La Capture et la Mort de Yahya
Ibn Muhammad
al-Bahrani
Muhammad
Ibn Sim’an, le secrétaire a rapporté que quand Yahya Ibn Muhammad
atteignit le Nahr al-‘Abbas il rencontra à l’embouchure du canal
trois-cent-soixante-dix cavaliers des forces d’Asghajoun, qui était
à l’époque l’administrateur financier d’al-Ahwaz ; les
cavaliers furent recrutés dans la même région. Après les avoir vu,
Yahya sous-estima leur nombre et imagina qu’il n’avait rien à
craindre, étant donné la grandeur de sa propre force. Donc n’ayant
rien pour les protéger du danger, ses troupes attaquèrent et les
soldats d’Asghajoun les couvrirent d’une pluie de flèches qui blessa
beaucoup d’entre eux. Yahya envoya alors cent-vingt de ses
propres cavaliers à travers le canal, avec un grand nombre de
fantassins.
Les troupes
d’Asghajoun se retirèrent, permettant ainsi à la force d’al-Bahrani
d’entrer dans le canal où le niveau de l’eau était si bas que les
bateaux de transport étaient bloqués dans la boue. Les hommes sur
les bateaux virent l’approche des zanj et décidèrent de les
abandonner, si bien qu’ils furent saisis et qu’une immense quantité
de marchandises de valeur fut pillée. Les zanj se dirigèrent alors
vers la région des marais de Batihah as-Sahnah,
portant leur butin, mais ils quittèrent la route bien fréquentée à
cause de la jalousie réciproque qui existait entre al-Bahrani
et ‘Ali Ibn Aban al-Mouhallabi. Les compagnons de Yahya lui
conseillèrent de ne pas prendre la route fréquentée par l’armée de
‘Ali. Yahya accepta leur conseil et ils se mirent en route
pour et entrèrent finalement dans le marais, suivant la route que
nous venons de mentionner. Là, Yahya congédia la cavalerie et
ordonna à Abou al-Leyth al-Isbahani de les accompagner au camp du
commandant zanj.
Le vil
(al-khabith) avait envoyé un message à Yahya pour l’avertir
de l’armée approchant qu’il avait rencontré et lui conseillait
d’être sur ses gardes à son retour de peur qu’il ne rencontre
l’ennemi. Al-Bahrani envoya certains groupes en
reconnaissance vers le Tigre et ils partirent juste au moment où
l’armée d’Abou Ahmad partait d’al-Ouboullah pour le Nahr Abi
al-Assad.
Les forces du
gouvernement partirent au Nahr Abou al-Assad par ce que Rafi’ Ibn
Bistam et d’autres du voisinage de Nahr al-‘Abbas et du Batihah
as-Sahnah avaient informé Abou Ahmad de la présence
d’al-Bahrani, du nombre de ses forces et qu’il projetait de
plus de quitter Nahr al-‘Abbas pour le Tigre. Ils conseillèrent
ainsi à Abou Ahmad d’avancer vers le Nahr Abou al-Assad et
d’y établir son camp pour interrompre l’arrivée des réserves à al-Bahrani
et pour empêcher quiconque d’entrer ou de sortir de son camp. Les
éclaireurs de Yahya revinrent avec les nouvelles de l’armée
d’Abou Ahmad, le poussant de plus en plus à craindre une
rencontre. Il retourna alors sur ses pas le long de la route qui
venait d’emprunter et il connut avec ses troupes de grandes
difficultés. Ils succombèrent à une maladie suite à leur exposition
constante dans le marais et beaucoup d’entre eux tombèrent malades.
Alors qu’ils approchèrent du Nahr al-‘Abbas, Yahya Ibn Muhammad
nomma Souleyman Ibn Jami’ responsable de l’avant-garde des zanj qui
s’engagèrent à remorquer leurs bateaux du Nahr al-‘Abbas. Les forces
gouvernementales, cependant, avait fourni des péniches et des skiffs
à Asghajoun pour garder l’embouchure du canal, avec des contingents
de cavalerie et d’infanterie. Cette situation provoqua une
considérable inquiétude à Yahya et à ses soldats. Les zanj
abandonnèrent alors leurs bateaux et se retirèrent de la rive ouest
du Nahr al-‘Abbas et prirent la route pour az-Zaydan et le campement
du vil (al-khabith).
Yahya
ignorait totalement ce qui était arrivé à ce groupe de zanj. Aucune
nouvelle ne l’atteignit dans le secteur central de son armée, qui
venait d’atteindre le pont de Qouraj (qantarah), dans un
endroit étroit où l’eau coulait très rapidement dans le canal. De là
il put superviser ses troupes zanj quand ils remorquèrent leurs
bateaux, dont certains coulèrent tandis que d’autres furent sauvés.
Muhammad
Ibn Sim’an a dit que pendant qu’il se tenait sur le pont, Yahya
vint le trouver clairement étonné par la force violente de l’eau et
de la grande difficulté rencontrée par ses hommes pour remorquer
leurs bateaux. Il dit : « Que penses-tu si l’ennemi nous attaquait
maintenant ; quelle situation pourrait être plus mauvaise que la
nôtre ? » Il fut interrompu par l’arrivée de Tashtimour at-Turki
avec l’armée qu’Abou Ahmad avait expédiée au Nahr Abi
al-Assad après son retour d’al-Ouboullah. Une grande consternation
éclata parmi les troupes de Yahya.
Muhammad Ibn
Sim’an continua : « Je bondis pour jeter un coup d’œil et je vis les
drapeaux rouges apparaître sur le côté ouest du Nahr al ‘Abbas où se
trouvait Yahya. Les zanj les s’aperçurent et, se jetèrent
dans le canal, qu’ils traversèrent vers la rive est. L’endroit où se
trouvait Yahya se vida et seulement quelques douzaines
d’hommes restèrent avec lui. Yahya prit son bouclier, son
épée et se ceint la taille. Il rencontra l’ennemi approchant avec
son petit groupe et les troupes de Tashtimour les couvrirent d’une
pluie de flèches et provoquèrent rapidement beaucoup de blessures.
Al-Bahrani fut lui-même blessé à trois endroits, sur les bras
et sa jambe gauche. Quand ses compagnons le virent blessé, ils
s’enfuirent. Cependant, comme il ne fut pas reconnu, personne ne fit
rien pour l’achever, il poursuivit son chemin vers l’un des bateaux
et traversa du côté est du canal alors que la matinée était déjà
bien avancée.
Les blessures
de Yahya sapèrent sa force. Sa condition provoqua
l’augmentation de la peur des zanj et l’affaiblissement de leur
détermination. Ils abandonnèrent la bataille, préoccupés uniquement
par sauver leurs propres peaux. Les troupes gouvernementales
pillèrent les bateaux situés sur la rive ouest du canal. Quand ils
finirent, ils montèrent dans un des bateaux avec les machines
incendiaires et traversèrent la banque opposée où ils brûlèrent
l’artisanat que les zanj avaient abandonné là. Les zanj se
dispersèrent et laissèrent Yahya tout seul. Durant le reste
du jour, ceux qui purent le faire partirent discrètement, laissant
beaucoup de morts et de capturés derrière eux, et le reste s’enfuit
finalement sous la couverture protectrice de l’obscurité.
En voyant
l’effondrement total de ses forces, Yahya monta dans une
galère dont l’un des combattants blancs était responsable. Il
apporta avec lui un praticien des arts médicaux appelés Abou Jaysh
‘Abbad, à cause des blessures dont il souffrait. Son seul désir
était de se rendre au camp du vil (al-khabith). Quand ils
approchèrent de l’embouchure du canal, les marins dans la galère
virent devant eux des péniches et des galions des forces
gouvernementales bloquant le canal. Ils craignirent de s’approcher
trop près et d’être appréhendés. Ils traversèrent alors vers la rive
ouest et déposèrent Yahya et ceux qui étaient avec lui sur le
rivage près d’une petite plantation. Yahya marcha une
courante distance avec difficulté jusqu’à ce que, trop épuisé pour
aller plus loin, il se laissa tomber et passa la nuit où il était.
Le matin suivant le médecin ‘Abbad, qui était encore avec lui,
partit précautionneusement à la recherche de quelqu’un. Quand il
tomba sur des troupes gouvernementales, il leur fit des signes, leur
dit où Yahya se cachait, leur montra ensuite la voie et il
fut ainsi capturé.
Cependant, il
a été rapporté que cela fut un autre groupe de gens qui, en passant
par Yahya, l’ont vu et donnèrent sa position pour qu’il soit
capturé. Les nouvelles du destin de Yahya atteignirent le vil
(al-khabith), le chef des zanj, qui augmenta beaucoup son malaise et
son chagrin pour sa perte.
Yahya
Ibn Muhammad al-Azraq al-Bahrani fut ramené à Abou Ahmad
qui le ramena à al-Mou’tamid à Samarra. Une plate-forme fut
construite à al-Hayr près du champ de courses. Yahya
fut alors élevé devant la foule afin qu’ils témoignent de sa
flagellation. Il a été rapporté qu’il entra dans Samarra le mercredi
9 du mois de Rajab, monté sur un chameau. Al-Mou’tamid tint une
assemblée le matin suivant, qui était le jeudi et on donna à Yahya
deux-cents coups d’un fin fouet en présence du calife. Ensuite ses
mains et jambes furent tranchées des côtés opposés. Puis il fut
sévèrement battu avec des épées, tiré, démembré et son corps fut
finalement brûlé.
Muhammad
Ibn al-Hassan rapporta que lorsque Yahya al-Bahrani
fut exécuté, le chef des
zanj fut informé et il le dit : « La mort de Yahya me fit
profondément de la peine et mon inquiétude fut intense, quand une
voix s’adressa à moi et me dit que sa mort était une bénédiction
pour moi, car il était cupide ». Plus tard, il approcha un groupe de
gens avec qui j’étais et donna un exemple de la cupidité de Yahya
en racontant l’histoire suivante : « Une fois, alors que nous avions
acquis beaucoup de butin d’une des villes que nous avons prises,
nous sommes entrés en possession de deux grands et précieux
colliers. Il me dissimula le plus grand et le plus précieux et me
montra seulement celui de moindre valeur me demandant de lui en
faire cadeau, ce que je fis. Mais je fus informé de celui qu’il
avait caché et après l’avoir fait demandé je lui dis : « Donne-moi
le collier que tu as dissimulé ». Cependant, il me remit seulement
celui que je lui avais déjà donné et nia qu’il en avait pris un
autre. Mais, quand j’ai commencé à lui décrire le collier, qu’il
n’avait caché, en le regardant, il pâli et devint muet. Il me quitta
et m’apporté plus tard le deuxième collier qu’il me supplia de le
lui en faire cadeau. Je fis ainsi et lui ordonna de rechercher le
pardon de Dieu pour son acte ».
Muhammad Ibn
Sim’an a dit qu’un jour le chef zanj lui dit qu’on lui avait offert
la prophétie mais qu’il avait refusé. Ibn Sim’an demanda pourquoi et
il reçut la réponse que la prophétie impliquait des fardeaux qu’il
n’avait pas la force de porter.
Cette même
année, Abou Ahmad Ibn al-Moutawakkil se retira de sa position
près du chef des zanj et parti pour Wassit.
Après qu’Abou
Ahmad fut partit au Nahr Abou al-Assad et campa là, la
maladie et les virus se propagèrent parmi ses soldats et ceux qui
les accompagnaient. Un certain nombre d’entre eux mourut tandis que
les deux autres, incapable de se mouvoir, survécurent et réussirent
à se rétablir. Abou Ahmad revint alors à Badaward, où il
campa. Il ordonna le renouvellement de l’équipement de l’armée et la
distribution des salaires aux troupes. Il rénova aussi les péniches,
les galères et les bacs et les plaça sous le commandement d’hommes
parmi ses affranchis.
En partant à
la poursuite de l’armée du vil (al-khabith), Abou Ahmad
ordonna à un groupe de ses commandants de partir pour un certain
nombre d’endroits qu’il énuméra, dont le Nahr Abi al-Khassib. Il
ordonna aux autres commandants de rester avec lui pour lutter à
l’endroit qu’il choisirait lui-même. Quand la bataille reprit, la
plupart de ses forces étaient partis vers le Nahr Abi al-Khassib,
tandis qu’Abou Ahmad resta avec seulement une poignée de ses
troupes. Il tint sa position de peur que les zanj soient tentés de
l’attaquer ainsi que d’autres groupes de ses forces exposées dans
les mines de sel de Nahr Manka. Les zanj qui observèrent la
dispersion des troupes d’Abou Ahmad et sa position précaire,
se concentrèrent sur lui. La bataille s’embrasa furieusement avec
beaucoup de morts et de blessés des deux côtés. Les troupes d’Abou Ahmad
brûlèrent beaucoup d’endroits fortifiés et les habitations des zanj
et sauvèrent un grand nombre de captives musulmanes. Les zanj
dirigèrent alors tous leurs efforts vers l’endroit où Abou Ahmad
était posté. Abou Ahmad al-Mouwaffaq apparut sur une péniche,
plongea au milieu de la bataille en encourageant ses troupes,
jusqu’à ce qu’il arrive à une foule de zanj qu’il savait qu’il ne
pouvait pas combattre, étant donné le petit nombre de ses propres
troupes. Se rendant compte que la meilleure partie de bravoure
serait de se désengager de la bataille, il ordonna à ses troupes de
se retirer vers leurs bateaux de manière réfléchie et ordonnée. Abou
Ahmad remonta alors dans sa péniche après s’être assuré que
la plupart de ses hommes étaient en sécurité à bord de leurs
bateaux. Un détachement resta en arrière et se réfugia dans les
épaisses forêts et les étroites voies navigables. Ils furent
complètement coupés de leurs camarades. Les zanj leur tendirent une
embuscade et les éliminèrent un par un. Ces hommes se défendirent et
dans la bataille au corps à corps beaucoup de zanj rencontrèrent
leur destin. À peu près cent-dix têtes des soldats d’Abou Ahmad
furent envoyées au chef du zanj, qui servit seulement à augmenter
son arrogance.
Abou Ahmad
réussit finalement à extraire son armée et revint à al-Badaward, où
il resta à préparer et rassembler ses troupes pour une nouvelle
attaque contre les zanj. Un feu éclata à l’extrémité du camp durant
une période de tempête et de vent violent qui incendia le camp.
Alors, au mois de Sha’ban de cette année, Abou Ahmad retourna
à Wassit et, après son arrivée, le corps de ses troupes se dispersa.
Le 10 du mois
de Sha’ban, un épouvantable et assourdissant tremblement de terre se
produisit à as-Saymarah. Le lendemain matin, qui était un dimanche,
un terrible et plus grand tremblement de terre que celui de la
veille se produisit et la plupart de la ville fut détruite. Partout
les murs des bâtiments s’effondrèrent et, il a été rapporté,
qu’environ vingt-mille personnes furent tuées.
Un homme
connu sous le nom d’Abou Faq’as fut vigoureusement battu à la Porte
Publique de Samarra. Mille-vingt coups lui furent administrés parce
qu’il insultait les pieux ancêtres (salaf). Il est mort le
jeudi 7 du mois de Ramadan.
Le 6 du mois
de Rajab de l’année 259 de l’Hégire (872), ‘Ali Ibn Aban
al-Mouhallabi et Yahya Ibn Khalaf An-Nahrabatti envahirent
Souq al-Ahwaz et tuèrent un grand nombre d’habitants, dont le
chef de sécurité.
La bataille de Souq al-Ahwaz
Il a été
rapporté que le chef des zanj, ne fut pas informé de l’incendie du
camp d’Abou Ahmad à al-Badaward et qu’il ne l’a découvert
seulement trois jours plus tard, quand deux hommes de ‘Abbadan le
visitèrent et lui donnèrent les nouvelles.
Donc le chef
zanj revint au pillage, puisque les réserves de nourriture lui
avaient été coupées. Il envoya ‘Ali Ibn Aban al-Mouhallabi avec la
plupart de l’armée accompagné par Souleyman Ibn Jami’, qui autrefois
avait assumé le commandement des forces sous Yahya Ibn Muhammad
al-Bahrani et Souleyman Ibn Moussa ash-Sha’rani. Souleyman
fut nommé responsable de la cavalerie pendant que le reste des
troupes était avec ‘Ali Ibn Aban al-Mouhallabi.
Asghajoun
était le gouverneur d’al-Ahwaz ou étaient postés Nayzak et un
certain nombre d’autres commandants. ‘Ali Ibn Aban s’approcha d’al-Ahwaz
avec ses forces de zanj et quand Asghajoun fut alerté, il avança
vers ‘Ali avec ses propres troupes. Les deux armées se rencontrèrent
près du dépôt d’ordures dans le désert de Dastimaran. Ce jour-là, le
destin fut contre
Asghajoun, qui se noya, tandis que Nayzak et un nombre important de
ses troupes furent tués. Al-Hassan Ibn Harthamah
ash-Shar et al-Hassan Ibn Ja’far Zawashar furent fait
prisonniers ce même jour.
Al Hassan
Ibn ash-Shar a dit : « Nous quittâmes ce jour-là l’Ahwaz avec
Asghajoun pour rencontrer les zanj, mais nos troupes furent
incapables de tenir leur position et s’enfuirent. Nayzak fut tué et
Asghajoun fut porté disparu. Quand je m’en rendis compte, je
descendis de mon cheval en menant un autre cheval que j’avais avec
moi dans le fleuve et en attrapant sa queue, j’espérais pouvoir
facilement de sauver. Mais mon domestique me battit en s’enfuyant
devant moi et en me distançant. J’essayais alors de rejoindre Moussa
Ibn Ja’far afin que nous puissions nous échapper ensemble, mais il
était monté dans une barque et partit sans m’attendre. J’aperçu un
autre bateau, dans lequel je réussis à monter, mais une foule se
rassembla autour et demanda de monter à bord en se cramponnant au
navire qui chavira sous le poids. Je grimpais sur la coque renversée
et la foule partit juste au moment où les zanj arrivèrent. Ils
tirèrent des flèches sur moi et voyant ma fin proche, j’ai poussé
des cris : « Arrêtez de tirer et lancez-moi quelque chose que je
puisse saisir et vous atteindre ». Donc ils étendirent une lance,
que je saisie et ils me tirèrent vers eux. Quant à Al-Hassan
Ibn Ja’far, son frère le mit sur un cheval et lui demanda d’agir
comme un messager entre lui et le commandant de l’armée. Mais, suite
à la défaite et dans sa hâte de trouver la sécurité, son cheval
trébucha et il fut capturé ».
‘Ali Ibn Aban
transmis les nouvelles de la bataille au vil (al-khabith) et lui
envoya beaucoup de têtes ennemies et leurs bannières aussi. Al-Hassan
Ibn ash-Shar, al-Hassan Ibn Ja’far, Ahmad Ibn Rouh,
avec d’autres captifs, furent emprisonnés. Pendant ce temps ‘Ali Ibn
Aban entra dans la ville d’al-Ahwaz et la pilla
systématiquement, forçant les autorités centrales à nommer Moussa
Ibn Bougha pour mener la guerre contre le vil (al-khabith).
Moussa Ibn
Bougha quitta Samarra le 17 du mois de Dzoul Qi’dah. Al-Mou’tamid
l’accompagna, lors d’une procession publique, aussi loin que les
murailles de la ville où il lui attribua des robes d’honneur.
Cette même
année, ‘AbderRahmane Ibn Mouflih arriva dans l’Ahwaz,
Ishaq Ibn Koundaj à Basra et Ibrahim Ibn Sima à Badaward,
tous agissant sur l’autorité de Moussa Ibn Bougha pour préparer la
guerre contre le chef des zanj.
Lorsqu’Ibn
Mouflih arriva à al-Ahwaz, il établit le camp près du
pont d’Arbouk avant de marcher contre al-Mouhallabi mais il fut
vaincu et forcé de se retirer pour regrouper ses forces. Ibn Mouflih
retourna de nouveaux à la bataille. Dans le combat violent qui
s’ensuivit, les zanj furent sévèrement battus et un grand nombre de
captifs fut pris. ‘Ali Ibn Aban fut mis en déroute et s’enfuit avec
certains de ses partisans à Bayan. Le vil (al-khabith) essaya de les
inciter à retourner au combat, mais la frayeur qui emplit leurs
cœurs les en empêcha. Quand il
les vit ainsi, il leur permit d’entrer dans son camp où ils
restèrent un certain temps.
AbderRahmane
Ibn Mouflih arriva à Hisn al-Mahdi pour y établir son
armée. Le vil (al-khabith) envoya ‘Ali Ibn Aban pour lutter contre
lui mais, comme ‘Ali fut incapable de le battre, il se dirigea vers
un endroit appelé ad-Dakar. Pendant ce temps, Ibrahim Ibn Sima était
à al-Badaward où il engagea et vaincu ‘Ali, qui, lorsqu’il revint à
l’attaque fut de nouveau battu. Pendant la nuit, ‘Ali partit
accompagné par certains guides qui le menèrent à travers des forêts
denses à Nahr Yahya. ‘AbderRahmane fut informé de ces
mouvements et envoya Tashtimour à sa poursuite avec un contingent de
Mawlah. Cependant, à cause de l’inaccessibilité de la position de
‘Ali et des barrières impénétrables de roseaux et d’herbes,
Tashtimour ne put l’atteindre. Néanmoins, il les força à quitter
leurs positions en incendiant la végétation. Un certain nombre de
zanj furent capturés et Tashtimour les ramena ainsi que les
nouvelles de la victoire à ‘AbderRahmane Ibn Mouflih
pendant que ‘Ali Ibn Aban parti pour Nassoukhah où il campa avec le
reste de ses forces. Informé des mouvements de ‘Ali, ‘AbderRahmane
Ibn Mouflih déplaça aussitôt son propre camp à al-‘Amoud.
Durant ce
temps, ‘Ali Ibn Aban partit vers le Nahr as-Sidrah, où il écrivit au
vil (al-khabith) demandant des renforts et des péniches. Treize
péniches lui furent envoyées contenant plusieurs contingents de
troupes zanj et ‘Ali marcha pour une nouvelle bataille contre
‘AbderRahmane Ibn Mouflih, qui avança aussi à sa
rencontre. Cependant, aucun combat n’eut lieu et les deux armées
déployées se firent face durant le jour entier. Après la tombée de
la nuit, ‘Ali tria sur le volet un certain nombre de ses troupes,
dont il connaissait le courage et en qui il avait une totale
confiance. Il s’éloigna du reste de son armée pour dissimuler ses
intentions réelles puis se mit en route avec ceux qu’il avait
choisis accompagné par Souleyman Ibn Moussa ash-Sha’rani. Prenant
position dans les arrières de ‘AbderRahmane, ‘Ali lança une
attaque surprise de nuit contre le camp et lui infligea de sérieuses
pertes, forçant ‘AbderRahmane à se retirer abandonnant
derrière lui quatre péniches de sa propre flotte. ‘Ali les récupéra
et partit. ‘AbderRahmane procéda jusqu’à ad-Doulab, où il
établit son camp. Donnant le commandement de certaines de ses
troupes d’infanteries à Tashtimour, il l’envoya mener une nouvelle
expédition contre ‘Ali Ibn Aban. Tashtimour et ‘Ali se rencontrèrent
dans les environs de Bayan Azar et ‘Ali fut forcé à fuir à Nahr
as-Sidrah. Quand Tashtimour informa ‘AbderRahmane de la
défaite de ‘Ali, il partit avec son armée à al-‘Amoud, où il campa
et prépara ses troupes pour la bataille. Tashtimour organisa les
péniches qui lui avaient été confiées pour mener la bataille et
s’aventura à l’embouchure du Nahr as-Sidrah, où affronta de nouveau
‘Ali Ibn Aban lors d’une importante bataille. ‘Ali fut de nouveau
mis en déroute, perdit dix péniches et revint défait chez le vil
(al-khabith). ‘AbderRahmane monta immédiatement son camp dans
Bayan, duquel avec Ibrahim Ibn Sima, ils avancèrent et attaquèrent à
tour de rôle les positions du vil (al-khabith), causant une grande
frayeur à ceux qui était dans son camp.
Ishhaq
Ibn Koundaj, qui durant ce temps était posté à Basra, coupa
l’acheminement des fournitures à l’armée du vil (al-khabith) et le
jour de la bataille entre ‘AbderRahmane et Ibrahim Ibn Sima
contre le vil (al-khabith) il savait que ce dernier allait envoyer
un détachement de ses forces à la périphérie de Basra, où Ishhaq
Ibn Koundaj les attendrait et les attaquerait. Cela dura ainsi
pendant plus de dix mois, jusqu’à ce que Moussa Ibn Bougha fut
remplacé par Masrour al-Balkhi pour poursuivre le combat contre le
vil (al-khabith) qui fut informé de ces changements.
Cette même
année, l’empereur byzantin conquit Soumayssat, attaqua aussi
Malatyah et assiégea ses habitants, qui se défendirent et réussirent
à le repousser. Ahmad Ibn Muhammad al-Qabous tua Nasr
al-Iqritashi, le commandant suprême.
Cette année
aussi, un groupe de prisonniers zanj fut envoyé d’al-Ahwaz à
Samarra. Une foule à Samarra les attaqua, tua un certain nombre
d’entre eux dont les corps furent déchiquetés.
Toujours
cette année, les Byzantins capturèrent la forteresse Lou’lou’ah des
Musulmans, près de Tarse.
Comme les califes
précédents et ceux qui suivront, al-Mou’tamid ‘Allallah, le
quinzième calife abbasside fit la même erreur en désignant plusieurs
de ses enfants pour la succession, alors que son frère Abou Ahmad
était occupé à combattre les zanj.
Au mois de Shawwal
de l’année 261 de l’Hégire (874), al-Mou’tamid désigna son fils
Ja’far à la succession après lui et le surnomma al-Mouwaffad
‘Alallah puis après lui, le fils de son frère Abi Ahmad,
qu’il surnomma al-Mouwaffaq Billah.
Cette même
année, Abou as-Saj fut nommé gouverneur d’al-Ahwaz et la
responsabilité des campagnes contre le chef zanj. Abou as-Saj partit
pour l’Ahwaz après que
‘AbderRahmane Ibn Mouflih
fut envoyé à Fars.
Durant cette
année aussi, il y eu une bataille entre ‘AbderRahmane, qui
était rattaché par mariage à Abou as-Saj et ‘Ali Ibn Aban dans la
zone d’ad-Doulab. ‘AbderRahmane fut tué et Abou as-Saj parti
pour ‘Askar Moukram. Les zanj envahirent l’Ahwaz, passèrent
par l’épée un certain nombre d’habitants, en prirent un certain
nombre captifs, pillèrent et brûlèrent les maisons. Par la suite
Abou as-Saj fut relevé de ses obligations d’al-Ahwaz et fut
remplacé Ibrahim Ibn Sima. Il resta responsable de l’Ahwaz
seulement durant les fonctions de Moussa Ibn Bougha qui fut bientôt
relevé à son tour de son poste des régions de l’est.
Quand Abou Ahmad
repris le contrôle des provinces de l’est, il nomma Masrour
al-Balkhi gouverneur d’al-Ahwaz, de Basra, des régions du
Tigre, d’al-Yamamah et d’al-Bahrayn au mois de Sha’ban de
cette année. Il fut chargé aussi des expéditions contre le chef du
zanj.
En l’an 262
de l’Hégire (875), le chef zanj envoya ses forces vers les mines de
sel et la région de Dastoumissan.
L’attaque des zanj contre les mines de sel
Lorsqu’al-Mou’tamid releva Moussa Ibn Bougha de ses responsabilités
des provinces de l’est et leurs régions contigus, il les inclut aux
responsabilités de son frère Abou Ahmad. Abou Ahmad
rajouta à son tour les régions du Tigre aux responsabilités de
Masrour al-Balkhi. Ainsi, les régions du Tigre furent laissées sans
protection gouvernementale excepté al-Mada'in ainsi que les régions
du nord, Ya’qoub Ibn al-Leyth avança vers Abou Ahmad et
arriva à Wassit. Juste avant, Masrour envoya Jou’lan al-Hirki
à al-Badaward à la place de Moussa Ibn Outamish qui se trouva
confronté aux zanj sous le commandement de Souleyman Ibn Jami’.
Avant qu’Ibn Outamish fût relevé d’al-Badaward, Souleyman avait déjà
causé des dommages à son armée. Suite à son désistement et son
remplacement par Jou’lan, Souleyman envoya un Bahrayni du nom
de Tha’lab Ibn Hafs pour attaquer Jou’lan. Tha’lab réussit à
lui infliger des dommages tant à sa cavalerie qu’à son infanterie.
De son côté, le chef zanj envoya à Ahmad Ibn Mahdi, un homme
de Joubba, à qui il donna le commandement des galères avec des
tireurs d’élite à bord avec les ordres de procéder à Nahr al-Mar’ah.
Selon certains rapports, cet homme, al-Joubba’i, pilla les villages
dans le voisinage d’al-Madhar, et les détruisit avant de revenir à
Nahr al-Mar’ah, où il se posta. Il fit savoir au chef zanj que les
mines de sel étaient dépourvus de troupes gouvernementales, suite au
retrait de Masrour et de ses troupes quand Ya’qoub Ibn Leyth arriva
dans Wasif. Le chef zanj ordonna alors à Souleyman Ibn Jami’ et à un
certain nombre de ses commandants de marcher vers al-Hawanit.
Il donna aussi des ordres à un des Bahilis, ‘Oumayr Ibn ‘Ammar, qui
connaissait bien les routes et les petits chemins des mines de sel,
d’accompagner al-Joubba’i et d’établir le camp dans al-Hawanit.
Muhammad
Ibn ‘Uthman al-‘Abbadani a dit que, suite à la décision du chef zanj
d’expédier ses armées aux mines de sel et à Dastoumissan, il ordonna
à Souleyman Ibn Jami’ de camper à al-Mouttawwi’ah et à Souleyman Ibn
Moussa d’établir ses quartiers à l’embouchure du Nahr al-Yahoudi, et
ses ordres furent exécutés. Chacun resta dans son camp jusqu’à ce
qu’ils reçoivent l’ordre d’avancer. Souleyman Ibn Moussa procéda
vers le village d’al-Qadissiyah, Souleyman Ibn Jami’ à al-Hawanit,
tandis qu’al-Joubba’i se posta avec ses galères devant l’armée de ce
dernier. Durant ce temps, Abba at-Turki navigua le long du Tigre
avec trente péniches et se dirigeait vers le camp du chef zanj. En
passant près du village, qui avait fait la paix avec le vil, il le
détruisit et le brûla. Le vil envoya un messager à Souleyman Ibn
Moussa pour l’empêcher de revenir et Souleyman bloqua la voie d’Abba
at-Turki en le retenant dans des batailles durant jusqu’à ce qu’il
réussisse à atteindre la région des mines de sel.
Muhammad Ibn
‘Uthman a rapporté que ce ne fut pas Abba at-Turki qui s’aventura le
long du Tigre mais plutôt Noussayr Abou Hamzah.
Quand
Souleyman Ibn Jami’ se mit en route pour al-Hawanit, il
atteignit un endroit appelé Nahr al-‘Atiq, tandis qu’al-Joubba’i,
qui était parti le long de la route d’al-Madiyan, rencontra Roumays,
qu’il engagea dans la bataille et le vaincu. Al-Joubba’i captura
vingt-quatre galères et environ trente et quelques navires plus
grands appelés Salghah. Roumays s’échappa et se réfugia dans les
bois. Un groupe de Joukhaniyine tomba sur lui et l’emmenèrent mais
il réussit à s’enfuir de nouveau. Dans leur fuite, les troupes de
Roumays tombèrent directement sur Souleyman Ibn Jami’, qui émergeait
juste alors de Nahr al-‘Atiq. Lors de la bataille qui s’ensuivit,
les forces de Roumays furent décimées pendant que Roumays lui-même
avança vers un endroit appelé Barr Moussawir. On a rapporté qu’un
certain nombre de Bilaliyah rejoignirent Souleyman avec quelque
cent-cinquante galères. Il les interrogea sur ce qui se trouvait
devant lui et ils répondirent que ni l’autorité gouvernementale et
ni leurs agents se trouvaient dans la région entre lui et Wassit.
Plaçant une confiance complète dans cette information, Souleyman
partit en avant avec sa garde et quand il arriva près d’un lieu
nommé al-Jazirah, il rencontra Abou Mou’ad al-Qourashi, qui l’écrasa
et mit Souleyman en déroute, tuant un certain nombre de ses troupes
et capturant un des commandants zanj du nom de Riyah
al-Qandali. Souleyman revint dans son camp de base, où deux des
Bilaliyah vinrent et lui dirent qu’il n’y avait personne dans Wassit
pour défendre la ville excepté Abou Mou’ad avec les cinq péniches
qu’il avait déjà rencontré auparavant. Donc Souleyman fit ses
préparations, rassembla ses forces et envoya un message au vil avec
certains des Bilaliyah qui avaient cherché sa protection, en gardant
un petit groupe sélectionné pour rester derrière avec lui avec dix
galères. Cependant, les deux qui l’avaient informé de la situation
dans Wassit furent gardés près de lui, sous bonne garde puis il se
mit en route pour Nahr Aban. Abou Mou’ad bloqua sa voie et cela
engendrera un nouveau combat entre les deux côtés. Un fort vent se
leva et fit basculer les péniches d’Abou Mou’ad ce qui donna une
chance à Souleyman et ses hommes de le maîtriser. Abou Mou’ad
réussit néanmoins à prendre la fuite tandis que Souleyman procéda
vers le Nahr Aban, où il pilla et brûla rapidement des villages,
prenant des femmes et des enfants en captivité. Les nouvelles
parvinrent à certains des agents d’Abou Ahmad qui se trouvait
sur le Nahr Sindad. Ils se mirent aussitôt en route contre Souleyman
avec un détachement de troupes et dans la bataille qui suivit, un
grand nombre de zanj furent tués. Souleyman, Ahmad Ibn Mahdi
et leurs partisans s’enfuirent vers leur camp.
Muhammad
Ibn ‘Uthman a rapporté que lorsque que Souleyman Ibn Jami’
s’installa dans al-Hawanit, dans un camp temporaire sur le
Nahr Ya’qoub Ibn al-Nadr, il envoya quelqu’un pour recueillir des
informations sur Wassit et la disposition de forces
gouvernementales. C’était après le départ de Masrour et de ses
troupes, et avant l’arrivée de Ya’qoub Ibn al-Leyth. L’espion revint
à Souleyman et lui signala l’avance de Ya’qoub vers les forces
gouvernementales. Masrour, avant de quitter Wassit pour as-Sib,
avait envoyé à un homme appelé Wasif ar-Rahhal avec des
péniches contre Souleyman qui le combattit, le tua, saisit sept
bateaux, tua les prisonniers et jeta les morts dans al-Hawanit
pour instiller la peur aux soldats gouvernementaux qui pourraient
arriver.
Après que
Souleyman eut reçu des nouvelles du départ de Masrour de Wassit, il
convoqua son député, ‘Oumayr Ibn ‘Ammar et un des chefs Bahili
appelé Ahmad Ibn Sharik. Il les consulta sur le fait de se
retirer de sa position, accessible par les chevaux et les bateaux,
et d’en trouver une autre rejoignant une route qui pourrait être
utilisée comme route d’évasion pour rejoindre le camp du vil. Les
deux hommes lui conseillèrent de se diriger ‘Aqr Mawar et se
retrancher dans Tahitha et ses forêts denses.
Le départ de
Souleyman Ibn Jami’ ennuya beaucoup les Bahilis depuis, qu’ils
étaient impliqués avec lui, craignaient le châtiment des autorités
centrales. Souleyman se mit en route avec ses troupes pour Tahitha
via le Nahr al-Barour, après avoir envoyé al-Joubba’i au Nahr
al-‘Atiq avec les galères. Il ordonné à al-Joubba’i de se dépêcher
de lui apporter des informations sur la quantité des forces du
gouvernement et du nombre de leurs péniches. Il laissa derrière lui
un détachement de noirs pour rallier les soldats retardataires avant
de se diriger vers ‘Aqr Mawar, où il campa dans le village de Qaryat
Marwan, localisé sur une île sur la rive est de Nahr Tahitha. Là, il
réunit les chefs Bahilis et les hommes d’at-Toufouf et écrivit au
vil, pour l’informer de ses mouvements. Le vil répondit en
approuvant ses plans et lui ordonna de lui transférer des ressources
alimentaires et les animaux qu’il avait acquis. Et cela fut dûment
fait. Pendant ce temps, Masrour procéda vers l’emplacement précédent
du camp de Souleyman qu’il trouva vide car à l’ennemi avait déjà
transféré leur camp entier.
Abba at-Turki
descendit vers les marais à la poursuite de Souleyman, qui lui-même
croyait qu’Abba at-Turki avait complètement quitté la région et
était parti se dirigeant vers le camp du vil. Il ne trouva aucune
trace de Souleyman et sur le chemin de son retour, il découvrit que
Souleyman avait placé une armée à al-Hawanit pour surprendre
n’importe quels traînards qui aurait pu se séparés de l’armée de
Masrour. Abba at-Turki évita la route de crainte qu’elle ne le mène
à l’armée de Souleyman et prit plutôt une autre voie, qui le ramena
finalement à Masrour, qu’il informa n’avoir aucune connaissance de
l’endroit exact du camp de Souleyman.
L’armée de
Souleyman se mit en route pour le camp du vil avec les provisions
exigées tandis que lui-même resta derrière. Il envoya al-Joubba’i
avec les péniches pour s’occuper de la nourriture, des réserves et
pour arranger leur transport. Al-Joubba’i, cependant, brûla toutes
les ressources alimentaires qu’il trouva et où il alla. Cela
mécontenta énormément Souleyman, qui lui défendit de telle action
mais al-Joubba’i n’y prêta aucune attention, et se justifia du fait
que les réserves profiteraient à leurs ennemis et qu’il avait tort
de laisser quoi que ce soit. Alors Souleyman écrivit au vil pour se
plaindre du comportement d’al-Joubba’i. Le vil donna l’ordre à
al-Joubba’i d’obéir à Souleyman et d’accepter tout ce qui lui
commanderait
Souleyman fut
informé qu’Aghartimish et Khoushaysh se dirigeaient vers lui à la
tête des troupes de cavalerie et d’infanterie avec des péniches et
des galères ayant l’intention de l’engager dans la bataille.
Souleyman fut très dérangé par ces informations et envoya
al-Joubba’i pour recueillir des renseignements sur eux tandis qu’il
se prépara pour les rencontrer. Al-Joubba’i revint peu après à toute
vitesse et l’informa qu’Aghartimish et Khoushaysh avaient atteint
Bab Tanj, qui était seulement à deux kilomètres des forces de
Souleyman. Souleyman ordonna à al-Joubba’i de partir, de bloquer la
voie de leur armée et de les empêcher d’avancer directement vers son
camp jusqu’à ce que Souleyman puisse le rejoindre avec ses forces.
Quand al-Joubba’i partit pour exécuter ses ordres, Souleyman monta
sur un toit d’où il observa l’avancée de l’armée. Alors, il
descendit en hâte, traversa le Nahr Tahitha et procéda à pied, suivi
par un certain nombre de commandants noirs et de leurs troupes, pour
arriver finalement à Bab Tanj. Aghartimish qui se rendit compte
qu’il était arrivé trop tard, quitta ses troupes et revint en
arrière dans son camp.
Souleyman
ordonna au lieutenant du commandant de son armée de ne pas permettre
aux noirs d’apparaître à n’importe laquelle des armées
d’Aghartimish, de se dissimuler de leur mieux et de ne pas permettre
à l’ennemi de pénétrer le long de la voie navigable. Que lorsqu’ils
entendraient le son du roulement de tambour, ils devraient émerger
et attaquer Aghartimish. Aghartimish s’approcha avec son armée
jusqu’à ce qu’il n’y ait plus que le canal de Jarourah Bani Marwan
entre lui et la force de Souleyman. Al-Joubba’i s’enfuit dans les
galères et atteignit Tahitha où il les laissa avant de revenir à
pied rejoindre l’armée de Souleyman. Cela provoqua la terreur parmi
les soldats de Souleyman qui se dispersèrent aux quatre vents.
Cependant, un petit groupe d’hommes et parmi eux un des commandants
noirs appelé Abou An-Nida’, attaqua l’ennemi, en prévenant leur
entrée dans le camp, pendant que Souleyman les attaquaient sur leur
arrière. Alors les zanj battirent leurs tambours, se jetèrent dans
l’eau, traversèrent le canal pour les rejoindre et des troupes
d’Aghartimish furent mises en déroute; les noirs qui étaient dans
Tahitha tombèrent sur eux et les passèrent par l’épée. Khoushaysh se
mit en route, chevauchant un cheval gris, en ayant l’intention de
revenir à ses soldats, mais il fut rencontré par les noirs, qui
l’accueillirent avec leurs épées et le firent périr. Sa tête fut
amenée à Souleyman. Avant d’être tué, puisqu’il fut emmené de force,
il leur dit de « Je suis Khoushaysh ; vous ne pouvez pas me tuer.
Amenez-moi à votre chef ! » Mais ils ne lui prêtèrent aucune
attention.
Aghartimish
fuit à l’arrière de ses forces jusqu’à ce qu’il s’effondre puis il
enfourcha une monture et s’enfuit à cheval poursuivi par les zanj
jusqu’à ce qu’ils atteignent son camp. Les zanj obtinrent leurs
nécessités de celui-ci et saisirent les péniches de Khoushaysh,
pendant qu’une partie d’entre eux poursuivait l’armée en retraite et
capturèrent les péniches qui étaient avec Aghartimish qui
contenaient beaucoup de richesse. Quand Aghartimish fut informé de
cela, il revint et réussi à reprendre les bateaux des zanj.
Pendant ce
temps, Souleyman revint vers ses troupes après avoir réussi à
capturer du butin et des animaux et envoya un message au commandant
zanj pour l’informer de la nouvelle de la victoire, avec la tête et
le sceau de Khoushaysh et les péniches qu’il avait saisies à ses
propres forces. Quand le vil reçut le message de Souleyman et la
tête de Khoushaysh, il ordonna de la faire circuler partout dans le
camp avant de la monter sur un épieu. Plus tard, la tête fut envoyée
à ‘Ali Ibn Aban, qui pendant ce temps était dans la région d’al-Ahwaz
et il ordonna de l’afficher en public là aussi. Souleyman,
al-Joubba’i et un groupe de commandants des noirs partirent pour al-Hawanit,
en contournant sa frontière. Là, ils trouvèrent treize péniches avec
Abou Tamim, le frère d’Abou ‘Awn, l’associé de Wasif at-Turki qu’ils
attaquèrent. Abou Tamim fut tué et jeté dans l’eau tandis qu’onze de
ses péniches furent confisquées.
Jabbash
al-Khadim, prétendit qu’Abou Tamim avait seulement huit péniches.
Deux d’entre elles qui arrivèrent en retard purent repartir en toute
sécurité avec tous leurs occupants. Souleyman captura des armes, du
butin ainsi que la plupart des troupes qui étaient sur les péniches.
Souleyman revint dans son camp et informa le vil de tous les récents
événements dont l’assassinat d’Abou Tamim et ses compagnons et la
confiscation de ses péniches.
Cette année,
les marchands de maïs et les bouchers de La Mecque luttèrent les uns
contre les autres la veille du jour d’at-Tarwiyyah[1],
si bien que les gens craignirent que le pèlerinage soit annulé.
Alors les deux côtés firent la paix pour que les gens puissent
exécuter les rites de pèlerinage. Dix-sept personnes furent tuées.
Cette même
année, une bataille eut lieu entre les zanj et Ahmad Ibn
Laythawayh, au cours de laquelle, un grand nombre de zanj
furent tués. Abou Daoud as-Sou’louk, qui était avec les zanj, fut
capturé.
[1]
Le jour de Tarwiyyah, correspond au huitième jour du mois de Dzoul Hijjah.
En ce jour, tous les pèlerins qui étaient stationnés à Mina,
doivent partir, après le lever du soleil,
vers la station de ‘Arafat.