De l’arrivée des forces égyptiennes par terre
et mer
Au
milieu du mois de Shawwal de cette même année, les forces
égyptiennes commandées par al-‘Adil Sayf ad-Din Abou Bakr Ibn Ayyoub
arrivèrent et leur arrivée releva énormément le moral des hommes
dont la défense fut renforcée. Ils apportèrent avec eux une grande
quantité d’équipement de siège, de plastrons, de boucliers, d’arcs
et de flèches et aussi un grand nombre de fantassins.
Salah
ad-Din de son côté rassembla beaucoup d’hommes des terres syriennes
décidé à attaquer l’ennemi tant à cheval qu’à pied.
Ensuite la flotte égyptienne arriva, commandée par l’émir Lou'lou'
qui était énergique, brave, audacieux, un navigateur compétent bien
informé de la guerre navale et bénit d’une bonne fortune. Il arriva
à l’improviste et tomba sur un grand navire de transport des croisés
qu’il pilla, prenant de grandes sommes d’argent et des réserves
abondantes qu’il apporta dans Acre. L’arrivée de la flotte calma les
esprits des habitants et renforca leurs cœurs.
De la bataille des croisés avec l’avant-garde et du retour
Salah ad-Din au blocus des croisés
Nous
avons déjà mentionné le retrait de Salah ad-Din d’Acre à
al-Kharroubah à cause de sa maladie. Lorsqu’il fut rétablit, il y
resta jusqu’à ce que l’hiver soit passé et durant tout son séjour à
al-Kharroubah son avant-garde et ses tirailleurs restèrent en
contact constant avec les croisés.
Quand
le mois de Safar de l’année
586 de l’Hégire (1190) arriva, les croisés furent informés
que Salah ad-Din était parti chasser et ils virent que sa garde
rapprochée, près d’eux, était peu nombreux et sachant qu’il y avait
beaucoup de terre marécageuse sur la plaine d’Acre pour empêcher
l’arrivée d’une force de soutien, ils saisirent cette occasion et
sortirent un soir de leur tranchée pour les attaquer. Les Musulmans
repoussèrent leur approche en tirant des flèches. Les croisés se
retinrent jusqu’à ce que leurs flèches aient été épuisées et les
chargèrent ensuite comme un seul homme. La bataille fit rage
violemment et devint sérieuse. Les Musulmans se rendirent compte que
seule leur ténacité et un combat vigoureux les sauveraient. Ils
luttèrent alors désespérément en faisant face à la mort jusqu’à la
tombée de la nuit après qu’un grand nombre fut tué des deux côtés et
que les croisés reviennent dans leur camp.
Quand
Salah ad-Din revint dans son camp, il fut informé des nouvelles de
la bataille et demanda aux hommes d’aller aider leurs frères. Les
nouvelles l’atteignirent alors que les croisés s’étaient déjà
retirés dans leur camp et il resta donc où il était.
Plus
tard, lorsque l’hiver passa et il fut rejoint par les troupes des
villes proches, Damas, Homs, Hama et d’autres. Il quitta alors
d’al-Kharroubah pour Acre et campa à Tall Kayssan ou il engagea
chaque jour les croisés pour les empêcher d’attaquer les habitants
d’Acre. Ainsi l’ennemi luttait sur deux fronts sans se lasser.
De l’incendie des tours de siège et de la bataille de la
flotte
Pendant la période de leur séjour à Acre, les croisés, qu’Allah les
maudisse, construisirent trois très grandes tours de bois d’une
hauteur de plus de 27 mètres chacune avec cinq étages, chaque étage
plein de combattants. Elles furent construites avec du bois ramenées
spécialement pour eux des îles car pour construire de telles grandes
tours, un tel bois était rare. Ils les recouvrirent avec des peaux
imbibées de vinaigre, d’argile et des substances les empêchant
d’être consumés par le feu. Ils tracèrent des routes pour elles et
les placèrent dans trois endroits différents devant Acre. Le 20 du
mois de Rabi’ Awwal, elles furent utilisées pour un assaut et
surplombèrent le mur et les soldats qu’elles contenaient luttèrent
contre les Musulmans sur le mur qui les repoussèrent. Les croisés
entreprirent alors de remplir les douves et la ville fut sur le
point d’être prise par la force des armes.
Les
défenseurs envoyèrent un homme qui se rendit en nageant chez Salah
ad-Din et l’informa de la situation critique dans laquelle ils
étaient et l’imminence de leur chute et de leur tuerie. Salah ad-Din
et ses hommes montèrent alors et avancèrent vers les croisés en les
retinrent en action continue et féroce pour les détourner de leur
assaut sur la ville.
Les
croisés se divisèrent en deux groupes, l’un combattait Salah ad-Din
et l’autre les défenseurs d’Acre. Cependant, la situation des
défenseurs se relâcha. La bataille dura huit jours consécutifs et se
termina le 28 de ce même mois après que les deux côtés furent
fatigués du combat et lassés des implacables affrontements
successifs jours et nuits. Les Musulmans furent alors convaincus que
les croisés prendraient la ville vu leur incapacité à repousser les
tours de siège après qu’ils eurent essayés tous les moyens sans
succès. Ils lancèrent un barrage constant de feu grec mais il n’eut
aucun effet. Ils devinrent alors persuadés qu’ils étaient condamnés
à la destruction mais Allah Exalté vint à leur aide et permis aux
tours d’être brûlées.
Cela
arriva grâce à un collectionneur damascène passionné par les
équipements utilisés par les spécialistes de feu grégeois et les
substances incendiaires renforçant l’action du feu. Les gens qui le
connaissaient avaient l’habitude de le blâmer pour cela et le
désapprouver mais il répondait : « Ce n’est une pratique dans
laquelle je ne tiens à m’engager mais je veux juste la comprendre. »
Et c’était pour les propres buts d’Allah Exalté qu’il se trouvait
actuellement dans Acre.
Quand
il vit les tours érigées pour attaquer Acre, il commença à faire des
substances extrêmement combustibles qu’il savait qu’aucun argile,
vinaigre ou n’importe quoi d’autre leur résisteraient. Quand il eut
fini, il vint trouver l’émir Qaraqoush qui était responsable des
affaires dans Acre et le gouverneur et lui dit : « Peux-tu ordonner
à l’artificier de lancer ce que je lui donnerai avec le trébuchet
qui fait face à l’une de ces tours pour y mettre le feu. »
L’exaspération de Qaraqoush, la peur pour la ville et ses habitants
étaient alors à son comble et ces paroles ajoutèrent à sa
frustration. Il se tourna vers lui en colère et lui dit : « Les
spécialistes ont déjà fait tout leur possible sans succès. »
Quelqu’un présent lui dit : « Peut-être Allah Exalté a pris des
dispositions pour notre délivrance par les mains de cet homme. Cela
ne nous causera aucun tort d’essayer. » Qaraqoush accepta alors et
ordonna à l’artificier de suivre les directives de l’homme. Il lanca
plusieurs pots d’huiles et de substances différentes sans les
enflammer. Quand les croisés virent qu’aucun des pots ne s’étaient
enflammés, ils crièrent, dansèrent et firent des cabrioles sur le
toit de la tour. Finalement, quand il établit que ce qu’il avait
lancé s’était répandu sur la tour, il tira un pot plein qu’il avait
enflammé et la tour prit feu. Il en tira un second et un troisième
et le feu se propagea dans les parties différentes de la tour qui
s’embrasa trop rapidement pour permettre aux hommes des cinq étages
de s’enfuir et sauver leurs vies.
Quand
ils virent que les premiers pots n’avaient eu aucun effet, leur
arrogance les fit se sentir sûrs d’eux même et ne s’inquiétèrent pas
de courir par sécurité, pour qu’Allah Exalté leur donne un premier
goût du feu dans ce monde avant le suivant.
Lorsque la première tour fut brûlée, il se rendit à la deuxième que
les occupants avaient évacuée par peur. Il y mit le feu ainsi qu’à
la troisième. Ce fut un jour mémorable dont pareil ne fut jamais vu.
Les Musulmans regardèrent par-dessus les murs heureux, leurs visages
après leur désespoir illuminés de joie par cette victoire et d’avoir
échappé au massacre parce qu’il n’y avait pas l’un parmi eux qui
n’avaient de parent ou d’ami dans la ville.
Cet
individu fut emmené à Salah ad-Din qui lui offrit de grandes sommes
d’argent et un fief substantiel. Cependant, il n’accepta pas le
moindre grain de haricot et dit simplement : « Je l’ai fait juste
pour Allah Tout Puissant et de Lui Seul je veux la récompense. »
Des
lettres furent envoyées dans toutes les terres lointaines ou proches
et les nouvelles de ce succès. Salah ad-Din envoya aussi des
messagers pour convoquer les armées de l’Est et le premier à arriver
fut ‘Imad ad-Din Zanki Ibn Mawdoud Ibn Zanki, le seigneur de Sinjar
et des terres d’al-Jazirat suivit par ‘Ala' ad-Din, le fils de ‘Izz
ad-Din Mas’oud Ibn Mawdoud Ibn Zanki, que son père le seigneur de
Mossoul avait envoyé comme commandant de son armée. Le prochain à
arriver fut Zayn ad-Din Youssouf, le seigneur d’Irbil. Et chaque
fois que l’un d’entre eux arrivait, il avançait contre les croisés
avec ses troupes rejointe par d’autres, qu’ils engagèrent dans la
bataille avant de revenir ensuite au camp
La
flotte arriva d’Egypte et quand les croisés furent informés de son
approche, ils envoyèrent une flotte pour l’intercepter et l’amener à
combattre. Salah ad-Din chevaucha avec toutes ses troupes et retint
l’ennemi de son côté pour les prévenir par son action de retenir la
flotte musulmane afin qu’elle puisse entrer dans l’Acre mais cela ne
les empêcha pas d’attaquer la flotte. La bataille fit rage entre les
deux côtés sur terre et mer. Ce fut un jour mémorable dont nul
pareil n’a jamais été enregistré. Les Musulmans prirent un navire
des croisés avec tous les hommes et des armes qu’il contenait et les
croisés prirent pareil des Musulmans. Néanmoins, il y eut plus de
tués parmi les croisés que parmi les Musulmans et la flotte
musulmane entra dans le port en toute tranquillité.
De
l’arrivée de l’empereur allemand en Syrie et de sa mort
Cette
année, l’empereur des Allemands quitta ses terres. Ils sont une race
de croisés parmi les plus nombreux et les plus vaillants. Comme la
capture musulmane de Jérusalem l’avait peiné, l’empereur réunit ses
troupes, leur fournit tout ce dont ils avaient besoin et quitta ses
terres dans l’intention de voyager par Constantinople. L’empereur
Byzantin envoya un messager pour en informer Salah ad-Din et lui
promettre de ne pas le laisser traverser son territoire.
Cependant, quand l’empereur allemand arriva à Constantinople,
l’empereur fut incapable de l’empêcher de traverser à cause du grand
nombre de ses suivants mais il retint ses provisions et ne permit à
aucun de ses sujets de les fournir avec ce qu’ils voulaient. Ils
furent bientôt à cours de réserves et de provisions, mais ils
voyagèrent jusqu’à ce qu’ils aient traversé le détroit
Constantinople et entrèrent dans le territoire musulman, le royaume
de Kilij Arsalan Ibn Mas’oud Ibn Souleyman Ibn Qoutalmish Ibn
Saljouk. Quand ils arrivèrent aux frontières de ses terres, les
Turcomans Ifaj les harcelèrent en restant sur leurs traces, tuant
les isolés et volant ce qu’ils pouvaient. C’était l’hiver et le
froid dans ces terres pouvait être intense et la neige profonde. Le
froid, la faim et les Turcomans les décimèrent et leur nombre
diminua.
Quand
ils s’approchèrent de Konya, Qoutb ad-Din Malik Shah Ibn Kilij
Arsalan les rencontra pour empêcher leur passage mais il n’était pas
de taille à leur faire face et se retira à Konya ou se trouvait son
père que le fils susmentionné retenait contraint. Tous ses autres
fils s’étaient dispersés sur ses terres et chacun s’était rendu
maître d’une région.
Quand
Qoutb ad-Din se retira devant les croisés, ils se dépêchèrent de le
poursuivre et assiégèrent Konya. Ils envoyèrent à Kilij Arsalan un
présent et lui dirent : « Vos terres ne sont pas notre objectif et
nous n’avons aucun souhait à leur sujet. Notre seul objectif est
Jérusalem. » Ils lui demandèrent de permettre à ses sujets de leur
fournir de la nourriture et d’autres choses dont ils avaient besoin.
Il donna la permission pour cela et, ayant reçu ce dont ils avaient
besoin, leur faim calmée et leur stock réapprovisionné, ils
poursuivirent leur route. Ils demandèrent plus tard à Qoutb ad-Din
d’ordonner à ses sujets de ne pas les importuner et de leur donner
plusieurs de ses émirs comme otages et comme ils les craignaient, il
leur donna environ vingt émirs qu’il détestait. Ils voyagèrent donc
avec les croisés mais les voleurs et d’autres ne se retinrent pas de
les attaquer et de les harceler et l’empereur allemand saisit les
émirs et les enchaîna. Certains périrent en captivité et d’autres se
rançonnèrent eux-mêmes.
L’empereur allemand continua jusqu’à ce qu’il arriva dans les terres
des Arméniens gouvernés par Leon le fils de Stephan, le fils de Leon
qui leur fournit des provisions et du fourrage. Il reconnut leur
autorité et leur déclara son obéissance. L’empereur marcha alors
vers Antioche et sur leur route se trouvait un fleuve près duquel il
campa puis y entra pour se laver mais se noya dans un point où l’eau
n’atteignait pas la taille d’un homme et Allah Exalté nous sauva de
son mal.
Il
avait un fils avec lui qui lui succéda et qui procéda vers Antioche
mais ses suivants entrèrent en conflit avec lui. Certains voulurent
retourner chez eux et l’abandonnèrent tandis que les autres se
disposèrent pour en faire leur empereur et ils retournèrent eux
aussi.
Il
continua donc avec ceux qui lui étaient restés fidèles qui étaient,
quand il les passa en revue, environ 40 000. La maladie et la mort
tombèrent sur eux si bien que lorsqu’ils arrivèrent à Antioche, ils
avaient l’air d’avoir été exhumés de leurs tombes. Le seigneur
d’Antioche, gênés par eux, les encouragea à rejoindre les croisés à
Acre. Ils voyagèrent par Jabalah, Lattaquié et d’autres villes que
les Musulmans tenaient et les gens d’Alep et d’ailleurs les
interceptèrent et saisirent une grande multitude d’entre eux
cependant le nombre des morts fut plus élevés que le nombre des
prisonniers. Ils atteignirent alors Tripoli où ils restèrent
quelques jours et touchés par une grande mortalité, seul mille
d’entre eux quittèrent la ville et naviguèrent vers Acre. Quand ils
arrivèrent et virent les souffrances qu’ils avaient endurées sur la
route et les disputes parmi eux, ils revinrent dans leurs propres
terres mais leurs navires sombrèrent et pas un seul d’entre eux ne
survécut.
Kilij
Arsalan avait écrit à Salah ad-Din pour l’informer de l’arrivée des
nouveaux croisés et lui avait promis qu’il les empêcherait de
traverser ses terres et quand ils les eurent traversés et s’étaient
éloignés, il envoya des excuses pour avoir été trop faible pour eux
parce que ses fils le gouvernait et le maintenait sous la contrainte
après l’avoir abandonné et renié leurs allégeances.
Quand
les nouvelles du passage de l’empereur allemand parvinrent à Salah
ad-Din, il consulta ses conseillers. Beaucoup d’entre eux lui
conseillèrent d’aller l’intercepter sur la route qu’ils prendraient
et de lutter contre eux avant qu’ils ne joignent les croisés d’Acre.
Salah ad-Din répondit : « Non, nous resterons jusqu’à ce qu’ils
s’approchent de nous et ensuite nous agirons, pour que nos troupes
dans Acre ne capitulent pas. » Cependant, il envoya certaines de ses
troupes dont les contingents d’Alep, de Jabalah, de Lattaquié, de
Shayzar et ailleurs dans la région d’Alep pour garder les frontières
et les terres de leurs actions hostiles. L’état des musulmans était
comme Allah (à Lui la Puissance et la Gloire) a dit :
« Quand ils vous vinrent d’en
haut et d’en bas [de toutes parts], et que les regards étaient
troublés, et les cœurs remontaient aux gorges, et vous faisiez sur
Allah toutes sortes de suppositions. Les croyants furent alors
éprouvés et secoués d’une dure secousse. » (Qur’an 33/10-11)
L’histoire suivante illustre leur grande peur.
Un des
émirs de Salah ad-Din possédait un village dans le district de
Mossoul que mon frère (puisse Allah lui faire miséricorde)
administrait et dont les revenus étaient du blé, de l’orge et de la
paille. Il écrivit à l’émir pour vendre les récoltes mais sa lettre
revint disant : « Ne vends pas le moindre grain et obtient beaucoup
de paille pour nous. » Alors plus tard, une autre lettre de lui
arriva disant : « Tu peux vendre les céréales. Nous n’avons pas
besoin d’eux. » L’émir vint par la suite à Mossoul et nous lui avons
demandé pourquoi il interdit la vente de la récolte et qu’ensuite
après qu’un court délai, il donna la permission de le vendre. Il
répondit : « Quand les nouvelles de l’arrivée de l’empereur allemand
sont arrivées nous sommes devenus convaincus que nous serions
incapables de rester en Syrie donc j’ai ordonné de défendre la vente
de la récolte pour qu’elle soit stockée pour nous pour notre retour.
Quand Allah Tout Puissant les détruisit et enleva notre besoin de la
récolte, j’ai écrit pour qu’elle soit vendue et réaliser du
profit. »
Récit d’une bataille entre les Musulmans et croisés d’Acre
Le 20
Joumadah Thani de cette année, les croisés, qu’Allah les maudisse, à
cheval et à pied en nombre au-delà de tout compte, sortirent de
leurs fortifications et avancèrent vers les Musulmans et
particulièrement la force égyptienne commandée par al-‘Adil Abou
Bakr Ibn Ayyoub. Les Egyptiens étaient déjà montés et avaient formé
leurs lignes pour les rencontrer et les affrontèrent dans une féroce
bataille. Les Egyptiens cédèrent du terrain devant les croisés qui
entrèrent dans leurs tentes et pillèrent leurs affaires. Les
Egyptiens les chargèrent alors et luttèrent contre eux au beau
milieu de leurs tentes et les repoussèrent de force. Un détachement
égyptien partit vers leurs tranchées et les coupèrent du soutien de
leurs camarades qui étaient précédemment sortis. Les croisés
s’étaient répandus comme des fourmis mais quand leur arrière fut
coupé, ils désespérèrent et furent abattus de tous les côtés et seul
un petit nombre d’entre eux s’enfuit. Il y eut un grand carnage
parmi eux et le nombre de morts s’éleva à plus de dix mille.
Les
troupes de Mossoul, commandées par ‘Ala' ad-Din Khourramshah, le
fils de ‘Izz ad-Din Mas’oud, le seigneur de Mossoul étaient près de
la force égyptienne. Ils chargèrent aussi les croisés et luttèrent
contre eux aussi fort qu’ils purent et leur infligèrent beaucoup de
dommage. Tout cela sans aucun rôle direct dans l’action de la garde
rapprochée qui était avec Salah ad-Din, de l’aile gauche commandée
par ‘Imad ad-Din Zanki le seigneur de Sinjar, du contingent d’Irbil
ou d’autres postés ailleurs.
Lorsque les croisés subirent ce désastre, leur ardeur s’apaisa et
leur humeur se radoucie. Les Musulmans conseillèrent à Salah ad-Din
de prendre l’initiative dans la lutte et de les attaquer pendant
qu’ils étaient dans cet état d’angoisse et de peur. Il se trouve que
le jour suivant, il reçut une lettre d’Alep lui rapportant la mort
de l’empereur allemand et comment ses soldats avaient souffert,
périt, fait prisonniers ou tués et comment ils avaient été réduits à
un petit nombre dans un état misérable.
Les
Musulmans furent trop préoccupés par ces bonnes nouvelles et leur
joie pour retenir ceux qui leur faisait face et ils espérèrent que
lorsque les croisés entendraient ces nouvelles, cela ajouterait de
la faiblesse à leur faiblesse et de la peur à celle qu’ils avaient
déjà. Cependant, deux jours plus tard, les croisés reçurent des
renforts en bateau d’outre-mer avec un comte nommé Henri, le neveu
du roi de France par son père et le neveu du roi d’Angleterre par sa
mère qui ramena une immense quantité d’argent au-delà de tout
compte. Ayant rejoint les croisés, il recruta des troupes et
distribua de l’argent si bien que leur moral remonta et qu’ils
redevinrent confiants. Il les informa aussi que des renforts étaient
sur leur voie en vagues successives si bien qu’ils se retinrent et
gardèrent leur position.
Plus
tard, ils montrèrent qu’ils avaient l’intention de sortit pour
rencontrer les Musulmans dans la bataille et le
27 Joumadah Thani, Salah ad-Din déplaça sa position à
al-Kharroubah pour avoir plus de place pour manœuvrer car son camp
était devenu pollué par l’odeur des cadavres.
Le
comte Henri érigea des trébuchets, des boucliers géants mobiles et
des balistes mais les Musulmans d’Acre effectuèrent une sortie et
les saisirent en tuant beaucoup de croisés qui servaient les
machines de siège. Après la prise des engins de sièges, le comte
voulu ériger un autre trébuchet mais il fut incapable de le faire
parce que les Musulmans d’Acre l’empêchèrent de construire des
écrans de protection pour protéger les servants opérant le
trébuchet. Il érigea alors un monticule de terre à distance de la
ville et les croisés déplacèrent le monticule étape par étape vers
la ville en se protégeant derrière lui et le rapprochèrent encore
plus près. Quand ils parvinrent
là où la ville était à portée d’un missile de trébuchet, ils
érigèrent deux trébuchets derrière le monticule qui leur fournissait
maintenant un écran.
Les
réserves commencèrent à tourner court dans l’Acre et Salah ad-Din
envoya un messager à Alexandrie leur ordonnant de dépêcher de la
nourriture, de la viande et d’autres choses en bateau à Acre et
comme l’envoi fut retardé, il envoya un message à son lieutenant à
Beyrouth pour lui demander d’envoyer des victuailles. Ce dernier
envoya un grand vaisseau de transport plein de tout dont ils avaient
besoin et ordonna à l’équipage de s’habiller comme les croisés. Ils
déguisèrent en conséquence et hissèrent des drapeaux avec les croix.
Quand ils arrivèrent à Acre et étant convaincus que le vaisseau
était un des leurs, les croisés ne firent aucune tentative pour
l’arrêter. Quand il arriva en face du port d’Acre, l’équipage y
entra. Les Musulmans furent ravis, se réanimèrent et leur moral
remonta, satisfaits de ce qu’il contenait jusqu’à ce que les
provisions arrivent d’Alexandrie.
Une
reine des croisés d’outre-mer disposa avec environ 1 000 soldats et
fut capturée aux environs Alexandrie avec les hommes qui étaient
avec elle. Les croisés reçurent aussi une lettre du pape, qui est
leur chef dont ils suivent les ordres et dont les paroles ne peuvent
être mises en doute. Ils croient que celui qui est excommunié par
lui est vraiment exclu et que ce qu’il préfère doit être vraiment
préféré. Il est le maître de Rome. La lettre leur ordonnait de
persévérer dans leur entreprise et les informait qu’il avait demandé
à tous les commandants croisés de voyager à leur aide par terre et
en bateau et que les renforts étaient sur leur voie ce qui les
rendit plus forts et pleins d’espoir.
Comment les croisés sortirent de leurs tranchées
Lorsque des vagues d’hommes frais eurent rejoint les croisés et que
le comte Henri recruta un grand nombre d’entre eux avec l’argent
qu’il avait apporté, ils se décidèrent à sortir de leurs
fortifications et d’engager les Musulmans. Ils laissèrent des hommes
pour assiéger Acre et lutter contre ses défenseurs.
Ils
sortirent donc le 11 du mois de Shawwal aussi nombreux que les
grains de sable et aussi ardent que le feu. Quand Salah ad-Din vit
cela, il déplaça les lourds bagages des Musulmans à Qaymoun à
environ 17 kilomètres d’Acre. Les troupes qu’il avait détachées
quand l’empereur allemand périt étaient déjà revenues et il
rencontra les croisés dans un excellent ordre de bataille.
Au
centre se trouvaient ses fils al-Afdal ‘Ali, az-Zahir Ghazi et
az-Zafir Khidr tandis que son frère al-‘Adil Abou Bakr était sur la
droite avec les troupes d’Egypte et leurs associés et ‘Imad ad-Din
le seigneur de Sinjar, Taqi ad-Din le seigneur de Hama et Mou’iz
ad-Din Sanjar Shah le seigneur d’al-Jazirat Ibn ‘Omar avec plusieurs
émirs se trouvaient dans l‘aile gauche.
Il
arriva que Salah ad-Din fût saisi par la colique à laquelle il était
enclin. Il fit ériger une petite tente pour lui sur une colline
dominant l’armée et campa là pour les observer. Les croisés
procédèrent à l’est de la rivière jusqu’à ce qu’ils arrivent à son
embouchure ou ils virent les armées de l’Islam déployées et furent
craintifs. L’avant-garde entra en contact et les couvrirent d’une
pluie de flèches qui obscurcirent tout sauf le soleil. Ayant vu
cela, ils passèrent à
l’ouest de la rivière pendant que l’avant-garde poursuivait sa
bataille rapprochée. Les croisés se rassemblèrent en se tenant près
les uns des autres. Le but de l’avant-garde était de forcer les
croisés à les charger afin que les Musulmans puissent les rencontrer
et les engager complètement pour que la bataille puisse aboutir à
une conclusion et permettre ainsi aux hommes de se reposer.
Les
croisés vinrent à regretter d’avoir quittés leurs tranchées et
passèrent toute la nuit à tenir leur position puis le jour suivant,
ils retournèrent vers Acre pour se réfugier derrière leurs
fortifications tandis que l’avant-garde musulmane harcela leurs
arrières en les engageant avec les sabres, les lances et des
flèches. Chaque fois qu’un des leurs était tué, les croisés
l’emportait avec eux pour que les Musulmans ignorent leurs pertes et
n’était-ce la douleur qui affligeait Salah ad-Din, cela aurait été
le moment décisif cependant Allah à certes un plan qu’Il accomplira
!
Quand
les croisés retrouvèrent leurs fortifications, et par la suite ils
ne s’aventurèrent plus, les Musulmans revinrent dans leurs tentes
ayant tué une multitude de croisés.
Le 23
du mois de Shawwal, certains Musulmans se posèrent en embuscade
pendant qu’un autre groupe s’accrocha avec les croisés qui étaient
au nombre de quatre cents cavaliers. Les Musulmans résistèrent un
peu et cédèrent ensuite poursuivit par les croisés jusqu’à ce qu’ils
arrivent eu lieu de l’embuscade et pas un seul d’entre eux
n’échappa.
Les
croisés subirent une extrême famine et un Ghirara de blé couta plus
de 100 dinars Tyrian mais ils endurèrent. Les Musulmans avaient
l’habitude de leur amener de la nourriture de leurs propres terres
comme par exemple l’émir Oussama, le gouverneur de Beyrouth, qui
avait l’habitude d’apporter de la nourriture et d’autres choses. Un
autre était Sayf ad-Din ‘Ali Ibn Ahmad plus connu sous le nom
d’al-Mashtoub. Il avait l’habitude de leur porter des charges de
Sidon, d’Ascalon et d’autres endroits, sans quoi, ils auraient péris
de faim surtout en hiver où la navigation était interrompue en
raison de l’état houleux de la mer.
Bab
Vous
vous rendrez bien compte que les civils musulmans aidèrent non
seulement leurs ennemis à combattre les Musulmans mais aussi à
rester sur leurs terres comme par exemple, en leur fournissant
activement toutes sortes de denrées et de renseignements capitaux
sur les affaires des Musulmans, leur montrant les routes, leur
servant de guide et en travaillant pour eux
Que
dis donc la jurisprudence islamique sur le sujet : Sont-ils donc
considérés comme des traitres et passibles de la peine de mort ?
Voici dont un extrait de La responsabilité criminelle dans la doctrine et la jurisprudence
musulmanes d’Ahmad Fathi Bahnassi du Conseil Supérieur des
Affaires Islamiques du Caire et traduit par le Dr. Mohammad A.
Ambar.
Crimes contre la sécurité de l’état à l’extérieur du
territoire
« Le
juriste musulman ne négligera point les dispositions relatives à la
protection de l’Etat. Parmi les conseils d’Abou Youssouf à Haroun
ar-Rashid, on relève ce qui suit : « J’ai interrogé le Prince des
Croyants sur les espions qui se trouvaient parmi les Dhimmis
(non-musulmans), les hommes d’armes et les Musulmans. Il répondit :
« Si ce sont des Dhimmis, Juifs ou Chrétiens, décapite-les, si ce
sont des Musulmans, jette-les en prison aussi longtemps qu’il leur
faudra pour qu’ils se repentent[1]. »
Abou
Youssef rapporte qu’al-Asha’at a dit sous l’autorité d’al-Hassan : «
II n’est pas licite qu’un Musulman fournisse des armes aux ennemis
des Musulmans, qui les rendront plus forts. »
L’intention générale et l’intention spéciale de l’espion
Ibn
al-‘Arabi a dit[2]
:
« Quiconque informe les ennemis des Musulmans de leurs points
faibles ou leur communique des nouvelles ne sera pas considéré comme
impie, si le but visé est (informel ?). Ce jugement est exact,
conformément à l’action de Hatib Ibn Abou Balta’ah lorsqu’il
entendait par cela prêter secours sans proclamer son apostasie[3].
Si
nous soutenons qu’il n’est pas un apostat, les avis seront partagés
sera-t-il passible d’une peine mentionnée dans le Qur’an ?
Selon
Malik Ibn al-Qassim et Asbah, l’Imam doit recourir à l’Ijtihad.
‘Abdel-Malik dit que si telle est son habitude, il doit être mis à
mort, car c’est un espion. Au sujet de cette mise à mort, elle est
méritée car l’intention était de nuire aux Musulmans. Si l’on dit,
comme ‘Omar Ibn al-Khattab (qu’Allah soit satisfait de lui), qu’il
doit être exécuté sans discernement, à cela le Prophète (Salut et
Bénédictions d’Allah sur lui) a déjà répondu qu’il était présent à
Badr. Cela implique que cette défense ne peut provenir que de lui
seul. Et le fait d’exécuter autrui est une sentence canonique, ainsi
que le comprit ‘Omar Ibn al-Khattab (qu’Allah soit satisfait de lui)
car le Prophète (Salut et Bénédictions d’Allah sur lui) ne lui
répondit que par le prétexte invoqué au sujet de Hatib. Nous avons
précédemment souligné que ‘Omar (qu’Allah soit satisfait de lui)
demanda son exécution parce qu’il le jugeait hypocrite. Peut-être le
fut-il, peut-être aussi a-t-il visé un but personnel, tout en
conservant sa foi. La preuve en est que l’anecdote rapporte cette
parole du Prophète (Salut et Bénédictions d’Allah sur lui) : « O
Hatib, as-tu écrit ce message ? » « Oui », répondit-il,
reconnaissant ainsi sa faute et ne mentant point. Tel le cas de
l’homme qui approuve a priori le divorce et dit « Je vise telle ou
telle chose dans un but lointain. » Alors cet homme est digne de
foi. Si l’on cite des preuves contre lui alors qu’il allègue des
raisons lointaines, elles ne sont pas retenues.
On
rapporte que Ibn al-Jaroud, le chef de la tribu de Ra bi’ah fit
arrêter Darbass car on l’avait informé qu’il renseignait les ennemis
des points faibles des Musulmans, alors, que ces derniers étaient
sur le point de les attaquer, il le crucifia. Darbass cria par trois
fois : « O Omar ! » ‘Omar vint à lui et lui cria par trois fois « Me
voilà, Darbass, » et brandissant une lance il lui trancha le cou. On
lui dit « Ne te hâte point. Il a envoyé des messages à l’ennemi et
se préparait à les rejoindre. » Il répondit : « Je l’ai tué parce
qu’il se préparait à cela. » Qui d’entre nous ne se prépare à agir
sans que ‘Omar juge qu’il convient de le mettre à mort ; mais il mit
en application l’avis d’Ibn al-Jaroud à ce sujet, quand il aborda le
cas de Hatib. Peut-être Ibn al-Jaroud a pris en considération la
récidive. Seulement Hatib fut saisi alors qu’il se préparait à agir,
c’est-à-dire avant l’accomplissement de ce dessein.
Si cet
espion est un impie, al-Awada’i juge que c’est un parjure. Asbagh
avance que l’espion en matières militaires doit être exécuté. Quant
à l’espion musulman ou le Dhimmi, ils doivent être punis et ne
seront mis à mort que s’ils complotent contre les Musulmans. Ibn
Abou Talib rapporte sous l’autorité du Prophète (Salut et
Bénédictions d’Allah sur lui) qu’un jour, il fit comparaître devant
lui un espion du nom de Farrat Ibn Habbane. II ordonna de le mettre
à mort. L’homme cria : « O compagnons du Prophète : Serais-je mis à
mort alors que j’atteste qu’il n’y de Dieu qu’Allah et que Muhammad
est Son Prophète ? » Le Prophète (Salut et Bénédictions d’Allah sur
lui) ordonna aussitôt de le remettre en liberté. Puis il dit : « Il
en est parmi vous ceux que nous respectons pour leur foi, et parmi
ceux-ci, Farrat Ibn Habbane[4]. »
Le
Musulman et le Dhimmi sont mis à mort s’ils ont eu pour but de nuire
aux Musulmans. Mais si l’intention a été seulement criminelle,
entendant par là qu’ils ne visaient point leur faire du tort, il
leur sera infligé une peine, mais celle de la mort sera exclue[5].
Quant
à l’espion étranger, il sera mis à mort pour avoir espionné et pour
avoir violé son serment, son intention fût-elle générale ou
spéciale. On rapporte que Malik dit que parmi les peines prévues par
le Qur’an certains peuvent être condamnés à la peine capitale. Des
disciples d’Ahmad approuvent comme lui la peine de mort infligée à
l’espion musulman, s’il a été au service de l’ennemi. Malik et
certains disciples hanbalites jugent qu’il peut être exécuté. Abou
Hanifah, ash-Shafi’i et d’autres hanbalites comme le Qadi Abou Ya’la
s’y opposent[6].
Il
nous est possible de trancher cette divergence en rappelant ce que
nous avons rapporté au sujet de la distinction entre l’intention
criminelle spéciale et l’intention générale. Le critère qui permet
cette distinction est la mise à mort de l’espion. Si cette intention
est spéciale, il doit être exécuté. Mais si elle est générale, il
subira une peine, celle de mort étant exclue[7]. S’il
s’agit d’un étranger, il ne sera pas exécuté, quelle qu’ait été son
intention.
Les crimes portant atteinte à la sécurité de l’Etat à
l’intérieur du territoire
Les
principaux crimes portant atteinte à la sécurité intérieure de
l’Etat sont : les tentatives de renverser par la force le système de
gouvernement; le sabotage des édifices publics; la corruption etc.
Les crimes les plus importants, à savoir : la sédition et
l’apostasie. »
(Fin
de citation et de chapitre)
[1]
Abou Youssouf : Al-Kharaj, p. 190. Cela comporte aussi la
fuite des capitaux vers l’étranger. Voir al-Fatawi
al-Qamiliya p. 251. « Ceux qui, d’entre les ennemis,
rejoignent les troupes de Musulmans et luttent à leurs côtés
tout en aidant leurs ennemis ou leur communiquant des
renseignements ou des documents, ceux-là suivront le sort
des apostats. S’ils sont démasqués, ils devront être
exécutés. »
[2]
Ibn al-‘Arabi: Ahkam al-Qur’an p. 249.
[3]
La Sourate al-Moumtahanah (l’Eprouvée) fut révélée en cette
circonstance. Elle fut révélée à la suite de ce qui advint
de la part de Hatib Ibn Abou Balta’ah un des soldats de
l’Islam, lorsqu’une pauvre femme du nom de Sarab vint
solliciter une pension, lorsqu’elle voulut retourner à la
Mecque, Hatib lui donna dix dinars prix d’un message qu’elle
devait remettre aux impies de Qouraysh. On y lisait ce qui
suit : « De Hatib aux gens de la Mecque. Le Messager d’Allah
(Salut et Bénédictions d’Allah sur lui) désire vous
attaquer. Soyez sur vos gardes. » L’Ange Gabriel (‘aleyhi
salam) informa le Prophète (Salut et Bénédictions d’Allah
sur lui) de ce fait. Il dépêcha alors ‘Ali, ‘Omar et une
troupe de Musulmans (qu’Allah soit satisfait d’eux) pour se
saisir de ce message avant qu’il ne parvienne à destination.
Lorsqu’ils eurent rejoint la femme, et qu’ils se furent
emparés du message, le Prophète (Salut et Bénédictions
d’Allah sur lui) demanda à Hatib ce qui l’avait poussé à
faire cela. Hatib répondit : « O Prophète, je n’ai point
abjuré Qouraysh depuis ma conversion. Mais j’étais un
étranger à Qouraysh et j’ai des parents qui y vivent, j’ai
donc craint les représailles que l’on pourrait
exercer sur eux. D’autres ont des parents puissants qui
protègent les leurs. J’ai voulu apporter à Qouraysh une aide
afin de protéger les miens. » Le Prophète (Salut et
Bénédictions d’Allah sur lui) le crut et accepta son
repentir car il était de ceux qui étaient présent à Badr. »
Sheikh ‘Abdel-Jalil ‘Issa :
Tayssir at-Tafsir p. 734.
[4]
Ibn Al-‘Arabi 249/II. L’espion est cité sous le nom de ‘Ayn
» ou œil, car c’est cet organe qui lui permet de remplir
cette mission criminelle.
[5]
Dans al-Mouhadhab
242/11, on relève ce qui suit « Si un Musulman espionne dans
l’intérêt des impies, il ne sera pas mis à mort,
conformément à ce que cite ‘Ali : « Le Prophète (Salut et
Bénédictions d’Allah sur lui) nous dépêcha, moi ad-Doubayr
et al-Qaddad et nous dit: « Allez jusqu’à la Vallée de
Khakh. Vous y trouverez une femme porteuse d’un message.
Emparez-vous-en. » Nous nous rendîmes à la Vallée et
trouvâmes cette personne et lui réclamâmes le message. Elle
nous le remit et nous le portâmes au Prophète (Salut et
Bénédictions d’Allah sur lui) qui sut ainsi que Hatib Ibn
Abou Balta’ah s’adressait à des gens de la Mecque, les
informant de certains détails concernant le Prophète (Salut
et Bénédictions d’Allah sur lui). Il lui dit donc : « O
Hatib, qu’est cela ? » Celui-ci répondit : « Ne hâte pas ma
fin. J’étais leur allié. J’ai voulu avoir chez eux un
certain crédit pour protéger les miens. Je n’ai point
apostasié. » « Il dit la vérité, » déclara le Prophète
(Salut et Bénédictions d’Allah sur lui) mais Omar
intervint : « O Apôtre d’Allah, permets-moi de trancher la
tête à cet hypocrite. » Le Prophète (Salut et Bénédictions
d’Allah sur lui) répondit : « Il a participé à la bataille
de Badr ». Soufyan Ibn Ayyinah, récita alors ces versets :
« Ô vous qui avez cru
! Ne prenez pas pour alliés Mon ennemi et le vôtre, leur
offrant l’amitié, alors qu’ils ont nié ce qui vous est
parvenu de la vérité. Ils expulsent le Messager et
vous-mêmes parce que vous croyez en Allah, votre Seigneur.
Si vous êtes sortis pour lutter dans Mon chemin et pour
rechercher Mon agrément, leur témoignerez-vous secrètement
de l’amitié, alors que Je connais parfaitement ce que vous
cachez et ce que vous divulguez ? Et quiconque d’entre vous
le fait s’égare de la droiture du sentier. » (Qur’an
60/1)
[6]
Ash-Shoukani : Nayl
al-Awtar 7/VIII et 211/VII. Salma Ibn Abi‘Akwa’
rapporte ce qui suit : « On amena devant le Prophète (Salut
et Bénédictions d’Allah sur lui) un espion (‘ayn) alors
qu’il était en voyage. Ce dernier, peu après s’esquiva. Le
Prophète (Salut et Bénédictions d’Allah sur lui) ordonna
alors de le poursuivre et de le tuer. (Cité par Ahmad,
al-Boukhari et Abou Daoud). En ce qui concerne Farrat Ibn
Habbane, le Prophète (Salut et Bénédictions d’Allah sur lui)
ordonna de le mettre à mort. C’était un Dhimmi qui
espionnait pour Abou Soufyan. Il était allié à un des
partisans du Prophète (Salut et Bénédictions d’Allah sur
lui). Passant près d’un groupe, il dit : « Je suis
Musulman. » Le Prophète (Salut et Bénédictions d’Allah sur
lui) déclara alors que parmi ses suivants, un homme respecté
pour sa foi était Farrat Ibn Habbane (cité par Ahmad, Abou
Daoud, sous la rubrique de l’espion Dhimmi. L’anecdote
relative à Farrat démontre que l’on peut tuer l’espion
Dhimmi. Les Hadawiyah jugent que l’espion des infidèles doit
être mis à mort s’il a déjà combattu ou s’il a déjà été
cause d’un combat. Si cela n’a pas eu lieu, il doit être mis
en prison.
[7]
Cela se déduit aussi de
Tabsirat al-Houkkam
138/II. On peut mettre à mort un homme qui réclame l’Amân,
que si ce dernier est un espion. Sahnoun considère que le
Musulman qui communique des informations à l’ennemi doit
être mis à mort. Pas de rançon payée à ses héritiers, comme
c’est le cas du combattant. Certains soutiennent qu’il doit
être flagellé, emprisonné, exclu de son travail. D’autres
veulent qu’il soit exécuté, à moins que son ignorance soit
prouvée. D’autres enfin voudraient voir l’application de la
peine de mort en cas de récidive habituelle. Autrement,
d’après eux, la flagellation et la torture suffisent.
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