Du siège d’Alep par Salah ad-Din, son retrait
et sa prise de la citadelle de Homs et de Baalbek
Lorsque Salah ad-Din prit Hama, il alla à Alep qu’il mit sous siège
le 3 du mois de Joumadah Thani. Les habitants s’opposèrent à lui et
al-Malik as-Salih, qui était un jeune garçon douze ans, sortit,
rassembla les gens d’Alep et leur dit : « Vous connaissez bien la
gentillesse de mon père à votre égard, son amour pour vous et sa
bonne souveraineté sur vous. Je suis son orphelin. Ce méchant homme,
qui rejeta la bonté de mon père est venu pour prendre mes terres. Il
ne respecte ni Allah Tout Puissant et ni ses créatures. » Il parla
beaucoup dans ce sens, pleura et fit pleurer les gens avec lui. Ils
lui offrirent leur richesse et leurs vies et acceptèrent de lutter
pour le protéger et défendre ses terres. Ils luttèrent donc
vaillamment parce qu’ils étaient braves, familiers et habitués à la
guerre du fait que les croisés étaient dans le voisinage. Ils firent
des sorties et engagèrent Salah ad-Din près du mont Jawsham
l’empêchant ainsi d’approcher de la ville.
Sa’d
ad-Din Koumoushtakin envoya alors un messager à Sinan, le chef des
hashashiyine et lui offrit de grosses sommes d’argent pour tuer
Salah ad-Din. Il envoya donc un groupe de ses hommes dans son camp.
Quand ils arrivèrent, un émir nommé Khoumartakin, le seigneur du
fort d’Abou Qoubays, les vit et les reconnus parce qu’il était leur
voisin et qu’il les avait rencontré et souvent lutté avec eux. Quand
il les vit, il leur dit : « Qu’est-ce qui vous amène ici ? Pour
quelle affaire êtes-vous venus ? » Ils se jetèrent sur lui et le
blessèrent avec quelques coups mortels et l’un d’entre eux se jeta
sur Salah ad-Din pour le tuer mais il fut tué avant de pouvoir
l’atteindre. Le reste des hashashiyine commencèrent à lutter et
tuèrent plusieurs personnes avant d’être eux-mêmes tués.
Salah
ad-Din poursuivit son siège d’Alep jusqu’à la fin du mois de
Joumadah Thani puis se retira le 1 Rajab parce que le comte Raymond
de St Gilles, le seigneur de Tripoli, que Nour ad-Din avait pris
prisonnier à Harim en l’an 559 de l’Hégire (1163) et qui est resté
en captivité jusqu’à présent, fut libéré par Sa’d ad-Din pour 150
000 dinars Tyrian et 1 000 prisonniers musulmans. Quand il rentra
chez lui, les croisés sortirent pour l’accueillir
et le féliciter de son retour car il était un grand homme
parmi eux et un de leurs principaux démons.
Il arriva qu’Amaury le roi des croisés mourut au début de
cette année. Il était un des plus braves de leurs rois, le plus
exceptionnel pour la politique, la ruse et l’intrigue. À sa mort, il
laissa un fils lépreux incapable de diriger que les croisés prirent
pour roi rien que pour sa position. La conduite des affaires fut
donc reprise par le comte Raymond.
Les
hommes d’Alep lui envoyèrent donc un messager lui demandant
d’attaquer une partie du territoire de Salah ad-Din pour lui faire
lever le siège. Par conséquent, le comte se rendit à Homs qu’il
assiégea le 7 Rajab et quand il fit ses préparatifs pour cette
attaque, Salah ad-Din fut informé et quitta Alep et arriva à Hama le
8 Rajab, un jour après la descente des croisés sur Homs. Il se
déplaça alors à Rastan et quand les croisés entendirent qu’il était
proche, ils se retirèrent de Homs ou Salah ad-Din arriva et assiégea
la citadelle qu’il prit le 21 du mois de Sha’ban et avec cette
prise, la plupart de la Syrie se retrouva dès lors entre ses mains.
Après
la chute de Homs, il procéda à Baalbek où le gouverneur était un
eunuque appelé Youmn qui l’avait été depuis les jours de Nour
ad-Din. Quand Salah ad-Din mit le siège, Youmn demanda des
conditions pour lui et ceux qui étaient avec lui que Salah ad-Din
accepta et la citadelle fut rendue le 4 du mois de Ramadan de cette
année.
Du siège de Sayf ad-Din contre son frère ‘Imad ad-Din à
Sinjar
Lorsque Salah ad-Din prit le contrôle de Damas, Homs et Hama,
al-Malik as-Salih Isma’il, le fils de Nour ad-Din, écrivit à son
cousin Sayf ad-Din Ghazi Ibn Qoutb ad-Din Mawdoud pour lui demander
son aide contre Salah ad-Din et qu’il traverse l’Euphrate pour
attaquer Salah ad-Din et prendre ses terres.
Sayf
ad-Din mobilisa ses troupes et écrivit à son frère ‘Imad ad-Din
Zanki, le seigneur de Sinjar, lui ordonnant de se présenter avec ses
troupes, pour qu’ils puissent s’unir pour une expédition en Syrie,
mais il refusa de le faire.
Salah
ad-Din avait écrit à ‘Imad ad-Din et l’avait encouragé à aspirer la
souveraineté parce qu’il était le plus âgé des frères et l’ambition
l’amena à refuser d’obéir à son frère. Quand Sayf ad-Din vit son
entêtement, il fournit à ‘Izz ad-Din Mas’oud une grande force, la
majorité de son armée et l’envoya en Syrie. Il nomma au côté de son
frère, ‘Izz ad-Din Mahmoud qui était connu aussi connut sous le nom
de Zoulfandar, commandant et lui donna le total contrôle des
affaires.
Sayf
ad-Din, quand à lui, alla à Sinjar qu’il assiégea au mois de Ramadan
puis attaqua et renforca le blocus mais ‘Imad ad-Din tint ferme et
conduisit une excellente défense et résistance. Le siège se
poursuivit et pendant que Sayf ad-Din était retenu par le siège, les
nouvelles lui parvinrent de la défaite de son armée qui était avec
son frère ‘Izz ad-Din Mas’oud, devant Salah ad-Din. Sur ce, il se
mit en contact avec son frère ‘Imad ad-Din, fit la paix avec lui,
reconnut ce qu’il tenait et partit pour Mossoul.
Après
cette défaite de Sayf ad-Din, Salah ad-Din devint fermement établi
et les gens furent effrayés de lui. Des envoyés allèrent dans les
deux sens entre lui et Sayf ad-Din Ghazi pour faire la paix mais
rien ne fut conclu.
De la défaite de l’armée de Sayf ad-Din devant Salah ad-Din
et de son siège de la ville d’Alep
Cette
année, l’armée de Sayf ad-Din, commandée par son frère ‘Izz ad-Din
et ‘Izz ad-Din Zoulfandar, marchèrent sur Alep et ils furent
rejoints par les troupes locales. Tous sortirent pour faire la
guerre à Salah ad-Din qui écrivit à Sayf ad-Din et lui offrit de
rendre Homs et Hama et qu’en échange, il garderait la ville de Damas
en tant que lieutenant d’al-Malik as-Salih. Sayf ad-Din n’accepta
pas et dit : « Il est urgent que tu abandonnes le territoire syrien
que tu as pris et que tu rentres en Egypte. »
Salah
ad-Din avait assemblé ses forces et s’était préparé pour la guerre.
Quand Sayf ad-Din refusa son offre, il marcha avec ses troupes sur
‘Izz ad-Din Mas’oud et Zoulfandar qu’il rencontra le 19 du mois de
Ramadan près de la ville de Hama dans un endroit appelé Qarn Hama.
Zoulfandar ignorait les affaires militaires, le combat et était
étranger à leurs pratiques en plus d’être un lâche bien que Salah
ad-Din lui ai accordé fortune et faveurs.
Quand
les deux côtés se rencontrèrent, la force de Sayf ad-Din ne résista
pas et s’enfuit en laissant ses hommes se débrouiller seul cependant
le frère de Sayf ad-Din, ‘Izz ad-Din, tint fermement après leur
déroute et quand Salah ad-Din vit sa ténacité, il dit : « Soit il
est le plus brave des hommes ou il n’a aucune connaissance de la
guerre. » Il ordonna à ses hommes de le charger ce qu’ils firent et
le reconduisirent de sa position et sa déroute fut alors complète.
Salah
ad-Din et ses troupes les poursuivirent au-delà s de leur camp et
ils prirent beaucoup de butin, des équipements, d’abondantes armes
et des chevaux rapides. Après les avoir poursuivi assez longtemps,
ils retournèrent se reposer tandis que les vaincus se retirèrent à
Alep.
Salah
ad-Din les suivit, les assiégea et répéta ses assauts. Et dès ce
moment, il laissa tomber la Khoutbah pour al-Malik as-Salih Ibn Nour
ad-Din et enleva son nom de la monnaie dans ses terres. Il maintint
le siège mais quand l’opération s’éternisa, il fit des ouvertures de
paix, à condition qu’il garde ce qu’il contrôlait en Syrie et ils
qu’ils gardent ce qu’ils avaient. Ils furent d’accord avec cela et
la paix fut faite. Salah ad-Din se retira d’Alep durant les dix
premiers jours de Shawwal et alla à Hama où il reçut des robes de
cérémonie d’investiture du calife, apportées par son envoyé.
De la capture du fort de Ba’rin
Durant
les dix premiers jours de Shawwal de cette année, Salah ad-Din prit
le fort de Ba’rin en Syrie dont le souverain était Fakhr ad-Din
Mas’oud Ibn az-Za’farani, un des plus grands émirs de Nour ad-Din.
Quand il vit la force de Salah ad-Din, il quitta le château et
rencontra Salah ad-Din convaincu qu’il le recevrait avec l’honneur,
partagerait le pouvoir avec lui et ne prendrait aucune décision sans
le consulter, comme cela avait été le cas avec Nour ad-Din mais il
ne vit rien de tout cela et le quitta. Seul lui restait Ba’rin de
tout le fief qu’il avait tenu durant le règne de Nour ad-Din qui
avait fait de lui son député. Quand Salah ad-Din fit la paix avec
al-Malik as-Salih dans Alep, il revint à Hama et alla ensuite à
Ba’rin, qui était un de ses villages. Il assiégea le château et
déploya des trébuchets pour l’attaquer. Il persista avec l’assaut
jusqu’à ce que son gouverneur capitule sous des conditions[1].
Ayant
pris le contrôle de la ville, Salah ad-Din revint à Hama qu’il
assigna comme fief à son oncle maternel, Shihab ad-Din Mahmoud Ibn
Takash al-Harimi. Il donna aussi Homs pour fief à Nassir ad-Din
Muhammad, le fils de son oncle Shirkouh avant de partir pour Damas
ou il entra durant les derniers jours de Shawwal.
De la défaite de Sayf ad-Din face à Salah ad-Din
Le 10
du mois de Shawwal de cette année, près de la colline du Sultan à un
jour de voyage d’Alep sur la route de Hama eut lieu une bataille
entre Sayf ad-Din Ghazi Ibn Mawdoud et Salah ad-Din dans laquelle
Sayf ad-Din fut vaincu.
Cela
arriva parce qu’après la défaite de son frère, ‘Izz ad-Din Mas’oud
devant Salah ad-Din l’année précédente et après la conclusion d’un
accord avec son autre frère, ‘Imad ad-Din le seigneur de Sinjar,
Sayf ad-Din revint à Mossoul, réunit ses troupes, distribua de
l’argent et demanda le soutien du seigneur de Hisn Kayfa, le
seigneur de Mardin et autres. De larges forces se rassemblèrent avec
lui qui atteignirent 6 000 cavaliers.
Au
mois de Rabi’ Awwal de cette année, il alla à Nisibis où il resta
longtemps, jusqu’à la fin de l’hiver. Son armée devint mécontente et
les fonds qu’ils avaient reçus s’épuisèrent. Revenir défait chez eux
leur devint préférable à la victoire, parce qu’ils s’attendaient
s’ils étaient victorieux, à rester un peu plus en Syrie après la
victoire. Puis, Sayf ad-Din vint à Alep où il fut rencontré par
l’eunuque Sa’d ad-Din Koumoushtakin, le régent d’al-Malik as-Salih,
avec les troupes d’Alep.
Salah
ad-Din avait seulement un nombre réduit de troupes avec lui parce
qu’il avait fait la paix avec les croisés au mois de Mouharram de
cette année, comme nous le rapporteront si Allah Exalté le veut et
il avait envoyé le reste de ses forces en Egypte. Il leur envoya
donc un messager pour les convoquer. Si ses ennemis avaient
promptement marché contre lui, ils auraient accompli leur but, mais
ils s’attardèrent et marchèrent trop tard car pendant ce temps ses
troupes l’avaient rejoint et il quitta Damas pour Alep afin
d’affronter Sayf ad-Din.
Les
deux armées entrèrent en contact visuel près de la colline de
Sultan. Sayf ad-Din était arrivé le premier et quand Salah ad-Din
arriva, c’était déjà le soir et lui et ses hommes étaient fatigués
et assoiffés si bien qu’ils se jetèrent sur la terre, incapable
d’aller plus loin. Plusieurs personnes conseillèrent à Sayf ad-Din
de les attaquer pendant qu’ils étaient dans cet état, mais
Zoulfandar dit : « Nous n’avons aucun besoin d’engager ce rebelle à
cette heure. Tôt demain, nous les saisirons tous » et Sayf ad-Din
remit donc la bataille à plus tard jusqu’au jour suivant.
Quand
le matin arriva, ils établirent leurs lignes de bataille.
Zoulfandar, qui était le commandant de l’armée de Sayf ad-Din plaça
ses bannières dans une dépression de terrain où ils pouvaient
seulement être vus par ceux qui étaient près d’eux. Quand les hommes
ne purent pas les voir, ils s’imaginèrent que le sultan avait fui le
champ donc ils ne résistèrent pas mais s’enfuirent chacun pour soi.
Des deux côtés, en dépit de leurs grands nombres, seule une personne
fut tuée.
Sayf
ad-Din atteignit Alep, où il laissa son frère ‘Izz ad-Din Mas’oud
avec une partie de son armée tandis que lui-même, traversa
l’Euphrate et se rendit à Mossoul ne croyant pas qu’il survivrait.
Il croyait que Salah ad-Din traverserait l’Euphrate et attaquerait
Mossoul. Il consulta son vizir, Jalal ad-Din et Moujahid ad-Din
Qaymaz pour abandonner Mossoul et se réfugier dans le château de
‘Aqr al-Houmaydiyah. Moujahid ad-Din lui dit : « Penses-tu que si
Mossoul t’était prise que tu pourrais tenir dans une des tours de
l’enceint externe ? » « Non, » répondit-il. « Et bien une tour dans
l’enceinte extérieure est mieux que ‘Aqr. Les princes sont toujours
vaincus et reprennent ensuite la bataille de nouveau. »
Lui et
le vizir acceptèrent de le soutenir et de renforcer son moral. Ainsi
Sayf ad-Din resta où il était et se détourna plus tard de Zoulfandar
et le renvoya. Il nomma à sa place le commandant des armées Moujahid
ad-Din Qaymaz, ce que nous rapporterons si Allah Exalté le veut.
Le
secrétaire ‘Imad ad-Din a rapporté dans son livre
al-Barq ash-Shami sur
l’histoire du règne de Salah ad-Din que l’armée de Sayf ad-Din
comptait 20 000 cavaliers dans cette bataille mais ce ne fut pas
ainsi. Il est certain qu’il y a avait certainement plus de 6 000
cavaliers sans toutefois excédé 6 500 car j’ai lu attentivement le
registre d’enregistrement. Le fonctionnaire qui l’administra et
l’écrivit était mon frère Majd ad-Din Abou as-Sa’adat al-Moubarak
Ibn Muhammad Ibn ‘Abdel-Karim (puisse Allah lui faire miséricorde).
L’intention d’al-‘Imad était simplement d’exagérer les actes de son
maître en déclarant qu’avec 6 000, il vainquit 20 000, mais la
vérité mérite mieux d’être suivie. De plus, je regrette de ne pas
avoir connu la superficie de Mossoul avec ses dépendances jusqu’à
l’Euphrate pour voir si elle aurait pu avoir et maintenir 20 000
cavaliers.
Des terres d’as-Salih Ibn Nour ad-Din que Salah ad-Din
conquit après cette défaite
Après
la défaite de Sayf ad-Din et son armée et leur arrivée à Alep, ce
dernier revint à Mossoul, comme nous l’avons déjà rapporté[2] . Il laissa
son frère ‘Izz ad-Din Mas’oud dans Alep avec un détachement de son
armée comme renforts pour al-Malik as-Salih après que Salah ad-Din
et ses troupes aient pris comme butin le convoi de bagages de
l’armée de Mossoul qui le rendit riche et les renforca.
Salah
ad-Din alla à Bouza’a qu’il mit sous siège et engagea dans la
bataille les défenseurs de la citadelle. Plus tard il accepta sa
reddition et posta des hommes pour la garder puis procéda à Manbij
et l’assiégea à la fin du mois de Shawwal. La ville était tenue par
Qoutb ad-Din Yinal Ibn Hassan al-Manbiji, qui était un ennemi féroce
de Salah ad-Din, qui faisait campagne et incitait à l’hostilité
contre lui en l’attaquant personnellement. Il exaspéra donc Salah
ad-Din qui le menaça. Il prit la ville qui ne s’opposa pas à lui
mais la citadelle resta tenue par son souverain qui l’avait rempli
d’hommes, d’armes et de provisions. Salah ad-Din l’assiégea durement
et répéta les assauts sur la citadelle. Les sapeurs s’approchèrent
du mur, le minèrent et la place fut prise par la force des armes.
Les troupes de Salah ad-Din prirent tout le contenu comme butin.
Salah ad-Din fit prisonnier Yinal et prit toute ses richesses le
laissant pauvre sans le moindre haricot. Par la suite Salah ad-Din
le libéra et il alla à Mossoul où Sayf ad-Din Ghazi lui assigna la
ville de Raqqah en fief.
Ayant
fini avec Manbij, Salah ad-Din se rendit alors au fort d’A’zaz ou il
arriva le 3 du mois de Dzoul Qi’dah. C’est un des plus puissants
forts et un des endurables. Il l’encercla d’un lourd siège et d’un
strict blocus et érigea des trébuchets (catapultes) pour l’attaquer
et un grand nombre de ses soldats périrent lors des assauts.
Un
jour alors que Salah ad-Din était dans une tente appartenant à un de
ses émirs nommé Jawouli le commandant de la troupe Assadi, un
hashashi se jeta sur lui et le frappa à la tête avec une dague et le
blessa. Et n’était le casque de maille qu’il portait sous sa coiffe,
il aurait été tué. Salah ad-Din empoigna la main du batini bien
qu’il fut incapable de le retenir de porter des coups cependant, il
ne pouvait que lui donner des faibles coups. L’ismaélien batini
continua de le frapper sur le cou avec sa dague. Salah ad-Din
portait une brigandine et les coups glissèrent sur le col de
celle-ci et le coupa. La cotte de mailles empêcha les coups
d’atteindre son cou et parce que sa fin n’était pas encore décrétée.
Un émir nommé Yazkoush, s’avança et saisit la dague de sa main. Le
hashashi le blessa mais il n’abandonna pas avant de l’avoir tué. Un
autre ismaélien avança et fut tué puis un troisième qui fut lui
aussi tué. Salah ad-Din retourna alors dans
sa tente dans un état de choc croyant à peine qu’il avait
échappé de peu à la mort. Sa troupe fut alors repassé en revue et il
renvoya tous ceux qu’il ne reconnut pas et confirma à son service
ceux qu’il reconnut.
Il
persévéra dans le siège d’A’zaz durant trente-huit jours ou le
combat de chaque jour fut plus intensif que celui du jour précédant.
Un grand nombre de galeries furent creusées sous la muraille et
ensuite les défenseurs soumis lui abandonnèrent le fort qu’il prit
le 11 du mois de Dzoul Hijjah.
Du siège d’Alep par Salah ad-Din et de la paix conclue
Lorsque Salah ad-Din prit le fort d’A’zaz, il disposa pour Alep où
se trouvaient al-Malik as-Salih et ses troupes ou il arriva le 15 du
mois de Dzoul Hijjah et qu’il assiégea. Les habitants jouèrent un
rôle honorable dans la défense de la ville dans le fait qu’ils
prévinrent Salah ad-Din d’approcher de la ville et à chaque fois
qu’il avança pour lancer un assaut, il fut intercepté avec ses
troupes par une foule ou beaucoup furent tués ou blessés. Les gens
avaient l’habitude de faire des sorties et le retenir à l’extérieur
de la ville si bien qu’il renonça aux assauts et préféra attendre
l’opportunité.
L’année 571 de l’Hégire (1176) arriva à sa fin et l’année 572 (1176)
entra et le trouva encore en train d’assiéger la ville. La 20 du
mois de Mouharram des envoyés furent envoyés entre eux pour conclure
la paix. Les deux côtés étaient disposés parce que les habitants
craignaient un long siège et l’affaiblissement tandis que Salah
ad-Din vit aussi qu’il était incapable de s’approcher de la ville et
de retenir les défenseurs. Les conditions de paix furent ratifiées
pour tous, pour al-Malik as-Salih, Sayf ad-Din le seigneur de
Mossoul et les seigneurs de Hisn Kayfa et de Mardin. Une des
conditions qui fut spécifiée est qu’ils devraient mutuellement
coopérer contre quiconque romprait traîtreusement l’un de ces
conditions.
Quand
l’affaire fut décidée et la paix conclue, Salah ad-Din se retira
d’Alep après avoir restitué le château d’A’zaz à al-Malik as-Salih.
Ce dernier envoya à Salah ad-Din une de ses jeunes sœurs qui était
encore une enfant. Salah ad-Din l’accueillit avec honneur et lui
présenta beaucoup de cadeaux. Il lui demanda : « Que voudrais-tu ? »
et elle lui répondit : « Le château d’A’zaz, » car ils l’avaient
préparée à dire cela. Salah ad-Din le lui abandonna et partit pour
les terres des hashashiyine, qu’Allah les maudisse.
Baliste
Des troubles à La Mecque, du renvoi de son émir et de la
nomination d’un autre
Au
mois de Dzoul Hijjah de cette année, il y eut une bataille féroce
dans La Mecque entre l’émir du Pèlerinage Tashtakin et l’émir de La
Mecque Moukaththir. Le calife avait ordonné à l’émir du Pèlerinage
d’écarter Moukaththir et d’installer son frère Daoud à sa place et
cela arriva comme suit.
Moukaththir avait construit un château sur le mont Abou Qoubays.
Quand les pèlerins quittèrent ‘Arafat ils ne s’arrêtèrent pas pour
passer la nuit à Mouzdalifah et passèrent simplement à côté. Ils ne
firent non plus le jet de pierres des Jamras et certains d’entre eux
lancèrent juste des cailloux sur certains d’entre eux, puisqu’ils
passaient. Ils campèrent à Abtah où certains des habitants de La
Mecque sortirent et luttèrent contre eux si bien que des deux côtés
plusieurs hommes furent tués. Les pèlerins crièrent : « Laissez-nous
razzier La Mecque » et ils procédèrent pour attaquer l’endroit.
L’émir de La Mecque Moukaththir s’enfuit et se réfugia dans le
château qu’il avait bâti sur le mont Abou Qoubays où il fut assiégé.
Il l’abandonna alors et quitta La Mecque. Son frère Daoud prit alors
la fonction d’émir. Un grand nombre de pèlerins pillèrent La Mecque
et saisirent beaucoup de marchandises des marchands locaux et mirent
le feu à beaucoup de maisons et une chose
remarquable arriva.
Un
expert de matières combustibles toucha une maison avec un flacon de
naphte et y mit le feu. C’était la propriété de certains orphelins
et tout ce qui était dedans brûla. Il prit alors un deuxième flacon
pour viser un autre endroit mais une pierre lancée sur lui toucha le
flacon et le brisa répandant la substance qui s’enflamma sur lui. Il
agonisa durant trois jours torturé par ses brûlures et mourut
ensuite.
Au
mois de Ramadan cette année, il y eut une éclipse totale du soleil
qui obscurcit la terre si bien que durant quelques temps ce fut
comme si la nuit était tombé et les étoiles apparurent. Cela arriva
dans la matinée du vendredi 29 Ramadan. A cette époque, comme un
jeune, j’étais dehors dans al-Jazirat Ibn ‘Omar avec un de mes
enseignants, un des ‘Oulama avec qui j’étudiais les mathématiques.
Quand j’en fus témoin je fus extrêmement terrifié et m’accrochait à
lui. Il me calma et puisqu’il était aussi un étudiant en astronomie,
il me dit : « Tu vas bientôt tout voir de nouveau » et l’éclipse
passa rapidement.
Cette
année aussi, le calife al-Moustadi Bi-Amrillah nomma Abou Talib Nasr
Ibn ‘Ali an-Naqid chambellan de palais. Dans sa jeunesse, il avait
été surnommé « l’Alouette » ce que les gens ont commencé à lui crier
quand il apparut en public. Le calife ordonna à un groupe de Turcs
d’aller avec lui pour les empêcher et les gens s’arrêtèrent. Juste
avant la fête, il lui donna une robe d’honneur avant la procession.
Un certain nombre de personnes de Baghdad achetèrent une grande
quantité d’alouettes avec l’intention de les libérer pendant le
défilé quand ils apercevraient Ibn al-Naqid. Le calife fut informé
de cela et craignant que le défilé devienne une risée, il le
licencia de sa fonction et le nomma Ibn al-Mou’awwij (fils du
tordu).
Au
mois de Dzoul Hijjah, le jour de la fête de ‘Id al-Adhah, des
émeutes éclatèrent à Baghdad entre les habitants et certains Turcs
(certainement des soldats car ces derniers causèrent de grands
troubles durant le règne des Abbassides et particulièrement à
Baghdad) qui avaient saisis les chameaux destinés au sacrifice.
Plusieurs personnes furent tuées et beaucoup de propriétés furent
pillées. Le calife distribua de grandes sommes d’argent à ceux dont
les propriétés avaient été pillées.
Toujours cette année, il
y eut un tremblement de terre dans les terres perses, des frontières
de l’Irak au-delà d’ar-Rayy. De grands nombres des gens périrent et
beaucoup de maisons furent détruites surtout à ar-Rayy et Qazwin.
Au
mois de Ramadan, Shams ad-Dawlah Touranshah Ibn Ayyoub qui avait
conquis le Yémen vint à Damas lorsqu’il entendit dire que son frère
Salah ad-Din l’avait pris car sa maison et ses camarades lui
manquaient. Il quitta donc le Yémen et vint à Damas. Sur sa route,
il envoya un massage à son frère pour l’informer de son arrivée.
Dans sa lettre il écrivit les vers suivants d’Ibn al-Mounajjim
al-Misri :
« À
Salah ad-Din je me plains,
Que je
dépéris et brûle de le voir de nouveau,
Peiné
par ma distance de lui, bien que,
N’était-ce mon amour pour lui, je ne m’affligerais pas de ma
lointaine demeure.
Pourtant, je chevaucherais sûrement le destrier de ma détermination
pour aller vers lui.
Le
destrier de mon amour devra me porter avec son galop et ses longues
foulées.
Je
continuerai à travers les parties les plus chaudes du jour,
Par
cette chaleur, le cœur du jour éclatera.
Je
voyagerai à travers la nuit quand ni les voyages,
Ni le
fantôme de l’imagination ni les éclats de foudre ne brillent.
Je lui
expédierai à l’avance mon cœur pour lui dire,
Que je
suivrai bientôt avec mon corps,
Pour
que je puisse témoigner de son visage le plus béni,
De cet
horizon d’où se lève le matin, l’étoile du bonheur. »
Au
mois de Mouharram de cette même année, Salah ad-Din, dont le pouvoir
devint important grâce à la conquête des terres syriennes qu’il
conquit et à cause de la défaite de l’armée de Mossoul, quitta Damas
ce qui causa aux croisés et aux autres des frayeurs. Son intention
était d’envahir leur territoire, de l’attaquer et de la ravager. Ils
envoyèrent donc un messager pour demander une trêve qu’il accepta
selon certaines conditions convenues entre eux. Il ordonna alors aux
contingents égyptiens de revenir en Egypte et se reposer jusqu’à ce
qu’il les rappelle à nouveau et en leur stipulant que chaque fois
qu’ils les convoqueraient, ils ne devraient pas s’attarder. Ils
revinrent donc en Egypte et y restèrent jusqu’à ce qu’il les appelle
pour la guerre contre Sayf ad-Din, ce que nous rapporterons si Allah
Exalté le veut.
Comment Salah ad-Din ravagea les terres des hashashiyine
Quand
Salah ad-Din quitta Alep, ce que nous avons déjà rapporté, il marcha
contre le territoire des ismaéliens au mois de Mouharram de l’année
572 de l’Hégire (1177) pour leur faire la guerre suite à leur
attaque et leur tentative de l’assassiner. Il ravagea, détruisit et
brûla leur terre. Il assiégea la forteresse de Massyaf, un de leurs
forts les plus puissants et les plus imprenables. Il déploya ses
catapultes et bombarda continuellement les défenseurs sans le
moindre arrêt. Sinan, le chef des hashashiyine envoya un messager à
Shihab ad-Din al-Harimi, le seigneur de Hama, qui était l’oncle
maternel de Salah ad-Din, et lui demandant de négocier, de régler
l’affaire et d’intercéder pour lui et ajouta : « Si tu ne la fais
pas, nous te tuerons ainsi que toute la famille de Salah ad-Din et
les émirs. » Shihab ad-Din vint trouver Salah ad-Din, et intercéda
pour eux et lui demanda de les pardonner. Salah ad-Din accepta, fit
la paix avec eux et partit ensuite car ses troupes s’étaient
fatiguées de la longue campagne. Leurs mains étaient pleines du
butin de l’armée de Mossoul et du pillage de la terre des ismaéliens
et ils voulaient retourner chez eux pour se reposer. Il leur donna
donc congé et tandis que lui-même avec ses troupes partit pour
l’Egypte parce qu’il s’était absenté trop longtemps.
Il
n’avait pas pu y aller auparavant car il avait craint pour la terre
de la Syrie. Cependant, après qu’il vainquit Sayf ad-Din, assiégea
Alep, prit ses terres et fit ensuite la paix, il se sentit sûr pour
ses terres et retourna en Egypte. Ayant d’y arriver, il donna des
ordres pour la construction d’une enceinte autour du Vieux Caire
dans les fourrés et les broussailles et autour du Nouveau Caire
ainsi qu’autour de la Citadelle qui est sur la colline Mouqattam[3].
Sa circonférence était de 29 300 coudées (15.2 km) des coudées
Hashimi (0.52 cm) et les travaux progressaient encore à la mort
Salah ad-Din.
Récit d’une victoire
musulmane sur les croisés et d’une victoire croisée sur les
Musulmans
Shams
ad-Din Muhammad Ibn ‘Abdel-Malik Ibn al-Mouqaddam qui étaient le
seigneur de Baalbek reçut des renseignements qu’un détachement de
croisés avait envahi al-Biqa’, une région du district de Baalbek et
l’avait razzié. Il sortit aussitôt à leur rencontre, posa une
embuscade dans les fourrés et les bosquets puis tomba sur eux et en
tua un grand nombre et prit deux cents prisonnier hommes, qu’il
envoya à Salah ad-Din.
Shams
ad-Dawlah Touranshah, le frère de Salah ad-Din, qui avait conquis le
Yémen était arrivé à Damas, comme nous l’avons rapporté. Pendant
qu’il s’y trouvait, il entendu dire qu’un groupe de croisés était
venu de leur territoire dans le district de Damas. Il marcha alors
contre eux et les rencontra dans la plaine de ‘Ayn al-Jarr.
Cependant, il ne résista pas devant eux mais s’enfuit. Ils saisirent
et firent prisonniers tous ses hommes dont Sayf ad-Din Abou Bakr Ibn
as-Salar, un chef principal de la force damascène. Cela enhardi les
croisés, qu’Allah les maudisse, qui s’étendirent loin et large dans
cette région et réparèrent ainsi leur cuisante défaite face à Ibn
al-Mouqaddam.
De la rébellion du seigneur de Shahrazour contre Sayf ad-Din
et son retour à l’obéissance
Cette
année, Salah ad-Din ordonna la construction de la Madrassah qui est
près du tombeau d’ash-Shafi’i (puisse Allah lui faire miséricorde)
dans le Vieux Caire et fit aussi bâtir un hôpital au Caire sur
lequel il établit de nombreuses et importantes dotations.
De
même cette année, je vis à Mossoul deux agneaux avec un estomac,
deux têtes, deux cous, deux dos et huit jambes. Ils étaient comme
deux agneaux mais avec un seul estomac. Le visage de l’un était à
l’opposé de l’autre. C’est vraiment un prodige.
Cette
année aussi, un météore tomba à terre et l’illumina d’une intense
lueur. On entendit un grand bruit. Sa trace resta dans le ciel
pendant quelque temps et disparue ensuite.
Le compte de la défaite de Salah ad-Din à Ramlah
Vers
la fin du mois de Joumadah Awwal de l’année 573 de l’Hégire (1177),
Salah ad-Din marcha de l’Egypte au littoral syrien ayant l’intention
d’attaquer le territoire croisé. Il rassembla un grand nombre de ses
troupes régulières et une importante armée. Ils poursuivirent leur
marche le plus rapidement
possible jusqu’à ce qu’ils arrivèrent le 24 du mois de
Joumadah Awwal à Ascalon qu’ils ravagèrent, prirent des captifs,
tuèrent et incendièrent. Ils se dispersèrent partout dans ces
régions ou ils effectuèrent de nombreux raids. Quand ils virent que
les croisés n’envoyaient pas d’armée et ni ne rassemblaient des
forces pour protéger les terres, ils se détendirent et se
déplacèrent dans le pays sûrs et confiants.
Salah
ad-Din arriva à Ramlah avec l’intention d’assiéger et d’attaquer une
de leurs forteresses. Ils atteignirent alors une rivière et les
troupes se bousculèrent pour passer quand les croisés furent sur eux
avec leurs bataillons et leurs champions. Salah ad-Din avait
seulement une partie de son armée parce que la plupart d’entre eux
s’étaient dispersés à la recherche du butin. Quand il vit les
croisés, il tint ferme avec les hommes qu’il avait. Le neveu de
Salah ad-Din, Taqi ad-Din ‘Omar Ibn Muhammad avança et les engagea
dans le combat avant son oncle. Plusieurs de ses hommes furent tués
et les croisés eurent aussi des pertes. Taqi ad-Din avait un fils
appelé Ahmad, un très beau jeune, qui avait juste eut sa première
grosse barbe. Son père lui ordonna de les charger ce qu’il fit,
lutta et est revint en toute tranquillité ayant eu un
puissant effet sur eux. Ordonné de retourner une deuxième
fois, il chargea de nouveau et rencontra la mort d’un martyr et
décéda avec beaucoup de louange (puisse Allah lui faire
miséricorde).
Celui
qui lutta contre eux le plus férocement ce jour-là fut le juriste
‘Issa (puisse Allah lui faire miséricorde). La déroute des Musulmans
fut complète. Un des croisés chargea Salah ad-Din, se rapprocha de
lui et l’atteignit presque mais il fut tué devant lui. Les croisés
l’entourèrent alors et Salah ad-Din s’enfuit, en voyageant un peu et
s’arrêtant ensuite pour permettre aux troupes de le rattraper,
jusqu’à la tombée de la nuit. Il procéda vers le désert jusqu’à ce
qu’il revienne avec un petit corps d’hommes en Egypte après avoir
subi de grande épreuve à cause de l’insuffisance de nourriture et
d’eau si bien que beaucoup de leurs chevaux périrent de faim et de
soif et à cause de leur fuite précipité.
Quant
aux troupes qui avaient razzié le territoire croisé, la plupart
d’entre eux furent perdus, fait prisonniers ou tués. Parmi les
capturés se trouvait le juriste ‘Issa al-Hakkari, un membre
remarquable de l’Assadiyah, qui rassembla l’érudition, la piété et
le courage. Son frère, Zahir ad-Din
fut aussi pris prisonnier car les deux s’étaient aussi enfuis
mais s’étaient égarés. Ils furent pris avec plusieurs de leurs
hommes. Ils restèrent quelques années en captivité et ensuite Salah
ad-Din rançonna le juriste ‘Issa pour 60 000 dinars et un nombre
considérable de prisonniers.
Salah
ad-Din arriva au Caire dans le milieu de Joumadah Thani et je vis
une lettre que Salah ad-Din écrivit de sa propre main à son frère
Shams ad-Din Touranshah à Damas ou il lui raconta l’incident et qui
commençait par ce vers :
« Je
me suis souvenu de toi quand la lance Khatti tremblait entre nous
Et les
lances brunes redressés avaient bu de nous. »
Il dit
dans la lettre : « Nous fûmes plus d’une fois sur le point de mourir
mais Allah Exalté nous a préservés (Louanges à Lui) juste pour un
but qu’Il nous a destiné. « Il tint fermement seulement parce
qu’il avait un but en vue[4]. »
Du siège de la ville de Hama par les croisés
Au
mois de Joumadah Awwal de cette année, les croisés assiégèrent aussi
Hama.
Cela
arriva parce qu’un grand comte des croisés, qu’Allah les maudisse,
un de leurs monstrueux démons débarqua d’un navire sur le littoral
syrien. Il vit que Salah ad-Din était en Egypte ou il était revenu
après la défaite et il profita de l’état vide de toute protection du
pays sachant que Shams ad-Dawlah Ibn Ayyoub qui était à Damas comme
lieutenant de Salah ad-Din, n’avait pas beaucoup de troupes et qui
plus est, était très consacré à ses plaisirs et incliné à prendre
les choses faciles. Ce comte des croisés rassembla les croisés de
Syrie, leur distribua de l’argent et marcha sur Hama qu’il mit sous
siège. La souverain de la ville était Shihab ad-Din Mahmoud
al-Harimi, l’oncle maternel de Salah ad-Din et il était à ce moment
gravement malade. Un détachement de l’armée régulière de Salah
ad-Din qui était proche entra dans la ville et aida les défenseurs.
Les
croisés attaquèrent violemment et un jour ils donnèrent l’assaut sur
une partie la ville qu’ils prirent presque par la force des armes.
Les habitants et l’armée régulière se rassemblèrent de ce côté et la
bataille fit rage violemment. Ce fut un moment crucial pour les deux
côtés. Les Musulmans se montrèrent capables et luttèrent pour se
protéger, leurs familles et leurs propriétés. Ils repoussèrent les
croisés à l’extérieur de la ville où la bataille se poursuivit nuit
et jour. Le moral des Musulmans monta quand ils les expulsèrent de
la ville. Ils étaient convaincus qu’ils vaincraient et ils tuèrent
beaucoup d’entre eux. Sur ce, les croisés partirent déçus et Allah
Exalté sauva les Musulmans de leur mal. Ils allèrent à Harim et
l’assiégèrent après être resté quatre jours à Hama. Après le départ
des croisés de Hama, son souverain Shihab ad-Din al-Harimi mourut et
il avait un fils, un très beau jeune, qui mourut trois jours avant
lui.
De l’assassinat de Koumoushtakin et du siège de Harim par
les croisés
Cette
année, al-Malik as-Salih Ibn Nour ad-Din arrêta Sa’d ad-Din
Koumoushtakin qui avait été responsable des affaires de son règne et
l’autorité en chef. Son arrestation arriva comme suit.
Il y
avait dans Alep, un homme, un citoyen principal nommé Abou Salih Ibn
al-‘Ajami qui avait été une figure proéminente sous Nour ad-Din et
qui, après la mort Nour ad-Din, resta proéminent aussi sous le règne
de son fils, al-Malik as-Salih. Il parvint au poste de grand vizir
et avait une forte poigne sur les affaires à cause du grand nombre
de ses partisans dans Alep et parce que tous ceux qui étaient
envieux de Koumoushtakin rejoignirent Salih. Ils renforcèrent son
moral et élargirent le corps de ses partisans tandis qu’Abou Salih
était un homme courageux et audacieux si bien qu’il devint la
principale figure dans le régime à Alep et la personne dont les
opinions et les ordres activaient la plupart des personnes.
Un
jour où il était dans la mosquée, un hashashi l’attaqua et le tua.
Il mourut donc en martyr et quand il fut parti, Sa’d ad-Din prit le
contrôle et sa position devint puissante. Après l’assassinat,
l’opinion générale imputa le crime à Sa’d ad-Din. Les gens dirent :
« Il a pris des dispositions pour ce qu’il soit tué par les
hashashiyine. » Ils en parlèrent à al-Malik as-Salih et l’accusèrent
de faiblesse en prétendant qu’il n’avait aucune autorité et que Sa’d
ad-Din le dominait, le
méprisait, le rabaissait et qu’il avait tué son vizir. Ils
continuèrent ainsi jusqu’à ce que finalement il l’arrête.
Le
château de Harim était donc à Sa’d-Din et il lui avait été donné
comme fief par al-Malik as-Salih. Après son arrestation, ses hommes
s’y réfugièrent se fortifièrent derrière ses murs. Sa’d ad-Din fut
envoyé sous bonne garde pour ordonner à ses disciples de
l’abandonner à al-Malik as-Salih. Il leur donna cet ordre mais ils
refusèrent d’obéir. Koumoushtakin fut alors torturé sous le regard
de ses hommes qui ne montrèrent aucune compassion pour lui et il
mourut sous la torture tandis que ses hommes persistèrent dans leur
résistance et désobéissance.
Conscient de cela, les croisés se rendirent de Hama à Harim durant
le mois de Joumadah Awwal, ce que nous rapporterons, pensant qu’il
n’y avait personne pour venir à leur aide, qu’al-Malik as-Salih
était un jeune avec une petite armée et que Salah ad-Din était en
Egypte. Ils saisirent donc cette occasion et descendirent sur la
place ou ils maintinrent un long siège qui dura quatre mois. Ils
érigèrent des trébuchets et des échelles d’escalades et
persévérèrent jusqu’à ce qu’al-Malik as-Salih leur offrit de
l’argent. Il leur a dit : « Salah ad-Din viendra en Syrie et les
défenseurs lui remettront peut-être le fort. » Ils acceptèrent alors
de se retirer. Quand ils firent ainsi, al-Malik as-Salih envoya une
armée pour les assiéger. Le siège des croisés les avaient poussés à
la fin de leurs forces et ils étaient devenus très épuisés d’autant
plus que beaucoup d’habitants avaient été tués ou blessés. Ils
rendirent donc le château à al-Malik as-Salih qui y nomma comme
député un Mamelouk de son père nommé Sourkhak.
Le 7
du mois de Shawwal de cette année, un vent puissant souffla sur
Baghdad et la terre trembla. L’événement terrifia les gens qui
croyaient que la résurrection était arrivée. Cela dura environ une
heure et passa ensuite. Beaucoup de maisons s’effondrèrent et un
grand nombre de gens furent ensevelis sous elles.
Le 4
du mois de Dzoul Qi’dah, ‘Adoud ad-Din Abou al-Faraj Muhammad Ibn
‘AbdAllah Ibn Hibatillah Ibn al-Mouzaffar Ibn Ra'is al-Rou’assa’
Abou al-Qassim Ibn al-Mouslimah, le vizir du calife fut tué.
Il
avait eu l’intention d’aller au Pèlerinage et traversé le Tigre pour
partir. Différents fonctionnaires traversèrent avec lui et il était
accompagné par une grande escorte mais il leur ordonna à cette
dernière de se retirer. Quand il arriva à la porte de Qatouftah, un
homme lui fit face et lui dit : « Je suis un homme lésé. » Il
s’approcha alors pour que le vizir puisse entendre ce qu’il avait à
lui dire et le poignarda dans le flanc avec une dague. Le vizir
poussa des cris : « Il m’a tué » et tomba de son cheval. Il perdit
son turban dans sa chute et se couvrit la tête avec sa manche. Le
hashashi reçut un coup de sabre mais il se retourna vers le vizir et
le poignarda de nouveau. Le chambellan du palais, Ibn al-Mou’awwaj
avança pour aider le vizir et fut poignardé à son tour par le
batini. On a dit qu’il fut frappé par un complice qui était avec le
batini qui furent tous les deux tués cependant il y en avait un
troisième qui cria en brandissant une dague mais il fut tué avant
qu’il puisse faire quoi que ce soit et tous les trois hashashiyine
furent brûlés. Le vizir fut emmené dans une maison qu’il avait là et
le chambellan du palais fut porté blessé dans sa résidence. Lui et
le vizir moururent. Le vizir fut emporté et enterré avec son père
dans le cimetière de l’Hospice près de la mosquée d’al-Mansour.
Le
vizir avait vu dans un rêve qu’il avait embrassé ‘Uthman Ibn ‘Affan
(qu’Allah soit satisfait de lui). Son fils rapporta qu’avant de
partir il avait exécuté ses ablutions et dit : « C’est les ablutions
que l’Islam exige. Je suis un homme mort sans aucun doute. »
Il
naquit au mois de Joumadah Awwal de l’année 514 de l’Hégire (1120).
Son père était le majordome d’al-Mouqtafi Li-Amrillah et il reprit
son poste après sa mort et le continua à le tenir jusqu’à la mort
d’al-Mouqtafi. Al-Moustanjid le confirma à cette position et éleva
son statut. Quand al-Moustadi devint le calife, il le nomma vizir.
Il avait complètement mémorisé le Qur’an, étudiait les Hadiths et
fit beaucoup de bons travaux. Sa résidence était un lieu de
rencontre pour les ‘Oulama et ses bonnes actions furent couronnées
par le martyre alors qu’il se rendait au pèlerinage.
Il y
eut aussi cette année des troubles à Baghdad quand un groupe de
Musulmans d’al-Mada'in vint à Baghdad et se plaignit des Juifs de
leur ville. Ils dirent : « Nous avons une mosquée où nous faisons
l’appel à la prière et exécutons nos prières et qui se trouve près
de la synagogue. Les Juifs nous ont dit « Vous nous ennuyez avec vos
fréquents appels à la prière, » à quoi le muezzin répondit : « Nous
ne nous inquiétons pas à ce sujet. » Une dispute éclata suivie par
une rixe ou les Juifs eurent la main supérieure. Les Musulmans
allèrent se plaindre d’eux mais le chef d’office Ibn al-‘Attar
ordonna leur emprisonnement. Plus tard, ils furent libérés et se
rendirent à la mosquée du palais, où ils crièrent pour protester
avant la prière de vendredi. Le prêcheur raccourcit le sermon et le
rituel de prière mais ils crièrent de nouveau leurs protestations.
Un détachement de troupe arriva et les arrêta mais quand les gens du
commun virent comment ils avaient été traités, ils devinrent furieux
dans leur zèle pour soutenir l’Islam et élevèrent leurs voix en
disant beaucoup de mauvaises choses. Ils enlevèrent les tuiles des
maisons qu’ils jetèrent sur les soldats qui s’enfuirent. La foule
attaqua alors les magasins des apothicaires parce que la plupart
d’entre eux étaient des Juifs et les pillèrent. Le chambellan du
palais essaya de les arrêter eux, mais ils le lapidèrent de pierres
et il s’enfuit aussi. La ville devint en ébullition. Ils ruinèrent
alors la synagogue près de la résidence d’al-Bassassiri et brûlèrent
leur Torah tandis que les Juifs se dissimulèrent. Le calife ordonna
alors que la synagogue d’al-Mada'in soit détruite et convertie en
mosquée. Les échafaudages furent érigés dans le square pour que
certains criminels y soit crucifiés. Cependant, les gens pensèrent
qu’ils avaient été érigés pour leur faire peur à cause ce qu’ils
avaient fait et pendant la nuit, ils accrochèrent quelques rats
morts sur eux. Plusieurs malfaiteurs furent sortis de prison et
crucifiés sur eux.
Au
mois de Sha’ban de cette même année, Sayf ad-Din Ghazi, le seigneur
de Mossoul, arrêta son vizir, Jalal ad-Din ‘Ali Ibn Jamal ad-Din
pour aucun crime, incompétence ou raison mais à cause de la
faiblesse de Sayf ad-Din et qu’il y avait de l’inimitié entre Jalal
ad-Din et Moujahid ad-Din Qaymaz. Moujahid ad-Din dit à Sayf
ad-Din : « Le vizir doit être arrêté » et il l’arrêta bien qu’à
contrecœur. Plus tard, Ibn Nissan, le chef d’Amid intercéda pour lui
parce qu’ils étaient liés par le mariage. Il fut libéré et partit
pour Amid, où il tomba gravement malade avant de revenir à
Dounayssir ou il mourut en l’an 574 de l’Hégire (1178) âgé de
vingt-sept ans. Il fut emmené dans la ville du Prophète (Saluts et
Bénédictions d’Allah sur lui) où il fut enterré par son père dans
l’hospice qu’il avait construit là.
Il
(qu’Allah lui fasse miséricorde) était un des ornements de ce monde.
Il unit la noblesse, l’érudition, la piété, l’abstinence et des
manières respectables. Sayf ad-Din l’avait fait juré de ne pas
rejoindre Salah ad-Din à cause de l’amitié qu’il y avait eu entre
Jamal ad-Din et Najm ad-Din Ayyoub ainsi qu’avec Assad ad-Din
Shirkouh. J’ai entendu dire que Salah ad-Din l’avait vraiment
demandé mais il n’alla pas chez lui à cause de son serment.
Cette
année un corps de croisés attaqua le district de Homs, le pilla et
prit du butin, des prisonniers et des captives. Nassir ad-Din
Muhammad Ibn Shirkouh, le seigneur de Homs, sortit aussitôt,
anticipa leur route, posa une embuscade et quand croisés arrivèrent,
ils les surprirent et les passèrent par le sabre si bien que la
plupart d’entre eux furent tués et un certain nombre de leurs
commandants fait prisonniers. Seuls ceux qui s’enfuirent échappèrent
ainsi que ceux qui furent laissés pour morts. Il récupéra tout le
butin qu’ils avaient pris et le rendit à ses propriétaires.
[1]
Capituler sur des conditions, sous des conditions, selon
certaine condition, à des conditions etc…J’utilisais jusqu’à
présent et avant de corriger : Capituler sur des conditions.
Je Google donc cette phrase et toutes les autres phrases
pour trouver et bien que pas l’une d’entre ne se dit excepté
en très vieux français et que j’utiliserais donc :
« capituler sous (des) conditions ». Ensuite j’ai compris
pourquoi car ce qui est généralement employé après capituler
est « sans » condition et capituler veux dire se rendre sans
condition, ce qui est un illogisme !
[2]
Si vous vous demandez pourquoi l’auteur mentionne souvent
cette phrase c’est parce qu’entre l’évènement actuel et le
précédant, il a mentionné une quantité d’autre évènements
que je n’ai pas traduit puisqu’ils n’entrent pas dans le
conteste des croisades tandis que dans cette traduction, les
évènements relatifs aux croisades se succèdent les uns après
les autres.
[3]
Cette citadelle deviendra par la suite le nouveau siège du
califat après la chute de Baghdad et des sultans d’Egypte
comme nous le verront par la suite.
[4]
Vers de poésie.