La révolte des Arméniens
Nous avons mentionné
auparavant la raison pour laquelle al-Moutawakkil nomma Youssouf Ibn
Muhammad gouverneur de l’Arménie. Les habitants se
révoltèrent pour les raisons suivantes : Quand Youssouf Ibn Muhammad
rejoignit sa préfecture administrative en Arménie un des Patricio[1] appelé
Bouqrat Ibn Ashout, surnommé le chef Patricio, se révolta, il
chercha à prendre le pouvoir. Youssouf Ibn Muhammad le captura,
l’enchaîna et l’envoya à la porte du calife. Bouqrat et son fils se
convertirent alors à l’Islam.
Il a été rapporté que lorsque
Youssouf expulsa Bouqrat Ibn Ashout, le neveu de ce dernier et un
certain nombre de Patricio arméniens se rallièrent contre Youssouf.
La neige était tombée dans la ville où Youssouf se trouvait que l’on
dit avoir été Taroun. Quand la neige s’installa, les Arméniens
assiégèrent de toutes parts Youssouf et ceux qui étaient avec lui
dans la ville. Youssouf sortit à la porte de la ville et lutta
contre eux mais les Arméniens le tuèrent et tous ceux qui étaient
avec lui. Et on a rapporté qu’il fut dit à ceux qui ne luttèrent
pas, de retirer leurs vêtements et de partir nus. Beaucoup de gens
se sont débarrassés de leurs vêtements et ont dû partir totalement
nus et pieds nus dans la neige. La plupart d’entre eux, moururent à
cause du froid, mais certains survécurent mais perdirent leurs
doigts.
Quand Youssouf expulsa
Bouqrat Ibn Ashout, le Patricio fit le serment de tuer Youssouf et
jura de répandre son sang. Moussa Ibn Zourarah fut d’accord avec lui
du fait qu’il était responsable de la fille de Bouqrat.
Sawadah Ibn ‘Abdel Hamid
al-Jahhafi déconseilla à Youssouf Ibn Abi Sa’id de rester où
il était et lui rapporta les nouvelles qu’il entendit concernant le
Patricio. Youssouf, cependant, refusa de se laisser intimider et les
Arméniens l’encerclèrent au mois de Ramadan dans la ville où il se
trouvait et où la neige était tombée abondamment et aussi sur les
villes de Khilat et Dabil. Auparavant, Youssouf avait divisé ses
forces parmi les villages et ses forces se trouvaient donc
dispersées dans chacune de ses régions. Un contingent du Patricio et
leurs alliés furent envoyé contre chaque groupe qu’ils tuèrent en
une seule journée. Ils encerclèrent Youssouf dans la ville pendant
plusieurs jours, si bien qu’il sortit les affronter et lutta jusqu’à
ce qu’il fut tué.
Par conséquent,
al-Moutawakkil envoya Bougha as-Sharabi en Arménie, pour venger
Youssouf et il quitta al-Jazirah pour l’Arménie. Il s’arrêta tout
d’abord à Arzan ou il attaqua Moussa Ibn Zourarah, surnommé Abou al-Hourr,
qui avait des sœurs et des frères du nom d’Isma’il, Souleyman, Ahmad,
‘Issa, Muhammad et Haroun. Bougha envoya Moussa Ibn Zourarah
à la porte du calife. Puis, Bougha as-Sharabi assiégea la montagne
de Khouwaythiyah où habitaient la majorité des habitants de
l’Arménie qui avait tué Youssouf Ibn Muhammad. Bougha lutta
contre eux, les vainquit, tua environ 30.000 d’entre eux et prit
beaucoup de captifs qu’il vendit en Arménie. Il entra ensuite dans
le territoire d’Aghbagh et captura prisonnier Ashout Ibn Hamzah
Abou al-‘Abbas, le gouverneur d’Aghbagh qui était une sous-région
d’al-Bous-Fourrajan. Bougha construisit aussi la ville d’an-Nashawah
avant de marcher vers la ville de Dabil en Arménie et il resta un
mois, avant de repartir à Tiflis.
Cette même année, 300
vaisseaux byzantins commandés par Ourifas, Nikitiat et Martinakious,
chacun commandant cent vaisseaux assiégèrent Damiette. Il y a entre
Damiette et la côte une sorte de lac dans lequel l’eau atteint la
poitrine d’un homme et quiconque le traverse est à l’abri des
navires. Un groupe des gens furent capables de le traverser mais
beaucoup de femmes et d’enfants périrent noyés. Ceux qui furent
capables de prendre des navires s’enfuir à Fustat qui est à quatre
jours de voyage de Damiette.
Quand la fête approcha,
‘Anbassah Ibn Ishhaq ad-Dabbi qui était le chef de la police
de sécurité de l’Egypte, ordonna aux troupes qui étaient à Damiette
de venir à Fustat pour aider à la célébrer. Ainsi, Damiette fut
laissée sans troupes. Les vaisseaux byzantins arrivèrent de la
direction de Shatah, où le tissu « Shafawi » est fabriqué. Cent
vaisseaux Shalandiyah, chacun portant entre cinq-mille et cent
hommes, assiégèrent Damiette et brûlèrent toutes les maisons et
cabanes de roseau qu’ils atteignirent. Ils emmenèrent les armes
qu’ils trouvèrent, environ 1.000 lances avec leur équipement, que
les musulmans avaient l’intention d’expédier à Abou Hafs, le
gouverneur de Crète. Ils tuèrent tous les hommes qu’ils trouvèrent,
ils prirent toutes les fournitures, le mobilier, le lin, et d’autres
choses qui avaient été préparées pour être envoyées en Iraq. Ils
prirent environ 600 femmes coptes et musulmanes captives. Il a été
rapporté que 125 d’entre elles étaient Musulmanes et le reste
coptes.
Il a été rapporté qu’il y
avait environ 5.000 Byzantins dans les vaisseaux Shalandiyah qui
attaquèrent Damiette. Ils chargèrent leurs navires de meubles, de
provisions, de femmes et brûlèrent l’entrepôt contenant les voiles
de navire. Ils mirent le feu à la grande mosquée publique et aux
églises de Damiette. Le nombre de femmes et d’enfants, qui
essayèrent de s’enfuir et qui se noyèrent dans le lac de Damiette
dépassa le nombre de captives prit par les Byzantins qui se
retirèrent après leurs raid.
Il a été rapporté qu’Ibn
al-Akshaf, qui avait été incarcéré dans la prison de Damiette par
‘Anbassah, brisa ses liens et sortit lutter contre les Byzantins. Un
groupe d’hommes l’aida et il tua un certain nombre de Byzantins.
Après leur raid, les
Byzantins procédèrent à Oushtoum près de Tinnis. Comme ils ne
réussirent pas à naviguer jusqu’à Tinnis craignant de s’échouer, ils
se dirigèrent vers Oushtoum, un port à un peu moins de 24 km de
Tinnis. Le port d’Oushtoum était ceint d’un large mur et de deux
portes en fer, qu’al-Mou’tassim avait ordonné de construire. Les
Byzantins détruisirent tout cela, brûlèrent la ville avec l’aide de
mangonneaux et de balistes et emmenèrent les deux portes en fer
avant de retourner vers leur propre territoire sans être inquiétés.
Au moins de Mouharram
239 de l’Hégire (853), al-Moutawakkil ordonna que les Dhimmis
ajoutent deux manches jaunes à leurs vêtements extérieurs. Puis, au
mois de Safar, il ordonna de restreindre leur monture aux mulets et
aux ânes et d’éviter de conduire et d’utiliser des chevaux.
Cette même année,
al-Moutawakkil ordonna que les églises et les synagogues
nouvellement construites sous l’Islam soient détruites.
Maintenant, certains d’entre
vous pourrait arguer sur ces faits ou les critiquer. Je vous
rappelle que ces événements se passaient en 239 de l’Hégire ou 853.
Vous ne pouvez donc pas juger en tant que citoyen du XXIe siècle,
avec les pensées des gens de votre siècle ce qui s’est passé il y a
11 siècles et si vous le faites, vous devrez aussi le faire pour vos
crimes c ar si cela se passa au huitième siècle, nous voyons chaque
jour dans l’actualité vos crimes odieux et barbares indignes de
citoyens du vingt et unième siècle. Ne nous donnez donc pas des
leçons de civilités avant de les appliquer vous-même !
À cette époque, l’Islam était
fort et les Musulmans aussi. Les lois d’Allah Exalté à Lui les
Louanges et la Gloire, étaient parfaitement appliquées et à la
lettre et dument respectées.
En appliquant ainsi ses
directives, le calife espérait donner la chance aux Chrétiens et aux
Dhimmis de devenir des Musulmans et d’avoir les mêmes droits que ces
derniers. S’ils étaient satisfaits de porter ces signes distinctifs
c’est qu’ils étaient heureux. Après tout, valait mieux porter ces
signes que de n’avoir aucun choix du tout, hormis la conversion de
force, le tribunal inquisitoire et le bûcher comme ce fut le cas
pour les musulmans en Andalousie ou alors les charniers comme ce fut
le cas récemment en Bosnie Herzégovine ! Comme on le voit, la
différence est non seulement de taille mais extrême !
Al-Moutawakkil ne fit donc
que comme son prédécesseur le calife ar-Rashid en imposant ces
directives. Il était nécessaire de faire apparaître la force de
l’Islam et leur puissance aux yeux de leurs ennemis. En l’an 241 de
l’Hégire (855), l’impératrice Théodora fit porter allégeance à son
jeune enfant Michael III, surnommé as-Sakir, pour la succession et
lui laissa la charge de 20.000 prisonniers musulmans. Bien qu’il
existait des accords d’échange de prisonnier entre les deux nations,
l’impératrice demanda aux prisonniers musulmans de faire un choix :
Soit d’abdiquer leur religion et de devenir chrétien ou d’être tué.
8.000 prisonniers musulmans choisirent la conversion de peur d’être
tués tandis que les 12.000 autres furent égorgés les uns après les
autres parce qu’ils refusèrent de renier leur religion ou de devenir
Chrétien. Tandis que jamais les Musulmans n’ont contraint quiconque
à l’Islam, la religion est une question de choix personnel et nul ne
peut implanter la foi de force dans le cœur d’un humain excepté leur
Créateur. Vous comprenez donc pourquoi les combattants musulmans
présentaient trois choix aux mécréants : la possibilité de devenir
comme eux pacifiquement, de payer le tribut pour continuer à être ce
qu’ils étaient tout en étant protégés par les musulmans ou le combat
qui laissait la chance aux mécréants de défendre leurs arguments par
la force !
Maintenant en toute âme et
conscience, regardez la différence entre les directives
d’al-Moutawakkil pour ses sujets non musulmans et celle de
l’impératrice envers les prisonniers musulmans !
En l’an 241 de l’Hégire
(855), il y eut une tempête météorique visible à Baghdad le jeudi
soir 1 du mois de Joumadah Thani.
Cette même année, il n’y eut
une épidémie qui emporta les chevaux et le bétail.
Toujours cette année, les
Byzantins attaquèrent ‘Ayn Zarbah et ils prirent captif les zout qui
s’y trouvaient avec leurs femmes, leurs enfants, leurs buffles et
leurs bétails.
Il y eu aussi cette année, un
échange de prisonnier entre les Musulmans et les Byzantins.
Il a été rapporté que
Théodora, l’impératrice de Byzance, la mère de Michael, envoya un
homme appelé George Ibn Cyriaque, pour échanger des Musulmans qui
étaient prisonniers chez eux. Le nombre de Musulmans approchait
20.000. Al-Moutawakkil envoya un shiite du nom de Nasr Ibn al-Azhar
Ibn Faraj pour déterminer le nombre exact de captifs musulmans entre
les mains des Byzantins, pour procéder à leur échange au mois de
Sha’ban de cette année. Nasr revint un peu après être resté quelque
temps avec les Byzantins.
Il a été rapporté, qu’après
le départ de Nasr, Théodora ordonna que ses prisonniers soient
examinés et que la conversion au Christianisme leur soit proposée.
Ceux qui se convertiraient seraient égaux aux autres et ceux qui
refuseraient devaient être tués. Par conséquent, 12.000 prisonniers
furent tués. D’autres ont rapporté que ce fut Thaouktistous qui les
exécuta sans que l’impératrice l’ait ordonnée.
Les gouverneurs des villes de
frontière de la Syrie et d’al-Jazirah reçurent une lettre
d’al-Moutawakkil les informant que des négociations étaient
survenues entre Shounayf al-Khadim et George, l’émissaire de
l’impératrice byzantine, concernant l’échange de prisonnier et qu’un
accord était parvenu entre eux. Ce George avait demandé un armistice
entre le 5 Rajab jusqu’au 22 Shawwal de cette année, pour rassembler
les prisonniers et pour permettre aux Byzantins d’arriver au lieu de
l’échange. Cette lettre arriva le mercredi, 5 Rajab et l’échange de
prisonnier eut lieu le jour de la rupture du jeune, le 1 du mois de
Shawwal de cette même année.
George, l’émissaire de
l’impératrice byzantine, partit pour la région des villes frontières
le samedi 22 du mois de Rajab avec soixante-dix mulets. Abou Qahtabah
al-Maghribi at-Tourtoussi s’arrangea avec lui pour que les Musulmans
puissent observer la rupture du jeune. Une cinquantaine de Patricio
et de pages appartenant à George vinrent avec lui
Shounayf al-Khadim partit
pour l’échange de prisonnier au milieu de Sha’ban avec cent
cavaliers, trente Turcs, trente Magharibah et quarante cavaliers
Shakiriyah. Ja’far Ibn ‘Abdel Wahid, qui était le juge en
chef, demanda l’autorisation d’assister à l’échange de prisonnier et
que quelqu’un soit envoyé pour le remplacer. La permission lui fut
accordée et 150.000 dirhams lui furent alloués comme subventions et
60.000 autres des attributions de service. Ibn Abi ash-Shawarib, qui
était alors un jeune homme, fut envoyé pour le remplacer. Un groupe
de leader de Baghdad et Ja’far partirent à la rencontre de Shounayf.
L’échange de prisonniers eu
lieu dans le territoire byzantin, sur le fleuve Lamos, le dimanche
12 du mois de Shawwal de l’année 241 de l’Hégire (855). Le nombre de
prisonniers musulmans était de 78 hommes et de 125 femmes, le reste
ayant été précédemment massacrés.
Cette même année, les Boujah[2]
attaquèrent des gardes militaires de l’Egypte et al-Moutawakkil
dépêcha contre eux Muhammad Ibn ‘AbdAllah al-Qoummi pour leur
faire la guerre.
La guerre contre les Boujah
Il a été rapporté que les
Boujah n’ont pas attaqué les Musulmans et que les Musulmans ne les
ont pas non plus attaqués à cause de l’armistice de longue date
qu’il il y avait entre eux. Ils étaient originaire des Habash
(des Abyssiniens), de l’ouest. Parmi les peuples noirs de l’ouest,
il y avait les Boujah,
les Noubah, les gens de Ghanah, d’autre encore et ceux d’al-Khams.
Il y avait des mines d’or dans le territoire du Boujah et ceux qui y
travaillaient étaient liés par serment. Les Boujah livraient
annuellement de leurs mines 400 Mithqals[3] de minerai
d’or aux agents du gouvernement égyptiens. Lorsqu’al-Moutawakkil
devint calife, les Boujah arrêtèrent de livrer cette taxe plusieurs
années consécutives. Al-Moutawakkil désigna un de ses domestiques
Ya’qoub Ibn Ibrahim al-Badghissi, le Mawlah d’al-Hadissour,
responsable du service postal et des renseignements en Égypte qui
était surnommé Qawsarah. Al-Moutawakkil lui assigna le service de
renseignements du Caire, d’Alexandrie, de Barqah et des provinces du
Maghreb
Ya’qoub Ibn Ibrahim informa
al-Moutawakkil que les Boujah avaient rompu le traité entre eux et
les Musulmans, qu’ils avaient traversé leur territoire jusqu’aux
frontières de l’Égypte ou ils avaient tué un certain nombre de
Musulmans qui travaillaient dans les mines pour extraire les pépites
d’or et les pierres précieuses et avaient pris un certain nombre
d’enfants musulmans captifs et de femmes. Les Boujah avait prétendu
que les mines leur appartenaient, qu’elles étaient dans leur
territoire et qu’ils n’autorisaient pas les Musulmans à y entrer.
Cela inquiéta tous les Musulmans engagés dans les mines qu’ils
abandonnèrent, craignant pour leur vie, celle de leurs femmes et de
leurs enfants. L’évaluation d’un cinquième de l’or, de l’argent et
des pierres précieuses excavé des mines et prélevé pour le
gouvernement central cessa ainsi.
Al-Moutawakkil fut fortement
contrarié et beaucoup ennuyé. Il chercha à en savoir plus sur les
Boujah et sur les circonstances de l’incident. Il fut donc informé
comme suit : les Boujah
étaient des bergers nomades. L’accès à leur territoire, une position
fortifiée par le désert, était difficile et inaccessible aux troupes
qui devraient marcher un mois à travers un pays stérile, de
végétation clairsemée, rocheux, sans eau et sans pâturage. N’importe
quel représentant gouvernemental qui était entré dans le territoire
des Boujah avait dut prendre ses propres provisions ainsi que pour
sa monture jusqu’à ce qu’il soit revenu en terre d’Islam. Plus la
durée de son séjour était longue et plus les difficultés nombreuses
et il risquait, ainsi que tous ses camarades, de périr. Les Boujah
seraient vainqueurs sans même avoir besoin de combattre et leurs
revenus ne diminuaient en rien les ressources gouvernementales.
Al-Moutawakkil se retint donc
de dépêcher quelqu’un contre eux. Mais la situation se dégrada et
l’audace des Boujah contre les Musulmans s’intensifia au point que
les habitants de l’Egypte Supérieure craignirent pour leurs vies et
pour leurs enfants. Par conséquent, al-Moutawakkil nomma Muhammad
Ibn ‘AbdAllah al-Qoummi, et le chargea de mener la guerre contre eux
et le nomma aussi chef de la police de sécurité pour les
sous-régions de Qift, Aqsour, Isnah, Armante et Ouswan.
Al-Moutawakkil lui ordonna de
combattre les Boujah et de correspondre avec ‘Anbassah Ibn Ishaq
ad-Dabbi, l’officier responsable des forces de sécurité égyptiennes.
Al-Moutawakkil écrivit aussi à ‘Anbassah, et lui ordonna de fournir
à Muhammad toutes les troupes régulières requises et les
Shakiriyah[4] postés en
Egypte. Ainsi ‘Anbassah annula le prétexte que Muhammad
manquait de forces.
Muhammad Ibn ‘AbdAllah
parti pour la terre des Boujah et tous ceux qui avaient été employés
dans les mines ainsi qu’un grand nombre de volontaires le rejoignit.
Environ 20.000 hommes l’accompagnèrent, incluant des cavaliers et
une infanterie. Il envoya à al-Qoulzoum sur sept bateaux chargés de
la farine, de l’huile d’olive, des dates, du Sawiq et de l’orge, en
ordonnant à un contingent de ses hommes de manœuvrer les bateaux
pour accoster près du territoire des Boujah.
Muhammad Ibn ‘AbdAllah
al-Qoummi marcha sur le territoire des Boujah jusqu’à ce qu’il
traversa les mines, où l’or était extrait et parvint devant leur
forteresses et citadelles. Leur roi du nom de ‘Ali Baba et celui de
son fils La’is, rencontra Muhammad Ibn ‘AbdAllah al-Qoummi
avec une immense armée montée sur des chameaux et armés de lances,
dépassant largement en nombre celle d’al-Qoummi. Leurs chameaux
étaient de noble pedigree comme ceux de Mahrah. Les deux côtés
s’affrontèrent des jours successifs sous forme d’escarmouche sans
vraiment se livrer de bataille. Le roi Boujah entrepris d’harceler
al-Qoummi, pour prolonger le temps de son séjour et épuiser ainsi
ses réserves de provisions et de fourrage. Ainsi il perdrait ses
forces et mourrait d’épuisement et les Boujah pourrait le battre
alors facilement.
Alors que le souverain des
Boujah pensait que les réserves des musulmans étaient épuisées, les
sept vaisseaux qu’al-Qoummi avait envoyés par mer accostèrent sur la
côte près d’un endroit du nom de Sanjah. Al-Qoummi dépêcha un groupe
de ses hommes pour protéger les vaisseaux des Boujah et il partagea
les provisions des navires parmi ses hommes, afin qu’ils aient des
réserves de fourrage adéquates.
Voyant cela, ‘Ali Baba, le
chef Boujah, continua à se battre avec les Musulmans, en rassemblant
des troupes contre eux. Les deux côtés s’affrontèrent et luttèrent
férocement. Les chameaux sur lesquels les Boujah luttaient étaient
inexpérimentés et avaient tendance à s’effrayer et à s’inquiéter
pour tout. Remarquant cela, al-Qoummi rassembla toutes les cloches
de chevaux et de chameaux disponibles et les attacha autour des
coups des montures. Puis, il attaqua les Boujah, en effrayant leurs
chameaux avec le bruit des cloches. Le résultat fut considérable et
il les dispersa au-delà des montagnes et des vallées, et les forces
des Boujah volèrent en éclats. Al-Qoummi et ses hommes les
poursuivirent et les saisirent, morts ou vivants, jusqu’à l’arrivée
de la nuit. Al-Qoummi revint alors dans son camp et ne put dénombrer
les morts tant ils étaient nombreux.
Quand le matin arriva matin,
al-Qoummi, découvrit que les Boujah avait rassemblé un contingent
d’infanterie et avait procédé vers un endroit où ils pensaient être
à l’abri de sa poursuite. Mais al-Qoummi les attaqua durant la nuit
avec sa cavalerie. Leur roi s’enfuit en prenant sa couronne et des
affaires personnelles. ‘Ali Baba demanda par la suite la sécurité
pour revenir dans son royaume et son territoire. Al-Qoummi le lui
accorda et ‘Ali Baba lui paya alors le tribut des quatre années
qu’il avait différé à raison de 400 Mithqals par an.
‘Ali Baba nomma son fils
La’is sur son royaume est parti avec al-Qoummi pour la Porte
d’al-Moutawakkil ou il arriva à la fin de l’année 241 de l’Hégire
(855). Le calife revêtit ‘Ali Baba d’une robe de soie doublée de
brocart, d’un turban noir et couvrit son chameau d’une selle brodée
et de brocart.
À la Porte Publique Bab
al-‘Ammah, un groupe d’environ soixante-dix pages de Boujah, furent
postés sur des chameaux sellés, portant au bout de leurs lances, les
têtes de leurs guerriers qui avaient été tués par al-Qoummi.
Al-Moutawakkil congédia
Al-Qoummi le jour de la fête du Sacrifice et nomma Sa’d al-Khadim
al-Itakhi gouverneur sur les Boujah et responsable de la route entre
La Mecque et l’Egypte. Et Sa’d délégua le poste à Muhammad
Ibn ‘AbdAllah al-Qoummi. Al-Qoummi partit avec ‘Ali Baba, qui resta
fidèle à sa religion. Un rapporteur a dit qu’il vit ‘Ali Baba se
prosterner devant une idole en pierre qui avait la forme d’un jeune
garçon.
En l’an 242 de l’Hégire
(856), il y eut d’énormes tremblements de terre à Qoumis et dans les
villages environnants au mois de Sha’ban. Les maisons furent
détruites et beaucoup de personnes moururent quand les murs
s’effondrèrent sur eux. Il a été rapporté que 45.096 personnes
recensées trouvèrent la mort. Le plus grand effet dévastateur des
tremblements de terre eut lieu à Damaghan. Il a été rapporté qu’il y
eut aussi des tremblements de terre et des bruits de chocs à Fars,
au Khorasan, en Syrie et même au Yémen, où il y eut aussi une
éclipse lunaire.
Cette année, les Byzantins
avancèrent de la région de Samoussata, suite à l’expédition d’été de
‘Ali Ibn Yahya al-Armani, qui alla aussi loin qu’Amid. Les
Byzantins avancèrent vers les villes frontières d’al-Jazirah ou ils
pillèrent un certain nombre de villages, et prirent captifs environ
10.000 hommes. Ils arrivèrent de la direction de Tafrik, un village
de Karbias, avant de revenir dans leur territoire. ‘Omar Ibn
‘AbdAllah al-Aqta’ et un contingent de volontaires les poursuivirent
mais ne purent les rattraper. ‘Omar écrivit à ‘Ali Ibn Yahya
pour lui demander l’autorisation de mener une expédition d’hiver
dans leur territoire.
Durant cette année,
al-Moutawakkil tua ‘Outarid, un chrétien convertit à l’Islam qui
était resté Musulman pendant plusieurs années avant d’apostasier. On
lui demanda de se rétracter, mais il refusa de revenir à l’Islam. Il
fut exécuté le 2 du mois de Shawwal à la Porte Publique.
En l’an 244 de l’Hégire
(858), al-Moutawakkil dépêcha au mois de Rabi’ Thani, Bougha de
Damas pour attaquer les Byzantins. Bougha entreprit l’expédition
d’été et conquit Samalouh.
Cette année, une lance ayant
appartenu au Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui),
appelé al-‘Anazah, fut rapportée à al-Moutawakkil. On a rapporté
qu’elle avait appartenu au Najashi, le roi d’Abyssinie, qui l’a
donna à az-Zoubayr Ibn al-‘Awwam (qu’Allah soit satisfait de lui).
Az-Zoubayr l’a donna au Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions
d’Allah sur lui) et elle était restée en possession des muezzins[5]. Quelqu’un
marcha avec la lance devant le Messager d’Allah (Saluts et
Bénédictions d’Allah sur lui) à l’occasion de deux fêtes[6]. Puis,
elle fut plantée devant lui dans la cour et les gens prièrent vers
elle[7].
Al-Moutawakkil ordonna qu’elle soit portée devant lui. Le chef de la
police de sécurité la portait devant le calife et le sous-chef de la
police de sécurité portait sa lance.
En l’an 245 de l’Hégire
(859), eut un tremblement de terre au Maghreb qui détruisit des
forteresses, des résidences et des ponts. Al-Moutawakkil ordonna que
trois millions de dirhams soit distribué à ceux dont les résidences
furent détruites. Les villes de ‘Askar al-Mahdi à Baghdad aussi bien
qu’al-Mada'in furent aussi secouées d’un tremblement de terre cette
année.
Durant cette année, le
souverain byzantin envoya des prisonniers musulmans et demanda un
échange de prisonnier pour ceux qui l’étaient encore par un
émissaire du nom de Trifilious. Il était accompagné par
soixante-dix-sept prisonniers musulmans que Michael Ibn Théophile,
le souverain byzantin, présenta à al-Moutawakkil le 24 du mois de
Safar de cette année. Il résida avec Shounayf al-Khadim. Alors
al-Moutawakkil dépêcha Nasr Ibn al-Azhar ash-Shi’i avec l’émissaire
du souverain byzantin. Il se mit en route durant cette année, mais
l’échange de prisonnier n’eut lieu qu’en 246 (860).
Il a été rapporté qu’au mois
de Shawwal, il y eut un tremblement de terre à Antioche qui tua
beaucoup de personnes. Mille-cinq-cents maisons et environ
quatre-vingt-dix tours le long de ses murs d’enceintes (de la ville)
s’effondrèrent par conséquent. Des bruits indescriptibles et
épouvantables émanèrent des résidences détruites. Les habitants
d’Antioche s’enfuirent au désert. Une partie du Mont al-Aqra'
trembla, s’effondra et tomba dans la mer. La mer était orageuse ce
jour et des vapeurs noires, glauques, et putrides remontèrent. Le
fleuve dans Antioche disparu
sur une distance de six kilomètres et nul ne sut quand il
disparut.
Il a aussi été rapporté cette
année, que les habitants de Tinnis en Egypte ont entendu une clameur
continue, épouvantable, qui tua beaucoup de personnes.
Toujours en l’an 245 de
l’Hégire (859), il y eut un tremblement de terre à Balis, ar-Raqqah,
Harran, Ras ‘Ayn, Homs, Damas, Edesse, Tarse, Adana et
le long des côtes de la Syrie. Laodice fut aussi secouée et pas une
résidence ne resta debout. Seule une poignée d’habitants
survécurent. Jabalah et ses habitants périrent.
Cette même année, le niveau
de Moushash, la source d’eau de La Mecque, déclina, si bien que le
prix d’une outre d’eau atteignit quatre-vingts dirhams. La mère
d’al-Moutawakkil envoya des fonds qui furent employée pour la
source.
Cette année, les Byzantins
attaquèrent Samoussata, ou ils tuèrent et prirent captives 500
personnes. ‘Ali Ibn Yahya al-Armani mena l’expédition d’été
contre eux.
En l’an 246 de l’Hégire
(860), il y eut l’expédition d’été de ‘Omar Ibn ‘AbdAllah al-Aqta’.
Il rapporta 7.000 têtes de bétail. Il y eut aussi le raid de
Karbias, qui rapporta 5.000 têtes de bétail. Et ensuite, il y eut le
raid d’al-Fadl Ibn Qarin qui conquit la forteresse d’Antalya, en
voyageant à bord de vingt bateaux. Puis, le raid de Balkajour qui
rapporta du bétail et des captifs. Finalement, il y eut l’expédition
d’été de ‘Ali Ibn Yahya al-Armani qui ramena 5.000 têtes de
bétail et environ 10.000 chevaux, juments et ânes.
Cette année, il y eut un
échange de prisonnier au mois de Safar organisé par ‘Ali Ibn Yahya
al-Armani. Deux-mille-trois-cent-soixante-sept personnes furent
échangées. Certaines autorités disent que l’échange de prisonnier
cette année eut lieu au mois de Joumadah Awwal.
Cette année, les habitants de
Baghdad eurent de la pluie durant vingt et un jours au mois de
Sha’ban et de Ramadan. Il plut tellement que l’herbe poussa sur les
toits des maisons.
Toujours cette année, il a
été rapporté qu’il plut du sang pur dans le voisinage de la région
de Balkh appartenant au dihqans.
Toujours cette même année,
les habitants de Samarra ont observé le jour du Sacrifice (10 Dzoul
Hijjah) le lundi, sur la base de la vue de la nouvelle lune
et les habitants de La Mecque l’ont observé le mardi.
En l’an 247 de l’Hégire
(861), Muhammad Ibn ‘AbdAllah Ibn Tahir vint à Baghdad, après
avoir quitté La Mecque au mois de Safar. Il se plaignit d’avoir été
dérangé par le désaccord concernant le jour du Sacrifice.
Al-Moutawakkil ordonna donc qu’une sacoche de courrier jaune,
utilisée pour le courrier officiel, devait être délivrée de la Porte
du Palais Gouvernemental, à l’observation de la nouvelle lune de
Dzoul Hijjah, aux pèlerins et vis-et-versa. Il ordonna aussi
que de la cire et du naphte soit utilisée au lieu de l’huile d’olive
pour la station de pèlerinage à Mouzdalifah et d’autres lieux du
pèlerinage (certainement pour l’éclairage).
[1]
Commandant ou noble.
[2]
Tribus nomades qui vivaient entre le Nil et la Mer Rouge qui
étaient soumis aux Musulmans par traités, mais différaient
périodiquement le paiement du tribut et razziaient
régulièrement les Musulmans.
[3]
Mithqal : Une unité de masse égale à 4,25 grammes et
principalement utilisé pour les métaux précieux. Le dinar
d’or est égal à un Mithqal.
[4]
Corps d’élite ou gardes du corps des souverains. Les
Shakiriyyah d’origine turque.
[5]
Chargé de l’appel à la prière.
[6]
‘Id.
[7]
La lance fut plantée en direction de la Ka’bah et servit de
Soutra au Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah
sur lui) et aux Musulmans.