entre leurs mains qu’il soit Musulman ou mécréant !

Un petit groupe de khawarije saisit l’occasion de cette dernière offre pour quitter les rangs de leur groupe tandis que les autres se préparèrent pour l’affrontement. La bataille eut enfin lieu et un très grand nombre de khawarije furent tués par l’armée du Calife.

 

 

Les conspirations des khawarije

 

L’Imam Ahmad Ibn Hanbal, a rapporté dans son Mousnad d’Abi Kathir qu’il a dit : « J’étais avec mon maître (saydi) al-Ansari et ‘Ali Ibn Abi Talib alors que les gens de Nahrawan furent massacrés. Tous les gens furent étonnés en eux même du si grand nombre de leur mort car l’armée du Calife quant à lui ne comptait que quelques morts. ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) dit : « O gens ! Le Messager d’Allah (Saluts et bénédiction d’Allah sur lui) nous a parlé d’un peuple qui quittera la religion comme la flèche transperce sa proie. Et ils ne reviendront jamais à leur religion tant que la flèche ne retournera pas sans trace. Et il (Saluts et Bénédiction d’Allah sur lui) a aussi dit : « Leur signe est un homme noir qui aura le haut du bras comme le sein d’une femme et qui aura sept poils » ». ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) ordonna alors à ses hommes de rechercher cet homme en leur donnant des informations précises sur lui ou il se trouvait, et lorsqu’ils le trouvèrent enfouit sous d’autres corps près du fleuve, ils le sortirent et le lui ramenèrent. Lorsque ‘Ali le vit il dit « Allahou Akbar (Allah est le Plus Grand). Allah et Son Messager ont dit la vérité ! » Puis il ne cessa de le répéter et les gens crièrent avec lui « Allahou Akbar ! »

 

Dans le Hadith rapporté par l’Imam Mouslim de ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui), le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « Un groupe sortira de ma communauté qui liront le Qur’an, au point que votre lecture comparée à la leur ne sera en rien semblable. Ils feront la prière, qui comparée à la vôtre, ne sera en rien semblable et ni leur jeûne comparé au votre. Ils liront le Qur’an pensant qu’il est en leur faveur alors qu’il est contre eux. Si les gens de l’armée savaient ce que leur Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah) leur a promis comme récompense pour celui qui les tuera, ils s’empresseraient de le faire. Leur signe est qu’il se trouve parmi eux un homme ressemblant à un manchot qui aura sur le haut du bras comme un bout de sein avec des petits poils blancs ».

Certains historiens ont rapporté que le nom de cet homme est Nafi’ Douthoudayah. Ils ont aussi rapporté que lors de la bataille de Nahrawan, qui eut lieu en l’an 38 de l’Hégire (658), mourut également parmi les khawarije Shijna Ibn ‘Adiyy et son fils Akhdar Ibn Shijna de la tribu des Ribab, de Taymi Ribab qui sont des tribus Taymiyah et Shijna Ibn ‘Adiyy avait une fille du nom de Qahtan qui réunissait la beauté et l’excellence mais qui était une vile kharijiyah. Elle jura après la bataille de Nahrawan de se venger de ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui). Elle choisit trois khawarije : ‘AbderRahmane Ibn Mouljam al-Mouradi, al-Bourak Ibn ‘Abdillah, al-Bourak était un surnom et son vrai nom était al-Hajjaj, et ‘Amr Ibn Bakr at-Tamimi qui se concertèrent sur la manière dont les gens vivaient, sur les gouverneurs et leurs entourages. Ils parlèrent aussi de leurs frères tués à Nahrawan et invoquèrent la miséricorde sur eux parce qu’ils étaient miséricordieux envers leurs gens mais ne craignaient pas l’invocation de l’opprimé du fait qu’ils se croyaient sur le droit chemin. Alors ils décidèrent de tuer, ce qu’ils considéraient comme « les Imams de l’égarement » selon leur doctrine corrompue !

Et qui étaient-ils ? ‘Ali Ibn Abi Talib l’Amir des Croyants et quatrième Calife Juste (qu’Allah soit satisfait de lui), puis les grands Compagnons Mou’awiyah Ibn Abi Soufyan et ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait d’eux).

‘AbderRahmane Ibn Mouljam dit : « Moi, je me charge de ‘Ali Ibn Abi Talib » puis al-Bourak dit : « Moi de Mou’awiyah Ibn Abi Soufyan » et ‘Amr dit : « Et moi de ‘Amr Ibn al-‘As ». Ils choisirent d’agir tous ensemble le 27 du mois de Ramadan et chacun d’entre eux se rendit vers le lieu de son crime en empoisonnant auparavant leurs sabres.

 

 

Les tentatives d’assassinat de Mou’awiyah et de ‘Amr Ibn al-‘As

 

Al-Bourak s’en alla à Damas ou il attendit Mou’awiyah et lorsqu’il sortit pour la prière de l’aube à la mosquée, il le frappa de son sabre qui glissa et Mou’awiyah évita le coup mortel qui lui était destiné. Mou’awiyah fit aussitôt exécuter l’homme et fit appeler un docteur connu appelé as-Sa’idi qui lui dit : « Le coup que tu as reçu est empoisonné et tu dois choisir entre deux : Sois je chauffe à blanc un fer que j’applique sur la blessure ou bien je te donne une boisson qui, si tu la bois, t’empêcheras à tous jamais d’avoir des enfants. Choisit ! » Mou’awiyah lui dit : « En ce qui concerne le feu, je ne pourrais pas résister et en ce qui concerne les enfants, j’ai Yazid et son frère ‘Abdillah » donc il but la boisson qui le guérit avec la volonté d’Allah Exalté et Loué soit-Il. Les historiens ont rapporté qu’il n’eut plus jamais d’enfants et Mou’awiyah établit désormais une garde rapprochée pour éviter à l’avenir de telles attaques.

Quant à ‘Amr Ibn Bakr, il surveilla ‘Amr Ibn al-‘As mais celui-ci ne sortit pas à la prière, ce matin-là, du fait de douleurs dans le ventre. Il ordonna au chef de la police Kharijah Ibn Houdayfah Ibn Ghanim de la tribu des ‘Adiyy Ibn Ka’b al-Qourayshiyine de sortir et de conduire la prière des gens. Lorsque celui-ci sortit, le khariji l’assaillit, croyant qu’il avait affaire à ‘Amr Ibn al-‘As, et lui donna un coup mortel de son sabre. Lorsque les gens l’attrapèrent et le conduisirent à ‘Amr Ibn al-‘As, il dit : « Tu as voulu une affaire mais Allah le Très Haut en a voulu une autre ». Et il ordonna aussitôt son exécution.

 

 

L’envoi de Ziyad à Farès

 

En l’an 39 de l’Hégire (659), quand Ibn al-Hadrami fut tué et l’opposition contre ‘Ali grandit, les gens de Farès et de Kirmân refusèrent de payer l’impôt (kharaj), et dans chaque région, les habitants saisirent le pouvoir et expulsèrent leurs gouverneurs.

Quand, ‘Ali (qu’Allah soit satisfait de lui) apprit que les gens refusaient de payer les impôts, il chercha un gouverneur capable qu’il pourrait nommer sur Farès. Jariyah Ibn Qoudamah lui dit : « O Amir des Croyants, il y a un homme qui est ferme, autoritaire et capable pour ce qu’il devra faire ». ‘Ali (qu’Allah soit satisfait de lui) demanda qui était cet homme et  Jariyah lui dit : « Ziyad ». Alors il le nomma gouverneur de Farès et de Kirmân, puis l’envoya avec quatre-mille combattants qui soumirent et mirent en ordre ces terres.

Quand Ziyad arriva à Farès, il envoya des lettres à certains chefs ou leur fit des promesses et réconforta les gens qui lui avaient accordé de l’aide tandis qu’il menaça et terrifia certains autres. Il en utilisa certains pour combattre les autres et suggéra à certains la faiblesse des autres. Quelques-uns fuirent et d’autres restèrent, quelques-uns tuèrent les autres, et par conséquent, Farès revint complètement sous son contrôle, sans qu’il ait besoin de combattre ou de forcer les gens. Il agit de la même façon au Kirmân avant de revenir à Farès où il se rendit dans les différentes régions si bien que les gens devinrent paisibles et les régions calmes. Enfin il se rendit à Istakhr où il élit domicile et fortifia un château entre Bayda’ Istakhr et Istakhr qui fut connu sous le nom de Qal’at Ziyad ou il transféra les richesses de la province. Plus tard, Mansour al-Yashkouri s’y fortifia et c’est pourquoi, elle est connut de nos jours sous le nom de Qal’at Mansour (forteresse de Mansour).

 

D’autres on rapportés : Quand les gens du Jibal[3] se révoltèrent et expulsèrent Sahl Ibn Hounayf, le gouverneur de Farès pour ‘Ali, Ibn ‘Abbas dit à ‘Ali (qu’Allah soit satisfait d’eux) : « Laisse-moi Farès ». Ibn ‘Abbas vint à Basra et envoya Ziyad à Farès avec une grande force qu’il utilisa pour supprimer les gens de la région et leur faire accomplir leurs obligations. Il utilisa tour à tour la persuasion et la ruse envers eux jusqu’à ce qu’ils revinrent à l’obéissance qui leur était due et au bon ordre sans aucune attitude hostile de leur part. Et les gens de Farès eurent l’habitude de dire : « Nous n’avons jamais été traité par douceur et compréhension par le roi (kisra) Anoushirwan comme les Arabes nous ont traités ».

 

 

L’assassinat du Calife ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui)

 

A Koufa, le vil khariji Ibn Mouljam observa les déplacements de ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui). Ibn Mouljam était ‘AbderRahmane Ibn Mouljam Ibn ‘Amr Ibn Yazid al-Mouradi de la tribu des Mourad et Mourad comme vous l’avons vu précédemment était Habir Ibn Malik Ibn Oudad et Malik Ibn Oudad était Madhij et Madhij était de la grande tribu Kahlan et non pas de Himyar.

Ibn Mouljam quitta la période préislamique (jahiliyyah) alors qu’il était petit et il était un brave et puissant cavalier. Il alla à Médine alors que ‘Omar Ibn al-Khattab (qu’Allah soit satisfait de lui) était Calife des Musulmans et étudia chez Mou’ad Ibn Jabal (qu’Allah soit satisfait de lui) si bien qu’il devint un récitateur du Qur’an et un savant adorateur. Oui, il fut un savant adorateur (‘abidan) et il combattit sous les ordres de ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) à Siffin. Mais, il changea son dogme (‘aqidah) qui allait à l’encontre des Gens de la Sounnah et de la Communauté (ahl sounna wal jama’a) et inventa le dogme des khawarije.

A Koufa, il rencontra un groupe des khawarije de Taymi Ribab qui avait perdu dix des leurs lors de la bataille de Nahrawan, puis il rencontra Qahtan la Kharijiyah qui était belle et lui fit oublier son but. Il voulut l’épouser et elle posa en condition que sa dot soit de trois-mille, on se sait pas s’il s’agit de trois-mille dirhams ou trois-mille dinars et qu’il tue ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui). Ibn Mouljam accepta, il versa la dot et l’épousa puis il reprit la surveillance de ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui). Et à l’aube du 16 du mois de Ramadan de l’année 40 de l’Hégire (660), ‘Ali sorti de chez lui pour aller à la mosquée de Koufa et guider la prière les gens tandis que le khariji l’attendait et lorsqu’il le vit, le frappa de son sabre empoisonné. Les gens se mirent à crier : « L’homme ne doit pas vous échapper ».

‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) puisse Allah le Très Haut lui faire miséricorde fut blessé à mort. Le vil khariji fut capturé et amené au Calife et s’ensuivit entre eux une des plus étranges discussions.

‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui)  lui dit :

- « O ennemi d’Allah, ne t’ai-je pas bien traité ? » Mouljam répondit :

- « Si ».

- « Qu’est-ce qui t’a donc poussé à faire cela ? »

- « Je l’ai traité (son sabre) durant quarante matinées et j’ai demandé à Allah qu’Il tue avec la plus mauvaise personne de Sa création ». 

- « Je ne te vois rien que d’être tué avec et comme Sa plus mauvaise créature, lui dit ‘Ali ».

Si ce vil (khabith) homme dit ceci à l’Amir des Croyants  (mou'minin), le maître des Sahaba de l’époque et quatrième Calife Juste que dire alors de ce qu’il pensait des autres Musulmans !

Alors ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) lui dit :

- « Ame pour âme, si je meurs tuez le de la manière qu’il m’a tué et si je reste en vie, je verrais ce qu’il convient de faire ». Puis il interdit à son fils Hassan (qu’Allah soit satisfait de lui) de le torturer et de le maltraiter. Il lui dit : « Si je meurs frappe le d’un seul coup comme il m’a frappé et ne le torture pas car j’ai entendu le Messager d’Allah (Saluts et bénédictions d’Allah sur lui) dire : « Méfiez-vous de la torture quand bien même envers le chien infirme ». Ainsi agit Aboul al-Hassan (qu’Allah soit satisfait de lui) envers l’assassin de son père. Le Khariji qui était pourtant dans une situation terrifiante, garda son calme et sa raison.

 

Et l’assassinat du Calife ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) est aussi une des conséquences de la grande sédition qui s’ouvrit avec l’assassinat du Calife martyr (shahid) ’Uthman Ibn ‘Affan (qu’Allah soit satisfait de lui) dans sa maison alors qu’il lisait le Qur’an.

Lorsque ‘Ali mourut (puisse Allah le Très Haut lui faire miséricorde), al-Hassan (qu’Allah soit satisfait de lui) alla trouver Ibn Mouljam et lui dit : « Par Allah, je vais te frapper d’un seul coup qui t’emmèneras en enfer ». Ibn Mouljam lui répondit : « Si j’avais su que cela allait se trouver entre tes mains, je ne l’aurais pris pour personne d’autre que toi ». Al-Hassan ordonna que ses mains et ses pieds soient tranchés et il est dit que ce criminel n’arrêta pas de mentionner le Seigneur. Et lorsqu’ils voulurent lui trancher la langue, il se mit à crier et dit : « O Seigneur j’aurais tant voulu que ma langue poursuive Ta mention. Alors ils le tuèrent et le brûlèrent par la suite ».

 

Si donc ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) était la pire des créatures (qu’Allah le Très Haut l’en préserve) qui dire alors de ces dangereux criminels ? Nous nous sommes un peu étendus sur le sujet juste pour vous présenter qui étaient ces khawarije, leur dogme corrompu et leurs convictions que ce qu’ils faisaient dans leur ignorance était un moyen de se rapprocher du Seigneur Exalté et Loué soit-Il. Ils pensaient qu’en jetant la mécréance sur les Musulmans cela plaisait au Seigneur et de ce fait, ils rendaient le sang et les biens des Musulmans licites alors qu’Allah Exalté soit-Il dit tout le contraire dans Son Livre ! Et tuer les Musulmans était pour eux la meilleure action. Qu’Allah le Très Haut nous préserve de l’égarement !



[1] Nom d’une rivière non loin de Baghdad près de Salah ad-Din en Iraq actuelle.

[2] Ex-Ctésiphon à quelque kilomètre de Baghdad (Bagdad). Al-Mada'in est en fait un groupe de plusieurs villes d’où le nom al-Mada'in qui veut dire les villes et qui se trouve des deux côtés du fleuve du Tigre à trente-cinq kilomètres de Baghdad.  

[3] Al-Jibal est la province d’Iraq de l’est et le nord du Khouzastan et Farès.