Le siège de Damiette par les croisés

 

Au mois de Safar de l’année 565 de l’Hégire (1169), les croisés descendirent sur Damiette en Egypte qu’ils assiégèrent.

Quand Assad ad-Din Shirkouh conquit l’Egypte, les croisés en Syrie qui le craignaient beaucoup et étaient convaincus qu’ils étaient condamnés, écrivirent aux croisés qui étaient en Sicile, en Andalousie et ailleurs, les appelèrent à leur aide et leur rapportèrent les dernières nouvelles de la conquête de l’Egypte par les Turcs et leur donnèrent de grandes craintes pour Jérusalem. Ils envoyèrent aussi un certain nombre de prêtres et de moines pour les encourager à agir rapidement et envoyer des provisions, de l’argent, des hommes et des armes et de s’arranger pour descendre sur Damiette, espérant qu’ils la prendraient et l’utiliseraient comme base pour conquérir l’Egypte. « Et Allah a renvoyé, avec leur rage, les mécréants sans qu’ils n'aient obtenu aucun bien. » (Qur’an 33/25)

Mais quand ils arrivèrent, Assad ad-Din était mort et Salah ad-Din devenu le souverain. Les croisés, qu’Allah les maudisse, se rassemblèrent devant Damiette et l’assiégèrent en pressant durement les habitants.

Salah ad-Din envoya des troupes par le Nil et concentra tous les hommes qu’il avait, leur fournit de l’argent, des armes et des provisions puis, il envoya un message à Nour ad-Din, se plaignant de la situation effrayante dans laquelle ils étaient en disant : « Si je reste en arrière, les croisés prendront Damiette et si je marche, les Egyptiens feront des problème dans mon dos avec les gens de l’Egypte et les ressources et se rebelleront contre moi. Ils suivront mes traces alors que les croisés seront en face de moi et nous n’aurons aucune chance de survie. »

 

Nour ad-Din envoya des troupes par contingents successifs et ensuite se rendit en personne dans les terres syriennes occupées par les croisés qu’il attaqua, pilla et ravagea. Puisque les terres étaient dépourvues de défenseurs les raids atteignirent des régions non touchées auparavant. Quand les croisés virent des troupes arriver continuellement en Egypte et Nour ad-Din pillant et ruinant leurs propres terres, ils se retirèrent déçus sans avoir gagné la moindre chose. Ils trouvèrent leur territoire en ruine et les habitants morts ou prit en captivité et le dicton « L’autruche sortit pour chercher des cornes et revint sans oreilles » s’applique parfaitement à eux.

Les ennemis d’Allah restèrent durant cinquante jours à Damiette durant lesquels Salah ad-Din épuisa des innombrables sommes d’argent. On m’a rapporté qu’il a dit : « Je n’ai jamais vu quelqu’un de plus généreux qu’al-‘Adid et pendant le temps ou les croisés étaient devant Damiette, il m’envoya un million de dinars égyptiens dans compter les vêtements et d’autres choses.

 

Du siège de Karak

 

Au mois de Joumadah Thani de cette année, Nour ad-Din marcha sur le territoire croisé et assiégea Karak, une des plus puissantes forteresses sur la bordure du désert.

Cela arriva parce que Salah ad-Din envoya un messager à Nour ad-Din pour lui demander de lui envoyer son père Najm ad-Din Ayyoub. Nour ad-Din l’équipa pour le voyage et le mit sur sa voie accompagné par certains soldats. Une grande foule de commerçants se joignit à lui ainsi que par des gens qui connaissaient ou était lié d’amitié avec Salah ad-Din. Nour ad-Din craignit ce que les croisés pourraient leur faire et alla donc avec ses troupes à Karak, qu’il assiégea durement en déployant ses trébuchets pour la bombarder

Les nouvelles lui parvinrent alors que les croisés s’étaient rassemblés en réponse et marchaient vers lui après avoir donné le commandement de leur avant-garde aux fils de Humphrey et de Philip et au fils du comte, les deux principaux chevaliers des croisés de leur temps.

Nour ad-Din se dirigea vers eux pour les affronter et les troupes avec eux avant que le reste des croisés ne les rejoignent mais quand il s’approcha, ils se retirèrent et rejoignirent le corps principal de leur armée.

Nour ad-Din traversa le milieu de leur terre, en pillant et en brûlant les villages sur sa route jusqu’à ce qu’il arrive dans le territoire musulman ou il campa à ‘Ashtarah et resta attendant que les croisés bougent pour qu’il puisse les rencontrer mais ils ne bougèrent pas de leur position. Il resta dans sa position jusqu’à ce qu’il reçut des nouvelles du tremblement de terre qui s’était produit et  partit ensuite.

 

Quant à Najm ad-Din Ayyoub et les gens avec lui, ils arrivèrent en toute tranquillité en Egypte et le calife al-‘Adid sortit à leur rencontre pour les honorer.

 

Récit d’un raid par un escadron de Nour ad-Din

 

Shihab ad-Din Ilyas Ibn Ilghazi Ibn Artouq, le seigneur du château de Bira, vint avec sa troupe de deux cents cavaliers trouver Nour ad-Din quand il était à ‘Ashtarah. Quand il arriva au village de Labwah dans le district de Baalbek, le 17 du mois de Shawwal de cette année, il partit chasser et tomba sur trois cents chevaliers croisés qui avaient commencé à attaquer le territoire musulman. Ils tombèrent les uns les autres et luttèrent très férocement. Les deux côtés restèrent fermes sur leur position et particulièrement les Musulmans car d’habitude mille cavaliers ne résistaient pas à la charge de trois cents chevaliers croisés. Beaucoup furent tués des deux côtés et ensuite les croisés s’enfuirent bien que la plupart d’entre eux furent tués ou prisonniers. Personne ne s’enfuit à part un nombre restreint.

Shihab ad-Din prit les têtes des morts et aussi les captifs à Nour ad-Din, qui avec ses troupes vinrent à sa rencontre. Parmi les têtes Nour ad-Din vit celle du maître des Hospitaliers, le seigneur de Hisn al-Akrad. Il était brave au plus haut degré et une épine dans la chair des Musulmans

 

 

 

 

Du tremblement de terre et de son effet sur la Syrie

 

Le 12 du mois de Shawwal de cette année, il y eut des séismes effroyablement puissants et des tremblements de terre dont il n’a jamais été vu de pareil qui furent ressentis sur la plupart de la Syrie, al-Jazirah, Mossoul, l’Irak et d’autres terres mais les plus forts furent en Syrie et détruisirent la plupart de Damas, Baalbek, Homs, Hama, Shayzar, Ba’rin, Alep et ailleurs. Leurs murs et citadelles s’écroulèrent et les maisons s’effondrèrent sur leurs habitants. Ceux qui périrent furent trop nombreux pour être comptés.

 

Quand Nour ad-Din reçut les nouvelles, il alla à Baalbek réparer les dommages de la muraille et de la citadelle. Quand, cependant, les nouvelles des autres villes lui parvinrent et leur abandon par les habitants, il laissa des hommes dans Baalbek pour réparer, protéger et garder la ville et alla à Homs où il fit de même puis ensuite à Hama et Ba’rin. Il était extrêmement conscient des risques des croisés pour les villes. Alors il alla à Alep, où il vit que les effets du tremblement de terre avaient été plus destructeurs qu’ailleurs car il avait complètement détruit la ville et les survivants étaient absolument épouvantés et dans l’impossibilité de se mettre à l’abri dans leurs maisons de peur des secousses secondaires et restèrent à ciel ouvert. Nour ad-Din prit personnellement part aux travaux de réparation et continua jusqu’à ce qu’il ait reconstruit ses murs et mosquées.

 

Quant au territoire sous occupation croisée, les tremblements de tremblement de terre eurent aussi le même effet. Ils s’occupèrent de la réparation de leurs villes aussi effrayés de Nour ad-Din qu’il l’était d’eux. Chaque côté se chargea des travaux de réparation craignant l’autre.

 

Mention d’un genre de situation que les princes devraient se méfier

 

Mon père (puisse Allah lui faire miséricorde) m’a raconté la chose suivante :

« J’avais l’habitude d’administrer Jazirat Ibn ‘Omar pour Qoutb ad-Din comme tu le sais. Un peu de temps avant sa mort, nous avons reçu une lettre du Diwan à Mossoul ordonnant que tous les vergers d’al-‘Ouqayma soient évalués par une étude. ‘Ouqayma est un village faisant face à Jazirat de l’autre côté du Tigre qui avait beaucoup de vergers. Certains d’entre eux sont recensés et une somme fixe est prélevé sur chaque Jarib, certains paient un kharaj et d’autres encore sont exempt de tout. J’avais là-bas une substantielle propriété et j’avais l’habitude de dire : « La meilleure politique est de ne rien changer pour les gens » et je n’ai pas dit cela pour ma propriété qui de toute manière était recensée. J’ai simplement voulu que les gens continuent à bénir la dynastie.

Cependant, la lettre du député me parvint disant : « l’arpentage est essentiel » et j’ai communiqué cet ordre. Il y avait là un groupe des gens dévots  avec qui j’étais en bons termes comme un ami. Tous les gens vinrent chez moi dont ces personnes demandant la reconsidération de cet ordre. Je les informais du fait que je l’avais déjà demandé et que cela m’avait refusé. Deux hommes que je connaissais pour être pieux vinrent chez moi et me demandèrent de renvoyer l’affaire et de faire une nouvelle demande ce que je fis mais on exigea encore la mesure.

Juste quelques jours plus tard, ces deux hommes revinrent chez moi et quand je les vis, je croyais qu’ils étaient venus pour demander un appel de plus. Je fus vraiment étonné et commençait à faire des excuses mais ils me dirent : « Nous ne sommes pas venus chez toi pour cela. Nous sommes venus pour te dire que notre affaire avait été réglée. » Je croyais qu’ils avaient envoyé quelqu’un à Mossoul pour intercéder pour eux. Je demandais : « Qui en référé en haut à Mossoul ? » Ils répondirent : « Notre affaire a été réglée dans le ciel et pour tous les gens de ‘Ouqayma. » J’ai imaginé que c’était quelque chose dont ils s’étaient convaincus. Alors ils me quittèrent. Pas dix jours n’ont passé avant que nous reçûmes une lettre de Mossoul, ordonnant l’annulation de l’arpentage, la libération des prisonniers, l’annulation de taxes non-canoniques et la distribution d’aumônes. On nous informa alors : « Le sultan » sous entendant Qoutb ad-Din « est malade, c’est-à-dire dans une sérieuse condition. » Deux ou trois jours plus tard, la lettre annonçant sa mort arriva. Je fus vraiment étonné par ce que les deux hommes avaient dit et je cru que c’était un miracle du à leur action.

Après cette affaire mon père commença à les respecter, les honorer et les visiter.

 

Cette année, ‘Abdel-Malik Ibn Muhammad Ibn ‘Ata' causa beaucoup de dommage et de perte. Il descendit sur la terre de Houlwan en ravageant et détruisant. Il attaqua les pèlerins et il fut donc envoyé contre lui une armée de Baghdad qui l’assiégea et le bloqua dans ses châteaux. Ils pillèrent sa propriété et celle de sa famille pour que finalement il annonce son obéissance et qu’il ne ferait plus de mal aux pèlerins ou d’autres. L’armée se retira alors.

 

De la mort d’al-Moustanjid Billah

 

Au mois de Rabi’ Thani de l’année 566 de l’hégire (1170), al-Moustanjid Billah Abou al-Mouzaffar Youssouf Ibn al-Mouqtafi Li-Amrillah Abi ‘AbdAllah Muhammad Ibn al-Moustadhir Billah mourut. Le reste de son lignage a été déjà donné dans un endroit différent. Sa mère était une Oumm Walad (mère d’enfant), nommée Taous ou selon d’autres Narjis, une Grecque. Il naquit le 1 Rabi’ Thani de l’année 510 de l’Hégire (1116) et son califat dura onze ans, un mois et six jours. Il était hâlé, bien bâti et avait une longue barbe. Son décès s’est produit comme suit.

Il tomba malade et sa maladie se détériora. Le majordome ‘Adoud ad-Din Abou Faraj Ibn Ra'is ar-Rou'assa et Qoutb ad-Din Qaymaz al-Mouqtafawi, l’émir aîné de Baghdad à cette époque, avait peur du calife. Quand sa maladie s’aggrava, ils conspirèrent ensemble et persuadèrent le docteur de lui recommander un traitement qui lui serait nuisible et il recommanda donc une visite aux bains publics. Le calife refusa à cause de son faible état mais plus tard y entra vraiment tandis que la porte fut fermée sur lui et par conséquent, il mourut. C’est ce que j’ai entendu de plus d’une personne qui était au courant de la situation.

On a dit aussi que le calife écrivit à son vizir, via son docteur Ibn Safiyah, et lui ordonna d’arrêter le majordome et Qoutb ad-Din et de les crucifier. Ibn Safiyah rencontra le majordome et lui donna l’ordre écrit du calife. « Retourne, » dit le majordome « et dit lui que j’ai donné l’ordre au vizir, » ce qu’il fit. Le majordome convoqua Qoutb ad-Din, Yazdan et le frère de celui-ci Tounamish et leur montra l’ordre et ils acceptèrent de tuer le calife. Yazdan et Qaymaz al-Hamidi vinrent chez lui et l’emportèrent aux bains publics alors qu’il appelait à l’aide. Ils le jetèrent dedans et fermèrent la porte sur lui. Il continua de crier jusqu’à ce qu’il meurt (puisse Allah lui faire miséricorde).

A cette époque, son vizir était Abou Ja’far Ibn al-Baladi qui avait une sévère inimité pour le majordome parce qu’al-Moustanjid Billah lui ordonnait de faire certaines choses qui concernait le majordome et Qoutb ad-Din et que le vizir exécutait si bien que les deux croyaient que le vizir était celui qui sapait leur position.

Quand al-Moustanjid tomba malade et qu’il y eut des rumeurs qu’il était mort, le vizir complètement en arme sortit avec les émirs, les troupes et d’autres mais il n’apprit aucune nouvelle certaine de la mort du calife. ‘Adoud ad-Din lui envoya alors un message lui disant : « La maladie du commandant des croyants s’est atténuée et la totale récupération est espérée. » Le vizir craignit d’entrer dans le palais califal avec les troupes de peur d’être critiquer pour cela. Il revint donc chez lui et ses partisans se dispersèrent.

‘Adoud ad-Dawlah et Qoutb ad-Din s’étaient préparés à s’enfuir quand le vizir sortit en arme craignant qu’il ne les arrête s’il entrait dans le palais mais quand il se retira, le majordome ferma les portes de palais et annonça la mort d’al-Moustanjid. Lui et Qoutb ad-Din convoquèrent le fils du calife, Abou-Muhammad al-Hassan et le proclamèrent calife en lui donnant le titre d’al-Moustadi Bi-Amrillah et lui imposèrent quelques conditions, à savoir que ‘Adoud ad-Dawlah devrait être le vizir, son fils Kamal ad-Din la majordome et Qoutb ad-Din le commandant de l’armée ce que le calife accepta.

 

Nulle autre al-Hassan occupa la place de Calife excepté al-Hassan Ibn ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait d’eux) et cet al-Moustadi Bi-Amrillah. Ils partagèrent la même Kounia et la même noble nature. Les gens de sa maison lui portèrent allégeance lors d’une cérémonie spéciale le jour où son père est mort et les gens en général firent de même lors d’une cérémonie publique le jour suivant dans le Taj. Il délivra la justice beaucoup plus que son père l’avait fait et distribua des sommes considérables d’argent.

 

Le vizir, Ibn al-Baladi, apprenant cela fut consterné et grinça des dents de l’inutile regret pour sa faute d’être retourné chez lui. Il reçut la visite de personnes qui l’invitèrent à assister à la séance de condoléance et à la nomination d’al-Moustadi. Il alla au palais califal et lorsqu’il entra, il fut tiré de côté quelque part, tué, démembré et ensuite jeté dans le Tigre (puisse Allah lui faire miséricorde). Tout dans sa maison fut pris. Les deux trouvèrent là, les ordres écrits d’al-Moustanjid Billah qu’il avait ordonné au vizir de les arrêter et une note de la main du vizir qui s’interrogeait sur ses ordres et le persuadait de laisser tomber. Lorsque les deux lurent ces lettres, ils se rendirent compte qu’il était innocent de ce qu’ils l’avaient soupçonné et regrettèrent avoir dépassé les limites de la manière qu’il l’avait tué.

 

Al-Moustanjid Billah fut l’un des meilleurs califes en tant que souverain sur ses sujets, juste et très attentionné envers eux. Il abolit beaucoup de taxes non-canoniques et n’en laissa pas une en Irak. Il fut sévère envers les fauteurs de troubles, les malfaiteurs, les scélérats et les informateurs malicieux. J’entendu dire qu’il arrêta un homme qui avait l’habitude de s’informer sur les gens et le garda  pendant longtemps en prison. Un courtisan qui était à son service intercéda pour cet homme et offrit 10 000 dinars en son nom. Le calife lui dit : « Je te donnerai 10 000 dinars si tu m’apportes un autre homme semblable à lui, pour que je puisse sauver les gens de son mal » et il ne le libéra pas. Il restitua beaucoup d’argent à leurs propriétaires et arrêta le Qadi Ibn al-Mourakhkhim et lui prit beaucoup d’argent qu’il remit à ses propriétaires. Ibn al-Mourakhkhim était méchant et tyrannique dans ses jugements.

 

Comment Nour ad-Din acquit Mossoul et confirma Sayf ad-Din à son poste

 

Quand Nour ad-Din Mahmoud apprit la nouvelle de la mort de son frère Qoutb ad-Din Mawdoud le seigneur de Mossoul et la succession de son fils Sayf ad-Din Ghazi à Mossoul et aux terres de son père et que Fakhr ad-Din ‘Abdel-Massih avait pris le contrôle des affaires à ses côtés et exerçait l’autorité sur lui, il fut outragé et le trouva trop lourd à supporter car il détestait Fakhr ad-Din à cause des rapports qu’il entendit de sa sévère administration.  Il dit : « Je suis plus qualifié pour guider mes neveux et leur dominion. »

Après la fin du deuil, il se mit en route, légèrement équipé avec un petit corps de troupes, traversa l’Euphrate à Qal’at Ja’bar le 1 du mois de Mouharram de cette année et se dirigea vers Raqqa qu’il assiégea et prit avant d’aller à Khabour qu’il prit de même avec Nisibis, où il s’arrêta pour rassembler des troupes. Nour ad-Din Muhammad Ibn Qara Arsalan Ibn Daoud, le seigneur de Hisn Kayfa, vint le retrouver ce qui augmenta son nombre parce qu’il avait laissé la plupart de ses troupes en Syrie pour garder les frontières. Quand sa force fut réunie, il marcha sur Sinjar qu’il mit sous siège et érigea des trébuchets pour l’attaquer. Il prit aussi la ville et l’a donna à Imad ad-Din, le fils de son frère Qoutb ad-Din.

 

Il avait reçu secrètement des lettres des émirs à Mossoul qui lui offrait leurs allégeances et lui conseillait de venir chez eux. Il se mit alors en route pour Mossoul, arriva dans la ville de Balad, traversa le Tigre pour la rive orientale par un gué à proximité et repartit pour camper à l’Est de Mossoul au château de Ninive avec le Tigre entre lui et Mossoul. Il est étonnant que le jour où il établit son camp, une grande partie de la muraille de la ville de Mossoul s’effondra.

 

Sayf ad-Din Ghazi et Fakhr ad-Din avait envoyé ‘Izz ad-Din Mas’oud Ibn Qoutb ad-Din à l’Atabeg Shams ad-Din Ildikiz, le seigneur de Hamadan et des Terres Hautes, d’Azerbaïdjan, d’Ispahan, de Rayy et ses districts, pour chercher de l’aide contre son oncle Nour ad-Din. Ildikiz envoya un messager à Nour ad-Din pour lui interdire d’interférer dans les affaires de Mossoul et dit : « Ces terres sont celles du sultan. Ne les attaque pas. » Mais, il ne fit pas attention à lui et dit à l’envoyé : « Dis à ton maître : « Je suis meilleur pour mes neveux que tu ne l’es, pourquoi t’insères-tu entre nous ? Quand j’aurais fini d’installer leurs terres, ma conversation avec toi se poursuivras jusqu’aux portes de Hamadan. Tu as conquis ces  vastes terres mais tu as négligé les frontières avec pour résultat que les Géorgiens les ont submergés. J’ai été testé par les croisés, les plus braves des gens, possédant l’équivalent d’un quart de ton territoire mais j’ai pris la plupart de leur terre et capturé leurs princes. Il n’est pas juste pour moi de retenir ma langue plus longtemps à ton sujet et nous sommes obligé de s’engager à protéger ce que tu as négligé et libérer les Musulmans de l’oppression. » »

 

Nour ad-Din resta à Mossoul et les émirs de la ville furent résolus de se rebeller ouvertement contre Fakhr ad-Din ‘Abdel-Massih et de livrer la ville à Nour ad-Din. Fakhr ad-Din apprit cela et se mit en contact avec Nour ad-Din pour livrer la cité à condition qu’elle reste dans les mains de Sayf ad-Din et des garanties sur sa vie et ses biens. Cela fut accordé mais Nour ad-Din stipula qu’il prendrait Fakhr ad-Din avec lui en Syrie ou il lui donnerait un fief acceptable. Il prit la ville le 13 du mois de Joumadah Awwal et entra dans la citadelle par la porte secrète car quand il fut informé de la rébellion de Fakhr ad-Din contre lui, il jura qu’il n’y entrerait seulement par l’endroit le plus sûr. Lorsqu’il prit la charge de Mossoul il abolit les taxes non-canoniques et d’autres catégories d’abus puis fit de même à Nisibis, Sinjar et Khabour et il en fut ainsi dans toutes ses terres, la Syrie et l’Egypte.

 

Alors qu’il assiégeait Mossoul, il reçut du calife al-Moustadi Bi-Amrillah une robe d’honneur qu’il ne mit qu’après sa prise de Mossoul. Il confia la ville à son neveu Sayf ad-Din et lui ordonna pendant qu’il était encore à Mossoul de construire la mosquée de Nour ad-Din ou il se rendit en personne pour voir l’état des travaux. Il grimpa le minaret de la mosquée d’Abou Hadir qui dominait le site de sa mosquée et ordonna que les maisons voisines et les magasins soient ajoutés à la terre qu’il avait vue mais que rien ne devrait être pris sans l’accord des propriétaires. Il désigna le Sheikh ‘Omar al-Mallah, un homme dévot et bon, responsable du projet. Les propriétés furent achetées de leurs propriétaires pour des sommes substantielles et la construction débuta sur laquelle, de grandes sommes furent dépensées. Le bâtiment fut achevé en l’an 568 de l’Hégire (1172),

 

Nour ad-Din revint en Syrie et laissa comme député dans la citadelle de Mossoul un eunuque nommé Koumoushtakin et surnommé honorifiquement Sa’d ad-Din. Il ordonna à Sayf ad-Din de ne pas agir indépendamment de lui pour n’importe quelle affaire, grande ou petite et lui donna pleine autorité partout dans la terre. Il assigna Sinjar comme un fief à ‘Imad ad-Din, le fils de son frère Qoutb ad-Din.

Lorsqu’il accomplit ses actions, Kamal ad-Din Ibn al-Shahrazouri dit : « C’est un chemin qui conduira à des problèmes pour la maison de l’Atabeg parce que ‘Imad ad-Din est plus âgé et qu’il n’admettra d’être soumis à Sayf ad-Din tandis que ce dernier tient la plus puissante principauté et n’admettra pas de complaisance à l’égard de ‘Imad ad-Din. La dissension en résultera et les ennemis seront encouragés. » Et c’était effectivement ce qui arriva comme nous le rapporterons sous l’année 570 de l’Hégire (1174).

Nour ad-Din resta à Mossoul vingt-quatre jours et emmena avec lui Fakhr ad-Din ‘Abdel-Massih dont il changea le et l’appela ‘AbdAllah avant de lui assigner un grand fief.

 

 

 

Récit du raid de Salah ad-Din sur le territoire croisé et la conquête d’Aylah

 

Cette année, Salah ad-Din entra aussi dans le territoire croisé de l’Egypte et attaqua les districts d’Ascalon et de Ramlah puis les banlieues de Gaza qu’il ravagea. Le roi des croisés vint rapidement avec une petit groupe de ses troupes pour le repousser de ses terres mais Salah ad-Din lutta contre eux et les vainquit si bien que le roi croisé s’enfui après avoir été sur le point d’être pris prisonnier.

Salah ad-Din revint en Egypte et construisit quelques navires détachables qu’il transporta par route en pièces sur des chameaux et arriva à Aylah ou il assembla les bateaux et les lanca à la mer. Il assiégea Aylah par terre et mer et conquit la ville pendant les dix premiers jours de Rabi’ Thani. Il permit aux habitants et tout ce qu’elle contenait d’être pillé avant de retourner en Egypte

 

De ce que Salah ad-Din planifia en Egypte cette année

 

Dans le Vieux Caire, il y avait un bâtiment pour la police nommée Dar al-Ma’ounah (la Maison d’aide) où quiconque devait être emprisonné était confiné. Salah ad-Din le démolit et le reconstruisit pour en faire une Madrassah (école) pour les Shafi’i et se débarrassa ainsi de la tyrannie qui était associée à ce bâtiment. Il reconstruisit aussi la Cour de Justice et en fit aussi une Madrassah pour les Shafi’i.

Les Qadis ismaéliens ‘oubaydi qui étaient des shiites déviants furent supprimés et il nomma un Qadi Shafi’i pour le Vieux Caire qui désigna des Qadis Shafi’i dans tout le pays le 20 Joumadah Thani.

 

 

Cette année, Taqi ad-Din ‘Omar, le neveu de Salah ad-Din, acheta Manazil al-‘Izz (la Demeure de le Gloire) du Vieux Caire et transforma le bâtiment en une Madrassah pour les Shafi’i.

 

Cette année aussi, Shams ad-Dawlah Toumanshah, le frère de Salah ad-Din, attaqua les bédouins de la Haute Egypte qui avaient provoqué des troubles dans le pays et volé sur une large échelle. Ils s’abstinrent alors de ce qu’ils faisaient.

 

 

De l’établissement de la Khoutbah pour les Abbassides et de la fin du règne des ismaéliens ‘oubaydi en Egypte

 

Durant le deuxième vendredi du mois de Mouharram de l’année 567 de l’Hégire (1171), la Khoutbah au nom d’al-‘Adid Li-Dinillah Abou Muhammad ‘AbdAllah fut abandonnée et remplacée par le sermon pour les Abbassides parce que Salah ad-Din était désormais bien établit en Egypte, ses rivaux éloignés et la position du calife al-‘Adid affaibli. Son palais vint à être contrôlé par Salah ad-Din et son député Qaraqoush, un eunuque qui était un des chefs des émirs Assadi, veillait sur lui. Nour ad-Din lui écrivit et lui ordonna que le sermon au nom d’al-‘Adid soit délaissé et qu’il devrait être fait au nom d’al-Moustadi. Salah ad-Din déclina craignant que les gens d’Egypte se rebellent contre lui à cause de leurs sympathies pour les ‘oubaydi.

Salah ad-Din n’était pas disposé à laisser tomber la Khoutbah pour les ‘oubaydi et voulut les poursuivre à cause de sa peur de Nour ad-Din et que ce dernier vienne en Egypte et lui reprenne le pays. Il voulut qu’al-‘Adid soit avec lui afin que si Nour ad-Din venait contre lui, il puisse résister en comptant sur lui et les Egyptiens. Quand il fit ses excuses à Nour ad-Din, il ne les accepta pas mais insista que le sermon devait être abandonnée et fit une telle pression sur lui qui ne permettait aucun désaccord puisqu’il était le lieutenant de Nour ad-Din.

Cependant, il arriva qu’au même moment, al-‘Adid tomba très gravement malade. Quand Salah ad-Din se résolut à laisser tomber la Khoutbah (au nom des ‘oubaydi), il consulta ses émirs. Certains d’entre eux avisèrent que cela devait être fait sans prendre en considération les Egyptiens ; d’autres étaient effrayés par eux bien qu’il fut impossible de faire quoi que ce soit d’autre que d’obéir aux ordres de Nour ad-Din.

Récemment, il était arrivé en Egypte un Persan surnommé « l’émir des savant » que je vis à Mossoul. Quand il vit leur état d’hésitation et que personne n’osait faire la Khoutbah (sermon) pour les Abbassides, il dit : « Je serai le premier à faire la Khoutbah pour eux » et lors du premier vendredi du mois de Mouharram, il monta sur la chaire avant l’Imam, fit des invocations pour al-Moustadi Bi-Amrillah et personne n’exprima aucune désapprobation.

Lorsque le deuxième vendredi arriva, Salah ad-Din ordonna aux Imams dans le Vieux et le Nouveau Caire de laisser tomber le sermon pour al-‘Adid et le faire au nom d’al-Moustadi ce qu’ils firent et pas deux chèvres ne pointèrent des cornes. Il envoya alors des lettres dans tout le reste de l’Egypte en leur ordonnant de faire la même chose et ce fut fait.

Pendant ce temps, la maladie d’al-‘Adid empira et personne de sa famille ou de ses partisans ne lui firent de remarque sur l’abandon de la Khoutbah. Ils dirent : « S’il se rétablit, alors il en sera informé et s’il devait mourir, il ne convient pas de lui faire de la peine avec cette tournure d’événements » et il mourut le jour de ‘Ashoura sans avoir été informé à propos du sermon.

 

Après sa mort, Salah ad-Din assista à une séance de condoléance et reprit ensuite le palais califal et tout son contenu. Baha ad-Din Qaraqoush, que Salah ad-Din avait nommé avant la mort d’al-‘Adid, en assuma la charge et apporta tout à Salah ad-Din. Il y avait tellement de choses que c’était au-delà de tout compte ; des objets précieux et des articles étranges dont nul pareil n’existait, des pierres précieuses que nulle personne n’a jamais possédées dont « la montagne de vermeille » qui pesait dix-sept dirhams ou dix-sept mithqals. Je suis sûr de cela parce que je l’ai vu et l’ai pesé. Il y avait aussi des perles sans parallèle et une poignée d’épée d’émeraudes longue d’environ dix centimètres et de la largeur d’un grand collier. Un tambour qui se trouvait près de l’appartement d’al-‘Adid et qui avait été entouré avec un soin spécial fut aussi trouvé. Quand ils le virent, ils crurent qu’il avait été fait comme un jouet et ils se moquèrent d’al-‘Adid. Un homme le ramassa, le cogna brutalement et il résonna comme un pet et tous rirent de lui. Un autre fit la même chose et chaque homme qui le frappa, il résonna comme une flatulence. L’un d’entre eux le jeta en bas et le brisa. Il apparut alors que le tambour était pour la colique et quand ils le surent, ils regrettèrent de l’avoir cassé. Il y avait aussi une quantité indicible de livres rares et précieux. Tout ce qui se trouvait fut mis à la vente.

 

La famille d’Al-‘Adid fut emmenée dans un endroit du palais et laissée aux soins des gardes. Chaque esclave mâle ou femelle qui furent trouvé dans l’enceinte du palais furent enlevés, certains furent vendus, d’autres libérés et d’autres distribués. Le palais se dépourvu d’habitants comme s’il n’avait jamais eu auparavant de vie. Gloire au Vivant, le Seigneur Éternel dont le royaume n’a aucune fin, dont l’âge et le temps n’ont aucun effet sur Lui et Qui ne se dégrade pas.

 

Quand la maladie d’al-‘Adid devint critique, il envoya un messager pour convoquer Salah ad-Din mais ce dernier crut que c’était un piège et ne se rendit pas chez lui. Après sa mort, Salah ad-Din apprit qu’il avait été sincère et se repentit de ne pas lui avoir rendu visite.

 

Souvent, il avait l’habitude de le décrire comme un homme généreux et doux qui était naturellement bon et docile. Parmi ses ancêtres neuf avaient été reconnu comme calife à savoir al-Hafiz, al-Moustansir, az-Zahir, al-Hakim, al-‘Aziz, al-Mou’iz, al-Mansour, al-Qa'im et al-Mahdi. Parmi ceux qui ne furent pas calife étaient son père Youssouf, le fils d’al-Hafiz et son arrière-grand-père l’émir Abou al-Qassim Muhammad Ibn al-Moustansir. Cela laisse  ceux qui devinrent califes mais n’étaient pas ses ancêtres directs : al-Mousta’ali, al-Amir, az-Zafir et al-Fa'iz. Au total quatorze d’entre eux furent proclamés calife, ceux d’Ifriqiyah et leur ancêtre juif al-Mahdi al-‘oubaydi le maudit, al-Qa'im, al-Mansour, al-Mou’iz jusqu’à son entrée en Egypte et ceux d’Egypte était  al-Mou’iz le susmentionné qui quitta l’Ifriqiyah, al-‘Aziz, al-Hakim, az-Zahir, al-Moustansir, al-Mousta’ali, al-Amir, al-Hafiz, az-Zafir, al-Fa'iz et al-‘Adid. La période de leur règle du moment où al-Mahdi al-‘oubaydi apparut à Sijilmasa au mois de Dzoul Hijjah de l’année 299 de l’Hégire jusqu’à la mort d’al-‘Adid fut de 272 années et environ un mois.

 

C’est la voie du monde. Il ne donne jamais sans reprendre, n’est jamais doux sans tourner amère et n’est jamais pur sans devenir brouillé. En effet, sa « pureté » n’est jamais sans fange et la fange manque souvent de pureté. Nous prions Allah Tout Puissant de tourner nos cœurs vers Lui, de nous montrer le monde comme il est vraiment pour nous le faire rejeter et désirer la vie à venir. Il entend notre prière et est rapide à y répondre.

 

Quand les bonnes nouvelles sont arrivées à Baghdad, les tambours de fête résonnèrent durant plusieurs jours et Baghdad fut décorée. La joie sans borne et la réjouissance furent manifestées et les robes d’honneur envoyées à Nour ad-Din et à Salah ad-Din avec ‘Imad ad-Din Sandal, un des domestiques spéciaux de temps d’al-Mouqtafi et un des hommes principaux de l’état. Sandal se rendit chez Nour ad-Din et l’investi de la robe et envoya d’autres robes à Salah ad-Din et aux Imams en Egypte, avec des bannières noires. Plus tard ce Sandal devint un important majordome du calife al-Moustadi Bi-Amrillah à Baghdad. Il était bien instruit dans la jurisprudence selon l’école Shafi’i, tous les deux ont entendu et ont transmis Hadith et savaient de bonnes choses. Il était un homme religieux qui a fait beaucoup de bien, un des ornements de Baghdad.

 

 

 

Du profond différent entre Nour ad-Din et Salah ad-Din

 

Cette année, des évènements se produisirent qui amenèrent Nour ad-Din à être déçu par Salah ad-Din mais qu’il ne révéla pas.

Cela arriva quand cette année au mois de Safar, Salah ad-Din marcha de l’Egypte pour attaquer le territoire croisé et descendit sur la forteresse de Shawbak, qui était environ à un jour de marche de Karak qu’il assiégea en mettant la pression sur la garnison croisée. Après la lutte, ils demandèrent des conditions et un délai de dix jours qui leur fut accordé.

Quand Nour ad-Din entendit ce que Salah ad-Din avait fait, il quitta Damas pour entrer dans le territoire occupé par les croisés mais en prenant une autre direction. Il fut dit à Salah ad-Din : « Si Nour ad-Din entre dans les terres du croisés alors qu’ils sont dans cette situation, toi d’ un côté et Nour ad-Din de l’autre, il les conquerra et quand les croisés seront éliminés de sa route et leur roi prit, il n’y aura aucun endroit pour Nour ad-Din à se diriger hormis en Egypte. Si Nour ad-Din vient chez vous, tu devras le rencontrer et ensuite il exercera son autorité sur toi comme il veut. S’il veut, il te laissera la paix et s’il veut, il t’écartera et tu seras incapable de résister. Ta meilleure politique est revenir en Egypte. »

Salah ad-Din se retira alors de Shawbak pour revenir en Egypte sans prendre la forteresse des croisés. Il écrivit à Nour ad-Din en s’excusant et l’informa de l’état incertain qui régnait en Egypte à cause des ‘oubaydi qui préparaient un coup et qu’il craignait du fait de sa distance éloignée de l’Egypte que l’ancien établissement ne se lève contre ses hommes laissés en arrière, les expulse et se fortife de nouveau. Il fit de longues excuses mais Nour ad-Din ne les accepta pas et son attitude envers lui changea et il se résolu à entrer en Egypte et l’expulser.

Cela  devint public et Salah ad-Din entendit le rapport. Il réunit sa famille dont son père Najm ad-Din Ayyoub, son oncle maternel Shihab ad-Din al-Harimi et d’autres émirs et les informa du plan de Nour ad-Din et du projet d’expédition qu’il avait entendu. Il demanda conseil mais pas l’un d’entre eux ne donna une réponse. Alors son neveu Taqi ad-Din ‘Omar se leva et dit : « S’il vient chez nous, nous lutterons contre lui et le retiendront hors du pays. » D’autres l’approuvèrent mais Najm ad-Din Ayyoub les réprimanda et exprima sa désapprobation et son horreur devant cette opinion. Il réprimanda Taqi ad-Din et le fit asseoir puis dit à Salah ad-Din : « Je suis ton père et c’est ton oncle Shihab ad-Din. Nous t’aimons plus que tous ceux que tu voies ici. Par Allah, si votre oncle et moi devrions prêter attention à Nour ad-Din nous ne pourrions faire rien que de baiser la terre devant lui. S’il nous ordonnait de trancher ta tête avec un sabre, nous ferions ainsi. Si c’est ainsi que nous sommes, que pensez-vous des autres ? Si tous les émirs que tu as sous les yeux maintenant voyaient Nour ad-Din en personne, ils n’oseraient pas rester sur leurs selles. Ce pays est sien. Nous sommes ses Mamalik et ses lieutenants. S’il veut te renvoyer, nous entendrons et obéirons. La meilleure chose que tu as à faire est d’envoyer un messager avec une lettre écrite disant : « J’ai entendu dire que tu avais l’intention d’une expédition pour protéger le pays, y a-t-il un besoin pour cela ? Que mon seigneur envoie un messager pour passer un nœud autour de mon cou et me ramener à toi. Il n’y a personne ici qui s’opposera à toi ».

Il licencia alors les émirs et les autres qui tous se dispersèrent. Quand Ayyoub fut seul avec lui, il lui dit : « Avec quelle sorte d’intelligence as-tu agis ? »

« Ne réalises-tu pas que si Nour ad-Din entendait parler de ton intention de s’opposer à lui et de le combattre, il fera de nous son objectif primordial et tu deviendras impuissant contre lui. Mais maintenant, quand il apprendra ce qui est arrivé et notre loyauté envers lui, il nous laissera en paix, s’occupera d’autre chose et le destin prendra son cours. Par Allah, si Nour ad-Din voulait prendre ne serait-ce qu’un morceau de canne à sucre, je lutterais moi-même contre lui pour l’arrêter ou être tué. »

 

Salah ad-Din fit donc ce qu’il conseilla et Nour ad-Din renonça à son but et s’occupa d’autres affaires. Il se détourna comme Ayyoub s’était attendu. Nour ad-Din mourut sans avoir fait un mouvement contre lui et Salah ad-Din gouverna la terre. Ce fut un exemple de conseil vraiment bon et excellent.

 

D’un raid contre les croisés en Syrie

 

En l’an 567 de l’Hégire (1171), deux navires chargés de marchandises et de commerçants furent expédiés d’Egypte pour la Syrie et s’ancrèrent dans le port de Lattaquié mais les croisés, qu’Allah les maudisse, les saisirent alors qu’il y avait une trêve entre eux et Nour ad-Din qu’ils rompirent traîtreusement.

 

Nour ad-Din leur envoya un messager à propos de l’affaire pour la restitution des négociants et de leurs biens qu’ils avaient pris. Ils essayèrent de le tromper et avancèrent quelques plates excuses dont l’une était que l’un des navires avait une brèche et avait pris l’eau et ils pouvaient effectivement pourraient saisir tous les bateaux endommagés qui risquaient de couler. Nour ad-Din n’accepta pas leurs mensonges et réunit ses troupes. Il envoya des escadrons sur leurs terres, certains vers Antioche et d’autres vers Tripoli tandis qu’il assiégea lui-même ‘Arqa et détruisit sa banlieue. Il envoya aussi un détachement de troupes vers les forts de Safithah et d’Ouraymah dont il prit les deux par l’assaut, les pilla et les ravagea si bien que les Musulmans ramassèrent un large butin avant de revenir à Arqa et de marcher avec toutes ses troupes jusqu’à ce qu’il se soit approché de Tripoli, tuant, pillant, anéantissement et incendiant sur son passage. Quant à ceux qui se rendirent à Antioche, ils firent exactement la même chose dans cette province. Les croisés le contactèrent alors et lui offrirent de restituer ce qu’ils avaient pris des deux navires et de renouveler la trêve. Cela fut accepté et ils rendirent donc humiliés ce qu’ils avaient saisi après que leurs terres furent ruinées et leurs propriétés prisent comme butin.

 

Cette année, Nour ad-Din commença à utiliser des pigeons voyageurs en Syrie. Ces derniers étaient ceux qui avaient l’habitude d’être appelés Manassib (de race) qui pouvaient retourner dans leur colombier des terres lointaines. Il les prépara à être utilisés dans toutes ses terres. La raison est que lorsque ses terres se sont étendues, son royaume augmenta et ses frontières s’élargirent si bien qu’une frontière devint vraiment éloignée de l’autre. Quand ils devinrent contigus avec les terres des croisés, souvent ces derniers descendaient sur une forteresse de frontière et avant qu’il puisse être informé et marcher contre eux ils auraient atteint leur but donc, il ordonna que des colombiers de pigeons voyageurs soient prêts pour l’envoi et la réception de message. Il fournit une paie régulière aux hommes qu’il nomma pour s’occuper d’eux et les soigner. Les pigeons fournirent un grand soulagement et un important avantage aux musulmans.

 

 

Du raid des croisés dans le district de Hawran et du raid musulman sur le territoire croisé

 

Au mois de Rabi’ Awwal de l’année 568 de l’Hégire (1172), les croisés, qu’Allah les maudisse, se rassemblèrent et marchèrent sur le district de Hawran dans la province de Damas pour l’attaquer.

Les nouvelles parvinrent alors que Nour ad-Din avait déjà bougé et campé avec son armée permanente à Kiswah. Il força aussitôt la marche à leur rencontre et en apprenant son approche, les croisés entrèrent dans le Sawad, aussi une province de Damas. Les Musulmans les rattrapèrent, saisirent des hommes de leur arrière-garde et leur infligèrent des pertes. Nour ad-Din changea sa position et se rendit à ‘Ashtarah d’où il envoya un escadron dans la région de Tibériade qui réalisèrent des raids, des pillages, saisirent des captifs, incendièrent et anéantirent quand ils entendu dire que les croisés se dirigeaient vers eux pour défendre leurs terres. Quand ils arrivèrent, les Musulmans avaient fini leurs raids et leur prise de butin et s’étaient retirés à travers le fleuve.

Les croisés les rattrapèrent et les braves héros des Musulmans s’arrêtèrent à l’opposé pour leur livrer bataille et couvrir ainsi le retrait du butin. Le combat fut féroce et les deux côtés restèrent fermes, les croisés espérant rattraper et récupérer le butin et les Musulmans voulant les retenir, pour que ceux qui voyageaient avec le butin puissent s’éloigner. Après que la bataille eut duré une longue période et le butin sur et au loin, les croisés se retirèrent sans avoir pu en récupérer la moindre partie.

 

De l’expédition de Shams ad-Dawlah en Nubie

 

Au mois de Joumadah Awwal de cette année, Shams ad-Dawlah Touranshah Ibn Ayyoub, le plus vieux frère de Salah ad-Din, quitta l’Egypte pour la Nubie pour conquérir et prendre le contrôle la région frontalière de leur terre.

La raison est que Salah ad-Din et sa famille savaient que Nour ad-Din avait l’intention d’envahir l’Egypte et de la leur retirer donc leur plan était de saisir le pouvoir en Nubie ou au Yémen, pour que, si Nour ad-Din venait les  affronter, ils s’opposeraient à lui et s’ils étaient assez forts pour le repousser ils resteraient en Egypte mais s’ils étaient incapables, ils pourraient prendre des navires pour se remettre et naviguer vers les terres qu’ils avaient conquises.

 

Shams ad-Din fit ses préparatifs et marcha vers Aswan (Assouan) pour rejoindre les troupes et avec eux marcha sur la Nubie. Il assiégea un château appelé Ibrim dont les habitants luttèrent contre lui mais ils n’avaient pas la force pour lutter contre une armée musulmane parce qu’ils n’avaient aucune protection pour les protéger des flèches et d’autres armes. Ils livrèrent Ibrim à Shams ad-Din qui en fit sa résidence. Cependant lorsqu’il vit qu’il n’y avait aucune source de revenu de la terre pour laquelle il aurait pu supporter les difficultés, que la nourriture des gens était le millet, le manque de profit et la rugosité de vie, en plus de la guerre constante, des difficultés et de la fatigue , il renonça au pays et revint en Egypte avec le butin qu’il avait pris. La plupart du butin était des mâles et des esclaves.

 

 

Récit de la victoire de Mleh, le fils de Leon, sur les Byzantins

 

Au mois de Joumadah Awwal, Mleh le fils de Léon l’Arménien, le seigneur des Passes dans la région d’Alep, vaincu une armée byzantine de Constantinople.

Cela arriva parce que Nour ad-Din avait pris Mleh à son service et lui avait assigné un superbe fief. Il était assidu à son service, présent dans ses batailles avec les croisés ou il prenait une part directe contre eux. C’était aussi un homme doué d’un solide et excellent jugement. Quand les gens s’étaient entretenus avec Nour ad-Din à l’idée de le prendre à son service et lui donner un fief des terres d’Islam, il dit : « Je l’utilise pour aider à lutter contre ses propres coreligionnaires et je peux libérer une partie de mon armée, qui lui fera alors face prête à le stopper et attaquer ses terres voisines. »

Mleh fut aussi renforcé par Nour ad-Din contre les Arméniens et Byzantins qui étaient ses voisins. Adana, Massissah et Tarse étaient aux mains du souverain byzantin, l’empereur de Constantinople. Mleh les prit parce qu’ils étaient près de ses terres et l’empereur envoya une grande armée contre lui dont le commandement fut donné à un important patricien, un de ses parents. Mleh, avec un détachement de l’armée de Nour ad-Din, les rencontra dans la bataille et lutta bien et obstinément. Les Grecs furent vaincus et beaucoup d’entre eux tués ou fait prisonniers. Mleh devint fort et puissant et les Grecs désespérèrent de récupérer ces terres.

Mleh envoya à Nour ad-Din une grande partie du butin et trente prisonniers parmi leurs hommes éminents et remarquables. Nour ad-Din en envoya une partie au calife al-Moustadi Bi-Amrillah et lui écrivit une lettre, revendiquant le crédit de cette victoire puisque ses troupes y avaient participé.

 

Comment les Turcs vinrent en Ifriqiyah et prirent Tripoli (de Libye) et d’autres endroits

 

Cette année, un corps de Turcs quitta l’Egypte avec Qaraqoush, le Mamelouk de Taqi ad-Din ‘Omar, le neveu de Salah ad-Din pour les montagnes de Nafoussah. Il fut rejoint par Ibn Zimam Mas’oud surnommé Mas’oud al-Ballat, un des principaux émirs bédouins de la région qui était en rébellion contre ‘Abdel-Mou'min et ses fils. Ils parvinrent à un accord et leurs partisans devinrent nombreux. Ils descendirent sur Tripoli de l’Ouest (Libye) et l’assiégèrent durement. Il la ville tomba, Qaraqoush en prit le contrôle et installa sa famille dans le palais. Par la suite, il prit une grande partie des terres d’Ifriqiyah[1] excepté al-Mahdiyyah, Sfax, Gafsa, Tunis ainsi que les villages et les habitations voisines.

Qaraqoush vint à avoir une grande armée et il régna sur ces terres avec l’assistance des bédouins et avec ses dispositions naturelles pour la destruction et le pillage et la rupture en abattant les arbres, les fruits et autres. Il recueillit des vastes quantités de miel et les garda dans la ville de Gabes. Puis son ambition grandit et il rêva de saisir toute l’Ifriqiyah parce que son souverain Abou Ya’qoub Ibn ‘Abdel-Mou'min était au loin. Nous rapporterons ce qui arriva si Allah Exalté le veut.



[1] Je vous rappelle que chez les historiens musulmans, l’Ifriqiyah est une partie de la Tunisie et de la Tripolitaine.