Du transfert d’al-‘Adil d’Alep et d’al-‘Aziz d’Egypte, de la
substitution d’al-Afdal d’Egypte pour Damas et de son assignement
pour ce fief
En
l’an 582 de l’Hégire (1186), Salah ad-Din transféra son fils
al-Afdal ‘Ali d’Egypte à Damas et le lui assigna comme fief. Il
retira Alep à son frère al-‘Adil qu’il envoya avec un de ses autres
fils al-‘Aziz ‘Uthman, en Egypte et le nomma lieutenant d’al-‘Aziz
là et rappela Taqi ad-Din.
La
raison pour cela est qu’il avait nommé Taqi ad-Din comme son
représentant en Egypte, ce que nous avons déjà rapporté et placé à
ses côtés son fils l’aîné, al-Afdal ‘Ali.
Taqi
ad-Din se plaignit d’al-Afdal en déclarant qu’il lui avait rendu
impossible de recueillir les taxes, parce qu’il était indulgent et
généreux et que chaque fois que Taqi ad-Din voulait punir quelqu’un,
il l’arrêtait.
Salah
ad-Din convoqua son fils al-Afdal et dit à Taqi ad-Din : « Ne nous
donne pas de justifications pour les taxes ou n’importe quoi
d’autre » et ses sentiments envers lui changèrent à cause de cela.
Il pensa qu’il avait voulu se dégager de son fils al-Afdal pour
qu’il soit tout seul en Egypte afin pour qu’il puisse y saisir le
pouvoir quand Salah ad-Din décèderait et quand cette notion devint
une certitude dans son esprit, il convoqua son frère al-‘Adil d’Alep
et l’envoya en Egypte avec son fils al-‘Aziz ‘Uthman. Il appela Taqi
ad-Din en Syrie mais il refusa de se présenter et rassembla des
taxes et des troupes pour aller au Maghrib rejoindre son Mamelouk
Qaraqoush qui avait déjà pris le contrôle de la Montagne Nafoussah,
Barqah et ailleurs et lui avait écrit, en l’encourageant à
s’intéresser à ces régions. Il fit donc ses préparations pour
l’expédition, s’entoura de braves soldats et réunit un grand nombre
d’entre eux.
Salah
ad-Din fut mécontent de l’entendre mais il savait que s’il avait
envoyé quelqu’un pour l’arrêter, il ne se serait pas conformer. Il
lui fit donc dire : « Je veux que tu viennes chez moi afin que je
puisse te faire mes adieux et te recommander ce que tu devrais
faire. » Quand il se présenta à lui, Salah ad-Din le retint et lui
donna un plus grand fief qui comprenait maintenant Hama, Manbij,
Ma’arrat an-Nou’man, Kafartab, Mayafariqin, Jabal Jour et toutes
leurs dépendances. Taqi ad-Din avait toutefois déjà envoyé son
Mamelouk Bouz-Aba avec son avant-garde qui se mit en contact avec
Qaraqoush et la suite est ce que nous avons déjà rapporté sous
l’année 581 de l’Hégire (1185).
J’ai
reçu des nouvelles de quelqu’un bien informé des affaires Salah
ad-Din qu’il était persuadé de prendre Alep d’al-‘Adil et de ramener
Taqi ad-Din en Syrie simplement parce que, quand il tomba malade mal
à Harran, comme nous l’avons rapporté, il y avait eu des rumeurs en
Egypte qu’il était mort et que du côté de Taqi ad-Din plusieurs
initiatives avaient été prises qui laissaient sous-entendre qu’il
projetait de saisir le pouvoir pour lui. Quand Salah ad-Din retrouva
la santé, il en fut informé et envoya le juriste ‘Issa al-Hakkari,
qui était hautement estimé par Salah ad-Din et obéit par l’armée, en
Egypte et lui ordonna d’envoyer Taqi ad-Din et de rester en Egypte.
Il voyagea à toute vitesse et avant que Taqi ad-Din ne le réalise,
le juriste ‘Issa était entré dans sa résidence au Caire et lui avait
donné des ordres pour partir. Il demanda un délai le temps de faire
ses préparatifs pour le voyage mais ‘Issa ne le permis pas et lui
dit : « Reste à l’extérieur de la ville et prépares toi là. » Taqi
ad-Din partit et annonça qu’il avait l’intention d’aller au Maghrib.
‘Issa lui dit : « Vas ou tu veux. » Cependant, quand Salah ad-Din
entendit cela, il envoya un message pour requérir sa présence et il
partit donc en Syrie. Salah ad-Din le traita gentiment et ne lui
révéla aucun de ses sentiments parce qu’il était indulgent, généreux
et longanime (puisse Allah lui faire miséricorde).
Quant
à Alep qu’il prit d’al-‘Adil, cela arriva comme suit. Parmi les
troupes d’Alep, il y avait un grand émir appelé Souleyman Ibn Jandar
entre qui et Salah ad-Din, il y avait une vieille amitié datant du
jour où il accéda au pouvoir. Salah ad-Din comptait sur lui car il
était sage, rusé et astucieux. Il arriva que quand al-‘Adil était
dans Alep, Salah ad-Din ne le traita pas selon ses attentes et donna
à d’autres la préséance sur lui et il fut très affecté par cela.
Quand
Salah ad-Din devint malade et qu’il se rétablit, il alla en Syrie.
Un jour, Souleyman Ibn Jandar alla en avant avec lui et ils
parlèrent de sa maladie. Souleyman lui dit : « Par quel raisonnement
croies-tu que tu peux partir chasser et qu’ils ne seraient pas en
désaccord avec toi ? Par Allah, n’as-tu pas honte qu’un oiseau
trouve son chemin pour son propre intérêt mieux que toi ? » Salah
ad-Din lui dit tout en riant : « Comment cela ? » « Quand un oiseau
veut faire un nid pour ses poussins, » répondit-il, « il trouve un
arbre assez haut pour protéger sa couvée. Tu as donné les
forteresses à ta large famille et laisser tes enfants sur le
carreau. Alep est dans les mains de ton frère, Hama dans les mains
de Taqi ad-Din, Homs dans les mains d’Ibn Shirkouh et de ton fils
al-‘Aziz avec Taqi ad-Din en Egypte, qui peut l’enlever chaque fois
qu’il veut. Et il y a ton autre fils dans l’une des tentes de ton
autre frère capable de le traiter comme il veut. » Salah ad-Din lui
dit : « Tu as raison, garde cette affaire secrète. »
Par la
suite, il reprit Alep de son frère et enleva Taqi ad-Din d’Egypte.
Alors il donna Harran, Edesse et Mayafariqin à son frère al-‘Adil
pour l’enlever de Syrie et d’Egypte, qui pourraient rester en
possession de ses fils. Ce qu’il fit était inutile pour lui, depuis
qu’Allah Tout Puissant avait décidé le transfert de souveraineté
loin de ses fils, ce que nous raconterons.
Récit d’une dispute parmi les croisés en Syrie et l’alliance
du seigneur de Tripoli avec Salah ad-Din
Raymond le seigneur de Tripoli, fils de Raymond de St Gilles,
s’était marié avec la comtesse de Tibériade ou il se rendit pour
vivre avec elle quand le roi des croisés en Syrie, qui était un
lépreux, mourut et légua le royaume à un de ses neveux qui étaient
était encore un enfant. Le comte devint son tuteur et gardien et se
chargea de la souveraineté et de l’administration du royaume, parce
qu’à cette époque, les croisés n’avaient personne de plus influent,
de plus brave et de plus excellent conseiller que lui et à cause de
cet enfant, il devint ambitieux pour être roi. Il arriva alors que
l’enfant mourut et la souveraineté passa à sa mère et ce que le
comte avait espéré dans son cœur tomba à l’eau.
Cette
dame royale tomba amoureuse d’un des croisés qui était venus de
l’ouest en Syrie et qui s’appelait Guy. Elle se maria avec lui et
ainsi la royauté fut transférée à lui et la couronne placée sur sa
tête. Elle convoqua le patriarche, les prêtres et les moines, les
Hospitaliers, les Templiers et les barons et les informa qu’elle lui
avait donné le pouvoir royal et les prenaient pour ses témoins. Ils
lui obéirent donc et se soumirent à lui ce que le comte trouva
scandaleux et le déçut. Il fut alors appelé pour rendre des comptes
sur l’argent qu’il avait collecté pendant sa régence pour cet enfant
et il soutint alors qu’il avait tout dépensé pour lui (l’enfant) et
cela le rendit encore plus aliéné si bien qu’il affirma clairement
son opposition. Il se mit en contact avec Salah ad-Din, s’allia avec
lui pour son soutien et lui demanda de l’aider dans la réalisation
de ses projets envers les croisés.
Salah
ad-Din et les Musulmans se réjouirent et lui promis de l’assister et
de l’aider pour obtenir tout ce qu’il voulait. Il lui garantit qu’il
le rendrait une souverain indépendant pour tous les croisés et
libéra plusieurs chevaliers comtes qu’il retenait prisonniers. Cela
fit une très grande impression sur le comte qui se soumit
ouvertement à Salah ad-Din et plusieurs croisés le suivirent en
cela. Ainsi leur unité fut brisée et leur cohésion ébranlée. Ce fut
l’un des plus importants facteurs qui provoqua la conquête de leurs
territoires et la libération de Jérusalem, comme nous le
rapporterons si Allah Exalté le veut.
Salah
ad-Din envoya des escadrons dans la région de Tibériade qui
razzièrent les terres des croisés et revinrent saufs et chargés de
butin. Cela sapa les croisés et les laissa faibles si bien que les
Musulmans devinrent audacieux et empressés de les affronter.
De la traîtrise de Renaud
Renaud, le seigneur de Karak (qu’Allah le maudisse), était un des
plus grands et plus vils croisés, le plus hostile aux musulmans et
le plus dangereux. Conscient de cela, Salah ad-Din le visa avec des
blocus réguliers et attaqua maintes fois son territoire. En
conséquent, il fut embarrassé et humilié et demanda à Salah ad-Din
une trêve qui lui fut accordée. La trêve fut faite et dûment
assermentée si bien que les différentes caravanes reprirent leurs
routes dans les deux sens entre la Syrie et l’Egypte.
Cette
année, une grande caravane, riche en marchandises avec beaucoup
d’hommes accompagnés par un grand nombre de soldats passa près de
lui. Le maudit saisit traîtreusement jusqu’au dernier homme et fit
de leurs marchandises, animaux et armes son butin tandis que ceux
qui furent pris captifs furent relégués dans ses prisons. Salah
ad-Din lui envoya un messager pour le blâmer, déplorer son action
traîtresse et le menacer s’il ne libérait pas les captifs et les
marchandises mais il n’accepta pas de le faire et persista dans son
refus. Salah ad-Din jura alors, que s’il tombait en son pouvoir, il
le tuerait personnellement et nous rapporterons la suite si Allah
Exalté le veut.
Les
astrologues depuis les temps immémoriaux et ceux présents avaient
prédit que cette année, le 29 du mois de Joumadah Thani, les cinq
planètes se réuniraient dans le signe de la Balance et qu’avec leur
conjonction des vents sévères se produiraient et que de la poussière
(vent de sable ?) détruiraient les gens et ruineraient la terre.
Quand cette année arriva, il s’avéra qu’il n’y avait aucune vérité
en cela et pas le moindre vent ne souffla si bien que la phase
finale de la récolte du blé et d’orge fut retardée à cause du manque
de vent nécessaire aux paysans pour vanner. Allah Exalté à Lui les
Louanges et la Gloire, démenti les prétentions des astrologues et
leur fit honte.
Le
début de l’année 583 de l’Hégire (1187) tomba un samedi qui fut
aussi le jour de l’an royal perse et le 14 Adar (mars) de l’année
1498 de l’ère d’Alexandrie. La lune et le soleil étaient dans le
Bélier. Le début de l’année arabe, le début de l’année perse qui
avait été réintroduite récemment et le début de l’année byzantine
coïncidèrent tous. Le soleil et la lune étaient dans le premier des
signes zodiacaux. La répétition d’un tel évènement se ne reproduira
pas avant un très longue période.
Du siège de Karak par Salah ad-Din
Cette
année, Salah ad-Din
écrivit dans toutes ses terres et convoqua les hommes pour le Jihad
fi Sabilillah. Il écrivit à Mossoul, les régions mésopotamiennes,
Irbil et d’autres endroits à l’Est, en Egypte et toute la Syrie, en
leur demandant de joindre le Jihad et de faire toutes les
préparations possibles puis, il quitta Damas à la fin du mois de
Mouharram avec sa propre troupe et se rendit à Ra's al-Ma' où les
contingents syriens le rejoignirent. Quand ils se rassemblèrent, il
en donna la charge à son fils al-Afdal ‘Ali pour que ceux qui
arriveraient puissent se réunir autour de lui tandis qu’il partit
lui-même pour Bosra sans caravane de bagages.
Il
marcha vers cette destination parce qu’il avait été informé que
Renaud, le seigneur de Karak, projetait d’attaquer les pèlerins et
les intercepter sur leur route comme il l’avait clairement fait
comprendre quand il s’était occupé des pèlerins, puis revenir vers
la route de l’armée égyptienne et les empêcher de rejoindre Salah
ad-Din. Il alla donc à Bosra pour empêcher Renaud de poursuivre les
pèlerins et pour le forcer à rester anxieux dans sa ville. Parmi les
pèlerins se trouvaient plusieurs parents de Salah ad-Din dont
Muhammad Ibn Lajin un de ses neveux parmi d’autres.
Quand
Renaud fut informé de l’approche Salah ad-Din vers ses terres, il
remit son départ à plus tard ainsi que son plan si bien que les
pèlerins arrivèrent sains et saufs en toute tranquillité. Lorsqu’ils
furent arrivés, les soucis à leur sujet réglés, Salah ad-Din disposa
pour Karak et l’assiégea durement, en attendant l’arrivée de l’armée
égyptienne. Quand ils l’eurent rejoint à Karak, il dépêcha ses
escadrons contre la seigneurie de Karak, de Shawbak et ailleurs pour
piller, détruire et brûler pendant que le maudit était assiégé,
incapable de défendre son territoire et le reste des croisés
confinés dans leurs propres terres de peur de l’armée qui était avec
son fils al-Afdal. Ainsi, il eut l’opportunité de bloquer, piller,
brûler et détruire, ce que Salah ad-Din fit à large échelle.
Du raid sur la région d’Acre
Salah
ad-Din envoya un message à son fils al-Afdal lui ordonnant de lui
d’envoyer un large détachement de son armée dans la région d’Acre
pour piller et détruire. Il dépêcha donc Mouzaffar ad-Din Koukbouri
Ibn Zayn ad-Din le seigneur de Harran et d’Edesse secondé par Qaymaz
an-Najmi et Dildirim al-Yarouqi, tous les deux des émirs aînés ainsi
que d’autres. Ils partirent la nuit et atteignirent Saffouriyah dans
la matinée vers la fin du mois de Safar. Les croisés sortirent pour
les affronter avec un corps de Templiers, d’Hospitaliers et d’autres
et il s’ensuivit une bataille à faire tourner les cheveux noirs en
gris.
Allah
Tout Puissant descendit Son aide sur les Musulmans et les croisés
furent mis en déroute, plusieurs d’entre eux furent tués et le reste
prisonniers. Parmi les tués se trouvaient le maître du Hospitaliers
qui était un des chevaliers célèbres des croisés et la cause de
grands et nombreux tourments envers les Musulmans.
Ces
derniers ravagèrent les terres voisines en pillant et prenant les
captifs puis revinrent ensuite en toute tranquillité par Tibériade
où se trouvait le comte qui n’objecta pas. Ce fut un grand triomphe
car les Templiers et les Hospitaliers étaient les boutefeux des
croisés, qu’Allah Exalté les maudisse tous. Des communiqués
victorieux furent envoyés dans les pour annoncer ces nouvelles.
Du retour Salah ad-Din vers son armée et son incursion
contre les croisés
Quand
Salah ad-Din reçut les bonnes nouvelles de la défaite des
Hospitaliers et des Templiers, le compte de ceux des tués et des
prisonniers, il se retira de Karak pour rejoindre la force qui était
avec son fils al-Afdal. Tout le reste des renforts et des
contingents s’était réunis et unifiés. Ils défilèrent tous et
l’armée fut passée en revue. Ils comptèrent 12 000 cavaliers,
détenteurs de fief ou hommes salariés en dehors des volontaires.
Salah
ad-Din organisa son armée avec un centre et deux ailes, gauche et
droite, une avant-garde et une arrière garde. Chaque homme
connaissait sa position et sa place et il leur fut ordonné de les
maintenir. Il marcha alors en ordre de bataille et campa à
Ouqhouwanah près de Tibériade. Le comte qui s’était allié en
personne avec Salah ad-Din, comme nous avons rapporté, envoyaient
des messages qui arrivaient constamment les uns après les autres
avec la promesse de soutien et d’offrir de l’aide mais le démon
promet seulement pour tromper.
Quand
les croisés virent la concentration des forces islamiques et leur
ferme détermination d’envahir leurs terres, ils envoyèrent le
patriarche, les prêtres et les moines et beaucoup de chevaliers au
comte et le critiquèrent pour son alliance avec Salah ad-Din, en
disant : « Il n’y a aucun doute que tu es devenus un Musulman,
autrement tu n’aurais pas pu supporter ce que qu’ils ont fait aux
Templiers et aux Hospitaliers en les conduisant sous tes yeux sans
que tu ne trouves d’objection et ni ne les arrêtèrent. » Ses propres
hommes, les soldats de Tibériade et de Tripoli les approuvèrent et
le patriarche menaça de l’excommunié, de déclarer invalide de
mariage de sa femme et fit d’autres menaces. Quand le comte vit
l’instabilité de sa position, il devint effrayé, fit des excuses,
renonça à ses intentions et se repenti. Ils acceptèrent ses excuses
et lui pardonnèrent ses fautes et lui demandèrent de se lever contre
les Musulmans et de les aider à défendre leurs terres. Il répondit
qu’il ferait la paix et rejoindrait leurs rangs. Sur ce, il partit
avec eux trouver le roi des croisés et leur union fut restituée
après la séparation cependant rien de cela ne leur fut d’une
quelconque utilité auprès d’Allah. Ils rassemblèrent leur cavalerie
et leurs fantassins, quittèrent Acre pour Saffouriyah en faisant un
pas en avant puis un autre en arrière, leurs cœurs remplis de
terreur.
De la conquête de Tibériade par Salah ad-Din
Lorsque les croisés se réunifièrent et marchèrent à Saffouriyah,
Salah ad-Din réunit ses émirs et ses vizirs pour une consultation.
La plupart d’entre eux lui conseillèrent d’éviter un affrontement
majeur mais plutôt d’affaiblir les croisés par des raids et
d’anéantir leurs états successivement. Un des émirs lui dit :
- « A
mon avis, le meilleur plan consiste à envahir leur territoire, à
piller, détruire, brûler et prendre des captifs. Si une quelconque
force croisée se met en travers de notre route nous les
affronterons. Les gens à l’est nous maudiront et diront : « Il a
renoncé à lutter contre les mécréants et a tourné son attention pour
lutter contre les Musulmans. » La meilleure chose que nous puissions
faire est d’agir d’une manière qui nous disculpera et arrêtera les
langues des gens. » Salah ad-Din répondit :
-
« Mon point de vue est que nous devrions rencontrer avec l’ensemble
de nos forces l’ensemble de la force des mécréants. Les affaires ne
se déroulent pas par la décision d’hommes et nous ne savons pas
combien il reste de nos vies. Il (Salah ad-Din) est simplement fait
pour disperser cette armée après qu’il ait fait tout son possible
dans le Jihad. »
Il
quitta alors Ouqhouwanah le cinquième jour après y avoir campé, un
jeudi sept jours avant la fin de Rabi’ Thani et marcha jusqu’à ce
qu’il ait laissé Tibériade derrière son dos puis grimpa sa montagne
en avançant jusqu’à ce arrive près des croisés mais ne vit aucun
d’eux puisqu’ils n’avaient pas quitté leurs tentes. Il campa et
ordonna à l’armée de faire de même. Quand la nuit tomba, il se plaça
à l’opposé des croisés pour prévenir toute action déterminée et
descendit sans sa caravane de bagages à Tibériade qu’il attaqua. Il
mina une des tours et prit la ville par la force des armes en une
seule nuit. Les défenseurs cherchèrent refuge dans sa citadelle et
résistèrent là où se trouvaient la châtelaine et ses enfants. Salah
ad-Din ravagea et brûla la ville.
Quand
les croisés furent informés de la descente de Salah ad-Din sur
Tibériade, sa capture, le sac de la ville qu’il avait mis le feu à
tout ce qui ne pouvait pas être emporté, ils se réunirent pour
consultation. Certains d’entre eux conseillèrent d’avancer sur les
Musulmans, de les engager dans la bataille et de les repousser de
Tibériade. Cependant, le comte dit : « Tibériade est à moi et ma
femme. Salah ad-Din a déjà fait à la ville ce qu’il a fait mais il
reste la citadelle et ma femme est dedans. J’aurais été heureux s’il
avait pris la citadelle, ma femme, nos biens et s’était retiré. Par
Dieu, j’ai vu les armées de l’Islam tant dans le passé que récemment
mais je n’ai jamais vu une armée aussi nombreuse et si vigoureuse
comme celle de Salah ad-Din. S’il prend Tibériade, il ne pourra y
rester et quand il partira et se retirera, nous la récupérerons.
S’il reste vraiment là, il sera capable de faire ainsi seulement
avec toutes ses forces et ils seront incapables d’endurer une longue
période loin de leurs maisons et de leurs familles, donc il sera
contraint de partir et nous rançonnerons nos gens qui ont été fait
prisonnier. »
Renaud, le seigneur de Karak, lui dit : « Cela nous rend assez
effrayés des Musulmans ! Il n’y a aucun doute que tu es de leur côté
et les préfère, autrement tu n’aurais pas parlé ainsi. Quant à ce
que tu dis, ils sont effectivement nombreux mais le feu ne fait de
mal que par l’abondance de bois à brûler. » Le comte répondis : « Je
suis un d’entre vous. Si vous avancez, j’avancerai et si vous vous
retirez, je me retirerai. Vous verrez ce qui arrivera. »
Ils
décidèrent d’avancer contre les Musulmans pour les amener à
combattre et sortirent de leur camp auquel ils s’étaient accrochés
puis s’approchèrent des forces de l’Islam. Quand Salah ad-Din fut
informé, il revint de
Tibériade et rejoignit son armée qui était à côté. Le but qui
l’avait poussé à assiéger Tibériade était seulement pour faire
sortir les croisés de leur position pour qu’il puisse les engager.
Les Musulmans campèrent près d’une source parce que c’était le plein
été et qu’il faisait extrêmement chaud. Les croisés assoiffés furent
incapables de s’approcher de cette source parce que les Musulmans
avaient détruit toutes les autres sources dans la région de même que
l’ennemi étaient incapables de se retirer à cause de sa frayeur des
Musulmans. Ils restèrent donc où ils étaient jusqu’au jour suivant,
un samedi torturés par la soif.
Les
Musulmans étaient impatients de les attaquer alors qu’auparavant ils
étaient effrayés par eux. Ils passèrent la nuit en s’encourageant
les uns les autres ayant pris une bouffée de triomphe et de
victoire. Plus ils voyaient l’état des croisés, contrairement à leur
état habituel à cause de la consternation qui les accablaient, plus
impatients et audacieux ils devenaient. Pendant cette nuit, ils
récitèrent fréquemment « Allahou Akbar » et « La Ilaha Illallah » et
durant cette nuit aussi, le sultan organisa l’avant-garde et leur
distribua des flèches.
De la défaite mémorable des croisés à Hattin
Dans
la matinée du samedi, cinq jours avant la fin de Rabi’ Thani, Salah
ad-Din et les Musulmans enfourchèrent leurs montures et avancèrent
contre les croisés qui montèrent aussi leurs chevaux et
s’approchèrent les uns des autres. Cependant, les croisés
intensément assoiffés avaient le moral bas. La bataille fut engagée,
et devint féroce mais les deux côtés tinrent leurs positions.
L’avant-garde musulmane tira alors ses flèches semblable à un essaim
de sauterelles et tuèrent beaucoup de croisés. Cet engagement
survint après que les croisés se regroupèrent avec leur infanterie
et que tout en luttant, ils se dirigeaient vers Tibériade dans
l’espoir qu’ils pourraient atteindre l’eau.
Quand
Salah ad-Din réalisa leur intention, il les en empêcha et se tint
avec son armée face à avec eux et passa dans chaque rang musulman
pour les encourager, en leur ordonnant ce qui serait le meilleur
pour eux et interdisant ce qui leur serait préjudiciable. Les hommes
obéirent à ses instructions et observèrent ses prohibitions.
Un de
ses jeunes Mamelouk fit une charge extraordinaire contre la ligne
croisé et lutta d’une manière qui sidéra nos hommes mais les croisés
le submergèrent et le tuèrent. Quand il fut tué, les Musulmans
firent une charge formidable. Ils affaiblirent les mécréants et
tuèrent un grand nombre d’entre eux. En voyant le sérieux de la
situation, le comte se rendit compte qu’ils n’étaient pas assez
forts pour s’opposer aux Musulmans. Lui et ses partisans
consentirent de charger les plus proches eux. Le commandant des
musulmans dans ce secteur était Taqi ad-Din ‘Omar, le neveu de Salah
ad-Din. Quand il vit les croisés charger d’une manière si
désespérée, il sut qu’il ne pourrait pas tenir ferme pour leur faire
face et ordonna donc à ses hommes de leur ouvrir un passage par
lesquels ils pourraient quitter le champ de bataille ce qu’ils
firent et le comte et ses hommes chevauchèrent au loin tandis que
les rangs se refermèrent sur leur passage.
Certains des combattants volontaires musulmans mirent mis le feu là
ou l’herbe sèche était riche et il se propagea tandis que le vent
était contre les croisés et leur apporta la chaleur et la fumée du
feu. La soif, la température élevée, la chaleur du feu, la fumée et
la chaleur de la bataille se combinèrent contre eux. Quand le comte
s’enfuit, leur moral s’effondra et ils furent alors que le point de
capituler mais ils pensèrent qu’ils seraient seulement sauvés de la
mort en y faisant face hardiment. Ils réalisèrent donc des charges
successives qui reconduisirent presque les Musulmans de leurs
positions en dépit de leurs nombres, n’était-ce la grâce d’Allah sur
eux. Cependant, les croisés affaiblis stoppèrent leurs charges et se
retirèrent. Les Musulmans les encerclèrent comme un cercle entoure
son point central. Les croisés survivants grimpèrent sur une colline
dans le district de Hattin dans l’intention d’ériger leurs tentes et
de se protéger. Ils furent violemment attaqués de tous les côtés et
empêché de faire ce qu’ils avaient planifiés excepté de monter la
tente de leur roi. Les Musulmans capturèrent leur grande croix
qu’ils appellent la « vraie croix, » prétendant qu’elle contient une
partie de la structure de bois sur laquelle le Messie (paix sur lui)
fut crucifié comme ils l’affirment. Sa saisie fut l’un de leur plus
grand malheur après lequel ils furent convaincus qu’ils étaient
condamnés à la mort et à la destruction. Pendant ce temps, la mort
et la capture s’abattirent sur leurs cavaliers et leur infanterie.
Le roi resta sur la colline avec environ 150 de ses cavaliers
renommés et ses fameux guerriers.
Al-Afdal, le fils de Salah ad-Din m’a dit la chose suivante :
« J’étais au côté de mon père pendant cette bataille, la première
dont je fus témoin. Alors que le roi des croisés était sur la
colline avec ce groupe, ils firent une charge formidable contre les
Musulmans qui leur faisaient face et les repoussèrent jusqu’à mon
père. J’ai regardé vers lui et il était si chagriné que son teint
était pâle. Il saisit sa barbe et avança en criant « faite mentir le
diable. » Les Musulmans se rallièrent, revinrent à la lutte et
grimpèrent la colline. Quand j’ai vu que les croisés s’étaient
retirés poursuivis par les Musulmans, j’ai crié de la joie, « Nous
les avons battus ! » Mais les croisés se rallièrent et chargèrent de
nouveau comme la première fois et repoussèrent les Musulmans jusqu’à
mon père. Il agit comme précédemment et les Musulmans retournèrent
sur les croisés et les repoussés sure la colline. J’ai crié de
nouveau « Nous les avons battus ! » mais mon père se tourna vers moi
et me dit : « Soit tranquille ! Nous ne les avons pas battus tant
que cette tente ne tombera pas. » Et pendant qu’il me parlait, la
tente tomba. Le sultan démonta alors, se prosterna, rendit grâce à
Allah Tout Puissant et pleura de joie.
La
raison de sa chute est due au fait que les croisés lorsqu’ils firent
ces charges, ils devinrent plus assoiffé car ils avaient espéré par
l’une de ces charges s’échapper de la situation dans laquelle ils
étaient mais quand ils ne trouvèrent aucune voie de fuite, ils
démontèrent et s’assirent par terre. Les Musulmans grimpèrent
jusqu’à eux et jetèrent à bas la tente du roi puis ils prirent tous
les hommes prisonniers dont le roi, son frère, Renaud le seigneur de
Karak, le plus hostile des croisés envers les Musulmans. Ils
capturèrent aussi le seigneur de Joubayi, le fils d’Onfroy, le
maître des Templiers qui était un des croisés les plus importants,
un certain nombre de Templiers et un certain nombre d’Hospitaliers.
Beaucoup de croisés furent tués ou prit prisonniers. En voyant le
nombre de tués, nul n’aurait cru que quelqu’un ait été pris vivant
et en voyant les captifs, nul n’aurait cru que quelqu’un ai été tué
et depuis l’apparition des croisés sur la côte en l’an 491 de
l’Hégire (1098), ils n’avaient pas subi un tel revers.
Quand
les musulmans eurent finit avec eux, Salah ad-Din s’assit dans sa
tente et fit venir le roi croisé et le seigneur de Karak. Il donna
un siège à côté de lui au roi qui était presque mort de soif et lui
offrit de l’eau glacée qu’il but et donna le reste au seigneur de
Karak. Salah ad-Din dit : « Cet homme maudit a bu sans ma permission
pour gagner un sauf-conduit. » Alors il s’adressa à lui et le
réprimanda pour ses viles actions et ses trahisons répétées. Il se
leva alors, lui fit face et trancha sa tête puis il dit : « Par deux
fois j’ai fait le serment de le tuer s’il tombait en mon pouvoir ;
une fois quand il voulut marcher sur La Mecque et Médine et de
nouveau quand il saisit traîtreusement la caravane. » Lorsqu’il fut
tué et trainé au loin, le roi trembla de peur mais Salah ad-Din
calma ses terreurs et lui donna une garantie de sécurité.
Quant
au seigneur de Tripoli, quand il s’enfuit de la bataille, comme nous
l’avons rapporté, il se rendit à Tyr avant de repartir pour Tripoli
ou il mourut seulement quelques jours après à cause du chagrin et de
l’amère défaite qui était arrivé aux croisés en particulier et au
Christianisme en général.
Du retour Salah ad-Din à Tibériade et de sa prise de la
citadelle avec la ville
Lorsque les croisés furent défaits, Salah ad-Din resta où il était
pour le reste du jour et le dimanche matin, il revint à Tibériade et
campa près de la ville. La châtelaine demanda des conditions pour
elle, ses enfants, ses partisans et ses possessions. Il lui accorda
cela et elle partit avec tout. Il tint ses promesses et elle partit
en sécurité. Alors il donna des ordres pour que le roi et toute la
compagnie de prisonniers soient envoyés à Damas. Il ordonna aussi
que les Templiers et les Hospitaliers qui avaient été pris soient
rassemblés pour être exécuté. Il apprit que ceux qui détenaient un
de ces prisonniers ne voulait pas le laisser partir en raison de la
rançon qu’ils espéraient. Donc pour chaque prisonnier dans ces deux
catégories, Salah ad-Din offrit cinquante dinars égyptiens et
immédiatement 200 prisonniers lui furent apportés et il ordonna de
leur trancher la tête. Il ordonna de les exécuter parce qu’ils
étaient les plus féroces combattants de tous les croisés et voulut
ainsi débarrasser les Musulmans de leurs cruautés. Puis, il écrivit
à son lieutenant à Damas, en lui donnant l’ordre de tuer tous ceux
d’entre eux qui étaient entrés dans la ville, qu’ils aient été les
siens (les prisonniers qu’il avait envoyé) ou d’autres et cela fut
exécuté.
Environ deux ans plus tard, je suis passé par le site de la bataille
et vit la terre couverte de leurs os visibles de loin, certains
entassé et d’autres dispersés çà et là sans parler de ceux qui
avaient été emportés par le torrent ou par les bêtes sauvages dans
les bosquets ou ceux qui s’étaient glissés dans les anfractuosités.
De la conquête de la ville d’Acre
Lorsque Salah ad-Din eut fini avec Tibériade, il quitta la ville le
mardi et arriva à l’Acre le mercredi ou les défenseurs étaient
montés sur la muraille affichant leur intention de tenir ferme et de
résister. Salah ad-Din et ses hommes furent stupéfiés par cela car
ils savaient que leurs troupes et leurs infanteries avaient été
détruites ou prit en captivité et que seulement quelques-uns avaient
survécu. Cependant, il fit son camp ce jour-là et le jeudi monta
dans le but d’attaquer et d’engager la ville. Alors qu’il
réfléchissait ou lancer son attaque, un grand nombre d’habitants
sortirent pour se soumettre et demander des conditions qui leur
furent accordées. Leurs vies et leurs propriétés furent garanties et
il leur donna l’option de rester ou de partir. Ils choisirent de
partir de peur des Musulmans et quittèrent la ville en désordre,
emportant ce qu’ils purent de leurs bien et abandonnèrent le reste.
Les
musulmans firent leur entrée le jeudi 1 du mois de Joumadah Awwal et
célébrèrent la prière du vendredi dans la mosquée qui avait été
autrefois musulmane. Les croisés l’avaient transformé en église mais
Salah ad-Din la restitua en mosquée. Ce fut la première prière de
vendredi célébrée sur le littoral syrien depuis la conquête croisée.
Salah
ad-Din donna la ville à son fils al-Afdal et tous les revenus de
fief, les villages et autres choses similaires qui avaient
appartenues aux Templiers furent donnés au juriste ‘Issa. Ce que les
croisés ne purent emporter fut emporté par les Musulmans et il y
avait une si grande quantité qu’il fut impossible de compter. Il y
avait beaucoup d’or, des bijoux, des
tissus fins, des armes et toutes sortes d’autres marchandises
du fait que la ville était un terminal pour les croisés, les Grecs
et d’autres marchands des terres lointaines ou proches. Une grande
partie de tout cela avait été stockés dans des entrepôts par les
négociants qui étaient partis à cause des prix bas et du manque de
personnel pour les transporter.
Salah
ad-Din et son fils al-Afdal distribuèrent tout cela à leurs
partisans mais cela a surtout été fait par al-Afdal parce qu’il
resta dans la ville et que sa générosité était célèbre. Salah ad-Din
resta dans Acre quelques jours pour mettre ses affaires en ordre et
établir son gouvernement.
De la conquête de Majdal Yabah
Quand
Salah ad-Din eut vaincu les croisés, il envoya un messager à son
frère al-’Adil en Egypte pour lui annoncer ces bonnes nouvelles mais
aussi pour lui ordonner d’avancer sur le territoire croisé depuis
l’Egypte avec les troupes qui étaient restées avec lui et assiéger
les parties les plus proches. Il s’empressa d’obéir, marcha de
l’Egypte et descendit à Majdal Yabah qu’il encercla et pilla puis sa
lettre annonçant ces bonnes nouvelles parvint à Salah ad-Din.
La chute de plusieurs forteresses
Pendant la période de son séjour à Acre, Salah ad-Din envoya de
différents détachements de ses troupes à Nazareth, Césarée, Hayfa,
Saffouriyah, Ma’layah, Shaqif, Foulah et d’autres villes dans le
voisinage d’Acre. Ces villes furent prises et pillées, les hommes
fait prisonniers et leurs femmes et enfants prit en esclavages. Le
nombre d’entre eux qu’ils apportèrent boucha les horizons.
Salah
ad-Din dépêcha Taqi ad-Din pour camper devant Tibnin pour empêcher
les provisions d’y parvenir ainsi qu’à Tyr. Il envoya aussi Houssam
ad-Din ‘Omar Ibn Lajin avec une force vers Naplouse. Il se rendit à
Sébastée où se trouvait le tombeau de Zakariyyah (paix sur lui)
qu’il prit des mains des chrétiens locaux et rendit la ville aux
Musulmans. Quand ils atteignirent Nablous (Naplouse), il entra dans
la ville et assiégea la citadelle dont il convainquit les défenseurs
de capituler sous des conditions. Il reprit la citadelle mais les
habitants de la ville restèrent dans la place et furent assurés sur
leurs propriétés et affaires.
La conquête de Jaffa
Lorsqu’al-‘Adil quitta l’Egypte et qu’il prit Majdal Yabah, comme
nous l’avons rapporté, il procéda vers la ville côtière de Jaffa,
l’assiégea et l’ayant prise par la force des armes, la ravagea,
captura les hommes et asservit les femmes. Les habitants subirent ce
que nuls habitants des autres villes de ces régions ne subirent.
Quand
j’étais dans Alep, j’avais une fille esclave de ces gens de Jaffa
qui avaient un enfant d’environ un an qui tomba de ses bras et
s’érafla le visage. Elle pleura beaucoup pour lui. Je l’ai calmée et
lui ai dit qu’il n’y avait rien de vraiment grave pour le garçon qui
nécessitait une telle quantité de pleur. Elle répondit : « Ce n’est
pas pour lui que je pleure mais pour ce qui nous est arrivé. J’avais
six frères qui ont tous péri et un mari et deux sœurs dont j’ignore
tout ce qui leur est arrivé. » Si cela fut le cas pour une simple
femme que dire alors de ce qui est arrivé au reste
Dans
Alep, je vis aussi une femme croisé qui était venue à une porte avec
son maître. Il frappa à la porte et le propriétaire de la maison
sortit et parla avec eux
puis, il fit sortir une autre femme croisé. Quand la première aperçu
l’autre, elles ont toutes les deux poussé des cris et se sont
embrassés en criant et en pleurant avant de s’assoir sur le sol et
se mirent à parler entre elles. Il s’avéra que c’était deux sœurs -
ils avaient un certain nombre de membres de famille sans rien
connaitre à propos d’aucun d’entre eux.
La conquête de Tibnin, Sidon, Joubayl et Beyrouth
Quant
à Tibnin, nous avons rapporté que Salah ad-Din y dépêcha son neveu
Taqi ad-Din qui l’assiégea aussitôt qu’il arriva dans la place. Il
vit que son siège réussirait seulement avec l’arrivée de son oncle,
Salah ad-Din. Il lui envoya donc un messager pour l’informer de la
situation et lui conseilla de venir.
Le 8
du mois de Joumadah Awwal, Salah ad-Din se mit en route et arriva le
11. Il mit la ville sous un siège étroit et donna des assauts
répétés bien que le fort soit sur une colline. Quand la situation
des défenseurs devint sérieuse et que le siège s’intensifia, ils
libérèrent les captifs musulmans qu’ils retenaient et qui étaient
plus d’une centaine. Quand ils arrivèrent dans le camp, Salah ad-Din
les rassembla, leur fournit des vêtements et de l’argent et leur
envoya à leurs familles. Les croisés restèrent ainsi durant cinq
jours puis demandèrent des conditions. Salah ad-Din leur garantit
leurs vies et ils lui abandonnèrent donc le château. Il tint sa
parole et les envoya dans un endroit sûr.
Puis
Sidon fut la nouvelle destination de Salah ad-Din après qu’il
s’occupa de Tibnin. Sur sa route, il passa par Sarafand qu’il prit
facilement sans lutte avant de continuer à Sidon, une ville célèbre
sur la côte. Quand son souverain fut informé de son approche, il
quitta la ville et la laissa vide de tout défenseur. Quand Salah
ad-Din arriva, il la prit à son arrivée le 21 Joumadah Awwal de
cette année.
La prise de Beyrouth
Beyrouth était l’une des plus puissantes, des plus plaisantes et
salubre villes sur la côte.
Après
sa prise de Sidon, Salah ad-Din disposa immédiatement vers Beyrouth
et y arrivé le jour suivant. Il vit que les habitants avaient
complété la muraille et donné un spectacle de force, de fermeté et
de préparation. Ils luttèrent violemment sur les murs durant
plusieurs jours, induits en erreur par la force de la ville et en
imaginant qu’ils étaient capables de la tenir. Les Musulmans
donnèrent maints assauts et pendant que les croisés résistaient sur
le mur, ils entendirent subitement un grand tumulte et une puissante
agitation. Des hommes vinrent les informer que les Musulmans avaient
forcé une entrée d’une autre direction. Ils enquêtèrent sur le
rapport et n’y trouvèrent aucune vérité. Ils voulurent alors
résister mais ils furent incapables de le faire à cause de la grande
multitude qui s’était rassemblée et quand ils craignirent pour leurs
propres vies à cause de la désunion qui avait éclaté, ils
demandèrent des conditions. Salah ad-Din leur garantit leurs vies et
leur propriété et reprit la ville le 29 Joumadah Awwal après un
siège de huit jours.
Quant
à Joubayl, son seigneur était un des captifs qui avaient été envoyés
à Damas avec leur roi. Il parla avec le député de Salah ad-Din à
Damas et lui proposa d’abandonner Joubayl à condition qu’il soit
libéré. Lorsque Salah ad-Din fut informé de cela, il le fit amener
enchainé et sous une stricte surveillance. L’armée était alors à
Beyrouth. Quand sa forteresse fut rendue et les prisonniers
musulmans qui s’y trouvaient libérés, Salah ad-Din le libéra
puisqu’il s’était engagé à le faire. Ce seigneur de Joubayl était un
des chefs croisés, un homme de politique, rusé et vil,
proverbialement connut ainsi parmi eux. Il était un ennemi
diabolique des Musulmans et sa libération fut une cause de faiblesse
pour les Musulmans, comme cela deviendra clair.
De la venue du Marquis à Tyr
Après
sa fuite de Hattin, le seigneur de Tripoli vint à Tyr pendant
quelque temps. C’était la plus imprenable des villes côtières et la
plus puissante pour s’opposer aux attaquants. Quand il vit que le
sultan avait pris Tibnin, Sidon et Beyrouth, il craignit que Salah
ad-Din attaque Tyr pendant qu’elle était dépourvue d’hommes pour
lutter, la garder, la protéger et qu’il ne serait pas assez fort
pour tenir la ville. Il partit donc à Tripoli et Tyr resta vide avec
personne pour la défendre et la tenir contre les Musulmans.
Aurait-il entreprit cela avant Tibnin et ailleurs, Salah ad-Din
l’aurait pris sans difficulté mais il exagéra sa force et voulu
écarter ses soucis de ses districts voisins pour que la ville soit
plus facile à prendre. Ce fut la raison pour laquelle il a été
décidé car pour le but d’Allah est un destin prédestiné
Il
arriva qu’un croisé par-delà les mers nommé le marquis arriva en
bateau avec beaucoup de richesse pour faire le pèlerinage et faire
du commerce. Sans être conscient de ce qui était arrivé aux croisés,
il s’ancra à Acre. Il devint méfiant quand il vit que l’habitude de
la douane des croisés à l’arrivée de navires de croisé, de sonner
les cloches et d’autres choses furent négligée et aussi quand il vit
les vêtements des gens dans la ville. Il resta donc au large, ne
sachant pas quelles étaient les nouvelles et aussi parce que le vent
était tombé. Al-Afdal lui envoya un de ses hommes dans un bateau
pour voir qui il était et ce qu’il voulait. Cet envoyé vint chez le
marquis qui lui demanda quelles étaient les nouvelles doutant de
lui. Il l’informa alors de la défaite des croisés, qu’Acre avait été
prise et que les croisés tenaient Tyr, Ascalon et d’autres endroits.
Il l’informa de la situation telle qu’elle était. Le marquis
incapable de partir à cause de l’absence de vent renvoya l’envoyé
avec des conditions pour lui permettre d’entrer dans le port avec
ses marchandises et ses richesses ce qui lui fut accordé mais il le
renvoya plusieurs fois en demandant quelque chose de supplémentaire
qu’il n’avait pas demandée la fois précédente simplement en
attendant que la brise souffle pour lui permettre de naviguer au
loin et alors qu’il tergiversait, le vent se leva et il mit les
voiles pour Tyr.
Al-Afdal envoya des galères pour le poursuivre mais ils ne
rattrapèrent pas. Il débarqua à Tyr où une grande foule de croisés
s’était déjà rassemblée, puisque Salah ad-Din, chaque fois qu’il
conquerrait une ville comme Acre ou Beyrouth parmi d’autres, comme
nous l’avons rapporté, garantissaient la vie des Chrétiens qui se
rendirent tous à Tyr, si bien qu’un immense nombre d’entre eux se
rassembla là, bien qu’ils n’aient aucun chef pour les unir et aucun
commandant pour les mener à la bataille. Ils n’étaient pas des
soldats et avaient l’intention de se mettre en contact avec Salah
ad-Din, demander des conditions et abandonner la ville. Alors qu’ils
étaient résolus à cela, le marquis arriva chez eux. Ils changèrent
alors d’avis après qu’il leur eut remonté leur moral et s’engagea à
tenir la ville pour eux et dépenser les richesses qu’il avait avec
lui. Il stipula que la ville et sa banlieue devraient être sienne et
à personne d’autre ce qu’ils acceptèrent. Il prit leurs serments,
resta avec eux et organisa leurs affaires. Il était un démon parmi
les hommes, un bon organisateur et défenseur et un homme de grande
bravoure. Il commença à fortifier la ville, approfondir ses douves
et répara ses murs ce qui augmenta beaucoup sa force. Les hommes
acceptèrent de résister et de lutter pour la ville.