La bataille entre Sa’id al-Hajib et les zanj

 

Il a été rapporté qu’al-khabith envoya des ordres à Yahya Ibn Muhammad al-Bahrani, qui à cette époque étaient posté sur le Nahr Ma’qil avec une grande armée, pour procéder la nuit avec mille de ses troupes vers l’armée de Sa’id. La force devait être commandée par Souleyman Ibn Jami’ et Abou al-Leyth al-Isbahani. Ils furent instruits d’attaquer Sa’id à la pointe de l’aube. Souleyman et Abou al-Leyth se préparèrent pour rencontrer l’armée de Sa’id pour exécuter leurs ordres et les rencontrèrent alors qu’il n’était pas prêt. Dans la bataille qui s’ensuivit, un grand nombre des troupes de Sa’id furent tués, les zanj brûlèrent le camp de Sa’id l’affaiblissant ainsi gravement.

Par suite des attaques successives de nuit lancée contre lui par les zanj, Sa’id devint confus d’autant plus que les salaires des soldats avaient été différés. Mansour Ibn Ja’far al-Khayyat, qui était responsable alors des affaires militaires et des taxes dans l’Ahwaz avait retardé le paiement des attributions des soldats. Quand la position de Sa’id Ibn Salih se détériora à un tel point, il fut ordonné de partir pour la cour de Samarra et d’abandonner tant l’armée que ses devoirs administratifs à Mansour Ibn Ja’far. Sa’id réalisa finalement ces instructions, bien qu’il fut incapable de bouger suite aux attaques nocturnes des zanj mais il finit par être soulagé de ses devoirs.

Cette même année aussi, eu lieu une bataille entre Mansour Ibn Ja’far al-Khayyat et le chef zanj, au cours de laquelle beaucoup de troupes de Mansour furent tués.

 

La bataille entre Mansour Ibn Ja’far et les zanj

 

Il a été rapporté que quand Sa’id al-Hajib fut relevé de son poste à Basra, Boughraj resta derrière protéger ses habitants. Mansour organisa les navires de réserves, en les escortant par des péniches jusqu’à Basra. Par conséquent, les provisions des zanj diminuèrent. Alors Mansour rassembla ses troupes et ajouta à ses péniches des péniches Hanjanniyah[1] et d’autres bateaux. Il se dirigea alors en direction du camp militaire du chef zanj, escalada les murs d’un château localisé à côté du Tigre qu’il brûla totalement et tous ce qui se trouvaient autour. En s’approchant du même côté, il entra dans le camp des zanj qui l’attendait en embuscade. Les zanj l’attaquèrent et tuèrent un grand nombre des troupes de Mansour pendant que le reste chercha la fuite dans les eaux du Tigre où de nombreux autres furent noyés. À cette occasion, environ cinq-cents têtes furent envoyées au camp de Yahya Ibn Muhammad al-Bahrani sur le Nahr Ma’qil, où il ordonna de les exposer publiquement.

 

Cette même année, un étrangleur de Baghdad fut appréhendé dans un endroit appelé Birkat Zalzal. Il avait assassiné un certain nombre de femmes et les avait enterrés dans la maison où il vivait. Il fut ramené à al-Mou’tamid et j’appris qu’il ordonna que le prisonnier soit fouetté. On lui donna deux-mille flagellations et quatre-cents coups avec un gourdin mais il resta encore vivant. Il reçut alors de nouveaux coups jusqu’à ce qu’il expire finalement. Son corps fut renvoyé à Baghdad, où il fut pendu publiquement et resta un certain temps ainsi avant que son cadavre ne soit plus tard brûlé.

 

Toujours cette année Shahin Ibn Bistam fut tué et Ibrahim Ibn Sima mit en fuite.

Al-Bahrani écrivit au khabith et lui conseilla d’envoyer une armée occuper al-Ahwaz, réveillant son intérêt pour un tel plan. Il suggéra que l’opération devait commencer par la destruction du pont d’Arbouk pour empêcher la cavalerie de l’ennemi d’atteindre son armée. Al-khabith envoya donc ‘Ali Ibn Aban pour détruire le pont. ‘Ali fut engagé par Ibrahim Ibn Sima, qui revenait de Fars où il était avec al-Harith Ibn Sima dans une étendue désertique connue sous le nom de Dast Arbouk, située entre al-Ahwaz et le pont susmentionné.

Quand ‘Ali Ibn Aban atteignit le pont, il établit un camp caché à la vue. Cependant, quand la cavalerie d’Ibrahim traversa cette étendue de désert, ils furent capables d’attaquer ‘Ali sur plusieurs fronts et par conséquent tuèrent un grand nombre de zanj et ‘Ali fut forcé de fuir. La cavalerie d’Ibrahim le poursuivit aussi loin qu’al-Fandam et ‘Ali fut empêché de procéder vers al-Ahwaz. Il fit donc marche arrière et se dirigea vers Joubba.

 

Sa’id Ibn Yaksin fut désisté de son poste et Ibrahim Ibn Sima, dont le secrétaire était Shahin, fut ordonné de combattre les zanj. Les deux hommes se mirent en route en même temps, Ibrahim Ibn Sima prit la route de l’Euphrate et se dirigea vers l’embouchure du Nahr Joubba tandis que ‘Ali Ibn Aban était à ce moment dans al-Khayzouraniyah. Quant à Shahin Ibn Bistam, il se mit en route le long de la rive de Nahr Moussa, pensant rejoindre Ibrahim dans un endroit où ils s’étaient préalablement mis d’accord. Ils avaient aussi convenu d’attaquer ‘Ali Ibn Aban et Shahin arriva le premier à l’endroit du rendez-vous. Mais un habitant du Nahr Moussa vint trouver ‘Ali Ibn Aban et l’informa de l’approche de Shahin. ‘Ali avança vers Shahin et les deux groupes se rencontrèrent l’après-midi à Abou al-‘Abbas le canal, situé entre Nahr Moussa et Nahr Joubba et la bataille éclata entre eux. Au début, les troupes de Shahin luttèrent férocement mais les zanj se rétablirent et écrasèrent leurs adversaires qui s’enfuirent. En fait, les premiers qui tombèrent mortellement blessés ce jour-là furent Shahin et son cousin Hayyan parce qu’ils étaient dans l’avant-garde des troupes. Un grand nombre de ses hommes furent aussi tués.

Après la bataille contre Shahin, un autre informateur vint trouver ‘Ali Ibn Aban et l’informa de l’arrivée d’Ibrahim Ibn Sima. ‘Ali partit aussitôt pour le Nahr Joubba, où Ibrahim Ibn Sima et son armée campaient. Jusqu’ici Ibrahim ignorait tout du destin de Shahin. Au moment de la dernière prière du soir, ‘Ali se rapprocha de la position d’Ibrahim, l’attaqua férocement et massacra ses troupes. Ainsi dans la brève durée de temps de temps entre l’après-midi et la prière du soir, Shahin fut tué et Ibrahim mit en déroute.

‘Ali Ibn Aban quitta Joubba quand Shahin fut tué et Ibrahim Ibn Sima mit en déroute, après qu’un détachement envoyé par al-khabith lui ordonna de procéder vers Basra et de faire la guerre à ses habitants.

 

Durant cette année, les troupes d’al-khabith entrèrent dans Basra.

 

La destruction de Basra par les zanj

 

Il a été rapporté que quand Sa’id Ibn Salih al-Hajib quitta Basra, les autorités centrales désignèrent Mansour Ibn Ja’far al-Khayyat pour le remplacer. Quant aux événements concernant Mansour et les troupes d’al-khabith nous les avons déjà mentionnés. Les autorités centrales parlèrent de la position affaiblie de Mansour et de son incapacité de retenir al-khabith dans la bataille, se contentant seulement de protéger les provisions et les réserves envoyées pour soulager les habitants de Basra de la famine provoquée par l’arrêt de l’approvisionnement. Lorsqu’al-khabith fut informé que les habitants de Basra avaient été soulagé, il se mit en colère. Il envoya alors ‘Ali Ibn Aban aux environs de Joubba, où il établit son camp dans al-Khayzouraniyah distrayant ainsi Mansour Ibn Ja’far de la protection des bateaux de provisions pour Basra, et donc encore une fois, les habitants furent soumis à la gêne.

Les troupes d’al-khabith harcelèrent les habitants de Basra avec des attaques de jour et de nuit. Alors, au mois de Shawwal de cette année, le vil (al-khabith) décida de réunir toutes ses forces pour un assaut concerté sur les habitants de Basra et pour détruire la ville. La décision fut prise à cause de la faiblesse dans laquelle se trouvaient les habitants, de leur désunion causée par les effets du blocus et la destruction des villages environnants. De plus, le vil (al-khabith) avait consulté les tables astrologiques et avait découvert qu’il y aurait une éclipse lunaire le mardi soir 14 du mois de Shawwal.

Muhammad Ibn al-Hassan Ibn Sahl a dit qu’il entendit al-khabith dire : « J’ai prié sérieusement Dieu pour qu’Il m’accorde de l’aide contre les gens de Basra et l’ai supplié humblement d’accélérer leurs destructions. Une voix s’adressa à moi me disant que Basra n’était pas qu’une miche de pain que l’on pouvait grignoter autour des bords ; et quand la moitié du pain aurait été dévorée, Basra serait détruite. Je compris que le fait de dévorer une moitié de la miche de pain indiquait l’éclipse de la lune, qui était sur le point d’arriver et que donc vraisemblablement la destruction de Basra se produirait bientôt ».

Muhammad continua : « Al-khabith continua de parler ainsi à tel point qu’il éblouit ses partisans avec l’histoire, et la leur répéta jusqu’à la nausée. Alors il dépêcha Muhammad Ibn Yazid ad-Darimi, un de ses partisans du Bahrayn, pour aller parler de sa cause aux tribus arabes, et il rallia beaucoup d’entre eux à la cause des zanj. Ils campèrent à al-Qandal et le vil (al-khabith) envoya Souleyman Ibn Moussa ash-Sha’rani les rejoindre et il ordonna à la totalité des forces de se diriger vers Basra et de l’attaquer. Il envoya des instructions à Souleyman Ibn Moussa pour entraîner les membres des tribus dans l’exécution de telles opérations.

Quand l’éclipse lunaire se produit, le chef zanj envoya ‘Ali Ibn Aban avec un détachement des membres de tribus arabes, en lui ordonna de s’approcher de Basra par le territoire des Banou Sa’d. Yahya Ibn Muhammad al-Bahrani, qui bloquait alors les habitants de Basra, fut ordonné de s’approcher de la ville via le Nahr ‘Adi avec le reste des membres des tribus qui lui étaient attachés.

La première attaque sur les habitants de Basra fut menée par ‘Ali Ibn Aban tandis que Boughraj était présent dans la ville avec un détachement de soldats. Durant deux jours la bataille fit rage entre les deux côtés et les gens supportaient généralement Boughraj. Yahya Ibn Muhammad al-Bahrani approcha avec ses troupes de Qasr Anas, en avançant vers le pont. ‘Ali Ibn Aban al-Mouhallabi entra dans la ville au moment de la prière du vendredi 17 du mois de Shawwal. La tuerie et les incendies continuèrent tout le jour et la nuit du vendredi et se poursuivirent aussi durant tout le samedi. Yahya se rapprocha de Basra tôt le dimanche matin. Boughraj et Bourayh avec une force de troupes le bloquèrent et le repoussèrent. Yahya retourna et tint sa position pour le reste du jour. Le lundi matin, Yahya fit une nouvelle tentative, mais, quand il réussit finalement à rentrer dans la ville, les défenseurs s’étaient dispersés, Bourayh avait fui et Boughraj s’était retiré avec ses troupes. Ibrahim Ibn Yahya al-Mouhallabi rencontra Yahya demanda un sauf-conduit pour lui et les habitants et cela lui fut accordé.

Le crieur municipal d’Ibrahim Ibn Yahya annonça la protection à quiconque la demanderait et qu’il devait seulement se présenter au palais d’Ibrahim. Les habitants de Basra répondirent sans exception, et envahirent le square de la ville. Quand il vit ce grand rassemblement, il saisit l’occasion pour bloquer chaque rue, chaussée et allée, pour empêcher quiconque de s’enfuir. Se comportant de cette traîtresse manière, il donna alors l’ordre à ses troupes de tuer tous les gens présents et, hormis quelques rares exceptions, tous ceux qui étaient présents furent massacrés. L’auteur de cet acte, quitta le même jour la ville pour rester dans Qasr ‘Issa Ibn Ja’far dans al-Khouzaymah.

Muhammad continua : Al-Fadl Ibn ‘Adi ad-Darimi m’a raconté la chose suivante : « Quand le traître était en conflit avec les gens de Basra, j’étais dans le quartier restant parmi les Banou Sa’d ». Al-Fadl continua, en disant que quelqu’un arriva une nuit et dit en passant qu’il avait vu une cavalerie se diriger vers Qasr ‘Issa dans al-Khouraybah. Al-Fadl dit : « Mes compagnons m’ont dit : « Va et ramène nous des renseignements sur cette troupe ». Je fis ainsi et quand je rencontrais une partie des Banou Tamim et des Banou Assad, je leurs ai demandé ce qu’ils faisaient. Ils prétendirent être des partisans du « ‘Alawi » et attaché à ‘Ali Ibn Aban, qui était censé atteindre Basra le matin suivant, sa destination étant le quartier des Banou Sa’d. Yahya Ibn Muhammad était aussi avec un autre contingent, et se dirigeait vers le quartier d’al-Mouhallab. Il me dit : « Dis à tes compagnons des Banou Sa’d que s’ils veulent protéger leurs femmes et leurs enfants, qu’ils se dépêchent de les évacuer avant que l’armée ne les encercle ».

Al-Fadl a dit : « Je suis revenu vers mes compagnons et leur ai donné les nouvelles des tribus arabes ». Ayant fait leurs préparations, ils envoyèrent quelqu’un pour informer Bourayh de la situation. Il vint chez eux à l’aube avec les biens mobiliers restants et un contingent de soldats. Ils marchèrent alors jusqu’à ce qu’ils atteignent finalement une tranchée appelée Banou Himman. Certains membres des Banou Tamim et des combattants Sa’diyah les rencontrèrent peu avant que ‘Ali Ibn Aban et un contingent de zanj et des membres de tribus arabes à cheval ne les écrasent. Bourayh s’inquiéta avant même de rencontrer cette foule et revint donc à sa résidence dans Basra. C’était aussi bien que d’admettre la défaite. Les Banou Tamim qui s’étaient rassemblés se dispersèrent et ‘Ali s’approcha de la ville sans rencontrer aucune opposition et il avança vers le quartier d’al-Mirbad. Bourayh envoya un message aux Banou Tamim demandant de l’assistance et un groupe d’entre eux répondit.

Le combat éclata dans al-Mirbad devant le palais de Bourayh. Sur ce Bourayh fuit et ses partisans se dispersèrent. Les zanj brûlèrent son palais après avoir pillé tout son contenu. La tuerie continua, les habitants de Basra furent gravement affaiblis tandis que les zanj devenaient de plus en plus fort. Les côtés combattirent jusqu’à la fin du jour, quand ‘Ali atteignit la mosquée publique, il ordonna qu’elle soit complètement brûlée. Fath, le domestique d’Abou Shith, avec un groupe des habitants de Basra, prirent ‘Ali par surprise et il dut se retirer avec ses hommes, tandis que certains de ses zanj furent tués. ‘Ali retourna en arrière et établit son camp militaire près d’un endroit appelé le cimetière des Banou Shayban.

Les gens recherchèrent quelqu’un d’autorité avec qui ils pourraient participer à la bataille, mais ils ne trouvèrent personne. Quand ils cherchèrent Bourayh, ils découvrirent qu’il avait fui. Samedi, les habitants de Basra réalisèrent que ‘Ali Ibn Aban n’était pas revenu, mais il revint tôt dimanche matin, sans ne rencontrer aucune opposition et prit Basra triomphalement.

Muhammad Ibn Sim’an a rapporté : « Quand les zanj entrèrent dans Basra, je vivais dans la ville. J’avais l’habitude d’assister à l’assemblée tenu par Ibrahim Ibn Muhammad Ibn Isma’il, surnommé Bourayh. Je fus présent le vendredi 10 du mois de Shawwal 257 (870), et Shihab Ibn al-‘Ala' al-‘Anbari était aussi présent. J’entendis Shihab Ibrahim répéter que le traître avait envoyé de l’argent et des réserves dans le désert pour lever une force parmi les tribus arabes, qu’il avait réussi en fait à rassembler une grande troupe de cavaliers et avec eux et sa propre infanterie zanj il avait l’intention d’infiltrer Basra. À ce moment, Basra n’était défendue que par seulement environ cinquante cavaliers des forces gouvernementales sous le commandement de Boughraj. Bourayh dit à Shihab que les membres des tribus arabes ne se hasarderaient pas agir avec hostilité contre lui parce qu’il était obéi et respecté par les Arabes ».

Ibn Sim’an continua : « Je quittais l’assemblée de Bourayh et trouvait le secrétaire, Ahmad Ibn Ayyoub, quand j’entendis la conversation de Haroun Ibn ‘Abd ar-Rahim ash-Shi’i, qui était responsable, à cette époque, du service postal dans Basra. Haroun confirma qu’al-khabith, le 3 de Shawwal, avait exécuté la prière d’une congrégation de neuf personnes, tandis que les principaux commandants de Basra et son gouverneur local ignoraient totalement ce que le vil était sur le point de faire, ce que j’ai décrit ».

Le blocus rendit le peuple affamé et la maladie augmenta. Un conflit jaillit dans la ville entre les deux factions minoritaires des Bilaliyah et des Sa’diyah. Alors le vendredi matin 16 du mois de Shawwal de cette année, la cavalerie du vil attaqua Basra sur trois fronts, par le quartier des Banou Sa’d, d’al-Mirbad et d’al-Khouraybah. ‘Ali Ibn Aban mena l’armée entra par al-Mirbad. Il avait divisé ses troupes en deux contingents : l’un fut confié à Rafiq, le domestique de Yahya Ibn ‘AbderRahmane Ibn Khaqan, qui fut ordonné de marcher vers le quartier des Banou Sa’d le district et l’autre, où il se trouvait lui-même marcha vers al-Mirbad. Yahya Ibn Muhammad al-Azraq al-Bahrani mena la cavalerie, qui fut envoyée à al-Khouraybah, où il rassembla ses troupes sur un front. Les habitants de Basra, en dépit d’être épuisé par la faim et le blocus, firent face à chacune de ces divisions. La cavalerie accompagnant Boughraj se sépara en deux groupes, un parti pour le quartier d’al-Mirbad et d’autre pour al-Khouraybah. Les forces de ‘Ali qui atteignirent le quartier des Banou Sa’d engagèrent le combat contre un contingent des combattants Sa’diyah, avec Fath, l’esclave d’Abou Shith et ses compagnons, mais quelques habitants de Basra ne pouvaient rien contre les forces rassemblées du vil, dont les troupes attaquèrent à cheval et à pied.

Ibn Sim’an a dit : « J’étais présent ce jour dans la mosquée publique quand les flammes engloutirent trois quartiers, Zahran, al-Mirbad et Banou Himman, en même temps, comme s’ils furent incendiés en même temps. C’était au début du jour de vendredi. La calamité se détériora et les habitants de Basra furent convaincus qu’ils étaient condamnés. Ceux dans la mosquée principale s’efforcèrent d’atteindre leurs maisons le plus rapidement possible. Je me hâtais vers ma propre maison, qui était sur la route d’al-Mirbad. Sur la voie, je croisais des habitants de Basra en fuite qui se retiraient vers la grande mosquée. Al-Qassim Ibn Ja’far Ibn Souleyman al-Hashimi venait derrière eux, monté sur un âne et armé d’une épée. Il criait à la foule : « Malheureux ! Abandonnerez-vous votre ville et vos familles ? C’est votre ennemi qui vient juste d’entrer dans votre ville ! » Mais personne ne lui accorda d’attention ni même écouta son appel et ils poursuivirent leur chemin. Alors la route d’al-Mirbad se vida des gens et entre ceux qui s’enfuyaient et les zanj, il y avait un immense espace vide aussi loin que l’œil pouvait porter ».

Muhammad a dit : « Quand je vis ce qui arrivais, j’entrai dans ma maison et fermai la porte. De l’étage supérieur de la maison, je regardais en bas et vis la cavalerie des tribus arabes et des fantassins zanj menés par un homme montant un cheval châtain et portant une lance portant un morceau de tissu jaune. Plus tard, lorsque je fus emmené à la ville du vil, je me suis renseigné sur l’identité de l’homme. ‘Ali Ibn Aban prétendit qu’il avait été celui que j’avais vu avec le serpentin jaune ».

Les troupes zanj entrèrent dans la ville et disparurent en bas de la route d’al-Mirbad, se dirigeant vers la porte de ‘Uthman. Plus tard dans la journée, ils repartirent. Les jeunes ignorants de la ville imaginèrent qu’ils étaient partis assister à la prière du vendredi, mais ce qui les a vraiment chassés était qu’ils craignaient la possibilité d’une attaque par les Bilaliyah et les Sa’diyah du square mais aussi d’être embusqués.

Les zanj qui étaient dans les quartiers de Zahran et de Banou Hisn partirent à leur tour après avoir brûlé, pillé et submergé la ville, sachant que personne ne pourrait les arrêter. Ils laissèrent passer le samedi et le dimanche et revinrent de nouveau lundi ou ils ne trouvèrent personne défendant la ville. La population s’était rassemblée devant le palais d’Ibrahim Ibn Yahya al-Mouhallabi qui leur avait promis la sécurité.

Ibn Sim’an continua : « Durant ce temps, j’avais changé de résidence de la route d’al-Mirbad au palais appartenant à Hisham, le grand-père de ma mère, que l’on appelait ad-Daff qui se trouvait dans le quartier des Banou Tamim ; je le fis parce que les Banou Tamim affirmait que le peuple avait accepté l’offre de paix du vil. J’étais là quand certains informateurs apportèrent les nouvelles du massacre devant le palais d’Ibrahim Ibn Yahya. Ils rapportèrent que Yahya Ibn Muhammad al-Bahrani avait ordonné au zanj d’encercler la foule et qu’il avait permis à tous les membres de la famille Mouhallabi d’entrer son palais. Un petit nombre entra et les portes furent closes. Finalement, les zanj furent ordonnés de massacrer la foule et continuer à le faire jusqu’à la dernière personne ».

Muhammad Ibn ‘AbdAllah, surnommé Abou al-Leyth al-Isbahani (d’Ispahan), fut celui qui donna le signal au zanj, qu’ils reconnurent comme l’ordre de commencer le massacre et les épées firent le reste.

Al-Hassan Ibn ‘Uthman a dit : « Je pouvais entendre leur tumulte, poussant des cris « Il n’y a aucun Dieu, excepté Allah » puis, ils furent passés par le fil de l’épée. Leurs voix résonnèrent si fort aux cris de « Il n’y a aucun Dieu, excepté Allah » qu’on put les entendre au loin, dans at-Tafawah ». Après que la foule fut massacrée, comme nous l’avons décrit, les zanj continuèrent à tuer tous ceux qu’ils rencontrèrent. Ce jour-là ‘Ali Ibn Aban incendia la mosquée centrale, il brûla aussi le port du câble jusqu’au pont, et le feu détruisit tous cela, incluant les gens, les animaux et les marchandises qui s’y trouvaient. Tout au long de la matinée et de l’après-midi, les zanj harcelèrent tous ceux qu’ils trouvèrent et les conduisirent à Yahya Ibn Muhammad, qui résidait alors dans Sayhan ; ceux qui avaient un peu d’argent furent torturés pour dévoiler leurs cachettes tandis que les pauvres furent aussitôt tués.

Shibl a dit que Yahya entra dans Basra tôt le mardi, suite au massacre de la foule devant le palais Ibrahim Ibn Yahya. Une offre de sécurité fut publiquement proclamée, pour essayer d’attirer les survivants mais personne n’apparut. Le vil (al-khabith) fut informé et il releva ‘Ali Ibn Aban de Basra, et le remplaça par Yahya Ibn Muhammad à la ville tout seul, l’autorisa, approuva les massacres et lui exprima son affection pour lui. Le vil (al-khabith) jugea la performance de ‘Ali Ibn Aban al-Mouhallabi faible du fait qu’il s’était restreint de saisir le butin dans le quartier des Banou Sa’d. ‘Ali Ibn Aban avait chargé un parti du Banou Sa’d d’aller rencontrer le vil, mais, puisqu’ils ne gagnèrent aucun avantage de lui, ils partirent pour ‘Abbadan.

Yahya Ibn Muhammad resta dans Basra. Le vil (al-khabith) lui envoya un détachement lui ordonnant d’annoncer publiquement la nomination de Shibl comme son député dans Basra pour calmer les peurs du peuple et pour que ceux qui s’étaient enfuis et ceux qui étaient riches réapparaissent. Quand ils réapparurent, ils furent forcés de révéler l’emplacement de l’argent qu’ils avaient enterré et caché. Alors pas un jour ne passa sans qu’un groupe de personnes riches ne soit dépouillé de ses possessions et exécuté par la suite. Pas une seule personne qui comparut devant Yahya ne survécut et toutes furent sommairement exécutées ; très peu réussirent à s’enfuir. Finalement le vil (al-khabith) rappela son armée de Basra.

 

Muhammad Ibn al-Hassan a dit : « Quand le vil eut accompli la destruction de Basra et qu’il fut informé des atrocités commises par ses troupes, je l’entendis remarquer qu’il avait invoqué le jugement d’Allah sur le peuple de Basra le jour où ses troupes entrèrent dans la ville. Il dit : « J’ai prié sérieusement me suis prosterné, en priant tout le temps et la vision de Basra me fut donnée. Je pus voir la ville et mes troupes luttant. J’eus la vision d’un homme debout dans l’air raréfié entre la terre et le ciel à l’image de Ja’far Ibn Ma’louf, qui était autrefois chargé de l’enregistrement de taxes foncières dans Samarra. Il était debout, sa main gauche baissée et sa main droite levée, sur le point de renverser Basra et ses habitants. Je sus alors que seuls les anges furent accusés de la destruction de la ville et que mes troupes, ne furent pas responsables de cela, car la destruction n’aurait pas atteint de telles dimensions. Les anges apportèrent la victoire, me soutinrent dans ma bataille et empêchèrent mes troupes d’être timides ».

Muhammad Ibn al-Hassan continua : « Après sa destruction de Basra, le vil (al-khabith) affirma descendre de Yahya Ibn Zayd Ibn ‘Ali, parce qu’un grand nombre de ‘Alawi qui avait été dans Basra rejoignirent ses rangs dont parmi eux ‘Ali Ibn Ahmad Ibn ‘Issa Ibn Zayd et ‘Abdallah Ibn ‘Ali, avec leurs familles. Quand ils le rejoignirent, il abandonna sa prétention de descendre d’Ahmad Ibn ‘Issa, mais qu’il appartenait plutôt à la ligne de Yahya Ibn Zayd.

Muhammad Ibn al-Hassan continua : « J’entendis al-Qassim Ibn al-Hassan an-Nawfali dire qu’il avait entendu dire qu’il était un descendant d’Ahmad Ibn ‘Issa Ibn Zayd, mais le vil (al-khabith) répondit : « Je ne suis pas un descendant de ‘Issa, mais de Yahya Ibn Zayd ». Il mentit à ce propos et il est généralement connu que Yahya n’eut aucune progéniture, excepté une fille qui mourut  dans la première enfance ».

 

Après ces événements, le gouvernement central envoya Muhammad al-Mouwallad à Basra pour lutter contre le chef zanj. Il quitta Samarra le vendredi 1 du mois de Dzoul Qi’dah.

Muhammad al-Mouwallad atteignit la région et résida à al-Ouboullah. Bourayh arriva et s’établi dans Basra. Un grand nombre d’habitants de Basra qui avait auparavant fuit la ville se regroupèrent autour de Bourayh. Quand Yahya Ibn Muhammad se retira de la ville, il établit son camp près du Nahr al-Ghoutha.

Lorsque Muhammad al-Mouwallad arriva, le vil (al-khabith) ordonna à Yahya de procéder au Nahr Awwa. Dès qu’il arriva, il engagea al-Mouwallad dans la bataille durant dix jours. Al-Mouwallad qui après avoir choisi un endroit de résidence s’y installa et consacra moins d’attention dans la poursuite des hostilités. Le vil (al-khabith) ordonna à Yahya de lancer une attaque nocturne contre lui et lui envoya des péniches avec Abou al-Leyth al-Isbahani. Yahya lança l’attaque nocturne et al-Mouwallad s’aventura en avant avec ses troupes. Les deux côtés luttèrent du matin jusqu’au dans l’après-midi suivant et al-Mouwallad se retira pendant que les zanj entrèrent dans son camp et le pillèrent. Yahya en informa le vil (al-khabith), qui lui ordonna de poursuivre al-Mouwallad. Yahya parti à sa poursuite aussi loin qu’al-Hawanit, avant de rebrousser chemin. Il passa alors par al-Jamidah, attaqua ses habitants, pilla tous les villages voisins et répandit autant de sang qu’il put au cours de l’opération. Ensuite il campa à al-Jalah où il resta peu de temps avant de revenir au Nahr Ma’qil.

 

Cette même année, Muhammad al-Mouwallad captura Sa’id Ibn Ahmad Ibn Sa’id Ibn Salm al-Bahili, qui, à l’aide de ses troupes Bahilite, avait gagné le contrôle sur la région des marais et avait rendu les routes très peu sûres.

 

Durant cette année Basil, de la maison dirigeante byzantine, qui était connu sous le nom d’as-Saqlabi parce que sa mère était Saqlabi, attaqua et tua Michael, le fils de Tawfil, le roi de Byzance. Michael régna seul durant vingt-quatre ans et après lui as-Saqlabi devint l’empereur des Byzantins

 

 

Parmi les événements importants de cette année 258 de l’Hégire (871), il y eu l’arrivée, au mois de Rabi’ Thani, de Sa’id Ibn Ahmad Ibn Sa’id Ibn Salm al-Bahili devant les autorités centrales, qui ordonnèrent de le punir de sept-cents flagellations. Sa’id mourut et son corps fut exposé publiquement.

 

Toujours cette même année, un des juges religieux du chef zanj, qui l’avait représenté à ‘Abbadan fut décapité. Quatorze autres zanj, qui furent capturés dans la région de Basra furent aussi décapités à la Porte Publique de Samarra.

 

Mansour Ibn Ja’far Ibn Dinar al-Khayyat fut tué au cours de cette année.

 

La mort de Mansour Ibn Ja’far al-Khayyat

 

Il a été rapporté que, suite au carnage effectué par ses troupes dans Basra, le vil (al-khabith) ordonna à ‘Ali Ibn Aban al-Mouhallabi de marcher vers Joubba pour mener la guerre contre Mansour Ibn Ja’far, qui se trouvait dans l’Ahwaz et qui n’avait que de petits contingents d’infanterie. Le vil (al-khabith) envoya alors douze péniches à ‘Ali Ibn Aban, chargées des meilleurs éléments de ses troupes et placé sous le commandement d’Abou al-Leyth al-Isbahani. Il ordonna à Abou al-Leyth d’obéir aux commandes de ‘Ali, mais il lui imposa ses propres vues. Comme Mansour s’approchait avec ses propres péniches pour faire une de ses attaques régulières sur l’ennemi, Abou al-Leyth le rencontra subitement sans avoir préalablement consulté ‘Ali. Mansour saisit les péniches d’Abou al-Leyth et tua un grand nombre de blancs[2] et de zanj qui étaient à bord. Abou al-Leyth réussit à s’enfuir et revint chez le vil (al-khabith). ‘Ali Ibn Aban retourna aussi en arrière avec toutes ses forces et resta  dans son camp durant un mois entier. Alors, avec ses troupes d’infanterie il lutta de nouveau contre Mansour. Après avoir établi son nouveau camp, il envoya des éclaireurs pour collecter des renseignements sur Mansour et ses soldats.

Dorénavant Mansour avait un préfet posté à Karnaba. ‘Ali Ibn Aban lanca une attaque nocturne contre ce commandant, et le tua avec la plupart de ceux qui étaient basés là. ‘Ali pilla le camp, prit certains chevaux et brûla totalement l’endroit. Il revint pendant le cours de la même nuit à l’embouchure du Nahr Joubba. Les nouvelles de ces actes atteignirent Mansour, qui s’aventura en avant pour s’approcher finalement ‘de la base de ‘Ali dans al-Khayzouraniyah. ‘Ali alla le défier avec un petit nombre de troupes et la bataille entre eux dura de la matinée de ce jour jusqu’à midi. Mansour fut forcé de s’enfuir et ses propres troupes se dispersèrent et l’abandonnèrent. Un groupe de zanj le rattrapa après l’avoir pisté tout le long du canal de ‘Omar Ibn Mihran. Mansour se retourna à plusieurs reprises pour attaquer ses poursuivants si bien que ses lances furent toutes cassées et ses réserves de flèches réduites, le laissant complètement sans défense. Il avança alors au bord du canal, ayant l’intention de le traverser et encouragea son cheval qui bondit mais manqua d’atteindre l’autre rive et tomba dans l’eau.

Lorsque la tête de Mansour émergea à la surface, un esclave noir parmi des lieutenants de Mouslih appelé Abroun lui porta un coup mortel et le dépouilla. Un grand nombre d’entre ceux qui étaient avec Mansour furent tués, y compris son frère Khalaf Ibn Ja’far. Yarjoukh nomma alors un Turc appelé Asghajoun responsable des devoirs administratifs en remplacement de Mansour.

 

Cette même année, al-Mou’tamid ‘Allallah désigna son frère Abou Ahmad al-Mouwaffaq Talhah Ibn Moutawakkil pour se charger des opérations contre les zanj et d’en faire son objectif principal.

 

Le mardi 18 du mois de Joumadah Awwal, Mouflih fut tué par une flèche sans plume qui le frappa dans la tempe. Il mourut le lendemain matin. Son corps fut amené à Samarra où il fut enterré.

 

La Mort de Mouflih

 

Nous avons déjà rapporté comment Abou Ahmad al-Mouwaffaq Ibn al-Moutawakkil partit de Samarra et se dirigea vers Basra pour se battre avec le maudit (al-khabith). Je fus moi-même témoin à Baghdad du départ ou de l’armée sous le commandement d’Abou Ahmad et de Mouflih. Ce fut après qu’Abou Ahmad et al-Mou’tamid furent informés des atrocités endurées par les Musulmans dans Basra et les territoires adjacents. L’armée passa par Bab at-Taq, le quartier où je résidais et j’entendis un groupe des aînés de Baghdad qui avaient vu passer beaucoup d’armées des califes, mais aucune n’a semblé plus grande et mieux préparée et équipée que celle-ci. Une grande foule enthousiaste de la communauté de Baghdad accompagna l’armée tout le long de la ville.

Muhammad Ibn al-Hassan a rapporté que Yahya Ibn Muhammad al-Bahrani campait sur le Nahr Ma’qil avant l’arrivée d’Abou Ahmad dans la localité du vil (al-khabith). Yahya demanda la permission du chef des zanj de marcher vers le Nahr al-‘Abbas, mais cela fut fortement rejeté de peur que les forces des autorités centrales n’arrivent pendant que ses propres troupes soient dispersées dans des endroits différents. Yahya persista jusqu’à ce qu’il obtint la permission et il partit, suivit par la plus grande partie de l’armée du vil (al-khabith).

‘Ali Ibn Aban se posta dans Joubba avec un grand nombre du zanj. Basra avait déjà été pillée par ses troupes et ils étaient occupés à transporter dans les deux sens les marchandises qu’ils avaient saisies. Et donc, à ce moment-là, il n’y avait pas beaucoup de troupes disponibles pour protéger le camp du vil (al-khabith). Cette situation resta ainsi jusqu’à l’arrivée d’Abou Ahmad et de Mouflih avec leur armée, une force formidable et puissante telle qu’il n’en a jamais été auparavant envoyé contre le vil (al-khabith).

Quand cette machine de guerre atteignit le Nahr Ma’qil, les troupes du chef zanj qui était posté la, s’enfuirent terrifiés pour le rejoindre. Le vil (al-khabith) inquiété par ce développement, convoqua deux de ses chefs militaires qui étaient présents au Nahr Ma’qil et leur demanda pourquoi ils avaient abandonné leur position. Ils lui parlèrent alors de la fabuleuse armée qui s’approchait et qu’ils avaient vue, de son équipement et de son haut degré de préparation et qu’ils ne pensaient pas que leurs propres forces seraient suffisantes pour l’arrêter. Le vil (al-khabith) leur demanda s’il connaissait l’identité du commandant militaire. Et bien que des efforts soient déployés pour découvrir qui il était, ils furent incapables de le savoir à cause du manque d’un informateur fiable. Donc le vil (al-khabith) envoya des éclaireurs pour essayer de trouver qui il était. Ses messagers revinrent avec les renseignements concernant la disposition de l’armée, mais personne ne fut capable d’apprendre qui était le commandant en chef ou qui étaient les autres chefs. Ce manque de renseignements servit seulement pour augmenter son appréhension et sa consternation.

Le chef zanj envoya un message urgent à ‘Ali Ibn Aban pour l’informer du danger approchant et lui ordonnant de lui apporter les troupes qu’il avait à la disposition. L’armée du gouvernement arriva et établi son camp devant la position zanj. Le jour de la bataille qui fut un mercredi, le vil (al-khabith) s’aventura à pied, tourna autour de son armée pour examiner soigneusement la situation de son propre côté mais aussi bien de ce qui allait l’affronter.

Ce jour-là, une pluie claire tomba et la terre mouillée devint glissante sous les pieds. Le chef zanj fit un début de la reconnaissance le matin et après son retour il demanda de l’encre et du papier pour expédier un message à ‘Ali Ibn Aban. Il l’informa de ce qu’il avait observé des forces gouvernementales et lui ordonna de lui envoyer ce qu’il pouvait de fantassins.

Pendant que le chef zanj était ainsi retenu, quelqu’un appela Abou Doulaf, qui était un des commandants des noirs, qui vint chez lui et lui dit : « L’ennemi a avancé et les zanj se sont enfuis devant eux. Ils n’avaient aucun chef parmi eux pour contrôler leur fuite jusqu’à ce qu’ils atteignent le quatrième Habl[3]. Le chef zanj le réprimanda durement et lui dit : « Sort de ma vue, menteur ! Tu ne sais pas de quoi tu parles et tu es seulement inquiété par le nombre des troupes que tu as vues ».

Abou Doulaf le quitta et le vil (al-khabith) se tourna vers son secrétaire, qui avait demandé à Ja’far Ibn Ibrahim as-Sajjan d’ordonner aux zanj d’avancer vers le champ de bataille. As-Sajjan informa le chef zanj qu’il les avait envoyés et que ses troupes avaient saisi deux skiffs[4]. As-Sajjan fut ensuite ordonné de tenir l’infanterie prête seulement une brève période après que Mouflih fut touché par la flèche d’un archer dissimulé. Par la suite la défaite fut inéluctable, les zanj submergèrent leur ennemi et les engloutirent dans un bain de sang. Les zanj apportèrent les têtes de l’ennemi au vil, en les tenant par leurs dents et les lancèrent à ses pieds ; ce jour-là, les têtes de l’ennemi remplirent chaque coin d’espace. Les zanj répartirent la chair de leurs victimes entre eux et se l’échangèrent comme des cadeaux. Un prisonnier de Faraghinah fut apporté devant le vil qui lui demanda qui était le commandant de l’armée et il l’informa de la position d’Abou Ahmad et de Mouflih. Le chef zanj s’inquiéta à la mention du nom d’Abou Ahmad et chaque fois qu’il s’inquiétait de quelque chose, il niait la vérité. Il dit : « Il n’y a aucun autre chef dans l’armée excepté Mouflih, car j’ai entendu que personne ne l’avait sauvé. Si celui que ce prisonnier a mentionné était dans l’armée, il serait d’une telle importance que Mouflih serait seulement son subalterne ou le lieutenant de ses associés ».

Quand les troupes d’Abou Ahmad attaquèrent le camp du vil (al-khabith), les non combattants furent tellement effrayés qu’ils s’enfuirent de leur maison et se réfugièrent dans le Nahr Abi al-Khassib. À cette époque, il n’y avait pas de pont pour traverser le canal et par conséquence un grand nombre de femmes et d’enfants furent noyés en essayant de le traverser.

 

Le vil (al-khabith) ne dut pas attendre longtemps après la bataille quand ‘Ali Ibn Aban arriva avec un certain nombre de ses troupes, bien que leur utilité n’était plus requise. Peu de temps après la mort de Mouflih, Abou Ahmad se retira à al-Ouboullah pour rassembler ses forces pulvérisées et renouveler ses préparations pour la guerre. Finalement, il se mit en route pour le Nahr Abi al-Assad où il monta son camp.

Muhammad Ibn al-Hassan a dit que le vil (al-khabith) ne sut pas comment Mouflih fut tué. Mais, quand il entendit dire qu’il fut frappé par une flèche égarée que personne n’a réclamée, il se vanta de l’avoir lui-même tiré. Muhammad continua : « Je l’ai entendu dire qu’une flèche tomba près de lui et que son domestique Wah la ramassa et la lui apporta. Il la tira alors et tua Mouflih. Je sais qu’il mentit parce que j’étais présent et témoin de tout cela ; il ne pas descendit pas de son cheval jusqu’à ce que la bataille soit finie et que les nouvelles de la défaite de l’ennemi soient arrivées et les têtes apportées ».

 

Cette même année, une épidémie frappa la population des régions du Tigre et beaucoup de personnes moururent à Madinat as-Salam, Samarra, Wasif et ailleurs.

 

Durant cette année aussi, Khouraskharis fut tué, avec un certain nombre de ses troupes dans le territoire byzantin.

 

Yahya Ibn Muhammad al-Bahrani, l’associé proche du chef zanj, fut capturé cette année et tué.

 



[1] Certains ont rapporté que ce sont des péniches fabriquées à Jannabi à Fars.

[2] Les zanj, qui tout compte fait n’étaient que de vulgaires criminels, furent rejoints par des fugitifs et des mercenaires mécréants qui luttèrent avec eux contre les populations civiles et l’Autorité Centrale.

[3] Hormis le fait que Habl veut dire « corde, câble ou filin », je n’ai pas su l’utiliser dans son contexte ici. Néanmoins, Habl signifie aussi une mesure de distance, indiquée par un marqueur dont j’ignore la distance exacte. Peut-être s’agit-il d’un poste particulier. Et Allah est Plus Savant.

[4] Long bateau.