Du siège et de la
destruction du fort de Tour par les croisés
Lorsque les croisés eurent campé dans la plaine
d’Acre, ils firent leurs préparatifs et emportèrent avec eux leur
équipement de siège comme les trébuchets et autres, et se rendirent
au fort de Tour qui était une forteresse récemment construite par
al-‘Adil au sommet d’une colline près d’Acre qu’ils assiégèrent et
assaillirent puis gravirent la colline jusqu’à ce qu’ils atteignent
la paroi. Cependant, ils faillirent car il arriva qu’un des
défenseurs musulmans tua un certain prince des croisés de sorte
qu’ils abandonnèrent le château et repartirent vers Acre après
dix-sept jours de siège. Après leur départ de Tour, ils restèrent un
petit moment, puis se rendirent par mer en Egypte, comme nous allons
le raconter, si Allah Tout Puissant le veut. Al-Mou’azzam se rendit
alors à Tour qu’il rasa jusqu’aux fondations car la forteresse était
dans le voisinage d’Acre et difficile à tenir.
Comment les
croisés assiégèrent Damiette et sa chute
Quand les croisés, qu’Allah les maudisse,
revinrent du siège de Tour, ils restèrent à Acre jusqu’au début de
l’année 615 de l’Hégire (1218) puis se rendirent à Damiette par la
mer ou ils arrivèrent au mois de Safar et jetèrent l’ancre sur la
rive de la péninsule séparée de Damiette par le Nil, car une branche
du Nil se jetait dans la mer à Damiette. Un grand tour fortifiée
avait été construite dans le Nil où de puissantes chaînes de fer
avaient été installées et tendues en travers du Nil jusqu’aux murs
de Damiette pour empêcher les navires qui arrivaient par la mer de
procéder librement sur le Nil vers l’intérieur du pays. N’eut été
cette tour et ces chaînes personne n’aurait été capable d’empêcher
les vaisseaux ennemis de s’engager sur une quelconque partie, proche
ou lointaine du territoire de l’Egypte.
Lorsque les croisés eurent débarqués sur la
péninsule séparées par le Nil de Damiette, ils bâtirent un mur
défensif et creusèrent un fossé pour les protéger contre les
attaques avant de commencer à engager la garnison de Damiette avec
les machines de siège, les Marammas et les tours qu’ils utilisèrent
depuis leurs navires pour attaquer la chaîne de la tour pour prendre
cette dernière d’assaut et qui possédait une large garnison
d’hommes.
Al-Kamil Ibn al-‘Adil, qui était le souverain
d’Egypte avait fait son camp dans un endroit connu sous le nom
d’al-‘Adiliyah dans les environs de Damiette tout en envoyant une
série de renforts à Damiette pour empêcher l’ennemi de traverser
vers son côté.
Les croisés persévérèrent avec des attaques
successives sur la tour sans succès. Leurs Marammas et engins de
siège furent brisés et pourtant, ils poursuivirent leurs assauts et
continuèrent ainsi pendant quatre mois sans être capables de la
prendre. Quand finalement ils réussirent à surmonter le problème,
ils coupèrent les chaînes pour permettre à leurs navires d’entrer
sur le Nil à partir de la mer et de prendre le contrôle des terres.
Pour remplacer les chaînes, al-Kamil prépara un
grand pont de bateaux qui stoppa leur accès au Nil mais ils
luttèrent intensément et sans répit pour ce ponton jusqu’à ce qu’ils
finissent par le détruire. Lorsqu’ils l’eurent coupé, al-Kamil
envoya un certain nombre de grands navires qu’il fit remplir (de
terre ?), percer et couler dans le Nil si bien que les navires
croisés furent ainsi été empêchés d’entrer dans le fleuve.
Voyant cela, les croisés tournèrent leur
attention vers un canal connu comme le (canal) Bleu, où le courant
principal du Nil avait coulé autrefois dans les temps anciens. Ils
creusèrent et approfondirent ce canal, en amont des navires qui
avaient été sabordés dans le Nil, qu’ils relièrent à la mer si bien
que le flot jaillit. Ils amenèrent leurs navires jusqu’à un endroit
appelé Bourah, également du côté de la péninsule, en face de
l’endroit où al-Kamil campait afin qu’ils puissent l’engager à
partir de là, n’ayant aucune autre voie par laquelle ils pourraient
venir à bout de lui puisque Damiette était un obstacle qui les
séparaient de lui. Quand ils s’établirent à Bourah, ils se
retrouvèrent en face de lui et s’engagèrent sur l’eau. Ils
attaquèrent plus d’une fois mais sans gagner un quelconque avantage.
Pendant ce temps, rien ne changea pour la
population de Damiette parce l’approvisionnement et les renforts
continuèrent d’arriver sans interruption et le Nil était une
barrière entre eux et les croisés. Ils restèrent défiants et à
l’abri de tout mal. Les portes de la ville étaient encore ouvertes
et ils ne souffraient d’aucune difficulté ou ni de dommages causés
par le siège.
Il arriva alors, comme Allah à Lui la Puissance
et la Gloire voulut qu’al-‘Adil mourut au mois de Joumadah Thani de
l’an 615 de l’Hégire (1218), comme nous le rapporterons si Allah le
veut. Le moral des gens s’affaiblit parce qu’il était le sultan et
même si ces fils étaient des princes sous son autorité, il n’en
contrôlait pas moins leurs affaires et il était celui qui en avait
fait d’eux des princes dans les terres. Son décès survint au moment
où l’état des affaires dans la lutte contre l’ennemi était tel que
nous l’avons décrit.
Parmi les émirs en Egypte, l’un d’entre eux
était ‘Imad ad-Din Ahmad Ibn ‘Ali plus connu sous le nom d’Ibn
al-Mashtoub, un Kurde (de la tribu) Hakkari qui était le plus grand
émir en Egypte avait de nombreux partisans. Tous les émirs suivaient
son exemple et lui obéissaient, en particulier les Kurdes. Il
conclut un accord avec d’autres émirs et convint d’un plan pour
renverser al-Kamil du pouvoir et mettre à sa place son frère
al-Fa'iz Ibn al-‘Adil, afin qu’ils puissent acquérir autorité sur
lui et le pays.
Al-Kamil entendit parler de cela et abandonna
donc son camp dans la nuit, laissant sa caravane de bagages et alla
dans un village appelé Ashmoum Tannah ou il campa. Dans la matinée,
l’armée trouva leur sultan disparut. Chaque personne suivit sa
propre inclination et personne ne se sentit concerné avec un autre.
Ils furent seulement en mesure de prendre un peu de leurs tentes, de
provisions, de biens et d’armes et ce qui était léger à porter puis
laissèrent tout le reste dans l’état et partirent
à la poursuite d’al-Kamil.
Quant aux croisés, lorsque le lendemain se
leva, ils ne virent aucun des Musulmans sur la rive du Nil où ils
auraient dû être normalement et furent laissés sans savoir ce qui
s’était passé. Puis des gens vinrent les trouver et les informèrent
de la véritable situation. Sur ce, ils traversé le Nil du côté de
Damiette en toute sécurité, sans aucune opposition ou résistance le
20 du mois de Dzoul Qi’dah de l’année 615 de l’hégire (1219) et
saisirent tout ce qui était dans le camp des Musulmans, une quantité
au-delà de tout compte pour ceux qui essayèrent de la comptabiliser.
Al-Kamil fut sur le point d’abandonner l’Egypte
parce qu’il n’avait désormais aucune confiance en ses troupes et les
croisés avait presque tout pris sans problème ou difficulté, quand,
par la grâce d’Allah Tout Puissant sur les Musulmans, al-Mou’azzam
‘Issa Ibn al-‘Adil vint trouver son frère al-Kamil deux jours après
cette affaire alors que les gens étaient confus. Son cœur fut
renforcé par son arrivée, son dos se raidit, son esprit redevint
stable et il retrouva son poste. Ils expulsèrent Ibn al-Mashtoub en
Syrie qui rejoignit par la suite al-Ashraf et devint une partie de
son armée.
Lorsque les croisés franchirent la rive de
Damiette, l’ensemble des diverses tribus des Bédouins se
regroupèrent et pillèrent la zone dans le quartier de Damiette,
coupèrent la route et provoquèrent le chaos à un degré exceptionnel.
Ils étaient bien plus pires que les croisés pour les Musulmans et la
chose la plus préjudiciable pour les habitants de Damiette étaient
l’absence totale de l’armée parce que le sultan et les troupes qui
avaient été à proximité pour les défendre contre l’ennemi quand
arriva cette affaire à l’improviste et qu’aucune troupe n’était
entrée dans la ville, tout ceci à cause d’Ibn al-Mashtoub. Et il
n’est pas étonnant qu’Allah Exalté ne lui accorda plus beaucoup de
temps après cela et le « puni d’un peine supérieure à d’autres »
comme nous allons le raconter, si Allah le veut.
Les croisés encerclèrent Damiette et engagèrent
la défense par terre et mer. Ils creusèrent un fossé pour se
prémunir contre toutes les attaques des Musulmans ce qui était leur
pratique normale. Ils poursuivirent leurs assauts et la situation
s’aggrava pour les habitants. La nourriture et d’autres choses
devinrent difficiles à trouver et ils se fatiguèrent des combats
constants parce que les croisés étaient capables de combattre en
équipe en raison de leur grand nombre alors que dans Damiette, il
n’y avait pas assez d’hommes pour être en mesure d’organiser des
combats par tours successifs. Néanmoins, ils persévérèrent d’une
manière impensable. Beaucoup d’entre eux furent tués ou blessés
d’autres décédèrent ou tombèrent
malade. Ils endurèrent le siège jusqu’au 27 du mois de
Sha’ban de l’année 616 de l’Hégire (1219) mais après les survivants
furent incapables de tenir car ils étaient si peu nombreux et la
nourriture impossible à trouver. A cette date, ils soumirent la
ville aux croisés sur des conditions. Certaines personnes partirent
et d’autres restèrent parce qu’ils étaient trop faibles pour se
déplacer. Ainsi furent-ils dispersés aux quatre vents.
Comment les
Musulmans reprirent Damiette aux croisés
Quand les croisés eurent capturé Damiette, ils
s’y établirent et envoyèrent leurs escadrons à travers toutes les
régions avoisinantes pour piller et tuer si bien que les habitants
abandonnèrent leurs terres. Les croisés se lancèrent alors dans la
réparation et la fortification de Damiette qu’ils rendirent
imprenable.
Al-Kamil resta près d’eux sur les confins de
son territoire pour le défendre. Lorsque les croisés dans leur pays
d’origine entendirent parler que les leurs avaient conquis Damiette,
ils se hâtèrent de les rejoindre de «
venant de tout chemin éloigné
» (Qur’an 22/27) la ville devint leur nouvelle destination.
Al-Malik al-Mou’azzam revint en Syrie et
détruisit les murs de Jérusalem parce que tous les gens sans
exception avaient peur des croisés. L’Islam, tous ses habitants et
toutes ses terres étaient sur le point de sombrer à la fois de l’est
et l’ouest. Les Tatars par centaines de milliers vinrent des pays de
l’Est et atteignirent les districts de l’Irak, l’Azerbaïdjan, Arran
et ailleurs, comme nous allons le rapporter si Allah le veut et les
croisés par centaines de milliers vinrent de l’ouest et conquirent
une ville comme Damiette en Egypte pour ne pas mentionner le fait
qu’il n’y avait pas de forteresses pour défendre le pays contre ses
ennemis. Ainsi, toutes les terres d’Égypte et de Syrie étaient sur
le point de tomber et tous les gens avaient peur d’eux attendant la
catastrophe chaque matin et soir. La population d’Egypte voulut
évacuer leurs terres par crainte de l’ennemi «
quand il n’était plus temps
d’échapper » (Qur’an 38/3), car l’ennemi les avait cernés de
toutes parts. Si al-Kamil leur aurait permis de le faire, ils
auraient quitté le pays qui se serait effondré sur ses fondations
mais ils furent empêchés de le faire et restèrent fermes.
Al-Kamil envoya lettre après lettre à ses
frères, al-Mou’azzam, le seigneur de Damas, et al-Ashraf Moussa Ibn
al-‘Adil, le seigneur de Mésopotamie, d’Arménie et ailleurs, leur
demandant des renforts et les incita à venir en personne et que si
cela ne leur était pas possible, de lui envoyer des troupes.
Le seigneur de Damas alla en personne trouver
al-Ashraf à Harran et vit qu’il était trop préoccupé par des
intérêts qui le menaçaient pour être en mesure de leur fournir de
l’aide du fait que ceux qui lui avaient porté allégeance s’étaient
rebellés contre lui, ce que nous rapporterons sous l’année 615 de
l’Hégire (1218), si Allah le veut, dans le cadre de la mort
d’al-Qahir, le seigneur de Mossoul. Le lecteur le trouvera là.
Al-Mou’azzam accepta son excuse et retourna tandis que pendant ce
temps, la situation avec les croisés resta inchangée.
Peu après, les dissensions disparurent des
terres d’al-Ashraf et les princes qui s’étaient rebellés
retournèrent à son obéissance et en l’an 618 de l’Hégire (1221) sa
position fut fermement rétablie tandis qu’al-Kamil devait encore
faire face aux croisés.
Au début de l’année 618 de l’Hégire (1221),
al-Kamil fut informé que les problèmes d’al-Ashraf s’étaient résolus
et il lui envoya de nouveau un messager pour lui demander des
renforts ainsi qu’à son frère, le seigneur de Damas. Ce dernier,
al-Mou’azzam, se rendit chez al-Ashraf pour le pousser à partir, ce
qu’il fit et marcha vers Damas avec les troupes qu’il avait avec lui
tout en ordonnant au reste des troupes de le rejoindre à Damas où,
il resta un certain temps à les attendre. Certains de ses émirs et
proches conseillers lui suggérèrent qu’il devait envoyer des troupes
mais retourner en personne sur ses terres, de peur de différend qui
pourrait survenir en son absence mais il n’accepta pas et dit : «
J’ai fait l’intention du Jihad et il est essentiel de respecter
cette intention. » Puis, il procéda vers l’Egypte.
Les croisés sortirent de Damiette à pied et à
cheval pour prendre des mesures contre al-Kamil et ils campèrent en
face de lui près d’un canal du Nil appelé l’embranchement d’Ashmoum,
qui les séparait. Ils bombardèrent avec des trébuchets et tirèrent
avec des arbalètes sur l’armée musulmane et tout le monde fut
convaincu qu’ils allaient conquérir l’Egypte.
Al-Ashraf poursuivit sa marche et lorsque son
frère al-Kamil entendit dire qu’il était proche, il alla à sa
rencontre réjouit ainsi que tous les autres Musulmans qu’ils avaient
uni leurs forces dans l’espoir qu’Allah Exalté leur accorderait une
victoire et un certain succès de ce fait.
Quant à al-Mou’azzam, il marcha aussi vers
l’Egypte et sur Damiette en pensant que ses deux frères et leurs
armées avaient déjà investi la ville. Une version différente affirme
qu’il fut informé sur sa route que les croisés étaient sur leur voie
de retour à Damiette et qu’il tenta d’arriver avant eux pour les
rencontrer de face tandis que ses deux frères étaient sur leurs
arrières, et Allah est Plus Savant.
Quand al-Ashraf rejoignit al-Kamil, il fut
convenu entre eux qu’ils devraient progresser le long du canal du
Nil plus connu sous le nom d’al-Mahallah. Ils firent ainsi et
luttèrent contre les croisés du fait qu’ils étaient proche les uns
des autres. Les galères musulmanes se déplacèrent en amont du Nil
et, après avoir affronté les galères des croisés, prirent trois de
leurs navires avec les hommes à bord, l’argent et les armes qu’elles
contenaient. Les Musulmans se réjouirent et se ravirent de cette
victoire qu’ils prirent comme un bon présage. Leur moral remonta et
ils prirent le dessus sur leurs ennemis.
Bien avant que cela eut lieu, des émissaires
allaient et venaient entre eux pour établir les bases de la paix.
Les Musulmans leur offrirent la reddition de Jérusalem, d’Ascalon,
de Tibériade, de Sidon, de Jabalah, de Lattaquié et tout ce que
Salah ad-Din conquit des croisés sur la côte et qui a déjà été
consigné précédemment, sans compter Karak, s’ils renonçaient à
Damiette. Les croisés refusèrent et demandèrent 300 000 dinars de
dédommagement pour la destruction de Jérusalem afin qu’ils puissent
utiliser cette somme pour la reconstruire. Toutefois rien ne fut
conclu entre. Les croisés demandèrent également : « Vous devrez nous
remettre Karak. »
Dans cette situation et les croisés refusant
tout compromis, les Musulmans furent contraints de les affronter.
Les croisés, en raison de leur excès de confiance, n’avaient pas
apporté avec eux suffisamment de nourriture excepté pour un certain
nombre de jours, imaginant que les armées musulmanes ne tiendraient
pas contre eux, que les habitants et l’arrière-pays seraient tous
laissés entre leurs mains et qu’ils pourraient alors leur prendre
toutes les provisions qu’ils voulaient, tout cela à cause d’un plan
qu’Allah Tout Puissant avait établi pour eux.
Un détachement de Musulmans traversa le canal
et se rendit du côté ou se trouvaient les croisés puis ouvrirent les
écluses du Nil et l’eau inonda la plupart de cette partie de terre.
Les croisés se retrouvèrent avec nulle part où aller sauf dans une
seule direction qui était confinée.
A ce moment, al-Kamil mit en place le pont de
bateaux sur le Nil à Ashmoum et les troupes traversèrent. Ainsi, il
prit le contrôle de la route que les croisés devraient suivre s’ils
souhaitaient revenir à Damiette et aucune échappatoire ne leur fut
laissée.
A ce stade, il arriva qu’un grand navire de
croisés, l’un des plus grands navires appelé Maramma arriva escorté
par un certain nombre de Harraqas (barge ?). Chacun d’entre eux
étaient chargés de provisions, d’armement et de choses dont ils
avaient besoin mais les galères des Musulmans tombèrent sur eux, les
engagèrent dans la bataille, triomphèrent sur la
sur le Maramma et ses Harraqas d’escortes qu’ils saisirent.
Voyant cela, les croisés désespérèrent et réalisèrent qu’ils avaient
été malavisés de quitter Damiette pour un pays qu’ils ignoraient.
Entre temps, les troupes musulmanes furent
autour d’eux, tirant des flèches et chargeant leurs flancs. Quand la
situation s’aggrava pour les croisés, ils brûlèrent leurs tentes,
leurs trébuchets et leurs bagages dans l’intention d’avancer contre
les Musulmans et les engager dans l’espoir qu’ils pourraient revenir
à Damiette. Cependant, ils virent que ce qu’ils espéraient était
loin, qu’ils étaient empêchés d’y parvenir à cause de la boue et les
eaux qui les entouraient et que la seule voie possible était déjà
entre les mains des Musulmans.
Quand ils devinrent convaincus qu’ils étaient
cernés de tous les côtés, qu’ils étaient incapables d’obtenir des
provisions et que le destin leur avait montré ses crocs, leur moral
s’effondra, leurs croix se brisèrent et leur diable les déserta. Ils
contactèrent al-Kamil et al-Ashraf et demandèrent des conditions
pour la restitution de Damiette avec rien en retour. Alors que les
négociations se déroulaient, une grande armée soulevant beaucoup de
poussière et un grand tumulte se fit entendre dans la direction de
Damiette. Les Musulmans pensèrent que des renforts étaient arrivés
pour les croisés et ils s’inquiétèrent. Soudain, il apparut
qu’al-Mou’azzam, le seigneur de Damas, était arrivé et qui avait
pris un itinéraire via Damiette en raison de ce que nous avons
mentionné. La domination des Musulmans augmenta tandis que les
croisés devinrent plus défaitistes et épuisés. Ils conclurent la
paix en échange de la reddition de Damiette. L’accord et les
serments furent conclut le 7 Rajab de l’année 618 de l’Hégire
(1221).
Les princes des croisés, leurs comtes et leurs
nobles se soumirent à al-Kamil et al-Ashraf comme otages pour la
reddition de Damiette parmi eux se trouvaient le souverain d’Acre,
le représentant du Pape de Rome, le comte (?) et vingt autre princes
en tout. Ils écrivirent à leurs prêtres et moines de Damiette pour
effectuer la remise de la ville et les hommes là-bas ne refusèrent
pas et se rendirent aux musulmans le 9 du mois de Rajab. Ce fut un
jour mémorable.
Une chose merveilleuse arriva par la suite.
Quand les Musulmans reprirent la ville, des renforts pour les
croisés arrivèrent par voie maritime et s’ils avaient précédé les
Musulmans, ils auraient refusé de se rendre mais les Musulmans
arrivèrent en premier afin qu’Allah puisse accomplir une affaire qui
devait être réalisée. Seules les personnes incapables parmi les
habitants étaient restées dans la ville. Les autres s’étaient
dispersées aux quatre vents, certains étaient partis par choix
personnel, certains moururent et certains furent pris par les
croisés.
Quand les musulmans entrèrent dans la ville,
ils virent que les croisés l’avaient puissamment fortifiée de sorte
qu’ils la rendirent inattaquable et inaccessible. Cependant, Allah à
Lui la Puissance et la Gloire rétablit la vérité à sa place et
rendit la place à ses propriétaires légitimes. Il accorda aux
Musulmans une victoire qu’ils n’espéraient pas quand leur espoir
avait été de céder les terres qu’ils avaient prises aux croisés de
Syrie pour récupérer Damiette. Cependant, Allah Exalté leur accorda
la reprise de Damiette et leurs terres restèrent dans leurs mains.
Allah Exalté doit être Loué et Remercié pour Sa grâce envers
l’Islam, les Musulmans et pour avoir frustré l’agression de leurs
ennemis car Il les sauva aussi du mal des Tatars, comme nous allons
le rapporter si Allah le veut.
Cette année, il y eut une infestation de rats
dans la ville de Doujayl dans le quartier de Baghdad. Un homme ne
pouvait pas s’asseoir sans avoir un bâton pour repousser les rats au
loin. Un grand nombre d’entre eux furent clairement vu, les uns à la
suite des autres.
Cette année, le niveau du Tigre augmenta
considérablement d’une façon qui n’a jamais été préalablement vu et
Baghdad fut sur le point d’être inondée. Le vizir, les émirs et tous
les notables sortirent et rassemblèrent une grande foule d’habitants
et d’autres pour travailler sur les digues autour de la ville. Les
gens furent anxieux et très perturbé face à la destruction. Ils
préparèrent des bateaux pour être prêts à se sauver. Le calife fit
une apparition publique et pressa pour les travaux. Une des choses
qu’il dit fut : « Si ce que je vois pouvait être acheté avec de
l’argent ou autre chose, je le ferais. Si cela pouvait être repoussé
par les armes, je le ferais mais le décret d’Allah ne peut être
évité. »
L’eau monta des canalisations et des puits de
la rive orientale et une grande partie fut inondée. Le sanctuaire de
l’Imam Abou Hanifah (qu’Allah lui fait miséricorde), une partie de
Roussafah, la mosquée d’al-Mahdi, le village d’al-Malakiyah et le
jardin furent tous inondés et les prières furent abandonnées dans la
mosquée du sultan. Quant à la rive ouest, la plupart d’al-Qourayah,
les canaux ‘Issa et d’ash-Shatiyah furent détruits ainsi que les
vergers, le cimetière d’Ahmad Ibn Hanbal (qu’Allah lui fait
miséricorde), le Haram Tahir, une partie de la Porte de Basra, les
maisons sur la rive du canal ‘Issa et la plupart du quartier de
Qoutouftah furent ruinés.
Chapitre Six
De l’année
617 de l’Hégire (1220)
De
l’irruption des Tatars dans les terres d’Islam
Pendant plusieurs années, j’ai continué à
éviter la mention de cette catastrophe qui m’horrifia et que j’étais
peu enclin à raconter. J’avançais une étape en avant puis une autre
en arrière. Qui donc pourrait trouver facile d’écrire la nécrologie
de l’Islam et les Musulmans ? Pour qui serait-il insignifiant d’en
faire l’exposé ? Oh, puisse ma mère ne m’avoir jamais enfanté ! Oh,
puis-je avoir été mort avant qu’elle ne se produit et être une chose
oublié, totalement oublié ! Cependant, un groupe d’amis m’exhorta à
l’enregistrer mais j’hésitais. Je vis ensuite que négliger son
rapport ne serait d’aucune utilité mais nous affirmons toutefois que
le faire consiste à raconter la plus terrible catastrophe et le plus
grand malheur que le passage des jours et des nuits ne peuvent
produire de semblable. Il concerne tous les hommes mais affecta
particulièrement les Musulmans.
Si quelqu’un venait à dire que, depuis la
création d’Adam (paix sur lui) par Allah Exalté à Lui la Puissance
et la Gloire, jusqu’à présent, jamais l’humanité n’a été affectée
par quelque chose de comparable, il aurait dit la vérité. Les livres
d’histoire ne contiennent pas quelque chose de semblable ou quelque
chose qui s’en rapproche.
L’un des plus grands désastres qu’ils
mentionnent est ce que Nabuchodonosor a fait aux Banou Isra'il, leur
massacre et la destruction de leur temple al-Haykal. Qu’est donc
Bayt al-Maqdis par rapport aux terres que ces maudits détruisirent
où chaque ville est plusieurs fois supérieure à Jérusalem ? Et que
sont les Banou Isra'il par rapport à tous ceux qu’ils massacrèrent ?
Et la plus petite ville dont ils tuèrent ses habitants, ces derniers
étaient bien plus
nombreux que tous les Banou Isra'il réunit. Peut-être que l’humanité
ne verra plus une telle calamité, en dehors de Gog et Magog jusqu’à
ce que le monde touche à sa fin et que toute vie cesse.
Quant à l’Antéchrist, il ménagera ceux qui le
suivront et détruira ceux qui s’opposent à lui tandis que ceux-ci
n’épargnèrent personne. Au contraire, ils massacrèrent les hommes,
les femmes et les enfants et allèrent jusqu’à éventrer les femmes
enceintes pour tuer aussi les fœtus. À Allah nous appartenons et à
Lui retournons. Il n’y a de Puissance et de Force qu’en Allah le
Très Haut, le Tout-Puissant.
Il s’agit d’une calamité dont les étincelles se
propagèrent au loin et au large et dont les dégâts embrassèrent
toute chose. Les Tatars se répandirent à travers les terres comme un
nuage poussé par le vent, un peuple sortit des confins de la Chine
qui se dirigea vers les villes de Transoxiane, Samarcande, Boukhara
et autres et qui traitèrent leurs habitants de la manière que nous
allons vous rapporter. Ensuite, un groupe d’entre eux traversa pour
le Khorasan qu’ils conquirent, détruisirent, massacrèrent et
ravagèrent systématiquement et minutieusement avant de passer à Rayy
et Hamadan, les Hautes Terres et toutes les villes jusqu’à la
frontière de l’Irak. Par la suite, ils attaquèrent l’Azerbaïdjan et
Arran qu’ils ruinèrent et dont la plupart des gens furent massacrés.
Seuls quelques rares fugitifs survécurent et tout cela fut accompli
en moins d’une année. Rien de similaire n’avait jamais été entendu.
Quand ils eurent fini avec l’Azerbaïdjan et
Arran, ils procédèrent à Darband, Shirwan dont ils prirent les
villes et seule la citadelle où se trouvait leur roi fut sauf. De
là, ils pénétrèrent les terres des Alains, des Lakzr et des divers
peuples de cette région qu’ils massacrèrent systématiquement,
pillèrent, ravagèrent et détruisirent. Ensuite, ils attaquèrent la
terre des Qafjaq (Kiptchak), certains des plus nombreux Turcs, et
tuèrent tous ceux qui leur résistèrent. Le reste s’enfuit dans les
bois et les sommets des montagnes, abandonnant leurs terres, que les
Tatars saisirent. Ils réalisèrent tout ceci en un temps record et ne
s’attardèrent pas plus que le temps nécessaire à franchir les
distances et rien de plus.
Un autre groupe, différent de celui-ci, alla à
Ghazna, ses dépendances et les terres voisines de l’Inde, du
Sijistan et de Kirman ou ils pénétrèrent et procédèrent de la même
manière sinon pire.
Rien de semblable n’a jamais été rapporté
auparavant. Alexandre, reconnut par les historiens à avoir conquis
le monde, ne le conquit pas avec cette rapidité mais en une dizaine
d’années et ne tua personne. Il accepta simplement l’allégeance des
gens tandis qu’en environ un an, ces hommes conquirent la plupart de
la terre connue, sa partie la plus juste, la plus civilisée et
peuplée par des habitants les plus équitables dans les mœurs et la
conduite. Dans les terres ou ils n’étaient pas encore parvenues, il
n’y avait personne qui n’était pas terrifié par eux, les attendant
et guettant leur arrivée.
Les Tatars n’avaient pas besoin de vivres et de
denrées alimentaires car ils étaient accompagnés par leurs moutons,
leurs bovins, leurs chevaux et d’autres animaux de bât dont ils
consommaient leur chair et rien d’autre. Les animaux qu’ils
montaient creusaient la terre avec leurs sabots, mangeaient les
racines des plantes et ne connaissaient rien de l’orge. Ainsi, quand
ils campaient, ils n’avaient nul besoin.
Quant à leur religion, ils se prosternaient
devant le soleil à son lever et rien n’était rituellement interdit.
Ils mangeaient tous les animaux, même les chiens, les porcs et
d’autres. Ils n’avaient aucune notion de mariage. Toutes les femmes
étaient visitées par plus d’un homme et tout enfant qui naissait
ignorait son père.
Pendant cette période, l’Islam et les Musulmans
furent éprouvés des malheurs qu’aucune communauté n’a jamais
éprouvés. Par exemple, ces Tatars, qu’Allah les maudisse, apparurent
de l’Est et commirent des méfaits qui horrifièrent tous ceux qui ont
entendirent parler d’eux[1]
et qui seront mentionnés en temps voulu, si Allah le veut.
Puis il y eut l’arrivée (non fortuite) des croisés, qu’Allah les
maudisse aussi, de l’ouest de la Syrie, leur attaque sur l’Egypte et
leur prise du port de Damiette. L’Egypte, la Syrie et d’autres
endroits furent sur le point de tomber entre leurs mains n’était-ce
la grâce d’Allah Tout Puissant et Son aide contre eux, ce que nous
avons rapporté sous l’année 614 de l’Hégire (1217).
Un autre malheur est que ceux qui échappèrent à
ces deux hordes étaient à couteaux tirés entre eux et leurs
dissensions faisaient rage. Nous avons aussi parlé de cela. En
vérité, nous appartenons à Allah et à Lui retournons.
Nous prions Allah Exalté d’accorder Son aide à
l’Islam et les Musulmans car il n’y a personne pour aider et
défendre l’Islam. « Et
lorsqu’Allah veut [infliger] un mal à un peuple, nul ne peut le
repousser : ils n’ont en dehors de lui aucun protecteur. »
(Qur’an 13/11)
Et c’est seulement en raison de l’absence d’un
solide défenseur que la cause des Tatars prospéra.
La raison pour laquelle une telle personne fit
défaut est due au fait que Khwarizm Shah Muhammad prit le pouvoir
des terres de ses voisins dont il tua et élimina tous leurs princes.
Il devint ainsi le sultan incontesté de toutes ces terres et quand
il fut vaincu par les Tatars, il ne restait plus personne qui aurait
pu leur résister ou défendre les terres « afin qu’Allah accomplisse
ce qui était destiné. »
Il est temps maintenant pour nous de rapporter
le début de leur irruption dans les terres.
(J’en profite pour préciser que je n’ai pas
traduit les affaires internes des Musulmans entre eux ni même
l’Histoire de Khwarizm Shah Muhammad et comment il conquit les
terres de ses voisins. Je pense que cela est relatif à toutes les
dynasties musulmanes et aussi à toutes les nations du monde de
vouloir prendre les terres de leurs voisins, soit pour se préserver
de leur maux ou tout simplement pour avoir plus de revenus dans les
caisses.
De
l’irruption des Tatars dans le Turkestan et la Transoxiane et ce
qu’ils y firent
Cette année, les Tatars apparurent dans les
terres d’Islam. Ils étaient une variété de nombreux Turcs qui
habitaient dans les montagnes de Tamghaj en direction de la Chine et
qui sont séparées des terres islamiques d’une distance de plus de
six mois de voyage.
Leur apparition survint quand leur chef nommé
Shinjiz (Shinjiz) Khan et plus connu sous le nom de Timoujin quitta
ses terres et se rendit dans les régions du Turkestan. Il envoya un
groupe de marchands et de Turcs accompagnés d’une importante
quantité de lingots, de peaux de castors et d’autres choses dans les
villes de Transoxiane, Samarcande et Boukhara pour lui acheter des
textiles pour faire des vêtements. Ils arrivèrent dans une ville
dans les terres des Turcs appelés Outrar, à la frontière du royaume
de Khwarizm Shah, qui avait un gouverneur. Lorsque ce groupe de
Tatars vint le trouver, il envoya un messager à Khwarizm Shah pour
l’informer de leur arrivée et des biens qu’ils avaient avec eux.
Khwarizm Shah lui envoya un messager en retour qui lui ordonna de
les tuer, de saisir leurs biens et de les lui transmettre, ce qu’il
fit et lui envoya ce qu’ils avaient, ce qui était une somme
considérable, et les distribua parmi les marchands de Boukhara et
Samarcande après avoir obtenu le prix qu’il fixa.
Quand Khwarizm Shah conquit la Transoxiane du
Qarakhitay, il ferma les routes du Turkestan et des terres au-delà.
Un autre groupe de Tatars avait déjà vu le jour alors que le pays
appartenait à la tribu de Qarakhitay. Quand Khwarizm Shah conquit
les terres en Transoxiane du Qarakhitay et les tua, ces Tatars
prirent le contrôle du Turkestan, Kashgar, Balasaghoun et ailleurs,
ou ils entreprirent de faire la guerre aux troupes de Khwarizm Shah.
C’est pour cette raison qu’il retint les marchandises, les textiles
et autres choses qui en provenaient.
Cependant, il y a un autre rapport sur la
raison de leur irruption dans les terres d’Islam qui ne doit pas
être mentionné entre les couvertures de livres.
Ce qui arriva est arrivé, quelque chose que je
ne mentionnerai pas.
Pense le meilleur et ne pose pas de questions
sur les faits.
Lorsque le gouverneur de Khwarizm Shah tua les
partisans de Shinjiz Khan (Gengis Khan), il envoya des espions chez
ce dernier pour voir quelle sorte d’homme il était, combien de Turcs
il avait avec lui et quelles étaient ses intentions. Les espions
partirent, traversèrent le désert et les montagnes pour aller le
trouver et ne revinrent qu’après un long moment pour lui dire que
leur nombre était si grand qu’il était impossible de les dénombrer,
qu’ils étaient les plus fermes des créatures d’Allah dans la
bataille, qu’ils ne connaissaient pas la fuite et qu’ils
fabriquaient les armes dont ils avaient besoin de leurs propres
mains.
Khwarizm Shah regretta alors d’avoir tué leurs
hommes et prit leurs biens puis devint de plus en plus préoccupé si
bien qu’il convoqua Shihab ad-Din al-Khiwaqi, qui était un juriste,
un homme de science tenu en haute estime et dont les conseils
n’étaient jamais contredits. Il se présenta devant le sultan qui dit
: « Une affaire grave s’est produite. Il est indispensable de
réfléchir et d’avoir ton conseil sur ce que nous devrions faire. Le
fait est qu’un innombrable ennemi a pris des mesures contre nous de
la région des Turcs ». Shihab ad-Din répondit : « Vos armées sont
nombreuses. Nous devrions écrire aux provinces et rassembler les
troupes. Soit lancer un appel général aux armes car il est du devoir
de tous les Musulmans de t’aider avec de l’argent et leurs personnes
ou alors de nous laisser aller avec toutes les troupes sur les rives
du Syr-Daria (un grand fleuve qui sépare les terres des Turcs des
terres d’Islam). Nous serons là et quand l’ennemi arrivera, après
avoir parcouru une longue distance, nous les rencontrerons reposé
tandis que lui et ses troupes seront fatigués et épuisés. »
Khwarizm
Shah rassembla ses émirs et ses conseillers à la cour pour les
consulter. Ils ne furent pas d’accord avec son plan et dirent : « Le
meilleur plan est de leur permettre de franchir le Syr-Daria et de
laisser voyager à travers les montagnes et les cols étroits que nous
connaissons mais qu’ils ignorent. Ensuite, nous les écraserons et
les détruiront et aucun d’entre-deux n’échappera.
Tandis qu’ils étaient ainsi occupés, un
émissaire de ce maudit Shinjiz Khan arriva accompagné de plusieurs
autres et menaça Khwarizm Shah en lui disant : « Tu as tué mes
hommes, mes marchands et prit mes biens. Prépare toi donc à la
guerre car j’arrive contre toi avec une armée innombrable.
Entre temps Shinjiz Khan était allé au
Turkestan et prit Kashgar, Balassaghoun et toutes les terres après
avoir éliminé les Tatars locaux inconnus et effacé leur trace comme
s’ils n’avaient jamais existé après qu’ils aient été massacré comme
les Qarakhitay avant d’envoyer le messager sus cité à Khwarizm Shah
qui, quand il l’entendit, ordonna l’exécution de son envoyé qui fut
dûment exécuté et l’ordre de raser les barbes des gens qui étaient
avec lui. Puis, ils furent ensuite renvoyés à leur maître, Shinjiz
Khan pour l’informer de ce qui était arrivé à son envoyé et lui dire
: « Khwarizm Shah te dit : « J’arrive à ta rencontre quand bien même
tu aurais été aux confins de la terre pour de punir de la même façon
que j’ai traité tes suivants. »
Khwarizm Shah se prépara et se mit en marche
après le départ des envoyés pour parvenir avant l’arrivée des
nouvelles de sa venue et pour les prendre par surprise. Il força la
marche et couvrit la distance de quatre mois de voyage. Lorsqu’il
arriva dans leur camp,
il ne vit que des femmes, des enfants et des bagages sur qui il
tomba, prit comme butin et asservi les femmes et leur progéniture.
Les mécréants étaient absents parce qu’ils
étaient allés faire la guerre à un prince des Turcs nommé Koushloug
Khan. Après l’avoir combattu, vaincu et saisit tous ses biens comme
butin, ils revinrent pour être informé sur leur route de retour des
nouvelles de ce que Khwarizm Shah avait fait à ceux qu’ils avaient
laissés derrière. Ils se pressèrent à toute vitesse et arrivèrent
avant que ce dernier ait quitté leurs tentes. Ils formèrent leurs
lignes de bataille et se livrèrent une bataille sans précédent qui
dura trois jours et nuits ou le nombre des morts des deux côtés fut
au-delà de tout compte. Personne ne s’enfuit. Les Musulmans tiennent
bon par ferveur pour la religion et parce qu’ils savaient que s’ils
s’enfuyaient, ils ne pourraient pas survivre et qu’ils seraient pris
parce qu’ils étaient loin de leurs terres. Les mécréants en revanche
résistèrent pour sauver leurs familles et leurs biens. La situation
devint critique. Certains descendirent même de leurs chevaux et
combattirent leurs adversaires à pied et échangèrent des coups de
poignards. Le sang se répandit tellement sur le sol que les chevaux
commencèrent à glisser et les deux côtés épuisèrent leurs endurances
et leurs forces. Cet engagement eut lieu avec le fils de Shinjiz
Khan, son père n’était pas présent dans la bataille puisqu’il
l’ignorait. Les Musulmans tués lors de cette bataille furent
dénombrés à environ vingt mille mais les mécréants tombés ne furent
pas comptés.
Lorsque la quatrième nuit tomba, ils se
séparèrent et campèrent l’un en face de l’autre. Quand l’obscurité
tomba, les mécréants allumèrent leurs feux de camp qu’ils laissèrent
bruler et quittèrent le champ de bataille tandis que les Musulmans
firent de même du fait que le combat avait épuisé chaque côté.
Les mécréants retournèrent chez leur chef
Shinjiz Khan et les Musulmans se retirèrent à Boukhara où Khwarizm
Shah se prépara pour un siège parce qu’il réalisa sa faiblesse,
incapable qu’il avait été de remporter une victoire sur une partie
de l’armée de Shinjiz Khan. Comment aurait-il été s’ils étaient
venus avec tous leurs chefs ? Il ordonna aux habitants de Boukhara
et de Samarcande de se préparer pour un siège et de collecter toutes
les provisions nécessaires pour se préparer à résister. Il plaça à
Boukhara 20.000 cavaliers de son armée pour la défendre et 50.000 à
Samarcande et leur dit : « Tenez la ville pour me permettre de
revenir au Khwarezm et au Khorasan et pour rassembler des troupes,
appeler les Musulmans à l’aide et revenir vers vous. Quand il eut
fini, il se mit en route pour le Khorasan, traversa l’Oxus, s’arrêta
dans les environs de Balkh et établit son camp.
Quant aux mécréants, lorsqu’ils eurent achevés
leurs préparatifs, ils partirent pour la Transoxiane et arrivèrent à
Boukhara, cinq mois après l’arrivée de Khwarizm Shah. Ils
investirent la ville qu’ils assaillirent pendant trois jours avec
d’intenses combats continus. L’armée du Khwarezm qui n’était pas
assez forte pour y faire face, abandonna la ville et retourna au
Khorasan. Lorsque les citoyens se réveillèrent et constatèrent la
disparition de l’armée, leur moral s’effondra. Ils envoyèrent alors
le Qadi Badr ad-Din Qadi Khan pour demander des conditions pour les
habitants que les Tatars accordèrent.
Un détachement de l’armée qui avait pas pu
s’enfuir avec leurs camarades et était resté en arrière, se
fortifièrent dans la citadelle. Lorsque Shinjiz Khan accepta les
conditions, les portes de la ville furent ouvertes le mardi 4 du
mois de Dzoul Hijjah de l’année 616 de l’Hégire (1220). Les
mécréants entrèrent à Boukhara et ne firent de mal à personne.
Cependant, ils dirent aux gens : « Ramenez-nous tout ce que vous
avez qui appartient au sultan, les trésors et d’autres choses et
aidez-nous à combattre ceux dans la citadelle. Ils feignirent la
justice et la bonne conduite à leur égard puis, Shinjiz Khan entra
alors en personne dans la ville et encercla la citadelle en
proclamant que personne ne devait rester en arrière sous peine
d’être tous tué. Tous les habitants se présentèrent et furent
invités à combler les douves qu’ils remplirent de bois, de terre et
d’autres choses. Les mécréants prirent même le Minbar et les
étagères des Qur’an qu’ils jetèrent dans le fossé. En vérité, nous
appartenons à Allah et à Lui nous retournons. En vérité, un des Noms
Allah Exalté Dieu est Le Patient sans quoi la terre les aurait
engloutis pour avoir fait une telle chose.
Ils maintinrent leurs assauts sur la citadelle
où se trouvaient environ quatre cents guerriers musulmans qui firent
de leur mieux et défendirent la citadelle pendant douze jours,
luttant tant contre l’armée des mécréants que les habitants de la
ville. Certains d’entre eux furent tués mais ils poursuivirent leur
résistance jusqu’à ce que les Tatars, après un assaut, atteignent
les murs de la citadelle que les sapeurs minèrent. Le combat devint
alors intense. Les Musulmans dans celle-ci tirèrent tout ce qu’ils
purent trouver, des pierres, des substances incendiaires et des
flèches. Le maudits se mit en colère et retira ses hommes pour ce
jour-là mais, il reprit l’assaut tôt le lendemain et lutta de toutes
ses forces. Les défenseurs de la citadelle se fatiguèrent et
s’épuisèrent, surmontées par des forces écrasantes. Les mécréants
les vainquirent alors et entrèrent dans la citadelle où les
défenseurs combattirent et furent tués jusqu’au dernier homme.
Lorsqu’il eut pris la citadelle, Shinjiz Khan
ordonna de lui fournir la liste des notables et des chefs de la
ville et quand elle lui fut remis, il les fit tous demander et leur
dit : « Je veux que vous me rameniez les lingots que Khwarizm Shah
vous a vendu et que vous avez car ils sont à moi et ont été pris à
mes hommes. »
Tout ce qui était en leur possession fut amené
devant lui et il leur demanda de quitter la ville qu’ils quittèrent,
dépossédés de leurs biens excepté les vêtements qu’ils portaient.
Les mécréants entrèrent alors dans la ville qu’ils pillèrent après
avoir tué tous ceux qu’ils y trouvèrent. Ceux des Musulmans qui ne
le furent pas, il ordonna à ses hommes de se les partager entre eux,
ce qui fut fait.
Ce fut un jour terrible vu la quantité de
pleurs des hommes, des femmes et des enfants qui furent dispersés
aux quatre vents et complètement séparés. Ils divisèrent aussi les
femmes entre elles. Boukhara devint vide de toute vie, effondrée sur
ses fondations, comme si nul n’y avait jamais existé. Ils commirent
des actes horribles avec les femmes alors que les gens regardaient
et pleuraient, incapables de se défendre de tout ce qui leur
arrivait. Certains refusèrent cela et choisirent plutôt la mort et
combattirent jusqu’à ce qu’ils soient tués. Parmi ceux-là, ceux qui
choisirent de se faire tuer plutôt que de voir ce qui arrivait aux
Musulmans fut le juriste et Imam, Roukn ad-Din Imamzade et son fils
qui, lorsqu’ils virent ce qui était fait aux femmes, ils se
battirent jusqu’à ce qu’ils furent tués. Le Qadi Sadr ad-Din Khan
agit de la même façon. Ceux qui abandonnèrent, leur volonté
anéantie, furent pris prisonniers puis les mécréants mirent le feu à
la ville, aux Madrassah et aux mosquées. Ils torturèrent aussi les
habitants de diverses façons pour qu’ils avouent ou ils avaient
cachés leur argent.
Alors les Tatars partirent en direction de
Samarcande après avoir constaté que Khwarizm Shah n’avait toujours
pas quitté sa position entre Tirmid et Balkh, impuissant contre eux.
Ils emportèrent avec eux les survivants de la population de Boukhara
prisonniers qu’ils trainèrent de la plus misérable façon. Tous ceux
qui s’épuisaient et étaient incapable de marcher furent tués.
Lorsqu’ils approchèrent de Samarcande, ils envoyèrent la cavalerie
en avant suivie par les prisonniers et les bagages derrière eux qui
arrivèrent lentement pour terrifier encore plus le cœur des
Musulmans. Quand les gens de la ville virent leur dense masse, ils
furent horrifiés.
Le lendemain, l’infanterie, les bagages et les
prisonniers arrivèrent. Les Tatars avaient donné à chaque groupe de
dix d’entre eux (les prisonniers) une bannière afin que les
habitants de la ville pensent qui faisaient partie des troupes. La
ville où se trouvaient les 50.000 soldats de l’armée de Khwarezm et
aussi bien que les gens ordinaires devinrent soucieux face à cette
innombrable multitude qui les encerclèrent totalement. Certains
habitants courageux, des hommes à la volonté inébranlable sortirent
à pied sans qu’un seul soldat ne les accompagne à cause de la peur
de ces maudits qui avait transi leurs cœurs. Les hommes à pied
engagèrent l’ennemi hors de la ville et les Tatars se retirèrent
devant les citoyens qui confiants les poursuivirent. Les mécréants
avaient placé une embuscade pour eux et quand ils dépassèrent
celle-ci, ils sortirent de leur cachette et les coupèrent de la
ville. Ceux qui avaient initialement engagés le combat tentèrent de
se retirer et les bénévoles locaux qui se trouvaient dans leur
centre, furent abattus de chaque côté par les épées et pas l’un
d’entre eux ne survécut. Ils furent massacrés en martyrs (qu’Allah
leur fasse miséricorde) jusqu’au dernier homme et selon les
rapports, ils étaient 70.000.
Lorsque les troupes restantes et les habitants
virent cela, leur moral s’effondra et ils furent certains qu’ils
étaient condamnés. Les soldats, des Turcs, dirent : « Nous sommes de
leur race. Ils ne vont pas nous tuer », alors ils demandèrent des
conditions qui leurs furent accordées. Les portes de la ville furent
ensuite ouvertes et les habitants furent incapables de les arrêter
puis, ils se rendirent chez les mécréants avec leurs familles et
leurs biens. Ces derniers leur dirent : « Remettez-nous vos armes,
vos biens et vos montures car nous allons vous envoyer dans un
endroit où vous serez en sécurité. » Ils obéirent et après avoir
pris leurs armes et leurs biens, les mécréants se jetèrent sur eux,
les passèrent par l’épée, les tuèrent jusqu’au dernier homme et
saisirent leurs biens, montures et femmes.
(Nous remarquons que les mécréants, peu importe
leur pays ou leur race, ont tous en commun les mêmes
caractéristiques, la cruauté, le non-respect de la parole, des
serments, des pactes et des traités.)
Le quatrième jour, il y eut une proclamation
dans la ville que toute la population devait partir et que quiconque
resterait en arrière serait tué. Tous les hommes, les femmes et les
enfants sortirent et les habitants de Samarcande furent traités
comme les habitants de Boukhara. Ils furent dépouillés de leurs
biens, tués, asservis et outragés puis, les Tatars entrèrent dans la
ville et pillèrent ce qu’elle contenait. Ils mirent le feu à la
mosquée mais laissèrent le reste de la ville telle qu’elle était.
Ils violèrent les jeunes filles et torturèrent les personnes avec
des variétés de torture à la recherche d’argent. Ceux qui étaient
inaptes à être réduits en esclavage furent tués et ces évènements
eurent lieu au mois de Mouharram de l’année 617 de l’Hégire (1220).
Khwarizm Shah était encore dans son camp.
Chaque fois qu’un corps de troupes venait le rejoindre, il
l’envoyait à Samarcande et ne pouvant y parvenir, ils ne revenaient
pas. Nous cherchons refuge en Allah d’être ainsi abandonné par Lui.
Lors d’une occasion, il envoya 10 000 cavaliers qui retournèrent
abattus sans avoir engagé une seule bataille puis 20 000 autres mais
ils revinrent également de la même façon.