La
fermeté du sultan
Les deux armées interrompirent alors le combat
et Katloushah se dirigea vers une montagne voisine sur laquelle il
monta, persuadé qu’il avait remporté la victoire et que Boulay était
à la poursuite des fuyards. Arrivé sur la montagne, il vit la plaine
et les rochers couverts de troupes et l’aile gauche du Sultan qui
tenait ferme avec ses drapeaux déployés. Frappé d’étonnement et de
stupeur, il resta dans sa position jusqu’à ce qu’il eût rassemblé de
nouveau ses soldats et ceux qui avaient poursuivi les fuyards de
l’armée du Sultan et qui ramenaient un grand nombre de prisonniers
musulmans dont l’émir ‘Izz ad-Din al-Dimour, le chef des Mamalik du
Sultan. Katloushah le fit venir et lui demanda d’où il était et il
répondit : « Je suis un des émirs d’Égypte. » Puis il l’informa de
la présence du Sultan sur le champ de bataille, à la tête des
troupes égyptiennes.
Le commandant tatar réuni alors ses officiers
et les consulta sur la suite de l’action quand à ce moment les
tambours et les trompettes du Sultan résonnèrent si fort qu’ils
firent trembler la terre et jetèrent l’effroi dans les cœurs.
Boulay, l’un des commandants tatars, décida à ne pas rester plus
longtemps et quitta Katloushah, à la tête d’environ vingt mille
hommes, sitôt après le coucher du soleil.
Le Sultan et les soldats de son armée passèrent
la nuit à cheval et les tambours furent continuellement battus si
bien que les fuyards musulmans guidés par le bruit purent les
rejoindre. L’armée du Sultan encercla alors la montagne au sommet de
laquelle les Tatars avaient passé la nuit. Baybars, Silar, Kanjak et
les grands émirs passèrent toute la nuit à visiter les émirs et les
soldats, les conseillant et leur demandant de rester éveillés et
d’être prêt à livrer une attaque.
La défaite
des Tatars
Lorsque le dimanche se leva, toutes les troupes
du Sultan se trouvaient de nouveau rassemblées et tous reprirent
leurs positions respectives tandis que les munitions et les bagages
étaient à quelque distance. L’armée musulmane resta dans cette
position jusqu’au moment où le soleil se leva sur l’horizon. Alors
Katloushah rangea son armée en ordre de bataille, descendit dans la
plaine et la bataille s’engagea.
Les Mamalik du Sultan et leurs commandants
s’avancèrent contre Katloushah et Jouban, les attaquèrent avec une
extrême vigueur, tantôt avec des flèches et tantôt de près et chaque
émir vint successivement engager le combat. Les Mamalik du Sultan
soutinrent le combat avec une extrême obstination et plusieurs
d’entre eux eurent perdirent plusieurs montures. Le combat resta
ainsi jusqu’au milieu du jour puis, Katloushah regagna la montagne
ayant perdu quatre-vingts hommes et un grand nombre de blessés
tandis que toute son armée était consumée par la soif.
Un des prisonniers musulman prit par l’ennemi
s’échappa et rendit auprès du Sultan qu’il informa que les Tatars
avaient l’intention d’attaquer dans la matinée.
Le lundi, à la quatrième heure, les Tatars
montèrent à cheval et descendirent la montagne sans éprouver aucune
opposition puis s’avancèrent vers la rivière où ils se
précipitèrent. Dès lors, la malédiction divine tomba sur eux. Les
Musulmans, favorisés par la protection d’Allah Exalté, à Lui les
Louanges et la Gloire, attaquèrent alors les Tatars et firent sauter
leurs têtes puis dans la débandade qui s’ensuivit, Ils les
poursuivirent jusqu’à l’heure du ‘Asr avant de retourner près du
Sultan.
Des pigeons furent expédiés vers Gaza avec la
nouvelle de la victoire et l’ordre d’interdire l’entrée de l’Égypte
aux fuyards, de rechercher ceux qui avaient pillé les trésors du
Sultan et de les tenir sous bonne garde. L’émir Badr ad-Din Baktout
al-Fattah fut désigné pour annoncer en Égypte le succès du Sultan et
partit sur le champ. Des lettres, adressées à Damas et aux autres
forteresses transmirent également la nouvelle.
Le Sultan passa la nuit sur le champ de
bataille et le mardi, au point du jour, la population de Damas
sortit au-devant du prince qui se dirigea vers la ville, à la tête
d’un cortège composé de cavaliers, de gens du peuple, d’hommes
distingués, de femmes, d’enfants formant une immense troupe dont
seul Allah Exalté pouvait connaître le nombre. Tous, à grands cris,
adressèrent des prières de remerciement au Seigneur et des
félicitations au Sultan tandis que les larmes coulèrent en
abondance. Les tambours destinés aux bonnes nouvelles furent alors
battus et ce jour, présenta un spectacle tel qu’on n’en avait jamais
vu de pareil. Le Sultan descendit dans le palais blanc et toute la
ville était somptueusement décorée.
Les émirs poursuivirent l’ennemi jusqu’à
Qariatayn. Les chevaux des Tatars étaient si épuisés que les Tatars
complètement découragés, jetèrent leurs armes, et se livrèrent
volontairement à la mort. Les troupes égyptiennes les exécutèrent
sans résistance. Même les plus faibles des habitants et les esclaves
tuèrent un grand nombre d’ennemis et leur enlevèrent un riche butin.
Un seul soldat massacra vingt Tatars et plus.
Les
tribus arabes des différentes provinces se joignirent à la chasse et
embusquèrent les Tatars. Certains d’entre eux approchèrent des
nombreux corps de Tatars pour leur servir de guide et leur faire
traverser les plaines par un chemin plus court. Ils les
accompagnaient ainsi jusqu’à la nuit et les abandonnaient et les
Tatars se retrouvaient enfoncés au milieu du désert ou ils ne
tardèrent pas à mourir de soif. D’autres qui s’étaient enfui vers
Ghoutah, furent attaqués par les habitants de la ville qui tuèrent
un grand nombre d’entre eux.
Le Sultan revint sur le champ de bataille,
ordonna de réunir les corps de tous les Musulmans qui avaient péri
dans le combat et les fit enterrer dans une fosse commune sans
ablution et sans linceul comme cela est requis pour ceux qui meurent
sur le champ de bataille. Puis, il fut bâti au-dessus de leur
sépulture un muret rond.
Le gouverneur de Gaza rechercha méticuleusement
les soldats qui avaient fui la bataille, les fit arrêter, fouiller
et sur plusieurs d’entre eux des bourses pleines d’argent encore
cachetées furent trouvées. L’émir ‘Alim ad-Din Sanjar al-Jawouli se
posta sur la roule de Damas, accompagné de trésoriers et arrêta
plusieurs esclaves desquels il saisit des quantités considérables
des objets qu’ils avaient volés et un grand nombre d’hommes furent
emprisonnés pour cette raison. L’émir ne cessa ses recherches que
lorsqu’il eut récupéré la plus grande partie de ce qui avait été
pillé dans le trésor et qu’il ne manquât qu’une quantité
insignifiante.
Le Sultan gratifia les émirs de robes d’honneur
et de présents. L’émir Sayf ad-Din Bourloughi, l’un de ceux qui
avaient pris la fuite, se présenta à sa cour mais ne fut point admis
auprès de lui. « Comment ose-t-il se présenter devant moi et
soutenir ma vue ? » dit le sultan. Cependant, les émirs
intercédèrent pour lui avec insistance si bien que le Sultan lui
pardonna et l’admit en sa présence.
On arrêta un des émirs d’Alep, qui avait
assisté les Tatars et les avaient guidés fut crucifié puis monté sur
un chameau et promené ignominieusement dans les rues de Damas et
dans la banlieue. Durant tout le mois de Ramadan, la population se
livra sans interruption à des transports de joie. Le Sultan fit la
prière de la rupture du jeûne et, le troisième jour de Shawwal
quitta Damas pour l’Égypte.
De la
disgrâce des commandants tatars
Quant aux Tatars, ils perdirent la plus grande
partie de leur armée et quand Katloushah retraversa l’Euphrate, il
n’avait plus sous son commandement qu’une troupe peu nombreuse.
Lorsque la nouvelle de leur défaite arriva à Hamadan, des cris
funestes retentirent dans toutes les provinces. Les habitants de
Tauriz et d’autres villes sortirent à la rencontre des fugitifs pour
s’informer du sort de ceux que l’on ne voyait pas revenir et durant
deux mois, dans la ville de Tauriz, on continua à gémir sur le sort
de ceux qui avaient péri dans la bataille.
Quand Qazan fut informé de cette catastrophe,
il en fut si profondément affligé que le sang se mit à couler en
abondance de ses narines. Il fut sur le point de mourir et évita
désormais les sorties et de rencontrer les Khans. Sur dix hommes,
seul un à peine revint. Qazan fit comparaître devant lui Kaltoushah,
Jouban, Soutay et les commandants qui les avaient accompagnés. Après
avoir adressé des sévères remontrances à Katloushah, il ordonna de
le tuer cependant, suite aux intercessions des autres commandants en
sa faveur, il lui fit grâce. Il fut alors emporté à un distance
convenable du trône de manière à qu’il soit tout de même visible
pour le roi. Il fut alors saisit par les chambellans et il fut
ordonné à toutes l’assemblée de se lever et de cracher sur lui, ce
qui fut fait après quoi, Katloushah fut exilé dans la province de
Kilan. Boulay quant à lui, reçut un grand nombre de coups de bâton
et éprouva les traitements les plus ignominieux.
Le Sultan arriva à la citadelle de la Montagne
le mardi 23 du mois de Shawwal et toute la population sortit à sa
rencontre. Les prisonniers tatars chargés de chaînes marchaient
devant le Sultan et portaient suspendues à leurs cous, les têtes de
leurs compagnons qui avaient péri dans l’action. Mille autres têtes
étaient suspendues au bout de lances et les prisonniers étaient au
nombre de mille six-cents précédés par leurs tambours crevés.
La défaite des Tatars fut célébrée dans de
nombreux vers par les poètes.
Cette même année, l’émir Baybars al-Jashankir
abolit la fête du martyr qui se célébrait en Égypte. Les Chrétiens
conservaient dans un coffre un doigt, qui, suivant eux, était le
doigt d’un de leurs martyrs et ils prétendaient que la crue du Nil
ne pouvait avoir lieu que si l’on jetait le coffre dans celui-ci.
Les Chrétiens d’Égypte se rassemblaient sur le territoire de Shoubra
et les habitants du Caire et de Foustat s’y rendaient en foule. Les
Chrétiens montaient à cheval pour se divertir et toute la plaine
était couverte de tentes et le fleuve encombrés de barques remplies
de monde. Pas un musicien ou un bouffon ne manquait de venir à cette
fête et les courtisanes y venaient de toutes les villes. Durant ce
seul jour, on vendait du vin pour une valeur d’environ cent mille
dirhems et les habitants de Shoubra payaient la capitation avec le
prix du vin. Le jour de la fête, de nombreux désordres avaient lieu
et plusieurs meurtres étaient commis.
L’émir Baybars ordonna d’abolir cette fête et
défendit de jeter le coffre dans le Nil. Il envoya les milices et
écrivit à tous les gouverneurs de proclamer l’interdiction de
célébrer la fête du martyr ce qui causa un vif chagrin aux chrétiens
sachant l’amour sans borne qu’ils ont pour le vin. Les coptes et
ceux qui avaient feint d’embrasser l’Islam allèrent trouver Taj
ad-Din Ibn Sa’id ad-Dawlah qui se rendit auprès de l’émir et lui dit
que la perception de la capitation risquait d’être retardée si la
fête était supprimée si la crue du Nil n’avait pas lieu. Cependant,
Baybars persista et la fête fut abolie.
Cette année, le souverain de Sis chargea
plusieurs vaisseaux chargés de marchandises dont la valeur s’élevait
à environ cent mille dinars qui prirent la mer pour être finalement
jetés par le vent dans le port de Damiette et pris jusqu’au dernier.
Cette année aussi, arriva aussi la nouvelle que
la contrée soumise à Taktay avait été soumise à la famine durant
trois ans et qu’après cette catastrophe, un mal s’était propagé
parmi les chevaux et les troupeaux de sorte qu’ils périrent tous.
Les habitants n’ayant plus rien à manger vendirent leurs enfants et
leurs proches à des marchands qui les emmenèrent en Égypte et dans
d’autres pays.
L’Egypte et la Syrie ruinés par des tremblements de terre
Cette même année, un violent tremblement de
terre secoua l’Egypte. Alors que des châteaux étaient élevés au
Caire et à Foustat suite à la victoire du sultan et que la ville
était décorée, les désordres commis avec les femmes et les scènes
d’ivrognerie furent si fréquentes qu’il est impossible de les
décrire et ce, depuis le cinquième jour du mois de Ramadan jusqu’au
huit du même mois quand les châteaux furent démolis.
Le jeudi 23 du mois de Dzoul Hijjah, à l’heure
de la prière matinale, la terre tout entière s’agita et on entendit
des craquements et des bruits effrayants dans les murailles et les
toits. Les hommes à pied furent contraints de se courber et les
cavaliers tombèrent de leurs selles. Les habitants pensèrent que le
ciel allait s’effondrer sur la terre si bien qu’ils sortirent tous
dans les rues et leur frayeur était si intense, que les femmes ne
prirent pas le temps de voiler leurs visages. Partout régnait un
affreux tumulte, des cris et des hurlements. Les maisons
s’écroulèrent, les murailles se fendirent, les minarets des mosquées
et des collèges s’effondrèrent et des femmes enceintes et en grand
nombre avortèrent. Des vents impétueux s’élevèrent, le Nil déborda
et repoussa à la distance d’un jet de flèche les barques qui se
trouvaient sur le rivage puis, l’eau se retira et laissa à cale
sèche les navires dont les ancres se brisèrent. Le vent entraîna les
bateaux et les rejeta sur la rive. Les habitants subirent des pertes
immenses car la frayeur les poussa à tous abandonner derrière eux.
Les brigands pénétrèrent alors chez eux et prirent à guise tout
qu’ils voulurent.
Les habitants sortirent du Caire et la plupart
d’entre eux passèrent la nuit dans des tentes dressées de Boulaq
jusqu’à Rawdah. Peu de maisons, au Caire et à Foustat, échappèrent à
la destruction. Les habitants passèrent la nuit du vendredi dans les
mosquées implorant le secours d’Allah Exalté jusqu’au moment de la
prière de vendredi.
Des nouvelles de la province de Gharbiyah
apprirent que dans la ville de Sakhah toutes les maisons s’étaient
écroulées et que pas une seule n’était restée sur pied, que deux
villages de Sharqiyah avaient été renversés et transformés en
ruines.
A Alexandrie, le phare se fissura et environ
quarante de ses créneaux s’écroulèrent. La mer se souleva et ses
flots poussés par le vent atteignirent la porte de la Mer rejetant
sur la côte des vaisseaux de croisés. Un grand nombre d’hommes
perdit la vie. De même, dans la partie méridionale de l’Egypte, le
jour ou eut lieu le tremblement de terre, un vent noir et ténébreux
avait soufflé si bien qu’en l’espace d’une heure, une totale
obscurité était tombée de manière à ce que nul ne pouvait voir son
voisin. Alors la terre s’agita puis s’ouvrit montrant une couche de
sable blanc et dans d’autres endroits, de sable rouge. Dans
plusieurs endroits, le vent souleva la terre laissant à découvert
des bâtiments que le sable avait recouverts.
La ville de Qous fut renversée et celle de
Damanhour al-Wahsh totalement ruinée. Un homme qui trayait une vache
au moment du tremblement de terre fut soulevé avec le vase qu’il
tenait à la main ainsi que l’animal et lorsque la secousse s’apaisa,
il se retrouva à la place qu’il avait précédemment occupée sans
perdre une seule goutte de lait contenu dans le vase.
Parmi les célèbres édifices qui furent
renversés, il y eut la mosquée de ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit
satisfait de lui) à Foustat que l’émir Silar se chargea de faire
rebâtir, la mosquée d’al-Azhar que les émirs Silar et Sounqour
al-Assar s’engagèrent à fournir les frais de reconstruction, la
mosquée as-Salih située en dehors de la porte de Zawilah qui fut
relevée par les dons personnels du Sultan et l’émir ‘Alim ad-Din
Sanjar fut chargé de superviser les travaux. Le minaret du collège
al-Mansouriyah fut rebâti sur les revenus du Waqf et sous
l’inspection de l’émir Sayf ad-Din Kahardas az-Zarrak et le minaret
de la mosquée al-Faqihani fut aussi renversé. Des lettres expédiées
à Alexandrie ordonnèrent de rebâtir tout ce qui avait été renversé
par le tremblement de terre et il fut constaté que la partie
écroulée du rempart se composait de quarante courtines et de
vingt-sept tours. Le désastre fut bientôt réparé.
Une grande partie de la citadelle de Safad
s’effondra. A Acre, la mer se retira à une distance d’environ deux
parassanges avant de revenir. Dans plusieurs endroits, il apparut
dans le fond des eaux des quantités considérables de marchandises de
tout genre.
A Damas, les enceintes de la mosquée des
Omeyyades se fissurèrent et la ville fut renversée si bien
qu’un nombre incalculable de personnes périt sous les ruines
et comme c’était l’été, des vents empoisonnés d’une chaleur
étouffante soufflèrent, sans interruption un grand nombre de jours.
Au Caire et à Foustat, la population fut
longtemps occupée à réparer et rebâtir les édifices renversés.
On put voir dans cet événement une preuve de la
bonté d’Allah Exalté envers Ses serviteurs car ils renoncèrent aux
désordres auxquels ils s’étaient livrés. Parmi les circonstances
singulières qui accompagnèrent cette catastrophe, l’émir Baybars qui
faisait réparer les dégâts de la mosquée d’al-Hakim trouva, dans un
des piliers du minaret, une main humaine encore fraîche enveloppée
dans des bandes de coton sur lesquelles étaient tracées des lignes
d’une écriture inconnue. De même, parmi les édifices qui
s’effondrèrent, se trouvait la maison d’un fabricant de briques dont
les poutres en tombant se croisèrent au-dessus de la tête de cet
homme lui permettant de rester en vie. Il avait auprès de lui une
cruche de lait dont il se nourrit durant plusieurs jours et
lorsqu’il fut tiré du dessous les ruines, il était encore vivant et
n’avait éprouvé aucun mal.
Cette année, dans la ville de Naplouse, les
Hanbali commencèrent le jeûne avec toute les précautions possibles
tandis que les Shafi’i et les autres complétèrent le mois de Sha’ban
et jeûnèrent. Lorsque trente jours furent écoulés, ils rompirent le
jeûne, célébrèrent la fête et firent la prière en usage sans avoir
vu la nouvelle lune. Les Shafi’i ainsi que la majorité des habitants
jeûnèrent ce jour et le lendemain matin rompirent le jeûne,
célébrèrent la fête et firent la prière de ‘id al-Fitr. Le
gouverneur de Syrie réprimanda le gouverneur de Naplouse et lui
demanda comment la population n’avait pu s’entendre pour choisir un
jour unique et jeuner tous ensemble ajoutant, qu’un pareil événement
n’avait jamais eu lieu.
De même cette année, les habitants de Grenade
en Andalousie ne jeunèrent le mois de Ramadan que vingt-six du fait
que pendant plusieurs mois, avant celui de Ramadan, le ciel resta
couvert de nuages épais. Pour la nuit du 27, on monta au minaret
pour l’illuminer, suivant l’usage quand les nuages se dissipèrent
laissant apparaitre la nouvelle lune. La fête de la rupture du jeune
fut alors aussitôt annoncée.
La mort de
l’émir al-Dimour
Toujours cette année, mourut l’émir al-Dimour
(Aydimouri ou Aydamouri) ash-Shamsi al-Kashshash qui avait gouverné
les deux provinces de Sharqiyah et Gharbiyah. C’était un homme
extrêmement redouté qui punissait les malfaiteurs en leur infligeant
d’horribles châtiments et parmi ses supplices, il était planté en
terre et sur ses ordres, un pieu dont la partie pointue se trouvait
en haut à côté duquel était planté un mât élevé ou était suspendu le
criminel qu’on laissait descendre et qui tombait sur le pieu qui
pénétrait son corps, et ressortait par le ventre. Durant le
gouvernement de cet émir, aucun fermier dans ses provinces n’osait
porter un vêtement noir, monter à cheval, se ceindre d’un sabre et
ni porter un bâton orné de fer. Dans ses deux provinces, il fit
élever des chaussées et creuser des canaux et tous ces ouvrages
furent parfaitement exécutés. Il construisit, entre Mahallah
Sandifah et le village de Samanhoud, un remblai qui porte le nom de
Shaqafi.
Longtemps après que cet émir eut obtenu le
martyre et Allah Exalté sait ceux qui sont martyrs, il apparut,
durant le jour, au Qadi de Mahallah et lui dit : « Allah Exalté m’a
fait grâce et pardonné en récompense pour avoir construit la
chaussée de Shaqafi. »
Atteint de paralysie, il s’était destitué de
son gouvernement et confiné dans sa maison. A l’époque de la
campagne de Shakhab, il se mit en marche, porté dans une litière. Au
moment du combat, il se revêtit de son armure et monta à cheval bien
qu’il eut de violentes douleurs. Quand on lui avança qu’il n’était
pas en état de combattre, il répondit : « J’attendais un pareil jour
car par quel autre moyen Kashshash pourrait-il échapper à la juste
sévérité de son Seigneur ? » Il se jeta alors sur l’ennemi,
combattit avec vaillance et périt dans la bataille. On trouva sur
son corps six blessures.
La chute de
Tall Hamdoun
En l’an 703 de l’Hégire (1304), les troupes
commandées par l’émir Badr ad-Din Biktash accompagné des émirs ‘Alim
ad-Din Sanjar as-Sawani et Shams ad-Din Sounqour Shah al-Mansouri
quittèrent Le Caire pour attaquer Sis. Des messages furent envoyés
vers les villes de Tripoli, Hamah, Safad et Alep pour demander aux
troupes locales de prendre la même direction. L’émir Badr ad-Din
Biktash arriva à Damas le 12 du mois de Ramadan et en repartit à la
tête des troupes de Damas pour Alep où il fut rejoint par les corps
d’armée des différentes villes cependant, il tomba malade et resta à
Alep tandis que son fils prit le commandement des troupes.
Les musulmans brûlèrent les moissons du
territoire de Sis, détruisirent les villages et firent prisonniers
les habitants avant de d’assiéger Tall Hamdoun. Une partie
considérable des habitants des régions adjacentes se réfugièrent
dans la citadelle et après des assauts successifs, la place fut
prise avec des conditions et six princes de la région furent prit
prisonniers.
Takafour, le roi de Sis, fut affligé par cet
événement décida de punir ces princes pour avoir capitulé. Il
écrivit au gouverneur d’Alep et lui dit que ces princes étaient ceux
qui refusaient de payer l’impôt et demanda à ce qu’ils soient remis
en liberté. Le gouverneur ordonna alors de les exécuter et cinq
d’entre eux eurent la tête tranchée tandis que le dernier, le
gouverneur de la forteresse de Hamiyah, embrassa l’Islam.
Cette année, périt environ quatre-vingt mille
chevaux en Syrie et la maladie se propagea parmi les chevaux de
l’Égypte et en emporta aussi un grand nombre.
De même, les provinces du Palestine furent
aussi dévastées par une immense quantité de sauterelles.
Cette année, des messagers envoyés par le roi
des croisés, le roi d’Aragon le Barcelonais arrivèrent apportant des
présents magnifiques pour le Sultan et les émirs pour demander
l’ouverture des églises des Chrétiens. Sa requête fut reçue
favorablement et les églises des Jacobites, située dans la rue de
Zawilah et l’église des Melkites dans le quartier des fabricants
d’arbalètes furent ouvertes.
La
mort de Mou’iz ad-Din Qazan Ibn Aqaba Ibn Houlakou
Le 12 du mois de Shawwal mourut dans la
province de Qazwin près d’ar-Rayy, le Khan Ilkhan Mou’iz ad-Din
Qazan, le fils d’Arqoun (ou Arghoun), d’Abaghah, d’Houlakou, de
Touli, le fils de Shinjiz Khan. Il fut intronisé en l’an 693 et
embrassa l’Islam l’an 694 de l’Hégire (1294). A cette occasion, il
fit répandre l’or, l’argent et les perles sur les têtes de ses
sujets et la religion musulmane se propagea dès lors parmi les
Tatars. Qazan se dévoua pour la justice et prit le nom de Mahmoud.
Il régna sur les deux Irak, le Khorasan, la province de Fars, le
pays de Roum, al-Jazirah et portait le titre de Kan, Il fit frapper
la monnaie en son nom et non en celui du Khan suprême, expulsa de
ses territoires les représentant de ce monarque et voulut être nommé
seul dans la Khoutbah. Aucun de ses pères n’eut une pareille
conduite et il fut imité par ses successeurs. Ce fut le plus
distingué des souverains de la famille de Houlakou bien qu’il fut
avare en comparaison de ses pères. Il régna huit ans et dix mois et
eut pour successeur son frère Khoudhah Ibandah qui fut intronisé le
23 du mois de Dzoul Hijjah et prit le surnom de Ghiyath ad-Din
Muhammad. Puis, il écrivit au sultan pour lui notifier son
avènement, lui demander la paix et l’engager à mettre un terme aux
hostilités. Des envoyés furent chargés de celte dépêche.
Un courrier de la poste expédié d’Alep annonça
l’arrivée d’un corps d’environ deux cents cavaliers Mongols
accompagnés de leurs femmes et de leurs enfants qui venaient se
réfugier dans les terres d’Islam. Parmi eux se trouvaient plusieurs
parents de Qazan et quelques-uns des enfants de Sounqour al-‘Ashqar.
Au début du mois de Rabi’ Awwal, des envoyés de
Taktay, le souverain de la ville de Saray et des contrées des
Kiptchak arrivèrent en Égypte et admis en présence du sultan, ils
lui offrirent leur présent et la lettre de leur souverain qui se
déclarait contre Qazan et se disposait à lui faire la guerre. On
répondit à cette dépêche qu’Allah Exalté avait ôté aux musulmans les
inquiétudes de Qazan et que Kharbanda, le frère du roi avait demandé
la paix. Un présent fut envoyé à Taktay et l’émir Sayf ad-Din Bilban
as-Sarkhadi fut chargé de le lui convoyer et accompagné des envoyés,
il se rendit à Alexandrie d’où ils prirent la route de la mer.
Un courrier de la poste expédié de Damas
annonça que le Sheikh Taqi ad-Din Ahmad Ibn at-Taymiyah s’était
disputé avec les habitants à cause de roche qui se trouvait dans la
mosquée de Tarikh près de la Moussallah de Damas. Il assurait que la
trace imprimée sur la surface n’était pas celle du pied du Prophète
et que par conséquent, les visites religieuses faites par les
habitants qui embrassaient la relique ne devaient pas être toléré et
n’avaient aucune raison d’être. Il rapporta donc des tailleurs de de
pierre qui rasèrent la roche le 16 du mois de Rajab et cet acte fut
vivement blâmé par tous les habitants. Il fut répondu à cette
nouvelle que si la chose était conforme à son assertion, il avait
fait une action louable et supprimé une pratique superstitieuse
blâmable mais que s’il en était autrement, il ne manquerait pas
d’être puni dès qu’on se serait assuré de la vérité des faits.
Cette année, arriva avec le titre d’ambassadeur
Idaqdi ash-Shihrizouri envoyé par Abou Ya’qoub Youssouf Ibn Ya’qoub
Ibn ‘Abdel-Haqq Ibn Moujir Ibn Abou Bakr Ibn Jam’ah al-Marini le
souverain du Maghreb et porteur d’un présent magnifique. Il était
accompagné d’une caravane de Magrébins qui se disposaient à faire le
pèlerinage. Depuis plusieurs années, le départ de celte caravane
avait été interrompu. Abou Ya’qoub autorisa les pèlerins à se mettre
en marche et les chargea d’un magnifique exemplaire du Qur’an scellé
dans un étui d’or enrichi de pierres précieuses et qui devait être
déposé dans le sanctuaire de La Mecque. L’ambassadeur fut reçu de la
manière la plus distinguée, logé dans le Maydan et des
gratifications lui furent allouées.
Le premier jour du mois de Dzoul Qi’dah, L’émir
Baybars se mit en route pour faire une seconde fois le voyage au
Hijaz en compagnie de ‘Ala' ad-Din Idaqdi ash-Shihrizouri, l’envoyé
du souverain du Maghreb, les émirs Baybars al-Mansouri, Baha ad-Din
Ya’qoubi et un nombre considérable d’autre émirs. La caravane
composée d’une foule de personnes partit sous le commandement de
l’émir Izz ad-Din Aybak al-Khazindar, l’époux de la fille d’al-Malik
az-Zahir Baybars et vint camper près de l’étang. Comme le nombre des
pèlerins allait toujours croissant, ils se partagèrent en trois
caravanes : l’une, sous les ordres de l’émir Baybars al-Mansouri, la
seconde, sous les ordres de l’émir Ya’qoubi et la troisième sous les
ordres de l’émir Aybak.
Les pèlerins éprouvèrent de nombreuses
difficultés sur la route dont le manque d’eau, le prix excessif des
denrées et le souffle brûlants des vents du désert. Un très grand
nombre de pèlerins périrent ainsi du fait que l’eau des outres
s’était évaporée. Lorsque les pèlerins quittèrent Wadi an-Nar ils
s’égarèrent et perdirent beaucoup de monde.
De même, une extrême sécheresse sévit en Syrie
depuis le village de Ghaur jusqu’à al-‘Arish. Les eaux tarirent et
les habitants, pressés par la soif, abandonnèrent leurs demeures.
Deux-mille-huit-cents villages furent ainsi abandonnés.
Cette année, un homme découvrit dans une mine
d’émeraudes, une pierre du poids de cent-soixante-quinze mithqal
qu’il cacha et envoya à un souverain qui lui en offrit cent-vingt
mille dirhems mais il refusa de la vendre et la pierre lui fut ôté
et remise au sultan ce qui tua. L’homme de chagrin.
Au mois de Dzoul Hijjah, le Sheikh al-Islam,
Taqi ad-Din Ahmad Ibn at-Taymiyah quitta Damas accompagné de l’émir
Baha ad-Din Qaraqoush al-Mansouri et se dirigea vers la montagne de
Qisrouwan pour soumettre les habitants (des druzes). Comme ils
refusèrent, les troupes se préparèrent à les combattre.
Nouveau
raid sur les druzes
Le 8 du mois de Mouharram de l’année 705 de
l’Hégire (1306), l’émir Jamal ad-Din Aqoush al-Afram, le gouverneur
de Syrie, quitta Damas, à la tête des troupes de la ville pour
attaquer les habitants des montagnes de Qisrouwan après avoir
proclamé dans la ville que quiconque d’entre les soldats qui
resterait en arrière seraient pendus. L’armée d’environ cinquante
mille hommes attaqua l’ennemi, détruisit ses villages, coupa ses
vignes et dispersa la population, après des combats qui durèrent
onze jours et dans lesquels al-Malik al-Wahid ash-Shadi Ibn al-Malik
az-Zahir Daoud s’empara par la force des armes de leur citadelle,
passa l’ennemi par le fil du sabre et fit six cents prisonniers.
L’armée après avoir recueilli un immense butin rentra à Damas le 14
du mois de Safar.
Lorsque les pèlerins retournèrent de La Mecque,
le sultan donna l’ordre de préparer les présents destiné pour le
souverain du Maghreb auxquels on joignit vingt chevaux tatars, vingt
émirs tatars, quelques tambours et quelques arcs pris sur eux. Les
émirs ‘Ali ad-Din Idaqdi al-Qalili ash-Shamsi le Mamelouk de
Sounqour al-‘Ashqar et l’émir ‘Ala' ad-Din Idaqdi al-Khawarizmi
furent désigné pour accompagner ces présents ainsi que l’envoyé
Idaqdi ash-Shihrizouri et les pèlerins maghrébins.
Cette année aussi, Le Sheikh al-Islam Ibn
Taymiyah témoigna une extrême désapprobation de la conduite des
fakirs Ahmadi qui entraient dans des feux allumés, mangeaient des
serpents, portaient à leurs cous des colliers de fer, chargeaient
leurs épaules de chaînes, plaçaient autour de leurs mains des
bracelets du même métal et assemblaient leurs cheveux pour en former
une masse compacte. Le Sheikh al-Islam alla trouver le gouverneur de
Damas et l’informa que ces fakirs introduisaient des innovations
blâmables. Tous les savants religieux se joignirent à lui si bien
qu’il fut décidé de s’en tenir aux prescriptions de la loi et les
fakirs devraient renoncer à leur costume.
Au mois de Joumadah Thani, après la conquête
des montagnes de Qisrouwan, le Sultan en concéda la propriété aux
émirs ‘Ala' ad-Din Ibn Mabad al-Ba’labaki, Sayf ad-Din Baktimour
al-‘Atik Biktash al-Fakhri, Houssam ad-Din Lajin et Izz ad-Din
al-Khattab al-‘Iraqi qui se rendirent aussitôt dans cette province
et ce fut pour leur compte que les fermiers cultivèrent les
campagnes après que l’autorité des rafidah fut anéantie.
De
l’expédition vers Sis
De même cette année, comme le souverain de Sis
différait l’envoi du tribut qu’il aurait dû payer au mois de Dzoul
Hijjah de l’année précédente, le gouverneur d’Alep envoya Qashtimour
ash-Shamsi, un des commandants de la ville, à la tête d’un corps de
troupes composé d’environ deux mille hommes dont les émirs Shams
ad-Din Aqsounqour al-Farissi, Fath ad-Din Ibn Soubrah, Qashtimour
an-Najibi et Qashtimour al-Mouzaffari. Dans le courant du mois de
Mouharram, cette armée livra aux flammes un grand nombre de villages
et emmena en captivité les femmes et les enfants.
Sur ce, un corps de Tatars arriva à Sis pour
réclamer le tribut et en compagnie du souverain de Sis, ils
partirent vers le défilé ou ils étaient déjà fortifiés quand les
troupes égyptiennes vinrent les attaquer. Les Tatars firent pleuvoir
sur eux des flèches et les Arméniens des pierres si bien qu’un grand
nombre de Musulmans restèrent sur le champ de bataille. Les émirs
Soubrah, Qashtimour an-Najibi et Qashtimour al-Mouzaffari furent
faits prisonniers avec une partie de la garnison d’Alep tandis que
Qashtimour, le général de l’armée et Aqsounqour al-Farisssi
parvinrent à échapper. Les Tatars retournèrent à Fourdou auprès de
leur commandant Kharbandah avec les prisonniers qui furent mis sous
bonne garde.
Lorsque le gouverneur d’Alep fut informé de la
défaite, il écrivit au Sultan et aux émirs. Le sultan ordonna le
départ des émirs Biktash, Baybars, Aqoush al-Moussouli et Rouqn
ad-Din qui quittèrent Le Caire, au milieu du mois de Sha’ban, à la
tête d’environ quatre mille cavaliers. Le souverain de Sis
s’empressa d’envoyer le tribut et s’excusa en disant que ce n’était
pas lui mais les Tatars qui avaient engagé le combat et il promit de
faire tout son possible pour rendre au Sultan les émirs qui étaient
tombés au pouvoir de l’ennemi. Biktash qui était déjà arrivé à Gaza,
retournera en Égypte.
Cette année, un envoyé de l’empereur de
Constantinople arriva accompagné d’un envoyé du roi des Georgiens
qui apportait un présent et une lettre dans laquelle, le roi
demandait l’ouverture de l’église appelée Moussaliyah de Jérusalem
pour que les Géorgiens puissent s’y rendre en pèlerinage. Il assura
au Sultan que son peuple resterait soumis et le seconderait toutes
les fois qu’il aurait besoin de leur secours. Le sultan ordonna
d’ouvrir l’église, ce qui fut exécuté et les envoyés furent
congédiés avec des présents et une réponse positive.
De
l’emprisonnement du Sheikh de l’Islam Ibn Taymiyah
Cette année, un des disciples du Sheikh de
l’Islam Ibn Taymiyah tint sur le Qur’an des discours peu convenables
selon le Qadi al-Qoudat Najm ad-Din Ahmad Ibn as-Sassari qui
réprimanda cet homme et le fit mettre en prison. Le Sheikh Ibn
Taymiyah rassembla ses partisans et fit délivrer le prisonnier ce
qui outra Ibn as-Sassari qui le fit de nouveau enfermer. Un débat eu
lieu entre le Sheikh de l’Islam et le Qadi chez le gouverneur de
Damas après qu’Ibn Taymiyah eut rédigé un acte dans lequel il
protestait et faisait certifier par des témoins qu’il était un
Shafi’i et qu’il suivait les opinions de l’Iman de ce nom. Il fut
alors proclamé à Damas que quiconque professerait les opinions d’Ibn
Taymiyah Ibn Taymiyah serait pendu.
Ibn ‘Adlan secondé par le Qadi al-Qoudat Zayn
ad-Din ‘Ali Ibn al-Maklouf al-Maliki s’employa à lever les émirs
contre Ibn Taymiyah et par suite de ses sollicitations, l’émir Rouqn
ad-Din al-‘Omari al-Hajib partit sur les chevaux de la poste avec
ordre d’amener Ibn Taymiyah et son frère Sharf ad-Din ‘AbderRahmane.
On manda en même temps Najm ad-Din Ahmad Ibn as-Sassari, Ibn
al-Mounaja, Taqi ad-Din ash-Shakir et les fils d’Ibn as-Saygh qui
comparurent le jeudi 22 du mois de Ramadan, en présence des Qoudat,
des juristes et des émirs dans la citadelle de la Montagne. Ibn
al-‘Adlan dénonça Ibn Taymiyah, qui ne répondit rien, mais se leva
pour prononcer la Khoutbah. Ibn al-Makhlouf s’écria : « Nous t’avons
fait venir pour répondre à une inculpation et non pas pour remplir
les fonctions de Khatib » puis, il le somma alors de répondre. Ibn
Taymiyah lui dit : « Comme tu es mon ennemi, tu ne peux légitimement
prononcer contre moi. » Ibn al-Makhlouf donna alors l’ordre de le
conduire en prison et il fut saisit ainsi que son frère et
emprisonné au Caire, dans la rue du Daylam.
Ibn as-Sassari fut revêtu d’une robe d’honneur
et renvoyé à Damas, avec une lettre qui devait être lue sur le
Minbar de la principale mosquée et qui proclamait l’interdiction de
disputer sur les dogmes et de se référer aux opinions et jugements
d’Ibn Taymiyah. Il fut demandé aussi aux Hanbali d’écrire des actes
ou ils s’engageaient à
rétracter les opinions du Sheikh de l’Islam et ces actes devaient
être certifiées authentiques en présence des Qoudat des provinces et
lues sur les Minbar, ce qui fut fait à Damas.
Ici prend donc fin la période Mamelouk qui
coïncide avec la fin de la présence des croisés ainsi que la fin de
la troisième invasion de la deuxième vague des raids tatars en terre
d’Islam et la mort de leur roi Qazan. Cependant ce n’est là ni la
fin des uns et des autres car les croisés comme les Tatars
déferleront de nouveau sur les terres d’Islam et particulièrement
sous le règne des Ottomans dont l’expansion cessera un certain
nombre d’année de ce fait.
Nous n’avons rapporté que les faits historiques
et non pas la dimension politique derrière ces évènements. Pour ceux
qui seraient intéressés d’en savoir plus tant sur l’alliance des
croisés avec les Tatars et le but de cette alliance, pourquoi les
Tatars pourtant « islamisés » tuaient et envahissaient les terres de
leurs « frères », la différence entre « l’Islam » des Tatars et
l’Islam de l’ancienne garde, la lutte du Sheikh de l’Islam Taqi
ad-Din Ibn Taymiyah contre le pouvoir tatar et les innovateurs et
particulièrement les soufis, je ne peux que vous conseiller de lire
l’excellent livre d’Ibn Taymiyah «
Lettre à un roi croisé »
qui a été traduit en français par Jean R. Yahya Michot dont vous
trouverez certains de ses textes dans notre appendice.
Nous avons aussi traduit un autre résumé
complet plus politique sur l’Histoire des Mongols jusqu’à la
bataille de ‘Ayn Jalout qui sera publié sur notre site Internet ou
rajouté en appendice dans une version ultérieure de ce livre.
Pour clôturer ce second volume voici un résumé
de l’histoire des califes abbassides du Caire de l’Imam Jalal ad-Din
as-Souyouti extrait de son livre « Tarikh
al- Khoulafah. »