Al-Mountassir Billah, le
onzième calife abbasside
Cette même année, au mois de
Shawwal, le dixième calife al-Moutawakkil ‘Alallah fut tué par son
vizir Fath Ibn Qaqan dans son lieu de consommation de vin,
alors qu’il était ivre. Le turc le tua avec la complicité du fils du
calife al-Mountassir parce qu’il avait ordonné de châtier ses grands
commandant comme al-Wassit et Bougha al-Kabir mais aussi parce que
son père avait décidé de l’éloigner de la succession au califat afin
que son autre fils al-Mou’taz Billah prenne sa place. Mais le calife
fut pris de vitesse et l’allégeance fut donnée à al-Mountassir dont
la mère était turque. Mais si ce dernier avait su ce que ses oncles
turcs allaient lui faire par la suite, il se serait pris à deux fois
avant de leur demander leur aide. Les Turcs, qui lorsqu’ils
grandissent se retournent contre la main qui les a nourris.
Al-Moutawakkil fut tué ivre
et il fut le premier calife à être tué par son propre général. Et
bien qu’al-Moutawakkil, surnommé le « Revivificateur de la Sounnah »
(mouhyi as-sounnah) avait des bons côtés, il est tout
de même mort ivre dans son lieu de consommation de boissons
enivrantes.
En l’an 248 de l’Hégire
(862), le calife al-Mountassir dépêcha Wassif le Turc pour mener
l’expédition d’été en territoire byzantin.
Il a été rapporté, que la
raison de cette campagne, est due à la rancœur qui existait entre Ahmad
Ibn al-Khassib et Wassif. Quand al-Mountassir devint calife, Ibn
al-Khassib devint son vizir (ministre) et ce dernier monta
al-Mountassir contre Wassif. Ahmad conseilla à al-Mountassir
de faire quitter Wassif de son camp militaire et de l’envoyer en
campagne à la frontière. Ibn al-Khassib insista tant et si bien
qu’al-Mountassir convoqua Wassif et lui ordonna de partir en
campagne.
Il a été rapporté que
lorsqu’al-Mountassir décida d’envoyer Wassif pour faire campagne à
la frontière syrienne, Ahmad Ibn al-Khassib lui dit : « Qui
sera retenu face aux Mawali (pluriel de Mawlah) jusqu’à ce que tu
ordonnes à Wassif de marcher ? »
Al-Mountassir dit à l’un de
ses domestiques de permettre à ceux qui étaient présents dans le
palais d’entrer. Il les introduit et Wassif se trouvait parmi eux.
Ce dernier s’approcha d’al-Mountassir, qui lui dit :
- « O Wassif, nous avons
appris que le tyran de Byzance se dirige vers les villes de
frontière et cela ne peut être ignoré. Soit tu marches ou je
marcherai ». Wassif répondit :
- « Non, je marcherai, ô
commandant des croyants », après quoi al-Mountassir dit :
- « O Ahmad, voit ce
dont il a besoin ». Quand Ahmad répondit :
- « Oui, ô commandant des
Croyants », al-Mountassir s’écria :
- « Que veux-tu dire
par oui ? Prépare le départ immédiatement. O Wassif, ordonne à ton
secrétaire de parvenir à un accord avec Ahmad quant à ce qui
est exigé et de rester avec lui jusqu’à ce qu’il arrange les
affaires avec lui ».
Ahmad Ibn al-Khassib
et Wassif se levèrent alors et quittèrent le calife. Wassif fit ses
préparations jusqu’à son départ mais il manqua néanmoins de réaliser
son objectif.
Il a été rapporté que quand
al-Mountassir convoqua Wassif et lui ordonna de partir en campagne,
il lui dit : « Le tyran (le roi Byzantin) est en mouvement et je
crains qu’il ne détruise ce qu’il trouvera dans le territoire
d’Islam, en tuant les gens et en prenant les enfants captifs. Si tu
pars en campagne et désire revenir, procède directement à la porte
du commandant des croyants ».
Al-Mountassir ordonna un
contingent de commandants de se préparer pour partir avec Wassif et
choisit des soldats d’élites pour lui. Parmi eux 10.000 Shakiriyah,
l’armée régulière et les Mawali. Le commandement de son avant-garde
fut donné à Mouzahim Ibn Khaqan, le frère d’al-Fath
Ibn Khaqan. Le commandement de son arrière-garde à Muhammad
Ibn Raja’, le flanc à as-Sindi Ibn Boukhtashah et Nasr Ibn Sa’id
al-Maghribi responsable des machines de siège. Wassif donna le
commandement général des armées et du camp à son lieutenant Abou
‘Awn qui était le chef de la police de sécurité de Samarra.
Quand al-Mountassir envoya
son Mawlah Wassif en campagne, il envoya une dépêche à Muhammad
Ibn ‘AbdAllah Ibn Tahir, dont le texte suit :
« Au nom d’Allah, le Tout
Miséricordieux, le Très Miséricordieux
Du servant d’Allah, Muhammad
al-Mountassir Billah, commandant des croyants,
A : Muhammad Ibn
‘AbdAllah, Mawlah du commandant des croyants.
Paix sur toi.
Le commandant des croyants,
loue Allah Exalté pour toi. Il n’y a pas de Dieu sauf Lui et
Lui demande de prier pour Muhammad, Son serviteur et
messager, Puisse Allah Exalté le bénir ainsi que sa famille.
Après cela : Allah, à Lui les
louanges pour Ses bénédictions et la gratitude pour Ses faveurs, a
choisi l’Islam, l’a préféré et l’a perfectionné et en a fait un
moyen de Son approbation et de Sa récompense, une route ouverte pour
Sa clémence et une voie au trésor de Sa gloire. Allah Exalté a fait
que ceux qui se sont opposés à l’Islam s’incline vers lui et l’a
subjugué à ceux qui ont ignoré sa vérité et ont préféré une autre
voie. Il a préféré l’Islam avec les plus complètes et parfaites
lois, et les plus excellents et plus justes statuts. Il a envoyé par
la voie de l’Islam, le meilleur de l’humanité et sélecté le meilleur
des humains Muhammad et, a fait du Jihad (la guerre dans Sa
voie), le plus noble de Ses préceptes et le moyen le plus expéditif
pour L’atteindre. Car Allah a exalté Sa religion et humilié les
polythéistes impudents.
Allah dit en guise du
commandement du Jihad et sa réalisation obligatoire : « Légers ou
lourds, lancez-vous au combat, et luttez avec vos biens et vos
personnes dans la voie d’Allah. Cela est meilleur pour vous, si vous
saviez[1] ».
Aucun incident n’arrivera à celui qui mène la guerre pour
Allah Exalté. Il ne sera pas malade ou ne lui sera fait aucun mal
aussi longtemps qu’il sera avec Lui. Il ne subira pas les frais du
combat, ou affrontera un ennemi, ou passera un territoire ou
marchera sur une terre sans que quelque chose soit écrit à son
crédit, une abondante récompense et l’espoir de la récompense.
Allah Exalté dit : « Ils
n’éprouveront ni soif, ni fatigue, ni faim dans la voie d’Allah, ils
ne fouleront aucune terre en provoquant la colère des infidèles, et
n’obtiendront aucun avantage sur un ennemi, sans qu’il ne leur soit
écrit pour cela une bonne action. En vérité Allah ne laisse pas
perdre la récompense des bienfaiteurs. Ils ne supporteront aucune
dépense, minime ou importante, ne traverseront aucune vallée, sans
que (cela) ne soit inscrit à leur actif, en sorte qu’Allah les
récompense pour le meilleur de ce qu’ils faisaient[2] ».
Alors Allah Exalté loue le
grade supérieur de ceux qui combattent dans Sa voie sur ceux qui se
retiennent, Sa récompense qu’Il leur a promis et leur proximité de
Lui. Car Il dit : « Ne sont pas égaux ceux des croyants qui
restent chez eux - sauf ceux qui ont quelques infirmité - et ceux
qui luttent corps et biens dans la voie d’Allah. Allah donne à ceux
qui luttent corps et biens un grade d’excellence sur ceux qui
restent chez eux. Et à chacun Allah a promis la meilleure
récompense; et Allah a mis les combattants au-dessus des non
combattants en leur accordant une rétribution immense ; des grades
de supériorité de Sa part ainsi qu’un pardon et une miséricorde.
Allah est Pardonneur et Miséricordieux ».[3] ."
Et par le Jihad, Allah à Lui
les Louanges et la Gloire achète les âmes et la propriété des
croyants et fait de Son paradis une récompense pour eux, Son bon
plaisir et une récompense pour ceux qui sacrifient (dépensent) leurs
âmes. C’est une promesse de Lui, une vérité dans lequel il n’y a
aucun doute, un jugement équitable pour lequel il n’y a aucun
remplaçant.
Allah Loué dit : « Certes,
Allah a acheté des croyants, leurs personnes et leurs biens en
échange du Paradis. Ils combattent dans la voie d’Allah : ils tuent,
et ils se font tuer. C’est une promesse authentique qu’Il a prise
sur Lui-même dans la Thora, l’Injil et le Qur’an. Et qui est plus
fidèle qu’Allah à son engagement ? Réjouissez-vous donc de l’échange
que vous avez fait : Et c’est là le très grand succès[4] ».
Allah a décidé de ressusciter
ceux qui combattent pour Sa victoire et Sa clémence et a gratifié à
ceux qui meurent la vie éternelle, Sa proximité et une part
abondante de Sa récompense. Il, Loué soit-Il, dit aussi : «
Ne pense pas que ceux qui ont été tués dans la voie d’Allah, soient
morts. Au contraire, ils sont vivants, auprès de leur Seigneur, bien
pourvus et joyeux de la faveur qu’Allah leur a accordée, et ravis
que ceux qui sont restés derrière eux et ne les ont pas encore
rejoints, ne connaîtront aucune crainte et ne seront point affligés.
Ils sont ravis d’un bienfait d’Allah et d’une faveur, et du fait
qu’Allah ne laisse pas perdre la récompense des croyants[5] ».
Le Jihad est le plus noble et
le plus convenable moyen pour le triomphe dans ce monde et le
suivant que n’importe quelle action par laquelle les croyants
s’approchent de Lui et par lequel ils peuvent déposer leurs
fardeaux, se libérer et mériter la récompense de leur Seigneur. Pour
ceux qui l’accomplissent, qui ont sacrifié leurs âmes pour que la
Parole d’Allah Exalté soit la Plus Haute, et étaient généreux avec
leurs âmes, excepté envers leurs frères derrière eux et leurs femmes
musulmanes. Ils ont soumis l’ennemi par la guerre dans Sa voie (jihad
fis-sabilillah).
Le commandant des croyants
désire se rapprocher d’Allah Exalté en menant la guerre contre Son
ennemi, pour réaliser Ses obligations dans la religion qu’Il lui a
confié et rechercher Sa proximité en renforçant Ses amis et en
permettant de châtier et de combattre ceux qui s’écartent de Sa
religion, nient Ses messagers et lui désobéissent.
Conformément à ce qui a été
dit, il jugea opportun de conseiller à Wassif, le Mawlah du
commandant des croyants, de marcher cette année vers le territoire
des ennemis d’Allah Exalté, les Byzantins mécréants, pour monter une
campagne, depuis qu’Allah Exalté a informé le commandant des
croyants de l’obéissance de Wassif, de ses bons conseils, son
excellente disposition et sa pure intention dans tout qui le
rapproche d’Allah Exalté puis de Son calife.
Le commandant des croyants,
Allah Exalté est le garant de son support et de son aide, a jugé
conséquent que Wassif, avec son Mawlah, les troupes régulières et
les Shakiriyah, que le commandant des croyants a dépêché avec lui,
soient envoyés à la frontière de Malatyah sur l’Euphrate supérieur,
à la frontière des Byzantins, exposée aux attaques byzantines
périodiques le 12 Rabi’ Thani et de procéder à l’invasion du
territoire des ennemis d’Allah Exalté et Loué soit-Il.
Prenez-en note, et envoyez
des dépêches aux administrateurs de vos provinces avec le texte de
cette lettre du commandant des croyants. Ordonnez-leur de la lire
aux Musulmans et ainsi de les motiver pour le Jihad, de les inciter
et de les convoquer en les informant de la récompense qu’Allah
Exalté a donné à ceux qui le conduisent. C’est pour que ceux qui ont
l’intention, l’empressement et le désir de mener la guerre pour Sa
cause agissent conformément à cette lettre en bondissant sur leur
ennemi et en aidant rapidement leurs frères, en défendant leur
religion et en protégeant leur territoire quand l’armée de Wassif,
le Mawlah du commandant des croyants, arrivera dans Malatyah, quand
le commandant des croyants l’enverra. Et Allah Exalté dispose.
Paix, miséricorde et
bénédictions d’Allah sur vous.
Écrit par Ahmad Ibn
al-Khassib le 7 du mois de Mouharram de l’année 248 (862).
Il a été rapporté que
quelqu’un du nom d’Abou al-Walid al-Jariri al-Bajali fut envoyé pour
prendre la responsabilité des dépenses de l’armée de Wassif, le
butin et la division de butin. Al-Mountassir envoya une lettre avec
lui à Wassif, lui ordonnant de rester aux frontières après avoir
accompli son expédition. Il devait y rester durant quatre ans,
menant régulièrement des campagnes jusqu’à que d’autres ordres du
commandant des croyants soient arrivés.
Wasif, qui
résidait à la frontière syrienne, qui était en campagne d’été, fut
informé de la mort d’al-Mountassir. Néanmoins, il envahit le
territoire byzantin et conquit la forteresse de Farouriyah.
En l’an 249
de l’Hégire (863), Ja’far Ibn Dinar mena la campagne d’été contre
les Byzantins et captura une forteresse et plusieurs dépôts de
stockage. ‘Omar Ibn ‘Oubaydallah al-Aqta’ demanda la permission à
Ja’far pour attaquer à son tour une province byzantine et ce dernier
la lui accorda. ‘Omar partit avec une grande force composée
essentiellement des gens de Malatyah. Il rencontra l’empereur
byzantin à la tête d’une énorme armée, dans un endroit appelé Arz
près de Marj al-Ousqouf. L’empereur engagea ‘Omar dans une féroce
bataille et beaucoup d’hommes furent tués des deux côtés. Puis, les
Byzantins au nombre de cinquante-mille encerclèrent ‘Omar et il fut
tué avec deux-mille musulmans, le vendredi du milieu du mois de
Rajab.
Après avoir
tué ‘Omar Ibn ‘Oubaydallah, les Byzantins marchèrent vers la
frontière d’al-Jazirah, pour capturer les terres et les forteresses
musulmanes. Quand ‘Ali Ibn Yahya, qui était sur son chemin de
retour de l’Arménie à Mayafariqin, fut informé, il partit rapidement
à leur rencontre à la tête d’un contingent des gens de Mayafariqin
et d’as-Silsilah mais il trouva la mort avec environ quatre-cents
Musulmans au mois de Ramadan.
Le premier
jour de Safar de l’année 249 de l’Hégire (863), les troupes et les
Shakiriyah se soulevèrent à Baghdad.
Quand les
nouvelles concernant la mort de ‘Omar Ibn ‘Oubaydallah al-Aqta’ et
de ‘Ali Ibn Yahya al-Armani atteignirent les gens de Baghdad,
Samarra et le reste des villes musulmanes proches, les Musulmans
furent extrêmement peinés car les deux hommes étaient de grands
défenseurs de l’Islam, des hommes courageux qui obtinrent de
nombreuses louanges le long des frontières qu’ils défendirent. Les
Musulmans furent d’autant plus attristés que l’un et l’autre
moururent pratiquement en un temps très rapproché mais aussi à cause
de la mort du calife al-Moutawakkil tué par les Turcs alors qu’ils
étaient supposés diriger les affaires des Musulmans. Dès lors, les
Turcs tuèrent n’importe quel calife qu’ils désirèrent tuer en
nommant à leur place qui ils voulaient sans même consulter
l’autorité religieuse et sans obtenir les opinions des Musulmans. Le
peuple de Baghdad se rassembla, protesta et demanda de l’action. Il
fut rejoint par les Abna et les Shakiriyah, qui demandèrent
ouvertement leurs salaires.
Les gens
riches de Baghdad et de Samarra donnèrent de grandes quantités de
leur argent pour équiper ceux qui partaient aux frontières pour
lutter contre les Byzantins. Un grand nombre de gens d’al-Jabal,
Fars, al-Ahwaz et d’autres régions se proposèrent pour
participer aux raids contre les Byzantins. Nous (l’historien)
n’avons reçu aucun renseignement que l’autorité centrale était
disposée à envoyer une force militaire contre les Byzantins à cette
époque, en dépit des actions qu’ils commirent envers les Musulmans.
Au mois de
Dzoul Hijjah de l’année 249 de l’Hégire (863), un violent
tremblement de terre frappa ar-Rayy. Par conséquent, beaucoup de
maisons furent détruites et un certain nombre d’habitants furent
tués. Les survivants fuirent la ville et campèrent à la périphérie.
Le vendredi
25 du mois de Joumadah Awwal, une violente averse s’abattit sur
Samarra accompagné par le tonnerre et la foudre.
En l’an 250
de l’Hégire (864), Muhammad Ibn Tahir envoya deux éléphants
du Khorasan à Baghdad avec des statues et des parfums.
En l’an 251
de l’Hégire (865), Balkajour attaqua les Byzantins et tomba sur une
cache contenant une immense quantité de butin. Il captura un certain
nombre de soldats païens et informa le calife al-Mousta’in par une
lettre datée du mercredi 26 Rabi’ Thani.
Balkajour
mena aussi la campagne d’été au cours de laquelle il conquit un
territoire.
Le onzième calife abbasside
al-Mountassir Billah, ne resta que six mois au pouvoir. Sa mère
était une romaine du nom de Habashiyah. Elle fut nommée ainsi
à cause de sa beauté et de la blancheur de sa peau. Il a été
rapporté qu’il fut empoisonné par son docteur Ibn Tayfouri qui le
soignait d’une maladie. Certainement, ceux qui étaient derrière
l’assassinat de son père sont les mêmes que ceux qui ordonnèrent de
le tuer car al-Mountassir Billah pleurait beaucoup au rappel de
l’assassinat de son père. De même, il a été rapporté, que lorsqu’il
était ivre, il jurait de se débarrasser des assassins de son père
mais ces derniers décidèrent de le tuer avant qu’il ne le fasse. Il
mourut au moins de Rabi’ Thani de l’année 248 de l’Hégire
(862).
Al-Mousta’in Billah, le
douzième calife abbasside
Si nous voulons connaître la
force d’un état, sa situation et son but il y a plusieurs signes qui
nous permettent de juger de son état. Il y a l’armée par exemple.
Était-elle grande et forte ou petite et faible ? Il y a aussi les
dépenses de l’état. Dépensait-il largement ou pas, et à qui étaient
destinées les dépenses ? D’autre part, il y a les gens chargés de
responsabilité dans l’état. Qui étaient ces gens dans l’entourage du
calife ? Étaient-ils des hommes forts, des hommes pieux, des
sincères conseillers ? Faisaient-ils leur travail correctement et le
prenaient-ils à cœur ? Étaient-ils honnêtes ou malhonnêtes ?
Travaillaient-ils pour le succès de la religion et des Musulmans ou
bien travaillaient-ils pour leurs propres intérêts ?
Travaillaient-ils pour une puissance étrangère, pour les intérêts
d’autre nation, pour la destruction de leur propre nation, de leur
propre peuple, de leur religion ? Étaient-ils des vendus, des
traîtres, des pervers, des corrompus, des lâches, des injustes, des
tyrans, des ivrognes invétérés ?
Prenez le cas du douzième
calife al-Mousta’in Billah Ahmad Ibn al-Mou’tassim.
Lorsqu’al-Mountassir décéda, les grands généraux turcs Bougha
al-Kabir et Bougha as-Saghir se réunirent et prirent l’allégeance
pour al-Mousta’in Billah sous la supervision du ministre (vizir) Ahmad
Ibn Khassib al-Jarjourari à ‘Ali Ibn Houssayn al-Iskafi. Ces
gens-là, n’avaient que faire du califat ou de l’état. La seule chose
qui leur importait était leur intérêt personnel qui passait avant
tous les autres intérêts.
Lorsqu’al-Mousta’in Billah
devint calife, al-Bougha devint ministre mais il allait mourir peu
après et il fut remplacé par son fils Moussa Ibn Bougha al-Kabir.
Comme le calife n’avait plus aucun pouvoir, la sédition devait
forcément naitre dans les rangs de ses ministres. Le vizir Ibn
Khassib fut dépouillé de ses biens et expulsé dans l’île de Crète.
Le ministre d’al-Mousta’in, Outamish at-Turki, fut tué après avoir
aussi été dépouillé de ses biens. Et les troubles allaient atteindre
de tels sommets que le calife eut peur pour sa propre vie du fait
qu’il ne pouvait même pas la contrôler et il quitta Samarra pour
Baghdad. Et lorsqu’il refusa de retourner dans la capitale, les
généraux sortirent al-Mou’taz Ibn Moutawakkil de sa prison, en l’an
251 de l’Hégire (865), et lui portèrent allégeance pour qu’il soit
calife.
Et au moins de Dzoul Hijjah,
sous la pression des Turcs qui assiégèrent Baghdad avec leurs
forces, al-Mousta’in Billah dut abdiquer le califat en faveur de son
frère al-Mou’taz Ibn Moutawakkil.
Al-Mou’taz Ibn
Moutawakkil, le treizième calife abbasside
La mère d’Ibn
Moutawakkil, était Qabihah, et bien que son nom signifie «
laide », elle était d’une grande beauté. Al-Mou’taz devint calife
après que son frère al-Mouayyad Ibn Moutawakkil l’écarta de la
succession, l’emprisonna, le fit battre et il mourut dans sa prison
25 jours après. Puis, al-Mou’taz ordonna de tuer son oncle
al-Mousta’in Billah, qui avait été le calife, et lorsqu’ils
voulurent le tuer, il demanda à ses assassins de lui permettre de
prier deux unités de prières et ils le tuèrent dans sa dernière
prosternation. Ils amenèrent sa tête à al-Mou’taz et ces événements
se passaient en l’an 252 de l’Hégire (866).
En l’an 253 de
l’Hégire (867), le général turc Wasif fut aussi tué sur les ordres
d’al-Mou’taz. Tous ces assassinats successifs pourraient nous amener
à nous poser la question : l’état abbasside était-il parvenu à un
tel degré de faiblesse ?
Certes, il
apparaît qu’à cette époque, les califes étaient bien souvent ivres,
les généraux uniquement préoccupés par leurs propres intérêts, les
vizirs et les ministres se menaient entre eux une guerre continuelle
pour le pouvoir et propageaient la corruption.
La seconde
question serait : Mais où était donc les ‘Oulémas de la communauté
face à tous ces problèmes ? Les ‘Oulémas musulmans étaient bien
présents, et faisaient leur devoir de sauvegarder le dogme religieux
des Musulmans et leurs enseignaient la religion. Un grand nombre
d’étudiants assistait à leurs cercles d’enseignements. Un grand
nombre de savants conseillait aussi les califes mais, lorsque la
sédition se levait, au fur et à mesure de son expansion, elle
brûlait et détruisait tout sur son passage.
Il est évident,
qu’il ne pouvait avoir ni sécurité, ni confiance et ni protection
sans la fermeté politique et la fermeté politique n’était possible
qu’avec un gouvernement central fort. La force engendre la sécurité
et non pas la faiblesse. Un dirigeant fort entraîne le respect
envers lui, tant par ses généraux que par ses ministres. Il demande
conseil aux savants et demande des comptes à ses responsables s’ils
ont commis une quelconque erreur. Et si Allah Exalté veut du bien à
une communauté, Il lui donne un homme fort de volonté.
Au mois de Rajab
de l’année 255 de l’Hégire (869), les Turcs entrèrent dans le
conseil d’al-Mou’taz, le sortirent, le frappèrent violemment sous le
soleil brûlant et lui demandèrent d’abdiquer de son poste alors
qu’il pleurait. Puis, ils l’emprisonnèrent et lui interdirent toute
eau et nourriture jusqu’à ce qu’il meure. al-Mou’taz devint calife
alors qu’il n’avait pas encore vingt ans.
Al-Mouhtadi Billah, le
quatorzième calife abbasside
Après sa mort, le
calife al-Mouhtadi Billah ‘AbdAllah Ibn Wathiq pris la succession.
Sa mère était Warda. Il fut surnommé le calife pieux (al-khalifah
as-salih).
Il débuta son
règne en bannissant
les
chanteurs mâles et femelles de Samarra parce qu’ils étaient la cause
de tous les maux. Il les exila à Baghdad après qu’un ordre à cet
effet fut soumis par Qabihah, la mère d’al-Mou’taz, avant que
la malchance ne s’abatte sur son fils. Al-Mouhtadi ordonna aussi que
les lions gardés dans le palais califal soient tués, que les chiens
soient chassés et que cesse tous les divertissements frivoles. Il
réintroduisit la cour d’appel ou il s’assit lui-même pour entendre
les plaintes publiques. Pendant son règne, tous les terres d’Islam
furent assaillies par les divisions et les combats.
Après avoir
connu, une période d’intense faiblesse, l’état islamique allait
connaître une des pires séditions de son histoire. Une sédition
destructive, terrifiante qui dura quatorze années successives et qui
allait conduire à d’horribles massacres des populations musulmanes.
La cause de ces troubles est due à un homme vil, infâme et ignoble
dont l’Imam Ibn al-Jawzi a dit dans son livre « al-Mountadam »,
et l’Imam as-Souyouti dans son livre d’histoire « Tarikh
al-Khoulafah » qu’il s’appelait Bahbouz.
L’Imam Ibn
al-Jawzi décéda en l’an 597 de l’Hégire (1200) tandis que l’Imam
as-Souyouti décéda en 911 de l’Hégire (1505), puisse Allah Exalté
leur faire miséricorde.
L’Imam
at-Tabari dans son livre d’histoire ainsi que l’Imam Ibn al-Athir
décédé en 630 de l’Hégire (1232) dans son livre « al-Kamil fi
at-Tarikh » et l’Imam Ibn Kathir, puisse Allah Exalté leur faire
miséricorde, décédé en 794 de l’Hégire (1391) dans son livre « al-Bidayah
wa an-Nihayah » ont rapporté que cette sédition est due à un
homme du nom de ‘Ali Ibn Muhammad Ibn ‘Abd ar-Rahim
al-‘Abdi et que Bahboud était l’un de ses commandants.
Voici son histoire
intégrale telle qu’elle a été rapportée par l’Imam at-Tabari dans son livre d’histoire « Tarikh
ar-Roussoul wa al-Moulouk ».
Une histoire
terriblement difficile qu’il m’a grandement peiné autant vous le
dire.
La sédition de l’infâme ‘Ali Ibn Muhammad
Ibn ‘Abd ar-Rahim
al-‘Abdi
Au milieu du
mois de Shawwal de l’année 255 (868) un homme prétendant être ‘Ali
Ibn Muhammad Ibn Ahmad Ibn ‘Ali Ibn ‘Issa Ibn Zayd Ibn
‘Ali Ibn al-Houssayn Ibn ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit
satisfait d’eux) apparut dans Furat Basra. Il tira ses forces parmi
les zanj[6], qui travaillaient à l’extraction des nitrates (du
sel) dans la région des marais. Par la suite, il traversa le
(fleuve) Tigre et s’établit à ad-Dinari.
Selon des
rapports, son nom était ‘Ali Ibn Muhammad Ibn ‘Abd Ar-Rahim
des Banou ‘Abd al-Qays et ‘Abd al-Qays est une des tribus des Bani
Jadilah Ibn Assad Ibn Rabi’ah Ibn Nizar. Le nom de sa mère était
Qourrah, la fille de ‘Ali Ibn Rahib Ibn Muhammad Ibn Hakim
des Banou Assad Ibn Khouzaymah, qui étaient des habitants d’un
village au environ d’ar-Rayy du nom de Warzanine, où ‘Ali naquit et
grandit.
On a rapporté
que ‘Ali dit : « Mon ancêtre Muhammad Ibn Hakim de
Koufa fut l’un de ceux qui se rebellèrent contre le calife Hisham
Ibn ‘Abdel Malik avec Zayd Ibn ‘Ali Ibn al-Houssayn. Quand
Zayd fut tué, Muhammad fuit à ar-Rayy et trouva refuge à
Warzanine ou il resta ». ‘Abd ar-Rahim, le grand-père
paternel de ‘Ali, des Banou ‘Abd al-Qays, naquit à at-Talaqan dans
le Khorasan. Il alla en Iraq ou il résida avant de s’acheter une
concubine du Sind qui lui donna un fils du nom de Muhammad,
qui fut le père de ‘Ali.
Précédemment
à Samarra, ‘Ali fut associé à un groupe attaché à la famille du
calife al-Mountassir, dont parmi eux se trouvait Ghanim
ash-Shitranji, Sa’id le Jeune et Yousr al-Khadim. ‘Ali tirait ses
moyens d’existence d’eux et de l’entourage du calife et de ses
secrétaires, dont il cherchait leurs faveurs en les louant par de la
poésie.
Il a été
rapporté, qu’il quitta Samarra pour al-Bahrayn[7] en l’an 249 de l’Hégire (863). Là, il prétendit
que sa généalogie était comme suit : ‘Ali Ibn Muhammad Ibn
al-Fadl Ibn Hassan Ibn ‘Oubaydallah Ibn al-‘Abbas Ibn ‘Ali
Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui).
À Hajar, il
convoqua les gens, leur ordonna de lui obéir et un grand nombre de
gens le fit. Cependant, d’autres refusèrent et une violente bataille
s’ensuivit entre les deux groupes et un grand nombre de gens fut tué
dans chaque camp. Suite à ces événements ‘Ali quitta Hajar et parti
pour al-Ahsa'. Là, il trouva refuge chez un groupe des Banou Tamim,
une branche des Banou Sa’d appelé Banou ash-Shammas, ou il prit
résidence.
Les gens du
Bahrayn l’avaient considéré comme un prophète, tant et si
bien qu’il fut rapporté que des impôts furent recueillis en son nom.
Il exerça l’autorité judiciaire sur eux et en son nom, ils luttèrent
contre les partisans de l’autorité centrale. D’autre part, un
certain nombre de gens le craignirent et aigris contre lui, se
retirèrent dans le désert tandis qu’après cela, beaucoup de gens du
Bahrayn le rejoignirent. Parmi eux, se trouvait un homme
d’al-Ahsa', un peseur de grain du nom de Yahya Ibn Muhammad
al-Azraq, connu sous le nom d’al-Bahrani, qui était un Mawlah
des Banou Darim. Puis aussi Yahya Ibn Abi Tha’lab, un
marchand de Hajar et un Mawlah noir des Banou Hanzalah appelé
Souleyman Ibn Jami’ et ce dernier fut le commandant de l’armée de
‘Ali. ‘Ali se déplaça dans le désert, d’une tribu à un autre, pour
appeler à lui de nouveaux partisans.
Il a été
rapporté que ‘Ali avait l’habitude de dire : « Au cours de cette
période, j’ai reçu des signes de mon leadership comme l’imam, qui
étaient manifeste aux gens ». Selon son propre compte, parmi ces
signes était celui-ci : « J’ai reçu des Sourates du Qur’an, que je
n’avais pas appris par cœur et je fus alors capable de les réciter
en un instant. Ce sont Soubhan, al-Kahf et Sad. Il continua :
« Un autre exemple est alors que j’étais allongé, pensant vers quel
endroit me diriger pour résider, la pensée du désert et de ses
habitants récalcitrants me déprimèrent. Soudain, un nuage me
recouvrit de son ombre et le tonnerre et la foudre crépitèrent. Un
coup de tonnerre retentit dans mes oreilles et une voix me dit «
Dirige-toi vers Basra ». Je dis à mes compagnons qui m’assistaient :
« Une voix dans le tonnerre m’a ordonné d’aller à Basra ».
Il a été
rapporté que lorsque ‘Ali entra dans le désert, il fit croire aux
gens qu’il était Abou al-Houssayn Yahya Ibn ‘Omar, qui
fut tué dans le voisinage de Koufa. Alors, il trompa certains
d’entre eux et, en conséquence, il fut rejoint par un grand nombre
de gens. Il avança alors avec eux vers ar-Radm, un endroit du Bahrayn.
Une bataille importante éclata entre eux et ceux qui étaient contre
lui, et un grand nombre de gens furent tués. Les membres d’une tribu
arabe l’abandonnèrent par dégoût et renoncèrent à toute association
avec lui. Dès que les membres de la tribu furent partis, ‘Ali trouva
le désert fastidieux et il se mit en route pour Basra ou il
s’installa parmi les Banou Qoubay’ah. Un groupe d’entre eux le
rejoignit et parmi eux, ‘Ali Ibn Aban, surnommé al-Mouhallabi et ses
frères Muhammad et al-Khalil. ‘Ali arriva à Basra en l’an 254
de l’Hégire (867) alors que le gouverneur du calife était Muhammad
Ibn Raja’ al-Hidari. Son arrivée coïncida avec les émeutes civiles
entre les deux factions rivales de Basra d’as-Sa’diyah et
d’al-Bilaliyah. L’ambition de ‘Ali fut d’apporter son soutien à
l’une des deux factions. Ainsi il ordonna à quatre de ses associés
qu’il rallia dans le Bahrayn et qui firent campagne en son
nom ; Muhammad Ibn Salm al-Qassab al-Hajari, Bouraysh
al-Qouray, ‘Ali ad-Darrab et al-Houssayn as-Saydanani ;
d’annoncer leur révolte dans la ‘mosquée de ‘Abbad. Personne,
cependant, ne répondit à l’appel. Certains soldats les rencontrèrent
et ils furent forcés de se disperser sans n’avoir convaincu
personne. Recherché par le gouverneur, ‘Ali dut s’enfuir à Basra
tandis que ses partisans furent arrêtés et emprisonnés. Parmi eux,
se trouvait Yahya Ibn Abi Tha’lab, Muhammad Ibn al-Hassan
al-Iyyadi et le fils aîné du chef zanj, ‘Ali Ibn Muhammad
al-Akbar avec sa femme et une autre fille, une domestique enceinte.
‘Ali, cependant, se mit en route pour Baghdad, accompagné par ses
associés Muhammad Ibn Salm, Yahya Ibn Muhammad,
Souleyman Ibn Jami’ et Bouraysh al-Qouray.
Quand ils
atteignirent les marais, ‘Oumayr Ibn ‘Ammaroun un Mawlah des Bahili,
qui administrait la région et qui était à leur recherche les arrêta
et les remit au gouverneur de Wasif, Muhammad Ibn Abi ‘Awn.
‘Ali employa toute sa ruse et sa persuasion avec Ibn Abi ‘Awn
jusqu’à ce qu’il les libère lui et ses compagnons. De là ‘Ali
voyagea à Madinat as-Salam (Baghdad), où il resta une année et
prétendit être rattaché à Ahmad Ibn ‘Issa Ibn Zayd. Il
allégua que pendant son séjour dans la ville des signes lui
apparurent et lui permirent de scruter les esprits de ses compagnons
et de savoir ce que chacun d’entre eux faisait. Il implora son
« seigneur » pour lui révéler l’état de sa propre situation et il
vit sur le mur un message pour lui écrit par une main invisible.
Un de ses
disciples a rapporté que pendant son séjour à Madinat as-Salam, ‘Ali
convainquit un certain nombre de personnes dont parmi eux Ja’far Ibn
Muhammad as-Souhan, qui était un descendant de Zayd Ibn
Souhan, Muhammad Ibn al-Qassim et deux domestiques de Yahya
Ibn ‘AbderRahmane Ibn Khaqan, Moushriq et Rafiq.
Il renomma
Moushriq, Hamzah et le surnomma Abou Ahmad. Rafiq fut
renommé Ja’far, et surnommé Abou al-Fadl.
Pendant le
séjour cette année de ‘Ali dans Madinat as-Salam, Muhammad
Ibn Raja' fut désisté de son poste de Basra. Quand il partit, les
chefs des Bilaliyah et des Sa’diyah responsables du désordre civil,
attaquèrent et ouvrirent les prisons en libérant tous les internés.
Quand les nouvelles parvinrent à ‘Ali que sa famille était parmi les
libérés, il partit pour Basra, au mois de Ramadan de l’année 255 de
l’Hégire (869), accompagné par ‘Ali Ibn Aban, Yahya Ibn Muhammad,
Muhammad Ibn Salm, Souleyman Ibn Jami’ et les deux
domestiques de Yahya Ibn ‘AbderRahmane, Moushriq et
Rafiq. Abou Ya’qoub, un soldat qui fut surnommé plus tard Jourban,
se joignit à eux et ils partirent tous ensemble. Ils arrivèrent
finalement dans un endroit appelé Barankhal, ou ils s’installèrent
dans un château, du nom d’al-Qourashi, près d’un canal appelé ‘Amoud
Ibn al-Mounajjim, des Banou Moussa Ibn al-Mounajjim qui l’avait
creusé. ‘Ali fit alors croire qu’il agissait comme un agent de la
part d’un des fils du calife al-Wathiq, se chargeant de la vente de
Sibakh (nitrate) et ordonna à ses compagnons de le traiter en tant
que tel.
Il a été
rapporté de Rayhan Ibn Salih, un des esclaves des
Shourajiyine, qui fut le premier d’entre eux à rejoindre ‘Ali, qu’il
a dit : « J’étais responsable des esclaves de mon maître, en
transportant de la farine de Basra aux Shourajiyine et en la
distribuant parmi eux. Je leur avais remis comme d’habitude un
chargement en empruntant la voie où ‘Ali restait, c’est-à-dire à
Barankhal dans le château al-Qourashi, quand ses partisans me
capturèrent, m’amenèrent à lui et m’ordonnèrent de le saluer comme
un émir, ce que je fis. Il me demanda d’où je venais et je lui ai
dit que j’étais venu de Basra. Il m’a demandé si j’avais entendu des
nouvelles d’eux dans Basra et j’ai répondu négativement. Il me
demanda alors s’il j’avais des nouvelles d’az-Zaynabi et je lui dis
que je ne savais rien de lui. Alors il me dit : « Informe moi des
activités des Bilaliyah et des Sa’diyah ». Je répondis que je
n’avais aucun renseignement sur eux non plus. Finalement, il me
demanda des informations sur les esclaves Shourajiyine, les affaires
de chacun d’entre eux, ceux qui transportait de la farine, du Sawiq,
des dates et aussi ceux tant parmi les affranchis que parmi les
esclaves qui travaillaient dans les mines de sel. Je lui dis ce que
je savais de ces affaires. Il m’a demandé de le rejoindre et
j’acceptais. Il me dit alors : « Incite autant d’esclaves que tu
veux à me rejoindre et ramènes les moi ». Il me promit des avantages
supplémentaires et de faire de moi leur commandant. Il me fit aussi
solennellement jurer de ne révéler son endroit à personne et que je
reviendrais. Il me permit alors de poursuivre ma route. Je livrais
la farine à destination mais comme j’étais trop loin, je ne revins
au camp d’Ali que le matin suivant.
Quand
j’arrivais, Rafiq, le domestique de Yahya Ibn ‘AbderRahmane,
était aussi arrivé au camp. Il avait été envoyé à Basra avec
certaines de ses marchandises. Il arriva avec Shibl Ibn Salim, un
des esclaves d’ad-Dabbassin, qui avait avec lui un morceau de soie,
que ‘Ali l’avait chargé d’acheter pour en faire une bannière et sur
lequel était écrit, en caractères rouges et verts les mots suivants
: « Allah a acheté des croyants, leurs personnes et leurs biens en
échange du Paradis. Ils combattent dans la voie d’Allah : ils tuent,
et ils se font tuer. C’est une promesse authentique qu’Il a prise
sur Lui-même dans la Thora, l’Injil et le Qur’an. Et qui est plus
fidèle qu’Allah à son engagement ? Réjouissez-vous donc de l’échange
que vous avez fait : Et c’est là le très grand succès ».
Le nom d’Ali et de son père y étaient aussi inscrits et la
bannière fut attachée au mât d’une péniche.
[1]
Qur’an 9:41.
[2]
Qur’an 9:120-121.
[3]
Qur’an 4:95-96.
[4]
Qur’an 9:111-112.
[5]
Qur’an 3:169/171.
[6]
Appelés aussi les zinj ou zounouj. La plupart étaient des
noirs ramenés d’Afrique qui travaillaient dans les champs et
les mines.
[7]
Comme nous l’avons déjà mentionné le Bahreïn de
l’époque ne correspond pas à celui de nos jours mais était
bien plus vaste.