Le conflit entre Nour ad-Din Mahmoud et les croisés

 

En l’an 547 de l’Hégire (1152), les croisés, qu’Allah les maudisse, se réunirent ensemble et rassemblèrent leurs cavaliers et leurs infanteries avant de marcher contre Nour ad-Din alors qu’il était dans les terres occupées par Josselin et pour l’empêcher de les reprendre. Ils arrivèrent alors qu’il était à Doulouk et quand ils s’approchèrent de lui, il leur fit face pour les rencontrer. Une bataille rangée s’ensuivit entre eux et ils livrèrent le plus violent affrontement qui n’ait jamais été vu. Les deux côtés tirent ferme mais les croisés furent brisés et beaucoup d’entre eux tués ou capturés. Nour ad-Din revint alors à Doulouk qu’il prit et occupa.

Les vers suivants furent composés après cette bataille :

« Dans ce resplendissant âge qu’est le tien, tu as répété,

Les victoires du Prophète[1] et leurs temps.

Tu as égalé - si merveilleusement - leur Ouhoud

Et réjouit leur Badr avec un Badr (une pleine lune).

Leurs Mouhajirin étaient tes partisans

Et les partisans de ton projet leurs Ansar (Aide).

Vous avez restauré l’Islam de leur Salman

Et ton succès a restauré leur ‘Ammar.

Le jour à Inab était tout comme ceux-ci ;

Non, il dépassa leur durée avec toute sa portée.

Tu écrasas son ‘Ouraymah avec un coup

Qui dissout ses roches dans son eau.

À Tall Bashir tu leur fis face directement,

Avec un assaut qui redimensionna ses murs.

Si Doulouk leur donna une correction,

Tu agis avec rigueur et fit devenir son histoire réalité[2]. »

 

 

Durant cette année, le Secrétaire Ya’qoub qui avait été un pensionnaire de la Madrassah Nizamiyah mourut à Baghdad. L’administrateur des domaines vint et cacheta la pièce qu’il avait habitée dans la Madrassah. Les étudiants en droit se soulevèrent alors, battirent le fonctionnaire et prirent la propriété laissée comme cela était leur pratique lorsque quelqu’un décédait sans laisser d’héritier. Le chambellan du palais arrêta deux des juristes, les tortura et les emprisonna. Les Juristes fermèrent alors la Madrassah et jetèrent la chaire du prêcheur dans la rue puis grimpèrent la nuit sur le toit de la Madrassah et appelèrent à l’aide abandonnant toute bonne conduite. À cette époque, leur professeur était le Sheikh Abou an-Najib qui vint et s’agenouilla devant at-Taj pour s’excuser et il fut pardonné.

 

De la capture de ‘Annaba par les croisés, la mort de Roger et la succession de son fils Guillaume

 

En l’an 548 de l’Hégire (1153), la flotte de Roger, le roi des croisés en Sicile navigua vers ‘Annaba (en Algérie actuelle). Leur commandant était son eunuque Philipe d’al-Mahdiyyah, qui assiégea la ville et chercha l’aide des Arabes contre la ville qu’il prit au mois de Rajab. Il asservit la population et pilla toute la ville sauf qu’il ferma les yeux sur un certain nombre de ‘Oulama et de religieux qui purent partir avec leurs familles et leurs possessions pour aller dans les villages locaux. Il resta dix jours dans ‘Annaba et revint ensuite à al-Mahdiyyah avec certains captifs puis retourna alors en Sicile où Roger l’emprisonna à cause de son traitement indulgent envers les Musulmans de ‘Annaba.

Philip, dont il fut dit qu’il ainsi que tous les eunuques de Roger étaient des Musulmans, dissimula ce fait. Cependant, le témoignage fut donné qu’il ne jeunait pas avec le roi et qu’il était un Musulman. Donc, Roger rassembla les évêques, les prêtres et les chevaliers, qu’Allah les maudisse, qui jugèrent qu’il devrait être brûlé vif et cela fut fait au mois de Ramadan. Ce fut la première calamité qui arriva aux Musulmans en Sicile néanmoins, Allah Exalté permit un petit répit à Roger avant qu’il ne meurt à son tour de diphtérie dans le premier tiers du mois de Dzoul Hijjah de cette année alors qu’il était âgé de quatre-vingts ans et après avoir régné environ soixante ans. Après sa mort, il fut succédé par son fils Guillaume qui était un administrateur corrompu et un homme de vils desseins. Il nomma Mayou al-Boursani comme son ministre et qui prouva être un mauvais administrateur. Quelques forteresses en Sicile et en Calabrie contestèrent sa position et la contagion se propagea en Ifriqiyah, comme nous le rapporterons.

 

Comment les croisés prirent Ascalon

 

Durant cette année, les croisés en Syrie prirent la ville d’Ascalon qui faisait partie du royaume d’az-Zafir Billah, le ‘oubaydi égyptien. Les croisés l’avaient attaqué et harcelé chaque année sans trouver le moyen de la prendre.

En Egypte, les vizirs avait autorité dans le pays tandis que califes à côté d’eux n’avaient qu’un pouvoir insignifiant sans substance. Chaque année, le vizir avait l’habitude d’envoyer des provisions, des hommes, des armes et de l’argent à Ascalon pour maintenir sa défense. Cependant cette présente année, Ibn as-Sallar le vizir fut tué comme nous l’avons rapporté. Les buts et les objectifs étaient tous en désaccord en Egypte. ‘Abbas devint vizir et avant qu’il ait une quelconque autorité, les croisés profitèrent de l’abandon d’Ascalon, rassemblèrent leurs forces et mirent la ville sous siège. Les habitants tinrent ferme et luttèrent violemment durant quelques jours à l’extérieur de la muraille et repoussèrent les croisés,  les reconduisirent vaincus dans leurs tentes en les poursuivant. À ce stade, les croisés désespérèrent de prendre la ville.

Alors qu’ils étaient en train de se décider pour se retirer, ils reçurent les nouvelles qu’une dispute avait éclaté entre les habitants et qu’ils s’étaient entretués et décidèrent donc de rester où ils étaient.

 

La raison (stupide) de cette discorde est que lorsqu’ils revinrent victorieux et triomphant de la bataille avec les croisés, un parti prétendit que la victoire était venue d’eux et qu’ils étaient ceux qui avait repoussé et vaincu les croisés. Leurs arguments s’envenimèrent jusqu’à ce qu’il y ait une fatalité d’un côté. Alors une crise sérieuse survint et le mal s’aggrava. Une bataille s’ensuivie et des hommes furent tués. Les croisés saisirent alors leur chance, donnèrent l’assaut et comme ils ne rencontrèrent aucune résistance, ils conquirent la ville.

 

Cette année, des navires vinrent de Sicile avec une force de croisés qui débarquèrent dans la ville de Tinnis en Egypte et la ravagèrent.

 

Toujours cette année, il y eut une bataille rangée et un combat féroce entre les Géorgiens en Arménie et Saltouq, le seigneur d’Erzeroum. Saltouq fut vaincu et fait prisonnier par les Géorgiens avant d’être libéré.

 

La conquête de de Damas par Nour ad-Din Mahmoud

 

Au mois de Safar de l’année 549 de l’Hégire (1154), Nour ad-Din Mahmoud Ibn Zanki Ibn Aqsounqour prit la ville de Damas de son souverain l’Atabeg Moujir ad-Din Abaq Ibn Muhammad Ibn Bouri Ibn Toughtakin.

La raison de ses efforts pour la conquérir est que lorsque les croisés prirent la ville d’Ascalon l’année précédente, Nour ad-Din n’avait aucun accès pour empêcher leur attaque parce que Damas était un obstacle entre lui et Ascalon. Lorsque les croisés prirent Ascalon, ils cherchèrent à mettre la main sur Damas et passèrent même en revue chaque esclave chrétien local ou femme esclave dans la ville et ceux qui voulurent rester partirent là-bas. Ceux qui voulurent revenir dans leur maison furent emmener de force avec ou contre leur volonté. Les croisés prenaient un tribut annuel de la population et leurs agents avaient l’habitude d’entrer dans la ville et le collecter des gens.

Quand Nour ad-Din vit cela, il craignit que les croisés en prennent le contrôle total et qu’ensuite les Musulmans n’aient plus aucune base en Syrie. Il employa alors la ruse pour prendre la ville sachant qu’elle ne pouvait pas être prise par la force parce que chaque fois que son souverain croyait qu’il était sur le point d’être battu, il se mettait en contact avec les croisés et demandait leur assistance ce qu’ils faisaient pour prévenir qu’elle ne tombe dans les mains de quelqu’un qui utiliserait ses ressources pour lutter contre eux.

Ainsi Nour ad-Din écrivit à son souverain Moujir ad-Din, le rassura avec une série de cadeaux et lui déclara son amitié pour qu’il vienne à lui faire confiance. Et à chaque occasions, Nour ad-Din avait l’habitude de dire : « Telle et telle personne (sous entendant un des émirs de Moujir ad-Din) m’a écrit pour me soumettre Damas. » Et les personnes mentionnées était inévitablement bannies et leurs fiefs confisqués. Quand il ne resta plus aucun émirs avec Moujir ad-Din, il promut un émir appelé ‘Ata' Ibn Haffaz as-Soulami l’eunuque qui était résolu et brave et à qui il confia toutes les affaires d’état et avec lui en place, Nour ad-Din fut incapable de gagner Damas. Cependant, Moujir ad-Din finit par l’arrêter et l’exécuter. Sur ce, Nour ad-Din marcha sur Damas ayant déjà correspondu avec la milice locale et gagné leur soutien et qui lui avaient promis de lui livrer la ville. Quand Nour ad-Din assiégea la ville, Moujir ad-Din envoya un message au croisés, leur offrit de l’argent et la cession du fort de Baalbek s’ils l’aidaient et levaient le siège de Nour ad-Din. Ils commencèrent alors à rassembler leur cavalerie et leur infanterie pour faire retirer Nour ad-Din mais avant qu’ils aient finit leurs préparatifs, Nour ad-Din avait repris la ville et ils revinrent « avec beaucoup de bruit pour rien. »

 

Quant à la reddition de Damas quand elle fut assiégée, la milice avec qui il s’était mis en contact, se manifesta et lui donna l’accès à la ville par la Porte de l’Est. Il protégea la ville et bloqua Moujir ad-Din dans la citadelle à qui il proposa de renoncer à la ville en échange d’un fief qui incluait la ville de Homs. Il accepta et partit pour Homs mais écrivit plus tard aux Damascènes pour leur suggérant de le réintégrer. En l’apprenant, Nour ad-Din s’inquiéta, lui reprit Homs et lui donna Balis mais il n’en fut pas satisfait et partit en Irak ou il prit résidence à Baghdad et se construisit une maison là près de la Nizamiyah.

 

Comment les hashashiyine attaquèrent le Khorasan et comment ils furent écrasés

 

Au mois de Rabi’ Thani de cette année, un grand corps de hashashiyine du Qouhistan au nombre de 7 000 cavaliers et fantassins réunis se rassemblèrent  et se mirent en route pour le Khorasan profitant que les troupes y étaient retenues par les Oghouz[3]. Ils attaquèrent le district de Khwaf et les terres voisines. L’émir Farroukhshah Ibn Mahmoud al-Kassani avec un groupe de ses serviteurs et d’hommes les rencontra mais sachant qu’il n’avait pas la force nécessaire pour leur faire face, il les abandonna et se retira. Il envoya un messager à l’émir Muhammad Ibn Ounour, l’un des plus grands et plus braves des émirs du Khorasan pour l’informer de la situation et lui demander de le rejoindre avec ses troupes et tous les émirs qu’il pourrait trouver pour qu’ils puissent s’unifier et mener la guerre contre les hashashiyine.

Muhammad Ibn Ounour se mit en route avec plusieurs émirs et un grand nombre de soldats et rejoignit Farroukhshah et ensemble firent face au hashashiyine dans une bataille qui dura longtemps avant qu’Allah Exalté ne donne la victoire aux Musulmans tandis que les ismaéliens furent mit en déroute. Beaucoup d’entre eux furent tués puisque les sabres s’abattirent de tous les côtés sur eux. Certains de leurs notables et chefs furent exécutés et d’autres faits prisonniers. Seuls quelques rares fugitifs survécurent. Leurs châteaux et leurs forts furent vidés de leurs défenseurs et n’étaient-ce les armées qui étaient occupées avec les Oghouz, ils les auraient conquis sans effort ni problème et auraient débarrassé les Musulmans des hashashiyine. Cependant, Allah Exalté, à Lui les Louanges et la Gloire, a un but qu’Il accomplira.

 

De la prise de Tall Bashir par Nour ad-Din

 

Durant cette année ou l’année suivante, Nour ad-Din Mahmoud Ibn Zanki prit la citadelle de Tall Bashir, qui est au nord d’Alep et une des plus puissantes forteresses.

Quand les croisés virent que Nour ad-Din avait pris Damas, ils s’effrayèrent de lui et surent qu’il était trop fort pour eux et qu’ils seraient incapables de le convaincre à diviser les revenus à cause de leur expérience avec lui avant sa prise de Damas. Les croisés de Tall Bashir se mirent en contact avec lui et lui offrirent de l’abandonner. Il leur envoya l’émir Hassan al-Manbiji, un de ses émirs aînés dont le fief était à ce moment-là la ville de Manbij qui était près de Tall Bashir. Il lui ordonna d’y aller et recevoir sa capitulation ce qu’il fit dûment puis la fortifia et l’équipa de manière suffisante pour plusieurs années.

 

Récit de la rébellion des îles et de l’Ifriqiyah contre le roi croisé sicilien et quelles furent les conséquences

 

En l’an 548 de l’Hégire (1153), nous avons mentionné la mort de Roger le roi de Sicile et de la succession de son fils Guillaume qui était un souverain inique si bien que plusieurs forteresses siciliennes se révoltèrent contre son autorité.

 

Lors de cette présente année 551 de l’Hégire (1156), nos gens eurent l’espoir de rejeter son pouvoir et les îles de Djerba et de Kerkennah se révoltèrent et s’opposèrent ouvertement à son autorité suivit par les habitants de l’Ifriqiyah et le premier à le défier ouvertement fut ‘Omar Ibn Abi al-Hassan al-Fourrayani dans Sfax. Quand Roger conquit cette ville, il avait nommé gouverneur son père Abou al-Hassan qui était un des ‘Oulama dévots mais qui était incompétent et faible et qui dit à Roger : « Nomme mon fils, » ce qu’il fit en prenant son père comme otage en Sicile.

Quand il fut sur le point d’aller en Sicile, il dit à son fils ‘Omar : « Je suis vieux et ma fin est proche. Quand une bonne occasion te permettra de te rebeller contre l’ennemi fait-le. Ne t’inquiète pas d’eux ni ne considère que je puisse être tué. Compte-moi comme déjà mort. » Ainsi quand il vit cette occasion, il appela les citoyens à se révolter et leur dit :

- « Que certains d’entre vous escalade les murs et que d’autres attaquent les maisons de tous les croisés et des Chrétiens locaux et les tuent tous. » Ils lui dirent :

- « Notre seigneur le Sheikh, votre père, nous craignons pour lui. »

- « Il m’a lui-même ordonné de le faire, » a-t-il répondu. « Si des milliers d’ennemis sont tués au prix du Sheikh, il n’est donc pas mort. » Et avant que le soleil ne soit levé au début de cette année, ils tuèrent les croisés jusqu’au dernier homme.

Abou Muhammad Ibn Matrouh suivit son exemple dans Tripoli et Muhammad Ibn Roushayd les suivit à Gabes. Les troupes de ‘Abdel Mou'min vinrent à ‘Annaba et la prirent. Ainsi toute l’Ifriqiyah se passa du contrôle des croisés excepté al-Mahdiyyah et Sousse.

‘Omar Ibn Abi al-Hassan envoya un messager à Zawilah, une ville séparée d’al-Mahdiyyah par une sorte d’arène, qui les encouragea à attaquer les croisés qui s’y trouvaient, ce qu’ils firent. Les Arabes de la région vinrent à Zawilah et aidèrent les habitants d’al-Mahdiyyah contre les croisés en coupant leur approvisionnement.

Quand les nouvelles atteignirent Guillaume, le roi de Sicile, il convoqua Abou al-Hassan et lui dit ce que son fils avait fait. Il lui ordonna alors de lui écrire, pour lui défendre d’entreprendre cette action, de retourner à la fidélité et le menacer du résultat effrayant que pourrait engendrer ses actions. Il répondit : « Quelqu’un qui a entrepris une telle action ne retournera pas en arrière sur la base d’une simple lettre. » Le roi lui envoya alors un envoyé pour le menacer et lui ordonné de revenir à la raison mais ‘Omar ne lui permis pas d’entrer dans la ville ce jour et le jour suivant tous les habitants sortirent en portant un cercueil tandis que l’envoyé regardait. Ils l’enterrèrent et revinrent. ‘Omar alors envoya un messager à l’envoyé pour  lui dire : « C’est mon père que j’ai enterré et pour qui j’ai tenu une séance de condoléance. Faites-lui ce que vous voulez. » L’envoyé retourna chez Guillaume et lui rapporta ce que ‘Omar Ibn Abi al-Hassan avait fait. Guillaume prit son père et le crucifia tandis qu’il ne cessa d’appeler Allah Tout Puissant jusqu’à ce qu’il meurt, miséricorde d’Allah sur lui.

 

Les gens de Zawilah se rassemblèrent en grand nombre avec les Arabes, les gens de Sfax et d’autres puis ils assiégèrent al-Mahdiyyah ou les provisions étaient rares si bien que le souverain de Sicile leur envoya vingt galères avec des hommes, de la nourriture et des armes. Lorsqu’ils entrèrent dans la ville, ils envoyèrent un messager aux Arabes qui leur demanda de se retirer en échange d’argent. Le jour suivant, ils firent une sortie et luttèrent contre les hommes de Zawilah. Les Arabes abandonnèrent alors le champ de bataille tandis que les hommes de Zawilah et de Sfax furent lâchés luttant contre les croisés à l’extérieur de la ville. Les croisés les encerclèrent et les hommes de Sfax s’enfuirent par la mer. Les hommes de Zawilah qui restèrent furent chargés par les croisés et se retirèrent vers Zawilah dont ils ont trouvèrent les portes fermées. Ils se retournèrent pour lutter sous les murs ou ils résistèrent jusqu’à ce que la plupart d’entre eux soient tués. Seuls quelques-uns survécurent et se dispersèrent. D’autres, rejoignirent ‘Abdel Mou'min.

Après ce massacre, les femmes, les enfants et les vieillards de la ville s’enfuirent vers la campagne laissant derrière eux tous leurs biens et leurs propriétés. Les croisés, qu’Allah les maudisse, entrèrent alors dans Zawilah et tuèrent tous ceux qu’ils trouvèrent dans la ville à savoir que des femmes avec leurs enfants et leurs bébés puis saccagèrent la ville. Les croisés restèrent dans al-Mahdiyyah jusqu’à sa prise par ‘Abdel Mou'min, ce que nous rapporterons si Allah Tout Puissant le veut.

 

Comment Nour ad-Din assiégea le château de Harim

 

Cette année, Nour ad-Din Mahmoud Ibn Zanki marcha sur le château de Harim qui se trouvait à l’est d’Antioche et était occupé par les croisés et plus précisément par Bohémond le souverain d’Antioche puisqu’il était proche. Nour ad-Din l’assiégea et renforca le siège. C’était un puissant château et une arrête dans les gorges des Musulmans. Les croisés près et éloignés se rassemblèrent et marchèrent à leur tour sur le fort pour forcer Nour ad-Din à lever le siège.

Il y avait dans la forteresse un de leurs démons dont l’intelligence était reconnue et ses opinions prise en compte. Il leur envoya un message disant : « Nous pouvons tenir le château. Nous ne sommes pas impuissants. Ne vous mettez donc pas en danger par un engagement. S’il vous vainc, il le prendra et d’autres avec. Le bon choix est de jouer l’attente. » À la fin, ils envoyèrent un messager à Nour ad-Din et vinrent à des conditions lui offrant la moitié des terres de Harim. Ils firent donc la paix sur cette base et Nour ad-Din se retira.

 

 

Au mois de Rabi’ Thani, il y avait un feu ravageur à Baghdad. Le feu se propagea dans les rues de Firashah, d’ad-Dawabb, d’al-Labban, d’Ibn Jarada, d’az-Zafariyah, d’al-Khatouniyah, le palais califal, la Porte d’Azaj et le marché du sultan.

 

Au mois de Shawwal de cette même année, les hashashiyine attaquèrent Tabas dans le Khorasan ou ils causèrent de grands préjudices et prirent prisonniers plusieurs des principaux hommes d’état du sultan. Ils pillèrent leurs propriétés, leurs écuries et tuèrent certains d’entre eux.

 

Le compte de tremblements de terre en Syrie

 

Au mois de Rajab de l’année 552 de l’Hégire, il y eut un grand nombre de puissants tremblements de terre en Syrie qui détruisirent une grande partie du pays et qui provoquèrent la mort de plus de personnes qu’il pourrait être compté.

En un instant, Hama, Shayzar, Kafartab, al-Ma’arrat, Homs, Hisn al-Akrad, ‘Arqa, Lattaquié, Tripoli et Antioche furent ruinés. Toute la Syrie subit des dommages dans la plupart de ses parties même si certaines régions échappèrent à la destruction. Les murailles et les citadelles furent détruites. Nour ad-Din Mahmoud s’en occupa de manière exemplaire. Il craignit pour les terres depuis que les murailles furent détruites. Il rassembla les troupes et campa sur les frontières de sa terre razziant le territoire croisé tout en travaillant à la reconstruction des murs dans le reste de ses terres. Il resta ainsi jusqu’aux réparations de toutes les murailles.

Le grand nombre de gens qui furent tués est suffisamment illustré par le fait qu’un enseignant qui était dans sa ville, à savoir Hama, laissa l’école coranique pour une affaire qui l’avait retenu quand survint le tremblement de terre et détruisit la ville. L’école s’effondra sur tous les enfants. L’enseignant dit : « Pas une seule personne n’est venue s’enquérir de son enfant[4]. »

 

Comment Nour ad-Din prit le fort de Shayzar

 

Nous commencerons en racontant l’histoire de ce château et de qui l’a tenu avant qu’il ne soit pris par Nour ad-Din Mahmoud Ibn Zanki.

Ce château se trouve près de Hama à une demi-journée de marche et situé sur une haute colline très défendable puisqu’il ne peut être approché que par un simple sentier.

Il appartenait à la famille de Mounqid des Banou Kinani qui se le transmit par héritage depuis Salih Ibn Mirdas jusqu’à ce qu’il vienne en possession d’Abou al-Mourhaf Nasr Ibn ‘Ali Ibn al-Mouqallad de son père Abou al-Hassan ‘Ali qui le tint jusqu’à sa mort en l’an 491 de l’Hégire (1097) et qui était un homme brave et noble. Quand sa mort approcha, il nomma pour député son frère Abou Salamah Mourshid Ibn ‘Ali qui dit : « Par Allah ! Je ne serai pas le souverain. Je quitterai ce monde comme j’y suis entré. » Mourshid était instruit dans le Qur’an, la poésie et était le père de Mouayyad ad-Dawlah Oussama Ibn Mounqid. Il fit de son plus jeune frère Sultan Ibn ‘Ali le souverain et les deux frères coopérèrent extrêmement bien durant un certain temps.

Mourshid engendra plusieurs enfants masculins qui grandirent comme des nobles seigneurs comme ‘Izz ad-Dawlah Abou al-Hassan ‘Ali, Mouayyad ad-Dawlah Oussama et d’autres. Son frère Sultan n’eut de descendance masculine que lorsqu’il devint vieux ce qui rendit Sultan envieux de son frère et il craignit pour ses fils et ceux de son frère. Des mauvais hommes provoquèrent des problèmes entre eux et montèrent chaque frère contre l’autre. Sultan écrivit quelques vers à son frère Mourshid pour le critiquer des choses qu’il avait entendues de lui et Mourshid lui répondit avec des vers de même veine dont j’ai décidé d’enregistrer une partie. Voici les vers :

« Zaloum tint à persévérer dans l’injustice et d’aller aux extrêmes dans sa mésentente et son rejet.

Elle se plaignit que nous l’avons rejetée mais la faute dans cela était sienne.

Combien est étrange, un Zalim (oppresseur) qui vient en se plaignant !

Elle écouta ceux qui me diffamèrent.

Souvent j’ai raillé celui qui m’a reproché mon amour pour elle ou un calomniateur.

La fierté de la beauté l’amena à me détester, mais malgré cela je ne devrais jamais la détester,

Ou oublier les promesses qu’elle fit, quand bien même elle montrerait de la dureté et prétendre à l’oubli.

Quand un joyau de tes vers m’est parvenu, tu réunis pour moi en lui pensées élevées et idées.

J’ai évité la poésie pendant quelque temps, parce qu’il me tourna son dos à ma consternation, quand ma jeunesse m’abandonna.

Qu’a une excellente diction à faire avec une personne de soixante ans ?

Quand je vise le plus bas langage, il se rebelle contre moi.

J’ai dit : « Mon frère prendra soin de mes fils et de ma famille et fera respecter mon engagement envers eux et ma responsabilité.

Il leur exigera avec ce que je ne lui ai pas ordonné de faire, pour mon bien, car je l’ai préparé de mon héritage. 

Pourquoi maintenant, quand le temps à courbé mon dos et émoussé une épée qui était affilée,

As-tu changé pour que ta gentillesse se soit transformée en dureté et ton intimité envers eux devienne rudesse et distante ?

Je suis devenu les mains vides de ce que j’espérais. Je vois que le désespoir a effacé la piste de mes espoirs.

Cependant, je n’ai pas vacillé à propos de ce que j’ai promis et ces années n’ont pas changé mon amour.

Il n’est pas étonnant aux temps de troubles que je te vois comme ma main droite et d’autres gens comme ma gauche.

Orne-toi avec ça (ce poème), une vierge, si les étoiles des cieux étaient comparées avec elle, ne seraient plus longtemps comptés comme des brillantes étoiles.

Il s’orne avec des perles de tes qualités qui l’ornent comme les perles enfilées ornent les belles filles.

Vis longtemps pour accumuler la gloire qui était faible et érige un édifice de libéralité qui s’écroulait. »

 

Il y avait encore quelques restrictions dans leurs relations mais quand Mourshid mourut en l’an 531 de l’Hégire (1136), son frère devint effrontément hostile envers ses fils et commença à les maltraiter. Il les expulsa de Shayzar et ils partirent dans différentes voies. La plupart d’entre eux se rendirent chez Nour ad-Din et se plaignirent de ce que leur oncle leur avait fait subir. Il fut irrité par cela mais fut incapable de l’attaquer pour les venger et les restituer dans leur endroit natal parce qu’il était complètement prit par le Jihad contre les croisés et parce qu’il craignait que Shayzar puisse être remise à ces derniers.

 

Plus tard, Sultan mourut et ses fils lui succédèrent. Nour ad-Din entendu dire qu’ils étaient en contact avec les croisés et sa rage contre eux augmenta mais il attendit l’occasion d’agir. Quand la citadelle fut ruinée à cause du tremblement de terre que nous avons mentionné, pas un des Banou Mounqid qui s’y trouvait ne survécut.

La raison pour laquelle ils périrent tous est que le souverain avait circoncis un de ses fils et donné un festin pour l’élite à l’occasion. Il convoqua tous les Banou Mounqid dans sa résidence. Il avait un cheval qu’il affectait particulièrement et dont il pouvait à peine se séparer. Chaque fois qu’il était dans sa salle du conseil, le cheval était placé à la porte. Ce jour-là, le cheval était à la porte de la résidence quand le tremblement de terre survint. Tous se levèrent pour sortir mais quand ils arrivèrent à la porte, paniqués pour s’échapper du bâtiment, le cheval donna un coup de patte au premier homme et le tua. Les gens furent empêchés de partir et le bâtiment s’effondra sur eux. La citadelle fut démolie et le mur d’enceinte tomba aussi ainsi toutes les structures. Seuls quelques-uns s’enfuirent et  survécurent. Un des émirs de  Nour ad-Din s’y hâta comme il était dans le voisinage et le saisit. Nour ad-Din en reprit le contrôle, répara les murs et les bâtiments et les restaura comme neufs.

 

Comment le souverain du Tabaristan attaqua les hashashiyine

 

Cette année, le Shah de Mazandaran, Roustoum Ibn ‘Ali Ibn Shahriyar, réunit ses troupes et marcha sans avoir dévoilé à personne sa destination. Il traversa les défilés et se dirigea vers Alamout qui appartenait aux hashashiyine.

Il razzia alors et incendia les villages et la campagne. Il tua un grand nombre d’entre eux, pilla les propriétés, saisit leurs femmes et asservit leurs enfants qu’il vendit sur la place du marché avant de revenir en toute tranquillité et avec un riche butin. Les hashashiyine furent durement touchés et submergés par une impuissance dont ils n’avaient pas connu de pareil. Il ruina aussi leurs terres qui restèrent improductives pendant plusieurs années. 

 

Comment les pèlerins du Khorasan furent saisis

 

Au mois de Rabi’ Awwal de cette année, les pèlerins du Khorasan se mirent en route et après qu’ils aient quittés Bistam, un parti des troupes du Khorasan qui avaient attaqué le Tabaristan, les assaillirent, prirent certaines de leurs marchandises et tuèrent un petit nombre d’entre eux. Le reste qui survécu quitta cet endroit et alors qu’ils voyageaient, les hashashiyine les interceptèrent. Les pèlerins luttèrent férocement contre eux et tinrent vaillamment mais leur chef fut tué et ils perdirent courage, cédèrent et capitulèrent en demandant des conditions puis ils jetèrent leurs armes pour leur sauvegarde mais les ismaéliens les saisirent et les tuèrent épargnant seulement un petit nombre. Parmi les tués se trouvaient un grand nombre de ‘Oulama, d’ascètes et d’hommes dévots. Ce fut un grand désastre qui toucha toutes les terres d’Islam et particulièrement le Khorasan.

Il n’y eut pas de ville qui ne pleura pas pour une perte. Le jour suivant, un vieil homme marcha parmi les morts et les blessée en pleurant : «  Musulmans, pèlerins ! Les hérétiques sont partis. Je suis un Musulman. » Et quiconque répondit, il l’acheva. Tous périrent à part certains qui s’enfuirent en courant, et ils furent très peu.

 

De la prise de Baalbek par Nour ad-Din

 

Cette année, Nour ad-Din prit possession de Baalbek et sa citadelle qui était tenu par un homme nommé Dahhak al-Biqa’ (nommé en référence du Biqa’ de Baalbek) et dont la charge lui avait été confié par le seigneur de Damas. Lorsque Nour ad-Din prit Damas, Dahhak continua de tenir la ville. Nour ad-Din avait été incapable de l’assiéger à cause de sa proximité avec les croisés et ne put rien faire jusqu’à ce temps présent, quand il la saisit et en prit le contrôle.

 

Durant cette année, le calife al-Mouqtafi Li-Amrillah enleva la porte de la Ka’bah et l’a remplaça avec une porte plaquée d’argent doré. Quant à la porte originale, il en fit pour lui un cercueil dans lequel il demanda à être  enterré à sa mort.

 

Il y eut aussi cette année dans le Khorasan une sévère crise de famine si bien que toutes les bêtes de somme furent mangées et même les gens. A Nishapour, un cuisinier coupa la gorge d’un homme, le fit cuire et le vendit parmi ses marchandises. Cependant ce qu’il fit fut découvert et il fut donc exécuté. La crise prit fin et la condition des gens s’améliora.

 

 

Du conflit entre les Turcomans et les ismaéliens au Khorasan

 

En l’an 553 de l’Hégire (1158), un groupe de Turcomans s’étaient établis dans la région du Qouhistan quand une force de 1 700 ismaéliens descendirent de leurs forteresses et tombèrent sur eux mais ils ne trouvèrent pas les hommes parce qu’ils étaient absents de leurs tentes. Ils pillèrent leurs troupeaux, saisirent leurs femmes et leurs enfants et brûlèrent tous ce qu’ils furent incapable d’emporter.

Quand les Turcomans retournèrent et virent ce qu’ils avaient fait, ils suivirent la piste des ismaéliens, qu’Allah les maudisse ainsi que leurs amis, et les rattrapèrent alors qu’ils étaient en train de se partager le butin. Avec le cri d’Allahou Akbar, ils les chargèrent et les passèrent par le sabre en les tuant à volonté. Les ismaéliens s’enfuirent mais les Turcomans les poursuivirent jusqu’à ce qu’ils soient morts ou captifs et les anéantirent pratiquement totalement et seul neuf de ces maudits réussirent  à s’échapper.

 

 

Le Pèlerinage fut exécuté cette année et quand les gens arrivèrent à Médine, la ville du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui), ils reçurent des nouvelles que les bédouins s’était rassemblé pour les surprendre. Ils abandonnèrent alors le Pèlerinage et prirent la route de Khaybar. Ils furent alors sévèrement éprouvés mais échappèrent aux bédouins.

 

Comment ‘Abdel Mou’min reconquit la ville d’al-Mahdiyyah des croisés et prit toute l’Ifriqiyah

 

Nous avons mentionné en l’an 543 de l’Hégire (1148) comment les croisés, qu’Allah les maudisse, prirent la ville d’al-Mahdiyyah de son souverain, al-Hassan Ibn Tamim Ibn al-Mou’iz Ibn Badis as-Sanhaji et nous avons aussi mentionné en l’an 551 de l’Hégire (1156) comment les croisés massacrèrent et pillèrent les Musulmans dans Zawilah, la ville voisine d’al-Mahdiyyah.

Lorsque les croisés les tuèrent et saisirent leurs biens, plusieurs Musulmans s’enfuirent et rejoignirent ‘Abdel Mou'min, le seigneur du Maghrib qui était à Marrakech, pour lui demander sa protection. Quand ils arrivèrent et entrèrent en sa présence, il les reçut honorablement. Ils lui racontèrent ce qui était arrivé aux Musulmans et qu’il n’y avait personne parmi les princes de l’Islam à qui ils pouvaient faire appel hormis lui et que seul, il pourrait les délivrer de cette affliction. Les larmes montèrent dans ses yeux et il baissa son regard. Puis, il leva sa tête et dit : « Réjouissez-vous. Je vous aiderai, même après un certain moment. »

 

Il ordonna de leur donner des logements et leur accorda 2 000 dinars. Il ordonna de préparer des réserves d’eau et tout le nécessaire pour une armée en marche. Il écrivit à tous ses lieutenants à l’Ouest, et il régnait presque jusqu’à Tunis, et leur ordonna de garder tout le grain qui avait été récolté, de le laisser dans leurs épis et le conserver dans des places spéciales et aussi creuser des puits le long de la route, ce qu’ils firent. Ils rassemblèrent les récoltes de trois années qu’ils transférèrent dans des dépôts et qu’ils cachetèrent avec de l’argile et devinrent comme des collines.

 

Au mois de Safar de l’année 554 de l’Hégire (1159), Abdel Mou'min quitta Marrakech. La plupart de ses expéditions furent durant le mois de Safar. Cent mille combattants et un grand nombre d’aide de camps et de marchands se rassemblèrent. Le contrôle sur ses troupes était tel que lorsqu’ils traversèrent des champs de cultures pas même un épi de maïs fut endommagé. Quand ils campèrent, tous prièrent derrière un imam avec des réactions unanimes. Pas une seule personne, quel qu’il soit, ne manqua de se joindre à la congrégation.

 

‘Abdel Mou'min fut précédé par al-Hassan Ibn Tamim Ibn al Mou’iz Ibn Badis as-Sanhaji qui avait été le seigneur d’al-Mahdiyyah et de l’Ifriqiyah qui poursuivit sa marche jusqu’à ce qu’il parvienne dans la ville de Tunis le 24 Joumadah Thani cette année dont le souverain était Ahmad Ibn Khorasan tandis qu’une flotte de soixante-dix galères transportant provisions et montures prit la mer. Lorsqu’il campa devant la ville, il envoya un message aux habitants pour les appeler à l’obéissance cependant ils refusèrent et il les attaqua violemment. La chute de la ville et l’arrivée de la flotte était imminente quand un vent violent se leva et empêcha les Mouwahhidine d’entrer. Ils se retirèrent donc pour reprendre la lutte le matin suivant et prendre la ville.

À la tombée de la nuit, dix-sept notables de la ville sortirent de la ville et se rendirent chez ‘Abdel Mou'min pour lui demander des conditions pour les habitants. Il leur accorda la sécurité pour leurs personnes, leurs familles et leur richesse parce qu’ils sont acceptèrent rapidement son pouvoir. Pour le reste des habitants, il accorderait la protection pour leurs personnes et leurs familles mais prélèverait un impôt sur eux équivalent à la moitié de leur argent et de leurs propriétés tandis que le souverain de la ville et sa famille devrait partir. Cela fut accordé et ‘Abdel Mou'min prit la ville. Il envoya des gens pour empêcher les troupes d’entrer et aussi des administrateurs pour prélever l’impôt sur les gens. Il resta trois jours dans la ville et il proposa l’Islam aux résidents chrétiens et juifs. Ceux qui se convertirent furent laissés en paix mais ceux qui refusèrent furent exécutés. Les habitants de Tunis restèrent donc chez eux en échange du paiement d’un impôt sur la moitié de la valeur de leurs logements.

 ‘Abdel Mou'min partit alors pour al-Mahdiyyah suivit par sa flotte qui naviguait le long de la côte et arriva le 18 Rajab. A cette époque, les descendants des princes croisés et leurs principaux chevaliers étaient dans al-Mahdiyyah. Ces derniers avaient abandonné Zawilah qui était à une portée de flèche d’al-Mahdiyyah.

‘Abdel Mou'min entra dans Zawilah qui se remplit de ses troupes et des marchands qui l’accompagnait et en une heure elle devint une ville prospère. Les soldats qui ne trouvèrent pas de place, campèrent à l’extérieur de la ville.

Un immense nombre de Sanhaji, de bédouins arabes et d’habitants locaux rejoignirent sa force et avancèrent pour attaquer al-Mahdiyyah pendant que les jours qui suivirent cependant, cela n’eut aucun effet sur la ville à cause de ses défenses, de la résistance de ses murailles et de l’étroit passage par lequel elle pouvait être assaillie puisque la mer l’encerclait de la plupart des côtés. La forteresse ville ressemblait à une main dans la mer avec le poignet raccordé au continent.

 

Les croisés envoyaient leurs braves hommes sur les flancs de l’armée musulmane pour leur causer des dommages avant de se retirer rapidement. ‘Abdel Mou'min ordonna de construire un mur à l’ouest de la ville pour empêcher leurs sorties que sa flotte encercla par la mer. ‘Abdel Mou'min embarqua dans une galère avec al-Hassan Ibn ‘Ali, l’ancien souverain et navigua autour de la ville. Il fut frappé par la puissance de la forteresse et réalisa qu’elle ne pourrait pas être prise ni par un assaut en mer ou en terre et qu’il n’y avait rien d’autre à faire que de patienter. Il demanda à al-Hassan :

- « Comment as-tu renoncé à une telle forteresse ? » Il répondit :

- « À cause du trop peu nombre d’hommes fidèles, par manque de provisions et du décret du destin. »

- « Tu as raison, » dit-il avant de débarquer.

Il donna des ordres pour la collecte du maïs, des provisions et pour cesser les attaques. Après un court délai deux tas semblables à deux montagnes de blé et d’orge s’élevèrent dans le camp si bien que lorsque quiconque d’éloigné venait au camp, il avait l’habitude de questionner : « Quand ces collines apparurent-elles ici ? » et on leur répondait : « C’est du blé et de l’orge, » et il était stupéfié.

 

Le siège s’éternisa et pendant ce temps, Sfax se soumit à ‘Abdel Mou'min aussi bien que la ville de Tripoli, les montagnes de Nafoussah, les forts d’Ifriqiyah et les régions voisines. Il prit aussi la ville de Gabes par la force et envoya son fils ‘AbdAllah Abou Muhammad avec une armée pour conquérir certaines terres. Lorsque les habitants de la ville de Gafsa virent la croissance du pouvoir de ‘Abdel Mou'min, ils consentirent de lui offrir leur soumission et de lui abandonner la ville. Son souverain Yahya Ibn Tamim Ibn al-Mou’iz, accompagné par plusieurs des notables locaux se rendirent chez ‘Abdel Mou'min. Quand son chambellan l’informa de leur arrivée, ‘Abdel Mou’min lui dit :

- « Tu te trompes sûrement. Ce ne sont pas les hommes de Gafsa. » Le chambellan lui répondit :

- « Je ne me trompe pas. » ‘Abdel Mou'min poursuivit :

- « Comment cela peut-il être puisque le Mahdi avait l’habitude de dire : « Nos disciples réduiront les arbres de la ville et démoliront ses murs. » Néanmoins nous accepterons leur offre et les épargnerons « afin qu’Allah puisse accomplir Son plan prédéterminé ». » Il leur envoya donc un groupe de ses hommes et un poète pour les accueillir.

 

Le 22 Sha’ban de cette année, la flotte du roi de Sicile  arriva avec 150 galères sans montures. Elle arriva de l’île andalouse d’Ibiza, dont ils avaient pris captif la population et l’avait embarqué. Le roi des croisés leur ordonna d’aller à al-Mahdiyyah ou ils arrivèrent à la date précitée. Quand ils approchèrent d’al-Mahdiyyah, ils baissèrent leurs voiles pour entrer dans le port. La flotte de ‘Abdel Mou'min leva l’ancre pour les rencontrer et toute l’armée monta et stationna le long du rivage marin. Les croisés furent effrayés par le grand nombre de troupes qu’ils virent et la peur foudroya leurs cœurs. ‘Abdel Mou'min ne cessa pas de frotter son visage dans la poussière, de pleurer et prier pour la victoire pour des Musulmans. La bataille fut livrée en mer et les galères croisé levèrent leurs voiles et s’enfuirent. Les Musulmans les poursuivirent et prirent sept de leurs galères. S’ils avaient eu leurs voiles levées, ils auraient pris la plupart d’entre eux. Ce fut un magnifique exploit et une rapide victoire.

La flotte musulmane revint et ‘Abdel Mou'min victorieux et triomphant et distribua le butin parmi ses hommes. Sur ce, la garnison d’al-Mahdiyyah désespéra du secours et endura le siège durant six mois jusqu’à la fin du mois de Dzoul Hijjah. Alors dix des chevaliers croisés sortirent pour trouver ‘Abdel Mou'min et demandèrent une garantie pour la vie et les propriétés des croisés, de quitter la ville et de revenir dans leur propre terre. Leurs provisions étaient épuisées et ils avaient mangé leurs chevaux. Il leur proposa l’Islam et leur demanda de l’accepter mais ils restèrent silencieux. Et durant plusieurs jours ils vinrent le trouver et le convainquirent avec leurs mots doux si bien qu’il il accorda leur demande. Il leur donna des garanties et leur fourni des navires sur lesquels ils embarquèrent et partirent mais c’était l’hiver et la plupart d’entre eux se noyèrent. Seul un petit nombre atteignit la Sicile.

 

Le roi de Sicile avait dit : « Si ‘Abdel Mou'min tue nos hommes dans al-Mahdiyyah, nous tuerons les Musulmans qui sont en Sicile et saisiront leur famille et leur propriété. » Cependant, Allah Exalté détruisit les croisés par noyade après un règne de douze années dans al-Mahdiyyah.

 

‘Abdel Mou'min entra dans al-Mahdiyyah dans la matinée de ‘Ashoura au mois de Mouharram de l’année 555 de l’Hégire (1160), qu’il a appela « l’année des cinq ». Il resta vingt jours dans la ville où il organisa ses affaires, répara les infractions dans le mur, la remplit de fournitures et de provisions, d’hommes et d’équipements. Il laissa un de ses hommes en charge au côté d’al-Hassan Ibn ‘Ali, l’ancien souverain à qui il ordonna de suivre ses conseils puis lui assigna des fiefs et lui donna des propriétés de valeur pour sa résidence. Il fit de même pour ses fils. ‘Abdel Mou'min quitta al-Mahdiyyah au début du mois de Safar de cette même année pour retourner au Maghreb.

 

 

 

Comment Baghdad fut inondée

 

Le 8 du mois de Rabi’ Thani de cette année, le niveau du Tigre monta dramatiquement et fit une brèche dans le Qouraj au-dessus de Baghdad. L’eau montante s’approcha de la ville, inonda la campagne et remplit les douves de la ville avant de saper le mur et le samedi 19 de ce même mois, fit une brèche. La partie du mur s’effondra et bloqua l’eau mais elle fit une autre ouverture qu’ils laissèrent en espérant que la force du mur l’empêcherait de s’écrouler complètement. Cependant, la pression de l’eau devint si écrasante qu’il s’avéra impossible de la retenir. L’eau inonda alors le verger de Zafar, al-Ajmah, al-Moukhtarah, al-Mouqtadiyah, l’aire de jeu, la décharge d’Ibn Jarada, ar-Rayyan, le verger du Qadi, une partie d’al-Qati, une partie de la porte d’Azaj, une partie d’al-Ma'mouniyah, le verger d’Abou ash-Shahm, une partie du verger d’Ibn Razin et une partie d’az-Zafariyah.

L’eau s’infiltra sous le sol de certains sites qui s’effondrèrent alors. Les habitants commencèrent à traverser sur la rive ouest mais le tarif des ferrys atteignirent plusieurs dinars, prix qui était bien trop cher pour beaucoup. Finalement, les eaux descendirent et la muraille s’effondra. L’eau qui était dans la ville continua de s’étendre vers des terres qui n’avaient pas été atteintes auparavant. La destruction fut immense. Les quartiers devinrent méconnaissables et rien d’autre que des monticules de boue et les habitants définirent les limites de leurs maisons par hasard.

 

Sur la rive ouest, le cimetière d’Ahmad Ibn Hanbal et d’autres cimetières furent inondés. Les tombeaux pourtant solidement construits se désintégrèrent et les morts montèrent à la hauteur de la surface de l’eau. La même chose arriva au sanctuaire et à al-Harbiyah. Ce fut un terrible désastre.

 

 

Cette année aussi, Assad ad-Din Shirkouh Ibn Shadi, le commandant des armées de Nour ad-Din Mahmoud Ibn Zanki, le seigneur de la Syrie, partit pour le Pèlerinage. Ce Shirkouh est l’homme qui conquit l’Egypte et un compte rendu sera donné si Allah Exalté le veut.



[1] Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui.

[2] Qu’Allah Exalté soit satisfait de tous les respectables Compagnons. J’évite en général de traduire les poésies parce que je suis incapable de les traduire pour la bonne raison que je ne les comprends tout simplement pas. J’ai l’impression que l’Arabe utilisé est différent et si je ne me trompe pas l’Arabe des poésies me parait l’authentique ancestrale langue arabe. Et ici s’arrête mes misérables connaissances car comme je vous l’ai dit je ne suis malheureusement pas arabisant. Alors vous qui connaissez l’Arabe et ne faites rien, vous devrez rendre des comptes un jour pour avoir laissé les gens dans l’ignorance.

[3] La fameuse tribu turque qui allait donner jour aux Ottomans. 

[4] Ce qui veut dire que tous les parents trouvèrent la mort lors du tremblement de terre.