De la conquête d’Ascalon et des places voisines
Lorsque Salah ad-Din eut pris Beyrouth, Joubayl et d’autres
endroits, Ascalon et Jérusalem devinrent ses objectifs les plus
importants pour plusieurs raisons dont celle que ces villes étaient
sur la route de l’Egypte et qu’elles les reliaient à la Syrie. Il
voulait que ses dominions soient contigus pour faciliter la sortie
et l’entrée de troupes et parce que la conquête de Jérusalem
apporterait une excellente renommée et une grande réputation parmi
d’autres buts similaires. Il marcha donc de Beyrouth vers Ascalon
après avoir assemblé ses forces avec son frère al-‘Adil et les
troupes d’Egypte qu’il avait avec lui.
Ils
arrivèrent à Ascalon le dimanche 16 du mois de Joumadah Thani et
Salah ad-Din convoqua le roi croisé et le maître des Templiers de
Damas et leur dit : « Si vous m’abandonnez la ville, vous pourrez
avoir un sauf-conduit. » Ils demandèrent donc aux croisés d’Ascalon
d’abandonner la ville mais ils n’obéirent pas à l’ordre et donnèrent
une réponse très insolente et les qualifièrent de lâches d’une façon
blessante.
Voyant
cela, Salah ad-Din intensifia son attaque sur la ville, érigea ses
trébuchets et l’assaillit maintes fois. Les sapeurs avancèrent vers
le mur et causèrent des dommages à la barbacane tandis que pendant
ce temps leur roi répétait ses messages de capitulation tout en leur
promettant que lorsqu’il serait libéré de la captivité, il
ravagerait les terres des Musulmans par le feu, demanderaient de
l’aide des croisés d’outre-mer et leur ramèneraient cavalerie et
fantassins des terres proches et lointaines des croisé mais ils ne
répondirent pas à ses demandes ni écoutèrent ce qu’il préconisa.
Cependant, quand ils virent qu’ils devenaient chaque jour de plus en
plus faibles, que lorsqu’un de leur membre était tué ils étaient
incapables de trouver un remplaçant et qu’il ne recevrait aucun
soulagement, ils se mirent en contact avec leur roi captif pour
abandonner la ville sur certaines conditions que Salah ad-accepta.
Pendant le siège, ils avaient tué un grand émir du Mihrani et ils
craignirent que lorsqu’ils quitteraient la ville que son clan tue
certains d’entre eux pour se venger. Ils furent donc très prudents
sur les conditions qu’ils firent pour leur propre sécurité. Tout
cela fut accordé et ils abandonnèrent la ville, le dernier jour du
mois de Joumadah Thani, après un siège de quatorze jours. Salah
ad-Din envoya leurs femmes, enfants et biens à Jérusalem et remplit
les conditions qu’il leur avait données.
De la prise des villes et des forteresses près d’Ascalon
Après
avoir pris Ascalon Salah ad-Din resta à l’extérieur de la ville et
dépêcha des escadrons partout dans le pays voisin. Ils prirent
Ramlah, Daroum, Gaza, le sanctuaire d’Ibrahim l’Ami d’Allah (Saluts
et Bénédictions d’Allah sur lui), Youbna, Bethlehem, Bayt Jibril,
Latroun et tout qui avait été occupé par les Templiers.
De la conquête de Jérusalem
Quand
Salah ad-Din eut fini avec Ascalon et les endroits voisins, comme
cela a été mentionné, il envoya un message en Egypte et ordonna à sa
flotte de se présenter avec un complément de combattants commandés
par Houssam ad-Din Lou'lou' le chambellan, célèbre pour sa bravoure,
son audace et sa bonne fortune. Ils restèrent en mer et
interrompirent le trafic maritime des croisés en saisissant et
capturant tous les vaisseaux ou galère qu’ils aperçurent. Quand la
flotte arriva et l’esprit de Salah ad-Din fut tranquillisé sur ce
point, il quitta Ascalon et marcha vers Jérusalem où se trouvaient
le patriarche révéré par les croisés et plus important que leur roi
et Balian le seigneur de Ramlah dont la réputation à leurs yeux
était égale à celle du roi. Il y avait aussi leurs chevaliers qui
s’étaient échappés de Hattin et s’étaient rassemblés là en nombre
avec les habitants des régions voisines, d’Ascalon et d’ailleurs. Il
y avait aussi une grande armée dont tous les soldats considéraient
la mort plus facile à supporter que la prise de Jérusalem
par les Musulmans et ils étaient convaincus qu’il était de
leur devoir de tenir la ville au prix de leurs vies, de leur argent
et de leurs enfants. Et durant les jours précédents, ils
fortifièrent la ville avec ce qui put être utilisés pour la
circonstance. Ils consolidèrent les murs, s’armèrent, s’unirent pour
la défendre et la protéger avec toutes leurs forces, leurs
capacités, leurs déterminations et leurs résistances. Ils érigèrent
des trébuchets sur les murs pour prévenir les tentatives d’approche
et harcelèrent durement la ville.
Quand
Salah ad-Din approcha, un émir avec une compagnie d’hommes avança
imprudemment et sans précaution. Il fut intercepté par un
détachement de croisés qui avait quitté Jérusalem pour agir comme
une avant-garde et il s’ensuivit un affrontement au cours duquel il
fut tué avec plusieurs de ses hommes. Sa mort ennuya les Musulmans
et ils furent peinés par sa perte. Cependant, ils procédèrent et
campèrent devant Jérusalem au milieu du mois de Rajab.
Quand
ils établirent le camp, les Musulmans virent sur les murs assez
d’hommes pour les consterner et des habitants de la ville poussèrent
une telle clameur en criant qu’il indiqua le grand nombre d’entre
eux qui étaient réunis.
Durant
cinq jours, Salah ad-Din continua à patrouiller autour de la ville
pour trouver le point d’attaque tant la ville était particulièrement
puissante et bien défendue. Il ne trouva aucun endroit où concentrer
son attaque excepté près de la Porte de Damas et de l’église de Sion
ou il se rendit et campa le 20 Rajab. Cette nuit il déploya ses
trébuchets et avant que le matin n’arrive, ils étaient opérationnels
et prêts pour l’action. Les croisés érigèrent aussi des trébuchets
sur les murs et lancèrent des pierres (missiles) sur eux.
Ce fut
plus la féroce bataille jamais vu, puisque chacun des deux côtés
croyait que c’était un devoir religieux et obligatoire et les chefs
n’eurent besoin de motiver personnes. Non, tous résistaient sans
abandonner et repoussaient en refusant d’être repousser. La
cavalerie croisée faisait tous les jours des sorties pour défier et
lutter contre l’ennemi. Les hommes furent tués des deux côtés.
Du
côté musulman l’émir ‘Izz ad-Din ‘Issa Ibn Malik, un des émirs aînés
dont le père avait été le seigneur de Qal’at Ja’bar trouva la mort
d’un martyr. Il se livrait personnellement chaque jour à la bataille
et trouva sa mort, puisse Allah lui faire miséricorde. Il était aimé
tant par l’élite que le peuple. Quand les Musulmans le virent
tomber, ils furent peinés et leurs cœurs affectés. Ils chargèrent
alors comme un seul homme et reconduisirent les croisés de leurs
positions et les obligèrent à reculer dans la ville. Les Musulmans
atteignirent le fossé, le traversèrent et gagnèrent le mur qu’ils
commencèrent à miner. Les archers avancèrent pour les protéger
pendant que les trébuchets continuaient leur bombardement pour
balayer les croisés des murs et pour permettre aux sapeurs de
poursuivre leurs travaux. Quand ils eurent fini, ils les remplirent
des habituelles substances.
Quand
les croisés virent comment les Musulmans luttèrent violemment,
l’effet accablant des trébuchets avec leur bombardement
ininterrompus et le succès du minage des sapeurs, ils se rendirent
compte que leur destruction était imminente et leurs chefs se
réunirent donc pour s’entretenir sur que faire ou ne pas faire. Ils
acceptèrent de se rendre sous des conditions et abandonner Jérusalem
à Salah ad-Din. Ils envoyèrent plusieurs de leurs grands hommes et
notables pour demander des conditions. Quand ils en parlèrent au
sultan, il refusa leur demande et dit : « Je vous traiterai
exactement de la même manière que vous avez traité les habitants
quand vous l’avez conquise en l’an 491, tuant et asservissant et
récompensera le mal par le mal[1]. » Quand
les envoyés revinrent déçus et rejetés, Balian envoya de nouveau un
envoyé et demanda un sauf-conduit pour lui-même afin de venir devant
Salah ad-Din pour discuter et arranger cette affaire. Cela fut
accordé. Il vint donc et refit sa demande mais sans succès. Il
supplia Salah ad-Din mais il ne broncha pas ; il lui demanda de
montrer la clémence mais lui (Balian et les siens) n’en montra
point.
Quand
Balian désespéra, il dit à Salah ad-Din : « O sultan, pense que dans
cette ville nous sommes une grande armée que Dieu seul sait. Ils
tempèrent leur combat simplement dans l’espoir de conditions en
croyant que vous les leur accorderez comme vous l’avez fait à
d’autres. Ils fuient la mort et désirent la vie. Cependant, s’ils
voient que la mort est inévitable, par Dieu nous ferons périr nos
fils et femmes, brûlerons nos propriétés et marchandises et ne vous
laisserons profiter ni du moindre dinar ou dirham, ni prendre captif
un seul homme ou femme. Quand nous aurons fini nous détruirons le
Dôme de la Roche, la Mosquée al-Aqsa et d’autres sites et tuerons
ensuite tous les prisonniers musulmans et nous en avons 5 000. Nous
ne laisserons ni une monture ou un anima sans le tuer. Alors nous
sortirons tous contre vous et combattrons comme des hommes
désespérés luttant pour leurs vies. Pas l’un d’entre nous ne sera
tué avant qu’il n’ait tué un grand nombre d’entre vous. Nous
mourrons noblement ou gagnerons la victoire glorieusement. »
Salah
ad-Din consulta ses hommes et ils acceptèrent d’accorder les
conditions des croisés et ne pas s’engager dans une action qui
pourrait avoir pour résultat des conséquences imprévues. « Nous
devrions les considérer comme des captifs entre nos mains et nous
devrions leur vendre leurs vies pour un prix fixé entre eux et
nous. » Sur ce Salah ad-Din accepta d’offrir des conditions aux
croisés.
Il fut
convenu que chaque homme devrait payer dix dinars, tant pour le
riche que pour le pauvre, chaque enfant, mâle ou femelle, deux
dinars et chaque femme cinq dinars. Tous ceux qui paieraient au
cours de quarante jours seraient en sécurité et ceux qui n’auraient
pas payé avant l’expiration des quarante jours deviendrait un
esclave. Balian offrit 30 000 dinars de la part des pauvres et cela
fut accepté.
La
ville fut abandonnée le vendredi 27 Rajab, un jour à se souvenir et
à ne pas oublier. Les bannières de l’Islam furent élevées sur les
murs et Salah ad-Din posta à chaque porte de la ville des émirs
comme des employés d’office pour recueillir la rançon fixée des
habitants mails ils employèrent la ruse et trahirent la confiance
qui leur avait été donné. L’auraient-ils fait, l’argent aurait suffi
à remplir les caisses du trésor public et aurait été suffisant pour
chacun car un compte fiable déchiffra la population à 60 000 hommes,
montés ou les fantassins, sans compter les femmes et les enfants qui
dépendaient d’eux. Nul ne devrait s’étonner de cela sachant que tous
les autres habitants des villes qui avaient été prise comme Ascalon,
Daroum, Ramlah, Gaza et d’autres villes s’étaient en grande partie
réfugiés dans Bayt al-Maqdis ou les rues et les églises étaient
tellement bondées que la marche à pied était difficile.
Une
autre indication de la grande multitude est que la plupart d’entre
eux payèrent la rançon fixée et Balian garantit la liberté de 18 000
hommes avec les 30.000 dinars qu’il avait payés. Enfin, il resta
ceux qui n’avaient rien à donner pour se racheter soit 16.000 âmes,
hommes, femmes et enfants et qui furent prit captifs et cela fut
solidement documenté.
Chaque
partie d’un groupe d’émirs prétendit que plusieurs des paysans de
son fief résidaient à Jérusalem et les libérèrent ainsi pour
empocher la rançon. Plusieurs émirs habillèrent des croisés comme
des soldats musulmans et les firent sortirent ainsi en prenant d’eux
le paiement de la rançon qu’ils avaient imposé. D’autres aussi
demandèrent à Salah ad-Din de leur donner un certain nombre de
croisés ce qu’il fit et ils prirent alors pour eux même le paiement
de la rançon. Et au final, seule une petite quantité arriva dans les
caisses du trésor[2].
Il y
avait à Jérusalem une dame royale grecque qui vivait vécu là comme
une none, accompagnée par une grande escorte de gardiens, d’esclaves
mâles et femelles qui avait avec elle une grande quantité d’argent
et de bijoux précieux qui demanda un sauf conduit pour elle et sa
compagnie. Salah ad-Din lui accorda sa demande et la convoya au
loin.
Il
libéra aussi la reine de Jérusalem dont il maintenait le mari captif
et qui était devenu le roi des croisés par son mariage avec elle et
avait régné comme son député. Il la libéra aussi avec ses richesses
et son escorte. Elle demanda la permission de visiter son mari, qui
à cette époque était confiné dans la citadelle de Nablous. Salah
ad-Din lui donna sa permission et elle se rendit donc chez lui et
resta avec lui.
La
femme de Renaud, le seigneur de Karak, que Salah ad-Din avait tué de
sa propre main le jour de la bataille de Hattin vint aussi chez lui
et intercéda pour un de ses fils captif. Salah ad-Din lui dit : « Si
tu abandonnes Karak, je le libérerai, ». Elle alla donc à Karak mais
les croisés ne l’écoutèrent pas. Ils n’abandonnèrent point la
forteresse et il ne libéra pas son fils. Cependant, il libéra ses
biens et ceux qui l’accompagnait.
Le
patriarche des croisés partit avec une immense quantité, qu’Allah
Seul connait la valeur, de richesse des églises, du Dôme de la
Roche, d’al-Aqsa, du « Saint Sépulcre » et d’autres en plus d’une
quantité comparable de ses propres richesses mais Salah ad-Din ne le
dérangea pas. Il lui fut suggéré de saisir ce qu’il avait pour
renforcer les Musulmans mais il dit : « Je n’agirai pas
traîtreusement envers lui » et tout ce qu’il prit de lui fut dix
dinars (le prix de sa rançon). Il renvoya tout le monde accompagné
par une escorte pour les protéger aussi loin que Tyr.
Au
sommet du Dôme de la Roche se trouvait une grande croix dorée. Quand
les Musulmans entrèrent dans la ville le vendredi, plusieurs hommes
grimpèrent en haut du dôme pour retirer la croix. Quand elle tomba,
tous ceux de la ville et de l’extérieur, les deux Musulmans et les
croisés, crièrent comme un. Les musulmans crièrent « Allahou Akbar »
de joie tandis que les croisés poussèrent des cris de détresse et de
douleur. Les gens entendirent une si grande clameur que la terre
trembla presque sous eux.
Après
la conquête de Bayt al-Maqdis et le départ des adorateurs
de la croix, Salah ad-Din ordonna de restituer les bâtiments dans
leur ancien état. Les Templiers avaient construit des habitations à
l’ouest de la Mosquée al-Aqsa et avaient érigé là tout ce dont ils
avaient besoins, des entrepôts, des locaux etc. Ils avaient
incorporé une partie d’al-Aqsa dans leurs bâtiments et elle fut
rendue à son état original.
Salah
ad-Din ordonna aussi de purifier la Mosquée al-Aqsa et du Dôme du
Rocher des immondices et des impuretés. Et tout cela fut dûment
accompli.
Le
vendredi suivant, le 4 du mois de Sha’ban, les musulmans et Salah
ad-Din exécutèrent la prière du vendredi dans le Dôme du Rocher. Le
prêcheur (al-khatib) et l’Imam furent Mouhyi ad-Din Ibn az-Zaki, le
Qadi de Damas.
Plus
tard, Salah ad-Din nomma un Khatib et un Imam pour les cinq prières
quotidiennes et ordonna de construire une chaire. On lui dit que
Nour ad-Din Mahmoud avait déjà fait une chaire dans Alep après avoir
demandé aux artisans de ne rien épargner pour l’embellissement, la
perfection et ni même l’effort en ajoutant : « Ce que nous avons
fait est fait pour être érigés à Jérusalem. » Les charpentiers
l’avaient fini depuis plusieurs années et il n’y en eut jamais de
similaire en Islam. Ainsi Salah ad-Din ordonna qu’elle soit apportée
et elle fut transporté d’Alep et érigé à Jérusalem. Entre sa
fabrication et son transport plus de vingt ans passèrent. Ce fut
l’un des actes inspirés de Nour ad-Din et un exemple de l’excellence
de ses intentions (puisse Allah Exalté lui faire miséricorde).
Quand
Salah ad-Din eut accompli la prière de vendredi, il ordonna la
réparation de la Mosquée al-Aqsa et l’utilisation de tous les moyens
pour l’embellir, l’orner et restituer ses exactes inscriptions. Il
fit apporter du marbre incomparable, des mosaïques dorées de
Constantinople et d’autres choses nécessaires qui avaient été
conservées durant de longues années. La restauration débuta et les
images dans ces bâtiments furent effacées.
Les
croisés avait posé un dallage de marbre au-dessus de la Roche et
l’avait recouverte et Salah ad-Din ordonna de la dévoilée à nouveau.
La raison est due au fait que les prêtres vendirent une grande
partie de la Roche aux Chrétiens qui venaient d’outre-mer pour le
pèlerinage qui achetaient des fragments pour leurs poids en or en
espérant profiter de sa sainteté. Quand l’un d’entre eux revenait
dans sa patrie, il construisait une église pour ce petit morceau
qu’il plaçait sur un autel. Un de leur roi craignit que toute la
roche disparaisse et ordonna donc de la sceller pour la préserver.
Lorsque la Roche fut dévoilée, Salah ad-Din y transféra de
magnifiques copies du Qur’an et des pupitres parfaits pour la
lecture. Il établit aussi des lecteurs réguliers de Qur’an et leur
fournit de larges salaires. L’Islam fut de nouveau restitué dans la
place purifiée et embellie.
Masjid as-Sakhrah
L’acte
béni de la conquête de Jérusalem ne fut accompli par personne depuis
l’époque de ‘Omar Ibn al-Khattab (qu’Allah soit satisfait de lui)
excepté par Salah ad-Din (puisse Allah lui faire miséricorde) et
c’est là un honneur et une gloire suffisante.
La
population chrétienne resta et entreprit la vente à très bon marché
de ses biens mobiliers, de leurs échoppes et objets de valeur qu’ils
ne pouvaient ni transporter et ni porter. Les commerçants qui
suivaient l’armée musulmane les achetèrent tout comme les Chrétiens
locaux de Jérusalem qui n’étaient pas des croisés. Ces
Chrétiens demandèrent à Salah ad-Din la permission de rester
dans leurs habitations et en échange du paiement d’un tribut ce
qu’il leur accorda et ils achetèrent alors quelques propriété des
croisés qui avaient abandonné aussi beaucoup de choses qu’ils ne
pouvaient pas vendre tels que les lits, les coffres, les barils etc.
Ils laissèrent aussi beaucoup de marbre dont nul pareil ne pouvait
être trouvé, des colonnes et les dalles, des mosaïques et d’autres
choses. Et ainsi, ils partirent tous.
De la marche de Salah ad-Din sur Tyr pour l’investir
Lorsque Salah ad-Din eut conquis Jérusalem, il resta à l’extérieur
de la ville jusqu’au 25 du mois de Sha’ban, arrangeant les affaires
et l’état de la ville. Il ordonna la construction d’hospices et de
Madrassah. La résidence des Hospitaliers fut convertie en Madrassah
d’une absolue beauté pour les Shafi’i. Quand il finit l’organisation
de la ville, il se mit en route pour Tyr où un immense nombre de
croisés s’était rassemblés et dont le souverain et l’autorité était
le marquis. Il administra très bien les croisés et fit son maximum
pour renforcer la ville.
Salah
ad-Din arriva à Acre et y resta quelques jours. Quand le marquis fut
informé de son arrivée, il redoubla d’efforts sur le mur de Tyr et
le fossé qu’il approfondi et connecta à la mer de l’autre côté. La
ville devint comme une île au beau milieu de la mer avec
l’impossibilité d’y accéder ou d’y approcher.
Puis
Salah ad-Din quitta Acre et arriva devant Tyr le 9 du mois de
Ramadan et campa près d’une rivière proche de ville d’où il pourrait
l’observer jusqu’à ce que ses hommes l’ait rejoint. Il avança alors
le 22 du mois de Ramadan de cette même année et campa sur une
colline près de la muraille où il pourrait observer la bataille. Il
donna les plans de la bataille à ses troupes et alloua à chaque
détachement une période fixe de combat pour les défenseurs soient
continuellement retenus. Cependant, l’endroit où ils devaient lutter
était une courte étendue qu’une petite compagnie de garnison pouvait
défendre, protégés comme ils étaient par les fossés alimentés
directement par l’eau de mer et que les oiseaux pouvaient à peine
survoler.
La
ville ressemblait à une main dans la mer avec son avant-bras
lui-même entouré d’eau et raccordé avec le territoire principal. Le
combat était seulement possible sur l’avant-bras. Plus d’une fois
les Musulmans attaquèrent avec des trébuchets, des catapultes, des
balistes[3] et tours de
siège. La famille de Salah ad-Din, son fils al-Afdal, son fils
az-Zahir Ghazi, son frère al-‘Adil et son neveu Taqi ad-Din et aussi
tous les autres émirs prirent leur tour dans le combat.
Les
croisés, qu’Allah les maudisse, avaient des galères et des barges
(harraqa) qu’ils mirent à la mer et postèrent des deux côtés de
l’endroit où les Musulmans retenaient la garnison et tirèrent sur
leurs flancs avec des arbalètes. Cette attaque leur fut pénible
parce que la garnison les retenait d’en haut et les hommes dans les
galères sur les côtés. Leurs flèches passèrent d’un bord à l’autre à
cause de l’exiguïté de leur position et beaucoup de Musulmans furent
blessés ou tués en plus d’être incapable d’approcher près de la
ville.
Salah
ad-Din fit donc venir des galères, dix vaisseaux en tout, qui était
venu d’Egypte et qui étaient ancrées à l’Acre. Il les convoqua avec
leurs équipages, des combattants et des armes. Ils empêchèrent ainsi
les galères des hommes de Tyr de retenir les Musulmans et ces
derniers furent dès lors capables de s’approcher de la ville et
l’attaquer tant par terre que mer et appuyèrent durement sur les
défenseurs si bien qu’ils furent presque victorieux. Alors le destin
provoqua ce que personne n’avait escompté. Cinq des galères
musulmanes passèrent une de ces nuits ancrées en face du port de Tyr
pour prévenir l’entrée ou la sortie. Ils passèrent la nuit à
surveiller attentivement. Leur commandant était ‘Abdes-Salam
al-Maghribi, un matelot connu pour son habileté et pour sa bravoure.
Quand l’aube arriva, ils se sentirent sûrs et prirent un peu de
sommeil. L’instant d’après, les galères croisé étaient tombée sur
eux, les avait encerclés puis submergés. Les croisés tuèrent qui ils
voulurent tuer et saisirent le reste avec leurs navires et les
prirent dans le port de Tyr, sous les yeux des Musulmans sur terre.
Plusieurs des marins musulmans se jetèrent par-dessus le bord des
galères. Certains réussirent à gagner la sécurité mais les autres se
noyèrent.
Salah
ad-Din ordonna aux galères restantes de naviguer à Beyrouth
puisqu’elles n’étaient plus utiles à cause de leur petit nombre. Ils
levèrent donc les voiles mais ils furent poursuivis par les galères
croisées. Quand les Musulmans à bord des navires virent les croisés
à leur poursuite ils accostèrent, se sauvèrent et abandonnèrent
leurs navires. Salah ad-Din protégea les hommes et brisa les navires
avant de revenir à l’assaut de Tyr par la terre mais c’était peu
utile à cause de l’approche étroite.
Un
jour, les croisés sortirent en avant et luttèrent contre les
Musulmans au-delà de leurs fossés et il s’ensuivit un violent
affrontement qui dura jusqu’à la fin du jour. Ils se retirèrent
avant la fin (du temps) de la prière d’après-midi. Un grand
chevalier célèbre fut pris captif après qu’il y eut des deux côtés
un grand nombre de combats et de tués autour de lui après qu’il
tomba et il fut exécuté. Cette situation dura un certain nombre de
jours.
Du départ de Salah ad-Din de Tyr pour Acre et de la
dispersion des troupes
Quand
Salah ad-Din vit que l’opération de Tyr serait une longue, il
partit comme c’était son habitude. Chaque fois qu’une ville
résistait fermement, fatigué par les combats et le siège, il
l’abandonnait.
Durant
cette année, il ne resta longtemps dans aucune ville et les conquit
toutes en quelques jours sans fatigue ni épreuve, comme nous l’avons
déjà rapporté. Quand lui et ses hommes virent combien difficile
était la position de Tyr, ils devinrent impatients et demandèrent à
partir. Personne ne fut à blâmer pour cela mais Salah ad-Din fut la
personne qui envoya les troupes croisées là, leur fourni la
main-d’œuvre et les ressources des populations d’Acre, d’Ascalon, de
Jérusalem et d’ailleurs, comme nous l’avons dit auparavant. Il leur
donna des saufs conduits et les envoya à Tyr et ainsi les chevaliers
croisés survivants de la côte sont venus là avec leur argent,
l’argent des commerçants et d’autres. Ils tinrent la ville et
écrivirent en plus aux croisés d’outremer pour demander leur aide.
Ils leur répondirent favorablement et leur promirent assistance. Ils
leur demandèrent de tenir Tyr pour que cela puisse devenir un point
de ralliement et une base où ils pourraient être sûrs de trouver
refuge. Cela augmenta donc leur ardeur pour tenir et défendre
l’endroit.
Si
Allah Exalté le veut, nous mentionnerons la suite que ces événements
engendrèrent afin que nul souverain ne renonce à ses résolutions
même si le destin est contre lui. Echouer résolu est mieux que
réussir négligent et perdre sa détermination est plus susceptible de
le justifier aux yeux des hommes[4].
Quand
Salah ad-Din décida de partir, il consulta ses émirs qui n’étaient
pas unis. Certains dirent : « Le meilleur plan est de partir. Les
hommes ont été blessés et tués. Ils sont las et leur paie est
épuisée. L’hiver est arrivé et le champ de bataille sous la boue.
Permet-nous de nous reposer et de nous rétablir pendant ce froid.
Quand le printemps viendra, nous nous rassemblerons et reviendrons
ici et ailleurs. » Ce fut ce que les riches parmi eux dirent comme
s’ils craignaient que le sultan, s’il restait leur emprunterait de
l’argent pour l’armée car ses caisses de campagne et les
trésoreries étaient dépourvues de dirhams et de dinars parce qu’il
avait dépensé tout ce qui lui avait été apporté[5].
Un autre groupe dit : « Le meilleur plan est de persévérer contre la
ville et d’appuyer durement. C’est leur forteresse dont ils
dépendent. Quand nous la prendrons d’eux, tous les espoirs de ceux
au-delà de la mer pour cet endroit deviendront caducs et nous
prendrons le reste du territoire avec une grande facilité. »
Salah
ad-Din continua à hésiter entre le fait de partir et le fait de
rester. Quand ceux qui voulaient partir virent qu’il restait encore,
ils négligèrent leur part du combat et d’opérer les trébuchets. Ils
donnèrent l’excuse que leurs hommes étaient blessés ou qu’ils
avaient envoyé certains d’entre eux soit chercher des réserves
d’argent, soit du fourrage pour leurs animaux, soit des provisions
pour eux et d’autres excuses similaires et ils finirent par
abandonner complètement le combat.
Forcé
de se retirer, Salah ad-Din partit pour Acre à la fin du mois de
Shawwal.
Il congédia toutes les armées pour qu’elles reviennent dans leurs
patries et se reposer durant l’hiver et revenir au printemps. Les
armées de l’Est, Mossoul et d’autres partirent aussi bien que celles
de Syrie et d’Egypte. Sa garde spéciale resta résidente dans Acre ou
il résida lui-même dans la citadelle et confia les affaires de la
ville à ‘Izz ad-Din Jourdik, un des Mamalik supérieurs de Nour
ad-Din qui avait unit la vraie religion, la bravoure avec la bonne
administration.
De la conquête de Hanin
Quand
Salah ad-Din prit Tibnin, la garnison de Hanin avait refusé
d’abandonner, une des plus puissantes et plus imprenables
forteresses. Il décida de ne pas se détourner pour s’en occuper et
ne pas se laisser distraire par un siège mais
il envoya plutôt un détachement de troupes et d’émirs qui
l’assiégèrent et empêchèrent toutes réserves d’y parvenir. Il fut
alors occupé, comme nous avons décrit, avec la conquête d’Ascalon,
de Jérusalem et du reste. Pendant qu’il assiégeait Tyr, la garnison
de Hanin demanda des conditions qu’il accorda. Ils capitulèrent donc
et descendirent de la forteresse tandis que les conditions accordées
furent honorées.
Du siège de Safad, de Kawkab et de Karak
Quand
Salah ad-Din marcha sur Ascalon, il laissa des hommes au château de
Kawkab qui dominait le Jourdain pour l’assiéger, garder la route
contre ceux qui l’empruntaient et pour empêcher les croisés de
descendre et la couper. Il envoya un autre détachement de soldats au
fort de Safad qui dominait la ville de Tibériade qu’ils mirent sous
siège.
Le
château de Kawkab appartenait[6] aux
Hospitaliers et celui de Safad aux Templiers. Tous les deux étaient
près du site de la bataille de Hattin. Ils fournirent le refuge à
certains Templiers et Hospitaliers qui y survécurent et tinrent les
places. Quand les Musulmans les assiégèrent tous les deux, les gens
furent soulagés des cruautés de leurs voisins et les routes furent
de nouveau ouvertes si bien qu’un homme seul pouvait voyager sans
crainte.
Le
commandant des hommes qui assiégeaient Kawkab était un émir appelé
Sayf ad-Din, le frère de Jawouli al-Assadi, un homme audacieux et
brave respectueux pour la religion et pieux. Il resta à son poste
jusqu’à la fin du mois de Shawwal. Ses hommes veillaient à tour de
rôle et la dernière nuit de Shawwal un homme négligea son tour de
garde après avoir exécuté ses prières de nuit jusqu’à l’aube. Cette
nuit fut couverte de tonnerre, d’éclairs de vent et de pluie et
avant que les Musulmans qui dormaient réalisent ce qui arrivait, les
croisés furent sur eux avec leurs épées et les tuèrent tous. Ils
saisirent alors la nourriture, les armes et retournèrent dans leur
fort. Cela les renforca tellement qu’ils furent capable de tenir le
château jusqu’à ce qu’il fut pris vers la fin de l’année 584 de
l’Hégire (1189), ce que nous rapporterons si Allah Exalté le veut.
Ces
nouvelles parvinrent à Salah ad-Din alors qu’il quittait Tyr et lui
firent beaucoup de peine en plus de son chagrin de la perte de ses
galères, de leur chargement et son retrait de Tyr. Il posta alors à
la forteresse de Kawkab, l’émir Qaymaz an-Najmi avec une autre
compagnie de troupes qui poursuivirent le siège.
Du désaccord à Arafat et du meurtre d’Ibn al-Mouqaddam
Le
jour de ‘Arafat de cette année, Shams ad-Din Muhammad Ibn
‘Abdel-Malik, surnommé (connu sous le nom d’) Ibn al-Mouqaddam fut
tué à Arafat. Il était un des émirs aînés de Salah ad-Din, dont la
gloire a déjà été suffisamment mentionnée. Sa mort arriva comme
suit.
Après
la conquête musulmane de Jérusalem, il demanda à Salah ad-Din la
permission d’accomplir le Pèlerinage, de revêtir l’Ihram (vêtements
de pèlerin) à Jérusalem pour pouvoir accomplir dans une année, le
Jihad, le Pèlerinage (al-Hajj), une visite au sanctuaire de l’Ami
d’Allah Ibrahim (Saluts et Bénédictions d’Allah) ainsi qu’aux
sanctuaires des autres Prophètes (paix sur eux) en Syrie et la
visite de la Mosquée du Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions
d’Allah sur lui). La permission lui fut donc accordée.
Cette
année, une grande multitude de pèlerins s’étaient rassemblés en
Syrie venus des différentes terres, d’Irak, de Mossoul, de Diyar
Bakr, d’al-Jazirat, de Khilat, d’Anatolie, d’Egypte et d’autres,
pour joindre les visites des pèlerin tant à Jérusalem qu’à La
Mecque. Salah ad-Din leur nomma pour émir Ibn al-Mouqaddam et ils
arrivèrent sains et saufs à ‘Arafat, ou ils exécutèrent les rituels
de la station (Ouqouf) sur le site.
La
veille du déferlement de ‘Arafat, il s’apprêtât avec ses hommes et
ordonna de battre les tambours, le signe du départ et ses hommes les
battirent dûment. L’émir des pèlerins irakiens, Moujir ad-Din
Tashtakin, lui envoya un messager pour lui ordonner de ne pas partir
avant lui de ‘Arafat et de demander à ses hommes de stopper le
battement des tambours. Il répondit : « Je n’ai rien à voir
avec toi, tu es l’émir du pèlerinage des Irakiens et moi des
Syriens. Chacun de nous peut faire ce qu’il décide et choisit. » Et
il se mit alors en route sans tarder sans écouter ses paroles. Quand
Tashtakin vit sa détermination de lui désobéir, il monta avec ses
officiers et soldats suivit par une vaste foule et un grand nombre
de canailles, d’oisifs et d’agitateurs du corps de pèlerins
irakiens. Ils poursuivirent les pèlerins syriens pour les intimider
et quand ils arrivèrent près d’eux, l’affaire devint incontrôlable
et ils furent incapables de gérer la situation. Les provocateurs
irakiens attaquèrent violemment les pèlerins syriens et en tuèrent
un certain nombre, pillèrent leurs biens et saisirent certaines de
leurs femmes bien qu’elles furent rendues plus tard. Ibn
al-Mouqaddam reçut plusieurs blessures et empêcha ses gens de
répondre à la violence. L’aurait-il permis, il leur aurait rendu
justice et bien plus. Cependant, il se soucia d’Allah, de la
sainteté de l’endroit et du jour. Lorsqu’il fut affaibli par ses
blessures, Tashtakin le ramena dans sa tente et le logea pour le
soigner et réparer le manque de considération qu’il avait eu à son
égard.
Cette
nuit, ils quittèrent ‘Arafat et le jour suivant, il mourut à Mina et
fut enterré dans le cimetière de Malah. Ainsi le martyre lui fut
accordé après ses efforts dans le Jihad et sa participation lors de
la conquête de Jérusalem (puisse Allah lui faire miséricorde).
Au
mois de Rabi’ Thani de cette année, il y eut un feu dans les
entrepôts à Baghdad et beaucoup de bois fut brûlé. La raison est due
au fait qu’un juriste de la Madrassah Nizamiyah fit cuire un peu de
nourriture pour son repas et l’oublia.
Le feu se répandit et s’étendit aux entrepôts et dans le
voisinage qui furent consommés dans les flammes.
Du siège de Kawkab
Au
mois de Mouharram de l’année 584 de l’Hégire (1188), quand l’emprise
de l’hiver se desserra, Salah ad-Din, avec les troupes qui étaient
restées avec lui quittèrent Acre pour le fort de Kawkab qu’il mit
sous siège. Il fit son camp autour de lui en croyant qu’il serait
facilement accessible et prenable et pour cette raison, il ne ramena
qu’un nombre limité de soldats avec lui. Quand il le vit haut perché
et imprenable, il se rendit compte qu’il ne pourrait pas le faire.
Cette
place avec Safad et Karak lui avait donné beaucoup d’inquiétudes et
de soucis parce que toutes les régions côtières d’Acre avaient été
conquises vers le sud excepté ces forteresses qui ne devaient pas
être laissées, selon son opinion, au milieu de cette région pour le
tourmenter, diviser ses efforts et exiger leur surveillance afin que
les paysans et les voyageurs de passage ne soient pas éprouvés par
elles.
Après
qu’il commença le siège et vu combien le fort était puissant, que
cela demanderait un long effort pour le surmonter et le prendre, il
se retira au mois de Rabi’ Awwal et laissa Qaymaz an-Najmi en charge
de l’opération.
Les
envoyés de Kilij Arsalan, Qizil Arsalan et d’autres vinrent chez lui
pour le féliciter de ses conquêtes victorieuses. Puis de Kawkab,
Salah ad-Din alla à Damas ou les gens se réjouirent de son arrivée.
Il écrivit alors à tous les émirs de son dominion en leur ordonnant
de rassembler leurs armées là et d’y rester jusqu’à son prochain
départ vers la côte.
Comment Salah ad-Din marcha sur le territoire croisé
Quand
Salah ad-Din exprima son intention de quitter Damas, il visita
al-Qadi al-Fadil qui était malade pour lui dire adieu et le
consulter avant de prendre congé de lui et quitta Damas au milieu du
mois de Rabi’ Awwal pour aller à Homs ou il campa près du lac de
Qadas, à l’ouest de Homs, où les armées le rejoignirent. Le premier
des princes éloignés à arriver fut ‘Imad ad-Din Zanki Ibn Mawdoud
Ibn Aqsounqour, le seigneur de Sinjar, Nisibis et Khabour. Les
armées de Mossoul et des régions d’al-Jazirah suivirent
et se réunirent autour de lui en grand nombre. Il changea
alors de position et se rendit au-dessous du flanc oriental de Hisn
al-Akrad et j’étais avec lui à ce moment-là.
Il
resta durant deux jours avant de partir ensuite avec une force
légère en laissant l’armée et le convoi de bagages sous le fort. Il
entra alors dans le territoire croisé et attaqua Safithah,
‘Ouraymah, Yahmour et d’autres terres et seigneuries puis,
s’approcha de Tripoli et examina la ville et repéra par ou
l’attaquer ainsi que la route pour se retirer. Il revint alors en
toute tranquillité à son camp. Ses troupes avaient entre temps pillé
un immense nombre d’animaux de différentes sortes. Il resta au pied
de Hisn al-Akrad jusqu’à la fin du mois de Rabi’ Thani.
De la conquête de Jabalah
Quand
Salah ad-Din resta au pied de Hisn al-Akrad, Mansour Ibn Nabil le
Qadi de Jabalah vint le trouver et l’invita à venir pour qu’il
puisse lui abandonner la ville. Ce Qadi avait exercé une influence
et était digne de confiance dans ses rapports avec Bohémond, le
souverain d’Antioche et de Jabalah. Il jouissait d’un grand respect
et d’un statut élevé chez tous les Musulmans dans Jabalah et ses
districts dans tout ce qui concernait Bohémond. Le zèle pour la foi
le persuada maintenant à trouver le sultan et lui garantir la
conquête de Jabalah, Lattaquié et les villes du Nord. Salah ad-Din
disposa avec lui le 4 du mois de Joumadah Awwal et s’arrêta à
Tartous le 6 de ce même mois où il vit que les croisés avaient
abandonné la ville et s’étaient réfugiés dans deux puissantes tours,
une forte citadelle et une forteresse imprenable. Les Musulmans
détruisirent leurs palais, leurs maisons et la muraille et ils
pillèrent toutes les échoppes qu’ils trouvèrent.
Les
Templiers étaient dans une des tours que Salah ad-Din assiégea. Les
hommes de l’autre tour se soumirent à lui sur des conditions et
lorsqu’elles leur furent accordées, Salah ad-Din rasa la tour et
jeta les pierres dans la mer. Les Templiers continuèrent à résister
dans l’autre et avec eux se trouvait leur maître que Salah ad-Din
avait capturé dans la grande bataille et avait libéré plus tard lors
de la prise de Jérusalem et qui tenait maintenant ce fort.
Salah
ad-Din dévasta la seigneurie de Tartous et marcha ensuite sur
Maraqiyah qui avait été abandonnée par ses habitants qui s’étaient
réfugiés dans Marqab, une de leurs forteresses imprenables que
personne ne pouvait espérer conquérir du fait de sa hauteur et de sa
puissance. Elle était tenue par les Hospitaliers et la route
principale passait en dessous. La forteresse était sur la droite du
voyageur vers Jabalah et la mer sur sa gauche. Le passage était
étroit et ne permettait aux gens que de passer les uns après les
autres.
Il
arriva que le souverain croisé de Sicile envoya des renforts pour
les croisés sur la côte du Levant dans soixante galères. Ils étaient
à Tripoli et quand ils furent informés de la marche de Salah ad-Din,
ils arrivèrent et jetèrent l’ancre en mer au-dessous de Marqab pour
empêcher quiconque de passer en tirant des flèches sur lui depuis
leurs galères. Voyant cela, Salah ad-Din ordonna que des mantelets[7] et des
palissades soient montés le long de la route et du côté de la mer
sur toute la longueur du passage étroit. Ainsi les Musulmans
traversèrent jusqu’au dernier homme, négocièrent le passage et
atteignirent Jabalah le 18 du mois de Joumadah Awwal ou ils reçurent
sa capitulation à leur entrée.
Le
Qadi local était précédemment arrivé et était entré dans la ville et
lorsque Salah ad-Din arriva, il leva les bannières sur les murs et
lui abandonna la ville. Les croisés se fortifièrent dans la
citadelle et le Qadi de Jabalah continua à les menacer et à leur
faire des promesses jusqu’à ce qu’il les persuada de renoncer en
échange d’un sauf-conduit et qu’il prendrait des otages parmi eux
qui resteraient avec lui jusqu’à ce que les croisés aient libéré
leurs otages, certains habitants de Jabalah. Bohémond avait pris des
otages du Qadi et des Musulmans de Jabalah et les avait gardés avec
lui à Antioche. Le Qadi prit donc des otages des croisés et les
logea chez lui jusqu’à ce que Bohémond ait libéré les otages
musulmans. Alors les Musulmans libérèrent les otages croisés. Le
chef des habitants de Jabal vint trouver Salah ad-Din pour offrir sa
soumission et celle de ses gens. Jabal était une des montagnes les
plus défendables et très difficile d’accès et entre Jabalah et la
ville de Hama, il s’y trouvait un fort appelé Bikisra'il. À cette
époque, la route du territoire musulman pour rejoindre l’armée
passait à côté et les hommes avaient des difficultés pour y voyager.
Salah ad-Din organisa les affaires de Jabalah qu’il donna à l’émir
Sabiq ad-Din ‘Uthman Ibn ad-Dayah, le seigneur de Shayzar, pour la
tenir et partit ensuite.
De la prise de Lattaquié
Lorsque il fut finit avec les affaires à Jabalah, le sultan partit
pour Lattaquié, où il arriva le 24 du mois de Joumadah Awwal. Les
croisés avaient abandonné la ville parce qu’ils étaient incapables
de la défendre. Ils se réfugièrent dans deux forteresses qu’ils
avaient sur la montagne et résistèrent. Les Musulmans entrèrent dans
la ville, assiégèrent et attaquèrent les deux forts. Ils minèrent
environ une longueur de 24.5 mètres du mur et le préparèrent pour la
mise à feu. Le combat fut féroce et devint extrême quand ils
approchèrent du mur. Lorsque les croisés furent convaincu du
désastre imminent après que le Qadi de Jabalah fut entré et les mis
en garde contre ce que les Musulmans pourraient leur faire, ils
demandèrent des conditions que Salah ad-Din leur accorda et le
troisième jour du siège, les bannières de l’Islam furent élevés sur
les deux forts.
Lattaquié avait été construite avec les plus beaux édifices décorés
abondamment avec différents marbres de toutes sortes
Les Musulmans détruisirent beaucoup d’entre eux et
emportèrent le marbre. Ils ravagèrent un grand nombre d’églises sur
qui des sommes prodigieuses d’argent avaient été dépensées. Salah
ad-Din remit la ville à son neveu Taqi ad-Din ‘Omar, qui la
développa et fortifia sa citadelle si bien que celui qui avait
précédemment vu la ville n’aurait pas cru que c’était effectivement
le même endroit. Taqi ad-Din avait de grandes ambitions pour
fortifier les citadelles et dépenser lourdement pour elle comme il
fit avec la citadelle de Hama.
[1]
Les croisés, qu’Allah les maudisse, tuèrent 70.000 Musulmans
lors de cette circonstance soit tous les habitants de la
ville et pendant 10 jours.
[2]
J’espère que vous réalisez au fil de la lecture combien les
Musulmans étaient devenus « ghouta as-sayl » comme l’a si
bien dit le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah
sur lui). Pensez aussi que nous sommes comme eux de nos
jours, excepté ceux à qui Allah à Lui les Louanges et la
Gloire a fait miséricorde.
[3]
Les balistes sont des arbalètes géantes sur pied.
[4]
C’est exactement ce qui se passa lors de la conquête de
l’Andalousie.
[5]
J’espère aussi que vous lisez bien consciencieusement et
pensez tout en lisant ces pages d’histoires d’une importance
capitale. Les questions qui se posent sont : Comment une
armée qui demandent à partir peut-être victorieuse et
comment une armée payée peut l’être aussi quand le salaire
est sa raison de vivre. Et c’est là toute la différence
entre les Compagnons (qu’Allah soit satisfait d’eux) et les
Suivants (qu’Allah leur fait miséricorde) qui luttèrent par
leur foi sans salaire et qui conquirent un tiers du monde en
moins de trente ans !
[6]
Il ne faut pas oublier que rien ne leur appartenait vraiment
puisqu’ils étaient des envahisseurs et comme les
envahisseurs toutes leurs possessions appartenaient aux gens
locaux qu’ils avaient dépouillés de leurs biens et de leurs
terres.
[7]
Palissades portables et sur roues faisant office de grand
bouclier.
L'esplanade de Masjid al-Aqsa est un ensemble de plusieurs mosquées |