Le conflit entre les tribus arabes et l’armée permanente de
Baghdad
Durant
le mois de Ramadan de l’année 556 de l’hégire (1161), les Banou
Khafajah se rassemblèrent à al-Hillah et Koufa et exigèrent leur
allocation régulière de nourriture, de dattes et d’autres choses que
l’émir du Pèlerinage Arghoush, qui était le détenteur du fief de
Koufa, leur refusa et l’émir Qayssar le préfet d’al-Hillah, tous les
deux des Mamalik du calife, l’approuva dans cette action. Les
Khafajah se soulevèrent et pillèrent l’arrière-pays agricole de
Koufa et d’al- Hillah. L’émir Qayssar, le préfet de d’al-Hillah,
leur envoya 280 cavaliers et Arghoush les rejoignit avec ses
troupes. Les Banou Khafajah se retirèrent devant eux mais ils furent
poursuivit aussi loin que Rahbah en Syrie. Ils envoyèrent des
excuses, en disant : « Nous avons supporté le lait des chameaux et
le pain d’orge pendant que vous nous niez nos allocations fixes et
ils demandèrent la paix mais Arghoush et Qayssar ne répondirent pas
à leur offre.
Beaucoup d’Arabes s’étaient joints au Banou Khafajah et ils
établirent leurs lignes et livrèrent bataille. Pour les couper de
leurs arrières, les Arabes envoyèrent un détachement dans le camp et
la caravane de bagages des troupes et après une charge formidable
les troupes furent mises en déroute et beaucoup d’entre eux furent
tué dont l’émir Qayssar. Plusieurs autres furent faits prisonniers
et l’émir du Pèlerinage fut sévèrement blessé. Il entra dans Rahbah
dont l’émir le protégea, lui fournit une escorte et l’envoya à
Baghdad quant à ceux qui échappèrent aux Banou Khafajah, ils
moururent de soif dans le désert.
Les
femmes esclaves des tribus arabes sortirent avec de l’eau et
abreuvèrent les blessés. Et tous les soldats qui en demandèrent en
reçurent mais il y eut plus de pleurs et de gémissements sur les
morts à Baghdad. Le vizir ‘Awn ad-Din Ibn Houbayrah et ses troupes
s’équipèrent et partirent à la recherche des Banou Khafajah mais ces
derniers entrèrent dans le désert et émergèrent à Basra. Après leur
entrée dans le désert, le vizir revint à Baghdad. Les Banou Khafajah
envoyèrent leurs excuses comme suit : « Nous avons été maltraités.
Nous avons abandonné nos terres mais ils nous ont poursuivis et nous
avons été forcés de lutter. » Ils demandèrent le pardon qui leur fut
accordé.
Comment le roi des Géorgiens conquit la ville d’Ani
Au
mois de Sha’ban de cette année, les Géorgiens se rassemblèrent avec
leur roi et marchèrent sur la ville d’Ani dans Arran, qu’ils
conquirent en tuant une grande multitude. Shah Arman Ibn Ibrahim Ibn
Souqman, le seigneur de Khilat décida de s’opposer à eux et
rassembla ses troupes. Une grande foule de Moujahidine volontaires
affluèrent et se joignirent à lui. Ils se mirent en route et après
s’être affrontés dans la bataille, les Musulmans furent vaincus et
la plupart d’entre eux furent tué et prit prisonniers. Shah Arman se
retira vaincu et de son armée in initiale pas plus de quatre cents
cavaliers revinrent avec lui.
Comment ‘Issa devint le souverain de La Mecque (puisse Allah
Tout Puissant la protéger)
Cette
année, l’émir de La
Mecque fut Qassim Ibn Foulaytah Ibn Qassim Ibn Abi Hashim al-‘Alawi
al-Houssayni. Quand il entendu dire que les pèlerins étaient arrivés
près de La Mecque, il extorqua de l’argent des personnes dévotes et
aux notables locaux et prit une grande partie de leur richesse avant
de s’enfuir de La Mecque par peur de l’émir du Pèlerinage Arghoush.
Cette
année, le commandant de l’armée de Mossoul, Zayn ad-Din ‘Ali Ibn
Baktakin partit en pèlerinage, accompagné par un détachement
considérable de troupes. Quand l’émir du Pèlerinage arriva à La
Mecque, il installa à la place de Qassim Ibn Foulaytah son oncle
‘Issa Ibn Qassim Ibn Abi Hashim qui resta dans sa fonction jusqu’au
mois de Ramadan. Alors Qassim Ibn Foulaytah rassembla un grand
contingent d’Arabes qu’il enjoliva avec un peu d’argent qu’il avait
à La Mecque. Ils le suivirent et il se mit en route avec eux pour La
Mecque. Quand son oncle ‘Issa fut informé, il abandonna la ville.
Qassim rentra dans la ville où il resta comme émir pendant plusieurs
jours mais il n’avait pas d’argent à remettre aux Arabes. Il tua
alors un de ses officiers, un homme d’excellente conduite et
l’attitude de ses hommes envers lui changèrent et ils se mirent en
contact avec ‘Issa, qui les rejoignit. Qassim s’enfuit et gravit le
Mont Abou Qoubays où il tomba de son cheval et fut saisi et tué par
les hommes de ‘Issa. ‘Issa fut consterné par son meurtre, prit son
corps, le lava et l’enterra dans al-Mou’allah par son père Foulaytah
et le pouvoir de ‘Issa devint fermement établi. Et Allah est Plus
Savant.
Durant
le mois de Mouharram cette année, un large rassemblement de
Turcomans de Fars arriva à Nishapour avec un grand nombre de moutons
pour le commerce. Ils les vendirent, reçurent leur argent,
quittèrent la ville et campèrent à deux étapes de de Tabas Kilaki.
Quand ils s’endormirent, les ismaéliens fondirent sur eux dans une
attaque surprise de nuit et les passèrent par l’épée. Ils tuèrent la
plupart d’entre eux et seul un fugitif s’enfuit. Les ismaéliens,
qu’Allah les maudisse, saisirent comme butin tout l’argent et les
affaires qui étaient avec eux et se retirèrent dans leurs forts.
Il y
eut cette année, Dans la plupart des terres, une chute abondante de
pluie surtout dans Khorasan ou les pluies tombèrent sans
interruption du 20 Mouharram jusqu’au milieu du mois de Safar et
durant cette période les gens n’eurent pas de soleil.
De
même cette année, une lutte opposa les Géorgiens et le prince
Saltouq Ibn ‘Ali le seigneur d’Erzeroum au cours de laquelle ses
troupes furent vaincues et où il fut fait prisonnier. Sa sœur Shah
Banwar qui s’était marié avec Shah Arman Souqman Ibn Ibrahim Ibn
Souqman, le seigneur de Khilat envoya un présent de grande valeur au
roi des Géorgiens et lui demanda de le prendre comme une rançon pour
son frère. Il le libéra et il reprit sa fonction de gouverneur.
Cette
année aussi, le souverain croisé de Sidon rechercha Nour ad-Din
Mahmoud le souverain de la Syrie pour demander sa protection. Il lui
donna des garanties et envoya aussi une force avec lui pour le
protéger des croisés. Cependant une embuscade de croisé les
submergea sur leur voie et tuèrent un certain nombre de Musulmans
tandis que les survivants s’enfuirent.
Pointe de lance
Du siège de Harim par Nour ad-Din
En
l’an 557 de l’Hégire (1161), Nour ad-Din Mahmoud Ibn Zanki Ibn
Aqsounqour le seigneur de la Syrie réunit ses troupes à Alep et
marcha sur la forteresse de Harim, à l’ouest d’Alep, qui était tenue
par les croisés. Il l’assiégea et l’attaqua énergiquement mais elle
tint ferme devant lui à cause de ses puissantes fortifications et le
grand nombre des chevaliers croisés et de braves guerriers.
Quand
les croisés furent informés, ils rassemblèrent leur cavalerie et
leurs fantassins de toutes leurs terres, joignirent leur force,
firent leurs préparations et marchèrent ensuite pour le forcer à
lever le siège. Quand ils s’approchèrent, il se rangea pour une
bataille rangée mais ils ne se conformèrent pas à son désir. Ils
échangèrent des messages avec lui et poursuivirent une politique
prudente d’inaction. Quand il vit qu’il était incapable de prendre
la forteresse et qu’ils refusaient la bataille, il revint sur ses
terres.
Un
d’entre ceux qui l’accompagnèrent lors de ce raid fut al-Mouayyad
ad-Dawlah Oussama Ibn Mourshid Ibn Mounqid al-Kinani, qui était le
summum de la bravoure. Après son retour à Alep, il entra dans la
mosquée à Shayzar, ou il
était entré l’année précédente en route pour le Pèlerinage. Quand il
entra à cette occasion, il était écrit sur le mur :
« À
Toi les Louanges, mon Seigneur ; combien de grâce et de faveur je Te
dois que ma gratitude ne peut pas comprendre !
Je
suis venu dans cette mosquée cette année lors de mon retour,
De
campagne, partageant abondamment dans sa récompense.
J’ai
monté mes chameaux ici l’année précédente.
À la
Maison d’Allah, le coin et la Pierre Noire,
J’ai
réalisé mon devoir religieux et j’ai déchargé de mon dos
La
charge de mes péchés juvéniles que je portais. »
Du conflit entre les Musulmans et les Géorgiens
Au
mois de Sha’ban de cette année, les Géorgiens se rassemblèrent au
nombre de 30 000 guerriers et entrèrent dans le territoire islamique
avec pour but la ville de Dvin en Azerbaïdjan qu’ils prirent et
dévastèrent. Ils tuèrent environ 10 000 habitants y compris les
paysans voisins. Ils prirent beaucoup de captifs et réduisirent les
femmes en esclavages qu’ils dénudèrent et emmenèrent nues et nu
pieds. Ils brulèrent la mosquée principale et les mosquées
régionales.
Quand
ils revinrent chez eux, les femmes géorgiennes condamnèrent ce qui
avait été fait aux femmes musulmanes, en disant : « Vous avez obligé
les Musulmans à nous traiter de la même façon que vous avez traité
leurs femmes » et ils donnèrent des vêtements aux femmes.
Quand
les nouvelles de cela atteignirent Shams ad-Din Ildikiz, le seigneur
d’Azerbaïdjan, des Terres Hautes et d’Ispahan, il leva ses troupes
et fut rejoint par Shah Arman Ibn Souqman al-Qoutbi, le seigneur de
Khilat et Ibn Aqsounqour, le seigneur de Maraghah et d’autres
endroits. Ils rassemblèrent une grande force de plus de 50 000
combattants et marchèrent sur le territoire géorgien au mois de
Safar de l’année 558 de l’Hégire (1162) qu’ils pillèrent,
asservirent les femmes et les enfants et firent des prisonniers.
Les
Géorgiens les affrontèrent et le combat entre eux fut très féroce
dans lequel les deux côtés tinrent fermes. Les hostilités entre eux
durèrent plus d’un mois et finalement la victoire alla chez les
Musulmans et les Géorgiens furent vaincus et beaucoup d’entre eux
furent tués ou capturés.
La
raison de leur défaite est due au fait qu’un des Géorgiens se rendit
chez Ildikiz et accepta l’Islam de ses mains et lui dit : « Me
donneras-tu une force que je mènerais par une route que je connais
pour tomber sur l’arrière des Géorgiens sans qu’ils le sachent ? »
Il lui fit confiance et envoya avec lui une force après s’être mis
d’accord pour le jour de l’attaque. Quand ce jour-là arriva, les
Musulmans engagèrent les Géorgiens et pendant qu’ils luttaient, le
converti géorgien arriva avec sa force. Ils crièrent « Allahou
Akbar » et chargèrent l’arrière des Géorgiens qui s’enfuirent après
qu’un grand nombre des leurs furent tués ou capturés. Les Musulmans
prirent comme butin leurs bagages qui étaient trop riche pour être
compté. Ils avaient été convaincus que leur nombre leur donnerait la
victoire mais Allah Exalté réduisit leur espoir à néant. Les
Musulmans les poursuivirent durant trois jours consécutifs en tuant
et en prenant des captifs avant de revenir victorieux et
triomphants.
Cette
année, les pèlerins arrivèrent à Mina mais la plupart des personnes
furent incapables de réaliser leur pèlerinage parce que l’on les
empêcha d’entrer dans La Mecque et procéder à la circumambulation et
le Sa’i (parcours entre as-Safah et al-Marwah). Les gens qui
entrèrent dans La Mecque le Jour de Sacrifice et exécutèrent la
circumambulation et le Sa’i furent capables d’accomplir la totalité
de leur pèlerinage mais ceux qui s’attardèrent au-delà de ce jour
furent empêchés d’entrer dans La Mecque à cause d’une dispute qui
survint entre l’émir du Pèlerinage et l’émir de La Mecque.
La
raison est qu’un groupe de serviteurs de La Mecque causa des
problèmes aux pèlerins à Mina. Un des émirs du Pèlerinage appela ses
camarades à l’aide et ils tuèrent certains d’entre eux. Les
survivants revinrent à La Mecque, se regroupèrent entre eux et
attaquèrent les chameaux des pèlerins, en prenant presque mille
d’entre eux. L’émir du Pèlerinage appela toutes ses troupes et ils
enfourchèrent leurs montures complètement armés. Une bataille
s’ensuivit dans laquelle plusieurs furent tués et un certain nombre
de pèlerins et de gens de La Mecque furent volés. L’émir du
Pèlerinage se retira sans entrer dans La Mecque et resta à az-Zahir
pas plus d’une journée. Beaucoup de personnes revinrent à pied à
cause du manque de chameaux et rencontrèrent des difficultés.
Parmi
ceux qui firent le pèlerinage cette année se trouvait notre
grand-mère, la mère de notre père. Elle manqua la circumambulation
et le Sa’i. Il fut demandé au Sheikh Abou al-Qassim Ibn al-Bazri de
lui donner une décision juridique (fatwa) et il dit : « Elle peut
continuer dans l’état de sacralisation ou si elle veut, elle peut
faire une expiation et se mettre hors sacralisation à plus tard
jusqu’à l’année prochaine. En revenant à La Mecque, elle peut
exécuter la circumambulation et le Sa’i et compléter son premier
pèlerinage. Ensuite, elle pourra reprendre son sacralisation une
deuxième fois, revenir à ‘Arafat pour y faire la station, Rami
al-Jamarat, la circumambulation et le Sa’i et obtenir ainsi un
second pèlerinage. » Elle poursuivit en état de sacralisation
jusqu’à l’année suivante ou elle retourna au pèlerinage et fit comme
il avait dit et accomplit ainsi son premier et deuxième pèlerinage.
Cette
année, de gros grêlons tombèrent dans le Khorasan durant les
derniers jours de Nisan et particulièrement à Jouwayn, Nishapour et
les régions adjacentes. Ils détruisirent les récoltes et furent
suivit une lourde pluie qui dura dix jours.
Au
mois de Joumadah Thani de cette même année,
un incendie éclata à Baghdad qui brûla le marché des oiseaux,
les maisons près de lui et à l’opposé, le nouveau marché de cuivre,
le caravansérail, les magasins de grains et d’autres.
Cette
année aussi mourut al-Kiyah as-Sabbahi, le seigneur d’Alamout et le
chef des hashashiyine. Son fils lui succéda dans la place et se
repentit publiquement. Lui et ses disciples restituèrent les prières
et le jeune du mois de Ramadan. Ils envoyèrent un messager à Qazwin
et lui demandèrent des gens qui pourraient les guider dans la prière
et leur enseigner les prescriptions de l’Islam et il envoya dûment
ceux-ci.
Récit de la défaite de Nour ad-Din Mahmoud face aux croisés
En
l’an 558 de l’Hégire (1162), Nour ad-Din Mahmoud Ibn Zanki fut
vaincu par les croisés sous le Hisn (fort) al-Akrad lors de la
bataille d’ al-Bouqay’ah.
Cela
arriva quand Nour ad-Din
rassembla ses troupes et entra dans le territoire des croisés et
campa à al-Bouqay’ah au pied de Hisn al-Akrad pour l’assiéger avec
l’intention d’attaquer et d’assiéger Tripoli. Un jour, à la
mi-journée alors que les troupes étaient dans leurs tentes, ils
furent surpris par l’apparition des croix des croisés derrière la
colline sur laquelle était bâti Hisn al-Akrad. Les croisés s’étaient
rassemblés et décidés d’une attaque surprise de jour sur les
Musulmans qui se croyaient sûrs et à l’abri. Les croisés se
déplacèrent immédiatement sans retard, rassemblèrent leurs troupes
et entreprirent une marche forcée. Avant que les Musulmans ne soient
conscients de leur mouvement, ils étaient déjà près d’eux. Ils
essayèrent de les arrêter mais ils en furent incapables. Ils
envoyèrent un messager à Nour ad-Din pour l’informer de la situation
mais les croisés les submergèrent avec leur charge et les Musulmans
ne purent tenir leur position. Ils se retirèrent donc en cherchant
le camp musulman avec les croisés à leur trousse et arrivèrent ainsi
ensemble dans le camp de Nour ad-Din. Les musulmans furent
incapables de monter leurs chevaux et de prendre leurs armes avant
que les croisés ne soient sur eux, en tuant et en capturant un grand
nombre d’entre eux.
L’homme le plus féroce contre les Musulmans était le duc byzantin
qui avait quitté son propre pays pour venir au Levant avec un grand
corps de Grecs qui luttèrent pour le mérite religieux comme ils le
prétendirent. Ils n’épargnèrent personne et se lancèrent sur la
tente de Nour ad-Din mais il était déjà monté sur son cheval et
s’était enfui cependant, à cause de sa hâte, il monta son cheval
alors que sa patte était encore entravée. Un Kurde démonta et
trancha la corde au prix de sa propre vie pour que Nour ad-Din
puisse s’enfuir. Nour ad-Din fut généreux envers ses héritiers et
leur assigna des fiefs.
Nour
ad-Din s’arrêta au Lac de Qadas près de Homs à 22 kilomètres du site
de bataille ou il fut rejoint par les soldats survivants dont l’un
d’entre eux lui dit :
- « Il
n’est pas prudent pour toi de rester ici. L’ardeur des croisés peut
les encourager à venir contre nous et nous serons capturés dans cet
état. » Nour ad-Din le réprimanda et lui demanda de garder le
silence. - « Si j’avais mille chevaux avec moi, » dit-il, « Je leur
ferais face sans m’inquiéter d’eux. Par Allah, je ne me mettrai à
l’abri sous aucun toit jusqu’à ce que je me sois vengé et l’Islam. »
Il
envoya alors des messagers à Alep et à Damas et demandant de
l’argent, des vêtements, des tentes, des armes et des chevaux. Il
remplaça tous ce que ses soldats avaient perdus sur la base de leur
parole et l’armée fut restituée comme si elle n’avait pas subi de
défaite et le fief de chaque homme tué fut donné à ses enfants.
Quant
aux croisés, qu’Allah les maudisse, après cette défaite qu’ils
infligèrent ils eurent l’intention d’attaquer Homs parce que c’était
le territoire le plus proche d’eux. Cependant, quand ils entendu
dire que Nour ad-Din s’était posté entre eux et leur projet, ils
dirent : « Il ne l’aurait pas fait sans avoir la force pour
s’opposer à nous. »
Quand
les hommes de Nour ad-Din virent la grande quantité de sa dépense,
l’un d’entre eux vint et lui dit :
-
« Dans tes terres tu as beaucoup de pensions et des aumônes payées
aux juristes, aux mendiants, aux dévots, aux soufis, aux lecteurs de
Qur’an et d’autres de ce genre. Si tu avais utilisé ces fonds à ce
moment particulier, cela serait plus utile. » Cela le rendit furieux
et il répondit :
-
« Par Allah, mon seul espoir pour la victoire est à travers ces
hommes. « C’est seulement par
vos faibles que vous êtes soutenus et obtenez la victoire[1]. »
Comment puis-je je couper les subventions d’hommes qui luttent pour
moi avec des flèches qui ne manquent pas leurs cibles quand je dors
sur mon lit et les distribuer à ceux qui luttent pour moi seulement
quand ils peuvent me voir, avec des flèches qui peuvent toucher ou
manquer ! Ces gens ont une part dans le porte-monnaie publique ;
comment puis-je donc juridiquement le donner à d’autres ? »
Les
croisés communiquèrent alors avec Nour ad-Din et lui demandèrent une
trêve qu’il refusa. Ils laissèrent une force pour protéger Hisn
al-Akrad et revinrent sur leurs terres.
Cette
année un feu éclata à Baghdad de l’entrée de la rue Farashah et se
propagea des deux côtés et aussi loin que le Quai des Teinturiers.
Compte-rendu de l’expédition de Shirkouh et des troupes de
Nour ad-Din en Egypte et de leur retour
Au
mois de Joumadah Awwal de l’année 559 de l’Hégire (1163), Nour
ad-Din Mahmoud Ibn Zanki envoya une grande armée en Egypte et en
donna le commandement à l’émir Assad ad-Din Shirkouh Ibn Shadi, son
commandant militaire et l’émir le plus fameux et le plus brave de
son état.
Nous
rapporterons sous l’année 564 de l’Hégire (1168) la cause de son
lien avec Nour ad-Din et son statut élevé à son service, si Allah
Exalté le veut.
La
raison de l’envoi de cette armée est que Shawar, le vizir d’al-‘Adid
Li-Dinillah, le souverain ‘oubaydi (ismaélien) d’Egypte, avaient été
vaincu lors d’une dispute avec Dirgham pour le vizirat et s’était
enfui en Syrie ou il se réfugia chez Nour ad-Din et lui demanda sa
protection. Nour ad-Din le reçut généreusement, fut doux avec lui et
généreux.
Il
arriva au mois de Rabi’ Awwal de cette année et il demanda que l’on
envoie des troupes avec lui en Egypte pour le restituer à son poste.
Nour ad-Din recevrait un tiers des revenus de l’Egypte après que le
salaire des troupes ait été payé. Shirkouh resterait avec ses
troupes en Egypte et Shawar lui-même agirait sur les ordres et la
volonté de Nour ad-Din qui ne cessa de mesurer le pour et le contre
faisant tantôt un pas en avant et tantôt un pas en arrière. A
certain moment, il était persuadé par considération pour Shawar qui
avait cherché son aide et par le désir d’augmenter son dominion et
gagner de la force contre les croisés et à d’autre moment, il était
retenu par les dangers de la route du fait que les croisés étaient
en travers et la peur que Shawar, s’il était rétabli dans le
pouvoir, ne réaliserait peut-être pas ses promesses.
Finalement, il prit la ferme décision d’envoyer des troupes, leur
ordonna de s’équiper et de leur fournir tout ce dont ils auraient
besoin. Assad ad-Din était très impatient et il avait un tel courage
et une telle détermination qu’il n’était inquiété par rien.
Lorsque les préparatifs furent achevés, ils se mirent tous en route
avec la compagnie de Shawar au mois de Joumadah Awwal de l’année 559
de l’Hégire (1164). Nour ad-Din donna l’ordre à Shirkouh de
restituer Shawar à son poste et de le venger contre tous ses rivaux.
Nour
ad-Din marcha avec ses troupes à la frontière de territoire croisé
près de Damas pour empêcher les croisés d’intercepter Assad ad-Din
et ses hommes. Le mieux que les croisés, qu’Allah les maudisse,
pouvaient faire était de garder leurs terres contre Nour ad-Din.
Assad ad-Din et ses troupes arrivèrent à Bilbays où Nassir ad-Din,
le frère de Dirgham, sortit à leur rencontre avec l’armée égyptienne
mais il fut vaincu et revint dérouté au Caire.
Assad
ad-Din arriva et campa au Caire dans les derniers jours de Joumadah
Thani.
Dirgham sortit du Caire le dernier jour du mois et il fut tué près
du sanctuaire de Sayyidah Nafissah. Son corps fut laissé durant deux
jours avant d’être ensuite enlevé et enterré à al-Qarafa. Son frère
Faris al-Mouslimin fut aussi tué. Shawar reçut la robe d’office le
premier du mois de Rajab et restitué au vizirat dont il prit le
ferme contrôle.
Assad
ad-Din resta à l’extérieur du Caire mais Shawar agit traîtreusement
envers lui. Il renia ses engagements avec Nour ad-Din et aussi avec
Assad ad-Din à propos des terres d’Egypte. Shawar envoya un message
à ce dernier lui ordonnant de revenir en Syrie. Il répondit avec un
refus et demanda ce qui avait été conclu entre eux. Quand Assad
ad-Din vit que Shawar ne se conformait pas à ses promesses, il
envoya un messager à ses lieutenants pour prendre la ville de
Bilbays et imposa son autorité sur les provinces de l’est. Shawar
demanda alors de l’aide aux croisés et leur soutien en les mettant
en garde contre l’éventuelle conquête de l’Egypte par Nour ad-Din.
Les croisés étaient déjà convaincus qu’ils étaient perdus s’ils n’en
prenaient pas le contrôle.
Quand
Shawar leur envoya la demande d’aide pour évincer Assad ad-Din du
pays, ils furent saisit d’une immense une joie et d’un espoir sur
lequel ils n’avaient pas escompté et c’est pourquoi, ils
s’empressèrent de répondre à sa demande d’aide. Ils eurent enfin
l’espoir de prendre l’Egypte d’autant plus que Shawar leur avait
déjà offert de l’argent pour l’expédition. Ils firent donc leurs
préparatifs et se mirent en route.
Quand
Nour ad-Din entendit ces nouvelles, il se déplaça avec ses troupes à
la frontière des croisés pour les empêcher de partir mais cela ne
les dissuada pas parce qu’ils savaient que le danger de rester était
plus grand si Assad ad-Din prenait l’Egypte. Ils laissèrent des
hommes derrière eux pour garder leur territoire et le roi de
Jérusalem disposa pour l’Egypte avec le reste de l’armée.
Un
grand corps de croisés était venu en bateau pour faire le pèlerinage
à Jérusalem et ceux du Levant leur demandèrent leur aide ce qu’ils
acceptèrent. Certains d’entre eux les joignirent dans l’expédition
et d’autres restèrent pour protéger leurs terres.
Quand
les croisés s’approchèrent du Caire, Assad ad-Din quitta la ville et
partit pour Bilbays où lui et ses troupes restèrent et
s’appliquèrent à en faire une place forte pour lui et ses troupes.
Les forces égyptiennes et des croisés combinées assiégèrent Assad
ad-Din Shirkouh dans Bilbays et le bloquèrent durant trois mois mais
il tint bon en dépit du fait que le mur était très bas, qu’il n’y
avait pas de douve, ni de fossé et de fortifications pour le
protéger. Il les engagea matin et soir les ennemis d’Allah
n’accomplirent rien ni même ne gagnèrent un quelconque avantage.
Dans
cette situation, ces derniers furent informés de la défaite des
leurs à Harim, que Nour ad-Din avait pris l’endroit et marché sur
Banyas, ce que nous rapporterons si Allah Tout Puissant le veut.
Alors ils devinrent abattus et voulurent retourner garder leurs
terres. Ils firent des ouvertures de paix à Assad ad-Din en lui
proposant de quitter l’Egypte, de revenir en Syrie et de remettre
aux Egyptiens ce qu’il retenait. Il fut d’accord avec cela parce
qu’il ignorait ce que Nour ad-Din avait fait au croisés en Syrie et
parce que ses provisions et ses réserves étaient basses. Il quitta
donc Bilbays au mois de
Dzoul Hijjah de cette même année.
Quelqu’un qui vit Assad ad-Din quand il quitta Bilbays me raconta la
chose suivante :
« Il
envoya ses hommes en avant et resta parmi les derniers, avec une
hache en fer dans sa main pour protéger leur arrière-garde tandis
que les Egyptiens et les croisés le regardaient. Un croisé
d’outre-mer vint prêt de lui et dit :
- « Tu
n’as pas peur que ces Egyptiens et ces croisés puissent agir
traîtreusement puisqu’ils vous encerclent toi et tes hommes et
qu’aucun de vous ne survivra ? » Shirkouh répondit :
- « Je
veux qu’ils fassent ainsi pour que tu puisses voir ce que je ferais.
Par Allah, je brandirais mon sabre et pas un de nos hommes ne sera
tué avant que j’ai tué plusieurs d’entre vous. Alors al-Malik al
‘Adil Nour ad-Din les attaquera, les affaiblira et leurs champions
seront éliminés. Nous prendrons leurs terres et tous les survivants
périront. Par Allah, si mes hommes m’avaient obéi, je vous aurais
chargé dès le premier jour, mais ils ont refusé. » Le croisé fit le
signe de la croix et dit :
- « Nous avions l’habitude de
nous émerveiller des croisés de ces terres qui exagérèrent votre
description et leur peur de vous. Maintenant nous les excusons ! »
Puis il se retira alors. »
Shirkouh procéda en Syrie et arriva en toute tranquillité. Les
croisés avait posté un escadron dans un laisser-passer étroit sur sa
route pour le capturer ou gagner un peu de succès contre lui, mais
il en fut informé et prit une autre route.
La défaite des croisés et la chute de Harim
Au
mois de Ramadan, Nour ad-Din Mahmoud Ibn Zanki conquit le fort de
Harim des croisés.
Quand
Nour ad-Din revint vaincu de la bataille d’al-Bouqay’ah près de Hisn
al-Akrad, comme nous l’avons déjà rapporté, il distribua de
l’argent, des armes et d’autre équipement, comme cela a aussi été
mentionné et l’armée fut restituée comme si elle n’avait subie
aucune défaite. Ils commencèrent alors à faire des préparations pour
le Jihad et pour se venger.
Pendant ce temps les croisés et leur roi arrivèrent au Caire et Nour
ad-Din voulu attaquer leur terre pour qu’ils se retirent d’Egypte.
Il envoya donc un messager à son frère Qoutb ad-Din Mawdoud le
seigneur de Mossoul et de Diyar Bakr, à Fakhr ad-Din Qara Arsalan le
seigneur de Hisn Kayfa, à Najm ad-Din Albi le seigneur de Mardin et
d’autres souverains des provinces demandant de l’aide militaire.
Qoutb ad-Din réunit son armée et se mit en route en toute hâte avec
Zayn ad-Din ‘Ali, son commandant en chef.
Il fut
demandé à Fakhr ad-Din, le seigneur de Hisn Kayfa, comme je l’ai
entendu dire, par ses amis inséparables et son cercle proche : « Que
action propose-tu ? » et il leur dit : « Rester où je suis. Nour
ad-Din s’est épuisé avec beaucoup de jeûne et de prières et aussi en
se lançant avec ses gens dans les dangers. » Ils l’approuvèrent
tous.
Le
jour suivant, cependant, il ordonna la mobilisation pour la
campagne. Ses hommes lui demandèrent alors : « Qu’est-ce qui t’a
fait changer d’idée ? Hier nous t’avons quitté dans un certain
esprit et aujourd’hui nous voyons l’opposé. » Il répondit : « Nour
ad-Din a pris une certaine ligne de conduite avec moi ; si je ne
l’aide pas, mes sujets vont se rebeller contre moi et prendre mes
terres car il a écrit aux ascètes locaux, aux hommes dévots et à
ceux qui ont renoncé à ce monde, en leur racontant ce que les
Musulmans ont rencontrés des croisés, le meurtre et la captivité
qu’ils subirent et leur demandent le support de leurs prières et
d’urger les Musulmans à prendre les armes. Chacun de ces hommes à
son endroit public, avec ses partisans et disciples et lit les
lettres de Nour ad-Din à haute voix, en pleurant et en lançant des
imprécations et des malédictions contre moi. Je dois aller chez
lui. » Donc il fit ses préparations et se mis en route personne. Et
Najm ad-Din envoya aussi des troupes.
Quand
les forces furent rassemblées, Nour ad-Din marché sur Harim, qu’il
assiégea en déployant ses trébuchets et exécutant une série
d’assauts. Les croisés, qu’Allah les maudisse, qui restaient sur la
côte se réunirent et marchèrent avec leur force armée, leurs princes
et chevaliers, leurs prêtres et leurs moines. Ils avancèrent contre
lui en se hâtant, venant de toutes les directions, commandés par
Bohémond le seigneur d’Antioche, le seigneur de Tripoli et ses
districts, le fils de Josselin un des célèbres champions des croisés
et le duc, un grand commandant byzantin. Ils rassemblèrent leurs
cavaleries et leurs fantassins et à leur approche, Nour ad-Din se
déplaça de Harim à Artah pour les encourager à le suivre et les
avoir ainsi dans son pouvoir parce qu’ils seraient bien loin de leur
territoire, s’ils l’affrontaient dans la bataille. Ils le suivirent
donc et campèrent à Ghamr ou ils se rendirent alors compte qu’ils
étaient trop faibles pour l’affronter si bien qu’ils se retirèrent à
Harim. Quand ils retirèrent, Nour ad-Din les suivit avec ses héros
musulmans prêts pour la bataille.
Quand
les deux côtés s’approchèrent, ils établirent leurs lignes de
bataille. Les croisés commencèrent par une charge contre l’aile
droite musulmane où étaient le contingent Alep et le seigneur de
Hisn Kayfa. Les Musulmans s’enfuirent alors et furent poursuivis par
les croisés. On a dit que cette fuite sur la droite fut
un plan concordé qu’ils avaient conçu, à savoir que les
croisés les suivraient et se détacheraient ainsi de leur infanterie
pour que les Musulmans restants puissent se tourner vers
l’infanterie et l’éliminer. Quand leurs chevaliers reviendraient,
ils ne trouveraient aucune infanterie pour se protéger et sans
soutien sur qui compter. Ceux qui avaient fui reviendraient alors
sur leurs talons et les Musulmans les submergeraient de tous les
côtés et il advint exactement ce qu’ils avaient planifié.
Quand
les croisés poursuivirent ceux qui s’étaient enfuis, Zayn ad-Din
‘Ali avec le contingent de Mossoul chargea l’infanterie croisé et
les annihila en les tuant ou en les prenant prisonniers. Leur
cavalerie revint après s’être assuré de leur poursuite et de peur
pour leur infanterie tandis que les Musulmans qui avaient fui
revinrent sur leurs talons. Quand les croisés virent ce qui étaient
arrivé et leurs fantassins tués ou prisonniers. Leur moral
s’effondra et ils virent qu’ils étaient perdus, abandonné au milieu
et encerclé de tous les côtés par les Musulmans. La bataille
s’intensifia et devint un engagement féroce. Beaucoup de croisés
furent tués et leur défaite fut totale. Les Musulmans stoppèrent la
tuerie et se concentrèrent à prendre des prisonniers qui furent pris
au-delà du compte et parmi les captifs se trouvaient le seigneur
d’Antioche, le seigneur de Tripoli, le démon parmi les croisés et le
plus extrêmement hostile aux musulmans, le duc le commandant
byzantin et le fils de Josselin. Plus de 10 000 d’entre eux furent
tués.
Les
Musulmans conseillèrent à Nour ad-Din de procéder à Antioche et de
prendre la ville parce qu’elle était dépourvu des défenseurs et de
combattants pour la tenir, mais il ne fit pas ainsi et dit : « La
ville est une affaire facile mais la citadelle est puissante. Il se
peut qu’ils l’abandonnent à l’empereur byzantin parce que le
souverain est son neveu. Entre avoir Bohémond comme voisin, je
trouve préférable d’être un voisin du souverain de Constantinople. »
Il envoya alors des escadrons dans ces régions qu’ils pillèrent,
saisirent et tuèrent les habitants. Plus tard, il rançonna Bohémond
contre une grande somme d’argent et la libération d’un grand nombre
de captifs musulmans.
Comment Nour ad-Din prit aussi la citadelle de Banyas
Au
mois de Dzoul Hijjah de cette année, Nour ad-Din conquit Banyas près
de Damas et qui était dans les mains des croisés depuis l’année 543
de l’Hégire (1148). Quand il conquit Harim, il permit aux troupes de
Mossoul et de Diyar Bakr de revenir chez eux tandis qu’il fit
semblant de se diriger vers Tibériade. Le reste des croisés firent
de la défense et de la fortification leur objectif principal mais il
procéda rapidement vers
Banyas parce qu’il savait combien la garnison chargée de la défense
était peu nombreuse. Il l’assiégea donc attentivement et procéda à
un certain nombre d’assauts. Parmi ses troupes se trouvait son
frère, Nousrat ad-Din Amir Amiran, qui fut touché par une flèche et
perdit un de ses yeux. Quand Nour ad-Din le vit, il lui dit : « Si
la récompense qui t’a été préparée t’était révélée, tu souhaiterais
perdre l’autre. » Il renforca durement le siège et entendant les
nouvelles, les croisés réunirent leurs forces mais avant qu’ils ne
soient complètement rassemblés, la place était tombé puisque les
croisés avaient été affaiblis par la perte et la capture de leurs
hommes à Harim.
Nour
ad-Din prit la citadelle, l’a remplie de provisions, d’équipement et
d’hommes puis il prit des dispositions pour partager les revenus du
district de Tibériade avec les croisés qui s’engagèrent à lui payer
de l’argent annuellement pour les districts dont il n’avait pas un
tel arrangement avec eux.
Les
nouvelles de la perte de Harim et du siège de Banyas atteignirent
les croisés en Egypte qui firent des termes avec Shirkouh et
revinrent pour atteindre Banyas à temps mais ils arrivèrent
seulement après sa chute. Quand Nour ad-Din se mit en route pour
revenir à Damas, il portait une bague avec un rubis, une des plus
belles pierres précieuse que l’on appelait la Montagne, à cause de
sa taille et sa beauté mais elle glissa de sa main dans les
broussailles de Banyas où il y avait beaucoup d’arbres avec de
nombreuses branches entrelacées en couche épaisse. Quand il fut à un
certain endroit du lieu où il l’avait perdu, il réalisa sa perte et
envoya certains de ses hommes pour la chercher en leur décrivant
l’endroit où il était quand il l’a vit sur lui pour la dernière
fois. Il leur dit : « Je crois que c’est là où elle est tombé. » Ils
retournèrent donc et l’ont trouvé.
De la mort de Jamal ad-Din le vizir et un petit résumé de sa
carrière
Le
vizir de Qoutb ad-Din le seigneur de Mossoul, Jamal ad-Din Abou
Ja’far Muhammad Ibn ‘Ali Ibn Abi Mansour al-Isfahani, mourut cette
année au mois de Sha’ban alors qu’il était en état d’arrestation. Il
avait été arrêté en l’an 558 de l’Hégire (1162) et resta emprisonné
durant environ une année.
Il m’a
été rapporté la chose suivante par un soufi appelé Abou al-Qassim
qui était son domestique particulier dans la prison : « Pendant son
emprisonnement, il continua à s’inquiété de son futur et il avait
l’habitude de dire : « Je crains que je ne sois porté de mon siège
d’office au tombeau. »
Quand
il tomba malade, il me dit un jour : « Abou al-Qassim,
si un oiseau blanc vient, fait le moi savoir. » Je me suis alors dis
qu’il était dérangé d’esprit. » Le jour suivant, il me questionna
beaucoup à ce sujet et subitement un oiseau blanc, dont je n’ai
jamais vu nul pareil descendit. Je lui dis : « L’oiseau est venu »
et il se félicita de la nouvelles, en disant : « La vérité est
venue. » Il ne cessa de faire la déclaration de foi et la Bismillah
jusqu’à ce qu’il rende l’âme. Quand il mourut, l’oiseau s’envola et
j’ai alors réalisé qu’il avait vu quelque chose à propos de sa
signification.
Il
(puisse Allah exalté lui faire miséricorde) fut enterré près de Fath
al-Karami ou il resta environ une année avant d’être ensuite
transféré à Médine, où il fut enterré près de la Mosquée du Prophète
(Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) dans un hospice qu’il avait
construit pour lui là.
Il dit
à Abou al-Qassim :
« Il y a entre moi et Assad ad-Din Shirkouh un contrat que le
premier d’entre nous qui décèdera sera emmené à Médine et enterré là
dans le tombeau qu’il a construit. Quand je serais mort, va chez lui
et rappelle le-lui. »
Après
sa mort, Abou al-Qassim
alla trouver Shirkouh pour cette affaire. Shirkouh lui dit :
« Combien veux-tu ? » à quoi il répondit : « Je ne veux que le prix
d’un chameau pour le transporter, un chameau pour porter moi et mes
provisions. » Shirkouh le réprimanda et lui dit : « Est-ce un homme
comme Jamal ad-Din doit être ainsi transporté à La Mecque ? » Et il
lui donna une belle somme d’argent pour prendre plusieurs personnes
qui pourraient exécuter le pèlerinage au nom d’ad-Din Jamal et
plusieurs autres qui pourrait réciter le Qur’an en avant de sa
civière quand il serait transporté ou déposé du chameau.
Quand
ils entraient dans une ville, les psalmodieurs y entraient pour
réciter des versets et on pria pour lui dans chaque endroit qu’ils
traversèrent. Il donna aussi de l’argent pour que des aumônes soient
offertes en son nom. On dit des prières sur lui dans Tikrit,
Baghdad, al-Hillah, Fayd, La Mecque et Médine. Dans chaque ville des
foules au-delà de tout nombre se réunirent pour l’honorer.
Nous
n’avons jamais vu pleurer autant que ce jour. Ils l’ont porté autour
de la Ka’bah et prièrent sur lui dans le Noble Sanctuaire. Son
tombeau est à environ sept mètres du tombeau du Prophète Muhammad
(Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui).
Quant
à sa manière de vie, il était (qu’Allah lui fasse miséricorde) le
plus généreux des hommes et le plus libéral avec sa richesse. Il
était compatissant envers les bons et les justes. Comme exemple de
ses travaux, il restaura la mosquée d’al-Khayf à Mina et y dépensa
des sommes énormes d’argent. Il construisit le clos à côté de la
Ka’bah, décora et rehaussa d’or la Ka’bah, qu’il revêtit de marbre.
Quand il planifia cela, il envoya un magnifique présent
à al-Mouqtafi Li-Amrillah et lui présenta sa requête. Il
envoya aussi un grand cadeau et des robes magnifiques d’honneur à
‘Issa, l’émir de La Mecque, dont un turban qui coûta 300 dinars qui
par conséquent, lui permit de le faire.
Il
construisit aussi la mosquée au sommet du Mont Arafat et les
escaliers qui y menaient car les gens avaient l’habitude d’éprouver
de grandes difficultés pour y grimper. Il bâtit aussi des citernes
d’eau et leur fit apporté de l’eau du Nou’man par des conduits
souterrains et beaucoup d’argent fut dépensé pour cela. On fit qu’il
y ait de l’eau courante dans les citernes chaque année durant les
jours d’Arafat. Il construisit aussi une enceinte autour de Médine,
la ville du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) et
autour de Fayd qu’il fit aussi fortifier.
À la
porte de sa résidence, il avait l’habitude de distribuer
quotidiennement au nécessiteux et aux pauvres cent dinars amiri sans
compter les pensions et les primes régulières pour les Imams, les
dévots et les membres des grandes maisons.
Parmi
ses remarquables projets d’architecture qui sont sans parallèle fut
le pont qu’il construisit sur le Tigre à al-Jazirat Ibn ‘Omar avec
des pierres dressées, du fer, de la chaux et des conduits cependant,
il décéda avant son achèvement. À proximité, il bâtit un autre pont
de la même manière sur le fleuve al-Aryar. Il construisit aussi des
hospices et il était sollicité de tous les habitants de la terre. Il
est suffisant qu’Ibn al-Khoujandi, le recteur des Shafi’i dans
Ispahan, le sollicita aussi bien qu’Ibn al-Kafi le Qadi de Hamadan a
qui, il remit une grande quantité d’argent. Ses aumônes et ses
bienfaits parvinrent jusqu’aux limites du Khorasan et du Yémen.
Chaque année, il avait l’habitude de dépenser 10 000 dinars sur les
rançons de prisonniers de la Syrie seule pour ne pas parler de ceux
des Géorgiens.
Mon
père m’a rapporté sur les choses suivantes :
J’avais fréquemment l’habitude de voir Jamal ad-Din quand la
nourriture lui était offerte en prendre un peu et aussi quelques
sucreries et le laissez dans du pain devant lui. Moi et d’autres
avions l’habitude de croire qu’il les ramenait à la mère de son
enfant ‘Ali.
Une
certaine année, il arriva à al- Jazirat Ibn ‘Omar avec Qoutb ad-Din
ou j’étais responsable du Diwan. Il amena sa concubine, sa mère
d’enfant dans ma maison pour utiliser la salle de bain. Elle resta
plusieurs jours dans ma maison. Quand j’étais avec lui dans son
camp, après qu’il eut mangé, il fit ce qu’il avait l’habitude de
faire. La compagnie se dispersa et je me suis levé pour partir mais
il dit : « Assieds-toi, » ce que je fis. Quand tous furent partis,
il me dit : « Je vais te préférer à moi aujourd’hui. Comme je campe
dans des tentes je ne peux pas faire ce que je fais d’habitude.
Prends ce pain et met le dans ta manche dans cette serviette. Oublie
la masse au-dessus de ta tête et rentre à la maison. Si sur ton
chemin tu vois un homme
pauvre qui te semble méritant, assieds-toi et nourrit le avec cette
nourriture, » ce que je fis. J’avais une grande compagnie avec moi
que je congédiais sur la route pour qu’ils ne me voient pas le faire
et on me laissa avec mes provisions personnelles. Dans un endroit,
je vis un homme aveugle avec ses enfants et sa femme. Ils étaient
dans un état pitoyable de pauvreté. J’ai démonté, produit la
nourriture et leur ait donné à pour manger. À l’homme j’ajoutai :
« Viens demain tôt à la maison d’untel et untel, nommant la mienne,
bien que je ne me sois pas identifié. « J’aurai une aumône pour vous
de Jamal ad-Din. » Dans la soirée, je me rendis dans la maison de ce dernier et quand il me
vit, il me demanda : « Qu’as-tu fait à propos de ce que je t’ai
mentionné ? » Je commençais à lui dire parler d’un sujet en rapport
avec leurs affaires d’état mais il me dit : « Ce n’est pas ce que je
te demande. Je te questionne à propos de la nourriture que je t’ai
donnée. » Je lui racontais alors ce qui était arrivé. Ravi de cela,
il dit : « La seule chose que tu aurais dû faire c’est d’avoir dit à
l’homme de venir chez toi avec sa famille, pour les habiller, leur
donner quelques dinars et organiser un paiement mensuel d’un
dinar. » Je répondis : « J’ai déjà dit à l’homme de venir chez
moi. » Il fut encore plus ravi. J’ai traité l’homme comme il avait
dit et il continua de recevoir son dû jusqu’à son décès. Il y eut un
grand nombre d’autres fois où il agit ainsi. Par exemple, il donna
ses propres vêtements qu’il portait une année où la nourriture était
rare.
Cette
année, l’émir Muhammad Ibn Ounour razzia le territoire ismaélien
dans le Khorasan en prenant ses habitants par surprise. Il tua un
grand nombre d’entre eux, les pilla et prit des prisonniers. Ses
hommes remplirent leurs mains de butin.
Cette
année aussi, Abou al-Fadl Nasr Ibn Khalaf, le souverain du Sijistan,
mourut à l’âge avancé de plus de cent ans tandis que son règne dura
80 ans. Il fut succédé par son fils, Shams ad-Din Abou al-Fath Ahmad
Ibn Nasr. Abou al-Fadl était un souverain juste qui ne spolia pas
ses sujets. Il effectua de formidables exploits et dans plus d’une
situation pour aider le
sultan Sanjar.
Toujours cette année, l’empereur de Byzance quitta Constantinople
avec des forces innombrables et attaqua les terres d’Islam qui
étaient tenues par Kilij Arsalan et Ibn Danishmand. Les Turcomans se
rassemblèrent dans ces terres en grand nombre et ils avaient
l’habitude d’attaquer de nuit les lisières de l’armée de l’empereur
et disparaitre le matin. Beaucoup de Grecs furent ainsi tués jusqu’à
ce que leurs pertes atteignent des dizaines de milliers. L’empereur
revint à Constantinople et après son retour, les Musulmans lui
prirent plusieurs forteresses.
Au
mois de Safar de l’année 560 de l’Hégire (1164), un sérieux
désaccord se produisit dans Ispahan entre Sadr ad-Din ‘Abdel-Latif
Ibn al-Khoujandi et le Qadi, avec d’autres membres des écoles de loi
à cause du soutien partisan en faveur des différentes écoles. Le
combat entre les deux groupes dura huit jours d’affilés durant
lesquels un grand nombre fut tué. Beaucoup de maisons et de marchés
brûlèrent et furent détruits avant qu’ils ne se séparent dans le
pire état possible.
Cette
année, les hashashiyine construisirent un château près de Qazwin et
Shams ad-Din Ildikiz en fut informé mais il fut incapable de
condamner cette action de peur de leur cruauté et de leurs attaques
meurtrières. Néanmoins, plus tard, il marcha sur Qazwin et
l’assiégea. Les habitants luttèrent férocement comme il n’a jamais
été vu. Un de nos amis, non, un de nos Sheikhs et érudit Imam m’a
dit la chose suivante :
« J’étais dans Qazwin, engagé dans des études religieuses. Il y
avait là un homme bien connu pour sa bravoure qui était le chef d’un
grand groupe. Il avait un turban rouge qu’il enroulait autour de sa
tête quand il luttait. Je l’aimais et était impatient de m’asseoir
et d’étudier avec lui. Un jour où j’étais avec lui, il dit : « J’ai
eu une vision des hérétiques attaquant la ville demain. Nous
sortîmes alors et luttèrent contre eux et j’étais en tête des gens
coiffés dans ce turban. Nous avons lutté contre eux et je fus le
seul homme tué. Alors les hérétiques se retirèrent et nos gens
aussi. » Par Allah, le jour suivant un cri fut lancé que les
hérétiques (hashashiyine) étaient venu. Les gens sortirent alors
pour les combattre puis je me suis souvenu de ce que l’homme avait
dit. Je suis allé en avant aussi mais mon seul désir était de voir
si ce qu’il avait dit s’avérerait vrai ou non. Après seulement une
brève période, les gens revinrent avec cet homme porté devant eux
mort coiffé de son turban rouge. Ils dirent alors qu’aucun d’eux
n’avait été tué excepté lui. Je fus stupéfié par combien ses mots
s’étaient avérés vrais sans le moindre changement. D’où a-t-il
obtenu cette connaissance certaine ? »
Quand
il me raconta cette histoire, je ne lui ai pas demandé la date.
C’était certainement dans cette période dans cette région et donc je
l’ai enregistré sous cette année par conjecture plausible.
Cette
année, des nouvelles arrivèrent que les gens qui avaient disposé
pour le Pèlerinage l’année précédente avaient rencontrés des
difficultés. Une grande foule s’était séparée d’eux à Fayd,
Tha’labiyah, Waqissah et ailleurs et beaucoup périrent. La caravane
de pèlerin n’alla pas à Médine, la ville du Prophète (Saluts et
Bénédictions d’Allah sur lui) pour ces raisons et aussi à cause des
prix élevés et du manque de denrées alimentaires. La maladie éclata
dans le désert ou des masses innombrables de gens moururent. Leurs
animaux périrent aussi et les prix à La Mecque étaient élevés.