Le siège de Damiette par les croisés
Au
mois de Safar de l’année 565 de l’Hégire (1169), les croisés
descendirent sur Damiette en Egypte qu’ils assiégèrent.
Quand
Assad ad-Din Shirkouh conquit l’Egypte, les croisés en Syrie qui le
craignaient beaucoup et étaient convaincus qu’ils étaient condamnés,
écrivirent aux croisés qui étaient en Sicile, en Andalousie et
ailleurs, les appelèrent à leur aide et leur rapportèrent les
dernières nouvelles de la conquête de l’Egypte par les Turcs et leur
donnèrent de grandes craintes pour Jérusalem. Ils envoyèrent aussi
un certain nombre de prêtres et de moines pour les encourager à agir
rapidement et envoyer des provisions, de l’argent, des hommes et des
armes et de s’arranger pour descendre sur Damiette, espérant qu’ils
la prendraient et l’utiliseraient comme base pour conquérir
l’Egypte. « Et Allah a
renvoyé, avec leur rage, les mécréants sans qu’ils n'aient obtenu
aucun bien. » (Qur’an 33/25)
Mais
quand ils arrivèrent, Assad ad-Din était mort et Salah ad-Din devenu
le souverain. Les croisés, qu’Allah les maudisse, se rassemblèrent
devant Damiette et l’assiégèrent en pressant durement les habitants.
Salah
ad-Din envoya des troupes par le Nil et concentra tous les hommes
qu’il avait, leur fournit de l’argent, des armes et des provisions
puis, il envoya un message à Nour ad-Din, se plaignant de la
situation effrayante dans laquelle ils étaient en disant : « Si je
reste en arrière, les croisés prendront Damiette et si je marche,
les Egyptiens feront des problème dans mon dos avec les gens de
l’Egypte et les ressources et se rebelleront contre moi. Ils
suivront mes traces alors que les croisés seront en face de moi et
nous n’aurons aucune chance de survie. »
Nour
ad-Din envoya des troupes par contingents successifs et ensuite se
rendit en personne dans les terres syriennes occupées par les
croisés qu’il attaqua, pilla et ravagea. Puisque les terres étaient
dépourvues de défenseurs les raids atteignirent des régions non
touchées auparavant. Quand les croisés virent des troupes arriver
continuellement en Egypte et Nour ad-Din pillant et ruinant leurs
propres terres, ils se retirèrent déçus sans avoir gagné la moindre
chose. Ils trouvèrent leur territoire en ruine et les habitants
morts ou prit en captivité et le dicton « L’autruche sortit pour
chercher des cornes et revint sans oreilles » s’applique
parfaitement à eux.
Les
ennemis d’Allah restèrent durant cinquante jours à Damiette durant
lesquels Salah ad-Din épuisa des innombrables sommes d’argent. On
m’a rapporté qu’il a dit : « Je n’ai jamais vu quelqu’un de plus
généreux qu’al-‘Adid et pendant le temps ou les croisés étaient
devant Damiette, il m’envoya un million de dinars égyptiens dans
compter les vêtements et d’autres choses.
Du siège de Karak
Au
mois de Joumadah Thani de cette année, Nour ad-Din marcha sur le
territoire croisé et assiégea Karak, une des plus puissantes
forteresses sur la bordure du désert.
Cela
arriva parce que Salah ad-Din envoya un messager à Nour ad-Din pour
lui demander de lui envoyer son père Najm ad-Din Ayyoub. Nour ad-Din
l’équipa pour le voyage et le mit sur sa voie accompagné par
certains soldats. Une grande foule de commerçants se joignit à lui
ainsi que par des gens qui connaissaient ou était lié d’amitié avec
Salah ad-Din. Nour ad-Din craignit ce que les croisés pourraient
leur faire et alla donc avec ses troupes à Karak, qu’il assiégea
durement en déployant ses trébuchets pour la bombarder
Les
nouvelles lui parvinrent alors que les croisés s’étaient rassemblés
en réponse et marchaient vers lui après avoir donné le commandement
de leur avant-garde aux fils de Humphrey et de Philip et au fils du
comte, les deux principaux chevaliers des croisés de leur temps.
Nour
ad-Din se dirigea vers eux pour les affronter et les troupes avec
eux avant que le reste des croisés ne les rejoignent mais quand il
s’approcha, ils se retirèrent et rejoignirent le corps principal de
leur armée.
Nour
ad-Din traversa le milieu de leur terre, en pillant et en brûlant
les villages sur sa route jusqu’à ce qu’il arrive dans le territoire
musulman ou il campa à ‘Ashtarah et resta attendant que les croisés
bougent pour qu’il puisse les rencontrer mais ils ne bougèrent pas
de leur position. Il resta dans sa position jusqu’à ce qu’il reçut
des nouvelles du tremblement de terre qui s’était produit et
partit ensuite.
Quant
à Najm ad-Din Ayyoub et les gens avec lui, ils arrivèrent en toute
tranquillité en Egypte et le calife al-‘Adid sortit à leur rencontre
pour les honorer.
Récit d’un raid par un escadron de Nour ad-Din
Shihab
ad-Din Ilyas Ibn Ilghazi Ibn Artouq, le seigneur du château de Bira,
vint avec sa troupe de deux cents cavaliers trouver Nour ad-Din
quand il était à ‘Ashtarah. Quand il arriva au village de Labwah
dans le district de Baalbek, le 17 du mois de Shawwal de cette
année, il partit chasser et tomba sur trois cents chevaliers croisés
qui avaient commencé à attaquer le territoire musulman. Ils
tombèrent les uns les autres et luttèrent très férocement. Les deux
côtés restèrent fermes sur leur position et particulièrement les
Musulmans car d’habitude mille cavaliers ne résistaient pas à la
charge de trois cents chevaliers croisés. Beaucoup furent tués des
deux côtés et ensuite les croisés s’enfuirent bien que la plupart
d’entre eux furent tués ou prisonniers. Personne ne s’enfuit à part
un nombre restreint.
Shihab
ad-Din prit les têtes des morts et aussi les captifs à Nour ad-Din,
qui avec ses troupes vinrent à sa rencontre. Parmi les têtes Nour
ad-Din vit celle du maître des Hospitaliers, le seigneur de Hisn
al-Akrad. Il était brave au plus haut degré et une épine dans la
chair des Musulmans
Du tremblement de terre et de son effet sur la Syrie
Le 12
du mois de Shawwal de cette année, il y eut des séismes
effroyablement puissants et des tremblements de terre dont il n’a
jamais été vu de pareil qui furent ressentis sur la plupart de la
Syrie, al-Jazirah, Mossoul, l’Irak et d’autres terres mais les plus
forts furent en Syrie et détruisirent la plupart de Damas, Baalbek,
Homs, Hama, Shayzar, Ba’rin, Alep et ailleurs. Leurs murs et
citadelles s’écroulèrent et les maisons s’effondrèrent sur leurs
habitants. Ceux qui périrent furent trop nombreux pour être comptés.
Quand
Nour ad-Din reçut les nouvelles, il alla à Baalbek réparer les
dommages de la muraille et de la citadelle. Quand, cependant, les
nouvelles des autres villes lui parvinrent et leur abandon par les
habitants, il laissa des hommes dans Baalbek pour réparer, protéger
et garder la ville et alla à Homs où il fit de même puis ensuite à
Hama et Ba’rin. Il était extrêmement conscient des risques des
croisés pour les villes. Alors il alla à Alep, où il vit que les
effets du tremblement de terre avaient été plus destructeurs
qu’ailleurs car il avait complètement détruit la ville et les
survivants étaient absolument épouvantés et dans l’impossibilité de
se mettre à l’abri dans leurs maisons de peur des secousses
secondaires et restèrent à ciel ouvert. Nour ad-Din prit
personnellement part aux travaux de réparation et continua jusqu’à
ce qu’il ait reconstruit ses murs et mosquées.
Quant
au territoire sous occupation croisée, les tremblements de
tremblement de terre eurent aussi le même effet. Ils s’occupèrent de
la réparation de leurs villes aussi effrayés de Nour ad-Din qu’il
l’était d’eux. Chaque côté se chargea des travaux de réparation
craignant l’autre.
Mention d’un genre de situation que les princes devraient se
méfier
Mon
père (puisse Allah lui faire miséricorde) m’a raconté la chose
suivante :
« J’avais l’habitude d’administrer Jazirat Ibn ‘Omar pour Qoutb
ad-Din comme tu le sais. Un peu de temps avant sa mort, nous avons
reçu une lettre du Diwan à Mossoul ordonnant que tous les vergers
d’al-‘Ouqayma soient évalués par une étude. ‘Ouqayma est un village
faisant face à Jazirat de l’autre côté du Tigre qui avait beaucoup
de vergers. Certains d’entre eux sont recensés et une somme fixe est
prélevé sur chaque Jarib, certains paient un kharaj et d’autres
encore sont exempt de tout. J’avais là-bas une substantielle
propriété et j’avais l’habitude de dire : « La meilleure politique
est de ne rien changer pour les gens » et je n’ai pas dit cela pour
ma propriété qui de toute manière était recensée. J’ai simplement
voulu que les gens continuent à bénir la dynastie.
Cependant, la lettre du député me parvint disant : « l’arpentage est
essentiel » et j’ai communiqué cet ordre. Il y avait là un groupe
des gens dévots avec qui
j’étais en bons termes comme un ami. Tous les gens vinrent chez moi
dont ces personnes demandant la reconsidération de cet ordre. Je les
informais du fait que je l’avais déjà demandé et que cela m’avait
refusé. Deux hommes que je connaissais pour être pieux vinrent chez
moi et me demandèrent de renvoyer l’affaire et de faire une nouvelle
demande ce que je fis mais on exigea encore la mesure.
Juste
quelques jours plus tard, ces deux hommes revinrent chez moi et
quand je les vis, je croyais qu’ils étaient venus pour demander un
appel de plus. Je fus vraiment étonné et commençait à faire des
excuses mais ils me dirent : « Nous ne sommes pas venus chez toi
pour cela. Nous sommes venus pour te dire que notre affaire avait
été réglée. » Je croyais qu’ils avaient envoyé quelqu’un à Mossoul
pour intercéder pour eux. Je demandais : « Qui en référé en haut à
Mossoul ? » Ils répondirent : « Notre affaire a été réglée dans le
ciel et pour tous les gens de ‘Ouqayma. » J’ai imaginé que c’était
quelque chose dont ils s’étaient convaincus. Alors ils me
quittèrent. Pas dix jours n’ont passé avant que nous reçûmes une
lettre de Mossoul, ordonnant l’annulation de l’arpentage, la
libération des prisonniers, l’annulation de taxes non-canoniques et
la distribution d’aumônes. On nous informa alors : « Le sultan »
sous entendant Qoutb ad-Din « est malade, c’est-à-dire dans une
sérieuse condition. » Deux ou trois jours plus tard, la lettre
annonçant sa mort arriva. Je fus vraiment étonné par ce que les deux
hommes avaient dit et je cru que c’était un miracle du à leur
action.
Après
cette affaire mon père commença à les respecter, les honorer et les
visiter.
Cette
année, ‘Abdel-Malik Ibn Muhammad Ibn ‘Ata' causa beaucoup de dommage
et de perte. Il descendit sur la terre de Houlwan en ravageant et
détruisant. Il attaqua les pèlerins et il fut donc envoyé contre lui
une armée de Baghdad qui l’assiégea et le bloqua dans ses châteaux.
Ils pillèrent sa propriété et celle de sa famille pour que
finalement il annonce son obéissance et qu’il ne ferait plus de mal
aux pèlerins ou d’autres. L’armée se retira alors.
De la mort d’al-Moustanjid Billah
Au
mois de Rabi’ Thani de l’année 566 de l’hégire (1170), al-Moustanjid
Billah Abou al-Mouzaffar Youssouf Ibn al-Mouqtafi Li-Amrillah Abi
‘AbdAllah Muhammad Ibn al-Moustadhir Billah mourut. Le reste de son
lignage a été déjà donné dans un endroit différent. Sa mère était
une Oumm Walad (mère d’enfant), nommée Taous ou selon d’autres
Narjis, une Grecque. Il naquit le 1 Rabi’ Thani de l’année 510 de
l’Hégire (1116) et son califat dura onze ans, un mois et six jours.
Il était hâlé, bien bâti et avait une longue barbe. Son décès s’est
produit comme suit.
Il
tomba malade et sa maladie se détériora. Le majordome ‘Adoud ad-Din
Abou Faraj Ibn Ra'is ar-Rou'assa et Qoutb ad-Din Qaymaz
al-Mouqtafawi, l’émir aîné de Baghdad à cette époque, avait peur du
calife. Quand sa maladie s’aggrava, ils conspirèrent ensemble et
persuadèrent le docteur de lui recommander un traitement qui lui
serait nuisible et il recommanda donc une visite aux bains publics.
Le calife refusa à cause de son faible état mais plus tard y entra
vraiment tandis que la porte fut fermée sur lui et par conséquent,
il mourut. C’est ce que j’ai entendu de plus d’une personne qui
était au courant de la situation.
On a
dit aussi que le calife écrivit à son vizir, via son docteur Ibn
Safiyah, et lui ordonna d’arrêter le majordome et Qoutb ad-Din et de
les crucifier. Ibn Safiyah rencontra le majordome et lui donna
l’ordre écrit du calife. « Retourne, » dit le majordome « et dit lui
que j’ai donné l’ordre au vizir, » ce qu’il fit. Le majordome
convoqua Qoutb ad-Din, Yazdan et le frère de celui-ci Tounamish et
leur montra l’ordre et ils acceptèrent de tuer le calife. Yazdan et
Qaymaz al-Hamidi vinrent chez lui et l’emportèrent aux bains publics
alors qu’il appelait à l’aide. Ils le jetèrent dedans et fermèrent
la porte sur lui. Il continua de crier jusqu’à ce qu’il meurt
(puisse Allah lui faire miséricorde).
A
cette époque, son vizir était Abou Ja’far Ibn al-Baladi qui avait
une sévère inimité pour le majordome parce qu’al-Moustanjid Billah
lui ordonnait de faire certaines choses qui concernait le majordome
et Qoutb ad-Din et que le vizir exécutait si bien que les deux
croyaient que le vizir était celui qui sapait leur position.
Quand
al-Moustanjid tomba malade et qu’il y eut des rumeurs qu’il était
mort, le vizir complètement en arme sortit avec les émirs, les
troupes et d’autres mais il n’apprit aucune nouvelle certaine de la
mort du calife. ‘Adoud ad-Din lui envoya alors un message lui disant
: « La maladie du commandant des croyants s’est atténuée et la
totale récupération est espérée. » Le vizir craignit d’entrer dans
le palais califal avec les troupes de peur d’être critiquer pour
cela. Il revint donc chez lui et ses partisans se dispersèrent.
‘Adoud
ad-Dawlah et Qoutb ad-Din s’étaient préparés à s’enfuir quand le
vizir sortit en arme craignant qu’il ne les arrête s’il entrait dans
le palais mais quand il se retira, le majordome ferma les portes de
palais et annonça la mort d’al-Moustanjid. Lui et Qoutb ad-Din
convoquèrent le fils du calife, Abou-Muhammad al-Hassan et le
proclamèrent calife en lui donnant le titre d’al-Moustadi
Bi-Amrillah et lui imposèrent quelques conditions, à savoir que
‘Adoud ad-Dawlah devrait être le vizir, son fils Kamal ad-Din la
majordome et Qoutb ad-Din le commandant de l’armée ce que le calife
accepta.
Nulle
autre al-Hassan occupa la place de Calife excepté al-Hassan Ibn ‘Ali
Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait d’eux) et cet al-Moustadi
Bi-Amrillah. Ils partagèrent la même Kounia et la même noble nature.
Les gens de sa maison lui portèrent allégeance lors d’une cérémonie
spéciale le jour où son père est mort et les gens en général firent
de même lors d’une cérémonie publique le jour suivant dans le Taj.
Il délivra la justice beaucoup plus que son père l’avait fait et
distribua des sommes considérables d’argent.
Le
vizir, Ibn al-Baladi, apprenant cela fut consterné et grinça des
dents de l’inutile regret pour sa faute d’être retourné chez lui. Il
reçut la visite de personnes qui l’invitèrent à assister à la séance
de condoléance et à la nomination d’al-Moustadi. Il alla au palais
califal et lorsqu’il entra, il fut tiré de côté quelque part, tué,
démembré et ensuite jeté dans le Tigre (puisse Allah lui faire
miséricorde). Tout dans sa maison fut pris. Les deux trouvèrent là,
les ordres écrits d’al-Moustanjid Billah qu’il avait ordonné au
vizir de les arrêter et une note de la main du vizir qui
s’interrogeait sur ses ordres et le persuadait de laisser tomber.
Lorsque les deux lurent ces lettres, ils se rendirent compte qu’il
était innocent de ce qu’ils l’avaient soupçonné et regrettèrent
avoir dépassé les limites de la manière qu’il l’avait tué.
Al-Moustanjid Billah fut l’un des meilleurs califes en tant que
souverain sur ses sujets, juste et très attentionné envers eux. Il
abolit beaucoup de taxes non-canoniques et n’en laissa pas une en
Irak. Il fut sévère envers les fauteurs de troubles, les
malfaiteurs, les scélérats et les informateurs malicieux. J’entendu
dire qu’il arrêta un homme qui avait l’habitude de s’informer sur
les gens et le garda
pendant longtemps en prison. Un courtisan qui était à son service
intercéda pour cet homme et offrit 10 000 dinars en son nom. Le
calife lui dit : « Je te donnerai 10 000 dinars si tu m’apportes un
autre homme semblable à lui, pour que je puisse sauver les gens de
son mal » et il ne le libéra pas. Il restitua beaucoup d’argent à
leurs propriétaires et arrêta le Qadi Ibn al-Mourakhkhim et lui prit
beaucoup d’argent qu’il remit à ses propriétaires. Ibn
al-Mourakhkhim était méchant et tyrannique dans ses jugements.
Comment Nour ad-Din acquit Mossoul et confirma Sayf ad-Din à
son poste
Quand
Nour ad-Din Mahmoud apprit la nouvelle de la mort de son frère Qoutb
ad-Din Mawdoud le seigneur de Mossoul et la succession de son fils
Sayf ad-Din Ghazi à Mossoul et aux terres de son père et que Fakhr
ad-Din ‘Abdel-Massih avait pris le contrôle des affaires à ses côtés
et exerçait l’autorité sur lui, il fut outragé et le trouva trop
lourd à supporter car il détestait Fakhr ad-Din à cause des rapports
qu’il entendit de sa sévère administration.
Il dit : « Je suis plus qualifié pour guider mes neveux et
leur dominion. »
Après
la fin du deuil, il se mit en route, légèrement équipé avec un petit
corps de troupes, traversa l’Euphrate à Qal’at Ja’bar le 1 du mois
de Mouharram de cette année et se dirigea vers Raqqa qu’il assiégea
et prit avant d’aller à Khabour qu’il prit de même avec Nisibis, où
il s’arrêta pour rassembler des troupes. Nour ad-Din Muhammad Ibn
Qara Arsalan Ibn Daoud, le seigneur de Hisn Kayfa, vint le retrouver
ce qui augmenta son nombre parce qu’il avait laissé la plupart de
ses troupes en Syrie pour garder les frontières. Quand sa force fut
réunie, il marcha sur Sinjar qu’il mit sous siège et érigea des
trébuchets pour l’attaquer. Il prit aussi la ville et l’a donna à
Imad ad-Din, le fils de son frère Qoutb ad-Din.
Il
avait reçu secrètement des lettres des émirs à Mossoul qui lui
offrait leurs allégeances et lui conseillait de venir chez eux. Il
se mit alors en route pour Mossoul, arriva dans la ville de Balad,
traversa le Tigre pour la rive orientale par un gué à proximité et
repartit pour camper à l’Est de Mossoul au château de Ninive avec le
Tigre entre lui et Mossoul. Il est étonnant que le jour où il
établit son camp, une grande partie de la muraille de la ville de
Mossoul s’effondra.
Sayf
ad-Din Ghazi et Fakhr ad-Din avait envoyé ‘Izz ad-Din Mas’oud Ibn
Qoutb ad-Din à l’Atabeg Shams ad-Din Ildikiz, le seigneur de Hamadan
et des Terres Hautes, d’Azerbaïdjan, d’Ispahan, de Rayy et ses
districts, pour chercher de l’aide contre son oncle Nour ad-Din.
Ildikiz envoya un messager à Nour ad-Din pour lui interdire
d’interférer dans les affaires de Mossoul et dit : « Ces terres sont
celles du sultan. Ne les attaque pas. » Mais, il ne fit pas
attention à lui et dit à l’envoyé : « Dis à ton maître : « Je suis
meilleur pour mes neveux que tu ne l’es, pourquoi t’insères-tu entre
nous ? Quand j’aurais fini d’installer leurs terres, ma conversation
avec toi se poursuivras jusqu’aux portes de Hamadan. Tu as conquis
ces vastes terres mais
tu as négligé les frontières avec pour résultat que les Géorgiens
les ont submergés. J’ai été testé par les croisés, les plus braves
des gens, possédant l’équivalent d’un quart de ton territoire mais
j’ai pris la plupart de leur terre et capturé leurs princes. Il
n’est pas juste pour moi de retenir ma langue plus longtemps à ton
sujet et nous sommes obligé de s’engager à protéger ce que tu as
négligé et libérer les Musulmans de l’oppression. » »
Nour
ad-Din resta à Mossoul et les émirs de la ville furent résolus de se
rebeller ouvertement contre Fakhr ad-Din ‘Abdel-Massih et de livrer
la ville à Nour ad-Din. Fakhr ad-Din apprit cela et se mit en
contact avec Nour ad-Din pour livrer la cité à condition qu’elle
reste dans les mains de Sayf ad-Din et des garanties sur sa vie et
ses biens. Cela fut accordé mais Nour ad-Din stipula qu’il prendrait
Fakhr ad-Din avec lui en Syrie ou il lui donnerait un fief
acceptable. Il prit la ville le 13 du mois de Joumadah Awwal et
entra dans la citadelle par la porte secrète car quand il fut
informé de la rébellion de Fakhr ad-Din contre lui, il jura qu’il
n’y entrerait seulement par l’endroit le plus sûr. Lorsqu’il prit la
charge de Mossoul il abolit les taxes non-canoniques et d’autres
catégories d’abus puis fit de même à Nisibis, Sinjar et Khabour et
il en fut ainsi dans toutes ses terres, la Syrie et l’Egypte.
Alors
qu’il assiégeait Mossoul, il reçut du calife al-Moustadi Bi-Amrillah
une robe d’honneur qu’il ne mit qu’après sa prise de Mossoul. Il
confia la ville à son neveu Sayf ad-Din et lui ordonna pendant qu’il
était encore à Mossoul de construire la mosquée de Nour ad-Din ou il
se rendit en personne pour voir l’état des travaux. Il grimpa le
minaret de la mosquée d’Abou Hadir qui dominait le site de sa
mosquée et ordonna que les maisons voisines et les magasins soient
ajoutés à la terre qu’il avait vue mais que rien ne devrait être
pris sans l’accord des propriétaires. Il désigna le Sheikh ‘Omar
al-Mallah, un homme dévot et bon, responsable du projet. Les
propriétés furent achetées de leurs propriétaires pour des sommes
substantielles et la construction débuta sur laquelle, de grandes
sommes furent dépensées. Le bâtiment fut achevé en l’an 568 de
l’Hégire (1172),
Nour
ad-Din revint en Syrie et laissa comme député dans la citadelle de
Mossoul un eunuque nommé Koumoushtakin et surnommé honorifiquement
Sa’d ad-Din. Il ordonna à Sayf ad-Din de ne pas agir indépendamment
de lui pour n’importe quelle affaire, grande ou petite et lui donna
pleine autorité partout dans la terre. Il assigna Sinjar comme un
fief à ‘Imad ad-Din, le fils de son frère Qoutb ad-Din.
Lorsqu’il accomplit ses actions, Kamal ad-Din Ibn al-Shahrazouri dit
: « C’est un chemin qui conduira à des problèmes pour la maison de
l’Atabeg parce que ‘Imad ad-Din est plus âgé et qu’il n’admettra
d’être soumis à Sayf ad-Din tandis que ce dernier tient la plus
puissante principauté et n’admettra pas de complaisance à l’égard de
‘Imad ad-Din. La dissension en résultera et les ennemis seront
encouragés. » Et c’était effectivement ce qui arriva comme nous le
rapporterons sous l’année 570 de l’Hégire (1174).
Nour
ad-Din resta à Mossoul vingt-quatre jours et emmena avec lui Fakhr
ad-Din ‘Abdel-Massih dont il changea le et l’appela ‘AbdAllah avant
de lui assigner un grand fief.
Récit du raid de Salah ad-Din sur le territoire croisé et la
conquête d’Aylah
Cette
année, Salah ad-Din entra aussi dans le territoire croisé de
l’Egypte et attaqua les districts d’Ascalon et de Ramlah puis les
banlieues de Gaza qu’il ravagea. Le roi des croisés vint rapidement
avec une petit groupe de ses troupes pour le repousser de ses terres
mais Salah ad-Din lutta contre eux et les vainquit si bien que le
roi croisé s’enfui après avoir été sur le point d’être pris
prisonnier.
Salah
ad-Din revint en Egypte et construisit quelques navires détachables
qu’il transporta par route en pièces sur des chameaux et arriva à
Aylah ou il assembla les bateaux et les lanca à la mer. Il assiégea
Aylah par terre et mer et conquit la ville pendant les dix premiers
jours de Rabi’ Thani. Il permit aux habitants et tout ce qu’elle
contenait d’être pillé avant de retourner en Egypte
De ce que Salah ad-Din planifia en Egypte cette année
Dans
le Vieux Caire, il y avait un bâtiment pour la police nommée Dar
al-Ma’ounah (la Maison d’aide) où quiconque devait être emprisonné
était confiné. Salah ad-Din le démolit et le reconstruisit pour en
faire une Madrassah (école) pour les Shafi’i et se débarrassa ainsi
de la tyrannie qui était associée à ce bâtiment. Il reconstruisit
aussi la Cour de Justice et en fit aussi une Madrassah pour les
Shafi’i.
Les
Qadis ismaéliens ‘oubaydi qui étaient des shiites déviants furent
supprimés et il nomma un Qadi Shafi’i pour le Vieux Caire qui
désigna des Qadis Shafi’i dans tout le pays le 20 Joumadah Thani.
Cette
année, Taqi ad-Din ‘Omar, le neveu de Salah ad-Din, acheta Manazil
al-‘Izz (la Demeure de le Gloire) du Vieux Caire et transforma le
bâtiment en une Madrassah pour les Shafi’i.
Cette
année aussi, Shams ad-Dawlah Toumanshah, le frère de Salah ad-Din,
attaqua les bédouins de la Haute Egypte qui avaient provoqué des
troubles dans le pays et volé sur une large échelle. Ils
s’abstinrent alors de ce qu’ils faisaient.
De l’établissement de la Khoutbah pour les Abbassides et de
la fin du règne des ismaéliens ‘oubaydi en Egypte
Durant
le deuxième vendredi du mois de Mouharram de l’année 567 de l’Hégire
(1171), la Khoutbah au nom d’al-‘Adid Li-Dinillah Abou Muhammad
‘AbdAllah fut abandonnée et remplacée par le sermon pour les
Abbassides parce que Salah ad-Din était désormais bien établit en
Egypte, ses rivaux éloignés et la position du calife al-‘Adid
affaibli. Son palais vint à être contrôlé par Salah ad-Din et son
député Qaraqoush, un eunuque qui était un des chefs des émirs
Assadi, veillait sur lui. Nour ad-Din lui écrivit et lui ordonna que
le sermon au nom d’al-‘Adid soit délaissé et qu’il devrait être fait
au nom d’al-Moustadi. Salah ad-Din déclina craignant que les gens
d’Egypte se rebellent contre lui à cause de leurs sympathies pour
les ‘oubaydi.
Salah
ad-Din n’était pas disposé à laisser tomber la Khoutbah pour les
‘oubaydi et voulut les poursuivre à cause de sa peur de Nour ad-Din
et que ce dernier vienne en Egypte et lui reprenne le pays. Il
voulut qu’al-‘Adid soit avec lui afin que si Nour ad-Din venait
contre lui, il puisse résister en comptant sur lui et les Egyptiens.
Quand il fit ses excuses à Nour ad-Din, il ne les accepta pas mais
insista que le sermon devait être abandonnée et fit une telle
pression sur lui qui ne permettait aucun désaccord puisqu’il était
le lieutenant de Nour ad-Din.
Cependant, il arriva qu’au même moment, al-‘Adid tomba très
gravement malade. Quand Salah ad-Din se résolut à laisser tomber la
Khoutbah (au nom des ‘oubaydi), il consulta ses émirs. Certains
d’entre eux avisèrent que cela devait être fait sans prendre en
considération les Egyptiens ; d’autres étaient effrayés par eux bien
qu’il fut impossible de faire quoi que ce soit d’autre que d’obéir
aux ordres de Nour ad-Din.
Récemment, il était arrivé en Egypte un Persan surnommé « l’émir des
savant » que je vis à Mossoul. Quand il vit leur état d’hésitation
et que personne n’osait faire la Khoutbah (sermon) pour les
Abbassides, il dit : « Je serai le premier à faire la Khoutbah pour
eux » et lors du premier vendredi du mois de Mouharram, il monta sur
la chaire avant l’Imam, fit des invocations pour al-Moustadi
Bi-Amrillah et personne n’exprima aucune désapprobation.
Lorsque le deuxième vendredi arriva, Salah ad-Din ordonna aux Imams
dans le Vieux et le Nouveau Caire de laisser tomber le sermon pour
al-‘Adid et le faire au nom d’al-Moustadi ce qu’ils firent et pas
deux chèvres ne pointèrent des cornes. Il envoya alors des lettres
dans tout le reste de l’Egypte en leur ordonnant de faire la même
chose et ce fut fait.
Pendant ce temps, la maladie d’al-‘Adid empira et personne de sa
famille ou de ses partisans ne lui firent de remarque sur l’abandon
de la Khoutbah. Ils dirent : « S’il se rétablit, alors il en sera
informé et s’il devait mourir, il ne convient pas de lui faire de la
peine avec cette tournure d’événements » et il mourut le jour de
‘Ashoura sans avoir été informé à propos du sermon.
Après
sa mort, Salah ad-Din assista à une séance de condoléance et reprit
ensuite le palais califal et tout son contenu. Baha ad-Din
Qaraqoush, que Salah ad-Din avait nommé avant la mort d’al-‘Adid, en
assuma la charge et apporta tout à Salah ad-Din. Il y avait
tellement de choses que c’était au-delà de tout compte ; des objets
précieux et des articles étranges dont nul pareil n’existait, des
pierres précieuses que nulle personne n’a jamais possédées dont « la
montagne de vermeille » qui pesait dix-sept dirhams ou dix-sept
mithqals. Je suis sûr de cela parce que je l’ai vu et l’ai pesé. Il
y avait aussi des perles sans parallèle et une poignée d’épée
d’émeraudes longue d’environ dix centimètres et de la largeur d’un
grand collier. Un tambour qui se trouvait près de l’appartement
d’al-‘Adid et qui avait été entouré avec un soin spécial fut aussi
trouvé. Quand ils le virent, ils crurent qu’il avait été fait comme
un jouet et ils se moquèrent d’al-‘Adid. Un homme le ramassa, le
cogna brutalement et il résonna comme un pet et tous rirent de lui.
Un autre fit la même chose et chaque homme qui le frappa, il résonna
comme une flatulence. L’un d’entre eux le jeta en bas et le brisa.
Il apparut alors que le tambour était pour la colique et quand ils
le surent, ils regrettèrent de l’avoir cassé. Il y avait aussi une
quantité indicible de livres rares et précieux. Tout ce qui se
trouvait fut mis à la vente.
La
famille d’Al-‘Adid fut emmenée dans un endroit du palais et laissée
aux soins des gardes. Chaque esclave mâle ou femelle qui furent
trouvé dans l’enceinte du palais furent enlevés, certains furent
vendus, d’autres libérés et d’autres distribués. Le palais se
dépourvu d’habitants comme s’il n’avait jamais eu auparavant de vie.
Gloire au Vivant, le Seigneur Éternel dont le royaume n’a aucune
fin, dont l’âge et le temps n’ont aucun effet sur Lui et Qui ne se
dégrade pas.
Quand
la maladie d’al-‘Adid devint critique, il envoya un messager pour
convoquer Salah ad-Din mais ce dernier crut que c’était un piège et
ne se rendit pas chez lui. Après sa mort, Salah ad-Din apprit qu’il
avait été sincère et se repentit de ne pas lui avoir rendu visite.
Souvent, il avait l’habitude de le décrire comme un homme généreux
et doux qui était naturellement bon et docile. Parmi ses ancêtres
neuf avaient été reconnu comme calife à savoir al-Hafiz,
al-Moustansir, az-Zahir, al-Hakim, al-‘Aziz, al-Mou’iz, al-Mansour,
al-Qa'im et al-Mahdi. Parmi ceux qui ne furent pas calife étaient
son père Youssouf, le fils d’al-Hafiz et son arrière-grand-père
l’émir Abou al-Qassim Muhammad Ibn al-Moustansir. Cela laisse
ceux qui devinrent califes mais n’étaient pas ses ancêtres
directs : al-Mousta’ali, al-Amir, az-Zafir et al-Fa'iz. Au total
quatorze d’entre eux furent proclamés calife, ceux d’Ifriqiyah et
leur ancêtre juif al-Mahdi al-‘oubaydi le maudit, al-Qa'im,
al-Mansour, al-Mou’iz jusqu’à son entrée en Egypte et ceux d’Egypte
était al-Mou’iz le
susmentionné qui quitta l’Ifriqiyah, al-‘Aziz, al-Hakim, az-Zahir,
al-Moustansir, al-Mousta’ali, al-Amir, al-Hafiz, az-Zafir, al-Fa'iz
et al-‘Adid. La période de leur règle du moment où al-Mahdi
al-‘oubaydi apparut à Sijilmasa au mois de Dzoul Hijjah de l’année
299 de l’Hégire jusqu’à la mort d’al-‘Adid fut de 272 années et
environ un mois.
C’est
la voie du monde. Il ne donne jamais sans reprendre, n’est jamais
doux sans tourner amère et n’est jamais pur sans devenir brouillé.
En effet, sa « pureté » n’est jamais sans fange et la fange manque
souvent de pureté. Nous prions Allah Tout Puissant de tourner nos
cœurs vers Lui, de nous montrer le monde comme il est vraiment pour
nous le faire rejeter et désirer la vie à venir. Il entend notre
prière et est rapide à y répondre.
Quand
les bonnes nouvelles sont arrivées à Baghdad, les tambours de fête
résonnèrent durant plusieurs jours et Baghdad fut décorée. La joie
sans borne et la réjouissance furent manifestées et les robes
d’honneur envoyées à Nour ad-Din et à Salah ad-Din avec ‘Imad ad-Din
Sandal, un des domestiques spéciaux de temps d’al-Mouqtafi et un des
hommes principaux de l’état. Sandal se rendit chez Nour ad-Din et
l’investi de la robe et envoya d’autres robes à Salah ad-Din et aux
Imams en Egypte, avec des bannières noires. Plus tard ce Sandal
devint un important majordome du calife al-Moustadi Bi-Amrillah à
Baghdad. Il était bien instruit dans la jurisprudence selon l’école
Shafi’i, tous les deux ont entendu et ont transmis Hadith et
savaient de bonnes choses. Il était un homme religieux qui a fait
beaucoup de bien, un des ornements de Baghdad.
Du profond différent entre Nour ad-Din et Salah ad-Din
Cette
année, des évènements se produisirent qui amenèrent Nour ad-Din à
être déçu par Salah ad-Din mais qu’il ne révéla pas.
Cela
arriva quand cette année au mois de Safar, Salah ad-Din marcha de
l’Egypte pour attaquer le territoire croisé et descendit sur la
forteresse de Shawbak, qui était environ à un jour de marche de
Karak qu’il assiégea en mettant la pression sur la garnison croisée.
Après la lutte, ils demandèrent des conditions et un délai de dix
jours qui leur fut accordé.
Quand
Nour ad-Din entendit ce que Salah ad-Din avait fait, il quitta Damas
pour entrer dans le territoire occupé par les croisés mais en
prenant une autre direction. Il fut dit à Salah ad-Din : « Si Nour
ad-Din entre dans les terres du croisés alors qu’ils sont dans cette
situation, toi d’ un côté et Nour ad-Din de l’autre, il les
conquerra et quand les croisés seront éliminés de sa route et leur
roi prit, il n’y aura aucun endroit pour Nour ad-Din à se diriger
hormis en Egypte. Si Nour ad-Din vient chez vous, tu devras le
rencontrer et ensuite il exercera son autorité sur toi comme il
veut. S’il veut, il te laissera la paix et s’il veut, il t’écartera
et tu seras incapable de résister. Ta meilleure politique est
revenir en Egypte. »
Salah
ad-Din se retira alors de Shawbak pour revenir en Egypte sans
prendre la forteresse des croisés. Il écrivit à Nour ad-Din en
s’excusant et l’informa de l’état incertain qui régnait en Egypte à
cause des ‘oubaydi qui préparaient un coup et qu’il craignait du
fait de sa distance éloignée de l’Egypte que l’ancien établissement
ne se lève contre ses hommes laissés en arrière, les expulse et se
fortife de nouveau. Il fit de longues excuses mais Nour ad-Din ne
les accepta pas et son attitude envers lui changea et il se résolu à
entrer en Egypte et l’expulser.
Cela
devint public et Salah ad-Din entendit le rapport. Il réunit
sa famille dont son père Najm ad-Din Ayyoub, son oncle maternel
Shihab ad-Din al-Harimi et d’autres émirs et les informa du plan de
Nour ad-Din et du projet d’expédition qu’il avait entendu. Il
demanda conseil mais pas l’un d’entre eux ne donna une réponse.
Alors son neveu Taqi ad-Din ‘Omar se leva et dit : « S’il vient chez
nous, nous lutterons contre lui et le retiendront hors du pays. »
D’autres l’approuvèrent mais Najm ad-Din Ayyoub les réprimanda et
exprima sa désapprobation et son horreur devant cette opinion. Il
réprimanda Taqi ad-Din et le fit asseoir puis dit à Salah ad-Din : «
Je suis ton père et c’est ton oncle Shihab ad-Din. Nous t’aimons
plus que tous ceux que tu voies ici. Par Allah, si votre oncle et
moi devrions prêter attention à Nour ad-Din nous ne pourrions faire
rien que de baiser la terre devant lui. S’il nous ordonnait de
trancher ta tête avec un sabre, nous ferions ainsi. Si c’est ainsi
que nous sommes, que pensez-vous des autres ? Si tous les émirs que
tu as sous les yeux maintenant voyaient Nour ad-Din en personne, ils
n’oseraient pas rester sur leurs selles. Ce pays est sien. Nous
sommes ses Mamalik et ses lieutenants. S’il veut te renvoyer, nous
entendrons et obéirons. La meilleure chose que tu as à faire est
d’envoyer un messager avec une lettre écrite disant : « J’ai entendu
dire que tu avais l’intention d’une expédition pour protéger le
pays, y a-t-il un besoin pour cela ? Que mon seigneur envoie un
messager pour passer un nœud autour de mon cou et me ramener à toi.
Il n’y a personne ici qui s’opposera à toi ».
Il
licencia alors les émirs et les autres qui tous se dispersèrent.
Quand Ayyoub fut seul avec lui, il lui dit : « Avec quelle sorte
d’intelligence as-tu agis ? »
« Ne
réalises-tu pas que si Nour ad-Din entendait parler de ton intention
de s’opposer à lui et de le combattre, il fera de nous son objectif
primordial et tu deviendras impuissant contre lui. Mais maintenant,
quand il apprendra ce qui est arrivé et notre loyauté envers lui, il
nous laissera en paix, s’occupera d’autre chose et le destin prendra
son cours. Par Allah, si Nour ad-Din voulait prendre ne serait-ce
qu’un morceau de canne à sucre, je lutterais moi-même contre lui
pour l’arrêter ou être tué. »
Salah
ad-Din fit donc ce qu’il conseilla et Nour ad-Din renonça à son but
et s’occupa d’autres affaires. Il se détourna comme Ayyoub s’était
attendu. Nour ad-Din mourut sans avoir fait un mouvement contre lui
et Salah ad-Din gouverna la terre. Ce fut un exemple de conseil
vraiment bon et excellent.
D’un raid contre les croisés en Syrie
En
l’an 567 de l’Hégire (1171), deux navires chargés de marchandises et
de commerçants furent expédiés d’Egypte pour la Syrie et s’ancrèrent
dans le port de Lattaquié mais les croisés, qu’Allah les maudisse,
les saisirent alors qu’il y avait une trêve entre eux et Nour ad-Din
qu’ils rompirent traîtreusement.
Nour
ad-Din leur envoya un messager à propos de l’affaire pour la
restitution des négociants et de leurs biens qu’ils avaient pris.
Ils essayèrent de le tromper et avancèrent quelques plates excuses
dont l’une était que l’un des navires avait une brèche et avait pris
l’eau et ils pouvaient effectivement pourraient saisir tous les
bateaux endommagés qui risquaient de couler. Nour ad-Din n’accepta
pas leurs mensonges et réunit ses troupes. Il envoya des escadrons
sur leurs terres, certains vers Antioche et d’autres vers Tripoli
tandis qu’il assiégea lui-même ‘Arqa et détruisit sa banlieue. Il
envoya aussi un détachement de troupes vers les forts de Safithah et
d’Ouraymah dont il prit les deux par l’assaut, les pilla et les
ravagea si bien que les Musulmans ramassèrent un large butin avant
de revenir à Arqa et de marcher avec toutes ses troupes jusqu’à ce
qu’il se soit approché de Tripoli, tuant, pillant, anéantissement et
incendiant sur son passage. Quant à ceux qui se rendirent à
Antioche, ils firent exactement la même chose dans cette province.
Les croisés le contactèrent alors et lui offrirent de restituer ce
qu’ils avaient pris des deux navires et de renouveler la trêve. Cela
fut accepté et ils rendirent donc humiliés ce qu’ils avaient saisi
après que leurs terres furent ruinées et leurs propriétés prisent
comme butin.
Cette
année, Nour ad-Din commença à utiliser des pigeons voyageurs en
Syrie. Ces derniers étaient ceux qui avaient l’habitude d’être
appelés Manassib (de race) qui pouvaient retourner dans leur
colombier des terres lointaines. Il les prépara à être utilisés dans
toutes ses terres. La raison est que lorsque ses terres se sont
étendues, son royaume augmenta et ses frontières s’élargirent si
bien qu’une frontière devint vraiment éloignée de l’autre. Quand ils
devinrent contigus avec les terres des croisés, souvent ces derniers
descendaient sur une forteresse de frontière et avant qu’il puisse
être informé et marcher contre eux ils auraient atteint leur but
donc, il ordonna que des colombiers de pigeons voyageurs soient
prêts pour l’envoi et la réception de message. Il fournit une paie
régulière aux hommes qu’il nomma pour s’occuper d’eux et les
soigner. Les pigeons fournirent un grand soulagement et un important
avantage aux musulmans.
Du raid des croisés dans le district de Hawran et du raid
musulman sur le territoire croisé
Au
mois de Rabi’ Awwal de l’année 568 de l’Hégire (1172), les croisés,
qu’Allah les maudisse, se rassemblèrent et marchèrent sur le
district de Hawran dans la province de Damas pour l’attaquer.
Les
nouvelles parvinrent alors que Nour ad-Din avait déjà bougé et campé
avec son armée permanente à Kiswah. Il força aussitôt la marche à
leur rencontre et en apprenant son approche, les croisés entrèrent
dans le Sawad, aussi une province de Damas. Les Musulmans les
rattrapèrent, saisirent des hommes de leur arrière-garde et leur
infligèrent des pertes. Nour ad-Din changea sa position et se rendit
à ‘Ashtarah d’où il envoya un escadron dans la région de Tibériade
qui réalisèrent des raids, des pillages, saisirent des captifs,
incendièrent et anéantirent quand ils entendu dire que les croisés
se dirigeaient vers eux pour défendre leurs terres. Quand ils
arrivèrent, les Musulmans avaient fini leurs raids et leur prise de
butin et s’étaient retirés à travers le fleuve.
Les
croisés les rattrapèrent et les braves héros des Musulmans
s’arrêtèrent à l’opposé pour leur livrer bataille et couvrir ainsi
le retrait du butin. Le combat fut féroce et les deux côtés
restèrent fermes, les croisés espérant rattraper et récupérer le
butin et les Musulmans voulant les retenir, pour que ceux qui
voyageaient avec le butin puissent s’éloigner. Après que la bataille
eut duré une longue période et le butin sur et au loin, les croisés
se retirèrent sans avoir pu en récupérer la moindre partie.
De l’expédition de Shams ad-Dawlah en Nubie
Au
mois de Joumadah Awwal de cette année, Shams ad-Dawlah Touranshah
Ibn Ayyoub, le plus vieux frère de Salah ad-Din, quitta l’Egypte
pour la Nubie pour conquérir et prendre le contrôle la région
frontalière de leur terre.
La
raison est que Salah ad-Din et sa famille savaient que Nour ad-Din
avait l’intention d’envahir l’Egypte et de la leur retirer donc leur
plan était de saisir le pouvoir en Nubie ou au Yémen, pour que, si
Nour ad-Din venait les
affronter, ils s’opposeraient à lui et s’ils étaient assez forts
pour le repousser ils resteraient en Egypte mais s’ils étaient
incapables, ils pourraient prendre des navires pour se remettre et
naviguer vers les terres qu’ils avaient conquises.
Shams
ad-Din fit ses préparatifs et marcha vers Aswan (Assouan) pour
rejoindre les troupes et avec eux marcha sur la Nubie. Il assiégea
un château appelé Ibrim dont les habitants luttèrent contre lui mais
ils n’avaient pas la force pour lutter contre une armée musulmane
parce qu’ils n’avaient aucune protection pour les protéger des
flèches et d’autres armes. Ils livrèrent Ibrim à Shams ad-Din qui en
fit sa résidence. Cependant lorsqu’il vit qu’il n’y avait aucune
source de revenu de la terre pour laquelle il aurait pu supporter
les difficultés, que la nourriture des gens était le millet, le
manque de profit et la rugosité de vie, en plus de la guerre
constante, des difficultés et de la fatigue , il renonça au pays et
revint en Egypte avec le butin qu’il avait pris. La plupart du butin
était des mâles et des esclaves.
Récit de la victoire de Mleh, le fils de Leon, sur les
Byzantins
Au
mois de Joumadah Awwal, Mleh le fils de Léon l’Arménien, le seigneur
des Passes dans la région d’Alep, vaincu une armée byzantine de
Constantinople.
Cela
arriva parce que Nour ad-Din avait pris Mleh à son service et lui
avait assigné un superbe fief. Il était assidu à son service,
présent dans ses batailles avec les croisés ou il prenait une part
directe contre eux. C’était aussi un homme doué d’un solide et
excellent jugement. Quand les gens s’étaient entretenus avec Nour
ad-Din à l’idée de le prendre à son service et lui donner un fief
des terres d’Islam, il dit : « Je l’utilise pour aider à lutter
contre ses propres coreligionnaires et je peux libérer une partie de
mon armée, qui lui fera alors face prête à le stopper et attaquer
ses terres voisines. »
Mleh
fut aussi renforcé par Nour ad-Din contre les Arméniens et Byzantins
qui étaient ses voisins. Adana, Massissah et Tarse étaient aux mains
du souverain byzantin, l’empereur de Constantinople. Mleh les prit
parce qu’ils étaient près de ses terres et l’empereur envoya une
grande armée contre lui dont le commandement fut donné à un
important patricien, un
de ses parents. Mleh, avec un détachement de l’armée de Nour ad-Din,
les rencontra dans la bataille et lutta bien et obstinément. Les
Grecs furent vaincus et beaucoup d’entre eux tués ou fait
prisonniers. Mleh devint fort et puissant et les Grecs désespérèrent
de récupérer ces terres.
Mleh
envoya à Nour ad-Din une grande partie du butin et trente
prisonniers parmi leurs hommes éminents et remarquables. Nour ad-Din
en envoya une partie au calife al-Moustadi Bi-Amrillah et lui
écrivit une lettre, revendiquant le crédit de cette victoire puisque
ses troupes y avaient participé.
Comment les Turcs vinrent en Ifriqiyah et prirent Tripoli
(de Libye) et d’autres endroits
Cette
année, un corps de Turcs quitta l’Egypte avec Qaraqoush,
le Mamelouk de Taqi ad-Din ‘Omar, le neveu de Salah ad-Din pour les
montagnes de Nafoussah. Il fut rejoint par Ibn Zimam Mas’oud
surnommé Mas’oud al-Ballat, un des principaux émirs bédouins de la
région qui était en rébellion contre ‘Abdel-Mou'min et ses fils. Ils
parvinrent à un accord et leurs partisans devinrent nombreux. Ils
descendirent sur Tripoli de l’Ouest (Libye) et l’assiégèrent
durement. Il la ville tomba, Qaraqoush en prit le contrôle et
installa sa famille dans le palais. Par la suite, il prit une grande
partie des terres d’Ifriqiyah[1]
excepté al-Mahdiyyah, Sfax, Gafsa, Tunis ainsi que les villages et
les habitations voisines.
Qaraqoush vint à avoir une grande armée et il régna sur ces terres
avec l’assistance des bédouins et avec ses dispositions naturelles
pour la destruction et le pillage et la rupture en abattant les
arbres, les fruits et autres. Il recueillit des vastes quantités de
miel et les garda dans la ville de Gabes. Puis son ambition grandit
et il rêva de saisir toute l’Ifriqiyah parce que son souverain Abou
Ya’qoub Ibn ‘Abdel-Mou'min était au loin. Nous rapporterons ce qui
arriva si Allah Exalté le veut.
[1]
Je vous rappelle que chez les historiens musulmans,
l’Ifriqiyah est une partie de la Tunisie et de la
Tripolitaine.