An-Nassir li-Dinillah, le
trente-quatrième calife abbasside
An-Nassir li-Dinillah Ahmad Abou al-‘Abbas
Ibn al-Moustadi naquit le lundi 10 du mois de Rajab de l’année 553
de l’Hégire (1158). Sa mère étant une femme turque appelée
Zoumourroud. Il devint calife à la mort de son père au début du mois
de Dzoul Qi’dah de l’année 575 de l’Hégire (1179).
Un certain nombre de Traditionnistes dont Abou al-Houssayn
‘Abd al-Haqq al-Youssoufi, Abou al-Hassan ‘Ali Ibn
‘Assakir al-Batayhi et Shouhdah, l’autorisèrent à rapporter
des Traditions et il accorda des licences à d’autres qui avait
l’habitude de rattacher des Traditions sur son autorité pendant sa
vie rivalisant les uns des autres, désirant plus la vanité que
l’exactitude des attributions.
Ad-Dahhabi a rapporté que personne ne gouverna le
califat plus longtemps que lui, car il gouverna quarante-sept ans et
que sa vie continua couronnée de gloire et de splendeur, occupé par
l’extirpation des ennemis et la subjugation des princes. Aucun
oppresseur, ni aucun rebelle ne se leva contre lui sans qu’il les
ait exterminés et aucun adversaire sans qu’il l’ait renversé et
quiconque voulut lui faire du mal, fut maudit par le Seigneur. Et
avec la prospérité de ses engagements, il fut plus attentif dans la
bonne administration de son royaume, et rien ne lui était dissimulé
concernant ses sujets, grands ou petits. Ses espions le gardèrent
informé tant des conditions publiques que privées des monarques et
il était un maître de ruses astucieuses et subtiles et de
dispositifs que nul ne pouvait sonder. Il provoquait la
réconciliation entre les princes hostiles sans qu’ils perçoivent son
intervention et semait le désaccord entre les souverains alliés,
sans qu’ils le sachent. Quand l’envoyé du souverain de Mazandaran
arriva à Baghdad, il recevait chaque matin une lettre qui
l’informait de ce qu’il avait fait la nuit précédente et le messager
utilisa tous les astuces de dissimulation, mais malgré cela la
lettre l’informant de ses activités continua à arriver
régulièrement. Il eut un rendez-vous une nuit avec une femme qui se
présenta par une porte secrète. La lettre qu’il reçut le lendemain
matin disait la chose suivante : « Tu étais couvert d’un couvre-lit
décoré d’éléphants ». Il fut très étonné et quitta Baghdad convaincu
que le calife était informé des choses invisibles.
Une autre fois, l’ambassadeur de Shah Khârezm
arriva avec un message secret et une lettre cachetée, mais il lui
fut demandé de revenir, comme si le calife savait déjà ce qu’il
avait apporté et il revint, croyant qu’il avait une connaissance de
l’invisible.
Ad-Dahhabi a rapporté qu’an-Nassir était possédé
par un djinn. Quand Muhammad le Shah de Khârezm conquit le
Khorasan et la Transoxiane et se comporta avec grande arrogance et
dédain et qu’il prit captif un certain nombre de monarques et
massacra un grand nombre de gens, qu’il aboli la Khoutbah pour les
Abbassides partout dans ses dominions et arriva de Hamadan en route
vers Baghdad, et bien que cela ne soient pas la saison, une tempête
de neige tomba sur eux pendant vingt jours. Un de ses confidents lui
suggéra que la cause avait été provoquée par la colère d’Allah pour
avoir marché contre le palais du califat et il fut informé qu’en
même temps, les tribus turques s’étaient réunies contre lui et
étaient prêtes à envahir ses dominions à cause de la grande distance
qui les séparait de lui. Ce fut la cause de son retour et an-Nassir
fut libéré de ses vils desseins sans bataille.
An-Nassir était l’un de ceux qui quand il offrait
de la nourriture, il en donnait suffisamment pour être satisfaisant
et quand il frappait, il frappait dur. Et il y eut des occasions où
il donnait comme donne celui qui ne craint aucune pauvreté. Il
arriva une fois d’Inde un homme avec un présent pour le calife, un
perroquet qui pouvait répéter, « Dis. Allah est Un »[1].
Le matin l’oiseau fut trouvé mort et l’homme fut consterné quand
arriva un valet du calife demandant le perroquet. L’homme pleura et
dit qu’il était mort dans la nuit. Le valet répondit : «En vérité,
nous le savons déjà » et ajouta : « Combien penses-tu que le calife
t’aurait donné ? » Il répondit « cinq cents dinars ». Le valet lui
dit : « Voici cinq cents dinars! Prends-les, car en vérité le calife
te les envois, il fut informé de tout ce que tu as fait depuis que
tu as quitté l’Inde ».
Quand Sadr Jahan disposa pour Baghdad avec un
certain nombre de jurisconsultes, ses gens dirent à l’un d’entre
eux, quand il partit de sa maison de Samarkand monté sur une jolie
jument : « Si tu veux bien la laisser ici, de peur qu’elle ne soit
prise à Baghdad ». Il répondit : « Le calife en personne ne peut me
la prendre ». Le calife, cependant, donna des ordres à un certain
type de le suivre et quand il entrerait dans Baghdad, de prendre la
jument et de s’enfuir avec, ce qu’il fit. Le jurisconsulte adressa
une réclamation, mais ne reçut aucune réparation. Quand ils
revinrent de pèlerinage, le calife accorda une robe d’honneur à Sadr
Jahan et sa suite et présenta aussi une robe d’honneur au
jurisconsulte ainsi que sa jument qui fut présentée portant une
selle d’or et un collier et on lui dit que le calife n’avait pas
pris sa jument, mais qu’un réparateur de chaudière l’avait fait. Le
jurisconsulte tomba en pâmoison et le calife leur prodigua des
cadeaux munificents.
Al-Mouwaffaq ad-Din ‘Abdel Latif a rapporté
qu’an-Nassir remplit tous les cœurs d’effroi et de terreur et les
gens de l’Inde et de l’Egypte le craignirent ainsi que les habitants
de Baghdad. Il rétablit la grandeur du califat qui s’éteignit à la
mort d’al-Mou’tassim et qui expira de nouveau à sa mort. Les princes
et les nobles d’Egypte et de Syrie, quand la conversation tournait
sur lui dans leurs conférences privées, baissaient leurs voix de
peur et de révérence. Une fois, un marchand arriva à Baghdad avec
quelques marchandises brodées d’or de Damiette et il fut questionné
à leur sujet, mais nia les avoir. On l’informa alors de leurs
détails, de leur nombre, couleurs et sortes, mais il continua à nier
jusqu’à ce que l’on l’ait informé de certains de ses actes et
comment ils s’étaient vengé sur un de ses esclave turc et l’avait
secrètement emmené sur la côte à Damiette ou il l’avait tué et
enterré, alors que personne ne le savait[2].
Ibn an-Najjar[3]
a rapporté que les sultans furent humiliés devant an-Nassir et ceux
qui s’opposèrent à lui se soumirent à lui. Le fier et le rebelle
furent jetés à ses pieds et les tyrans furent soumis par son épée ;
ses ennemis déclinèrent et ses alliés se multiplièrent. Il envahit
beaucoup de pays et conquit des provinces comme aucun des califes et
des souverains qui le précédèrent. Son nom fut lue dans les Khoutbah
dans les provinces de l’Andalousie et dans les villes de Chine. Il
fut le calife le plus sévère de la maison de ‘Abbas et même les
montagnes le craignaient humblement. Il était bien proportionné,
avait un bon caractère, était doté d’un excellent mental et
physique, discourait couramment et avait l’expression éloquente. Ses
directives étaient incisives et ses mots de poids. Son règne fut un
grain de beauté face à l’âge et une perle dans la couronne de la
gloire.
Ibn Wassil a rapporté qu’an-Nassir était robuste,
brave, de bon jugement, très intelligent, subtil et astucieux. Il
avait des espions en Iraq et tous les pays adjacents, qui le
gardaient informé de tous les événements mêmes les plus
insignifiants, comme celui d’un homme à Baghdad qui avait donné un
festin et avait lavé ses mains devant ses invités. Ce fait que
l’espion rapporta à an-Nassir qui écrivit en réponse : « Les
mauvaises manières de l’hôte et l’excès dans l’auteur de ces
nouvelles ». Il ajouta : « En plus de tout cela, il avait des
dispositions malfaisantes envers ses sujets, était incliné à
l’oppression et à la violence et les gens émigrèrent de leur
province par ce qu’il s’était emparé de leurs marchandises et
propriétés ».
An-Nassir faisait des choses contradictoires et
était un shiite imamite. Il s’opposa aux Traditions ancestrales, et
un jour l’Imam Ibn al-Jawzi demanda en sa présence qui était le
meilleur des hommes après le Messager d’Allah (Saluts et
Bénédictions d’Allah sur lui). Il répondit : « Le meilleur d’entre
eux après lui était celui dont la fille s’est mariée avec l’autre
(ou celui qui s’était marié avec la fille de l’autre)[4],
car il n’osa pas distinctement mentionner Abou Bakr (qu’Allah soit
satisfait de lui).
Ibn al-Athir a rapporté qu’an-Nassir avait de
méchantes dispositions et que l’Iraq fut ruiné pendant son règne par
les taxes qu’il préleva et ses saisies de marchandises et de
propriétés. Il faisait une chose et ensuite son contraire. Il se
consacra au tir à l’arbalète et aux pigeons tournoyants.
Al-Mouwaffaq ‘Abd al-Latif a rapporté qu’au beau
milieu de ses devoirs administratifs, il s’occupait avec la relation
de Traditions et il délivrait des certificats avec l’autorisation de
les transmettre sur son autorité et les étendre à l’étranger, en
leur léguant des allocations. Il envoya aussi des lettres
permissives aux princes et aux hommes de science à ce même effet et
fit une compilation de soixante-dix traditions.
Ad-Dahhabi a rapporté qu’an-Nassir autorisa un
certain nombre de savants et ils transmirent des Traditions sur son
autorité, dont parmi eux Ibn Sakinah, Ibn al-Akhdar, Ibn
al-Damaghani et d’autres.
Abou al-Mouzaffar, le petit-fils d’Ibn al-Jawzi, a
rapporté d’après leur propre témoignage que la vue d’an-Nassir
commença à faiblir vers la fin de sa vie. D’autres ont rapporté
qu’il perdit complètement la vue mais qu’aucun de ses sujets n’était
conscient de cela même son vizir et sa propre maison, car il avait
une fille d’esclave à qui il apprit l’écriture et elle avait
l’habitude d’imiter parfaitement son écriture qui écrivait les
prescriptions royales.
Shams ad-Din al-Jawzi a rapporté que l’eau
qu’an-Nassir avait l’habitude de boire était ramenée sur des bêtes
de somme d’une distance de sept parassanges[5] de Baghdad. Elle
était alors bouillit sept fois, une fois par jour et ensuite
entreposé dans des jarres sept jours supplémentaires avant qu’il la
boive. Il mourut après qu’il lui fut donné fréquemment des
soporifiques à boire. Il fut opéré et des pierres furent retirées de
lui et il devait expirer des suites de cette opération, un dimanche
du dernier jour du mois de Ramadan de l’année 622 de l’Hégire
(1224).
Quand il assuma le califat, il envoya au sultan
Salah ad-Din une robe d’honneur, l’investit de la dignité et le
sultan lui écrivit une lettre comme suit : « Votre domestique,
louange à Allah, qui compte sur la priorité du mérite dans l’Islam,
car les Abbassides ne fut pas très prospère par les premiers actes
d’Abou Mouslim, car il aida et dissimula ensuite, ni par les
derniers services de Toghrul Bek, car il défendit, mais ensuite
garda sous la contrainte, alors que votre domestique détruisit ceux
qui rivalisaient pour la cape du califat. Il renversa les noms des
prétendants au califat, fut exalté par l’assistance d’Ibrahim et
démolit les idoles dissimulées par son épée visible ».
En l’an 577 de l’Hégire (1181), Salah ad-Din adopta
le titre d’al-Malik an-Nassir (le roi victorieux).
Je vous rappelle que ce livre est une traduction et
parfois des faits sont mentionnés différemment du fait qu’ils ont
été rapportés par différents auteurs.
Durant l’année 580 de l’Hégire (1184), le calife
fit construire près du tombeau de Moussa al-Qadim[6]
un sanctuaire pour ceux qui s’y réfugiaient. Beaucoup de personnes
si réfugièrent et un certain nombre de troubles s’ensuivirent.
Durant l’année 581 de l’Hégire (1185), naquit à
al-‘Alth, un village sur le Tigre entre ‘Oukbara et Samarra, un
enfant avec un front d’une largeur de quatre doigts mais avec une
seule oreille.
Cette même année, les nouvelles parvinrent que la
Khoutbah fut lue pour an-Nassir dans les villes principales de
Mauritanie.
En l’an 582 de l’Hégire (1186), six des planètes
étaient dans la conjonction de la Balance et les astronomes
annoncèrent une dévastation générale dans toutes les provinces par
un ouragan. Les gens commencèrent alors à creuser des caves dans les
environs et à barricader les portes de leur maison pour se protéger
contre le vent. Ils
emmenèrent de l’eau et des provisions et se réfugièrent dans les
caves en attente de la nuit où devait se déclencher l’ouragan comme
l’ouragan qui détruisit la tribu de ‘Ad et qui devait être la nuit
du 9 du mois de Joumadah Thani. Cependant, rien ne se produisit ni
même la plus petite brise et rien ne put éteindre même les flammes
des bougies qui aient été prises, le vent n’ayant pas la force
suffisante pour les éteindre, prouvant ainsi la fausseté des
prédictions des astronomes.
En l’an 583 de l’Hégire (1187), le premier jour de
l’année coïncida avec le premier de jour de la semaine et le premier
jour de l’année solaire et le premier de l’année des Persans. Le
soleil et la lune furent dans le premier des signes du Zodiaque, le
Bélier, et ce fut une des plus extraordinaires coïncidences.
Cette même année, beaucoup de conquêtes furent
faites. Le sultan Salah ad-Din reprit beaucoup de villes
syriennes qui avaient été entre les mains des croisés, dont
Jérusalem, qui resta sous leur possession durant quatre-vingt-onze
ans après la bataille décisive de Hattin qui eut lieu au mois
de Rabi’ Thani. Le sultan victorieux entra à Jérusalem le vendredi
27 du mois de Rajab et détruisit les innovations des croisés et
construisit à leur place une école pour les Shafi’i, puisse le
Seigneur le récompenser avec les bénédictions de l’Islam ! Il laissa
l’église de la résurrection intacte suite à l’exemple de ‘Omar Ibn
al-Khattab (qu’Allah soit satisfait de lui) quand il conquit
pacifiquement Jérusalem. Nous parlerons beaucoup plus en détails de
ces évènements dans le prochain volume qui sera consacré
exclusivement aux croisades.
Parmi les occurrences remarquables, Ibn Barrajan a
rapporté dans son commentaire (tafsir) d’ « Alif, Lam, Mim, les Romains ont été vaincu[7] »
: « Que Jérusalem restera dans les mains des Romains jusqu’à l’année
583 (1187) ou ils seront alors battus, la ville capturée et
deviendra la maison de l’Islam jusqu’à la fin de temps ». Abou
Shamah[8]
remarqua que cette prophétie d’Ibn Barrajan est l’un des faits les
plus remarquables qui se produisit, car Ibn Barrajan décéda quelque
temps avant l’événement et la date précise de sa mort est connue.
En l’an 589 de l’Hégire (1192), décéda le sultan
Salah ad-Din al-Ayyoubi, le fléau des croisés, puisse Allah
Exalté lui faire miséricorde. Le messager qui fut envoyé pour
annoncer la nouvelle arriva à Baghdad avec la cotte de mailles du
sultan, son cheval de bataille, un dinar et trente-six dirhams, les
seules propriétés qu’il laissa quand il quitta ce monde. Ibn
al-Athir a rapporté qu’il laissa quarante dirhams et Ibn Khalil sur
l’autorité d’Ibn Shaddad, quarante-sept dirhams. L’Egypte fut donnée
à son fils ‘Imad ad-Din ‘Uthman al-Malik al-’Aziz, Damas à son fils
al-Malik al-Afdal Nour ad-Din ‘Ali et Alep à son fils al-Malik
az-Zahir Ghiyath ad-Din Ghazi.
En l’an 590 de l’Hégire (1193), mourut le sultan
Toghrul Bek Shah Ibn Arsalan Ibn Toghrul
Bek Ibn Muhammad Ibn Malik Shah, le dernier des
souverains Seldjouk.
Ad-Dahhabi a rapporté qu’ils furent douze princes,
dont le premier fut Toghrul Bek, celui qui restitua al-Qa’im à
Baghdad, et la durée de leur souveraineté fut de cent-soixante ans.
Durant l’année 592 de l’Hégire (1195), une sombre
tempête souffla à la Mecque et balaya le pays entier. Un sable
rougeâtre tomba sur les gens et une portion du Roukn al-Yamani, le
coin sud-est de la Ka’bah, s’effondra.
Cette même année, Khwarizm Shah prépara une grande
armée de 50.000 hommes et traversa la Transoxiane à leur tête.
D’autres ont rapporté que l’invasion de Khwarizm Shah se produisit
en l’an 614 de l’Hégire (1217) et Allah est Plus Savant. Khwarizm
Shah envoya un messager au calife pour lui demander le sultanat et
la restauration du palais du sultan dans son ancien état de
splendeur. Il menaça le calife qu’en cas de refus, il marcherait sur
Baghdad et que le calife deviendrait son serviteur comme l’étaient
les princes seldjouk. Suite à cela, le calife démolit le palais du
sultan et renvoya son envoyé sans réponse, après quoi le Seigneur le
mit face à ses méfaits et il revint sur ses pas comme il l’avait
déjà précédemment fait.
Durant l’année 593 de l’Hégire (1196), un énorme
météore tomba et on entendit un son terrible lors de sa chute. Les
maisons et les édifices furent ébranlés et les gens appelèrent le
Seigneur à l’aide et se réunirent en congrégation pour L’invoquer,
pensant que c’était un des signes du Jour de la Résurrection.
En l’an 595 de l’Hégire (1198), al-Malik al-‘Aziz
mourut en Egypte et son fils al-Mansour lui succéda mais al-Malik
al-‘Adil Sayf ad-Din Abou Bakr Ibn Ayyoub l’attaqua et se rendit
maître de l’Égypte avant d’être finalement succédé par son fils
al-Malik al-Kamil.
En l’an 596 de l’Hégire (1199), le Nil retarda sa
montée en Egypte, causant ainsi de grandes pertes. Il n’atteignit
pas ses 6 mètres habituel et il y eut une grande famine si bien que
les gens mangèrent les charognes et devinrent publiquement
cannibales avec les conséquences néfastes que cela engendre. Des
histoires les plus étranges ont été rapportés lors de cette période.
La famine fut si grave qu’ils durent ouvrir les tombes et manger les
cadavres. Les morts de famines furent tellement nombreux que
personne ne put marcher dans les rues sans que ses pieds ou ses yeux
ne tombe sur un mort ou un mourant. Les gens des villages périrent
tous si bien que si un voyageur traversait un village, il ne
rencontrait pas une âme vivante et trouvait toutes les maisons
ouvertes et les habitants morts.
Ad-Dahhabi a rapporté des histoires effrayantes sur
ce sujet. Il a rapporté que les rues étaient parsemées de morts et
que leurs chairs étaient la proie d’oiseaux, de charognes et de
bêtes sauvages. Les personnes de bonne naissance avec leurs enfants
furent vendues pour quelques dirhams et cet état de choses dura
jusqu’au milieu de l’année 598 (1201).
En l’an 597 de l’Hégire (1200), un énorme
tremblement de terre se produisit en Egypte, en Syrie et en
Mésopotamie. Un grand nombre de maisons et de forts furent détruits
et un village dans la région de Basra fut englouti.
À la fin du mois de Mouharram de l’année 599
de l’Hégire (1202), les étoiles furent en grande agitation et
passèrent à toute allure comme un vol de sauterelles et cela dura
jusqu’au matin. Les gens furent affolés et implorèrent le Très Haut
poussant des cris de frayeur. Nul fait similaire ne se produisit
auparavant ni-même ne fut vu excepté peut-être lors de la naissance
du Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui).
En l’an 600 de l’Hégire (1203), les croisés
menèrent un raid dans le Nil supérieur contre Fouwwah qu’ils
pillèrent et ravagèrent avant de revenir.
En l’an 601 de l’Hégire (1204), les Francs prirent
Constantinople et expulsèrent les Byzantins qui étaient en
possession de cette ville bien avant l’arrivée de l’Islam. La ville
resta sous le contrôle des Francs jusqu’en l’an 660 (1261) quand les
Byzantins la récupérèrent de nouveau.
Cette même année, une femme dans Katouftah donna
naissance à un enfant avec deux têtes, deux bras et quatre jambes,
mais il ne survécut pas.
En l’an 606 de l’Hégire (1209), débuta l’ascendance
des Tatars[9]
et une narration de leur histoire sera rapportée.
En l’an 615 de l’Hégire (1218), les croisés
capturèrent le fort de Sallassil (chaîne) à Damiette. Abou Shamah a
rapporté que ce fort était la clé de l’Egypte. C’était une haute
tour au milieu du Nil et face à elle, sur la rive est, se trouvait
Damiette et sur l’ouest le territoire principal du Delta. De chaque
côté de cette tour se trouvait une chaîne, l’une tendue au travers
du Nil dans la direction de Damiette et l’autre obstruant le passage
pour le Delta, fermant ainsi le passage des navires de la mer.
En l’an 616 de l’Hégire (1219), les croisés prirent
Damiette après plusieurs batailles et un effort prolongé. Al-Malik
al-Kamil, le Souverain de l’Egypte, était trop faible pour leur
résister. Ils introduisirent leurs innovations dans la ville
forteresse et convertirent la principale mosquée en église.
Al-Malik al-Kamil posa alors les fondations d’une
ville à la ramification des deux fleuves, l’appela al-Mansourah
qu’il renforçât avec des remparts avant d’y entrer avec son armée.
Cette même année, le chef Qadi Roukn ad-Din
az-Zahir entra en correspondance avec al-Kamil et al-Malik
al-Mou’addam ‘Issa le gouverneur de Damas qui avait un petit
ressentiment personnel contre lui. Après quoi, il lui envoya un
paquet dans lequel était un manteau et un licol et lui ordonna de le
porter devant les gens dans sa cour judiciaire. Il n’osa pas
refuser, mais après un court délai, il se leva et rentra chez lui
pour ne plus en sortir et mourut peu après de la rage et les gens
furent fortement affligés par cela.
Il arriva qu’al-Malik al-Mou’addam envoya après
cela à Sharaf ad-Din Ibn ‘Ounayn un présent de vin et un vêtement
rayé, alors qu’il se trouvait dans une période sobre, et lui dit : «
Loue Allah pour cela » sur lequel il écrivit en réponse : « O
al-Malik al-Mou’addam, la coutume que tu as introduit doit continuer
pour l’éternité : Les princes après toi suivront ta voie, offrir des
robes d’honneur aux Qadis et des présents aux dévots ».
En l’an 618 de l’Hégire (1221), louange à Allah,
Damiette fut reprise aux croisés.
En l’an 621 de l’Hégire (1224), l’école de
Tradition al-Kamiliyah, fut fondée au Caire entre les deux palais et
Abou al-Khattab Ibn Dihyah fut nommé le professeur.
Le Ka’bah avait été, jusqu’à ce temps, recouverte
de brocart blanc depuis les jours d’al-Ma'moun, mais an-Nassir la
couvrit de brocart vert et par la suite de noir et ce, jusqu’à
présent.
La situation politique à l’époque de la mort du
calife an-Nassir était ainsi :
- Les gens vivaient dans la crainte du calife à
cause de ses nombreux informateurs et des différents services de
sécurité qui espionnaient les gens sans relâche jusqu’à même à
l’intérieur de leurs demeures. Un peu à l’égard des pays à majorité
musulmane de nos jours.
- Les croisés menaçaient toujours l’Egypte
ayyoubide de leurs places fortes de Syrie,
- Le pays de Fars était toujours en proie à la
guerre entre les différents émirs de la région,
- Le pays des musulmans au-delà de la Transoxiane
était toujours instable, et en guerre avec leurs voisins Turcs qui
n’étaient toujours pas entré en Islam,
Sous le règne du calife an-Nassir apparut la plus
grande menace qu’ait connu le monde musulman en la personne de
Janjis Khan, qui allait bientôt ravager les terres d’Islam suite à
des tractations secrètes avec les croisés.
Az-Zahir bi-Amrillah, le
trente-cinquième calife abbasside
Az-Zahir bi-Amrillah Abou Nasr Muhammad Ibn
an-Nassir li-Dinillah naquit en l’an 571 de l’Hégire (1175). Son
père le nomma son héritier et il devint calife à la mort de son
père, à l’âge de cinquante-deux ans. Ils lui demandèrent lors de son
accession : « Tu ne te réjouis pas ? » Il répondit : « En vérité, la
récolte est ruinée ». Ils lui dirent : « Puisse Allah faire
prospérer tes jours ». Il dit : « Que peut donc gagner un homme s’il
ouvre son magasin seulement tard l’après-midi ». Il fut bienfaisant
envers ses sujets, réduisit les taxes, enquêta sur les abus,
distribua de larges sommes d’argent, mit fin à tous les services de
sécurité et les informateurs, qui espionnaient systématiquement, par
exemple, tous les groupements quelconques de gens, pour son père.
Lorsque les lettres de dénonciation arrivèrent par flots, il dit :
« Nous n’avons aucun intérêt à connaitre les affaires des gens dans
leurs demeures, que personne ne nous écrive pour nous transmettre ce
genres d’informations excepté ce qui relèvent des intérêts de
l’état » et il demanda aux gens de cesser de lui envoyer des lettres
de dénonciations. Mais, il ne resta pas longtemps au pouvoir, puisse
Allah Exalté lui faire miséricorde.
Ibn al-Athir a rapporté dans « al-Kamil fi
at-Tarikh » : Quand az-Zahir accéda au pouvoir, il afficha une
telle justice et bienveillance qui ne sont pas sans se rappeler ceux
de l’administration des deux ‘Omar[10] et s’il fut
affirmé que personne ne gouverna comme lui depuis le califat de
‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz, cela aurait été la vérité. Il restitua une
immense quantité de propriétés qui avaient été injustement prises,
ainsi que des marchandises confisquées sous le règne de son père et
avant cela, il exempta toutes les taxes dans les villes et ordonna
de retourner à l’ancienne taxation partout dans l’Iraq et la
cessation de ce que, son père avait imposé récemment, une quantité
faramineuse au-delà du calcul. Pour exemple, la ville de Bakouba fut
à l’origine évaluée à dix mille dinars et quand an-Nassir devint
calife, il préleva par année, quatre-vingt mille dinars, mais
az-Zahir restitua son évaluation originale sur la demande des gens.
Et quand la vieille taxe fut de nouveau prélevée dans les régions,
une députation obtint une audience et signalèrent que la plus grande
partie des arbres sur leurs propriétés s’étaient flétris et ruinés.
Suite à cela, il ordonna qu’aucune taxe ne soit prélevée sauf sur un
arbre sain. Pour illustrer sa justice, la balance du Trésor excéda
la mesure de juste la moitié d’un Qirat (deux grains) dans un
Mithqal (vingt grains) et ils acceptèrent les paiements selon cette
mesure, mais l’établirent selon l’échelle de poids en utilisation
dans les provinces,
Sur ce, un mandat fut expédié au vizir commençant
ainsi : « Malheur aux
fraudeurs qui, lorsqu’ils font peser pour eux-mêmes exigent la
pleine mesure, et qui lorsqu’eux-mêmes mesurent ou pèsent pour les
autres, [leur] causent perte [11]» et il
continua : « Nous avons entendu tel et tel rapports : Remettez la
balance du Trésor à ce qui est habituel dans les transactions
mercantiles des gens ». Ils lui écrivirent qu’une grande disparité
en résulterait, s’ils retournaient aux anciennes mesures qui
atteindraient 35.000 dinars selon leurs calculs. Il répondit
rejetant les suggestions de son correspondant et
ajouta : « Permettez cette disparité même si elle s’élève à 350.000
dinars ».
Comme autre exemple de sa justice, le surintendant
des registres des finances revint de Wassit avec plus de 100.000
dinars obtenus par oppression. Il restitua la totalité de la somme à
leurs propriétaires. Il libéra ceux qui étaient emprisonnés et
envoya dix-mille dinars au Qadi à dépenser pour ceux qui étaient
dans la détresse. Il distribua la nuit de la fête du Sacrifice (10
Dzoul Hijjah) dix-mille dinars aux savants et aux dévots.
On lui fit remarquer lors d’une occasion, que
personne ne donna jamais, même la plus infime portion, des sommes
qu’il avait prodiguées, il répondit : « J’ai ouvert mon magasin tard
l’après-midi ; laissez-moi faire du bien car combien de temps me
reste-t-il à vivre ? » Il fut trouvé dans une pièce de son palais,
des milliers de lettres toutes cachetées. On lui demanda pourquoi il
ne les avait pas ouvertes, il répondit : « Je n’ai nul besoin
d’elle, ce sont toutes des accusations de dénonciateurs ». Tout cela
fut rapporté par Ibn al-Athir.
Sabt Ibn al-Jawzi a rapporté qu’une fois il entra
dans la Trésorerie et un gardien lui dit : « Cela avait l’habitude
d’être plein durant l’époque de ton père ». Il répondit : « La
Trésorerie n’est pas faite pour être gardée pleine, mais pour être
vidée et distribuée pour les œuvres pieuses, car en vérité,
accumuler est l’occupation du commerçant ».
Ibn Wassil a rapporté qu’il montra la justice,
diminua les taxations, apparut beaucoup en public, chose que son
père faisait rarement. Il mourut le 13 du mois de Rajab 623 de
l’Hégire (1225). Son règne fut de neuf mois et quelques jours. Il
fut autorisé par son père à transmettre des Traditions. Abou Salih
Nasr Ibn ‘Abd ar-Razzaq Ibn ash-Shaykh ‘Abdel Qadir al-Jili les
récita sur son autorité.
Une éclipse de la lune se produisit deux fois
durant l’année de sa mort.
Nasroullah Ibn al-Athir arriva avec une ambassade
du gouverneur de Mossoul avec une lettre de condoléance pour son
successeur qui commençait ainsi :
« Quand la calamité qu’ils ont provoquée est si
grande, pourquoi le jour et la nuit ne devraient-ils pas s’excuser ?
Quand le troisième astre a disparu, pourquoi le
soleil et la lune ne devraient-ils pas être éclipsés ?
Combien est désolé le monde autrefois si joyeux, et
quelle solitude pour ceux qui y vivent devant une scène de
trépassé ».
Et il est notre seigneur et maître, l’Imam az-Zahir
le prince des croyants dont le règne fut une clémence aux deux
mondes.
Al-Moustansir Billah, le
trente-sixième calife abbasside
Al-Moustansir Billah Abou Ja’far al-Mansour Ibn
az-Zahir bi-Amrillah naquit au mois de Safar de l’année 588 de
l’Hégire (1191), sa mère était une esclave turque.
Selon Ibn an-Najjar, il devint calife à la mort de
son père au mois de Rajab 623 de l’Hégire (1225). Il dirigea ses
sujets avec justice, fut équitable dans ses décisions, rechercha la
société d’hommes sages et pieux, fonda des mosquées, des Ribats, des
collèges et des hôpitaux. Il hissa la bannière de la religion,
extirpa les réfractaires, promulgua les lois, restreignit les
désunions et plaça ses gens sous les règlements les plus admirables.
Il entreprit le combat dans la voie d’Allah avec une dévotion
extrême, rassembla des armées pour la défense de l’Islam, garda les
frontières et captura beaucoup de forteresses.
Al-Mouwaffaq ‘Abdel Latif a rapporté : « Quand Abou
Ja’far devint calife, il poursuivit un excellent cours de conduite,
rétablit les voies de bonté qui avaient été effacées, hissa la
bannière de la religion et les tours de garde de l’Islam. Il gagna
tous les cœurs pour son amour, toutes les langues à sa louange et le
plus argumentateur ne lui trouva aucun reproche.
Son grand-père an-Nassir courtisa sa compagnie et
avait l’habitude de l’appeler al-Qadi pour son bon jugement, son
intelligence et sa répugnance pour tous les vices qu’il rencontrait.
Al-Hafiz Zaki ad-Din ‘Abdel Amin al-Moundiri
a rapporté qu’al-Moustansir était zélé dans les bonnes œuvres,
sérieux dans la propagation des vertus dont beaucoup de cas
brillants furent enregistrés de lui. Il fonda l’école Moustansiriyah
et attribua de larges salaires aux hommes de science.
Ibn Wassil a rapporté qu’al-Moustansir battit sur
la rive est du Tigre une école dont nulle n’était aussi belle et si
abondamment dotée ni fut jamais construite sur la terre. Il nomma
quatre professeurs pour les quatre écoles dogmatiques orthodoxes,
Malik, ash-Shafi’i, Ibn Hanbal et Abou Hanifah et y
construisit à l’intérieur un hôpital. Il fournit une cuisine aux
jurisconsultes et des grandes jarres de refroidissement pour l’eau
potable fraîche. Il fournit pour leurs appartements, des nattes et
des tapis, de l’huile d’olive, du papier, de l’encre et d’autres
choses de ce genre et en plus, un salaire mensuel d’un dinar pour
chaque juriste. Plus tard, il leur fournit un Hammam, dont
nul pareil ne fut jamais construite auparavant. Il recruta une
grande armée que ni son père et son grand-père n’avait jamais
organisé avant lui et il était, de plus, d’un haut esprit, brave et
intrépide. Les Moghols envahirent ses dominions, mais ses forces les
rencontrèrent et les Tatars furent totalement déroutés. Il avait un
frère courageux appelé al-Khafaji qui avait l’habitude de dire que
s’il était dans l’autorité suprême, il traverserait la Transoxiane à
la tête d’une armée, arracherait les provinces aux Moghols et les
traquerait. Quand al-Moustansir décéda, le chef secrétaire et le
haut intendant s’opposèrent à la cérémonie d’investiture
d’al-Khafaji par peur de lui, et pour cette raison ils remirent sur
pied le fils d’al-Moustansir Abou Ahmad à cause de sa douceur
de caractère et de sa faible intelligence afin que le gouvernement
puisse rester entre leurs mains, « Mais
il fallait qu’Allah accomplît un ordre qui devait être exécuté, pour
que, sur preuve, pérît celui qui (devait) périr, et vécût, sur
preuve, celui qui (devait) vivre. Et certes, Allah est Audient et
Omniscient[12] ».
Quant à la destruction des Musulmans sous son règne
et la domination des Moghols, nous appartenons à Allah et à Lui font
nous revenons.
Ad-Dahhabi a rapporté que l’ensemble des donations
pour l’école Moustansiriyah atteignit annuellement plus de 70.000
dinars. Le bâtiment fut commencé en l’an 625 (1227) et accompli en
631 de l’Hégire (1233). Cent soixante charges de chameaux de livres
de valeur y furent envoyées. Le nombre complet de ses juristes des
quatre écoles dogmatiques fut de 248. Il y avait quatre
conférenciers et un professeur de Tradition, de grammaire, de
médecine et de la loi d’héritage. Il fut fourni plus tard à l’école,
du pain, de la viande cuisinée, des mets sucrés et des fruits. Le
calife plaça aussi trente orphelins dans la fondation et l’a dota de
mesures qui surpassent la description. L’école fut ouverte le
premier jeudi du mois de Rajab. Les Qadis, les professeurs, les
nobles et tous les fonctionnaires publics furent présents pour
l’ouverture et « C’est un
jour où les gens seront rassemblés ; et c’est un jour solennel
(attesté par tous)[13] ».
En l’an 618 de l’Hégire (1221), sous le règne
d’al-Moustansir, al-Malik al-Ashraf le souverain de Damas ordonna la
construction d’une école de Traditions appelée al-Ashrafiyah qui fut
accompli durant l’année 630 de l’Hégire (1232).
En l’an 632 de l’Hégire (1234), al-Moustansir
ordonna que les dirhams en argent soient utilisés en place des
pépites d’or. Le vizir tint une audience et convoqua les
gouverneurs, les marchands et les échangeurs de monnaie. Des tapis
de cuir furent étendus, des dirhams placés sur eux et le vizir dit :
« Notre maître, le prince des fidèle vous a prescrit d’employer ces
dirhams à la place des pépites d’or par gentillesse à votre égard et
pour vous libérer du trafic usuraire illicite ». Sur cela, ils
invoquèrent les bénédictions sur lui. Ils les firent alors circuler
en Iraq et leur valeur fixée à dix pour le dinar.
En l’an 635 de l’Hégire (1237), le poste de Qadi à
Damas fut occupé à par Shams ad-Din Ahmad al-Jouni. Il fut le
premier Qadi qui établit des postes pour les témoins dans la ville.
Auparavant, les gens devaient se rendre dans les maisons des témoins
pour obtenir leur témoignage.
Cette même année, les deux frères, le sultan
al-Ashraf le souverain de Damas et deux mois après lui le souverain
d’Egypte al-Kamil moururent. Qoulamah Sayf ad-Din Abou Bakr le fils
d’al-Kamil succéda à la souveraineté de l’Egypte et il fut surnommé
al-‘Adil, mais il fut par la suite déposé et son frère al-Malik
as-Salih Ayyoub Najm ad-Din usurpa le gouvernement.
En l’an 637 de l’Hégire (1239), le Shaykh ‘Izz
ad-Din Ibn ‘Abd as-Salam fut nommé Imam à Damas. Il prêcha un
discours libre de toutes tendances hérétiques. Il aboli
l’utilisation des drapeaux dorés et établit à leur place des noirs
et des blancs et un seul muezzin appela à la prière avant lui.
Cette même année, Rassoul al-Amin Nour ad-Din ‘Omar
Ibn ‘Ali Ibn Rassoul at-Turkomani qui possédait Taman visita le
calife pour obtenir l’investiture du sultanat du Yémen après la mort
d’al-Malik al-Mas’oud Ibn al-Malik al-Kamil et cette souveraineté
continua dans sa famille jusqu’en l’an 865 de l’Hégire (1460).
Durant l’année 639 de l’Hégire (1241), al-Malih
as-Salih le souverain d’Egypte fonda l’école qui se trouvait
entre les deux palais et le fort à Roudah, mais ce fort fut détruit
par ses esclaves en l’an 651 (1253).
Le vendredi 10 du mois de Joumadah de l’année 640
de l’Hégire (1242) mourut le calife al-Moustansir.
La
fin du califat islamique
L’état abbasside, l’état du califat islamique prit
fin en l’an 656 de l’Hégire (1257). Les signes précurseurs de sa fin
étaient déjà apparus précédemment. Nous avons témoigné comment de
l’état fort qu’il était, il devint faible après l’assassinat du
calife al-Moutawakkil ‘Alallah en l’an 247 de l’Hégire (861). À ce
moment, l’état entra dans une longue période de faiblesse suite à
l’introduction par le calife al-Mou’tassim Billah des Turcs qui
allaient mettre la main sur l’état puis, avec l’arrivée des Bouwayh
qui contrôlèrent l’état durant 113 ans jusqu’en l’an 447 de l’Hégire
(1055), quand le sultan seldjouk Toghrul Bek entra à Baghdad.
Ensuite, les souverains Seldjouks allaient se mener la guerre entre
eux, comme leurs prédécesseurs, et affaiblir l’état si bien qu’un
grand nombre de petits états naquirent sous leurs règnes. Parmi ces
états, se trouvait celui de Khwarizm dont le plus important sultan
fut ‘Ala’ ad-Din Muhammad Ibn Taqsh qui prit le contrôle d’un
grand nombre d’états islamiques en Iran, au Turkestan et de la
Transoxiane. Puis, par la suite, il combattit les Moghols sous le
commandement de Janjis Khan qui unifia les tribus de la steppe. Les
Moghols réussirent à capturer la royauté de Khwarizm Shah qui mourut
en l’an 617 de l’Hégire (1220). Son fils Sayssirah Jalal ad-Din
Minkobarti lui succéda et entra en guerre avec les Moghols et avec
les musulmans mais finit assassiné, près de Mayafariqin durant
l’année 628 de l’Hégire (1230), par un paysan qu’il ne le
connaissait même pas et qui le frappa sur la tête avec une pioche.
L’état islamique à l’extrême nord-est, était soumis
à un nombre important de problèmes qui permirent l’invasion de gens
qui vivaient près de la Géorgie. Ces gens, qui ne menacèrent jamais
les Musulmans, apparurent soudain un grand danger. Ils tuaient,
violaient, pillaient et retournaient chez eux en toute sécurité sans
que personne ne s’élève contre eux. La première moitié du
dix-septième siècle et les années qui vont les suivre, furent sans
conteste les plus difficiles auxquels eut à faire face l’état
islamique. Ce fut la plus dure période de la dynastie des
Abbassides, celle qui conduisit à sa fin.
Malgré toutes ses faiblesses, l’état au niveau
scientifique et intellectuel n’a jamais cessé de grandir, comme nous
l’avons vu, avec la construction de toutes ces différentes écoles
par exemple. Nous n’avons pas mentionné, toutes les découvertes
scientifiques qui eurent lieu sous le règne des Abbassides, ni même
parlé des centaines de savants qui virent le jour sous cette
dynastie, sur leurs travaux et leur contribution à l’essor de la
civilisation. Néanmoins, les travaux du Docteur Salah ad-Din
al-Jaza'iri[14]
sont suffisant sur le sujet.
Parmi les nombreuses choses que le calife az-Zahir
bi-Amrillah fit, est qu’il racheta un très grand nombre de femmes
esclaves âgées de plus de 40 ans, qu’il rendit libres et qu’il
maria. Il prit soin aussi des orphelins et de tous ceux qui étaient
dans le besoin, puisse Allah Exalté lui faire miséricorde.
[1]
Qur’an 112.
[2]
Excepté Allah Exalté bien évidemment.
[3]
Abou Hafiz ‘AbdAllah Muhammad surnommé Ibn
an-Najjar naquit à Bagdad en l’an 578 de l’Hégire (1182). Il
fut un maître de Traditions Prophétiques et des sept
lectures du Qur’an. Il passa 27 ans à voyager et noter tous
les renseignements qu’il put recueillir. Il mourut en l’an
643 de l’Hégire à Bagdad (1245). Le plus connu de ses
travaux est le complément en 16 volumes, de l’Histoire de
Bagdad d’Abou Bakr al-Baghdadi.
[4]
Les Sounnis soutinrent qu’il voulut dire Abou Bakr dont la
fille se maria avec le Prophète Muhammad (qu’Allah
soit satisfait de lui), tandis que les shiites prétendirent
que c’était ‘Ali (qu’Allah soit satisfait de lui) parce que
Fatimah (qu’Allah soit satisfait d’elle), la fille de Muhammad
(qu’Allah soit satisfait de lui), fut mariée à lui.
[5]
42 kilomètres.
[6]
Le fils de Ja’far as-Siddiq et cinquième dans la descente de
‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui), appelé
al-Qadim ou l’Humble. Il fut considéré après sa mort l’un
des « douze Imams » de l’hérésie shiite et était célèbre
pour son ascétisme et sa charité. Il naquit à Médine en l’an
129 (746) et mourut à Bagdad en l’an 183 de l’Hégire (799)
ou 186 (802) selon d’autres sources.
[7]
Qur’an 30.
[8]
Abou al-Qassim ‘AbderRahmane, surnommé Shihab ad-Din
et appelé Abou Shamah à cause d’une taupe qu’il avait sur la
tempe gauche. Il naquit à Damas en 599 (1202). Il fut un
jurisconsulte, un grammairien, un traditionniste et un
historien. Il laissa deux Abrégés de l’Histoire de Damas,
l’un de 15 et l’autre de 5 volumes, en plus des biographies
de Nour ad-Din et Salah ad-Din, il écrivit plusieurs
autres travaux sur la théologie et la grammaire.
[9]
Appelés aussi les Moghols.
[10]
‘Omar Ibn al-Khattab (qu’Allah soit satisfait de lui) et
‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz (qu’Allah lui fasse miséricorde).
[11]
Qur’an 83 : 1 à 3.
[12]
Qur’an 8 : 42.
[13]
Qur’an 11 : 103.
[14]
Voir de l’auteur : « The Hidden debt to Islamic
Civilisation » et « The Golden Age and Decline of Islamic
Civilisation ». J’ai l’intention de traduire en français ce
dernier livre dans le futur.