Du siège d’Alep par Salah ad-Din, son retrait et sa prise de la citadelle de Homs et de Baalbek

 

Lorsque Salah ad-Din prit Hama, il alla à Alep qu’il mit sous siège le 3 du mois de Joumadah Thani. Les habitants s’opposèrent à lui et al-Malik as-Salih, qui était un jeune garçon douze ans, sortit, rassembla les gens d’Alep et leur dit : « Vous connaissez bien la gentillesse de mon père à votre égard, son amour pour vous et sa bonne souveraineté sur vous. Je suis son orphelin. Ce méchant homme, qui rejeta la bonté de mon père est venu pour prendre mes terres. Il ne respecte ni Allah Tout Puissant et ni ses créatures. » Il parla beaucoup dans ce sens, pleura et fit pleurer les gens avec lui. Ils lui offrirent leur richesse et leurs vies et acceptèrent de lutter pour le protéger et défendre ses terres. Ils luttèrent donc vaillamment parce qu’ils étaient braves, familiers et habitués à la guerre du fait que les croisés étaient dans le voisinage. Ils firent des sorties et engagèrent Salah ad-Din près du mont Jawsham l’empêchant ainsi d’approcher de la ville.

 

Sa’d ad-Din Koumoushtakin envoya alors un messager à Sinan, le chef des hashashiyine et lui offrit de grosses sommes d’argent pour tuer Salah ad-Din. Il envoya donc un groupe de ses hommes dans son camp. Quand ils arrivèrent, un émir nommé Khoumartakin, le seigneur du fort d’Abou Qoubays, les vit et les reconnus parce qu’il était leur voisin et qu’il les avait rencontré et souvent lutté avec eux. Quand il les vit, il leur dit : « Qu’est-ce qui vous amène ici ? Pour quelle affaire êtes-vous venus ? » Ils se jetèrent sur lui et le blessèrent avec quelques coups mortels et l’un d’entre eux se jeta sur Salah ad-Din pour le tuer mais il fut tué avant de pouvoir l’atteindre. Le reste des hashashiyine commencèrent à lutter et tuèrent plusieurs personnes avant d’être eux-mêmes tués.

 

Salah ad-Din poursuivit son siège d’Alep jusqu’à la fin du mois de Joumadah Thani puis se retira le 1 Rajab parce que le comte Raymond de St Gilles, le seigneur de Tripoli, que Nour ad-Din avait pris prisonnier à Harim en l’an 559 de l’Hégire (1163) et qui est resté en captivité jusqu’à présent, fut libéré par Sa’d ad-Din pour 150 000 dinars Tyrian et 1 000 prisonniers musulmans. Quand il rentra chez lui, les croisés sortirent pour l’accueillir  et le féliciter de son retour car il était un grand homme parmi eux et un de leurs principaux démons.  Il arriva qu’Amaury le roi des croisés mourut au début de cette année. Il était un des plus braves de leurs rois, le plus exceptionnel pour la politique, la ruse et l’intrigue. À sa mort, il laissa un fils lépreux incapable de diriger que les croisés prirent pour roi rien que pour sa position. La conduite des affaires fut donc reprise par le comte Raymond.

Les hommes d’Alep lui envoyèrent donc un messager lui demandant d’attaquer une partie du territoire de Salah ad-Din pour lui faire lever le siège. Par conséquent, le comte se rendit à Homs qu’il assiégea le 7 Rajab et quand il fit ses préparatifs pour cette attaque, Salah ad-Din fut informé et quitta Alep et arriva à Hama le 8 Rajab, un jour après la descente des croisés sur Homs. Il se déplaça alors à Rastan et quand les croisés entendirent qu’il était proche, ils se retirèrent de Homs ou Salah ad-Din arriva et assiégea la citadelle qu’il prit le 21 du mois de Sha’ban et avec cette prise, la plupart de la Syrie se retrouva dès lors entre ses mains.

Après la chute de Homs, il procéda à Baalbek où le gouverneur était un eunuque appelé Youmn qui l’avait été depuis les jours de Nour ad-Din. Quand Salah ad-Din mit le siège, Youmn demanda des conditions pour lui et ceux qui étaient avec lui que Salah ad-Din accepta et la citadelle fut rendue le 4 du mois de Ramadan de cette année.

 

Du siège de Sayf ad-Din contre son frère ‘Imad ad-Din à Sinjar

 

Lorsque Salah ad-Din prit le contrôle de Damas, Homs et Hama, al-Malik as-Salih Isma’il, le fils de Nour ad-Din, écrivit à son cousin Sayf ad-Din Ghazi Ibn Qoutb ad-Din Mawdoud pour lui demander son aide contre Salah ad-Din et qu’il traverse l’Euphrate pour attaquer Salah ad-Din et prendre ses terres.

Sayf ad-Din mobilisa ses troupes et écrivit à son frère ‘Imad ad-Din Zanki, le seigneur de Sinjar, lui ordonnant de se présenter avec ses troupes, pour qu’ils puissent s’unir pour une expédition en Syrie, mais il refusa de le faire.

 

Salah ad-Din avait écrit à ‘Imad ad-Din et l’avait encouragé à aspirer la souveraineté parce qu’il était le plus âgé des frères et l’ambition l’amena à refuser d’obéir à son frère. Quand Sayf ad-Din vit son entêtement, il fournit à ‘Izz ad-Din Mas’oud une grande force, la majorité de son armée et l’envoya en Syrie. Il nomma au côté de son frère, ‘Izz ad-Din Mahmoud qui était connu aussi connut sous le nom de Zoulfandar, commandant et lui donna le total contrôle des affaires.

Sayf ad-Din, quand à lui, alla à Sinjar qu’il assiégea au mois de Ramadan puis attaqua et renforca le blocus mais ‘Imad ad-Din tint ferme et conduisit une excellente défense et résistance. Le siège se poursuivit et pendant que Sayf ad-Din était retenu par le siège, les nouvelles lui parvinrent de la défaite de son armée qui était avec son frère ‘Izz ad-Din Mas’oud, devant Salah ad-Din. Sur ce, il se mit en contact avec son frère ‘Imad ad-Din, fit la paix avec lui, reconnut ce qu’il tenait et partit pour Mossoul.

Après cette défaite de Sayf ad-Din, Salah ad-Din devint fermement établi et les gens furent effrayés de lui. Des envoyés allèrent dans les deux sens entre lui et Sayf ad-Din Ghazi pour faire la paix mais rien ne fut conclu.

 

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De la défaite de l’armée de Sayf ad-Din devant Salah ad-Din et de son siège de la ville d’Alep

 

Cette année, l’armée de Sayf ad-Din, commandée par son frère ‘Izz ad-Din et ‘Izz ad-Din Zoulfandar, marchèrent sur Alep et ils furent rejoints par les troupes locales. Tous sortirent pour faire la guerre à Salah ad-Din qui écrivit à Sayf ad-Din et lui offrit de rendre Homs et Hama et qu’en échange, il garderait la ville de Damas en tant que lieutenant d’al-Malik as-Salih. Sayf ad-Din n’accepta pas et dit : « Il est urgent que tu abandonnes le territoire syrien que tu as pris et que tu rentres en Egypte. »

 

Salah ad-Din avait assemblé ses forces et s’était préparé pour la guerre. Quand Sayf ad-Din refusa son offre, il marcha avec ses troupes sur ‘Izz ad-Din Mas’oud et Zoulfandar qu’il rencontra le 19 du mois de Ramadan près de la ville de Hama dans un endroit appelé Qarn Hama.

Zoulfandar ignorait les affaires militaires, le combat et était étranger à leurs pratiques en plus d’être un lâche bien que Salah ad-Din lui ai accordé fortune et faveurs.

Quand les deux côtés se rencontrèrent, la force de Sayf ad-Din ne résista pas et s’enfuit en laissant ses hommes se débrouiller seul cependant le frère de Sayf ad-Din, ‘Izz ad-Din, tint fermement après leur déroute et quand Salah ad-Din vit sa ténacité, il dit : « Soit il est le plus brave des hommes ou il n’a aucune connaissance de la guerre. » Il ordonna à ses hommes de le charger ce qu’ils firent et le reconduisirent de sa position et sa déroute fut alors complète.

 

Salah ad-Din et ses troupes les poursuivirent au-delà s de leur camp et ils prirent beaucoup de butin, des équipements, d’abondantes armes et des chevaux rapides. Après les avoir poursuivi assez longtemps, ils retournèrent se reposer tandis que les vaincus se retirèrent à Alep.

Salah ad-Din les suivit, les assiégea et répéta ses assauts. Et dès ce moment, il laissa tomber la Khoutbah pour al-Malik as-Salih Ibn Nour ad-Din et enleva son nom de la monnaie dans ses terres. Il maintint le siège mais quand l’opération s’éternisa, il fit des ouvertures de paix, à condition qu’il garde ce qu’il contrôlait en Syrie et ils qu’ils gardent ce qu’ils avaient. Ils furent d’accord avec cela et la paix fut faite. Salah ad-Din se retira d’Alep durant les dix premiers jours de Shawwal et alla à Hama où il reçut des robes de cérémonie d’investiture du calife, apportées par son envoyé.

 

De la capture du fort de Ba’rin

 

Durant les dix premiers jours de Shawwal de cette année, Salah ad-Din prit le fort de Ba’rin en Syrie dont le souverain était Fakhr ad-Din Mas’oud Ibn az-Za’farani, un des plus grands émirs de Nour ad-Din. Quand il vit la force de Salah ad-Din, il quitta le château et rencontra Salah ad-Din convaincu qu’il le recevrait avec l’honneur, partagerait le pouvoir avec lui et ne prendrait aucune décision sans le consulter, comme cela avait été le cas avec Nour ad-Din mais il ne vit rien de tout cela et le quitta. Seul lui restait Ba’rin de tout le fief qu’il avait tenu durant le règne de Nour ad-Din qui avait fait de lui son député. Quand Salah ad-Din fit la paix avec al-Malik as-Salih dans Alep, il revint à Hama et alla ensuite à Ba’rin, qui était un de ses villages. Il assiégea le château et déploya des trébuchets pour l’attaquer. Il persista avec l’assaut jusqu’à ce que son gouverneur capitule sous des conditions[1].

Ayant pris le contrôle de la ville, Salah ad-Din revint à Hama qu’il assigna comme fief à son oncle maternel, Shihab ad-Din Mahmoud Ibn Takash al-Harimi. Il donna aussi Homs pour fief à Nassir ad-Din Muhammad, le fils de son oncle Shirkouh avant de partir pour Damas ou il entra durant les derniers jours de Shawwal.

 

De la défaite de Sayf ad-Din face à Salah ad-Din

 

Le 10 du mois de Shawwal de cette année, près de la colline du Sultan à un jour de voyage d’Alep sur la route de Hama eut lieu une bataille entre Sayf ad-Din Ghazi Ibn Mawdoud et Salah ad-Din dans laquelle Sayf ad-Din fut vaincu.

Cela arriva parce qu’après la défaite de son frère, ‘Izz ad-Din Mas’oud devant Salah ad-Din l’année précédente et après la conclusion d’un accord avec son autre frère, ‘Imad ad-Din le seigneur de Sinjar, Sayf ad-Din revint à Mossoul, réunit ses troupes, distribua de l’argent et demanda le soutien du seigneur de Hisn Kayfa, le seigneur de Mardin et autres. De larges forces se rassemblèrent avec lui qui atteignirent 6 000 cavaliers.

Au mois de Rabi’ Awwal de cette année, il alla à Nisibis où il resta longtemps, jusqu’à la fin de l’hiver. Son armée devint mécontente et les fonds qu’ils avaient reçus s’épuisèrent. Revenir défait chez eux leur devint préférable à la victoire, parce qu’ils s’attendaient s’ils étaient victorieux, à rester un peu plus en Syrie après la victoire. Puis, Sayf ad-Din vint à Alep où il fut rencontré par l’eunuque Sa’d ad-Din Koumoushtakin, le régent d’al-Malik as-Salih, avec les troupes d’Alep.

 

Salah ad-Din avait seulement un nombre réduit de troupes avec lui parce qu’il avait fait la paix avec les croisés au mois de Mouharram de cette année, comme nous le rapporteront si Allah Exalté le veut et il avait envoyé le reste de ses forces en Egypte. Il leur envoya donc un messager pour les convoquer. Si ses ennemis avaient promptement marché contre lui, ils auraient accompli leur but, mais ils s’attardèrent et marchèrent trop tard car pendant ce temps ses troupes l’avaient rejoint et il quitta Damas pour Alep afin d’affronter Sayf ad-Din.

Les deux armées entrèrent en contact visuel près de la colline de Sultan. Sayf ad-Din était arrivé le premier et quand Salah ad-Din arriva, c’était déjà le soir et lui et ses hommes étaient fatigués et assoiffés si bien qu’ils se jetèrent sur la terre, incapable d’aller plus loin. Plusieurs personnes conseillèrent à Sayf ad-Din de les attaquer pendant qu’ils étaient dans cet état, mais Zoulfandar dit : « Nous n’avons aucun besoin d’engager ce rebelle à cette heure. Tôt demain, nous les saisirons tous » et Sayf ad-Din remit donc la bataille à plus tard jusqu’au jour suivant.

Quand le matin arriva, ils établirent leurs lignes de bataille. Zoulfandar, qui était le commandant de l’armée de Sayf ad-Din plaça ses bannières dans une dépression de terrain où ils pouvaient seulement être vus par ceux qui étaient près d’eux. Quand les hommes ne purent pas les voir, ils s’imaginèrent que le sultan avait fui le champ donc ils ne résistèrent pas mais s’enfuirent chacun pour soi. Des deux côtés, en dépit de leurs grands nombres, seule une personne fut tuée.

 

Sayf ad-Din atteignit Alep, où il laissa son frère ‘Izz ad-Din Mas’oud avec une partie de son armée tandis que lui-même, traversa l’Euphrate et se rendit à Mossoul ne croyant pas qu’il survivrait. Il croyait que Salah ad-Din traverserait l’Euphrate et attaquerait Mossoul. Il consulta son vizir, Jalal ad-Din et Moujahid ad-Din Qaymaz pour abandonner Mossoul et se réfugier dans le château de ‘Aqr al-Houmaydiyah. Moujahid ad-Din lui dit : « Penses-tu que si Mossoul t’était prise que tu pourrais tenir dans une des tours de l’enceint externe ? » « Non, » répondit-il. « Et bien une tour dans l’enceinte extérieure est mieux que ‘Aqr. Les princes sont toujours vaincus et reprennent ensuite la bataille de nouveau. »

Lui et le vizir acceptèrent de le soutenir et de renforcer son moral. Ainsi Sayf ad-Din resta où il était et se détourna plus tard de Zoulfandar et le renvoya. Il nomma à sa place le commandant des armées Moujahid ad-Din Qaymaz, ce que nous rapporterons si Allah Exalté le veut.

 

Le secrétaire ‘Imad ad-Din a rapporté dans son livre al-Barq ash-Shami sur l’histoire du règne de Salah ad-Din que l’armée de Sayf ad-Din comptait 20 000 cavaliers dans cette bataille mais ce ne fut pas ainsi. Il est certain qu’il y a avait certainement plus de 6 000 cavaliers sans toutefois excédé 6 500 car j’ai lu attentivement le registre d’enregistrement. Le fonctionnaire qui l’administra et l’écrivit était mon frère Majd ad-Din Abou as-Sa’adat al-Moubarak Ibn Muhammad Ibn ‘Abdel-Karim (puisse Allah lui faire miséricorde). L’intention d’al-‘Imad était simplement d’exagérer les actes de son maître en déclarant qu’avec 6 000, il vainquit 20 000, mais la vérité mérite mieux d’être suivie. De plus, je regrette de ne pas avoir connu la superficie de Mossoul avec ses dépendances jusqu’à l’Euphrate pour voir si elle aurait pu avoir et maintenir 20 000 cavaliers.

 

Des terres d’as-Salih Ibn Nour ad-Din que Salah ad-Din conquit après cette défaite

 

Après la défaite de Sayf ad-Din et son armée et leur arrivée à Alep, ce dernier revint à Mossoul, comme nous l’avons déjà rapporté[2] . Il laissa son frère ‘Izz ad-Din Mas’oud dans Alep avec un détachement de son armée comme renforts pour al-Malik as-Salih après que Salah ad-Din et ses troupes aient pris comme butin le convoi de bagages de l’armée de Mossoul qui le rendit riche et les renforca.

Salah ad-Din alla à Bouza’a qu’il mit sous siège et engagea dans la bataille les défenseurs de la citadelle. Plus tard il accepta sa reddition et posta des hommes pour la garder puis procéda à Manbij et l’assiégea à la fin du mois de Shawwal. La ville était tenue par Qoutb ad-Din Yinal Ibn Hassan al-Manbiji, qui était un ennemi féroce de Salah ad-Din, qui faisait campagne et incitait à l’hostilité contre lui en l’attaquant personnellement. Il exaspéra donc Salah ad-Din qui le menaça. Il prit la ville qui ne s’opposa pas à lui mais la citadelle resta tenue par son souverain qui l’avait rempli d’hommes, d’armes et de provisions. Salah ad-Din l’assiégea durement et répéta les assauts sur la citadelle. Les sapeurs s’approchèrent du mur, le minèrent et la place fut prise par la force des armes. Les troupes de Salah ad-Din prirent tout le contenu comme butin. Salah ad-Din fit prisonnier Yinal et prit toute ses richesses le laissant pauvre sans le moindre haricot. Par la suite Salah ad-Din le libéra et il alla à Mossoul où Sayf ad-Din Ghazi lui assigna la ville de Raqqah en fief.

 

Ayant fini avec Manbij, Salah ad-Din se rendit alors au fort d’A’zaz ou il arriva le 3 du mois de Dzoul Qi’dah. C’est un des plus puissants forts et un des endurables. Il l’encercla d’un lourd siège et d’un strict blocus et érigea des trébuchets (catapultes) pour l’attaquer et un grand nombre de ses soldats périrent lors des assauts.

Un jour alors que Salah ad-Din était dans une tente appartenant à un de ses émirs nommé Jawouli le commandant de la troupe Assadi, un hashashi se jeta sur lui et le frappa à la tête avec une dague et le blessa. Et n’était le casque de maille qu’il portait sous sa coiffe, il aurait été tué. Salah ad-Din empoigna la main du batini bien qu’il fut incapable de le retenir de porter des coups cependant, il ne pouvait que lui donner des faibles coups. L’ismaélien batini continua de le frapper sur le cou avec sa dague. Salah ad-Din portait une brigandine et les coups glissèrent sur le col de celle-ci et le coupa. La cotte de mailles empêcha les coups d’atteindre son cou et parce que sa fin n’était pas encore décrétée. Un émir nommé Yazkoush, s’avança et saisit la dague de sa main. Le hashashi le blessa mais il n’abandonna pas avant de l’avoir tué. Un autre ismaélien avança et fut tué puis un troisième qui fut lui aussi tué. Salah ad-Din retourna alors dans  sa tente dans un état de choc croyant à peine qu’il avait échappé de peu à la mort. Sa troupe fut alors repassé en revue et il renvoya tous ceux qu’il ne reconnut pas et confirma à son service ceux qu’il reconnut.

Il persévéra dans le siège d’A’zaz durant trente-huit jours ou le combat de chaque jour fut plus intensif que celui du jour précédant. Un grand nombre de galeries furent creusées sous la muraille et ensuite les défenseurs soumis lui abandonnèrent le fort qu’il prit le 11 du mois de Dzoul Hijjah.

 

Du siège d’Alep par Salah ad-Din et de la paix conclue

 

Lorsque Salah ad-Din prit le fort d’A’zaz, il disposa pour Alep où se trouvaient al-Malik as-Salih et ses troupes ou il arriva le 15 du mois de Dzoul Hijjah et qu’il assiégea. Les habitants jouèrent un rôle honorable dans la défense de la ville dans le fait qu’ils prévinrent Salah ad-Din d’approcher de la ville et à chaque fois qu’il avança pour lancer un assaut, il fut intercepté avec ses troupes par une foule ou beaucoup furent tués ou blessés. Les gens avaient l’habitude de faire des sorties et le retenir à l’extérieur de la ville si bien qu’il renonça aux assauts et préféra attendre l’opportunité.

 

L’année 571 de l’Hégire (1176) arriva à sa fin et l’année 572 (1176) entra et le trouva encore en train d’assiéger la ville. La 20 du mois de Mouharram des envoyés furent envoyés entre eux pour conclure la paix. Les deux côtés étaient disposés parce que les habitants craignaient un long siège et l’affaiblissement tandis que Salah ad-Din vit aussi qu’il était incapable de s’approcher de la ville et de retenir les défenseurs. Les conditions de paix furent ratifiées pour tous, pour al-Malik as-Salih, Sayf ad-Din le seigneur de Mossoul et les seigneurs de Hisn Kayfa et de Mardin. Une des conditions qui fut spécifiée est qu’ils devraient mutuellement coopérer contre quiconque romprait traîtreusement l’un de ces conditions.

Quand l’affaire fut décidée et la paix conclue, Salah ad-Din se retira d’Alep après avoir restitué le château d’A’zaz à al-Malik as-Salih. Ce dernier envoya à Salah ad-Din une de ses jeunes sœurs qui était encore une enfant. Salah ad-Din l’accueillit avec honneur et lui présenta beaucoup de cadeaux. Il lui demanda : « Que voudrais-tu ? » et elle lui répondit : « Le château d’A’zaz, » car ils l’avaient préparée à dire cela. Salah ad-Din le lui abandonna et partit pour les terres des hashashiyine, qu’Allah les maudisse.

 

Baliste

 

 

Des troubles à La Mecque, du renvoi de son émir et de la nomination d’un autre

 

Au mois de Dzoul Hijjah de cette année, il y eut une bataille féroce dans La Mecque entre l’émir du Pèlerinage Tashtakin et l’émir de La Mecque Moukaththir. Le calife avait ordonné à l’émir du Pèlerinage d’écarter Moukaththir et d’installer son frère Daoud à sa place et cela arriva comme suit.

Moukaththir avait construit un château sur le mont Abou Qoubays. Quand les pèlerins quittèrent ‘Arafat ils ne s’arrêtèrent pas pour passer la nuit à Mouzdalifah et passèrent simplement à côté. Ils ne firent non plus le jet de pierres des Jamras et certains d’entre eux lancèrent juste des cailloux sur certains d’entre eux, puisqu’ils passaient. Ils campèrent à Abtah où certains des habitants de La Mecque sortirent et luttèrent contre eux si bien que des deux côtés plusieurs hommes furent tués. Les pèlerins crièrent : « Laissez-nous razzier La Mecque » et ils procédèrent pour attaquer l’endroit. L’émir de La Mecque Moukaththir s’enfuit et se réfugia dans le château qu’il avait bâti sur le mont Abou Qoubays où il fut assiégé. Il l’abandonna alors et quitta La Mecque. Son frère Daoud prit alors la fonction d’émir. Un grand nombre de pèlerins pillèrent La Mecque et saisirent beaucoup de marchandises des marchands locaux et mirent le feu à beaucoup de maisons et une chose  remarquable arriva.

Un expert de matières combustibles toucha une maison avec un flacon de naphte et y mit le feu. C’était la propriété de certains orphelins et tout ce qui était dedans brûla. Il prit alors un deuxième flacon pour viser un autre endroit mais une pierre lancée sur lui toucha le flacon et le brisa répandant la substance qui s’enflamma sur lui. Il agonisa durant trois jours torturé par ses brûlures et mourut ensuite.

 

 

Au mois de Ramadan cette année, il y eut une éclipse totale du soleil qui obscurcit la terre si bien que durant quelques temps ce fut comme si la nuit était tombé et les étoiles apparurent. Cela arriva dans la matinée du vendredi 29 Ramadan. A cette époque, comme un jeune, j’étais dehors dans al-Jazirat Ibn ‘Omar avec un de mes enseignants, un des ‘Oulama avec qui j’étudiais les mathématiques. Quand j’en fus témoin je fus extrêmement terrifié et m’accrochait à lui. Il me calma et puisqu’il était aussi un étudiant en astronomie, il me dit : « Tu vas bientôt tout voir de nouveau » et l’éclipse passa rapidement.

 

Cette année aussi, le calife al-Moustadi Bi-Amrillah nomma Abou Talib Nasr Ibn ‘Ali an-Naqid chambellan de palais. Dans sa jeunesse, il avait été surnommé « l’Alouette » ce que les gens ont commencé à lui crier quand il apparut en public. Le calife ordonna à un groupe de Turcs d’aller avec lui pour les empêcher et les gens s’arrêtèrent. Juste avant la fête, il lui donna une robe d’honneur avant la procession. Un certain nombre de personnes de Baghdad achetèrent une grande quantité d’alouettes avec l’intention de les libérer pendant le défilé quand ils apercevraient Ibn al-Naqid. Le calife fut informé de cela et craignant que le défilé devienne une risée, il le licencia de sa fonction et le nomma Ibn al-Mou’awwij (fils du tordu).

 

Au mois de Dzoul Hijjah, le jour de la fête de ‘Id al-Adhah, des émeutes éclatèrent à Baghdad entre les habitants et certains Turcs (certainement des soldats car ces derniers causèrent de grands troubles durant le règne des Abbassides et particulièrement à Baghdad) qui avaient saisis les chameaux destinés au sacrifice. Plusieurs personnes furent tuées et beaucoup de propriétés furent pillées. Le calife distribua de grandes sommes d’argent à ceux dont les propriétés avaient été pillées.

 

Toujours cette année,  il y eut un tremblement de terre dans les terres perses, des frontières de l’Irak au-delà d’ar-Rayy. De grands nombres des gens périrent et beaucoup de maisons furent détruites surtout à ar-Rayy et Qazwin.

 

Au mois de Ramadan, Shams ad-Dawlah Touranshah Ibn Ayyoub qui avait conquis le Yémen vint à Damas lorsqu’il entendit dire que son frère Salah ad-Din l’avait pris car sa maison et ses camarades lui manquaient. Il quitta donc le Yémen et vint à Damas. Sur sa route, il envoya un massage à son frère pour l’informer de son arrivée. Dans sa lettre il écrivit les vers suivants d’Ibn al-Mounajjim al-Misri :

« À Salah ad-Din je me plains, 

Que je dépéris et brûle de le voir de nouveau,

Peiné par ma distance de lui, bien que,

N’était-ce mon amour pour lui, je ne m’affligerais pas de ma lointaine demeure.

Pourtant, je chevaucherais sûrement le destrier de ma détermination pour aller vers lui.

Le destrier de mon amour devra me porter avec son galop et ses longues foulées.

Je continuerai à travers les parties les plus chaudes du jour,

Par cette chaleur, le cœur du jour éclatera.

Je voyagerai à travers la nuit quand ni les voyages, 

Ni le fantôme de l’imagination ni les éclats de foudre ne brillent.

Je lui expédierai à l’avance mon cœur pour lui dire,

Que je suivrai bientôt avec mon corps,

Pour que je puisse témoigner de son visage le plus béni,

De cet horizon d’où se lève le matin, l’étoile du bonheur. »

 

Au mois de Mouharram de cette même année, Salah ad-Din, dont le pouvoir devint important grâce à la conquête des terres syriennes qu’il conquit et à cause de la défaite de l’armée de Mossoul, quitta Damas ce qui causa aux croisés et aux autres des frayeurs. Son intention était d’envahir leur territoire, de l’attaquer et de la ravager. Ils envoyèrent donc un messager pour demander une trêve qu’il accepta selon certaines conditions convenues entre eux. Il ordonna alors aux contingents égyptiens de revenir en Egypte et se reposer jusqu’à ce qu’il les rappelle à nouveau et en leur stipulant que chaque fois qu’ils les convoqueraient, ils ne devraient pas s’attarder. Ils revinrent donc en Egypte et y restèrent jusqu’à ce qu’il les appelle pour la guerre contre Sayf ad-Din, ce que nous rapporterons si Allah Exalté le veut.

 

 

Comment Salah ad-Din ravagea les terres des hashashiyine

 

Quand Salah ad-Din quitta Alep, ce que nous avons déjà rapporté, il marcha contre le territoire des ismaéliens au mois de Mouharram de l’année 572 de l’Hégire (1177) pour leur faire la guerre suite à leur attaque et leur tentative de l’assassiner. Il ravagea, détruisit et brûla leur terre. Il assiégea la forteresse de Massyaf, un de leurs forts les plus puissants et les plus imprenables. Il déploya ses catapultes et bombarda continuellement les défenseurs sans le moindre arrêt. Sinan, le chef des hashashiyine envoya un messager à Shihab ad-Din al-Harimi, le seigneur de Hama, qui était l’oncle maternel de Salah ad-Din, et lui demandant de négocier, de régler l’affaire et d’intercéder pour lui et ajouta : « Si tu ne la fais pas, nous te tuerons ainsi que toute la famille de Salah ad-Din et les émirs. » Shihab ad-Din vint trouver Salah ad-Din, et intercéda pour eux et lui demanda de les pardonner. Salah ad-Din accepta, fit la paix avec eux et partit ensuite car ses troupes s’étaient fatiguées de la longue campagne. Leurs mains étaient pleines du butin de l’armée de Mossoul et du pillage de la terre des ismaéliens et ils voulaient retourner chez eux pour se reposer. Il leur donna donc congé et tandis que lui-même avec ses troupes partit pour l’Egypte parce qu’il s’était absenté trop longtemps.

Il n’avait pas pu y aller auparavant car il avait craint pour la terre de la Syrie. Cependant, après qu’il vainquit Sayf ad-Din, assiégea Alep, prit ses terres et fit ensuite la paix, il se sentit sûr pour ses terres et retourna en Egypte. Ayant d’y arriver, il donna des ordres pour la construction d’une enceinte autour du Vieux Caire dans les fourrés et les broussailles et autour du Nouveau Caire ainsi qu’autour de la Citadelle qui est sur la colline Mouqattam[3]. Sa circonférence était de 29 300 coudées (15.2 km) des coudées Hashimi (0.52 cm) et les travaux progressaient encore à la mort Salah ad-Din.

 

Récit d’une victoire musulmane sur les croisés et d’une victoire croisée sur les Musulmans

 

Shams ad-Din Muhammad Ibn ‘Abdel-Malik Ibn al-Mouqaddam qui étaient le seigneur de Baalbek reçut des renseignements qu’un détachement de croisés avait envahi al-Biqa’, une région du district de Baalbek et l’avait razzié. Il sortit aussitôt à leur rencontre, posa une embuscade dans les fourrés et les bosquets puis tomba sur eux et en tua un grand nombre et prit deux cents prisonnier hommes, qu’il envoya à Salah ad-Din.

 

Shams ad-Dawlah Touranshah, le frère de Salah ad-Din, qui avait conquis le Yémen était arrivé à Damas, comme nous l’avons rapporté. Pendant qu’il s’y trouvait, il entendu dire qu’un groupe de croisés était venu de leur territoire dans le district de Damas. Il marcha alors contre eux et les rencontra dans la plaine de ‘Ayn al-Jarr. Cependant, il ne résista pas devant eux mais s’enfuit. Ils saisirent et firent prisonniers tous ses hommes dont Sayf ad-Din Abou Bakr Ibn as-Salar, un chef principal de la force damascène. Cela enhardi les croisés, qu’Allah les maudisse, qui s’étendirent loin et large dans cette région et réparèrent ainsi leur cuisante défaite face à Ibn al-Mouqaddam.

 

De la rébellion du seigneur de Shahrazour contre Sayf ad-Din et son retour à l’obéissance

 

Cette année, Salah ad-Din ordonna la construction de la Madrassah qui est près du tombeau d’ash-Shafi’i (puisse Allah lui faire miséricorde) dans le Vieux Caire et fit aussi bâtir un hôpital au Caire sur lequel il établit de nombreuses et importantes dotations.

 

De même cette année, je vis à Mossoul deux agneaux avec un estomac, deux têtes, deux cous, deux dos et huit jambes. Ils étaient comme deux agneaux mais avec un seul estomac. Le visage de l’un était à l’opposé de l’autre. C’est vraiment un prodige.

 

Cette année aussi, un météore tomba à terre et l’illumina d’une intense lueur. On entendit un grand bruit. Sa trace resta dans le ciel pendant quelque temps et disparue ensuite.

 

 

Le compte de la défaite de Salah ad-Din à Ramlah

 

Vers la fin du mois de Joumadah Awwal de l’année 573 de l’Hégire (1177), Salah ad-Din marcha de l’Egypte au littoral syrien ayant l’intention d’attaquer le territoire croisé. Il rassembla un grand nombre de ses troupes régulières et une importante armée. Ils poursuivirent leur marche le plus rapidement  possible jusqu’à ce qu’ils arrivèrent le 24 du mois de Joumadah Awwal à Ascalon qu’ils ravagèrent, prirent des captifs, tuèrent et incendièrent. Ils se dispersèrent partout dans ces régions ou ils effectuèrent de nombreux raids. Quand ils virent que les croisés n’envoyaient pas d’armée et ni ne rassemblaient des forces pour protéger les terres, ils se détendirent et se déplacèrent dans le pays sûrs et confiants.

Salah ad-Din arriva à Ramlah avec l’intention d’assiéger et d’attaquer une de leurs forteresses. Ils atteignirent alors une rivière et les troupes se bousculèrent pour passer quand les croisés furent sur eux avec leurs bataillons et leurs champions. Salah ad-Din avait seulement une partie de son armée parce que la plupart d’entre eux s’étaient dispersés à la recherche du butin. Quand il vit les croisés, il tint ferme avec les hommes qu’il avait. Le neveu de Salah ad-Din, Taqi ad-Din ‘Omar Ibn Muhammad avança et les engagea dans le combat avant son oncle. Plusieurs de ses hommes furent tués et les croisés eurent aussi des pertes. Taqi ad-Din avait un fils appelé Ahmad, un très beau jeune, qui avait juste eut sa première grosse barbe. Son père lui ordonna de les charger ce qu’il fit, lutta et est revint en toute tranquillité ayant eu un  puissant effet sur eux. Ordonné de retourner une deuxième fois, il chargea de nouveau et rencontra la mort d’un martyr et décéda avec beaucoup de louange (puisse Allah lui faire miséricorde).

Celui qui lutta contre eux le plus férocement ce jour-là fut le juriste ‘Issa (puisse Allah lui faire miséricorde). La déroute des Musulmans fut complète. Un des croisés chargea Salah ad-Din, se rapprocha de lui et l’atteignit presque mais il fut tué devant lui. Les croisés l’entourèrent alors et Salah ad-Din s’enfuit, en voyageant un peu et s’arrêtant ensuite pour permettre aux troupes de le rattraper, jusqu’à la tombée de la nuit. Il procéda vers le désert jusqu’à ce qu’il revienne avec un petit corps d’hommes en Egypte après avoir subi de grande épreuve à cause de l’insuffisance de nourriture et d’eau si bien que beaucoup de leurs chevaux périrent de faim et de soif et à cause de leur fuite précipité.

 

Quant aux troupes qui avaient razzié le territoire croisé, la plupart d’entre eux furent perdus, fait prisonniers ou tués. Parmi les capturés se trouvait le juriste ‘Issa al-Hakkari, un membre remarquable de l’Assadiyah, qui rassembla l’érudition, la piété et le courage. Son frère, Zahir ad-Din  fut aussi pris prisonnier car les deux s’étaient aussi enfuis mais s’étaient égarés. Ils furent pris avec plusieurs de leurs hommes. Ils restèrent quelques années en captivité et ensuite Salah ad-Din rançonna le juriste ‘Issa pour 60 000 dinars et un nombre considérable de prisonniers.

 

Salah ad-Din arriva au Caire dans le milieu de Joumadah Thani et je vis une lettre que Salah ad-Din écrivit de sa propre main à son frère Shams ad-Din Touranshah à Damas ou il lui raconta l’incident et qui commençait par ce vers :

« Je me suis souvenu de toi quand la lance Khatti tremblait entre nous

Et les lances brunes redressés avaient bu de nous. »

Il dit dans la lettre : « Nous fûmes plus d’une fois sur le point de mourir mais Allah Exalté nous a préservés (Louanges à Lui) juste pour un but qu’Il nous a destiné. «  Il tint fermement seulement parce qu’il avait un but en vue[4]. »

 

Du siège de la ville de Hama par les croisés

 

Au mois de Joumadah Awwal de cette année, les croisés assiégèrent aussi Hama.

Cela arriva parce qu’un grand comte des croisés, qu’Allah les maudisse, un de leurs monstrueux démons débarqua d’un navire sur le littoral syrien. Il vit que Salah ad-Din était en Egypte ou il était revenu après la défaite et il profita de l’état vide de toute protection du pays sachant que Shams ad-Dawlah Ibn Ayyoub qui était à Damas comme lieutenant de Salah ad-Din, n’avait pas beaucoup de troupes et qui plus est, était très consacré à ses plaisirs et incliné à prendre les choses faciles. Ce comte des croisés rassembla les croisés de Syrie, leur distribua de l’argent et marcha sur Hama qu’il mit sous siège. La souverain de la ville était Shihab ad-Din Mahmoud al-Harimi, l’oncle maternel de Salah ad-Din et il était à ce moment gravement malade. Un détachement de l’armée régulière de Salah ad-Din qui était proche entra dans la ville et aida les défenseurs.

Les croisés attaquèrent violemment et un jour ils donnèrent l’assaut sur une partie la ville qu’ils prirent presque par la force des armes. Les habitants et l’armée régulière se rassemblèrent de ce côté et la bataille fit rage violemment. Ce fut un moment crucial pour les deux côtés. Les Musulmans se montrèrent capables et luttèrent pour se protéger, leurs familles et leurs propriétés. Ils repoussèrent les croisés à l’extérieur de la ville où la bataille se poursuivit nuit et jour. Le moral des Musulmans monta quand ils les expulsèrent de la ville. Ils étaient convaincus qu’ils vaincraient et ils tuèrent beaucoup d’entre eux. Sur ce, les croisés partirent déçus et Allah Exalté sauva les Musulmans de leur mal. Ils allèrent à Harim et l’assiégèrent après être resté quatre jours à Hama. Après le départ des croisés de Hama, son souverain Shihab ad-Din al-Harimi mourut et il avait un fils, un très beau jeune, qui mourut trois jours avant lui.

 

 

 

 

De l’assassinat de Koumoushtakin et du siège de Harim par les croisés

 

Cette année, al-Malik as-Salih Ibn Nour ad-Din arrêta Sa’d ad-Din Koumoushtakin qui avait été responsable des affaires de son règne et l’autorité en chef. Son arrestation arriva comme suit.

Il y avait dans Alep, un homme, un citoyen principal nommé Abou Salih Ibn al-‘Ajami qui avait été une figure proéminente sous Nour ad-Din et qui, après la mort Nour ad-Din, resta proéminent aussi sous le règne de son fils, al-Malik as-Salih. Il parvint au poste de grand vizir et avait une forte poigne sur les affaires à cause du grand nombre de ses partisans dans Alep et parce que tous ceux qui étaient envieux de Koumoushtakin rejoignirent Salih. Ils renforcèrent son moral et élargirent le corps de ses partisans tandis qu’Abou Salih était un homme courageux et audacieux si bien qu’il devint la principale figure dans le régime à Alep et la personne dont les opinions et les ordres activaient la plupart des personnes.

Un jour où il était dans la mosquée, un hashashi l’attaqua et le tua. Il mourut donc en martyr et quand il fut parti, Sa’d ad-Din prit le contrôle et sa position devint puissante. Après l’assassinat, l’opinion générale imputa le crime à Sa’d ad-Din. Les gens dirent : « Il a pris des dispositions pour ce qu’il soit tué par les hashashiyine. » Ils en parlèrent à al-Malik as-Salih et l’accusèrent de faiblesse en prétendant qu’il n’avait aucune autorité et que Sa’d ad-Din le dominait, le  méprisait, le rabaissait et qu’il avait tué son vizir. Ils continuèrent ainsi jusqu’à ce que finalement il l’arrête.

 

Le château de Harim était donc à Sa’d-Din et il lui avait été donné comme fief par al-Malik as-Salih. Après son arrestation, ses hommes s’y réfugièrent se fortifièrent derrière ses murs. Sa’d ad-Din fut envoyé sous bonne garde pour ordonner à ses disciples de l’abandonner à al-Malik as-Salih. Il leur donna cet ordre mais ils refusèrent d’obéir. Koumoushtakin fut alors torturé sous le regard de ses hommes qui ne montrèrent aucune compassion pour lui et il mourut sous la torture tandis que ses hommes persistèrent dans leur résistance et désobéissance.

 

Conscient de cela, les croisés se rendirent de Hama à Harim durant le mois de Joumadah Awwal, ce que nous rapporterons, pensant qu’il n’y avait personne pour venir à leur aide, qu’al-Malik as-Salih était un jeune avec une petite armée et que Salah ad-Din était en Egypte. Ils saisirent donc cette occasion et descendirent sur la place ou ils maintinrent un long siège qui dura quatre mois. Ils érigèrent des trébuchets et des échelles d’escalades et persévérèrent jusqu’à ce qu’al-Malik as-Salih leur offrit de l’argent. Il leur a dit : « Salah ad-Din viendra en Syrie et les défenseurs lui remettront peut-être le fort. » Ils acceptèrent alors de se retirer. Quand ils firent ainsi, al-Malik as-Salih envoya une armée pour les assiéger. Le siège des croisés les avaient poussés à la fin de leurs forces et ils étaient devenus très épuisés d’autant plus que beaucoup d’habitants avaient été tués ou blessés. Ils rendirent donc le château à al-Malik as-Salih qui y nomma comme député un Mamelouk de son père nommé Sourkhak.

 

 

Le 7 du mois de Shawwal de cette année, un vent puissant souffla sur Baghdad et la terre trembla. L’événement terrifia les gens qui croyaient que la résurrection était arrivée. Cela dura environ une heure et passa ensuite. Beaucoup de maisons s’effondrèrent et un grand nombre de gens furent ensevelis sous elles.

 

Le 4 du mois de Dzoul Qi’dah, ‘Adoud ad-Din Abou al-Faraj Muhammad Ibn ‘AbdAllah Ibn Hibatillah Ibn al-Mouzaffar Ibn Ra'is al-Rou’assa’ Abou al-Qassim Ibn al-Mouslimah, le vizir du calife fut tué.

Il avait eu l’intention d’aller au Pèlerinage et traversé le Tigre pour partir. Différents fonctionnaires traversèrent avec lui et il était accompagné par une grande escorte mais il leur ordonna à cette dernière de se retirer. Quand il arriva à la porte de Qatouftah, un homme lui fit face et lui dit : « Je suis un homme lésé. » Il s’approcha alors pour que le vizir puisse entendre ce qu’il avait à lui dire et le poignarda dans le flanc avec une dague. Le vizir poussa des cris : « Il m’a tué » et tomba de son cheval. Il perdit son turban dans sa chute et se couvrit la tête avec sa manche. Le hashashi reçut un coup de sabre mais il se retourna vers le vizir et le poignarda de nouveau. Le chambellan du palais, Ibn al-Mou’awwaj avança pour aider le vizir et fut poignardé à son tour par le batini. On a dit qu’il fut frappé par un complice qui était avec le batini qui furent tous les deux tués cependant il y en avait un troisième qui cria en brandissant une dague mais il fut tué avant qu’il puisse faire quoi que ce soit et tous les trois hashashiyine furent brûlés. Le vizir fut emmené dans une maison qu’il avait là et le chambellan du palais fut porté blessé dans sa résidence. Lui et le vizir moururent. Le vizir fut emporté et enterré avec son père dans le cimetière de l’Hospice près de la mosquée d’al-Mansour.

Le vizir avait vu dans un rêve qu’il avait embrassé ‘Uthman Ibn ‘Affan (qu’Allah soit satisfait de lui). Son fils rapporta qu’avant de partir il avait exécuté ses ablutions et dit : « C’est les ablutions que l’Islam exige. Je suis un homme mort sans aucun doute. »

Il naquit au mois de Joumadah Awwal de l’année 514 de l’Hégire (1120). Son père était le majordome d’al-Mouqtafi Li-Amrillah et il reprit son poste après sa mort et le continua à le tenir jusqu’à la mort d’al-Mouqtafi. Al-Moustanjid le confirma à cette position et éleva son statut. Quand al-Moustadi devint le calife, il le nomma vizir. Il avait complètement mémorisé le Qur’an, étudiait les Hadiths et fit beaucoup de bons travaux. Sa résidence était un lieu de rencontre pour les ‘Oulama et ses bonnes actions furent couronnées par le martyre alors qu’il se rendait au pèlerinage.

 

Il y eut aussi cette année des troubles à Baghdad quand un groupe de Musulmans d’al-Mada'in vint à Baghdad et se plaignit des Juifs de leur ville. Ils dirent : « Nous avons une mosquée où nous faisons l’appel à la prière et exécutons nos prières et qui se trouve près de la synagogue. Les Juifs nous ont dit « Vous nous ennuyez avec vos fréquents appels à la prière, » à quoi le muezzin répondit : « Nous ne nous inquiétons pas à ce sujet. » Une dispute éclata suivie par une rixe ou les Juifs eurent la main supérieure. Les Musulmans allèrent se plaindre d’eux mais le chef d’office Ibn al-‘Attar ordonna leur emprisonnement. Plus tard, ils furent libérés et se rendirent à la mosquée du palais, où ils crièrent pour protester avant la prière de vendredi. Le prêcheur raccourcit le sermon et le rituel de prière mais ils crièrent de nouveau leurs protestations. Un détachement de troupe arriva et les arrêta mais quand les gens du commun virent comment ils avaient été traités, ils devinrent furieux dans leur zèle pour soutenir l’Islam et élevèrent leurs voix en disant beaucoup de mauvaises choses. Ils enlevèrent les tuiles des maisons qu’ils jetèrent sur les soldats qui s’enfuirent. La foule attaqua alors les magasins des apothicaires parce que la plupart d’entre eux étaient des Juifs et les pillèrent. Le chambellan du palais essaya de les arrêter eux, mais ils le lapidèrent de pierres et il s’enfuit aussi. La ville devint en ébullition. Ils ruinèrent alors la synagogue près de la résidence d’al-Bassassiri et brûlèrent leur Torah tandis que les Juifs se dissimulèrent. Le calife ordonna alors que la synagogue d’al-Mada'in soit détruite et convertie en mosquée. Les échafaudages furent érigés dans le square pour que certains criminels y soit crucifiés. Cependant, les gens pensèrent qu’ils avaient été érigés pour leur faire peur à cause ce qu’ils avaient fait et pendant la nuit, ils accrochèrent quelques rats morts sur eux. Plusieurs malfaiteurs furent sortis de prison et crucifiés sur eux.

 

Au mois de Sha’ban de cette même année, Sayf ad-Din Ghazi, le seigneur de Mossoul, arrêta son vizir, Jalal ad-Din ‘Ali Ibn Jamal ad-Din pour aucun crime, incompétence ou raison mais à cause de la faiblesse de Sayf ad-Din et qu’il y avait de l’inimitié entre Jalal ad-Din et Moujahid ad-Din Qaymaz. Moujahid ad-Din dit à Sayf ad-Din : « Le vizir doit être arrêté » et il l’arrêta bien qu’à contrecœur. Plus tard, Ibn Nissan, le chef d’Amid intercéda pour lui parce qu’ils étaient liés par le mariage. Il fut libéré et partit pour Amid, où il tomba gravement malade avant de revenir à Dounayssir ou il mourut en l’an 574 de l’Hégire (1178) âgé de vingt-sept ans. Il fut emmené dans la ville du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) où il fut enterré par son père dans l’hospice qu’il avait construit là.

Il (qu’Allah lui fasse miséricorde) était un des ornements de ce monde. Il unit la noblesse, l’érudition, la piété, l’abstinence et des manières respectables. Sayf ad-Din l’avait fait juré de ne pas rejoindre Salah ad-Din à cause de l’amitié qu’il y avait eu entre Jamal ad-Din et Najm ad-Din Ayyoub ainsi qu’avec Assad ad-Din Shirkouh. J’ai entendu dire que Salah ad-Din l’avait vraiment demandé mais il n’alla pas chez lui à cause de son serment.

 

Cette année un corps de croisés attaqua le district de Homs, le pilla et prit du butin, des prisonniers et des captives. Nassir ad-Din Muhammad Ibn Shirkouh, le seigneur de Homs, sortit aussitôt, anticipa leur route, posa une embuscade et quand croisés arrivèrent, ils les surprirent et les passèrent par le sabre si bien que la plupart d’entre eux furent tués et un certain nombre de leurs commandants fait prisonniers. Seuls ceux qui s’enfuirent échappèrent ainsi que ceux qui furent laissés pour morts. Il récupéra tout le butin qu’ils avaient pris et le rendit à ses propriétaires.



[1] Capituler sur des conditions, sous des conditions, selon certaine condition, à des conditions etc…J’utilisais jusqu’à présent et avant de corriger : Capituler sur des conditions. Je Google donc cette phrase et toutes les autres phrases pour trouver et bien que pas l’une d’entre ne se dit excepté en très vieux français et que j’utiliserais donc : « capituler sous (des) conditions ». Ensuite j’ai compris pourquoi car ce qui est généralement employé après capituler est « sans » condition et capituler veux dire se rendre sans condition, ce qui est un illogisme ! 

[2] Si vous vous demandez pourquoi l’auteur mentionne souvent cette phrase c’est parce qu’entre l’évènement actuel et le précédant, il a mentionné une quantité d’autre évènements que je n’ai pas traduit puisqu’ils n’entrent pas dans le conteste des croisades tandis que dans cette traduction, les évènements relatifs aux croisades se succèdent les uns après les autres.

[3] Cette citadelle deviendra par la suite le nouveau siège du califat après la chute de Baghdad et des sultans d’Egypte comme nous le verront par la suite.

[4] Vers de poésie.