Muhammad
al-Mahdi Ibn Abou Ja’far al-Mansour, le troisième calife abbasside
Après la mort du deuxième
calife abbasside Abou Ja’far al-Mansour, son fils Muhammad
al-Mahdi pris la succession. Sa mère était Arwah Bint Mansour al-Himyariyah.
Al-Mahdi régna à peu près dix années et décéda au mois de Mouharram
de l’année 169 de l’Hégire (785). Son règne ne fut pas considéré
comme un grand règne hormis les expéditions militaires contre les
Byzantins.
En l’an 158 de l’Hégire (774), le raid d’été fut
mené par Ma’youf Ibn Yahya le long du Darb al-Hadath
ou il rencontra l’ennemi et lutta avant de revenir. Le Darb al-Hadath
était le défilé montagneux qui menait de la base musulmane à al-Hadath
en territoire byzantin.
En l’an 159 de l’Hégire (775), al-‘Abbas Ibn Muhammad
mena le raid d’été sur Byzance et atteignit Ankara. Le commandant de
son avant-garde était al-Hassan Ibn al-Wasif accompagné
d’affranchis. Al-Mahdi lui assigna un certain nombre de commandants
du Khorasan et d’autres régions. Al-Mahdi en personne sortit et
campa à Baradan ou il resta jusqu’à ce qu’il dépêcha al-‘Abbas Ibn
Muhammad. Al-‘Abbas ne donna à personne un commandement
séparé, y compris al-Hassan Ibn al-Wassif. Lors de son raid,
il conquit une ville byzantine et Matmourah. Il retourna sans être
inquiété et pas un seul Musulman ne fut blessé.
En l’an 160 de l’Hégire (776), ‘Issa Ibn Moussa fut
de nouveau invité à se désister de la succession au califat. Une
très importante somme d’argent lui fut offerte et la succession fut
prise pour le fils d’al-Mahdi, Moussa al-Hadi Ibn al-Mahdi après son
père.
Cette même année, ‘Abdel Malik Ibn Shihab
al-Misma’i atteignit la ville de Barbad avec ses affranchis et
d’autres qui partirent avec lui. Ils attaquèrent la ville le
lendemain de leur arrivée et l’assiégèrent durant deux jours. Puis,
ils déployèrent une catapulte et bombardèrent la ville. Les gens se
rassemblèrent et s’encouragèrent mutuellement avec le Qur’an et
louangèrent abondamment Allah Exalté qui leur permit de prendre la
ville par la force. Les cavaliers musulmans entrèrent de tous les
côtés et les forcèrent les habitants à prendre le refuge dans leur
forteresse. Ils allumèrent alors des feux à l’aide d’huile et
certains d’entre furent brûlés tandis que le reste fut jeté sur les
musulmans mais Allah Exalté les tua tous. Plus de vingt Musulmans
trouvèrent le martyr lors de la bataille et Allah Exalté leur donna
la ville comme butin.
Lorsqu’il voulut revenir, la mer devint si agitée
qu’il ne put embarquer. Ils restèrent donc jusqu’à ce qu’elle soit
devenue praticable et ils furent affligés par le scorbut[1] et environ mille d’entre eux moururent y compris
ar-Rabi’ Ibn Soubayh. Enfin, ils atteignirent le rivage de
Fars à un endroit appelé Bahr Hamran. Le vent se leva
sur eux pendant la nuit et la plupart de leurs navires furent
détruits. Certains d’entre eux se noyèrent et d’autres survécurent.
Ils ramenèrent avec eux, certains de leurs prisonniers, dont la
fille du roi de Barbad, à Muhammad Ibn Souleyman, qui était
alors le gouverneur de Basra.
L’expédition d’été contre les Byzantins fut menée
par Thoumamah Ibn al-Walid al-‘Absi.
Toujours en l’an 160 de l’Hégire (776), al-Ghamr
Ibn al-‘Abbas al-Khath’ami mena un raid contre les Byzantins sur la
mer (méditerranéenne) syrienne.
Cette année aussi, al-Mahdi enleva la parure (kiswah)
de la Ka’bah et l’a remplaça par une nouvelle. Il fit cela, parce
que les gardiens de la Ka’bah, lui avait dit qu’ils craignaient que
la Ka’bah soit détruite à cause du poids des trop nombreuses parures
qui étaient sur elle. Toutes les parures furent retirées si bien que
la Ka’bah devint complètement nue. Alors il ordonna que la maison
entière soit entièrement arrosée de parfum. On a rapporté que
lorsqu’ils retirèrent la parure d’Hisham[2], ils constatèrent qu’elle était faite de brocart
très épais et que les parures précédentes étaient surtout faites de
textiles du Yémen.
Toujours cette même année, on a rapporté
qu’al-Mahdi distribua beaucoup d’argent aux habitants de la Mecque
ainsi qu’aux habitants de Médine. On a dit que la quantité
distribuée lors de ce voyage fut enquêtée et l’on constata qu’il
distribua trente millions de dirhams, qu’il apporta avec lui.
Trois-cent-mille dinars furent envoyés d’Egypte et deux-cent-mille
du Yémen qu’il partagea totalement. Cent-cinquante-mille vêtements
furent aussi distribués. Il fit aussi agrandir la mosquée du
Messager d’Allah (saluts et bénédictions d’Allah sur lui) et ordonna
l’enlèvement de la clôture (maqsourah) qui était dans la
Mosquée du Prophète
(Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui), qui fut
enlevée. Il voulut réduire la hauteur de la chaire du Messager
d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) lui rendre son état
original et retirer ce que Mou’awiyyah avait ajouté.
Il a été rapporté sur l’autorité de Malik Ibn Anas
qu’il consulta les gens qui lui dirent que des clous maintenaient la
partie que Mou’awiyyah avait ajouté au bois original et qu’il était
déconseillé de retirer des clous car les vibrations finiraient par
casser la chaire et il abandonna donc l’idée.
Durant les jours ou il resta à Médine, il ordonna
que cinq-cents des hommes des Ansars soient recrutés pour être ses
garde et ses aides (ansar) en Iraq. Il leur fut fourni leur
nourriture en plus de leurs salaires et, lorsqu’ils arrivèrent avec
lui à Baghdad, on leur donna une propriété, qui était connue d’après
leur nom.
En l’an 161 de l’Hégire (777), Thoumamah Ibn
al-Walid mena l’expédition d’été et campa à Dabiq. Les Byzantins
rassemblèrent une armée pendant qu’il était insouciant. Quand ses
éclaireurs et ses espions vinrent l’informer de la nouvelle, il ne
leur prêta pas attention. Il sortit avec l’avant-garde contre les
Byzantins, commandés par Michael et un certain nombre de Musulmans
furent tués.
Quant à ‘Issa Ibn ‘Ali, il était posté (mourabit)
dans la forteresse de Mar’ash au moment de l’attaque et les
Musulmans ne firent pas de raid d’été cette année à cause de cela.
Cette même année, al-Ghamr Ibn al-‘Abbas fit un
raid naval sur l’empire byzantin.
En l’an 162 de l’Hégire (778), Thoumamah Ibn
al-Walid al-‘Absi fut ordonné de commander l’expédition d’été, mais
il ne le fit pas.
Cette même année, les Byzantins attaquèrent Hadath
et détruisirent ses murs.
Al-Hassan Ibn Qahtabah commanda
l’expédition d’été avec trente-mille troupes régulières, en plus des
volontaires. Il atteignit Hammah al-Adrouliyyah ou il causa
de grandes destructions et d’importants dommages dans les terres
byzantines. Il ne captura aucune forteresse ni même ne rencontra une
quelconque armée. Les Byzantins le surnommèrent « le monstre
marin ».
Certains ont dit qu’al-Hassan vint seulement
à al-Hammah (la fièvre) pour s’y baigner à cause d’une
maladie de peau qu’il avait. Puis, il se retira avec ses gens en
toute tranquillité.
Hafs Ibn Amir
as-Soulami qui était Qadi (juge) dans son armée et responsable du
butin recueillit a dit : « Cette année Yazid Ibn Oussayd as-Soulami
attaqua les terres byzantines en empruntant la passe de Qaliqalah[3]. Il conquit trois forteresses, pris le butin ainsi
que beaucoup de prisonniers.
Cette même année, les mouhammirah[4] apparurent dans le Jourjan, mené par un homme
appelé ‘Abdel Qahhar. Il conquit Jourjan et tua beaucoup de
personnes. ‘Omar Ibn al-‘Ala' lanca un raid contre lui
du Tabaristan et tua ‘Abdel Qahhar et ses compagnons.
En l’an 163 de l’Hégire (779), al-Harashi
assiégea al-Mouqanna’ dans Kish qui, lorsque le siège devint plus
intense, et qu’il sentit sa mort proche, bu du
poison ainsi que les membres de sa famille et tous moururent.
Les Musulmans pénétrèrent dans son château, coupèrent sa tête et
l’envoyèrent à al-Mahdi alors qu’il était à Alep.
Cette année aussi, al-Mahdi ordonna à tous les
corps expéditionnaires, y compris celui du Khorasan, de fournir des
troupes pour le raid d’été. Puis, il se mit en route et campa à
al-Baradan durant environ deux mois, où il organisa son armée, fit
des préparations et paya les troupes. Il donna aussi des cadeaux aux
membres de sa famille qui était venu avec lui.
En l’an 164 de l’Hégire (780), ‘Abdel Kabir Ibn
‘Abdel Hamid Ibn ‘AbderRahmane Ibn Zayd Ibn al-Khattab
emprunta la passe d’al-Hadath pour mener un raid contre les
Byzantins. Michael le Patricien le rencontra avec environ
quatre-vingt-dix-mille hommes, dont Tazad l’Arménien le Patricien.
‘Abdel Kabir se découragea alors et, empêcha les Musulmans de
combattre et revint. Al-Mahdi voulut l’exécuter, mais il fut
intercédé en sa faveur et il fut emprisonné à Moutbaq.
En l’an 165 de l’Hégire (781), Haroun, le fils de
Muhammad al-Mahdi commanda le raid d’été en compagnie de
Khalid, Souleyman et Hassan Ibn Barmak. On a rapporté que son
père l’envoya le 18 Joumadah Thani pour attaquer les terres
byzantines. Il le fit accompagner par son affranchi ar-Rabi’. Haroun
pénétra profondément dans le territoire byzantin et conquit Majidah.
Les cavaliers de Nicetas, le Comte des Comtes, le rencontrèrent.
Yazid Ibn Mazyad rencontra Nicetas dans un combat singulier. Yazid
fut forcé de descendre de son cheval et Nicetas tomba du sien. Alors
il le frappa et le vainquit ainsi. Les Byzantins furent mit en
fuite, Yazid prit possession de leur camp et marcha sur Domesticos,
où se trouvait le commandant des forces armées à Nicomédie. Haroun
se mit en route avec
quatre-vingt-quinze-mille-sept-cent-quatre-vingt-treize hommes[5] et leur prit
cent-quatre-vingt-quatorze-mille-quatre-cent-cinquante dinars d’or
et vingt et un million-quatre-cent-quatorze-mille-huit-cent dirhams
d’argent. Il voyagea jusqu’à ce qu’il atteignit la Mer de Marmara.
Le gouverneur de Byzance était en ce moment-là Augusta, la femme de
Léo parce que son fils était un mineur dont le père l’empereur était
mort. Des messages et des ambassadeurs furent échangés entre elle et
Haroun, le fils d’al-Mahdi, pour parvenir à un traité de paix et de
réconciliation en échange du paiement d’un tribut. Haroun accepta à
condition qu’elle tienne ses engagements en plus de guides et de
marchés sur sa route parce qu’il était venu par une voie difficile
et dangereuse pour les Musulmans. Elle répondit favorablement à ses
demandes.
Les termes de la paix furent établis à
quatre-vingt-dix mille ou soixante-dix mille dinars, qu’elle devait
payer au début du mois d’avril et de juin chaque année. Haroun
accepta ses conditions et elle organisa des marchés sur sa route et
envoya un ambassadeur avec lui à al-Mahdi avec ce qu’elle avait
accepté de payer en or, en argent et en marchandises.
Ils conclurent une trêve de trois ans et un échange
de prisonniers. Avant que la trêve ne soit signée, et que les
Byzantins paient le tribut (al-jizyah) Allah Exalté accorda
cinq-mille-six-cent-quarante-trois captifs aux musulmans.
Cinquante-quatre-mille Byzantins furent tués au cours de la bataille
et deux-mille-quatre-vingt-dix prisonniers furent tués en captivité.
Parmi les bêtes et les animaux dressés avec leur équipement qu’Allah
Exalté leur donna en butin, il y eut vingt-mille montures et
cent-mille têtes de bétail et de moutons. Entre les troupes
régulières et les volontaires, il y avait cent-mille soldats
musulmans. Le prix d’un cheval de trait était d’un dinar, celui
d’une mule moins de dix dirhams et une cotte de mailles un dirham.
Khalid Ibn Barmak fut un élément important de la
dynastie des Abbassides et ce depuis le début de leur règne. Il fut
chargé du département de la trésorerie durant les années 134 et en
165 de l’Hégire (751 et 781).
En l’an 166 de l’Hégire (782), Haroun, le fils
d’al-Mahdi et ceux qui étaient avec lui revinrent de la Mer de
Marmara le 17 du mois de Mouharram. Cette expédition fit
apparaître la bravoure d’Haroun le fils d’al-Mahdi et lui valut que
l’allégeance lui soit donnée à la succession de son père à la place
de Moussa al-Hadi Ibn Mahdi qui avait été précédemment désigné. Il
fut surnommé « ar-Rashid » et il allait devenir le fameux calife
Haroun ar-Rashid
Les Byzantins vinrent délivrer le tribut qui était
de soixante-quatre-mille dinars pour la comptabilité byzantine,
deux-mille-cinq-cent dinars arabes et trente-mille Ratls[6] de laine de chèvre.
Cette même année, dans les dernières nuits de Dzoul
Hijjah la terre s’obscurcie jusqu’à une heure très avancée
dans la journée.
Cette année, il n’y eut pas d’expédition contre les
Byzantins à cause de la trêve mais les Byzantins rompirent la trêve
de paix qui avait été faite entre eux et Haroun Ibn al-Mahdi au mois
de Ramadan. Entre le début de la paix et la traîtrise des Byzantins,
il s’écroula trente-deux mois. ‘Ali Ibn Souleyman, qui était à ce
moment-là le gouverneur d’al-Fazirah et de Qinassrine, leur envoya
Yazid Ibn Badr Ibn al-Battal à la tête d’une force de cavalerie. Ils
rencontrèrent les Byzantins, les vainquirent et prirent du butin.
Cette même année, al-Mahdi envoya Sa’id al-Harashi
au Tabaristan avec quarante-mille hommes.
Moussa al-Hadi, le quatrième calife abbasside
En l’an 169 de l’Hégire
(785), il a été rapporté que le calife al-Mahdi voulu désister son
fils Moussa en faveur d’Haroun mais qu’il mourut avant de confirmer
sa volonté. Il a aussi été rapporté qu’une des servantes du palais
voulu tuer une autre servante en mettant du poison dans son lait et
qu’al-Mahdi en but et mourut aussitôt après. Cela est fort possible,
puisqu’il existe des histoires similaires de palais dans toute les
dynasties quelle qu’elle soit jusqu’à nos jours et que cela arrivera
certainement encore.
D’autres raisons ont été
rapportées sur la mort d’al-Mahdi mais celle-ci nous suffira. Il fut
enterré à l’endroit où il mourut près de Koufa à Massabadan.
Moussa al-Hadi pris la
succession après son père. Il combattait à Jourjan au Tabaristan
quand il apprit la mort de son père tandis qu’Haroun était auprès de
son père quand il mourut. Comme à l’occasion de chaque décès de
calife, les commandants militaires cherchèrent à gagner des grades
en rivalisant entre eux mais les grands ministres de l’état comme
Rabi’ Ibn Younous Ibn Muhammad, al-Hajj Ibn al-Qadir et Yahya
Ibn Khalid al-Barmaki réussirent à calmer leur commandant jusqu’à ce
qu’ar-Rashid fasse porter allégeance les gens pour son frère Moussa.
Lorsqu’al-Hadi devint calife,
al-Houssayn Ibn ‘Ali Ibn Hassan Ibn Hassan Ibn
‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) sortit de Médine
mais l’armée du calife al-Hadi sous le commandement de Muhammad
Ibn Souleyman Ibn ‘Ali al-‘Abbassi réussit à battre al-Houssayn
à Wadi Foukh (ou Fakh) qui est un oued sur la route de La Mecque. À
cette occasion, Idriss Ibn Hassan s’enfuit au Maghreb et avec
l’aide des Berbère, il fonda la dynastie des Adarissah (Idrissi) au
Maghreb.
Lorsque la tête d’al-Houssayn
fut amené au calife al-Hadi par Yaqtine Ibn Moussa, il lui dit : «
Vous m’amenez cette tête comme si elle était celle d’un Taghout[7] des
Tawaghites[8]. La plus infime
récompense que je peux vous accorder pour cela et que je ne vous
donne rien du tout ». Et effectivement, comme ils étaient contents
de lui avoir ramené la tête, il se mit en colère, ne les récompensa
pas et fut infiniment triste de voir la tête d’al-Houssayn
posée devant lui.
Cela nous montre le combat
permanent entre les Abbassides, les Hashim et les ‘Alawi qui
pourtant était tous des oncles les uns les autres des Bani Hashim.
Le pouvoir est difficile et
n’admet aucune concurrence. Le calife ne tuait pas le fils de son
oncle volontairement mais parce qu’il était obligé. Nous avons vu la
tristesse d’al-Mansour lorsqu’an-Nafs az-Zakiyyah fut tué et
maintenant nous voyons celle d’al-Mahdi. Aucun d’entre eux ne se
réjouissait mais le pouvoir passait
avant toute chose. Le pouvoir ne tolère aucune révolte et le calife
devait prendre des précautions pour que cela n’arrive pas. Et si
cela arrivait, il devait agir avec la plus grande rigueur.
Nous n’approuvons
certainement pas ces tueries mais elles paraissent nécessaires quand
on connait ce que les séditions peuvent engendrer de massacre des
populations musulmanes innocentes comme nous l’avons vu dans
l’histoire des Omeyyades.
Cette même année, Moussa
al-Hadi poursuivi avec sévérité les hérétiques païens « az-zanadiqah[9] » et tua
un nombre considérable d’entre eux. Parmi ceux qui furent exécutés,
il y eut Yazdan Ibn Badhan, le secrétaire de Yaqtine Ibn Moussa et
le dernier fils de ‘Ali Ibn Yaqtine, qui était originaire
d’an-Nahrawan. Il a été rapporté qu’il fit le pèlerinage et
lorsqu’il vit les gens circumambuler autour de la Ka’bah, il dit : «
Je peux seulement les comparer à des bœufs piétinant une aire de
battage ! »
Lorsqu’il fut tué et pendu,
l’échafaudage qui soutenait le gibet s’effondra et un pèlerin fut
tué.
Cette même année,
Windhourmouz, le gouverneur du Tabaristan à qui un laissez-passer
avait été accordé, vint trouver Moussa al-Hadi. Le calife le
récompensa généreusement et le renvoya au Tabaristan.
Durant cette année, Ma’youf
Ibn Yahya mena le raid d’été contre les Byzantins en
empruntant Darb ar-Rahib (le Passage de la Peur). Le Byzantins
commandés par Patricius marchèrent aussi loin qu’al-Hadath. Le
gouverneur, les troupes de garnison et les commerçants s’enfuirent
tous et l’ennemi entra dans la ville. Ma’youf Ibn Yahya
pénétra dans le territoire de l’ennemi et atteignit la ville
d’Oushnah. Il saisit alors des captifs et prit du butin.
Le calife al-Hadi était un
homme extrêmement jaloux concernant les femmes et il stressa Oumm
Khayzran l’épouse d’al-Mahdi. Le calife al-Mahdi la faisait assister
à ses conseils, derrière un paravent, où personne ne pouvait la
voir, mais elle pouvait donner des conseils. Al-Hadi lui interdit
dorénavant cela et lui dit sa parole bien connue : « N’as-tu pas un
enfant qui demande ton attention ou un Qur’an qui te rappelleras ou
une maison qui t’occuperas ? »
Al-Khayzran se fâcha après
son fils al-Mahdi et il a été rapporté que lorsqu’elle apprit qu’il
désista ar-Rashid de la succession en faveur de son fils Ja’far elle
le fit étouffé par ses servantes durant sa maladie. Néanmoins, les
historiens ont rapporté qu’il mourut des suites d’une maladie qu’il
contracta, un ulcère à l’estomac, et je ne pense pas que sa mère tua
son propre fils. Il mourut au mois de Rabi’ Awwal de l’année 170 de
l’Hégire (786).
À cause de son extrême
jalousie, il devient particulièrement méchant envers son grand
ministre Rabi’ Ibn Younous Ibn Muhammad pour deux raisons.
Parce qu’il rentra chez al-Khayzran après la mort de son père le
calife al-Mahdi lorsqu’elle le convoqua avec Yahya al-Barmaki
pour les consulter sur les directives à prendre pour mettre fin à la
rebellions des commandants qui s’ensuivit après la mort de son époux
le calife et que nous avons déjà mentionné. Puis à cause d’une jeune
femme du nom de Amat al-‘Aziz (la servante d’al-‘Aziz) que Rabi’
avait offert à al-Mahdi et al-Mahdi l’offrit à son fils Moussa
al-Hadi qui lui donna beaucoup d’enfants. Al-Hadi fut informé par
des éléments de son infanterie que Rabi’ calomniait Amat al-‘Aziz.
Vers la fin de son règne, al-Hadi invita son ministre Rabi’ Ibn
Younous et lui offrit une boisson de miel empoisonné qu’il but et
qui le tua.
Haroun ar-Rashid, le cinquième calife abbasside
Après la mort de Moussa
al-Hadi, son frère Haroun ar-Rashid pris la succession et devint le
cinquième calife abbasside. Il est Hadi Ibn al-Jariyah al-Yamaniyah
al-Khayzran qui était une étudiante de l’Imam Ouza’i, puisse Allah
Exalté lui faire miséricorde et lorsqu’ar-Rashid devint calife, il
accorda la sécurité aux zanadiqah[10] qui
vivaient cachés.
Les Abbassides ne
plaisantèrent pas avec les sectes hérétiques et déviantes de
l’Islam.
En l’an 170 de l’Hégire
(786), ar-Rashid détacha les marches byzantines (ath-thoughour)
d’al-Jazirah et de Qinassrine et en fit une province particulière
(région administrative) qu’il appela « les forteresses frontalières
(al ‘awassim) ».
Cette année, Haroun ar-Rashid
mena le pèlerinage et donna aux habitants des deux sanctuaires (la
Mecque et Médine) de nombreux cadeaux et distribua parmi eux une
énorme somme d’argent. Il a été rapporté qu’il effectua le
pèlerinage et qu’il mena une expédition contre les mécréants cette
même année.
Toujours cette même année,
Souleyman Ibn ‘AbdAllah al-Bakkah mena le raid d’été.
En l’an 171 de l’Hégire
(787), le calife ar-Rashid ordonna que la famille de ‘Ali Ibn Abi
Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) quitte Baghdad pour Médine.
En l’an 172 de l’Hégire
(788), Ishhaq Ibn Souleyman Ibn ‘Ali mena le raid d’été
contre les Byzantins.
En l’an 175 de l’Hégire
(791), ‘AbderRahmane Ibn
‘Abdel Malik Ibn Salih mena le raid d’été et alla aussi loin
qu’en Crète (iqritiyah). Al-Waqidi a rapporté que ce fut
‘Abdel Malik Ibn Salih qui mena le raid d’été cette année. Il
dit : qu’il fit tellement froid durant leur raid que leurs pieds et
leurs mains gelèrent.
Haroun ar-Rashid mena aussi
le pèlerinage cette année.
En l’an 176 de l’Hégire
(792), Yahya Ibn ‘AbdAllah Ibn Hassan Ibn Hassan
Ibn ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait d’eux) se révolta à
Daylam et le calife ar-Rashid lui envoya une grande armée sous le
commandement de Fadl Ibn Yahya Ibn Khalid al-Barmaki. Il lui
ordonna d’offrir à Yahya Ibn ‘AbdAllah Ibn Hassan le
pardon et l’obéissance au calife. Le commandant Fadl Ibn Yahya
réussit à le faire revenir à la raison pacifiquement. Le calife fut
très content de son succès et accorda à Yahya Ibn ‘AbdAllah
la sécurité et la paix en présence des grands savants, des juges et
des grands des Bani Hashim. Lorsque Yahya Ibn ‘AbdAllah
arriva à Baghdad, le calife l’honora mais ses fantassins lui firent
peur à son sujet et il dut l’emprisonner afin qu’il ne puisse pas
s’enfuir.
Cette même année, ‘AbderRahmane Ibn
‘Abdel Malik mena le raid d’été et captura une forteresse.
En l’an 177 de l’Hégire
(793), al-Waqidi mentionna qu’un violent vent se leva, que les cieux
s’obscurcirent et qu’il y eût une rougeur dans le ciel la nuit du
samedi-dimanche 26du mois de Mouharram. Les cieux
s’obscurcirent aussi dans la nuit du mardi-mercredi 28 Mouharram.
Un vent violent se leva aussi et les cieux s’obscurcirent le
vendredi 2 Safar.
Haroun Ar-Rashid mena aussi
le pèlerinage cette année.
En l’an 178 de l’Hégire
(794), le calife ar-Rashid nomma Fadl Ibn Yahya Ibn Khalid
al-Barmaki, son frère de lait, gouverneur du Khorasan. Fadl Ibn Yahya
organisa la province et créa un corps spécial de troupes qu’il
appela les « ‘Abbassiyah » qui étaient très nombreux. Il a été
rapporté qu’il les laissa au Khorasan mais qu’il amena avec lui
vingt-mille d’entre eux à Baghdad.
Il a été rapporté que cette
même année, le calife ar-Rashid plaça toutes les affaires de l’état
entre les mains de Yahya Ibn Khalid Ibn al-Barmak et les
Barmaki devinrent des incontournables personnes dans la dynastie des
Abbassides. Mais comme l’a si bien fait remarquer le poète,
lorsqu’une chose atteint son fait, elle commence à se dégrader.
Cette année, Mou’awiyyah Ibn
Zoufar Ibn ‘Assim mena le raid d’été contre les Byzantins tandis que
Souleyman Ibn Rashid mena celui d’hiver accompagné par Elpidius, le
Patricius de Sicile.
En l’an 180 de l’Hégire
(796), il y eut un sévère tremblement de terre en Egypte et par
conséquent, la partie supérieure du Phare d’Alexandrie s’effondra.
Cette année, Khourashah
ash-Shaybani le khariji se révolta dans al-Jazirah mais Mouslim Ibn
Bakkar Ibn al-‘Ouqayli le tua.
Toujours cette année, les
« vêtus de rouges » (al-mouhammirah) se révoltèrent dans
Jourjan. À cela, ‘Ali Ibn ‘Issa Ibn Mahan écrivit que la personne
qui provoqua cette rébellion contre lui était ‘Ami Ibn Muhammad
al-‘Amraki et qu’il était un mécréant zindiq[11].
Ar-Rashid lui ordonna de le tuer et il fut exécuté à Merv.
Cette année, Mou’awiyyah Ibn
Zoufar Ibn ‘Assim mena le raid d’été contre les Byzantins.
En l’an 181 de l’Hégire
(797), ar-Rashid conduisit un raid dans les terres byzantines. Il
captura par la force des armes la forteresse d’as-Safsaf.
Cette même année, ‘Abdel
Malik Ibn Salih mena un raid contre les Byzantins ; il alla
aussi loin qu’Anqirah[12] et
captura Matmourah.
D’autres ont rapporté que ce
fut ‘Abd ar-Razzaq Ibn ‘Abdel Hamid at-Taghlibi, qui mena le
raid d’été.
Les « vêtus de rouge »
prirent le contrôle de Jourjan cette année.
Toujours cette année, alors
qu’il était établi à ar-Raqqah, ar-Rashid introduisit dans ses
documents officiels la formule : « Que les Bénédictions soient sur
Muhammad, puisse Allah le bénir et lui accorder la paix ».
En l’an 182 de l’Hégire
(798), la fille du Khaqan, le souverain des Khazars, fut apportée à
al-Fadl Ibn Yahya, mais elle mourut à Barda’ah alors que
Sa’id Ibn Salm Ibn Qoutaybah al-Bahili était le gouverneur
d’Arménie. Les nobles Khazars qui l’accompagnèrent revinrent au
Khaqan et lui dire que sa fille avait été tuée par traîtrise. Il
devint alors furieux à cause de cela et fit des préparatifs pour
faire la guerre contre les Musulmans.
Cette année, ‘AbderRahmane
Ibn ‘Abdel Malik Ibn Salih mena le raid d’été contre les
Byzantins et parvint jusqu’à Ephese, la ville des « Compagnons de la
Caverne[13] ».
Durant cette année, les
Byzantins aveuglèrent leur souverain Constantin, le fils de Léo et
établirent sa mère, Irène impératrice à qui ils décernèrent le titre
honorifique « auguste ».
En l’an 183 de l’Hégire
(799), les Khazars envahirent l’Arménie par Bab al-Abwab, à cause de
la mort de la fille du Khaqan. Ils balayèrent les Musulmans, les Ahl
ad-Dimmah[14] et
capturèrent plus de 100.000 personnes qu’ils asservirent. Ils
perpétrèrent des actes monstrueux, dont il n’a jamais eu de
précédent dans l’Islam. Suite à cela, ar-Rashid nomma Yazid Ibn
Mazyad gouverneur d’Arménie et d’Azerbaïdjan, qu’il renforça avec
des armées. Puis, il fit stationner Khouzaymah Ibn Khazim à Nissibin
pour servir de soutien aux troupes d’Arménie.
En l’an 185 de l’Hégire
(801), au moins de Joumadah Thani, ‘Abd as-Samad Ibn ‘Ali mourut à
Baghdad. Il garda tout au long de sa vie ses dents de lait qui ne
tombèrent jamais et il fut placé dans la tombe avec l’intégralité de
ses dents d’enfant.
Cette année, la foudre tomba
à sur la Mosquée Sacrée et tua deux hommes.
Au mois de Safar de l’année
187 de l’Hégire (803), eut lieu un des plus grands événements de
l’histoire de la dynastie des Abbassides qui consista en la disgrâce
des Baramikah.
Les Baramikah sont les
enfants de Barmak Ibn Jamass, un mage du Khorasan. Le premier qui
réussit à percer dans la dynastie des Abbassides, fut Khalid Ibn
Barmak qui fut un des ministres d’Abou al-‘Abbas as-Safah.
Sous le règne du calife al-Mansour, Khalid Ibn Barmak et son fils Yahya
eurent aussi des postes importants de même que sous le règne
d’al-Mahdi Ibn al-Mansour et Yahya Ibn Khalid Ibn Barmak fut
l’un des hommes les plus en vue.
En l’an 163 de l’Hégire
(779), le calife al-Mahdi monta une grande expédition contre les
Byzantins sous le commandement de son fils Haroun accompagné de
Khalid, Hassan et Souleyman Ibn Barmak. Khalid Ibn Barmak
devait mourir lors du retour de cette expédition.
Yahya Ibn Khalid
al-Barmaki fut chargé de l’éducation d’Haroun vers la fin de la vie
du calife al-Mahdi et Haroun ar-Rashid lorsqu’il appelait lui disait
: « O père (ya abati) » et sous le règne d’al-Hadi Ibn
al-Mahdi, le statut des Barmak ne changea pas. Mais la position de
Yahya et de ses enfants atteignit un tel seuil sous le règne
du cinquième calife Haroun ar-Rashid qu’il dut en l’an 178 de
l’Hégire (794) mettre toutes les affaires d’état entre les mains de
Yahya comme nous l’avons déjà précédemment mentionné.
Puis, al-Fadl Ibn Yahya
devint gouverneur du Khorasan et créa cette troupe d’élite militaire
sous son propre commandement tandis que son frère Ja’far Ibn Yahya
était parvenu à un tel degré qu’il pouvait faire ce qu’il voulait
dans l’état et il était toujours aux côtés d’ar-Rashid. Et sous le
règne d’ar-Rashid, Les Baramikah devinrent des personnes les plus
riches et ils acquirent les plus somptueux palais et pour exemple le
palais que Ja’far Ibn Yahya construisit coûta 20 millions de
dirhams !
La première raison pour
laquelle ils furent disgraciés est qu’ils étaient des mages athées (majous
malahidah), qu’ils suivaient la religion de leur
grand-père Barmak Ibn Jamass et qu’ils voulaient mettre la main sur
l’état islamique pour le ramener dans le giron des perses. Ce qui
expliquerait les raisons de la création de ce corps de troupes les
« ’Abbassiyah ». Cette raison ne paraît pas très sérieuse à cause de
l’engagement sérieux des Baramikah pour la cause des Abbassides et
ce depuis 55 années et aussi du fait que les Abbassides furent sans
pitié pour toutes les sectes déviantes de l’Islam, mais seul Allah
Exalté connaît les véritables sentiments des gens.
La seconde raison que les
historiens ont rapportée est que le calife ar-Rashid se fâcha
grandement lorsqu’il apprit que toutes les résidences et les jardins
qui entouraient son palais présidentiel à Baghdad, la cité de la
paix comme elle était appelée, appartenaient aux Baramikah. À chaque
fois qu’il questionnait un passant pour lui demander à qui
appartenait cette ravissante propriété où se somptueux jardins, il
disait : « aux Barmak ». Nous avons déjà rapporté que Ja’far Ibn Yahya
dépensa 20 millions de dirhams pour la construction de son palais.
Cette raison paraît aussi peu fondée du fait que c’est Allah Exalté
qui attribue Ses biens à qui Il veut mais aussi que les califes
dépensèrent largement pour cette famille. Le calife ar-Rashid était
aussi un homme extrêmement généreux qui offrait beaucoup de cadeaux
et d’immenses sommes d’argent.
La troisième raison est celle
de ‘Abbassah la fille d’al-Mahdi, la sœur de deux califes al-Hadi et
ar-Rashid, la petite fille du calife al-Mansour, la tante des
califes al-Amin, al-Ma'moun et al-Mou’tassim et une raison que nulle
personne douée d’intelligence ne peut accepter d’autant plus
qu’ar-Rashid maria sa sœur ‘Abbassah à Ja’far Ibn Yahya Ibn
Khalid al-Barmaki. Le calife lui aurait dit en la lui mariant : «
Méfie-toi de ne pas l’approcher. Je l’ai juste mariée à toi pour que
tu puisses t’asseoir dans mon entourage » car il y a été rapporté
qu’ar-Rashid ne supportait pas de voir assis près de lui sa sœur
‘Abbassah et Ja’far. Il a été rapporté que ‘Abbassah lui présenta
une jeune fille qui lui donna un enfant et lorsqu’elle eut peur
d’ar-Rashid, elle envoya, loin d’Iraq, le bébé avec un employé à
Médine al-Mounawwarah pour s’occuper de lui. Mais le calife aurait
été informé et cela aurait conduit à la disgrâce des Barmak. Cela
paraît une histoire invraisemblable « tirée par les cheveux » !
Pensez-vous vraiment que le
calife Haroun ar-Rashid, un Moujahid qui effectua dix fois le
pèlerinage en 23 années de règne, le calife qui priait entre chaque
nuit et jours 1000 unités de prière (rak’as), le calife qui
s’assit aux funérailles du grand savant ‘AbdAllah Ibn Moubarak,
puisse Allah Exalté lui faire miséricorde, le calife qui faisait une
année sur deux le Jihad et l’autre le pèlerinage, le calife qui
versait de chaudes larmes lorsqu’il entendait parler du
Rassemblement[15] s’arrêter
à de telles bassesses ?
Nous n’avons jamais entendu
un ‘Abbassi des Banou Hashim marier sa fille à quelqu’un d’inférieur
en lignée et en généalogie, ou même chez les princes des Arabes ?
Quand Ishaq Ibn Souleyman Ibn ‘Ali Ibn ‘AbdAllah Ibn ‘Abbas
se maria à ‘Aliyah Bint Abou Ja’far al-Mansour dont la mère était
une Omeyyade, son père lui dit : « O fils je t’ai marié avec la plus
noble des personnes, à ‘Aliyah la fille du commandant des croyants »
et son fils Ishaq lui dit : « O père, qui sont nos ennemis ?
» Et son père répondit : « Nos ennemis sont les Banou Oumayyah ».
Comment donc la respectable
et noble ‘Abbassah à put être mariée à quelqu’un qui était moins
noble qu’elle ? Regardez ce qu’elle dit un jour alors qu’elle
parlait avec son frère ar-Rashid : « Nous sommes des femmes avec nos
hommes et les hommes avec d’autres qu’elles ».
La quatrième et dernière
raison est que lorsque Yahya Ibn ‘Abdallah Ibn Hassan
Ibn ‘Ali Ibn Abi Talib[16] (qu’Allah
soit satisfait d’eux), le ‘Alawi (de la famille de ‘Ali) le plus en
vue à l’époque, se rendit au calife ar-Rashid, qu’il fut grandement
honoré et que le calife fut satisfait de Yahya pour avoir
évité de verser le sang, celui-ci savait que s’il se rebellait une
nouvelle fois, il causerait de sérieux dommages à la stabilité de
l’état. Nous avons vu que les fantassins qui avaient non seulement
peur du calife mais de Yahya Ibn ‘AbdAllah, suggérèrent au
calife de l’emprisonner parce qu’il avait des partisans derrière lui
qu’il incitait à se rebeller. Il le fit donc mettre en résidence
surveillée chez Fadl Ibn Yahya et dans une autre version chez
Ja’far Ibn Yahya. Il a été rapporté que le Hassani dit
à Ja’far Ibn Yahya : « Crains ton Seigneur en ce qui me
concerne et fait que le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions
d’Allah sur lui) ne soit pas défavorable à ton égard le jour
dernier. Je n’ai jamais introduit une innovation ni même jamais
donné abris à une innovateur ». Lorsque Ja’far Ibn Yahya
entendit ses paroles, il fut touché et prit de pitié pour lui.
Lorsqu’al-Fadl Ibn Rabi’, qui
détestait profondément les Barmak, entendit parler de ces
événements, il informa le calife ar-Rashid qui se courrouça du
complot des Barmak contre lui et il sut que leur position menaçait
le califat alors il décidait de sévir contre eux. Il est bien connu
que les souverains en général et les Abbassides en particulier ne
plaisantaient pas avec ceux qui concurrençaient leur pouvoir.
Al-Mansour le pilier fondateur de la dynastie des Abbassides dit à
ses successeurs : « Les rois peuvent tout supporter de leurs
citoyens exceptés trois choses : le dévoilement des secrets, lever
les interdits et la concurrence dans la royauté ». S’il ne
supportait pas la concurrence dans la royauté que dire alors de ceux
qui cherchaient à leur retirer le pouvoir !
La disgrâce et la chute des
Barmak eu lieu au mois de Safar de l’année 187 de l’Hégire (802). Le
calife Haroun ar-Rashid commença par trancher la tête de Ja’far Ibn
Yahya avant de tous les emprisonner.
Al-Hafiz Ibn Kathir
dans son livre « al-Bidayah wa an-Nihayah » a dit : « Il tua
Ja’far Ibn Yahya, détruisit leur maison et leur exemple fut
enseigné ». Il dit dans un autre endroit : « Les prisons fut remplie
des Baramikah, tout leur argent fut confisqué et leurs biens
supprimés ».
Yahya Ibn Khalid al-Barmaki le ministre (wazir) mourut en prison en
l’an 190 de l’Hégire (805) avant d’être suivi par son fils Fadl Ibn
Yahya en l’an 192 de l’Hégire (807). Quant au ‘Alawi
al-Jalil, Yahya Ibn ‘AbdAllah al-Hassani, il fut
capturé une autre fois à Sirdab et emprisonné de nouveau avant de
mourir en prison.
Toujours en l’année 187 de
l’Hégire, ‘Abd as-Salam le khariji se révolta et Yahya Ibn
Sa’id al-‘Ouqayli le tua.
Cette même année, ar-Rashid
envoya son fils al-Qassim mené l’expédition d’été contre les
Byzantins. Ar-Rashid consacra son fils au service d’Allah Exalté,
pour Ses faveurs à son égard et il lui donna la charge des
forteresses frontalières (al-‘awassim).
Al-Qassim Ibn ar-Rashid entra
dans les terres byzantines au mois de Sha’ban. Il s’arrêta devant la
forteresse de Qourrah près de Matmourah. Puis il mit alors le siège
et envoya al-‘Abbas Ibn Ja’far Ibn Muhammad Ibn al-Ash’ath en
avant assiéger la forteresse de Sinan ou il mena de nombreuses
attaques. Les Byzantins lui envoyèrent un message et lui proposèrent
de lui livrer trois-cent-vingt captifs musulmans s’il partait.
Al-‘Abbas Ibn Ja’far accepta et il se retira avec al-Qassim Ibn
ar-Rashid selon les termes du traité de paix. ‘Ali Ibn ‘Issa Ibn
Moussa qui accompagnait al-Qassim Ibn ar-Rashid mourut au cours de
ce raid. Mais l’empereur byzantin devait rompre un peu plus tard
l’accord de paix conclu entre son prédécesseur et les Musulmans et
il refusa de payer le tribut que le monarque précédent s’était
engagé à verser aux Musulmans.
La
Correspondance entre Nicéphore et ar-Rashid à l’occasion de la
rupture de l’accord de Paix et les Mesures Punitives du calife
contre le Byzantins
La raison de la rupture de
l’accord de paix par les Byzantins à cette occasion fut parce qu’il
existait déjà un accord de paix entre les Musulmans et le souverain
de Byzance Irène (rini) que nous avons déjà mentionné
auparavant. Entre-temps, les Byzantins se retournèrent contre
l’impératrice Irène, la déposèrent et nommèrent à sa place Nicéphore
(niqfour) parce qu’il était un descendant de Jafnah de la
maison de Ghassan et qu’avant de devenir empereur il était le
ministre des finances. Irène, mourut cinq mois après avoir été
déposée. Il a été rapporté que lorsque Nicéphore reçut le pouvoir
royal et le serment d’obéissance de tous les Byzantins, il écrivit à
ar-Rashid :
« De Nicéphore, le souverain
des Byzantins, à Haroun, le souverain des Arabes. Comme suit : La
reine qui était mon prédécesseur t’a mis dans la position d’une tour[17] (rakh)
alors qu’elle est un simple pion (baydah). Elle t’a payé avec
ses propres biens une somme qui devrait lui être rendu à cause de la
faiblesse et de la déficience des femmes. Lorsque tu auras reçu et
lu attentivement ma lettre, renvoie-moi immédiatement tout l’argent
qu’elle t’a envoyé et présente-toi en rançon pour le délivrer sans
quoi l’épée tranchera entre nous ! »
Il a été rapporté, que
lorsqu’ar-Rashid lit la lettre, une violente colère le submergea et
personne n’osa le regarder et encore moins lui parler. Ses proches
amis se dispersèrent de peur qu’il ne sévisse en mot ou en action.
Quant au ministre de la justice, il fut non seulement paralysé de
frayeur, incapable d’offrir un conseil au calife mais même de bouger
de sa place. Le calife demanda une écritoire et écrivit au dos de la
lettre :
« Au nom d’Allah, le Tout
Miséricordieux, le Très Miséricordieux
D’Haroun le commandant des
croyants à Nicéphore le chien de Rome : O fils de la mécréante, j’ai
lu ta lettre et la réponse sera ce que tu verras et non pas ce que
tu entendras. Adieu (min haroun amir al mou'minin illa nikfour
kalb ar-roum. Qad karatou kitabaka ya ibnal kafirah. Wal jawab ma
tarah douna an tasma’ou wa salam) !
Alors il partit immédiatement
à la tête d’une immense armée et voyagea jusqu’à ce qu’il arrive
devant les portes de la forteresse d’Heraclia[18] qu’il
captura, tua sa garnison, pilla et brûla avant de se retirer. Alors
après cela Nicéphore chercha à faire la paix, sur la base d’un
tribut annuel qu’ar-Rashid accepta.
Quand il revint de son
expédition et qu’il se trouvait à ar-Raqqah, Nicéphore rompit
l’accord. Nicéphore était persuadé qu’ar-Rashid serait incapable de
retourner en arrière contre lui à cause de l’extrême froideur du
temps. Lorsque les nouvelles de la rupture du traité par Nicéphore
arrivèrent, personne ne voulut informer ar-Rashid par sollicitude
pour ses sentiments et est aussi parce que ceux qui l’accompagnaient
ne se voyaient pas revenir en arrière. Un subterfuge fut donc
employé pour l’informer en la personne d’un poète appelé Abou Muhammad
‘AbdAllah Ibn Youssouf, ou selon d’autres sources appelé al-Hajjaj
Ibn Youssouf at-Taymi qui récita :
« La destruction est déjà sur
Nicéphore car il a rompu l’accord qu’il t’a donné.
Transmettez-lui les bonnes
nouvelles du commandant des croyants,
Car c’est une occasion pour
un grand pillage qu’Allah vous a apporté!
Les gens se sont annoncé avec
joie qu’un envoyé et un messager sont arrivés avec les nouvelles de
la rupture du traité.
Et ils sont persuadés que ta
main droite lancera rapidement une expédition,
Qui ranimera les âmes et dont
les lieux de bataille et de gloire seront retenus.
Il te paiera le tribut humble
et soumit,
Par peur des épées pointues
et tranchantes car la mort est certainement une chose crainte,
Vous lui avez donné la
protection contre sa mort comme s’il était un brandon entre tes
mains !
Par ton pouvoir sur lui, tu
renvoyas vers leur patrie les armées,
Par ce que la personne à qui
tu accordes la protection est heureuse et en sécurité.
O Nicéphore, quand tu agis
traîtreusement par folie et tromperie parce que l’Imam s’est absenté
!
Quand tu trahis, pensais-tu
être capable d’échapper ?
Puisse ta mère perdre son
fils! Ce que tu imaginas n’est que pure illusion.
La folie t’a jeté dans les
vagues agitées de la mer et les rapides chevaux de l’Imam se sont
hâtés vers ta destruction.
Certainement, l’Imam à la
force supérieure pour te contraindre, que tes terres soient proches
ou éloignées.
Même si tu es insouciant,
l’Imam n’est pas négligent sur ce qu’il règne et dirige avec
fermeté. Un souverain qui s’est consacrée de tout son cœur au Jihad,
verra toujours ses ennemis
destinée à être terrassés.
O toi qui désires la
satisfaction d’Allah par tes efforts, les secrets des cœurs des
hommes ne Lui sont jamais cachés !
Aucun conseil ne peut jamais
être utile pour celui qui donne des faux conseils à son Imam,
Mais les conseils des gens
sincères envers lui méritent toujours des remerciements.
Le bon conseil à l’Imam est,
pour l’humanité, une obligation,
Et celui qui la remplit est
pour lui une expiation et une purification ».
Quand il finit de réciter ces
vers, ar-Rashid s’exclama : « Est-ce que Nicéphore a vraiment fait
cela ? » Et alors il se rendit compte que ses ministres avaient
utilisé un stratagème pour l’informer. Il ne cessa de tourner en
rond le cœur lourdement chargé jusqu’à ce qu’il parvienne devant le
territoire de Nicéphore et ne partit que lorsqu’il fut satisfait et
atteignit son but.
L’Islam était fort et
puissant à cette époque ! Nicéphore était pourtant un des plus
grands rois chrétiens de cette époque, à la tête d’un puissant état
et d’une puissante capitale Constantinople mais il fut effrayé par
le calife Haroun ar-Rashid.
En l’an 188 de l’Hégire
(803), Ibrahim Ibn Jibril commanda l’expédition d’été et il envahit
les terres byzantines par le défilé (darb) d’As-Safsaf.
Nicéphore marcha vers lui pour l’affronter, mais un événement
survint dans ses arrières qui le détourna d’Ibrahim et le fit
revenir. Mais il entra toutefois en contact avec une autre force
musulmane ou il reçut trois blessures et dut s’enfuir. Certains ont
rapporté que quarante-mille-sept-cent soldats byzantins furent tués
et quatre-mille montures capturées.
Cette même année, al-Qassim
Ibn ar-Rashid prêt pour la guerre se posta (rabata) à la
frontière à Dabiq, près d’Alep, qui était un point de ralliement
pour tous les Moujahidine.
Cette année aussi, ar-Rashid
mena le pèlerinage. De Médine il partit vers la Mecque pour son
dernier pèlerinage comme al-Waqidi et d’autres autorités l’ont
rapporté.
En l’an 189 de l’Hégire
(804), alors qu’il était à ar-Rayy, ar-Rashid envoya Houssayn
au Tabaristan. Il lui écrivit trois lettres, l’une un sauf-conduit
pour Sharwin, le père de Qarin ;
une autre sauf-conduit pour Windhourmouz, le grand-père de
Mazyar ; et un troisième, sauf-conduit pour Marzouban Ibn Joustan,
le souverain de Daylam. Marzouban Ibn Joustan vint trouver le calife
ar-Rashid qui lui donna des présents et des robes d’honneur avant de
le renvoyer chez lui.
Sa’id al-Harashi vint
aussi trouver le calife avec quatre cents guerriers puissamment
bâtis du Tabaristan, qui se convertirent à l’Islam par
l’intermédiaire d’ar-Rashid. Windhourmouz
accepta la garantie du calife et en échange s’engagea à lui
obéir et à lui payer le tribut de même que Sharwin. Ar-Rashid
accepta leur allégeance avant de les renvoyer chez eux. Il envoya
Harthamah pour l’accompagner et Harthamah reçut des fils
de Windhourmouz et de Sharwin des promesses de soumissions.
Khouzaymah Ibn Khazim, le gouverneur de l’Arménie, vint aussi à la
cour du calife à ar-Rayy et lui offrit de nombreux présents.
Il y eu cette année, un
échange de captifs entre les Musulmans et les Byzantins. Par
conséquent, d’après ce qui a été rapporté, pas un seul Musulman ne
resta captif dans les terres byzantines.
Marwan Ibn Abi Hafsah
dit à ce sujet :
« Par toi des captifs pour
qui des prisons furent construites où aucun parent ou ami ne
pourraient les visiter furent libérés,
A une époque où les Musulmans
étaient incapables d’assurer leur libération si bien qu’ils dirent :
« Les prisons des polythéistes seront nos tombeaux! »
Cette année aussi, al-Qassim
se posta prêt pour la guerre à Dabiq, la zone frontière.
Les différentes campagnes d’ar-Rashid contre les
Byzantins et les échanges diplomatiques avec l’empereur Nicéphore
En l’an 190 de l’Hégire
(805), ar-Rashid mena l’expédition d’été contre les Byzantins. Il
laissa son fils ‘AbdAllah al-Ma'moun comme son député à ar-Raqqah et
lui confia les affaires. Il écrivit des lettres aux gouverneurs des
postes les plus éloignés de l’empire[19] musulman
et leur ordonna de porter allégeance à al-Ma'moun à qui il donna
l’anneau-sceau (la bague) personnel d’al-Mansour sur lequel était
gravé la devise « Allah est mon Maître est dans Ses Mains j’ai placé
ma sécurité ».
Cette année, al-Fadl Ibn Sahl
se convertit à l’Islam par l’intermédiaire d’al-Ma'moun.
Cette année aussi, les
Byzantins surgirent à ‘Ayn Zarbah et Kanissat as-Sawda’ qu’ils
attaquèrent et où ils prirent des captifs. Suite à cela, les gens
d’al-Massissah cherchèrent à récupérer ce que les Byzantins avaient
pris.
Toujours cette année,
ar-Rashid reconquit Heraclia et envoya des contingents de troupes et
des détachements de cavalerie à travers les terres byzantines. Il a
été rapporté qu’il entra en terre byzantine à la tête d’une force de
cent-trente-cinq-mille troupes régulières payées en plus des
suiveurs et des volontaires non enregistrés sur les listes des
dépenses. ‘AbdAllah Ibn Malik al-Khouza’i s’arrêta à Dzou al-Qal’a
(l’endroit de la forteresse) et envoya en avant Daoud Ibn ‘Issa Ibn
Moussa avec soixante-dix mille hommes pour pénétrer dans les régions
avoisinantes du territoire des Byzantins. Shourahbil Ibn Ma’n
Ibn Za’idah captura Hisn as-Saqalibah[20] (la
Forteresse des Slaves) et Dabassah[21]. Yazid
Ibn Makhlad captura as-Safsaf et Malaqoubiyah[22].
Ar-Rashid conquit Heraclia au
mois de Shawwal de l’année 190 de l’Hégire (805). Il réduisit la
ville forteresse en ruines et asservit ses gens après un siège de
trente jours. Il donna la charge de la Côte du Levant, de la
Méditerranée de l’Est jusqu’à l’Égypte à Houmayd Ibn Ma’youf
al-Hajouri. Houmayd attaqua aussi loin que Chypre, où il rasa les
bâtiments, brûla les propriétés et asservit seize-mille habitants
qu’il envoya à ar-Rafiqah. Le Juge Abou al-Bakhtari assuma la charge
de leurs ventes et l’évêque de Chypre rapporta deux-mille dinars.
Ar-Rashid se mit en route
pour les terres byzantines le 20 Rajab de l’année 190 de l’Hégire
(805). Il était coiffé d’une Qalansouwah[23] sur
laquelle était écrit : « Combattant (ghazi), pèlerin (hajji) »
qu’il avait l’habitude de porter.
Puis, ar-Rashid continua à
at-Thouwanah ou il établit le camp. Avant de repartir, le calife
ordonna à ‘Ouqbah Ibn Ja’far al-Khouza’i, d’y rester et de
construire une résidence. Nicéphore envoya à ar-Rashid le tribut
annuel ainsi que les impôts (al-jizyah wa al-kharaj) pour
lui, pour son successeur, pour les nobles de son royaume et le reste
de sa population. La somme s’élevait à cinquante-mille dinars, à un
taux de quatre dinars sur sa propre tête et de deux dinars sur son
fils Stauracius (istabraq). Nicéphore envoya aussi une lettre
par deux de ses plus proéminents nobles à propos d’une fille esclave
qui se trouvait parmi les captifs d’Heraclia. La lettre était comme
suit :
« Au serviteur de Dieu
Haroun, le commandant des croyants,
De Nicéphore, le souverain
des Byzantins. Salutations ! Comme suit :
O Roi, j’ai une demande
particulière à te faire qui ne causera aucune perte à ta foi ou à
ton bien-être temporel et qui concerne une affaire insignifiante. Je
voudrais que tu accordes à mon fils une fille esclave, une des
jeunes filles d’Heraclia que j’avais pensé marier à mon fils. Si tu
penses pouvoir donner une suite favorable à mon exigence, je t’en
serais reconnaissant. Paix, clémence et bénédiction de Dieu sur toi
! »
Nicéphore lui envoya aussi
des présents de parfum et une de ses tentes royales.
Ar-Rashid ordonna que la
fille esclave soit trouvée et elle fut rapportée, ornée d’une parure
et le calife l’installa dans la tente même où il logeait. La fille
esclave, la tente et tout ce qu’elle contenait de vaisselle et de
meubles furent remis aux envoyés de Nicéphore. Le calife lui envoya
aussi les parfums qu’il avait demandés ainsi que des dates, des
plats de Khabis, du raisin sec et des médicaments. Nicéphore lui
donna en échange un certain poids de dirhams qui s’élevait à
cinquante-mille dirhams, cent vêtements de brocart de satin,
deux-cents vêtements de fin brocart, douze faucons, quatre chiens de
chasse et d’autres cadeaux.
Plus tard, Nicéphore
s’engagea à ne pas détruire Dzou al-Qal’a’, Soumalou ou Hisn
Sinan, tandis qu’ar-Rashid s’engagea aussi à ne pas s’installer et
fortifier Heraclia, si Nicéphore remettait annuellement la somme de
trois-cent-mille dinars.
Cette année, les gens de
Chypre rompirent leur accord et Ma’youf Ibn Yahya les attaqua
et pris des captifs.
En l’an 191 de l’Hégire
(806), Tharwan Ibn Sayf le khariji se rebella dans la région de
Hawlayah avant d’étendre ses activités au Sawad. Tawq Ibn Malik fut
envoyé contre lui et il fut blessé et s’enfuit tandis que Tawq tua
la plus grande partie de ses disciples. Tawq crut qu’il avait tué
Tharwan et écrivit aussitôt une lettre annonçant sa victoire mais en
réalité Tharwan s’enfuit blessé.
Après cette année, les
musulmans arrêtèrent les expéditions d’été contre les Byzantins
jusqu’en l’an 215 de l’Hégire (830).
Cette même année, le calife
Haroun ar-Rashid ordonna que les gens de la Dimmah ait leurs propres
vêtements et leurs propres montures afin de les distinguer des
Musulmans.
En l’an 192 de l’Hégire
(807), il y eut un échange de captifs entre les Musulmans et les
Byzantins arrangé par Thabit Ibn Nasr Ibn Malik al-Khouza’i.
Cette année aussi, les
khourramiyah, une secte hérétique, sortit dans la région de
l’Azerbaïdjan. Le calife ar-Rashid leur envoya ‘AbdAllah Ibn Malik
avec une force de dix-mille cavaliers. ‘AbdAllah les fit prisonniers
et les amena à ar-Rashid qui se trouvait à Qarmassin. Ar-Rashid
ordonna que les prisonniers males soient tués et que les femmes et
les enfants soient vendus en esclavage.
En l’an 193 de l’Hégire
(808), le calife ar-Rashid nomma Thabit Ibn Nasr Ibn Malik
gouverneur des régions frontalières, les marches byzantines (at-thoughour)
qui conduisit de nombreux raid et captura Matmourah.
Il y eut aussi cette année,
un échange de captifs à al-Boudandoun.
Au mois de Joumadah Thani de
cette même année, décéda le calife Haroun ar-Rashid dans la ville de
Tous, qui est l’actuelle ville de Machhad en Iran. Par souci et par
connaissance des affaires relatives au pouvoir, il ne fit pas les
mêmes erreurs que ses prédécesseurs le calife Abou al-‘Abbas as-Safah
et après lui son père al-Mahdi. As-Safah donna la succession
après lui à son frère al-Mansour et après lui, le fils d’as-Safah,
‘Issa Ibn Moussa, devait prendre la succession. Puis al-Mansour dut
l’acheter pour l’empêcher de réclamer la succession pour la donner à
son fils al-Mahdi Ibn al-Mansour. Al-Mahdi fit exactement la même
chose en donnant la succession à al-Hadi et après lui à Haroun
ar-Rashid. Ce fut la cause des troubles qui survinrent entre les
deux frères al-Hadi et ar-Rashid. Al-Hadi voulu supprimer ar-Rashid
de la succession pour la donner à son propre fils Ja’far Ibn
al-Hadi. Ar-Rashid voulu se distancer des erreurs de ses
prédécesseurs et en l’an 175 de l’Hégire (791), il désigna son fils
Muhammad al-Amine à la succession. La mère d’al-Amine était
Zoubaydah Bint Ja’far Ibn Abi Ja’far al-Mansour al-Hashimiyah
al-‘Abbassiyah. Et sept ans après, en 182 de l’Hégire (798), il
désigna son fils Abdallah al-Ma'moun à la succession après son fils
al-Amine. La mère d’al-Ma'moun était une femme du Khorasan du nom de
Marajil Bint Oustansis, la fille d’Oustansis, le faux prophète, qui
appela à la prophétie en l’an 150 de l’Hégire (767) et qui se
rebella aussi contre al-Mansour qui le tua. Puis en 186, le Calife
ar-Rashid désigna son fils al-Mou’tamid à la succession après son
fils al-Ma'moun. La mère d’al-Mou’tamid était Qassaf.
Cette même année, Harthamah
entra dans Samarkand. Rafi’ se refugia dans un quartier de la ville
d’où il envoya un message aux Turcs pour le secourir. Harthamah fut
pris entre Rafi’ et les Turcs, mais les Turcs se retirèrent et Rafi’
devint plus faible.
En l’an 194 de l’Hégire
(809), Nicéphore, le roi des Romains, mourut en combattant
al-Bourjan, un peuple turc. On a rapporté que son règne dura sept
ans. Istabraq, le fils de Nicéphore devint empereur après lui, mais
il fut aussi blessé en combattant al-Bourjan et survécut seulement
deux mois avant de mourir à son tour. Le beau-frère d’Istabraq,
Mikhaïl le fils de (ibn) Jourjis, pris la succession et
devint empereur mais les Byzantins se levèrent contre lui et il dut
s’enfuir et devint un moine. On a rapporté que son règne dura deux
ans avant que le général Leon devienne à son tour empereur.
[1]
Le scorbut est une maladie liée à une déficience alimentaire
en vitamine C qui se traduit chez l’être humain, dans sa
forme grave, par le déchaussement et la purulence des
gencives, des hémorragies, puis la mort.
[2]
Le calife omeyyade.
[3]
Qaliqalah : Erzurum de nos jours, dans la partie de
l’extrême est d’Anatolie.
[4]
Al-mouhammirah : Les rouges. Des rebelles du
Jourjan qui s’habillèrent de rouge et qui se levèrent soit
disant à la mémoire d’Abou Mouslim al-Khorassani.
[5]
Pour la première fois depuis le début de l’histoire tant des
Omeyyades que des Abbassides, nous rapportons un nombre
précis. Habituellement le nombreux des armées musulmanes ou
de leur ennemi est rapporté de manière globale et
approximative. En ce qui concerne l’armée d’Haroun, et les
éléments de l’armée furent comptés un par un et c’est pour
cela que nous vous avons un nombre précis. Ainsi il nous
démontre l’organisation militaire, la tenue des registres où
sont consignés les noms des soldats et de leurs familles,
ainsi que l’ampleur de leur force.
[6]
Unité de poids que certains ont estimé entre 1et 4
kg. Le Ratl actuel équivaut à 500 grammes. Et Allah est Plus
Savant !
[7]
Diable.
[8]
Pluriel de Taghout.
[9]
Az-zindiq : mages zoroastriens.
[10]
Az-zindiq, nom d’origine perse signifiant : Homme qui ne
croit ni en l’au-delà et ni en l’Unicité du Créateur mais à
l’éternité du temps.
[11]
Az-zindiq : Mages zoroastriens.
[12]
Anqirah aujourd’hui Ankara.
[13]
Ashab al-Kahf. Voir Qur’an Sourate 18.
[14]
Personnes protégée par l’Islam moyennant le paiement d’un
tribut.
[15]
Le Jour de la Résurrection.
[16]
Yahya Ibn ‘Oubaydillah est le frère de Muhammad
« an-Nafs az-Zakiyyah » et Ibrahim Ibn ‘AbdAllah Ibn Hassan
y se rebellèrent contre al-Mansour en l’an 145 de l’Hégire
[17]
À l’échec.
[18]
Hiraqlah : Forteresse frontalière entre les Musulmans et les
Byzantins au sud-ouest de l’Anatolie et qui correspond de
nos jours à Eregli.
[19]
Précision. Définition du mot « empire » : Sens 1 : Régime
sous l’autorité souveraine d’un empereur. Sens 2 : Etat ou
ensemble d’états soumis à ce régime. Sens 3 : Ensemble de
territoires gouvernés par une puissance unique. Sens 4 :
Vaste groupe industriel.
Comme l’a si bien
fait remarquer le Sheikh ‘Ali Belhadj, il ne convient pas
d’attribuer aux terres des Musulmans le nom d’empire du fait
que les empires ont généralement été établit par des tyrans
ou sur la base de tyrannie contrairement aux terres d’Islam
qui ont été bâties sur la Révélation. Nous employons donc le
terme « empire » dans le sens 3 ; d’ensemble de territoires.
[20]
As-Saqalibah sont indifféremment les peuples non musulmans
d’Andalousie et Sicile ou autres.
[21]
Thebasa en Cappadoce.
[22]
Malakopea ou Melegob.
[23]
Coiffe égyptienne.