De l’envoi de troupes de rechange dans Acre et
les raisons qui amenèrent sa chute
Avec
le début de l’hiver et la levée des vents, les croisés craignirent
pour leurs navires qui n’étaient pas dans le port et les renvoyèrent
vers les lieux qu’ils tenaient, Tyr et les îles. Ainsi la voie
d’Acre fut ouverte aux navires musulmans et les défenseurs d’Acre
commandés par l’émir Houssam ad-Din Abou al-Hayja’ as-Samin le
commandant des troupes, se plaignirent à Salah ad-Din de
mécontentement, d’épuisement et de lassitude. Salah ad-Din ordonna
que des troupes de rechange soient organisés et dépêchés à Acre pour
permettre à la garnison de sortir. Il ordonna à son frère al-‘Adil
de s’en occuper personnellement et ce dernier se rendit sur les
rivages de la mer, campa au pied d’Hayfa et rassembla des transports
et des galères puis à chaque fois qu’un groupe de soldats arrivait,
il l’envoyait à Acre et faisait sortir ceux qu’ils remplaçaient.
Vingt émirs entrèrent dans la ville alors qu’ils avaient été
soixante et ceux qui entrèrent étaient bien moindre que ceux qui
sortirent.
Les
lieutenants de Salah ad-Din négligèrent le rassemblement et l’envoi
d’hommes et certains Chrétiens locaux étaient responsables de sa
trésorerie. Chaque fois qu’un groupe qui avait été recruté venait
chez eux, ils les harcelèrent d’une multitude de manière comme
établir leurs identités et d’autres demandes de sorte que, pour ces
raisons un grand nombre se dispersa. Ajouté à cela étaient
l’attitude dilatoire de Salah ad-Din, sa confiance dans ses
lieutenants et le fait qu’ils étaient négligents.
L’hiver et cette opération arrivèrent à leurs fins puis les navires
des croisés revinrent à Acre et la communication avec la ville fut
interrompue sauf un nageur qui apportait parfois une lettre.
Parmi
les émirs qui entrèrent Acre se trouvaient Sayf ad-Din ‘Ali Ibn
Ahmad al-Mashtoub, ‘Izz ad-Din Arsoul, le commandant de l’Assadiyah
après Jawouli, le fils de Jawouli et d’autres. Ils entrèrent à Acre
au début de l’année 587 de l’Hégire (1191).
Certaines personnes avaient déjà conseillé à Salah ad-Din d’envoyer
des fonds abondants, des réserves et beaucoup de nourriture à la
garnison d’Acre et leur ordonner de rester (la précédente garnison)
car ils étaient expérimentés et leurs esprits avaient accepté la
situation dans laquelle ils étaient mais il ne fit pas ainsi croyant
qu’ils étaient mécontents et las et que cela les mènerait à mal
régir et échouer. Cependant la situation était tout le contraire.
De l’arrivée des croisés de l’ouest à Acre
En
l’an 587 de l’Hégire (1191), des renforts en navires arrivèrent aux
croisés assiégeant Acre.
Le
premier à arriver fut le roi Philippe de la France, le plus noble de
leurs rois en lignage bien que son royaume n’était pas grand. Il
arriva le 12 du mois de Rabi’ Awwal mais sans le grand nombre que
les croisés avaient espéré. Il avait avec lui seulement six grands
navires impressionnants néanmoins, cela suffit à relever leur moral
pour qu’ils se lèvent et persistent dans leurs attaques contre les
Musulmans de la ville.
Salah
ad-Din était à Shafar’am et chaque jour, il montait pour retenir les
croisés dans la bataille et les prévenir par son action d’assaillir
la ville. Il envoya un messager à l’émir Oussama, le gouverneur de
Beyrouth, pour lui ordonner d’équiper de combattants les galères et
les navires qu’il avait et les envoyer en mer pour empêcher les
croisés de débarquer à Acre.
Il
obéit et envoya les galères en mer où elles rencontrèrent cinq
navires pleins d’hommes, les suivants du roi de l’Angleterre que ce
dernier avait envoyé en éclaireur avant lui. Il s’était lui-même
attardé à Chypre pour effectuer sa conquête. Les galères musulmanes
naviguèrent contre les navires des croisés et remportèrent une
victoire puis les capturèrent et saisirent les provisions, les
étoffes, l’argent et tout ce qu’ils avaient en plus de faire
prisonniers tous les occupants. Salah ad-Din écrivit aussi à ses
députés voisins, en leur ordonnant de prendre des mesures
semblables, ce qu’ils firent.
Les
croisés à Acre persévérèrent dans leurs attaques et érigèrent sept
trébuchets le 4 Joumadah Awwal. En les voyants, Salah ad-Din quitta
Shafar’am et campa près de l’ennemi pour éviter la fatigue de
l’armée qui faisait chaque jour le trajet dans les deux sens. Il
devint en étroit contact avec les croisés et à chaque fois qu’ils
montaient à l’attaque, il montait et les retenait de l’autre côté de
leurs fortifications pour les distraire par ses attaques et soulager
et les défenseurs de la ville contre leurs les opérations.
Le roi
de l’Angleterre arriva le 13 du mois de Joumadah Awwal. Sur sa
route, il prit le contrôle de l’île de Chypre des Byzantins. Quand
il arriva dans l’île, il se comporta traîtreusement envers son
souverain et saisit toute leurs biens et cet augmentation de son
dominion ajouta de la force aux croisés. Quand il eut réglé les
affaires de l’île, il partit rejoindre les croisés à Acre ou il
arriva dans vingt-cinq grands navires, chargés d’hommes et de
matériel renforçant ainsi amplement la menace croisée. Les dommages
qu’ils infligèrent aux Musulmans augmentèrent considérablement. Le
roi était l’homme de son époque, brave, rusé, tenace et endurant et
par lui Musulmans subirent un désastre incomparable.
Quand
les nouvelles de son arrivée parvinrent à Salah ad-Din, il ordonna
d’équiper un grand navire plein d’hommes, d’équipements et de
provisions ce qui fut exécuté et envoyé de Beyrouth transportant 700
combattants. Le roi de l’Angleterre le rencontra fortuitement et
l’engagea. Les Musulmans à bord résistèrent fermement et quand ils
désespérèrent de s’enfuir, le capitaine Ya’qoub al-Halabi, le
commandant des Jandariyah, connut sous le nom du Mawlah d’Ibn
Shaqtin, descendit dans la soute et fit un grand trou dans la coque
pour empêcher les croisés de saisir le navire et son contenu qui fut
perdu et coula.
La
ville d’Acre était alors en grand besoin d’hommes à cause de la
diminution que nous avons mentionné. Les croisés construisirent
alors des tours de siège et attaquèrent mais les Musulmans brûlèrent
certaines d’entre elles et saisirent les autres. Ensuite ils firent
des béliers et attaquèrent avec eux aussi mais les Musulmans firent
une sortie et luttèrent contre les croisés à l’extérieur de la ville
et saisirent ces béliers. Quand les croisés virent que tout ceci ne
conduisait à rien, ils érigèrent un grand monticule allongé de terre
et entreprirent de le rapprocher de la ville pour combattre derrière
lui pour qu’ils ne puissent pas être blessés par les défenseurs de
la ville. Le monticule était finalement de la moitié de la hauteur
des murs de la ville et les croisés s’abritèrent derrière et
luttèrent depuis. Les Musulmans restèrent impuissants n’ayant nulle
réponse à opposer après avoir essayé les habituelles substances
incendiaires.
À ce
point le désastre pesa lourdement sur les défenseurs musulmans
d’Acre qui envoyèrent un messager à Salah ad-Din pour l’informer de
la situation mais il ne put rien faire pour les aider.
De la capture d’Acre par les croisés
Le
vendredi 17 du mois de Joumadah Thani, les croisés, qu’Allah les
maudissent, conquirent la ville d’Acre.
Le
premier signe de faiblesse consista en ce que l’émir Sayf ad-Din
‘Ali Ibn Ahmad al-Hakkari, plus connu sous le nom d’al-Mashtoub, qui
était là avec plusieurs émirs dont il était le plus distingué et
l’aîné, sortit trouver le roi de France et lui offrit d’abandonner
la ville et son contenu à condition qu’il laisse les Musulmans libre
de rejoindre leur sultan. Le roi refusa et ‘Ali Ibn Ahmad revint
dans la ville. Les défenseurs s’affaiblirent, leur volonté se
désintégra et devinrent démoralisés et craintifs.
Deux
émirs qui se trouvaient dans Acre, quand ils virent comment
al-Mashtoub avait été traité et que les croisés ne leur avait pas
accordé de conditions, partirent discrètement sous le couvert de
l’obscurité dans une petite galère, quittèrent secrètement leurs
camarades et rejoignirent l’armée. Ils étaient ‘Izz ad-Din Arsoul
al-Assadi et le fils de ‘Izz ad-Din Jawouli et d’autres aussi
étaient avec eux. Le matin suivant où cela fut découvert, les gens
devinrent encore plus abattus et plus faibles que jamais et furent
convaincus qu’ils étaient désormais condamnés.
Les
croisés envoyèrent un messager à Salah ad-Din pour discuter la
capitulation de la ville. Il accepta et proposa de libérer autant de
prisonniers croisés qu’il y avait d’hommes dans la ville pour que
les croisés puissent permettre alors à la garnison d’Acre de sortir
et qu’en plus il leur livrerait leur croix sainte. Cependant, ils ne
furent pas satisfaits de cette offre.
Salah
ad-Din envoya alors l’ordre aux défenseurs musulmans d’abandonner la
ville et son contenu puis de sortir comme un seul homme, de suivre
la côte et de tomber tous ensemble sur l’ennemi. Il leur promit
qu’il avancerait avec ses troupes vers le secteur où ils
émergeraient et retiendraient l’ennemi là pour former une jonction.
Ils entreprirent cette opération mais chaque homme se préoccupa
d’apporter ce qu’il possédait et ils ne se libérèrent de leurs
affaires personnelles jusqu’à la pointe du jour. Ainsi le plan fut
inutile maintenant clairement révélé.
Le
matin suivant, ils furent incapables de tenir la ville car les
croisés attaquèrent avec toutes leurs forces. Les défenseurs
montèrent sur le mur en agitant leurs drapeaux pour que les
Musulmans puissent les voir, le signe qu’ils faisaient quand ils
étaient en difficulté. En le voyant, les Musulmans éclatèrent en
pleurs et en gémissement et chargèrent les croisés tout le long de
la ligne, en croyant qu’ils pourraient les détourner de leur attaque
sur Acre. Salah ad-Din les encouragea en personne alors qu’il se
trouvait il lui-même dans l’avant garde. Les croisés avaient quitté
leurs tranchées et s’étaient réunis autour de la ville. Les
Musulmans approchèrent leurs tranchées et allaient presque entrer
dans leur camp et passer l’ennemi par le sabre quand un cri s’éleva
et les croisés revinrent rapidement et empêchèrent les Musulmans
d’entrer, ayant laissé toutefois certains de leurs hommes faisant
face à la garnison de la ville pour les retenir.
Quand
al-Mashtoub vit que Salah ad-Din ne pourrait rien faire pour eux, ni
les sauver du mal, il sortit chez les croisés et s’arrangea avec eux
pour abandonner la ville et que les défenseurs puissent partir avec
leur propriété et leurs vies. En échange de cela, il leur offrit 200
000 dinars, cinquante prisonniers notables, le retour de la croix et
14 000 dinars pour le marquis, le seigneur de Tyr. Ils acceptèrent
cela, portèrent serment et donnèrent une période de deux mois pour
fournir l’argent et les prisonniers.
Lorsqu’ils eurent juré, il leur abandonna la ville et ils entrèrent
paisiblement. Cependant, lorsqu’ils en prirent le contrôle, ils
agirent traîtreusement et saisirent les Musulmans et leurs
marchandises. Ils les emprisonnèrent et soutinrent qu’ils le
faisaient pour garantir qu’ils recevraient ce que l’on leur avait
offert. Ils contactèrent
Salah ad-Din pour envoyer l’argent, les prisonniers et la croix pour
qu’ils libèrent ceux qu’ils retenaient. Il commença à recueillir de
l’argent, bien qu’il n’ait pas d’argent puisqu’il avait l’habitude
de dépenser l’argent au fur et à mesure qu’il venait de ses terres.
Lorsqu’il eut réuni 100 000 dinars, il rassembla les émirs pour les
consulter. Ils lui conseillèrent de ne rien envoyer jusqu’à ce
qu’ils aient porté serments de nouveau qu’ils libéreraient ses
hommes et que les Templiers devraient le garantir parce qu’ils
étaient des gens de religion qui tenaient à leur foi. Salah ad-Din
leur écrivit pour cela et les Templiers répondirent : « Nous ne
jurerons ni donnerons aucune garantie, parce que nous craignons la
traîtrise de notre côté. » Leurs princes dirent : « Si vous nous
donnez de l’argent, les prisonniers et la croix, nous pouvons
choisir qui libérer parmi ceux que nous tenons. » À ce moment Salah
ad-Din se rendit compte qu’ils avaient l’intention de trahir et ne
leur envoya rien. Il renvoya l’envoyé en disant : « Nous vous
donnerons cet argent, les prisonniers et la croix et vous donnerons
des otages pour ce qui est éminent et vous pouvez libérer nos
hommes. Les Templiers peuvent garantir les otages et leur jurer de
tenir leur parole. » Ils répondirent : « Nous ne jurerons pas.
Envoyez-nous juste les 100 000 dinars que vous avez recueillis, les
prisonniers et la croix et nous libérerons ceux de vos hommes que
nous voulons et garderons ceux que nous choisirons jusqu’à ce que le
reste de l’argent nous parvienne. » Les gens pensèrent alors qu’ils
avaient vraiment l’intention de les tromper et qu’ils libéreraient
seulement les pages militaires, les pauvres, les Kurdes et les
laissés pour compte et retiendraient les émirs et les riches pour
les rançonner. Le sultan n’accepta pas.
Le
mardi 27 du mois de Rajab, les croisés montèrent et sortirent à
l’extérieur de la ville à cheval et à pied. Les Musulmans
chevauchèrent pour les rencontrer, les chargèrent et les
reconduisirent de leur position. La plupart des Musulmans qu’ils
retenaient furent alors trouvés tous tués. Ils les avaient tous
passés par l’épée et massacrés mais avaient préservé les émirs, les
capitaines et ceux avec l’argent. Tous les autres, la population
générale, les pauvres et ceux sans argent furent tués. Quand Salah
ad-Din vit cela, il annula tous les engagements concernant l’argent
qu’il avait collecté et ramena les prisonniers et la croix à Damas[1].
Du départ des croisés à Ascalon et sa destruction
Quand
les croisés, qu’Allah les maudissent éternellement, eurent complété
le règlement de leurs affaires et prit possession des demeures de
ceux qu’ils venaient de tuer, ils se mirent en mouvement le 28 du
mois de Rajab et se dirigèrent le 1 Sha’ban vers Hayfa longeant la
côte sans diverger le moindre. Quand Salah ad-Din fut informé de
leur départ, il annonça que l’armée devait bouger ce qu’elle fit
aussi.
Ce
jour, l’avant-garde était commandée par le fils de Salah ad-Din,
al-Afdal avec Sayf ad-Din Iyazkoush, ‘Izz ad-Din Jourdik et
plusieurs vaillants émirs. Ils harcelèrent les croisés sur leur
marche et les couvrirent d’une pluie de flèches qui voilèrent
presque le soleil. Ils tombèrent alors sur l’arrière-garde croisé
dont ils tuèrent un certain nombre d’entre eux et en capturèrent
plusieurs d’autres.
Al-Afdal envoya un messager à son père pour demander des renforts et
l’informer. Le sultan ordonna aux troupes principales de le
rejoindre mais ils firent des excuses et prétendirent qu’ils ne
s’étaient pas équipés en conséquence pour la bataille mais juste
pour une simple marche et rien plus. Le demande ne fut donc pas
réalisée tandis que le roi d’Angleterre se retira dans l’arrière
garde croisée qu’il protégea et rassembla. Ils marchèrent jusqu’à ce
qu’ils arrivent à Hayfa, où ils établirent leur camp. Les Musulmans
campèrent à Qaymoun, un village à proximité. Les croisés demandèrent
des renforts d’Acre pour remplacer les tués et les capturés et les
chevaux qui avaient péri.
Alors
ils poursuivirent leur route vers Césarée, harcelés par les
Musulmans qui marchaient dans leur ombre et qui attrapèrent et
tuèrent tous ceux qu’ils purent, parce que Salah ad-Din avait juré
que tous ceux qui tomberaient entre leurs mains devraient être
exécuté pour venger les Musulmans d’Acre qui avaient été massacrés.
Quand ils s’approchèrent de Césarée, les Musulmans tombèrent sur
eux, les engagèrent violemment provoquants de nombreux dégâts parmi
eux. Les croisés campèrent dans la place et les Musulmans passèrent
la nuit à proximité. Après leur arrêt, un groupe de croisés
s’éloigna du corps principal et les Musulmans de l’avant-garde
tombèrent sur eux, en tuèrent certains et en capturèrent d’autres.
Ensuite les croisés marchèrent de Césarée à Arsouf. Les Musulmans
les y avaient précédés parce que la route était trop étroite pour
les harceler. Quand les croisés arrivèrent, les Musulmans firent une
charge formidable et les obligèrent à reculer vers la mer. Certains
entrèrent dans l’eau et beaucoup d’entre eux furent tués. Quand les
croisés virent cela, ils se regroupèrent et la cavalerie comme un
seul homme chargea les Musulmans qui s’enfuirent sans avoir une
seule pensée les uns pour les autres.
Un
grand nombre de cavaliers auxiliaires et des Musulmans du commun
avaient l’habitude de se positionner près de la bataille lors des
affrontements. En ce jour particulier, ils avaient suivi cette
pratique et quand les Musulmans furent déroutés, un grand nombre
d’entre eux furent tués et les fugitifs se réfugièrent dans le
centre avec Salah ad-Din. Si les croisés avaient réalisé que c’était
une réelle déroute, ils auraient poursuivis leur action et la
déroute aurait été complète et Musulmans détruits. Cependant, près
des Musulmans, il y avait un bois dense dans lequel les Musulmans
entrèrent et les croisés pensèrent que c’était une ruse et se
retirèrent donc libérant ainsi la pression qui était sur eux. Du
côté croisé un grand comte, un de leur tyran diabolique fut tué et
du côté Musulman, un Mamelouk de Salah ad-Din, appelé Ayaz al-Kabir,
un homme remarqué pour sa bravoure et son audace, unique dans son
âge. Quand les croisés établirent leur camp, les Musulmans firent de
même tout en gardant les rênes de leurs chevaux dans leurs mains.
Ensuite les croisés marchèrent sur Jaffa où ils s’arrêtèrent et
l’occupèrent du fait qu’aucun Musulman ne s’y trouvait. Après la
défaite des Musulmans à Arsouf, que nous avons mentionné, Salah
ad-Din partit pour Ramlah et rejoignit la caravane de bagages qui
s’y trouvait. Il rassembla les émirs et les consulta sur ce qu’il
devait faire. Ils lui conseillèrent alors de détruire Ascalon et
dirent : « Tu as vu ce qui nous est arrivé récemment. Si les croisés
viennent à Ascalon et que nous leur faisons face pour tenir la ville
contre eux, ils lutteront sans doute contre nous pour forcer notre
retrait et ensuite, ils assiégeront la place. Si c’est le cas, nous
reviendrons à la même position dans laquelle nous étions à Acre et
les choses deviendront difficiles pour nous, parce que l’ennemi est
devenu puissant en prenant Acre, les armes et équipements qu’elle
contenait. Nous avons été affaiblis par ce que nous avons perdu et
nous n’avons pas eu de longue période pour nous rééquiper de
nouveau. »
Salah
ad-Din ne put pas admettre sa démolition et ordonna donc à des
hommes d’y entrer et d’y agir comme une garnison. Cependant,
personne n’accepta de le faire. Ils dirent : « Si tu veux tenir
l’endroit, viens avec nous avec un de tes fils ainé. Autrement aucun
de nous n’entrera de peur que nous subissions ce que les hommes à
d’Acre ont subi. »
Quand
il vit que c’était le cas, il
alla à Ascalon et ordonna sa démolition qui fut exécutée le
19 du mois de Sha’ban et les pierres des bâtiments furent jetés à la
mer. Une innombrable quantité, au-delà de tout compte, d’argent et
de trésors appartenant au sultan et à ses sujets fut perdue. Il rasa
complètement la ville afin que les croisés n’aient aucun désir d’en
faire un objectif. Quand les croisés furent informés de sa
démolition, ils restèrent où ils étaient et ne firent aucun
mouvement dans cette direction.
Lorsque les croisés prirent Acre, le marquis devint craintif de la
traîtrise du roi d’Angleterre à son égard et s’enfuit donc à Tyr,
qu’il tenait pour sienne (je mets tous les noms de ville au féminin
puisque le nom « ville » est sous-entendu). Il était le leader
croisé pour le bon sens et la bravoure et celui qui attisa toutes
ces batailles. Quand Ascalon fut rasée, il envoya une lettre au roi
de l’Angleterre disant : « Un homme comme vous n’est pas fait pour
être un roi et commander des armées. Vous entendez dire que Salah
ad-Din a détruit Ascalon et vous restez où vous êtes ? O fou, quand
vous avez entendu dire qu’il avait commencé à la raser, vous auriez
dû marcher contre lui à toute vitesse, le forcer à partir et le
saisir avec aisance sans une lutte ou un siège. Il l’a seulement
ruinée parce qu’il était incapable de la tenir. Par la vérité du
Messie, si j’avais été avec vous, Ascalon serait aujourd’hui dans
nos mains sans que la plus petite tour ait été détruite. »
Après
la destruction d’Ascalon, Salah ad-Din quitta la place le 2 du mois
de Ramadan et alla à Ramlah, dont il démolit le château comme il fit
pour l’église à Liddah. Pendant son séjour à Ascalon pour la
détruire, les armées étaient avec al-‘Adil Abou Bakr Ibn Ayyoub et
faisaient face au croisés. Après avoir rasé Ramlah, Salah ad-Din
alla à Jérusalem où il passa en revue ses défenses, son armement et
le contenu des réserves. Ayant organisé ses affaires, ses réserves
et tout ce dont la ville avait besoin, il revint dans son camp le 8
Ramadan.
Pendant ces jours, le roi d’Angleterre quitta Jaffa avec un petit
corps de croisés de leur camp et tomba sur certains Musulmans qui
luttèrent violemment contre eux
Le roi de l’Angleterre fut sur le point d’être pris
prisonnier mais un de ses camarades se sacrifia pour lui et le roi
pu s’enfuir mais cet homme fut pris.
Il y
eut aussi une autre bataille entre un groupe de Musulmans et un
groupe de croisés, dans laquelle les Musulmans furent victorieux.
Du mouvement des croisés à Latroun
Quand
Salah ad-Din vit que les croisés n’étaient pas partis mais s’étaient
attardés dans Jaffa qu’ils avaient entrepris de fortifier, il
déplaça sa position à Latroun le 13 Ramadan et y fit son camp. Le
roi d’Angleterre lui envoya un messager pour demander la paix. Une
série d’envoyés vinrent entre al-‘Adil Abou Bakr Ibn Ayyoub, le
frère de Salah ad-Din car il avait été décidé que le roi devrait
marier sa sœur à al-‘Adil, que Jérusalem et les terres côtières que
les Musulmans tenaient devraient être à al-‘Adil et qu’Acre et ce
qui était dans les mains des croisés devrait être pour la sœur du
roi, en plus d’un royaume qu’elle avait déjà en mer qu’elle avait
héritée de son mari et que les Templiers accepteraient ce qui était
convenu.
Al-‘Adil soumit sa proposition à Salah ad-Din qui fut d’accord avec
lui. Quand la nouvelle fut publiquement connue, les prêtres, les
évêques et les moines se rassemblèrent devant la sœur du roi
d’Angleterre et exprimèrent leurs désapprobations et elle refusa
donc de s’y conformer. D’autres raisons furent mentionnées et Allah
est Plus Savant.
Après
cela, al-‘Adil et le roi d’Angleterre avaient l’habitude de se
rencontrer et de parler de paix. Le roi demanda à al-‘Adil de lui
permettre d’entendre un peu de musique musulmane et ce dernier
convoqua une chanteuse qui joua de la harpe. Elle chanta et il l’a
trouva admirable cependant, aucune paix ne fut conclue entre eux car
le roi faisait cela comme un habile stratagème.
Les
croisés révélèrent leur plan de marcher sur Jérusalem. Salah ad-Din
partit pour Ramlah avec une force légère de reconnaissance et laissa
sa caravane de bagages à Latroun. Il s’approcha alors des croisés et
resta vingt jours à les observer cependant, ils ne bougèrent point.
Pendant son séjour, il y eut plusieurs engagements entre les deux
côtés que les Musulmans remportèrent tous. Salah ad-Din revint alors
à Latroun et le 3 du mois de Dzoul Qi’dah, les croisés quittèrent
Jaffa pour Ramlah avec l’intention d’attaquer Jérusalem. Les deux
côtés s’approchèrent l’un de l’autre. La situation était critique et
une prudence extrême fut exercée et l’appel aux armes fut lancé à
chaque heure dans les deux armées qui connurent de grandes
difficultés mais l’hiver s’approcha et la boue et les pluies
gardèrent les deux armées éloignées l’une de l’autre.
Du mouvement de Salah ad-Din à Jérusalem
En
voyant l’arrivée de l’hiver avec les pluies continues et
ininterrompues, la détresse et les difficultés causées à ses hommes
à cause de cela et du froid sévère, le port d’armure et les nuits
sans sommeil, le labeur constant et la longue durée de la campagne
de ses troupes, Salah ad-Din leur permit de retourner dans leurs
patries pour se reposer et se rétablir. Il alla lui-même à Jérusalem
avec ceux qui restèrent avec lui et tous logèrent dans la ville où
ils se reposèrent de leurs opérations récentes. Salah ad-Din logea
dans la résidence près de l’église du Sépulcre. Une force d’Egypte
commandée par l’émir Abou al-Hayja’ as-Samin arriva et le moral des
Musulmans à Jérusalem s’éleva.
Les
croisés arrivèrent de Ramlah à Latroun le 3 du mois de Dzoul Hijjah
avec l’intention de marcher sur Jérusalem. Il y eut quelques
batailles entre eux et la force de protection musulmane et au cours
de l’une d’entre elle, les Musulmans capturèrent environ cinquante
des célèbres et braves cavaliers des croisés. Après son entrée dans
Jérusalem, Salah ad-Din avait ordonné la réparation de la muraille
et la reconstruction de ce qui avait été endommagé. Il renforca plus
spécialement l’endroit où la ville avait été prise de force et
ordonna le creuser un fossé au-delà des travaux. Il assigna à chaque
tour un émir pour superviser le travail. Son fils al-Afdal travailla
sur la partie s’étendant de la Porte des Colonnes à la Porte de la
Miséricorde. L’Atabeg ‘Izz ad-Din Mas’oud, le seigneur de Mossoul,
envoya un groupe de carriers, des hommes qui avaient une grande
expertise dans l’art de couper la roche. Ils bâtirent une tour et
une partie d’un mur de défense pour lui. Tous les émirs firent des
choses semblables. Quand les réserves de pierre pour les
entrepreneurs diminuèrent, Salah ad-Din (puisse Allah lui faire
miséricorde) monta et apporta en personne des pierres sur son cheval
d’endroits lointains. L’armée suivit son exemple et en une journée,
assez de pierres furent rassemblé pour occuper les entrepreneurs
pendant plusieurs jours.
Du retrait des croisés de Ramlah
Le 20
du mois de 20 Dzoul Hijjah, les croisés revinrent à Ramlah.
La
raison pour cela est qu’ils ramenèrent ce qu’ils avaient besoin de
la côte et dès qu’ils étaient à une longue distance de celle-ci, les
Musulmans attaquaient ceux qui transportaient leurs réserves
prévenant leur passage et saisissant ce qu’ils avaient. Alors le roi
de l’Angleterre dit aux croisés syriens qui étaient avec lui :
« Décrivez moi la ville de Jérusalem puisque je ne l’ai pas vu. »
Ils firent ainsi et il vit la vallée l’entourer sauf sur un côté
approchable du nord. Il questionna sur la profondeur de la vallée et
il lui fut répondu qu’elle était profonde et difficile d’accès. Il
continua : « Cette ville ne peut pas être assiégée aussi longtemps
que Salah ad-Din vit et que les Musulmans sont unis parce que si
nous prenons position sur le côté adjacent à la ville, les autres
côtés resteront libres et les hommes, les réserves et ce qu’ils ont
besoin arrivera dans la ville. Si nous nous séparons et que certains
d’entre nous campent sur le flanc de la vallée et certains autres
sur l’autre, Salah ad-Din rassemblera son armée et tombera sur un
des deux groupes et l’autre ne sera pas capable d’aider leurs
camarades, parce que s’ils quittent leur position, les défenseurs
dans la ville viendront en avant et saisiront leurs affaires. Et,
s’ils laissaient des hommes pour les garder et aller chez leurs
camarades, avant qu’ils ne traversent la vallée pour les rejoindre,
Salah ad-Din se serai occupé d’eux. Sans compter l’impossibilité de
recevoir du fourrage et les provisions dont nous aurons besoin. »
Quand
il eut finit, ils se rendirent compte qu’il avait raison d’autant
plus que le niveau de leurs réserves étaient bas et que ceux qui les
ramenaient étaient harcelés par les Musulmans donc ils conseillèrent
au roi de revenir à Ramlah, ce qu’ils firent déçus et frustrés.
Cette
année, un neveu de Salah ad-Din, Houssam ad-Din Muhammad Ibn ‘Omar
Ibn Lajin mourut ainsi que ‘Alam ad-Din Souleyman Ibn Jandar, un
autre des grands émirs de Salah ad-Din.
Au
mois de Rajab de cette même année, mourut aussi Safi ad-Din Ibn
al-Qabid, l’administrateur de Damas pour Salah ad-Din qui avait
l’autorité dans toutes ses terres.
De la reconstruction d’Ascalon par les croisés
Au
mois de Mouharram de l’année 588 de l’Hégire (1192), les croisés
allèrent à Ascalon et entreprirent sa reconstruction. Salah ad-Din
était à Jérusalem et le roi de l’Angleterre quitta Ascalon avec une
force légèrement équipée pour affronter la force de protection
musulmane. Un engagement s’ensuivit ou les deux côtés luttèrent
violemment.
Pendant le séjour de Salah ad-Din à Jérusalem, ses escadrons
continuèrent d’harceler les croisés en affrontant un groupe d’entre
eux et en coupant leurs réserves. Un de ces escadrons était commandé
par Faris ad-Din Maymoun al-Qasri, un des officiers des Mamalik de
Salah ad-Din qui intercepta une grande caravane croisée, l’a saisi
et pilla tout ce qu’elle transportait.
Du
meurtre du marquis et de l’intronisation du comte Henri
Le 13
du mois de Rabi’ Thani, le marquis, le seigneur de Tyr, un des plus
grands des démons croisés, qu’Allah le maudisse, fut tué et cela
arriva comme suit.
Salah
ad-Din se mit en contact avec le chef des hashashiyine en Syrie, à
savoir Sinan et l’encouragea à envoyer quelqu’un pour tuer le roi
d’Angleterre et s’il tuait le marquis, il recevrait dix mille
dinars. Sinan ne voulut pas assassiner le roi car il ne voyait aucun
avantage pour lui car si Salah ad-Din se retrouvait libéré des
croisés, il ne manquerait certainement pas de se retourner contre
eux (les hashashiyine) cependant, cupide de recevoir de l’argent, il
s’inclina vers le meurtre du marquis (de Montferrand). Il envoya
donc deux hommes déguisés comme des moines qui s’associèrent avec le
seigneur de Sidon et le fils de
Balian (d’Ibelin) le seigneur de Ramlah et qui étaient tous
les deux avec le marquis dans Tyr. Les deux assassins restèrent avec
eux durant six mois, en faisant preuve de piété. Le marquis fit leur
connaissance et leur fit confiance. A la date indiquée (le 13 du
mois de Rabi’ Thani), l’évêque de Tyr donna un banquet pour le
marquis qui y assista, manga sa nourriture et bu son vin avant de
partir. Les deux batini que nous avons mentionnés se jetèrent sur
lui et le blessèrent gravement. L’un d’entre eux s’enfuit et entra
dans une église pour se cacher et il arriva que le marquis fut porté
dans cette même église pour soigner ses blessures. Cet assassin
l’attaqua de nouveau et le tua tandis que les deux batini furent
tués en temps voulu.
Les
croisés attribuèrent son assassinat au roi de d’Angleterre car il
voulait devenir le souverain unique du littoral syrien. Après la
mort du marquis, il fut succédé dans Tyr par un comte croisé
d’outre-mer nommé le comte Henri. Cette même nuit, il se maria avec
la reine veuve et consomma le mariage, bien qu’elle fût enceinte. De
leur point de vue, la grossesse n’est pas un obstacle au mariage.
Ce
comte Henri était le neveu du roi de France du côté de son père et
le neveu du roi d’Angleterre du côté de sa mère. Il devint le roi
des terres de croisé sur le littoral après que le roi d’Angleterre
revint chez lui où il vécut jusqu’en l’an 594 de l’Hégire (1197),
quand il tomba d’un toit et mourut. Il était intelligent, très
sociable et un long malade.
Lorsque le roi d’Angleterre partit, le comte Henri envoya un
messager à Salah ad-Din pour gagner sa sympathie et son égard et lui
demander une robe d’honneur. Il lui dit : « Vous savez qu’en portant
une robe et un grand bonnet nous ressentons de la honte mais je les
porterai de vous pour amour pour vous[2]. »
Salah ad-Din lui envoya une magnifique tenue incluant une robe et un
bonnet qu’Henri porta à Acre.
De ce que fit le roi d’Angleterre
Le 9
du mois de Joumadah Awwal, les croisés prirent le château de Daroum
et le détruisirent avant de marcher sur Jérusalem où se trouvait
Salah ad-Din et atteignirent Bayt Noubah.
La
raison de leur mouvement ambitieux est dû au fait que Salah ad-Din
avait dispersé ses troupes à cause de l’hiver afin qu’ils se
reposent et avait convoqué d’autres troupes pour les remplacer.
Certains d’entre eux partirent avec son fils al-Afdal et son frère
al-‘Adil dans les terres mésopotamiennes pour la raison que nous
mentionnerons, si Allah Exalté le veut. Certaines troupes
égyptiennes ainsi que sa garde rapprochée restèrent avec lui et de
ce fait les croisés crurent qu’ils gagneraient quelques succès.
Quand Salah ad-Din fut informé de leur approche, il assigna les
tours de la ville à différents émirs.
À la
fin du mois, les croisés bougèrent de Bayt Noubah à Qalounayah qui
est environ à une dizaine de kilomètres de Jérusalem. Les Musulmans
leur envoyèrent une succession d’escadrons qui les firent
souffrirent bien plus qu’ils ne pouvaient supporter et ils se
rendirent compte que, s’ils assiégeaient Jérusalem, les maux
tomberaient plus rapidement sur eux et qu’ils seraient plus sûrement
submergés. Ils tournèrent donc des talons et se retirèrent tandis
que les Musulmans les poursuivirent avec leurs lances et leurs
flèches.
À la
fin du mois de Joumadah Awwal, quand les croisés s’éloignèrent de
Jaffa, Salah ad-Din y envoya un escadron de son armée qui
s’approchèrent et préparèrent une embuscade quand un corps de
cavaliers croisé passa près d’eux accompagnant une caravane.
L’escadron bondit sur eux, les tuèrent, les pillèrent et capturèrent
certains d’entre eux.
Le 9
Joumadah Thani, les croisés furent informés qu’une force arrivait en
provenance d’Egypte accompagnant une grande caravane. Le commandant
de la force était Falak ad-Din Souleyman, un frère d’al-‘Adil du
côté de sa mère et plusieurs émirs étaient avec lui. Les croisés
voyagèrent de nuit et tombèrent sur eux dans la région d’Hébron. Nos
soldats s’enfuirent et pas l’un d’entre eux ne fut tué excepté
quelques pages tandis que leurs tentes et équipement furent saisis
par les croisés. Quant à la caravane, une partie fut prise et ceux
qui s’étaient enfuis grimpèrent sur les collines d’Hébron. Les
croisés ne risquèrent pas de poursuite mais s’ils avaient continué
quelques kilomètres supplémentaires, ils les auraient annihilés. Les
survivants de la caravane furent dispersés et éparpillés et
rencontrèrent de grandes difficultés jusqu’à ce qu’ils se soient de
nouveau regroupés.
Un de
nos associés, avec qui nous avions envoyé quelque chose en Egypte
pour le commerce et qui avait voyagé en arrière dans cette caravane,
m’a raconté la chose suivante :
« Quand les croisés descendirent sur nous, nous venions de préparer
nos bêtes de somme pour le départ. Ils ont chargé et tombèrent sur
nous. J’ai battu mes bêtes et grimpé la colline avec plusieurs bêtes
de somme appartenant à quelqu’un d’autre. Un groupe de croisés nous
a rattrapés et prit les animaux qui me suivaient. J’étais à distance
d’une portée de flèche devant eux et ils ne m’ont pas atteint donc
je me suis enfui avec ce que j’avais. J’ai voyagé ne sachant pas où
j’allais quand subitement je vis de grands bâtiments sur une
colline. J’ai demandé ce qu’ils étaient et il me fut répondu :
« C’est Karak. » Je m’y dirigeais donc et de là, revint en toute
tranquillité à Jérusalem. »
Cet
homme quitta Jérusalem sain et sauf et quand il arriva à Bouza’a
près d’Alep, il fut pris par des malfaiteurs. Il échappa au désastre
mais perdit quand il crut que tout était sûr.
[1]
Dire que lorsque Salah ad-Din prenait une place, même par la
force des armes, laissaient les civils chrétiens partir ! O
Musulmans jusqu’à quand vous laisserez-vous tromper ?
N’avez-vous pas lu l’histoire et les centaines de pactes, de
traités et de promesses jamais tenues ? Quel malheureux,
terrible et douloureux passage en vérité !
[2]
Vous savez que le « vous » n’existe pas dans la langue
arabe. C’est pour cette raison que dans tous les dialogues
entre Musulmans ou d’un Musulman envers un non musulman nous
utilisons la deuxième personne « tu ». Cependant comme les
Européens utilisent la deuxième personne plurielle, nous
l’utilisons aussi quand ce sont eux qui parlent comme c’est
le cas.