De la prise de
Jaffa par al-‘Adil, la prise de Beyrouth et le siège de Tibnin par
les croisés et leur retrait
Au mois de Shawwal de l’année 593 de l’Hégire
(1196), al-‘Adil Abou Bakr Ibn Ayyoub conquit Jaffa, sur la côte
syrienne, qui était aux mains des croisés et cela arriva comme suit.
Les croisés étaient maintenant commandés par le
comte Henri, comme nous l’avons mentionné précédemment, la paix
avait été convenu entre les croisés et les Musulmans à l’époque de
Salah ad-Din (qu’Allah lui fasse miséricorde). Quand Salah ad-Din
mourut et ses fils lui succédèrent, comme nous l’avons rapporté,
al-‘Aziz renouvela le traité avec le comte Henri, le souverain des
croisés, et la période de la trêve fut prolongée et resta en vigueur
jusqu’à maintenant.
A Beyrouth, il y avait un émir nommé Oussama,
qui était le détenteur du fief et qui avait l’habitude d’envoyer des
galères pour harceler le trafic maritime des croisés. Plus d’une
fois, les croisés se plaignirent de cela à al-‘Adil à Damas et à
al-‘Aziz en Egypte mais ils ne firent pas cesser Oussama. Les
croisés se plaignirent alors à leur maître outre-mer de ce que les
Musulmans faisaient et dirent : « Si vous ne nous aidez pas, les
Musulmans prendront nos terres », de sorte que les croisés leur
fournirent de nombreuses troupes dont la plupart étaient les soldats
du roi des Allemands, commandé par un prêtre appelé le Chancelier.
Quand al-‘Adil fut informé de leur arrivée, il
envoya un messager à al-‘Aziz en Egypte pour demander l’envoi de
troupes ainsi qu’à al-Jazirah et Mossoul. Les renforts arrivèrent et
se rassemblèrent près de la Source de Goliath (‘Ayn Jalout) ou ils
restèrent le mois de Ramadan et une partie de Shawwal avant de
marcher sur Jaffa. Ils prirent la ville mais les défenseurs de la
citadelle résistèrent. Les Musulmans détruisirent la ville puis
investirent la citadelle qu’ils prirent par la force des armes ce
jour-là, un vendredi et le contenu prit comme butin et captifs.
Les croisés quittèrent alors Acre pour Césarée
pour éviter que Jaffa ne tombe entre les mains des Musulmans mais
pendant qu’ils s’y trouvaient, ils furent informés de la chute de la
ville et ils se retirèrent. La raison de leur retard fut due au fait
que leur chef, le comte Henri, était tombé mort d’un endroit élevé
d’Acre ce qui avait entrainé de la confusion dans leurs affaires et
les avaient retardés.
Les Musulmans retournèrent à ‘Ayn Jalout quand
ils furent informés que les croisés s’apprêtaient à attaquer
Beyrouth. Al-‘Adil et l’armée se déplacèrent alors vers Marj
al-‘Ouyoun au mois de Dzoul Qi’dah et un détachement de l’armée
partit à Beyrouth avec l’intention de la détruire. Ils rasèrent les
murs de la ville le 7 du mois de Dzoul Hijjah et commencèrent la
destruction des maisons mais Oussama les arrêta et s’engagea à tenir
la ville.
Les croisés marchèrent d’Acre à Sidon. Les
troupes musulmanes quittèrent Beyrouth et rencontrèrent les croisés
dans la région de Sidon où eut lieu un accrochage au cours duquel
plusieurs hommes furent tués des deux côtés avant que la nuit ne les
sépare.
Le 9 du mois de Dzoul Hijjah, les croisés
partirent pour Beyrouth et quand ils approchèrent, Oussama et tous
les Musulmans qui étaient là s’enfuirent et les croisés prirent la
ville sans le moindre effort ni combat. Ce fut une proie facile.
Al-‘Adil envoya des hommes à Sidon qui détruisirent ce qui restait
de la ville puisque Salah ad-Din en avait déjà détruit une grande
partie. Les forces musulmanes se rendirent ensuite à Tyr où ils
coupèrent les arbres, détruisirent les villages et les tours qui
restaient. Apprenant cela, les croisés quittèrent Beyrouth et
emménagèrent à Tyr où ils restèrent.
Les Musulmans campèrent au fort de Hanin et
al-‘Adil donna la permission aux armées de l’Est de rentrer chez eux
pensant que les croisés resteraient sur leur propre territoire. Il
souhaita également libérer les forces égyptiennes mais au milieu du
mois de Mouharram des nouvelles lui parvinrent que les croisés
avaient investi la forteresse de Tibnin. Il y envoya donc une force
pour protéger et défendre la ville quand les croisés quittèrent Tyr
et descendirent sur Tibnin le 1er Safar de l’année 594 de l’Hégire
(1197) ou ils engagèrent les défenseurs dans des combats acharnés et
minèrent la ville de tous les côtés.
Ayant appris cela, al-‘Adil envoya un messager
à al-‘Aziz en Egypte, lui demandant de venir en personne et disant :
« Si tu ne viens pas, il sera impossible de tenir cette frontière »
si bien qu’al-‘Aziz partit aussitôt en marche forcée
avec les troupes qui lui restaient.
Lorsque les défenseurs de Tibnin virent que le
minage avait détruit la colline du château qui ne restait qu’à être
envahi par la force des armes, certains d’entre eux descendirent
chez les croisés pour demander des garanties pour leurs vies et
leurs biens en échange du fort. Ils s’adressèrent au prêtre le
Chancelier, l’un des hommes du roi allemand. Certains des croisés de
la côte syrienne dirent à ces Musulmans : « Si vous abandonnez le
château, cet homme va vous saisir et vous tuer. Défendez-vous. Ils
revinrent donc comme s’ils étaient retournés pour consulter ceux du
château sur la reddition et quand ils entrèrent dans le fort, ils
résistèrent et combattirent comme des hommes luttent pour leurs vies
et tinrent jusqu’à l’arrivée d’al-‘Aziz à Ascalon au mois de Rabi’
Awwal. Lorsque les croisés entendirent parler de son arrivée et du
rassemblement des Musulmans, qu’ils (les croisés) n’avaient pas de
roi pour les unir et que leurs affaires étaient dans les mains d’une
femme, la reine, ils convinrent d’envoyer un messager au roi de
Chypre nommé Amaury. Ils convoquèrent le frère du roi, qui avait été
capturé à Hattin, comme nous l’avons raconté, et arrangèrent son
mariage avec la reine, la veuve du comte Henri. Il était un homme
sage qui aimait la paix et la bonne vie et après avoir pris le
pouvoir, il ne reprit ni le siège et ni les attaques sur le château.
L’arrivée d’al-‘Aziz tomba le 1 du mois de
Rabi’ Thani et il se dirigea avec ses forces vers la montagne
d’Hébron, plus connue sous le nom du
mont ‘Amila ou il campa pendant plusieurs jours sous une
pluie incessante, jusqu’au 13 Rabi’ Thani avant de lever le camp et
de s’approcher des croisés. Il envoya ses archers en avant qui les
couvrirent de flèches pendant un certain moment puis se retira. Il
aligna alors ses troupes et leur demanda d’attaquer les croisés et
de les engager avec acharnement tandis qu’il partit vers Tyr pendant
la nuit du 15 Rabi’ Thani puis de là à Acre. Les Musulmans allèrent
à Lajoun ou ils campèrent.
Des lettres de paix furent échangées et les
tractations traînèrent si bien qu’al-‘Aziz retourna en Égypte avant
que la situation ne soit résolue.
La raison de son départ est due au fait que
plusieurs émirs, à savoir Maymoun al-Qasri, Oussama, Sira Sounqour,
al-Hajjaf, Ibn al-Mashtoub, Fakhr ad-Din Jarkas l’administrateur de
son état et d’autres avaient décidé de le tuer sur les ordres
d’al-‘Adil.
Lorsque al-‘Aziz en fut informé, il partit mais
al-‘Adil resta. Des envoyés allaient et venaient entre lui et les
croisés pour conclure la paix et les conditions furent convenues que
Beyrouth resteraient entre les mains des croisés si bien que la paix
fut conclue eu mois de Sha’ban de l’année 594 de l’Hégire (1197).
Après la conclusion de la paix, al-‘Adil
retourna à Damas puis de là se rendit à Mardin dans al-Jazirah. Nous
rapporterons ce qui arriva par la suite si Allah Tout Puissant le
veut.
De la
conquête de Dvin par le roi des Géorgiens
En l’an 599 de l’Hégire (1202), les Géorgiens
prirent possession de la ville de Dvin en Azerbaïdjan qu’ils
pillèrent avant d’autoriser (aux soldats) son ravage et tuèrent la
plupart des habitants.
Le pays et toutes les terres d’Azerbaïdjan
étaient tenues par l’émir Abou Bakr Ibn Fahlawan qui passaient ses
nuits et ses jours à s’enivrer sans jamais récupérer ni être sobre
sans jamais se préoccuper des affaires de son royaume, de ses sujets
et de son armée. Il avait rejeté tout cela de son esprit et suivit
le chemin de celui qui n’a ni affiliation et ni obligations. La
population locale l’appela souvent à l’aide et l’informa des
incursions des Géorgiens ainsi que leurs raids successifs. Mais
c’est comme s’ils appelaient un rocher sourd.
Lorsque, au cours de cette année, les Géorgiens
assiégèrent la ville de Dvin, de nombreux citoyens vinrent demander
de l’aide mais il n’en donna aucune. Plusieurs de ses émirs le
mirent en garde contre le résultat de sa négligence, de sa faiblesse
et de sa persistance dans son état mais il ne les écouta pas.
Après être resté ainsi pendant une longue
période, les habitants devinrent faibles et incapables et les
Géorgiens les passèrent violemment par l’épée et firent ce que nous
venons de mentionner.
Lorsque leur position fut bien établit, les
Géorgiens traitèrent bien le reste des habitants. Nous espérons
vraiment qu’Allah Tout Puissant examinera les Musulmans et leur
assurera quelqu’un pour garder et protéger leurs frontières et leurs
terres car ils sont ouverts à la spoliation et en particulier dans
cette région. Nous sommes à Allah et à Lui nous retournons. Ce que
nous avons entendu à propos de massacre, d’esclavage et de
soumission que les Géorgiens imposèrent au peuple de Dvin est
suffisant pour faire hérisser la peau d’une personne (musulmane bien
sûr).
Comment Constantinople fut prise aux
Byzantins
Au mois de Sha’ban de l’année 600 de l’Hégire
(1203), les croisés prirent Constantinople aux Byzantins et la
destituèrent à la souveraineté de Byzance et cela arriva comme suit.
L’empereur avait épousé la sœur du roi des
Français, l’un des plus grands rois des croisés, qui
donna naissance à un enfant mâle de lui. Un de ses frères lui
usurpa le pouvoir, l’arrêta et lui prit la ville puis il l’aveugla
et le mit en prison mais son fils s’enfuit et alla chez son oncle
maternel à qui il demanda de l’aide contre le frère de son père.
Cela eut lieu alors que de nombreux croisés s’étaient rassemblés
pour partir en Syrie et reprendre Jérusalem aux Musulmans. Ils
prirent le fils de l’empereur avec eux et se dirigèrent vers
Constantinople avec l’intention de réparer les relations entre lui
et son oncle paternel tandis que lui-même n’avait aucune ambition à
ce propos.
Quand ils
arrivèrent, son oncle sortit avec les armées de Byzance pour
les combattre et ils s’affrontèrent dans la bataille au mois de
Rajab de l’année 599 de l’Hégire puis les Grecs furent vaincus et
lorsqu’ils retournèrent dans la ville, les croisés firent de même
tandis que l’empereur usurpateur s’enfuit vers les limites de son
territoire.
Il a aussi été dit que l’empereur n’engagea pas
les croisés hors de la ville mais qu’il avait été assiégé de
l’intérieur.
A Constantinople, il y avait des Grecs qui
étaient en faveur de l’enfant et qui mirent donc le feu à la ville.
La population fut alors distraite et ouvrit une des portes de la
ville par laquelle les croisés entrèrent. L’empereur s’enfuit et les
croisés intronisèrent ce garçon avec le rang impérial mais il
n’avait aucune autorité. Ils sortirent son père de prison bien que
les croisés étaient les seuls à exercer le pouvoir dans la ville
puis ils pressèrent lourdement les habitants et leur demandèrent des
sommes d’argent qu’ils furent incapable de produire. Ils saisirent
alors les richesses des églises, l’or et l’argent et tous ce
qu’elles contenaient y compris ce qui était sur les croix, les
images du Messie (paix sur lui) et de ses disciples ainsi que toutes
les riches reliures des copies de leur livre sacré !
Les Grecs furent outragés par leur comportement
odieux et supportèrent de grandes angoisses de ces faits. Ils
cherchèrent alors l’empereur-enfant, le tuèrent, expulsèrent les
croisés de la ville et verrouillèrent les portes au mois de Joumadah
Awwal de l’année 600 de l’Hégire (1204).
Les croisés restèrent à l’extérieur de la ville
où ils assiégèrent continuellement les Grecs et les engagèrent nuit
et jour. Les Grecs devinrent très faibles et envoyèrent un messager
au sultan Roukn ad-Din Souleyman Ibn Kilij Arsalan, seigneur de
Konya et d’autres terres, pour lui demander son aide, mais il ne
trouva aucun moyen d’y répondre.
Un
grand nombre de croisés, approximativement 30 000 d’entre eux
résidaient dans la ville et en raison de la grande taille de la
ville, leur présence n’était pas visible. Ils conspirèrent donc avec
les croisés hors de la ville et déclenchèrent un incendie pour la
seconde fois si bien qu’un quart de la ville fut la proie des
flammes alors, ils ouvrirent les portes pour permettre à leurs
camarades d’entrer et pendant trois jours, ils passèrent par l’épée
les Grecs, les massacrèrent et les pillèrent. Pratiquement tous les
Grecs furent retrouvés soit morts ou laissés pauvres sans aucune
possession. Un certain nombre de grands byzantins entrèrent dans la
grande église connue sous le nom de Sophie (Sainte-Sophie). Les
croisés l’encerclèrent alors et plusieurs prêtres, des évêques et
des moines en sortirent portant leurs Evangiles et la croix comme un
moyen de faire appel à la foi des croisés pour les épargner mais ils
ne portèrent aucune attention, les massacrèrent et saccagèrent
l’église.
Il y avait trois princes dans la ville : le
doge de Venise qui était le maître des navires y compris ceux de
guerre qui avaient navigué à Constantinople et qui était un vieil
homme aveugle, dont le cheval était guidé quand il montait, le
second appelé le marquis était un commandant français et le
troisième, le comte de Flandre qui avait le plus grand nombre de
suivants. Quand ils prirent possession de Constantinople, ils
tirèrent au sort pour choisir un souverain et le sort tomba sur le
comte de Flandre. Ils tirèrent au sort une seconde et une troisième
fois mais il gagna à chaque fois et ils le choisirent alors pour
roi. Allah Exalté donne la royauté à qui Il veut et la retire à qui
Il veut.
Quand il remporta, il fut nommé gouverneur de
la ville et des terres voisines. Le doge de Venise recevrait les
grandes îles comme la Crète, Rhodes et les autres, tandis que le
marquis de France recevrait les terres à l’est du détroit (du
Bosphore) comme Nicée et Laodicée. Cependant aucun d’entre eux
n’acquit quoi que ce soit excepté la personne qui reçut
Constantinople car aucun des Grecs ne survécut dans le reste du
territoire du fait que ces terres avaient déjà leurs souverains. Les
territoires à l’est du détroit qui étaient au voisinage du
territoire de Roukn ad-Din Souleyman Ibn Kilij Arsalan, dont Nicée
et Laodicée, étaient sous le contrôle d’un grand patricien byzantin
nommé Laskaris et le sont encore à ce jour.
De
l’incursion des croisés en territoire islamique de Syrie et la paix
avec eux
Cette année, de nombreux croisés arrivèrent en
Syrie par voie maritime et cela était devenu aisé pour eux depuis
leur conquête de Constantinople. Ils s’ancrèrent à Acre dans
l’espoir d’attaquer Jérusalem (qu’Allah la protège) et la prendre
des Musulmans.
Après s’être reposer à Acre, ils marchèrent sur
le territoire islamique dans la région du Jourdain qu’ils pillèrent
après avoir tués un grand nombre de Musulmans et prit des captives.
Al-‘Adil qui était à Damas envoya des messagers
pour rassembler ses troupes de Syrie et d’Egypte puis sortit de la
ville et se dirigea vers Tour à proximité d’Acre pour empêcher les
croisés d’envahir le territoire musulman.
Les croisés, qu’Allah les maudisse, campèrent
dans la plaine d’Acre et attaquèrent Kafr Kanna ou ils saisirent
tous les habitants et leurs biens. Les émirs pressèrent al-‘Adil
d’envahir et de ravager leurs terres mais il s’en abstint et resta
sans bouger jusqu’à la fin de l’année et que l’année 601 de l’Hégire
(1205) entra. Al-’Adil fit alors la paix avec les croisés pour Damas
et ses dépendances et pour ce qu’il tenait en Syrie. Il leur céda
tous les revenus partagés de Sidon, Ramlah et autres lieux, leur
donna Nazareth et ailleurs puis repartit vers l’Egypte.
Les croisés attaquèrent alors Hama dont le
souverain était Nassir ad-Din Muhammad Ibn Taqi ad-Din ‘Omar Ibn
Shahinshah Ibn Ayyoub qui les rencontra et les engagea. Il menait
une petite force et fut donc battu et les croisés le poursuivirent
vers la ville. Les habitants sortirent alors pour les affronter et
tuèrent plusieurs d’entre eux avant de se retirer.
Cette année, une flotte croisée attaqua
l’Egypte et saccagea la ville de Fouwah. Ils restèrent cinq jours
durant lesquels ils prirent des captives et pillèrent tandis que les
forces égyptiennes les confrontèrent sur le Nil mais ils n’eurent
cependant aucun moyen de les atteindre parce qu’ils n’avaient pas de
navires.
De même, il y eut cette année, un grand
tremblement de terre qui toucha la plupart de l’Egypte, la Syrie,
al-Jazirah, l’Anatolie, la Sicile, Chypre et qui se propagea jusqu’à
Mossoul, l’Irak et ailleurs. Il détruisit les murs de la ville de
Tyr et laissa sa marque sur une bonne partie de la Syrie.
Des émeutes
à Baghdad
Le 17 du mois de Ramadan de l’année 601 de
l’Hégire (1204), il y eut des troubles entre les habitants de Bab
al-Azaj et ceux d’al-Ma'mouniyah parce que les gens de Bab al-Azaj
avaient tué un lion et voulait parader avec mais les gens
d’al-Ma'mouniyah les empêchèrent. Des émeutes éclatèrent entre eux
et de nombreuses personnes furent blessées et plusieurs autres
tuées. Le responsable, Sahib al-Bab sortit pour calmer l’émeute mais
son cheval fut blessé et il se retira.
Le lendemain, les habitants d’al-Ma'mouniyah
marchèrent contre ceux de Bab al-Azaj et de graves émeutes
s’ensuivirent entre eux et ils luttèrent utilisant des épées et des
arcs et des flèches. La situation s’aggrava et les maisons voisines
furent pillées. Roukn ad-Din Ibn ‘Abdel-Qadir et Youssouf al-‘Ouqab
firent de leur mieux pour calmer les gens. Les Turcs furent
mobilisés et maintinrent une garde de nuit au-dessous du Belvédère.
Les émeutiers furent alors empêchés de se rassembler et se
calmèrent.
Le 20 de ce même mois, des émeutes similaires
et pour les mêmes raisons eurent lieu entre les habitants de
Qoutouftah et d’al-Qaryah sur la rive ouest qui en vinrent aux mains
et un certain nombre d’entre eux furent tués. Une force leur fut
envoyée du Diwan pour calmer la situation et arrêter les émeutes qui
s’arrêtèrent en temps voulu.
Le 9 du mois de Ramadan, il y eut des émeutes
entre les gens du marché du Sultan et d’al-Ja’fariyah. Des hommes
furent envoyés du Diwan pour rétablir et calmer l’affaire puis après
de nombreuses émeutes, un émir aîné, un des Mamalik du calife, fut
nommé pour régler cette affaire et une grande armée lui fut confiée.
Il patrouilla alors la ville saisit plusieurs suspects qu’il fit
exécuter et le calme régna de nouveau.
D’une
incursion géorgienne en territoire islamique
Au cours de cette année, les Géorgiens
envahirent le territoire islamique à travers la province
d’Azerbaïdjan ou ils causèrent beaucoup de peine, destruction,
pillage, et réduisirent en esclavage un grand nombre de personnes.
Ils attaquèrent la région de Khilat en Arménie et pénétrèrent
profondément dans les terres aussi loin que Malazgirt. Pas un seul
Musulman ne sortit pour s’opposer à eux. Ils reconnurent les terres,
pillèrent, prirent des prisonniers et des captives et chaque fois
qu’ils avançaient, les forces musulmanes se retiraient jusqu’à leur
retrait en Géorgie.
Puisse Allah Tout Puissant considérer l’Islam
et son peuple et leur donner quelqu’un pour protéger leurs terres et
leurs frontières et faire la guerre à leurs ennemis.
Quand les Géorgiens envahirent Khilat cette
année, ils arrivèrent à Arjish et ses régions qu’ils pillèrent,
prirent des captives et ruinèrent le pays. Puis ils se rendirent
dans le fort des Figues (Hisn at-Tin), un quartier de Khilat proche
d’Erzurum. Le seigneur de Khilat rassembla son armée et se dirigea
vers le fils de Kilij Arsalan, le seigneur d’Erzurum, pour lui
demander son aide contre les Géorgiens. Il envoya toute son armée
avec lui et ils partirent à la rencontre des Géorgiens qu’ils
affrontèrent lors d’une bataille ou les Géorgiens furent défaits.
Zakari as-Saghir (le Petit), un de leurs plus grands commandants fut
tué. Il était le commandant de cette armée géorgienne et leur chef
dans la bataille. Les Musulmans pillèrent tous leurs biens, des
armes, des montures et autres après avoir tué un grand nombre
d’entre eux et prit même des prisonniers avant de retourner dans
leurs terres.
Du conflit
entre l’émir de La Mecque et l’émir de Médine
Cette année, il y eut aussi un conflit entre
l’émir de La Mecque Qatada al-Hassan et l’émir de Médine Salim Ibn
Qassim al-Houssayn. Chacun d’eux avait une large suite et ils se
livrèrent un féroce combat près de Dzoul Houlayah près de Médine
après que Qatada eut attaqué Médine, l’assiégea et la conquit.
Salim le rencontra après qu’il eut visité la
chambre du Prophète (Saluts et Bénédiction d’Allah sur lui), prié et
fait ses prières. Il lui fit alors face et Qatada fut défait. Salim
le poursuivit à La Mecque et l’assiégea mais Qatada acheta les émirs
de Salim et les subordonna. Ils s’inclinèrent vers lui et lui
prêtèrent serment. Quand Salim vit cela il partit et
retourna à Médine et la position de Qatada se renforca.
Cette année, une femme à Baghdad donna
naissance à un enfant avec deux têtes, quatre jambes et deux bras.
Il décéda le même jour.
De même, il eut un incendie qui se déclara dans
une réserve d’armement appartenant au calife qui détruisit
pratiquement tout et l’incendie dura deux jours. L’histoire de ce
feu se propagea à travers les terres et les différents souverains
fournirent une grande quantité d’armes à Baghdad.
À Herat, la neige tomba pendant une semaine
entière et lorsqu’elle s’arrêta, elle fut suivie par une crue
soudaine de la montagne qui traversa la Porte du Palais, détruisit
une grande partie de la ville et jeta à bas une grande partie de la
citadelle. De fortes pluies s’ensuivirent qui ruinèrent les fruits
si bien qu’il y en eut très peu cette année.
Au cours de cette année, deux aveugles
attaquèrent un autre aveugle à Baghdad et le tuèrent dans une
mosquée pour lui voler quelque chose pour constater qu’il n’avait
rien à prendre. Lorsque le matin arriva, ils s’enfuirent de peur
avec l’intention d’aller à Mossoul. L’homme fut découvert mort et
nul ne sut qui l’avait tué. C’est par prédestination qu’un des
hommes du préfet sortit donc du Haram (palais) suite à un différend
qui avait eu lieu. Il vit les deux hommes aveugles et dit à ceux qui
l’accompagnaient en plaisantant : « Ce sont eux qui ont tué
l’aveugle ». Alors l’un des aveugles répondit : « Par Allah, c’est
lui qui l’a tué (en voulant dire son compagnon) » et l’autre dit : «
Non, c’est toi qui l’a tué ». Ils furent donc tous les deux emmenés
au responsable de la Porte (Sahib al-Bab ou le chef de la police) et
ils avouèrent. L’un d’entre eux fut tué et l’autre fut crucifié à
l’entrée de la mosquée où ils avaient tué l’homme.
Récit d’un
désordre civil à Herat
Au mois de Mouharram de l’année 602 de l’Hégire
(1205), les habitants se soulevèrent à Herat et un trouble majeur se
produisit entre les habitants de deux marchés, celui des forgerons
et celui des chaudronniers. Plusieurs personnes furent tuées, les
propriétés furent saccagées et les maisons détruites. L’émir de la
ville sortit pour les empêcher mais la foule le frappa avec une
pierre qui lui donna de graves douleurs. Les agitateurs se
rassemblèrent contre lui et il fut emmené dans le palais de Firouzi
où il garda un profil bas pendant quelques jours jusqu’à ce que les
troubles se soient calmés puis il réapparut.
Du raid du
fils de Léon sur les districts d’Alep
Durant cette année, le fils de Léon, le
seigneur des Passes, entreprit une série de raids sur la région
d’Alep qu’il pilla, incendia et prit des prisonniers et des
esclaves.
Le souverain d’Alep, az-Zahir Ghazi, le fils de
Salah ad-Din, rassembla ses troupes et demanda de l’aide aux autres
princes. Il rassembla de nombreux cavaliers et fantassins, quitta
Alep et partit à la rencontre du fils de Léon qui avait campé sur
les frontières de ses terres à côté du territoire d’Alep. Cependant
ses propres terres étaient inaccessibles à cause du manque de routes
sauf celles qui passent à travers les montagnes par des cols ardus
et difficiles. Personne ne pouvait y entrer et en particulier depuis
la direction d’Alep car la route à partir de là était totalement
impossible.
Az-Zahir campa à une trentaine de kilomètres
d’Alep et stationna une partie de son armée comme une avant-garde
avec un émir aîné, l’un des Mamalik de son père nommé Maymoun
al-Qasri, nommé d’après le palais (Qasr) des califes ‘oubaydi du
Caire, auprès de qui son père avait été en service. Az-Zahir envoya
des provisions et des armes dans une des forteresses appelée Darbsak
proche des terres de son voisin le fils de Leon. Il donna également
les ordres à Maymoun d’envoyer un détachement de troupes qu’il avait
avec lui vers les routes ou ces provisions étaient acheminées pour
Darbsak, ce qu’il fit en envoyant un grand corps de sa force tandis
qu’il resta seulement avec quelques soldats.
Lorsque le fils de Léon fut informé, il se hâta
vers lui alors que sa force était réduite. Une bataille acharnée
s’ensuivit et Maymoun envoya un messager pour informer az-Zahir mais
ce dernier était loin. La bataille dura longtemps et Maymoun se
défendit lui-même ainsi que ses bagages malgré le petit nombre de
Musulmans et le grand nombre d’Arméniens. Les Musulmans cédèrent et
subirent des pertes. Certains d’entre eux furent tués et d’autres
prit mais ils infligèrent aussi de nombreuses pertes aux Arméniens.
Les Arméniens saisirent et pillèrent la
caravane de bagages des Musulmans et partirent avec elle. Cependant,
les Musulmans qui avait protégés l’acheminement des réserves à
Darbsak revinrent et tombèrent sur eux avant qu’ils ne réalisent ce
qui leur arrivait et les passèrent par le sabre. Le combat devint
très féroce et les Musulmans cédèrent de nouveau. Les Arméniens
retournèrent alors sur leurs terres avec leur butin derrière la
protection de leurs montagnes et de leurs forteresses.
Comment les
Géorgiens pillèrent l’Arménie
Cette année, les Géorgiens, après avoir
rassemblés leurs armées au complet, envahirent la région de Khilat
en Arménie qu’ils pillèrent, tuèrent, réduisirent en esclavage de
nombreux habitants et parcoururent tout le pays sans être inquiétés.
Personne ne sortit de Khilat pour les arrêter, ils furent laissés
libres de poursuivre leur pillage et saisir des captives alors que
le pays était dépourvu de tout défenseur depuis que son souverain
était un garçon et que le régent n’était pas suffisamment obéit par
les soldats.
Lorsque la souffrance du peuple augmenta encore
plus, ils protestèrent et s’encouragèrent mutuellement à agir. Les
troupes musulmanes de cette région se réunirent toutes et furent
rejoints par de nombreux bénévoles avant de partir terrifiés à la
rencontre des Géorgiens. Un certain soufi pieux vit dans un rêve le
défunt Sheikh Muhammad al-Bousti, un des justes, et le soufi lui dit
: « Est-ce toi que je vois ici ? » « Je suis venu », répondit-il, «
pour aider les musulmans contre leur ennemi. » Il se réveilla, fou
de joie de la position d‘al-Bousti pour l’Islam et vint trouver le
chef de l’armée et lui raconta son rêve. Ravit, le commandant fut
déterminé à attaquer les Géorgiens, marcha sur eux avec les troupes
et prit position.
Les Géorgiens furent informés de leur arrivée
et se préparèrent à surprendre les Musulmans. Ils se déplacèrent de
leur position dans la vallée vers les hauteurs où ils s’arrêtèrent
pour être en mesure de surprendre les Musulmans à la tombée de la
nuit. Les Musulmans informés de leur mouvement se déplacèrent vers
les Géorgiens et tinrent l’entrée de la vallée et sa partie
inférieure contre eux. C’était une vallée qui n’avait que ces deux
routes. Quand les Géorgiens virent cela, ils furent convaincus
qu’ils étaient perdus et leur volonté se brisa. Les Musulmans, plein
de confiance, les engagèrent de près et tuèrent un grand nombre
d’entre eux et prirent aussi beaucoup de prisonniers. Seuls
quelques-uns Géorgiens s’échappèrent et Allah Exalté sauva les
Musulmans de leur mal après avoir été sur le point d’être détruits.
Cette année, un agneau fut apporté
d’Ouzbékistan avec un visage d’être humain et un corps d’agneau, ce
fut vraiment une merveille.
Compte
rendu de la capture de Kars par les Géorgiens et la mort de la reine
géorgienne
En l’an 603 de l’Hégire (1206), les Géorgiens
capturèrent la forteresse de Kars, l’une des dépendances de Khilat,
qu’ils avaient assiégé pendant un long moment, pressé dur sur les
habitants et recueillit les revenus de cette région pendant
plusieurs années.
Nul de ceux qui avaient régné sur Khilat ne
fournirent de défenseurs, d’aide ou firent un quelconque effort pour
se soulager d’eux. Son gouverneur envoya un flux de messagers
demandé de l’aide pour chasser les Géorgiens assiégeants mais ses
demandes restèrent sans réponse.
Lorsque cette situation dura longtemps et qu’il
ne vit aucune aide venir, il soumit des conditions aux Géorgiens
pour la reddition de la forteresse en échange d’une grosse somme
d’argent et d’un fief qu’il recevrait d’eux. Ainsi, il devint une
maison de polythéisme après avoir été une maison d’unicité. En
vérité, nous sommes à Allah et à Lui nous revenons. Nous prions
Allah Exalté d’accorder Son aide à l’Islam et ses adeptes car les
princes de notre époque sont occupés par leurs plaisirs, leurs
passe-temps, leurs tyrannies jusqu’à l’abandon de la garde des
frontières et de l’entretien des terres.
En fin de compte, Allah Tout Puissant vit
combien peu étaient ceux qui aidaient l’Islam et Il se montra
Lui-même Son ami (de l’Islam) en provoquant la mort de la reine des
Géorgiens qui les fit tomber dans des conflits internes. Allah
Exalté se chargea d’eux jusqu’à la fin de l’année.
Cette année, à Baghdad, un jeune homme tua un
autre jeune homme. Ils avaient été des amis proches et tous deux
étaient âgés d’environ vingt ans. L’un dit à l’autre en plaisantant
: « Maintenant, je vais te frapper avec ce poignard. » Il se
précipita vers lui avec le poignard mais il lui perça le ventre et
il mourut. Le coupable s’enfuit mais il fut rattrapé et ordonné
qu’il soit tué. Quand ils furent sur le point de le mettre à mort,
il demanda un plumier et un peu de papier et écrivit ce qui suit :
« Je m’approche du Généreux sans bonnes œuvres
mais avec un cœur pur.
C’est une mauvaise idée de préparer des
provisions lorsque ton voyage est vers Le Généreux. »
Des raids
croisés en Syrie
En l’an 604 de l’Hégire (1207), les croisés,
qu’Allah les maudisse, se réunirent en grand nombre à Tripoli et
Hisn al-Akrad et réalisèrent de nombreux raids sur Homs et ses
territoires. Ils descendirent sur la ville de Homs et leur nombre
était si vaste que son maître, Assad ad-Din Shirkouh Ibn Muhammad
Ibn Shirkouh, n’était pas assez puissant pour résister et les
repousser. Il demanda des renforts à az-Zahir Ghazi, le seigneur
d’Alep, et d’autres princes syriens mais seul az-Zahir lui en
fournit et lui envoya des troupes qui restèrent avec lui et
défendirent son territoire des croisés.
Plus tard, al-‘Adil quitta l’Egypte avec de
nombreuses forces et attaqua la ville d’Acre. Le souverain croisé
conclut une trêve avec lui en échange de la libération des
prisonniers musulmans et d’autres conditions. Puis, il marcha sur
Homs et établit son camp près du lac Qadas ou il fut rejoint par les
troupes de l’Est et d’al-Jazirah avant d’envahir les terres de
Tripoli. Il fit le blocus sur une place nommée al-Qoulay’ah dont il
permit à son maître d’aller libre mais à condition qu’il parte sans
rien emporter. Puis il saisit la place et tout ce qu’elle contenait
en armes et provisions avant de la raser et d’avancer sur Tripoli,
où il pilla, incendia et prit des captives et du butin avant de
revenir. La durée de son séjour sur les terres occupées par les
croisés fut de douze jours avant qu’il ne revienne au Lac Qadas.
Il y eut un échange d’envoyés entre lui et les
croisés pour discuter de la paix mais aucun terme ne fut conclu.
L’hiver arriva et les armées de l’Est demandèrent à rentrer chez eux
avant les grands froids. Un détachement de troupes resta à Homs avec
son seigneur et al-‘Adil retourna à Damas où il passa l’hiver. Les
troupes d’al-Jazirah retournèrent aussi dans leurs propres villes.
L’expédition d’al-‘Adil d’Egypte avec les
troupes arriva comme suit.
Les habitants croisés de Chypre prirent
plusieurs navires de la flotte égyptienne et fait leurs équipages
prisonniers. Al-‘Adil envoya un messager au souverain d’Acre pour
demander de restaurer de ce qui avait été pris, disant : « Nous
sommes en trêve. Pourquoi as-tu agi perfidement envers mes hommes ?
» Son excuse fut de dire qu’il n’avait pas de pouvoir sur la
population de Chypre qui dépendait des croisés de Constantinople.
Plus tard, les Chypriotes se rendirent à Constantinople en raison de
la crise de famine qui les touchaient mais ils furent incapables de
se procurer des vivres. Le souverain de Chypre vint alors trouver
celui d’Acre et al-‘Adil répéta sa mission diplomatique, mais rien
ne fut réglé. Alors, il sortit avec ses troupes et traita Acre comme
nous l’avons mentionné. Son souverain décida ensuite de remettre ce
qui a été demandé et libéra les captives.
Cette année, à la veille du mercredi, 5 jours
avant la fin du mois de Rajab, il y eut un tremblement de terre à
l’aube. À l’époque, j’étais à Mossoul où il ne fut pas très grave.
Des nouvelles arrivèrent de nombreuses régions qu’il y avait eu un
tremblement de terre mais il ne fut pas puissant.
Cette année, le calife an-Nassir Li-Dinillah
renonça à toutes les taxe de vente et les taxes non canoniques qui
étaient prises des commerçants sur tous les articles vendus, soit
une grande somme. La raison fut que la fille de ‘Izz ad-Din Najah,
le majordome du calife, décéda. Une vache fut achetée pour elle,
pour être abattue et que sa viande soit donnée en aumône en son nom.
Lorsque le coût fut calculé avec la taxe pour la vache, il fut
considérable. Le calife prit alors conscience de cette situation et
ordonna l’annulation de toutes ces taxes.
Au cours du mois de Ramadan, le calife ordonna
la construction de maisons dans les quartiers à Baghdad pour que les
pauvres puissent y rompre le jeûne et elles furent appelées «
maisons d’accueil » où des agneaux furent cuit ainsi que du bon
pain. Il fit ainsi sur les deux rives de Baghdad et dans chaque
maison, il nomma des hommes, dont la probité ne pouvait être mise en
doute, de donner à chacun une Qadah plein de ragoût de viande et un
Mann de pain. Chaque soir, une multitude trop nombreuse pour être
comptée rompit leur jeûne avec sa nourriture.
Cette année, le Tigre augmenta considérablement
et l’eau entra dans le fossé de Baghdad de la direction de Bab
al-Kalwadah et l’on craignait que la ville soit inondée. Le calife
était préoccupé à bloquer les fossés (pour empêcher l’eau d’y
entrer). Le vice-vizir Fakhr ad-Din et ‘Izz ad-Din chevauchèrent à
hors de la ville pour un lieu élevé qu’ils ne quittèrent pas jusqu’à
ce que le fossé fut endigué.
De la prise
d’Arjish par les Géorgiens puis leur retrait
Au cours de l’année 605 de l’Hégire (1208), les
Géorgiens avec toutes leurs armées déferlèrent jusqu’à la province
de Khilat et attaquèrent la ville d’Arjish qu’ils prirent par la
force des armes après l’avoir assiégée. Ils pillèrent tout l’argent,
les biens et autres choses qu’elle contenait, emmenèrent des
prisonniers et réduire la population en esclavage avant de mettre le
feu à la ville qui fut détruite de fond en comble et pas un seul de
ses citoyens ne survécut. La ville s’effondra sur ses bases comme si
jamais aucun habitant n’y avait vécu précédemment.
Le seigneur d’Arménie, Najm ad-Din Ayyoub,
était dans la ville de Khilat avec un grand nombre de troupes mais
il ne fit aucun mouvement contre les Géorgiens pour plusieurs
raisons. Parmi elles, le fait qu’ils étaient très nombreux et qu’il
avait peur des gens de Khilat en raison des morts et des dommages
qu’il leur avait déjà infligés en personne. Il craignit que s’il
quittait la ville, il serait incapable d’y revenir. Après qu’il
faillit à sortir et engager les Géorgiens, ces derniers retournèrent
sains et saufs dans leurs propres terres, à l’abri de tout danger.
Tout cela et bien que ce fut pénible pour
l’Islam et les Musulmans, fut insignifiant comparé avec les
événements que nous allons mentionner entre les périodes de l’année
614 à 617 de l’Hégire (1217-1221).
Cette année, le Tigre en Irak devint très
faible avec pour résultat que ne niveau de l’eau à Baghdad descendit
à environ deux mètres de profondeur. Le calife ordonna le dragage du
Tigre et rassembla une grande foule de personnes qui à chaque fois
qu’ils creusaient quelque chose, le limon retournait et le
recouvrait. En amont de Baghdad, des personnes pataugèrent dans le
Tigre. Ce fut tout à fait sans précédent.
Du pillage
de la caravane des pèlerins à Mina
En l’an 608 de l’Hégire (1211), la caravane des
pèlerins fut pillée à Mina du fait que les ismaéliens (batini)
attaquèrent quelqu’un de la famille de l’émir Qatada, le gouverneur
de La Mecque, et le tuèrent à Mina pensant qu’il était Qatada. Quand
Qatada entendit cela, il rassembla les Chérifiens, les Bédouins, les
troupes d’esclaves, les habitants de La Mecque et marcha contre les
pèlerins. Ils descendirent sur eux depuis les montagnes et les
attaquèrent avec des pierres, des flèches et d’autres projectiles.
L’émir du pèlerinage, le fils de l’émir Yaqout dont nous avons
précédemment parlé était un jeune homme qui ne sut pas comment
réagir, terrifié et perdu qu’il était. Le dirigeant de La Mecque fut
alors en mesure de piller les pèlerins. Ceux qui étaient aux
extrémités furent dépouillés mais les pèlerins restèrent comme ils
étaient jusqu’à la nuit.
La caravane tomba ensuite dans la confusion et
les pèlerins passèrent la nuit dans un état misérable, morts de peur
et terrifiés par le pillage. Quelqu’un suggéra à l’émir du
pèlerinage de déplacer la caravane dans le camp de la caravane
syrienne. Il ordonna donc le déplacement et chargèrent leurs bagages
sur les chameaux et alors que les gens étaient occupés, la cupidité
s’éveilla de nouveau chez les ennemis qui pillèrent à volonté. Les
chameaux et leurs charges furent saisis. Ceux qui s’échappèrent
rejoignirent les pèlerins Syriens et restèrent avec eux. Puis, ils
rejoignirent az-Zahir mais ils furent d’abord empêchés d’entrer dans
La Mecque. Plus tard, ils furent autorisés à le faire, entrèrent,
terminèrent leur pèlerinage et rentrèrent chez eux.
Par la suite, Qatada envoya son fils et
plusieurs de ses hommes à Baghdad. Ils entrèrent dans la ville avec
des sabres dégainés, des linceuls, embrassèrent le sol et
s’excusèrent pour ce qui s’était passé avec les pèlerins.
Cette année, les hashashiyine dont le chef
était Jalal ad-Din Ibn as-Sabbah annoncèrent qu’ils s’étaient
écartés de leurs délits et de leur permission des choses interdites.
Jalal ad-Din ordonna la mise en place des prières publiques et des
ordonnances de l’Islam dans ses terres, le Khorasan et la Syrie. Il
envoya des émissaires chez les princes, le calife de l’Islam et
d’autres pour les informer de cette situation et envoya sa mère
accomplir le pèlerinage. Elle fut reçue avec beaucoup d’honneur à
Baghdad et même sur la route de La Mecque.
Compte de
l’arrivée des croisés en Syrie, leur voyage en Egypte, leur conquête
de la ville de Damiette et de son retour aux Musulmans
Cette crise depuis son début jusqu’à sa fin
dura quatre ans moins un mois. Nous l’avons mentionné ici parce que
ce fut l’année où ils firent leur apparition et nous avons fait un
récit ininterrompu de façon à ce que les diverses parties puissent
se succéder.
En l’an 614 de l’Hégire (1217), des renforts de
croisés, qu’Allah les maudisse, arrivèrent par mer de Rome et
d’autres endroits de leurs terres, à l’est et à l’ouest. Celui qui
les organisa fut le pape de Rome, parce qu’il jouissait d’un statut
élevé aux regards des croisés qui considéraient que ni ses ordres et
si ses décrets ne pouvaient être désobéi pour le meilleur ou pour le
pire. Il équipa en personne les armées commandées par plusieurs
chefs croisés et ordonna à d’autres princes soit d’aller en personne
ou d’envoyer une armée. Ils firent ce qu’il ordonna et se
rassemblèrent à Acre sur la côte syrienne.
Al-‘Adil Abou Bakr Ibn Ayyoub était en Égypte.
Il partit pour la Syrie puis à Ramlah et de là à Lydda. Les croisés
quittèrent Acre pour l’attaquer et al-‘Adil partit à leur rencontre.
Il arriva à Naplouse, avec l’intention de se rendre aux frontières
de ses terres près d’Acre avant eux pour les défendre contre eux.
Cependant, les croisés sortirent et arrivèrent avant lui. Al-‘Adil
fit son camp à Bayssan dans la vallée du Jourdain. Les croisés
avancèrent pendant le mois de Sha’ban avec l’intention de l’engager
dans la bataille car ils savaient qu’il avait peu de troupes avec
lui et qu’il avait dispersés les autres à travers ses terres.
Lorsque al-‘Adil vit qu’ils étaient près, il
pensa qu’il ne serait pas en mesure de les affronter avec le
détachement qu’il avait craignant la défaite et il était prudent et
très circonspect. Il quitta donc Bayssan pour aller vers Damas et
attendre à proximité ayant envoyé des messagers pour quérir ses
troupes. Puis, il se rendit à Marj as-Souffar ou il campa.
Quand les gens de Bayssan et des régions
avoisinantes virent qu’al-‘Adil étaient avec eux, ils devinrent
confiants et ne quittèrent donc pas leurs terres, pensant que les
croisés ne viendraient pas contre eux. Quand ces derniers
avancèrent, al-‘Adil partit, prenant les habitants par surprise et
seuls quelques-uns d’entre eux purent se mettre en sécurité.
Les croisés prirent toutes les réserves qui
avaient été collectés dans Bayssan et elles étaient importantes. Ils
saisirent une bonne partie du butin et pillèrent la région de
Bayssan à Naplouse. Ils envoyèrent des raids dans les villages aussi
loin que Khisfin, Nawah et les zones frontalières. Ils descendirent
à Banyas ou ils restèrent trois jours avant de se retirer vers Acre
courbés sous leur butin, leurs captives et des prisonniers de guerre
au-delà de tout nombre sans compter tous ceux qu’ils tuèrent, ce
qu’ils incendièrent et détruisirent. Ils restèrent plusieurs jours
dans la ville où ils se reposèrent.
Puis ils revinrent à Tyr avec Beaufort comme
objectif. Ils établirent leur camp à environ douze kilomètres de
Banyas et pillèrent la région, Sidon et Beaufort, avant de revenir à
Acre. Tout cela eut lieu entre le milieu du mois de Ramadan et la
fête. Tout survivant de ces terres devait être agile et subtil pour
être en mesure de s’échapper.
J’ai entendu dire que, lorsque al-‘Adil alla à
Marj as-Souffar, il vit sur la route un homme portant une charge qui
marchait pendant un moment et ensuite s’asseyait pour se reposer.
Al-’Adil se tourna vers lui et dit : « O vieil homme, ne te presse
pas. Prends soin de toi. » L’homme le reconnut et répondit : « O
sultan des Musulmans, ne te presse pas toi-même ! Mais quand nous
t’avons vu partir pour tes terres et nous avoir laissé à l’ennemi,
pourquoi ne devrions-nous pas être pressé ! »
En fin de compte, ce que fit al-’Adil fut
prudent et ce qu’il y avait de mieux à faire afin de ne pas risquer
une rencontre alors que ses troupes étaient dispersées.
Lorsqu’al-‘Adil campa à Marj as-Souffar, il envoya son fils
al-Mou’azzam ‘Issa, le seigneur de Damas, avec un large détachement
de l’armée à Naplouse pour protéger Jérusalem des croisés.