L’inévitable route vers la confrontation majeure

 

Face à ces évènements, al-Malik an-Nassir Salah ad-Din al-Ayyoubi décida de faire face aux croisés, malédiction d’Allah sur eux, qui semaient la corruption sur terre et depuis leur arrivée en Syrie et de leur consacrer tous ses efforts. Il quitta alors l’Egypte avec son armée pour la Syrie au mois de Mouharram de cette même année et durant de longues années, il allait combattre les croisés jusqu’à sa mort au mois de Safar de l’année 589 de l’Hégire (1192), puisse Allah Exalté lui faire miséricorde.

 

Al-Malik an-Nassir Salah ad-Din Youssouf Ibn Ayyoub fut sans conteste un des hommes de l’Islam qui joua un grand rôle dans l’histoire de notre nation pour la défense des Musulmans et l’élévation de la Suprématie du Verbe Divin.

Bien sûr et comme dans tous les cas des personnages importants de l’Islam, on a rapporté ci et là des choses odieuses à son sujet et je dis à ces gens : Avez-vous donc quelque science historique sur le sujet et avez-vous accomplit quelque chose de similaire dans votre vie ou bien restez-vous sur vos chaises derrière l’abri de vos murs à calomnier les gens et à compter les billets que vous avez reçu en échange ? Est-ce que votre nom est inscrit pour la prospérité sur les recueils de gloire ou bien êtes-vous une de ces vermines insignifiantes qui ne valent pas le pet d’un chien ?

Lisez plutôt ce que l’Imam al-Hafiz Ibn Kathir a dit à son propos et ce que les gens de science ont rapporté à son sujet et comparez votre misérable vie à côté de la sienne si vous avez un quelconque honneur.

 

 

Les croisés ne furent pas les seuls ennemis de Salah ad-Din comme nous l’avons mentionné et malheureusement les Zinki de Mossoul et de Halab ouvrirent de nouveau un large front contre lui. Salah ad-Din ne s’attendait certainement pas à être poignardé dans le dos par ses frères musulmans alors qu’il était occupé à combattre les croisés qui s’allièrent donc pour la circonstance avec les Zinki.

Salah ad-Din marcha donc vers Mossoul qu’il assiégea sans succès à cause des lourdes fortifications de la ville. Il leva donc le siège et se dirigea vers Halab qu’il assiégea aussi et qui se rendit sans combattre au mois de Safar de l’année 579 de l’Hégire (1183) ce qui fut une grande victoire pour Salah ad-Din car Halab était une ville stratégique lourdement fortifiée et littéralement imprenable au sommet d’une colline.

Au même moment, la santé du roi de Bayt al-Maqdis Baudouin IV qui était atteint de la lèpre (al-joudam) depuis son enfance s’aggrava et il désigna pour sa succession Sybille l’épouse de son frère Guy de Lusignan (jay loussinan).

 

Salah ad-Din décida alors de donner l’assaut sur le fort de Karak et quitta Damas au mois de Joumadah de cette même année. A cette époque, s’y réunit un grand nombre de commandants et de chef croisés avec leurs armées pour assister à la fête donnée pour le mariage d’Isabelle, la sœur de Baudouin le Lépreux, c’est pourquoi Salah ad-Din ne put poursuivre le siège du fait de l’immense nombre de croisés présents et se retira. Cependant, il allait l’assiéger de nouveau quelques temps après sans pouvoir toutefois le capturer.

 

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Salah ad-Din conclut un nouveau traité de paix avec les croisés pour une durée de quatre années tandis qu’à Bayt al-Maqdis, préoccupé du futur du royaume latin de Jérusalem qui avait une importance capitale pour les croisés, le roi Baudouin IV retira de la succession Guy de Lusignan et nomma à sa place Baudouin V, le jeune enfant de sa fille Sybille et de William de Montferrand.

 

Raymond III, le roi de Tarablous fut chargé de sa tutelle mais Baudouin V qui était un enfant malade décéda au mois de Rajab de l’année 582 de l’Hégire et finalement la succession revint à Guy de Lusignan et Sybille qui devinrent régents de Bayt al-Maqdis.

  

 

Ce même mois, le maudit Arnat attaque de nouveau une grande caravane musulmane qui se rendait de l’Egypte à Damas et captura les soldats chargés de sa garde qu’il fit emprisonner dans la forteresse de Karak malgré le traité de paix signé avec Salah ad-Din et si vous avez lu nos Abrégés, cela n’est plus une surprise pour vous, puisque cela est inhérent à la nature des mécréants.

 

Salah ad-Din envoya donc des messagers au maudit Arnat qui lui demandèrent de rendre ce qu’il avait pris et de libérer les prisonniers mais il se moqua d’eux et leur dit : «  Dites à Saladin (c’est ainsi que les mécréants appellent Salah ad-Din) de demander à Muhammad (notre Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) après qui il était particulièrement enragé et c’est aussi exactement ce que disent les croisés de nos jours aux musulmans qu’ils capturent et torturent) de vous payer. »   

Lorsque les messagers répétèrent ce qu’Arnat, malédiction d’Allah sur lui, avait dit à Salah ad-Din qui était un homme d’honneur, il fit alors le serment de le tuer de ses propres mains si Allah Exalté, à Lui les Louanges et la Gloire, le faisait tomber entre ses mains.

 

Salah ad-Din regroupa alors tous les soldats de son dominion et lorsque les préparatifs furent achevés, il quitta Damas à la tête de cette armée, au mois de Mouharram de l’année 583 de l’Hégire (1187) et se rendit à Ra's al-Ma' ou l’avait précédé son fils al-Afdal et divisa les armées en deux. Il se rendit avec l’une d’entre elle à Bosra qui était la capitale des Ghassassinah à l’époque de la Jahiliyyah ou Salah ad-Din attendit l’arrivée de la caravane des pèlerins dans laquelle se trouvait sa sœur Sat ash-Sham et son fils Hissam ad-Din Muhammad Ibn ‘Omar Ibn Lajin (ou Lashin). Lorsque la sécurité des pèlerins fut assurée, il marcha sur le fort de Karak et ordonna de détruire tout ce qui se trouvait dans les alentours du fort, les cultures, les arbres et les puits.

Une armée en provenance d’Egypte arriva à son tour à Ra's al-Ma' et se joignit à la force d’al-Afdal Ibn Salah ad-Din qui fut rejoint par son père et son armée peu de temps après et qui prit le commandement de l’armée musulmane qui s’élevait à 12 000 hommes de services et 1 000 volontaires (moutatawi’in).

 

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La bataille décisive de Hattin

 

L’armée de Salah ad-Din se mit alors en marche tandis qu’au même moment, les croisés informés de ses mouvements tinrent un conseil de crise que pas un seul d’entre eux ne manqua qu’il soit roi, commandant ou chef et tous se préparèrent avec leurs armées pour la décisive bataille contre Salah ad-Din qui avait fait ses préparatifs pour cette rencontre inévitable après avoir recherché le secours du Miséricordieux et Son aide.

Les croisés appelèrent alors à la guerre sainte et astiquèrent leurs croix et leurs armures tandis que l’intention de Salah ad-Din était le Jihad fis-Sabilillah, une guerre séparée par deux océans, le premier pour l’élévation du culte de la croix et du polythéisme et l’autre pour l’élévation du Verbe Suprême d’Allah l’Unique sans associé ni enfant et la défense des Musulmans et de leurs terres !

 

L’armée de Salah ad-Din s’élevait au total à 13 000 hommes avec les volontaires et celle des croisés à 63 000 combattants qui portaient avec eux Salib as-Salabout (une croix dans laquelle était (soit disant) enchâssé un morceau de bois de la croix sur laquelle Jésus, paix sur lui, (n’)aurait (pas) été crucifié, comme la fausse lance).

 

J’aimerai marquer une petite parenthèse pour vous donner certains chiffres qui ont été rapporté sur cette bataille. J’ai choisi wikipedia.org puisque la page a de bien, qu’elle est traduite en plusieurs langue, on va donc voir ce que la traduction en ces langues a donné et j’ai commencé par l’anglais :    

C= Croisés M= Musulmans

Battle of Hattin C= 20 000 M= 30 000

معركة حطين C= 65 000 M=25 000

Batalla de Hattin C= 20 000 à 30 000 M= 15 000 à 20 000

Bitva u Hattínu C= 20 000 M= 18 200

Schlacht bei Hattin C= 22 000 M= 45 000

Μάχη του Χαττίν C= 17.200 M= 30 000

Batalla de los Cuernos de Hattin C= 30 000 à 50 000 M= Total: 20 000 pour : 2 200 caballeros, 15 000 infantes et 500 turcoples. Vous n’aurez pas assez d’allumettes pour vérifier le total prenez donc une calculette et regardez si ça fait 20 000 !)

Batalo apud Hattin C= 12 000 à 20 000 M= 21 200

Bataille de Hattin C= 20 000 à 25 000 M= 30 000 à 60 000

하틴 전투 C= Approximativement (je cite) 30 000 Croisés M= Approximativement (je cite) 21 000. Page traduite avec Google Translation)

Battaglia di Hattin C= 19 600 M= 20 000

Битка кај Хатин C= 20.000 M= 20.000

Slag bij Hattin C= 12 000 à 20 000 M= 20 000

ヒッティーンの戦い C= 30 000 M= 21 200

Slaget ved Hattin C= 22 000 M= 30 000 à 35 000.

 

J’arrête ici parce que je me suis rendu compte que les gens ont traduit bêtement et parfois inversé les chiffres donc ce n’est pas sérieux de toute manière le nombre d’exemple est suffisant pour confirmer la malhonnêteté de certains et la cécité des autres. Et puis, il y aussi le fait que l’on mentionne que 17 000 musulmans ont trouvé la mort au cours de la bataille qu’ils ont pourtant gagné, c’est ce que j’appelle le syndrome de « la tapette à moucheron » ou de « la mouche tsé-tsé » oui, parce que comment auraient-ils pu gagner la bataille avec autant de morts !

Je n’ai pas cherché sur les sites spécialisés ou dans mes livres car le résultat aurait été de toute manière le même.

Revenons à notre présentation de la seconde croisade avant de laisser la place à la chronologie d’Ibn al-Athir.

 

Salah ad-Din sur sa route pour rencontrer les croisés passa par Tibériade (Tabariyah) qu’il conquit tandis que la force croisée s’enferma dans la même forteresse que Salah ad-Din refusa d’assiéger pour ne pas perdre de temps et poursuivit sa route. Arrivé au Lac de Tibériade, une place stratégique, il en ferma l’accès et les croisés souffrirent de la soif d’autant plus que c’était l’été et que la chaleur était élevée cependant, les croisés réussirent à lever le blocus.

Puis al-Malik an-Nassir Salah ad-Din se dirigea vers la région montagneuse à l’ouest de Tibériade près d’un village nommé Hattin, en Palestine, ou se trouverait le tombeau du Prophète Shou’ayb, paix sur lui.

 

Sous une intense chaleur d’été, le vendredi 24 du mois de Rabi’ Akhir, les deux armées se firent face et le samedi 25 du même mois de l’année 583 de l’Hégire (1187), Salah ad-Din ordonna à ses hommes de lancer du naphte sur les broussailles sèches et craquantes et d’y mettre le feu qui se propagea rapidement, à cause de la chaleur, sous les pattes des montures des croisés.

Lorsque la panique gagna les bêtes, il ordonna alors à son escadron d’archers de couvrir les ennemis d’Allah sous une pluie de flèches si bien qu’un très grand nombre de leurs chevaux périrent alors le sultan moujahid Kabbara (lanca le cri de guerre des Musulmans, Allahou Akbar) et ordonna de lancer un assaut sincère pour l’élévation de la parole suprême de l’Unicité Divine et les chevaux d’Allah s’élancèrent pour écraser les rangs des croisés et Allah le Très Haut donna la victoire à Ses soldats et l’armée musulmane pulvérisa l’armée des croisés et la vainquit avec la permission d’Allah le Contraignant (al-Qahhar). Trente mille croisés trouvèrent la mort au court de la bataille et trente mille autres furent fait prisonnier tandis que tous les rois et les commandants, excepté le roi de Tarablous Raymond III qui réussit à s’enfuit mais qui allait mourir de chagrin et de désespoir quelques jours après son retour dans son royaume, furent fait prisonnier et la « croix de la crucifiction » abandonnée dans la poussière de la bataille fut récupérée par Salah ad-Din.

 

Puis, le sultan al-Malik an-Nassir, le fléau des croisés, s’assit dans sa tente en compagnie des rois et des princes croisés et offrit de l’eau glacée à Guy de Lusignan, le roi de Bayt al-Maqdis, qui après avoir bu donna l’eau au maudit Arnat sans avoir demandé la permission à Salah ad-Din ce qui le mis en colère. Il se leva alors et s’approcha d’Arnat et lui rappela toutes ses perfidies et ses traitrises malgré les traités de paix et saisissant son sabre, il lui trancha la tête. Salah ad-Din ordonna alors de tuer tous les templiers et les hospitaliers bien connus pour leur implacable haine contre l’Islam et les Musulmans. Et quiconque de ses soldats lui ramenait un hospitalier ou un templier, il lui offrait 50 dinars pour le récompenser, une somme énorme pour l’époque. Quant au reste des prisonniers, ils furent envoyés à Damas.

 

Des hospitaliers et des templiers

 

La secte des al-Asbitariyah (hospitaliers du mot anglais hospital) était à l’origine un groupe de Chrétiens qui construisirent un hôpital et un hospice à Jérusalem en l’an 440 de l’Hégire (1048), à l’époque ou la Syrie était sous la domination des hérétiques ‘oubaydi ismaéliens. Lorsque les croisés prirent Jérusalem, cette secte devint un ordre militaire fondamentaliste chrétien anti musulman envers lesquels ils éprouvaient une vive haine. Puis cet ordre fut organisé comme une société secrète, et comme toutes les sectes, avec ses propres règlements et organisation. Les membres de cet ordre furent alors surnommé Foursan al-Qadis Youhannah ou les chevaliers de St jean.        

 

Al-Firqah Dawiyah ou Foursan al-Ma’bad ou Foursan al-Haykal, la secte des templiers fut fondée en l’an 512 de l’Hégire (1118) sous le règne du roi de Bayt al-Maqdis Baudouin II et par un groupe de chevaliers français qui construisirent leur quartier général près de l’emplacement du Haykal, le palais de Souleyman Ibn Daoud (paix sur eux) sur le mont des Oliviers et c’est pour cette raison qu’ils furent surnommé al-Foursan al-Ma’bad (les chevaliers du temple). Ces chevaliers étaient tous à l’origine des hospitaliers qui aidaient uniquement les pauvres et les malades croisés. Cet ordre de bienfaisance se transforma aussi en un ordre religieux militaire qui fut aussi organisé comme une secte comme la franc-maçonnerie et ses membres s’habillaient de manière particulière pour se distinguer des autres Chrétiens. Eux aussi avaient la particularité d’haïr profondément les Musulmans et l’Islam et ils étaient considérés comme les plus violents contre les Musulmans. Ils reçurent de tous les Chrétiens du monde des sommes considérables d’argent et de cadeaux si bien qu’ils devinrent extrêmement riches et habitèrent généralement dans les forteresses ou les forts imprenables des frontières stratégiques.     

En l’an 512 de l’Hégire (1118), sous le règne du pape Clément V (5), le roi français Henri IV conscient des dangers de cet ordre ordonna l’arrestation des templiers et leur élimination. Il ordonna par la suite de brûler 54 d’entre eux puis en l’an 714 de l’Hégire (1314), il ordonna de brûler vif leur chef Jacques de Mollet.

Sous le règne des Mamalik et du sultan Ashraf Khalil, ils furent aussi chassés avec les Chrétiens d’Acre au mois de Joumadah Awwal de l’année 690 de l’Hégire (1290). Les templiers se réfugièrent alors dans l’île de Chypre à Limassol la capitale. Puis ils prirent l’île de Rhodes en l’an 708 de l’Hégire (1308), qui appartenait à l’empire byzantin à l’époque, ou ils disséminèrent leur poison jusqu’au mois de Safar de l’année 729 de l’Hégire (1328) quand les navires des Janissaires (inkishariyah), les lions (oussoud) de l’état ottoman (dawlah al-‘Uthmaniyah), attaquèrent l’île sous le règne du dixième sultan Souleyman I (awwal al-kanouni ou al-mousha’ir) alias Souleyman Le Législateur, le calife des Musulmans. Les templiers furent contraints de quitter l’île pour Malte ou ils restèrent jusqu’à l’année 1213 (1798) de l’Hégire ou ils furent éliminer par le célèbre empereur Napoléon Bonaparte qui mit  définitivement fin à leur ordre (cette organisation secrète existe toujours de nos jours sous différents noms).         

Cette présentation minimale sur les hospitaliers et les templiers achevée, nous revenons à Salah ad-Din.

 

Le retour de Jérusalem aux Musulmans grâce aux efforts de Salah ad-Din

 

Après la victoire accordée par Allah Exalté à Lui les Louanges et la Gloire aux Musulmans dans leur Jihad contre les croisés, Salah ad-Din se dirigea vers la forteresse de Tibériade qui lui avait précédemment résisté et qu’il conquit avant de marcher sur Acre qu’il assiégea et qui se soumit à lui au mois de Joumadah Awwal de l’année 583 de l’Hégire (1187). Salah ad-Din autorisa les croisés qui voulaient quitter la ville à se rendre au Liban puis se rendit avec ses armées à Beyrouth qu’il assiégea et prit. De là, il partit pour Ascalon (‘asqalan) qu’il prit aussi coupant ainsi les renforts et la logistique arrivant par terre et mer à destination de Bayt al-Maqdis.

Ayant libéré ses arrières de toutes éventuelles menaces, il retourna à Bayt al-Maqdis qu’il assiégea et par la grâce d’Allah Exalté, les croisés ne résistèrent qu’une semaine et la ville se soumit le vendredi 27 du mois de Rajab de cette même année.

 

Est-ce que Salah ad-din fit égorgé comme son prédécesseur chrétien 70.000 civils femmes enfants et vieillards durant une semaine lorsqu’il entra dans la ville pour se venger de cet horrible massacre ?

Bien que les Chrétiens aient combattu avec acharnement les Musulmans, il leur permit de se libérer et de partir librement vers le Liban et fixa le prix de 10 dinars par homme, 5 par femme et 2 par enfant. Ensuite, il fit purifier al-Masjid al-Aqsa des immondices et des impuretés et conduisit la prière des Musulmans le vendredi suivant.

 

Les Allemands, les Français et les Anglais lancent la troisième croisade    

 

Ces victoires décisives des Musulmans sur les croisés, malédictions d’Allah sur eux, causèrent une nouvelle fois choc et stupeur en Europe et jusqu’à nos jours cet évènement est encore rappelé. La chute de Jérusalem fut ressentie comme une violente gifle à la face des Chrétiens et le sultan reste encore exécré par tous, rappelez-vous ce que nous avons mentionné au début de ce livre lorsque le général Allenby entra à Jérusalem et ce qu’il dit en frappant de son pied son tombeau.

A cette époque en Europe, les femmes faisaient peur à leur petit enfant avec le nom de Salah ad-Din. Si une femme voulait faire taire son enfant, elle lui disait : « Tais-toi sinon Salah ad-Din va venir. » Le nom de Salah ad-Din est pour eux un terrifiant rappel de la perte de Jérusalem et synonyme de Jihad bien que Salah ad-Din traita les Chrétiens avec générosité !

 

Lorsque les croisés avec les prêtres et les moines chrétiens quittèrent Jérusalem ils se rendirent aussi à Tyr (Sour) au Liban où ils s’établirent et d’où ils commencèrent à lever les Chrétiens de Syrie contre les Musulmans et Salah ad-Din et les poussèrent à les combattre pour reprendre Bayt al-Maqdis. Pire que cela, ces gens tordus et malades, dessinèrent une image représentant al-Massih Ibn Mariam, le Messie fils de Marie, paix sur eux, saignant attaqué par un Arabe et disaient qu’il était Muhammad, Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui, le prophète des Arabes attaquant le fils de Dieu, qu’Allah nous préserve de la déchéance !

Chez les Musulmans tous les Prophètes sont frères et respectables et il n’y a pas plus respectueux du Massih Ibn Mariam que les Musulmans !  Qu’est-ce les mécréants vont payer pour leurs innombrables crimes le Jour du Qiyamah !  

 

Le gouverneur croisé de Tyr, l’ex gouverneur d’Acre, le marquis Conrad de Montferrat, qu’Allah le maudisse, ordonna de dessiner la ville de Jérusalem avec l’Eglise du Jugement (kanissa al-qiyamah) et le tombeau de ‘Issa Ibn Mariam (paix sur lui et sur sa mère) près de qui se trouvait un cavalier arabe et un âne urinant sur la tombe du Messie, paix sur lui !

Qui oserait dessiner une telle chose excepté les maudits ! Qu’Allah nous préserve de l’égarement. Remarque, ils font toujours la même chose de nos jours et il n’y a qu’eux pour faire cela !

Cette image fut donc emmenée par Jossias (Josse) l’archevêque de Tyr et présentée dans toutes les capitales européennes et après les nouvelles de la chute de Jérusalem, vous ne pouvez qu’imaginer le résultat engendré par la vue de cette photo par les champions de la manipulation des masses et de la haine raciale.

Jossias rencontra donc à son tour le pape Urbain III (3) et lui raconta les graves évènements de Syrie et le pape qui était bien malade et âgé mourut des suites de sa rage à l’écoute de ces nouvelles au mois de Sha’ban de l’année 583 de l’Hégire (1187) et Grégoire VIII (8) lui succéda. Il écrivit alors des appels aux armes à Henri II (2) le roi d’Angleterre, à Philippe Rostos le roi de France et à Frederick Barbarossa l’empereur d’Allemagne mais Grégoire VIII mourut deux mois après et il fut succédé à son tour par le pape Clément II qui écrivit de nouveau à Frederick Barbarossa l’empereur d’Allemagne et l’invita à conduire de nouveau la guerre sainte contre les infidèles et à lever une nouvelle croisade.

Jossias quant à lui voyagea pour rencontrer le roi de France et d’Angleterre qui convinrent d’une rencontre en Normandie et qui eut lieu au mois de Dzoul Qi’dah de cette même année.

 

En l’an 584 de l’Hégire (1188), le pouvoir royal passa à Richards I surnommé Qalb al-Assad (Cœur de Lion) et bien que relations entre la France et l’Angleterre étaient mauvaises, les deux pays envoyèrent leurs armées pour la troisième croisade.

 

 

Après la présentation des acteurs de la seconde et troisième croisade, nous revenons de nouveau à la narration d’Ibn al-Athir sur ces évènements.

 

 

 

Comment les deux fils de Zanki, Sayf ad-Din Ghazi et Nour ad-Din Mahmoud prirent le pouvoir

 

En l’an 541 de l’Hégire (1146), lorsque l’Atabeg Zanki fut tué, son fils Nour ad-Din Mahmoud qui était à ses côtés, prit sa chevalière de sa main et partit pour Alep dont il prit possession. A cette époque, l’administration et l’autorité dans l’état de Zanki étaient exercées par un homme enturbanné, Jamal ad-Din Muhammad Ibn ‘Ali, qui contrôlait le gouvernement. Son associé était l’émir-chambellan Salah ad-Din Muhammad al-Yaghi Siani qui acceptèrent de défendre la dynastie. Le prince Alp Arsalan Ibn Sultan Mahmoud qui était au palais du Martyr Atabeg sortit ce jour-là et les troupes se réunirent autour de lui. Jamal ad-Din et Salah ad-Din vinrent le trouver l’encouragèrent à passer son temps à boire avec les chanteurs et les servantes. Ils finirent par le faire aller à Raqqah où il resta plusieurs jours sans faire aucune apparence publique avant de partir à Maksin ou il entra et resta aussi quelques jours, pendant que Jamal ad-Din prenait les serments d’allégeance des émirs en faveur de Sayf ad-Din Ghazi, le fils de l’Atabeg Zanki, et les envoyaient à Mossoul.

 

De Maksin, Alp Arsalan alla à Sinjar alors que Sayf ad-Din était déjà arrivé à Mossoul. Après être arrivé à Sinjar, Jamal ad-Din envoya un messager au gouverneur de la citadelle, en lui disant d’envoyer le message suivant au fils du Sultan : « Je suis votre servant mais je suis soumis à Mossoul. Si et quand tu la prendras, je te livrerai Sinjar. » Il partit donc pour Mossoul mais Jamal ad-Din le saisit et l’emmena dans la ville de Balad tandis que quelques soldats restèrent avec lui. Il lui conseilla de traverser le Tigre ce qu’il fit à l’Est avec un petit groupe.

 

Sayf ad-Din Ghazi était dans la ville de Shahrazour qui était son fief. Le député de son père à Mossoul, Zayn ad-Din ‘Ali Koushouk, envoya un messager pour le convoquer à Mossoul où il arriva avant le prince. Quand Jamal ad-Din apprit que Sayf ad-Din était arrivé à Mossoul, il lui envoya un message pour lui dire combien étaient peu nombreux les hommes avec le prince. Il envoya donc certains de ses soldats qui l’arrêtèrent et il fut emprisonné dans la citadelle de Mossoul. Le contrôle de Sayf ad-Din sur les terres devint établi mais son frère Nour ad-Din resta dans Alep. Salah ad-Din al-Yaghi Siani le rejoignit pour administrer ses affaires et s’engager à maintenir son pouvoir. Nous avons rapporté l’intégralité de ces événements dans notre at-Tarikh al-Bahir (La brillante histoire de la dynastie Atabeg).

 

La rébellion d’Edesse après la mort de l’Atabeg

 

Josselin, qu’Allah le maudisse, qui avait été le seigneur d’Edesse était dans son dominion de Tall Bashir et son voisinage. Il écrivit aux gens d’Edesse, dont la plupart étaient des Arméniens, les encouragea à se rebeller, à s’opposer aux musulmans et à livrer la ville. Ils acceptèrent de le faire et il leur précisa le jour où il viendrait chez eux. Il marcha donc sur Edesse avec ses troupes et conquit la ville mais la citadelle et les musulmans qui étaient dedans résistèrent en dépit de ses attaques. Ces nouvelles parvinrent à Nour ad-Din Mahmoud Ibn Zanki alors qu’il était à Alep. Il se mit aussitôt en marches forcée avec son armée et quand il approcha, Josselin s’enfuit dans sa propre terre. Nour ad-Din entra dans la ville l’a ravagea et asservit les habitants félons.

Ce fut à cette occasion que la ville fut pillée et vidée de ses habitants dont seul un petit nombre resté. Beaucoup de personnes croient qu’elle le fut quand le Martyr l’a conquis mais ce n’est pas juste comme nous l’avons rapporté.

 

Quand les nouvelles de la rébellion d’Edesse atteignirent Sayf ad-Din Ghazi, il envoya des troupes qui furent informé, alors qu’ils étaient en marche, de la capture de la ville par Nour ad-Din et sa permission de la ravager de la ville ce qui les fit retourner en arrière.

 

Une chose remarquable qui est rapportée est que Zayn ad-Din ‘Ali, qui était le député du Martyr et de ses fils dans la citadelle de Mossoul reçut un présent que Nour ad-Din lui envoya de cette conquête dont une femme esclave. Après qu’il eut été avec elle et laissée après ses ablutions, il dit à ceux qui étaient avec lui :

- « Savez-vous ce qui m’est arrivé ce jour ? »

- « Non », répondirent-ils.

- « Quand nous conquîmes Edesse, »poursuivit-il, « avec le Martyr, la partie du pillage que je reçus était une fille magnifique dont la beauté me ravit et mon cœur s’inclina vers elle quand soudain, le Martyr fit une déclaration en ordonnant le retour des captifs et des propriétés. Comme il était craint révérencieusement, je la rendis, bien que mon cœur lui soit attaché. Je viens juste de recevoir un cadeau de Nour ad-Din qui se compose de plusieurs filles et cette fille était l’une d’entre elles. Je lui ai donc rendu visite de peur d’avoir à la rendre comme précédemment. »

 

 

Il y eut cette année, une invasion de sauterelles en Irak qui ruina les récoltes de la plupart du pays.

 

De même cette année, après l’assassinat du martyre Zanki Ibn Aqsounqour, le seigneur de Damas attaqua le château de Baalbek dont le gouverneur était Najm ad-Din Ayyoub Ibn Shadi et l’assiégea. Ce dernier craignit de ne pas recevoir de l’aide des fils de Zanki à temps et abandonna la citadelle selon des conditions en échange d’un fief et d’une somme d’argent. On lui donna aussi la propriété de plusieurs villages dans le territoire damascène ou il prit résidence permanente.

 

Comment les gens de Gabes se soumirent aux croisés et comment les Musulmans l’ont reconquise

 

Avant l’année 542 de l’Hégire (1147), le seigneur de la ville de Gabes était un homme nommé Roushayd qui mourut en laissant quelques fils. Un de ses esclaves affranchi appelé Youssouf choisit son plus jeune fils Muhammad qu’il installa sur le trône et expulsa le fils ainé appelé Mou’ammar. Youssouf assuma la charge de la ville et exerça l’autorité sur Muhammad à cause de son jeune âge.

Certains incidents comme l’agression sexuelle des femmes de son ancien maître se produisirent dont il fut tenu pour coupable. Une des femmes était des Banou Qourrah et elle envoya un message à ses frères se plaignant de sa situation. Quand ses frères vinrent pour la prendre, Youssouf les arrêta et dit : « C’est l’épouse de mon maître, » et refusa de la livrer. Les Banou Qourrah et Mou’ammar Ibn Roushayd allèrent donc trouver al-Hassan, le seigneur d’Ifriqiyah et plaignirent à lui de ce qu’Youssouf faisait. Al-Hassan lui écrivit mais Youssouf ne porta aucune attention à sa lettre et dit : « Si al-Hassan ne me laisse pas en paix, j’abandonnerai Gabes au roi de Sicile. » Al-Hassan leva une armée pour l’attaquer et quand Youssouf en fut informé, il envoya un messager à Roger le roi de Sicile et lui offrit sa soumission lui disant : « Je veux que tu me donnes une robe d’honneur et me nomme gouverneur de Gabes pour être ton député, comme tu as fait avec les Banou Matrouh à Tripoli (en Libye). Roger lui envoya des robes et une attestation. Il s’habilla des vêtements de cérémonie et l’attestation de sa nomination fut lut devant les hommes importants.

Sur ce, al-Hassan et ses troupes s’équipèrent en conséquence et marchèrent sur Gabes qu’ils mirent sous siège. Les citoyens se rebellèrent contre Youssouf à cause de sa politique de soumission aux mécréants et ils livrèrent la ville à l’armée d’al-Hassan. Youssouf se fortifia dans la citadelle mais ils l’assaillirent jusqu’à la prendre et Youssouf fut pris prisonniers. Mou’ammar Ibn Rashid et les Banou Qourrah le torturèrent, coupèrent son pénis et l’insérèrent dans sa bouche avant de lui faire subir une variété de tortures.

Mou’ammar redevint le souverain  de Gabes à la place de son frère Muhammad et les Banou Qourrah emmenèrent leur sœur. ‘Issa le frère de Youssouf et le fils de Youssouf s’enfuirent chez Roger, le roi de Sicile et lui demandèrent protection puis se plaignirent de leur traitement ce qui rendit Roger furieux et le disposa pour la conquête d’al-Mahdiyyah comme nous le mentionnerons en l’an 543 (1148) si Allah Exalté le veut.

 

Un incident que chaque homme sage devrait s’inquiéter

 

Ce même Youssouf, le seigneur usurpateur de Gabes, avait envoyé un messager à Roger en Sicile. Lui et l’envoyé d’al-Hassan le seigneur d’al-Mahdiyyah se croisèrent avant de rencontrer Roger et une dispute éclata entre les deux envoyés. L’envoyé de Youssouf mentionna al-Hassan et les problèmes qu’il avait provoqué et blâma sa conduite. Ils revinrent tous les deux en même temps chacun naviguant dans son propre navire. L’envoyé d’al-Hassan écrivit un rapport à son maître qu’il envoya par pigeon ou il l’informa du comportement de l’envoyé de Youssouf. Al-Hassan envoya certains de ses hommes en mer qui capturèrent l’envoyé de Youssouf et l’apportèrent devant al-Hassan. Il le réprimanda alors en lui disant : « Tu as donné le contrôle des terres musulmanes aux croisés et permis à ta langue débridée de me critiquer ! » Il le fit coiffer d’un chapeau pointu munie de clochettes puis le monta sur un chameau et le parada dans la ville tandis qu’un crieur proclamait : « Ceci est la récompense de quiconque tente de rendre les croisés maîtres des terres musulmanes. » Quand il atteignit le centre d’al-Mahdiyyah, la population se leva et le lapidèrent à mort (et c’est ainsi que les Musulmans devraient traiter leurs dirigeants actuels et leurs sbires en vérité).

 

Nour ad-Din Mahmoud Ibn Zanki prend plusieurs places aux croisés

 

Durant cette année, Nour ad-Din Mahmoud Ibn Zanki le seigneur d’Alep entra dans le territoire croisé et prit par la force des armes le fort d’Artah qu’il pilla ainsi que les forteresses de Maboulah, Bassarfout et Kafarlathah. Après que l’assassinat de son père ‘Imad ad-Din Zanki, les croisés devinrent ambitieux et crurent qu’ils reprendraient ce qu’il avait pris mais quand ils virent un tel zèle de Nour ad-Din dès le début de son règne, ils se rendirent compte que ce qu’ils espéraient était bien loin.

 

 

Cette année aussi, Sayf ad-Din Ghazi Ibn Zanki marcha sur le fort de Dara qu’il prit comme il fit avec d’autres forts dans le territoire de Mardin. Il alla alors à Mardin, l’assiégea, la ruina et ravagea sa terre parce que lorsque l’Atabeg Zanki fut tué, les seigneurs de Mardin et de Hisn Kayfa se permirent de réclamer ces terres qu’ils considéraient comme leur mais que Zanki avait conquis et dûment saisis. Lorsque Sayf ad-Din monta sur le trône, et gagna le pouvoir, il marcha sur Mardin, l’assiégea et commit de terribles actes dans son territoire. En voyant ce qu’il faisait sur ses terres, le seigneur, qui était à cette époque Houssam ad-Din Timourtash dit : « Nous avions l’habitude de nous plaindre de l’Atabeg Zanki. Où sont ses jours maintenant ! C’était des jours de fête. Il nous assiégea plus qu’une fois mais jamais ni lui ni quelqu’un dans son armée, ne prit un sac de paille sans le payer. Ni lui et ni ses troupes n’ont empêché le revenu du sultan. Cependant, je vois cet homme piller et ruiner la terre. »

 

Plus tard, Houssam ad-Din se mit en contact avec lui et parvint à un arrangement en lui proposant le mariage de sa fille. Sayf ad-Din se retira et revint à Mossoul. Houssam ad-Din prépara une escorte pour sa fille et l’envoya à Sayf ad-Din. Quand elle arriva, il était malade et sur le point de mourir. Le mariage ne fut pas consommé mais elle resta avec lui jusqu’à sa mort. Qoutb ad-Din Mawdoud lui succéda et l’a pris pour femme comme nous le rapporterons si Allah Exalté le veut.

 

 

Il y eut cette année une crise de famine en Ifriqiyah qui dura une longue période. Elle commença en l’an 537 de l’Hégire (1142) et eut un terrible effet sur la population qui recourut au cannibalisme. À cause de la famine, les nomades se dirigèrent vers les villes mais les citadins fermèrent les portes devant eux. Une épidémie de peste et une grande mortalité s’ensuivirent. Le pays fut vidé et des familles entières furent décimées et laissées sans survivants. Un grand nombre de personnes voyagèrent en Sicile à la recherche de la nourriture et firent face à de grandes épreuves.

 

Récit de la capture de la ville d’al-Mahdiyyah en Ifriqiyah par les croisés

 

Nous avons déjà mentionné comment la famille de Youssouf, le seigneur usurpateur de Gabes, en l’an 541 de l’Hégire (1146), alla chez Roger le roi de Sicile et demanda son assistance ce qui le mit en colère contre al-Hassan Ibn ‘Ali Ibn Yahya Ibn Tamim Ibn al-Mou’iz Ibn Badis as-Sanhaji, le souverain d’Ifriqiyah avec qui il avait un traité de paix depuis plusieurs années. Il savait qu’il avait manqué la chance de conquérir la terre pendant l’épreuve de famine qui les avait affligés partout dans le Maghrib de l’année 537 de l’Hégire (1142) jusqu’à cette présente année soit l’année 543 (1148). Et la pire année fut certainement l’an 542 (1147) quand les gens abandonnèrent leurs villes et villages et immigrèrent en très grand nombre dans une ville de Sicile. Roger profita donc de ces temps difficiles et construisit une très large flotte qui s’éleva à environ 250 galères qu’il remplit d’hommes, d’armes et de provisions.

La flotte navigua de Sicile à l’île de Pantelleria entre al-Mahdiyyah et la Sicile ou ils trouvèrent un navire qui était venu d’al-Mahdiyyah. L’équipage fut saisi et amené devant George, le commandant de la flotte. Il les questionna sur l’état de l’Ifriqiyah et comme il trouva à bord une cage de pigeons, il leur demanda s’ils avaient déjà dépêché l’un d’entre eux mais ils jurèrent qu’ils n’en n’avaient envoyé aucun. Il ordonna alors à l’homme qui avait les pigeons d’écrire : « Quand nous sommes arrivés dans l’île de Pantelleria, nous avons trouvé des navires de Sicile. Nous les avons questionnés sur leur flotte et il nous fut répondu qu’elle naviguerait vers les îles de Constantinople. »

Le pigeon fut libéré et atterrit à al-Mahdiyyah ou l’émir al-Hassan et les gens furent ravis. Le plan de George était d’arriver à l’improviste. Il mit donc les voiles en ayant l’intention d’atteindre al-Mahdiyyah à l’aube pour l’investir avant que les habitants ne s’enfuient et l’aurait-il fait, pas un seul d’entre eux n’aurait survécu. Cependant, Allah Tout Puissant décréta contre eux un vent furieux qui les choqua et ils ne purent progresser  que par la force des rames et le 2 du mois de Safar cette année, le jour se leva avant qu’ils arrivent. Les gens les aperçurent et quand George réalisa et que son plan sournois avait échoué, il envoya à l’émir al-Hassan un message disant : « Je suis venu avec cette flotte simplement pour venger Muhammad Ibn Roushayd, le seigneur de Gabes et lui restituer son pouvoir. Quant à toi, il y a encore un traité entre nous qui n’a pas expiré et nous voulons qu’une de tes armées nous rejoigne. »

Al-Hassan réunit les principaux juristes et les notables qu’il consulta. Ils dirent :

- « Permet-nous de lutter contre notre ennemi, car notre ville est forte. » Il répondit :

- « Je crains qu’il ne débarque et nous assiègent par terre et mer et nous coupe de nos provisions car nous n’avons pas assez de nourriture pour résister plus d’un mois et nous serons alors pris par la force. J’estime que sauver les Musulmans de la captivité et de la mort est mieux que de continuer à régner. Il m’a demandé de surcroit une armée contre lutter contre Gabes. Si je me conforme, il m’est illicite d’aider les mécréants contre les Musulmans et si je refuse, il dira : « Le traité de paix entre nous est rompu. » Il cherche simplement à nous distraire jusqu’à ce qu’il puisse nous éliminer de la terre. Nous n’avons pas le pouvoir de lutter contre lui. La meilleure solution est de partir avec nos femmes et enfants et abandonner la ville et quiconque veut faire comme nous, permettez-lui de se dépêcher de nous rejoindre. »

Il ordonna alors un départ immédiat et prit avec lui quiconque se présenta avec un chargement léger. Les gens partirent paniqués avec leurs femmes et enfants ainsi que leurs biens et meubles légers tandis que certaines personnes se cachèrent chez les Chrétiens et dans les églises. La flotte resta en mer les deux tiers du jour retenue par le vent d’atteindre al-Mahdiyyah. Et de tous ceux qui avaient projeté de partir pas un seul ne resta. Alors les croisés arrivèrent et entrèrent dans la ville sans opposition. George entra dans le palais et le trouva intact puisque al-Hassan avait seulement prit les trésors royaux légers et plusieurs de ses concubines s’y trouvaient encore. George vit les réserves pleines de trésors précieux et d’objets rares dont il n’existait nul pareil qu’il rassembla avec les femmes d’al-Hassan dans son palais.

 

Ceux de la dynastie de Ziri Ibn Manad qui régnèrent  jusqu’à al-Hassan étaient au nombre de neuf. La période de leur souveraineté fut de 208 années, de l’année 335 (946) jusqu’en l’an 543 de l’Hégire (1148). Un des commandants d’al-Hassan envoya à Roger un message pour demander la sécurité pour sa personne et sa famille et ne partit pas avec les autres. Quand la ville fut prise, elle fut pillée pendant deux heures et ensuite la sécurité générale fut proclamée si bien que ceux qui s’étaient cachés apparurent. Dans la matinée du jour suivant, George envoya un messager aux Arabes qui étaient proches et lorsqu’ils vinrent chez lui, il les traita généreusement et leur donna des généreuses sommes d’argent. Il envoya aussi plusieurs des soldats d’al-Mahdiyyah, qui étaient restés avec une garantie de sécurité pour les habitants d’al-Mahdiyyah qui étaient partis, avec des montures pour transporter leurs bébés et leurs femmes qui étaient dur le point de mourir de faim, bien qu’ils aient caché leur richesse et leur économie dans al-Mahdiyyah. Quand ils reçurent la garantie pour leurs vies, ils revinrent et avant qu’une semaine se soit écoulée, la plupart des habitants étaient revenus.

 

Quant à al-Hassan, il poursuivit sa route avec sa famille et ses enfants dont douze fils en dehors des filles et ses provisions personnelles vers Mouhriz Ibn Ziyad, qui était à al-Mou’allaqah. Il fut rencontré en route par un émir arabe appelé Hassan Ibn Tha’lab qui lui demanda de l’argent qui lui était dû pour son administration. Al-Hassan ne voulut pas sortir d’argent de peur que la convoitise ne le pousse à tout lui prendre et lui livra son fils Yahya comme une garantie avant de poursuivre sa route. Le deuxième jour, il arriva chez Mouhriz qu’il préférait sur tous les Arabes et le traita généreusement en lui donnant une grande partie de sa richesse. Mouhriz l’accueillit chaleureusement et exprima sa douleur sur ce qui lui était arrivé. Al-Hassan resta plusieurs mois avec lui bien qu’il fut mécontent de son séjour. Il voulut alors partir pour l’Egypte chez le calife ‘oubaydi al-Hafiz et acheta un navire pour son voyage. George entendu parler de son départ et déploya des galères pour le saisir mais al-Hassan renonça à ce plan et décida d’aller chez ‘Abdel-Mou’min au Maghreb.

Il envoya ses fils ainé, Yahya (qu’il avait récupéré entre temps), Tamim et ‘Ali à Yahya Ibn al-‘Aziz des Banou Hammad qui étaient des cousins en demandant la permission de venir chez lui, renouveler ses relations et voyager de là vers ‘Abdel-Mou’min. Yahya donna sa permission et il se mit en route. Quand il arriva, Yahya ne le rencontra pas mais l’envoya ainsi que ses fils à Jaza'ir Bani Mazghannan qui désigna des hommes pour le garder et l’empêcher de toute liberté d’action. Ils restèrent donc dans cet état jusqu’à ce que ‘Abdel-Mou’min conquit Bougie en l’an 547 de l’Hégire (1152) ou ils vinrent le trouver et nous rapporterons dans cette année ce qui lui est arrivé.

 

Lorsque George fut établi dans al-Mahdiyyah, il envoya une semaine plus tard, une flotte à Sfax et une autre à Sousse. Quand la population de Sousse entendit les nouvelles d’al-Mahdiyyah, le gouverneur, ‘Ali le fils de l’émir al-Hassan quitta la ville pour se rendre chez son père et les gens partirent en même temps si bien que les croisés, qu’Allah les maudisse, entrèrent sans lutte dans la ville le 12 Safar. Quant aux habitants de Sfax, ils furent rejoints par beaucoup d’Arabes qui les renforcèrent et quand les croisés attaquèrent, ils sortirent en avant contre eux. Les croisés feignirent la fuite et les gens les poursuivirent jusqu’à ce qu’ils soient éloignés de la ville alors ils firent demi-tour pour les rencontrer. Certains s’enfuirent vers la ville et certains vers les champs et beaucoup d’entre eux furent tués.

Le 23 du mois de Safar, les croisés entrèrent dans la ville après un féroce combat et un immense nombre de personnes furent tuées. Les hommes survivants furent pris prisonnier et les femmes asservies. Des garanties de sécurité furent alors proclamés et les habitants retournèrent dans la ville et rançonnèrent leurs femmes et leurs enfants. Après le massacre, les gens de Sousse, de Sfax et d’al-Mahdiyyah furent correctement traités. Plus tard, des lettres de Roger pour toutes les populations d’Ifriqiyah arrivèrent avec des garanties de sécurité, de propriété et des promesses équitables.

Quand l’état du pays retourna à la norme, George procéda avec une flotte au fort de Kalibiyaf. Après son arrivée, les Arabes entendirent de ces nouvelles et s’y réunirent. Les croisés débarquèrent pour attaquer et lors de la bataille qui s’ensuivit, ils furent vaincus et un grand nombre d’entre eux furent tués avant qu’ils ne se retirent déroutés à al-Mahdiyyah. Les croisés contrôlèrent dès lors la côte de Tripoli jusqu’à presque Kairouan. Et Allah est Plus Savant !

 

Al-Mahdiyyah

 

 

Comment les croisés assiégèrent Damas et ce que Sayf ad-Din Ghazi Ibn Zanki fit

 

Cette année, le roi des Allemands vint de ses terres avec un grand armée et un grand nombre suivant de croisés (qu’Allah les maudisse) ayant l’intention d’attaquer le territoire islamique et ne doutant pas qu’il le conquérait avec la plus facilité à cause de la grande multitude de sa suite et de l’abondance d’argent et d’équipement. Dès son arrivée en Syrie, il fut rejoint par les croisés qui s’allièrent à lui et attendirent, en obéissant à chacun de ses ordres et ses prohibitions. Il leur ordonna de marcher avec lui pour assiéger et prendre Damas et ils se mirent dûment en route avec lui, vinrent sous les murs de la ville qu’ils assiégèrent. Le souverain était alors Moujir ad-Din Abaq Ibn Bouri Ibn Toughtakin, bien qu’il n’ait aucune autorité car tout le pouvoir dans la ville appartenait à Mou’in ad-Din Ounour, un Mamelouk de son grand-père, Toughtakin et c’était lui qui avait installé Moujir ad-Din. Mou’in ad-Din était intelligent, juste, charitable et un excellent gouverneur. Il réunit donc les troupes et défendit la ville.

 

Les croisés maintinrent leur siège et le 6 du mois de Rabi’ Awwal, ils lancèrent un assaut tant avec leur cavalerie qu’avec l’infanterie. Les habitants et les troupes régulières sortirent à leurs  rencontres et tinrent ferme contre eux. Parmi ceux qui sortirent pour combattre ce jour, se trouvait le juriste, Houjjat ad-Din Youssouf Ibn Dirbas al-Findalawi al-Maghribi. Il était un grand Sheikh et un juriste savant. Quand Mou’in ad-Din le vit qu’il marchait à pied, il se dirigea vers lui, le salua et lui dit : « O Sheikh, tu es excusé à cause de ton âge avancé. Nous allons nous charger de la défense des musulmans, » et il lui demanda de se retirer mais il refusa et dit : « J’ai vendu et Il me l’a acheté. Par Allah, je ne reculerai pas ni lui demanderait d’annuler. » Il faisait allusion aux mots d’Allah Tout Puissant : « Allah a acheté des croyants, leurs personnes et leurs biens en échange du Paradis. Ils combattent dans la voie d’Allah: ils tuent, et ils se font tuer. C’est une promesse authentique qu'Il a prise sur Lui-même dans la Thora, l’Injil et le Qur’an. Et qui est plus fidèle qu'Allah à son engagement ? Réjouissez-vous donc de l’échange que vous avez fait : Et c’est là le très grand succès. » (Qur’an 9/111) Il avança donc, lutta contre les croisés et fut finalement tué à an-Nayrab, à environ deux kilomètres de Damas puisse Allah Exalté lui faire miséricorde.

Les croisés s’endurcirent tandis que les musulmans s’affaiblirent. L’empereur allemand avança et campa au champ de courses. Les gens furent convaincus qu’il allait prendre la ville. Mou’in ad-Din avait envoyé un messager à Sayf ad-Din Ghazi, le fils d’Atabeg Zanki, lui demandant de venir à l’aide des Musulmans et de reconduire l’ennemi. Par conséquence, il réunit ses troupes et se mit en route pour la Syrie, prenant avec lui son frère Nour ad-Din Mahmoud d’Alep. Ils campèrent à Homs et il envoya un message  à Mou’in ad-Din disant : « J’arrive en apportant avec moi tous ceux qui portent des armes dans mes terres. Je veux que mes députés soient à Damas pour que je puisse venir et affronter les croisés. Si je suis vaincu, moi et mes troupes pourrons entrer dans la ville et nous protéger à l’intérieur. Si je suis victorieux, la ville est la vôtre et je ne la contesterai pas avec vous. »

Il envoya aussi un message aussi aux croisés en les menaçant s’ils ne se retiraient pas immédiatement de la ville. Les croisés relâchèrent leurs attaques craignant le grand nombre de blessés et à cause de la possibilité qu’ils soient obligés de lutter contre Sayf ad-Din. Ils se ménagèrent donc si bien que les habitants devinrent plus forts pour la défense de la ville et trouvèrent un répit à cause des assauts incessants. Mou’in ad-Din écrivit aux croisés : « Le souverain est arrivé. Si vous ne vous retirez pas, je lui remettrais la ville pour votre plus grand désarroi. » D’autre part, il envoya aussi un message aux croisés de Syrie, pour leur dire : « Pour quelle raison aidez-vous ces hommes contre nous ? Vous savez que, s’ils prennent Damas, ils saisiront les terres côtières que vous avez sous les mains. Quant à moi, si je vois que je suis trop faible pour tenir la ville, je l’abandonnerai à Sayf ad-Din et vous savez que s’il contrôle Damas, il ne vous permettra pas de tenir un seul pied en Syrie. » Ils acceptèrent d’annuler leur coopération avec l’empereur allemand et Mou’in ad-Din offrit de leur rendre le château de Banyas.

Les croisés du Levant rencontrèrent l’empereur allemand et le mirent en garde contre Sayf ad-Din, ses grandes forces et ses réserves constantes de renforts. « Peut-être risque-t-il de prendre Damas et tu seras trop faibles pour t’opposer à lui. » Ils continuèrent de l’appuyer jusqu’à ce qu’il se soit retiré de la ville. Ils reçurent alors le fort de Banyas et les Allemands revinrent dans leurs propres terres au-delà de Constantinople. Et ainsi Allah Exalté sauva les croyants de leur mal.

 

Al-Hafiz Abou al Qassim Ibn ‘Assakir a dit dans son Tarikh ad-Dimashq, (Histoire de Damas) qu’un des ‘Oulama rattachés à lui vit al-Findalawi dans un rêve et qu’il lui demanda : « Comment Allah t’a-t-Il traités et où es-tu ? » Il répondit : « Il m’a pardonné. Nous sommes dans les Jardins d’Eden, face à face sur les canapés. »

 

Comment Nour ad-Din Mahmoud Ibn Zanki prit la forteresse d’al-‘Ouraymah

 

Après que les croisés se retirèrent de Damas, Nour ad-Din marcha sur la forteresse d’al-‘Ouraymah, qui était tenue par ces derniers et l’a pris.

Quand l’empereur allemand se mit en route pour la Syrie, il avait avec lui le fils d’Alfonsh, un descendant de prince croisé, dont le grand-père était celui qui prit Tripoli (Syrie) des Musulmans. Il prit et gagna le contrôle de la forteresse d’al-‘Ouraymah et déclara ouvertement qu’il avait l’intention de prendre Tripoli du Comte. Ce dernier envoya donc un message à Nour ad-Din Mahmoud qui avait rencontré Mou’in ad-Din Ounour dans Baalbek, leur disant qu’ils devaient attaquer al-‘Ouraymah et la prendre du fils d’Alfonsh. Ils se mirent tous les deux en route avec leurs troupes en marche forcée et envoyèrent un message à Sayf ad-Din qui était à Homs pour lui demander son aide. Il les appuya avec une grande force sous le commandement de l’émir ‘Izz ad-Din Abou Bakr ad-Doubayssi, le seigneur de Jazirat Ibn ‘Omar et d’ailleurs. Ils campèrent près de la forteresse et l’assiégèrent. Le fils d’Alfonsh s’y trouvait et organisa une forte défense. Les musulmans lancèrent plusieurs assauts puis les sapeurs s’avancèrent et minèrent le mur. Alors les croisés capitulèrent et les Musulmans prirent possession de la forteresse en saisissant tout, cavalerie, infanterie, mâle et femelle ainsi que le fils d’Alfonsh. Ils détruisirent alors la forteresse avant de revenir chez Sayf ad-Din. Pour le fils d’Alfonsh l’adage suivant est approprié : « L’autruche est sortie, en cherchant deux cornes et revint avec deux oreilles en moins. »

 

De la défaite des croisés à Yaghrah

 

Cette année, Nour ad-Din Mahmoud Ibn Zanki vainquit les croisés, malédiction d’Allah sur eux, dans un lieu en Syrie appelé Yaghrah. Ils s’étaient rassemblés dans le but d’attaquer les districts d’Alep et sitôt qu’il fut informé, il marcha contre eux avec son armée et les rencontra à Yaghrah ou eut lieu une féroce bataille qui finit avec la défaite des croisés. Beaucoup d’entre eux furent tués et plusieurs de leurs commandants fait prisonniers. Seulement quelques-uns de leurs soldats réussirent à s’enfuir. Un peu de butin et des captifs furent envoyé à son frère Sayf ad-Din, au calife à Baghdad, à Sultan Mas’oud et à d’autres.

 

Concernant cette bataille, dans son ode qui commence « Les barrages auraient-ils été bloqués ou non et le sommeil aurait-il été repoussé, » Ibn al-Qayssarani dit les vers suivants sur Nour ad-Din :

«  Comment devrions-nous ne pas célébrer sa louable (Mahmoud) vie, quand le sultan est digne d’éloges,

Et le sabre de l’Islam est seulement détourné quand le corps de la mécréance est coupé en tranches.

Les actes vertueux sont trouvés seulement là où la Lumière de Religion (Nour ad-Din) est présente.

Combien de bataille a-t-il, dont le jour est mémorable pour les mécréants. »

 

 

Cette année, les prix en Irak montèrent très haut et les denrées alimentaires devinrent impossibles à obtenir à cause de l’armée qui vint. Les gens de la campagne environnante vinrent à Baghdad en tant que réfugiés, ayant été privés de leurs possessions et ils périrent affamés et nus. Partout et dans la plupart des terres, il y eut un manque semblable, au Khorasan, Ispahan, Fars, al-Jazirat et la Syrie. Quant au Maghreb la situation fut bien pire. Les causes de la famine et les hauts prix furent dus à l’interruption des pluies et l’invasion de l’ennemi.

 

La mort de Sayf ad-Din Ghazi, le fils d’Atabeg Zanki et la succession de son frère Qoutb ad-Din

 

En l’an 544 de l’Hégire (1149), le seigneur de Mossoul Sayf ad-Din Ghazi, le fils d’Atabeg Zanki, mourut des suites d’une maladie fiévreuse. Quand sa maladie devint sérieuse, il envoya un message  à Baghdad et manda Awhad az-Zaman. Quand il arriva et vit combien sa maladie était sérieuse, il le traita mais ses médecines n’eurent aucun effet curatif. Ghazi décéda vers la fin du mois de Joumadah Thani après un règne de trois années, un mois et vingt jours. Il était beau et jeune et naquit en l’an 500 de l’Hégire (1106). Il fut enterré dans la Madrassah qu’il bâtit à Mossoul. Il laissa un enfant unique mâle que son oncle Nour ad-Din Mahmoud éleva et éduqua avant de le marier avec la fille de son frère Qoutb ad-Din Mawdoud. Il ne vécut pas longtemps et mourut à l’apogée de sa jeunesse. Ainsi la dynastie de Ghazi prit fin.

 

Sayf ad-Din Ghazi était un homme généreux, brave et intelligent. Deux fois par jour, le matin et le soir, il avait l’habitude de fournir un grand repas à ses troupes régulières. Le repas du matin se composait de cent têtes de moutons. Il fut la première personne à porter son étendard sur sa tête et il ordonna à ses soldats de ne pas monter (leurs chevaux) sans une épée à la taille et à une masse d’arme sous le genou. Lorsqu’il introduisit cette pratique, tous les souverains de province l’imitèrent. Il bâtit l’ancienne Madrassah d’Atabakiyah à Mossoul, une des plus larges Madrassah qu’il donna aux juristes Hanafi et Shafi’i et aussi un hospice pour soufis de nouveau à Mossoul à la Porte de Rassif. Son règne ne dura pas assez longtemps pour lui permettre de mener à bien tous ses projets. Il avait de hautes aspirations. Un exemple de sa générosité est que Shihab ad-Din Hayssa Bayssa vint à sa cour et le loua avec une ode. Ghazi le récompensa avec mille dinars dans l’argent sans compter les robes d’honneur et d’autres choses.

 

Quand Sayf ad-Din Ghazi décéda, son frère Qoutb ad-Din habitait à Mossoul. Jamal ad-Din, le vizir et Zayn ad-Din, les commandants de l’armée consentirent d’en faire le successeur. Ils allèrent le chercher et prirent son serment et eux-mêmes lui portèrent serment. Ils l’amenèrent à cheval au palais du sultanat avec Zayn ad-Din tenant son étrier. Toutes les terres de son frère Sayf ad-Din, comme Mossoul, al-Jazirat et la Syrie, lui portèrent allégeance.

Après sa nomination, il se maria avec la fille de Houssam ad-Din Timourtash avec qui son frère Sayf ad-Din s’était marié mais seulement pour mourir avant de consommer le mariage. Elle fut la mère des enfants de Qoutb ad-Din : Sayf ad-Din Ghazi Thani (II), ‘Izz ad-Din et d’autres.

 

De l’assassinat du seigneur d’Antioche et la défaite des croisés

 

Cette année, Nour ad-Din Mahmoud Ibn Zanki attaqua le territoire croisé en direction d’Antioche. Il marcha sur la forteresse de Harim aux mains des croisés, l’assiégea, détruisit sa banlieue et pilla son arrière-pays. Il partit alors pour la forteresse d’Inab, qu’il assiégea aussi. Les croisés se rassemblèrent avec le seigneur d’Antioche, d’Harim et les régions avoisinantes pour le forcer à quitter Inab mais Nour ad-Din avança à leur rencontre et une féroce bataille fut livrée. Nour ad-Din prit une part directe dans le combat ce jour-là. Les croisés, malédiction d’Allah sur eux, subirent une écrasante défaite et un grand nombre d’entre eux furent tués et autant capturés.

Parmi les tués se trouvait le seigneur d’Antioche qui était le plus extrémiste et un de leurs grands chefs. Après sa mort son fils, Bohémond qui était encore un enfant lui succéda tandis que sa mère se maria avec un deuxième prince pour gouverner la terre jusqu’à ce que son fils ait grandi et qui resta avec elle dans Antioche.

 

Plus tard, Nour ad-Din entreprit un autre raid contre eux. Ils se rassemblèrent de nouveau et l’affrontèrent mais ils furent vaincus. Un certain nombre de leurs hommes furent tués et d’autres capturés. Parmi les prisonniers se trouvaient le deuxième prince, le beau-père de Bohémond et ce dernier prit le contrôle d’Antioche. Les poètes firent beaucoup d’éloges pour féliciter Nour ad-Din de cette victoire, puisque l’assassinat du prince eut de grandes conséquences pour les deux côtés.

Al-Qayssarani, un de ces poètes dit dans son ode célèbre :

« Celle-ci sont les déterminations, pas ce que les plumes prétendent,

Celle-ci sont les nobles qualités, pas ce que les livres mentionnent.

Celle-ci sont les ambitions, qui, quand elles sont poursuivies,

Poètes et sermons trébuchent le long de leurs voies.

O fils de ‘Imad ad-Din, tu as serré les mains avec leur plus haut,

Avec une main faite pour de grandes entreprises accomplies avec peine.

Ton aïeul ne cessa pas de construire chaque bâtiment élevé,

Jusqu’à ce qu’il construise un dôme dont les supports sont des météores.

Tes sabres ont produit chez les croisés une secousse,

Qui fait battre plus rapidement le cœur de la grande Rome.

Avec eux, tu portas à leur chef un coup destructeur

Qui détruisit sa détermination et rabaissa les croix.

Tu as purifié la terre de l’ennemi avec leur sang

Dans une purification qui rendit chaque épée polluée. »

 

Récit de la dispute entre le souverain de Sicile et l’empereur byzantin

 

Il y eut durant cette année, un désaccord entre Roger le souverain de Sicile et l’empereur de Constantinople qui se livrèrent un grand nombre de batailles et qui se poursuivirent durant plusieurs années ce qui les détourna des Musulmans. Si cela n’avait pas été le cas, Roger aurait pris toutes les terres d’Ifriqiyah.

Les combats entre eux eurent lieu sur terre et mer et le souverain de Sicile les remporta au point que sa flotte arriva dans la ville de Constantinople et entra dans la bouche du port où plusieurs des galères byzantines furent capturées et un certain nombre de prisonniers pris. Ses hommes tirèrent des flèches vers les fenêtres du palais impérial. La personne derrière ces exploits contre les Byzantins et les Musulmans n’était autre que George, le vizir du souverain sicilien. Ce dernier fut  atteint d’un certain nombre de maladies dont les hémorroïdes et les pierres (calcul ?). Il mourut en l’an 546 de l’Hégire (1151) et le désaccord cessa. Les gens furent soulagés de son mal et de ses vils complots. Le souverain de Sicile n’eut personne pour le remplacer après lui.

 

 

Cette année, il y avait un terrible tremblement de terre et on a dit qu’une montagne en face de Houlwan s’enfonça dans la terre.

 

Cette année aussi, Abou al-Mouzaffar Yahya Ibn Houbayrah devint le vizir du calife al-Mouqtafi Li-Amrillah qui avait été précédemment le chef du Bureau de Contrôle. Il montra une grande compétence quand les troupes campèrent à l’extérieur de Baghdad et une excellente adresse pour les faire retourner. Le calife était passionné de lui et le nomma vizir le mercredi 4 du mois de Rabi’ Thani de l’année 544 de l’Hégire (1149) alors que la lune était dans le quart de Saturne. Quelqu’un lui dit : « Il aurait été mieux de retarder la remise de la robe d’office à cause de ces aspects de quarts. » Il répondit alors : « Y a-t-il quelque chose de plus  propice que de devenir le vizir du calife ? » Et il s’habilla de la robe ce jour-là.

 

Toujours cette année au mois de Mouharram, les prix baissèrent en Irak. Les bonnes choses furent abondantes et les campagnards quittèrent la ville pour leurs villages.

 

Comment les bédouins attaquèrent la caravane de pèlerin

 

Le 14 Mouharram de l’année 545 de l’Hégire (1150), les bédouins arabes des Bani Zoughb et leurs alliés encerclèrent et attaquèrent la caravane de pèlerin à al-Gharabi, entre La Mecque et Médine et seuls quelques pèlerins réussirent à s’enfuir.

La raison est que Nazar, l’émir du Pèlerinage retourna à al-Hillah comme nous l’avons déjà rapporté et Qaymaz al-Arjouwani, qui était un jeune inexpérimenté, accompagna la caravane à La Mecque. Lorsque l’émir de La Mecque vit Qaymaz, il le considéra inoffensif et l’idée de piller les pèlerins devint une certitude. Qaymaz géra le voyage avec succès jusqu’à ce qu’il se mit en route pour le retour.

Lorsqu’il quitta La Mecque, il entendu dire que les Arabes s’étaient rassemblés et avaient dit aux pèlerins : « Le meilleur chemin pour vous est de ne pas aller à Médine. » Les Perses provoquèrent un tapage et menacèrent de se plaindre de lui au Sultan Sanjar. Il leur dit donc : « Alors donnez de l’argent aux bédouins pour empêcher les problèmes qu’ils pourraient nous causer, » mais ils refusèrent de le faire. Il les accompagna aussi loin qu’al-Gharabi, qui est une station juste après (ou avant dépendant du sens de la marche) un étroit passage entre deux montagnes. Les Arabes les attendaient à l’entrée du défilé. Qaymaz et ses hommes luttèrent contre eux mais quand il vit qu’il était trop faible, il accepta un laisser passer pour lui. Les pèlerins furent submergés, leurs marchandises et tout ce qu’ils avaient avec eux fut pris comme butin. Les gens se dispersèrent dans le désert et un trop grand nombre pour compter périrent. Seul quelques-uns survécurent et certains d’entre eux atteignirent Médine d’où ils furent envoyés vers leurs terres. D’autres restèrent avec les bédouins jusqu’à ce qu’ils aient trouvé une solution pour se libérer.

Plus tard, Allah Exalté aida les pèlerins contre les Zoughb qui diminuèrent et déclinèrent. J’ai vu un jeune de leur clan dans Médine durant l’année 576 de l’Hégire (1180) avec qui j’eus une conversation et au cours de laquelle je lui dis :

- « Par Allah, j’étais prêt à te témoigner de la sympathie jusqu’à ce que j’ai entendu dire que tu étais de Zoughb alors je me suis rétracté et crains que tu me fasses des problèmes. » Il demanda :

- « Pour quelle raison ? » A quoi je répondis :

- « A cause de votre pillage de la caravane de pèlerin. »

- « Je n’étais pas vivant à cette époque », dit-il. « Comment pensez qu’Allah nous a traités ? Par Allah, nous n’avons pas prospéré, ni avons été réussis. Nos nombres ont diminué et nos ennemis sont impatients de nous détruire. »

 

De la prise du château d’Apamée

 

Cette année, Nour ad-Din Mahmoud le fils du Martyr Zanki, prit aux croisés, qu’Allah les maudisse, le château d’Apamée qui se trouvait au sommet d’une colline dans le voisinage de Shayzar et Hama, l’un des plus puissants forts et le plus imprenable d’entre eux. Nour ad-Din s’y rendit et assiégea les croisés. Il combattit et exerça une dure pression sur les occupants de la forteresse. Les croisés en Syrie se rassemblèrent et marchèrent vers lui pour le forcer à lever le siège mais ils arrivèrent seulement après qu’il ait pris la place qu’il remplit de provisions, d’armes, d’hommes et de tout qui était nécessaire pour soutenir nombre de siège. Quand il entendu dire que les croisés arrivaient et ayant achevé les dispositions du fort, il sortit à leur rencontre. Lorsque les croisés virent que le château avait été pris et que Nour ad-Din était déterminé à les affronter, ils s’écartèrent de sa route et revinrent dans leurs propres terres puis tentèrent d’obtenir une trêve.

Il revint alors sauf et victorieux.

 

Durant cette année, ‘Ala' ad-Din Mahmoud Ibn Mas’oud, le souverain de Touraythith qui était entre les mains des ismaéliens, ordonna de lire la Khoutbah pour le calife et de s’habiller de vêtements noir. Le prêcheur se conforma, mais l’oncle d’‘Ala' ad-Din, ses parents et ceux qui les approuvaient se rebellèrent contre lui. Dans la lutte qui s’ensuivit, ils détruisirent le minbar et tuèrent le prêcheur. ‘Ala' ad-Din agit ainsi parce que son père était un Musulman[1] qui, lorsque les hashashiyine prirent le contrôle à Touraythith, fit semblant de se conformer, mais garda secrète sa conviction en la Shari’ah et avait l’habitude de débattre pour le soutien de l’école juridique Shafi’i. Son rôle de leadership dans Touraythith s’affermit et ses affaires progressèrent selon ses vœux. Quand il fut sur le point de mourir, il instruisit d’être lavé par un juriste Shafi’i et recommanda à son fils, ‘Ala' ad-Din, que s’il était capable, il devrait restituer ouvertement l’adhérence à la Shari’ah Islamique. Quand il crut qu’il avait le pouvoir, il fit ainsi mais sans succès.

 

 

Il y eut cette année en Irak beaucoup de maladies surtout à Baghdad ou la mortalité fut élevée et le sultan Mas’oud quitta la ville.

 

L’émir ‘Ali Ibn Doubays Ibn Sadaqah, le seigneur d’al-Hillah, mourut cette année à Assad Abad. Son docteur, Muhammad Ibn Salih fut soupçonné d’être impliqué dans un complot pour l’assassiner et il mourut à son tour quelques temps plus après.

 

De la défaite Nour ad-Din face à Josselin et de la capture ultérieure de Josselin

 

En l’an 546 de l’Hégire (1151), Nour ad-Din Mahmoud rassembla son armée et marcha vers les terres de Josselin, malédiction d’Allah sur lui, au nord d’Alep qui incluaient Tall Bashir, ‘Ayntab, A’zaz et ailleurs qu’il projeta d’assiéger et de prendre. Josselin était le principal et redoutable chevalier des croisés qui combinait courage et bon sens. Quand ce dernier fut informé, il rassembla à son tour les croisés en grands nombres et procéda vers Nour ad-Din qu’il rencontra et affronta. Les Musulmans furent vaincus et un grand nombre d’entre eux tués ou capturés. Parmi les prisonniers se trouvait le porteur de l’armure de Nour ad-Din qui fut capturé par Josselin qui, quand il vit l’armure de Nour ad-Din sur lui, l’envoya au roi Mas’oud Ibn Kilij Arsalan, le seigneur de Konya et d’Aqsaray en lui disant : «  Voici l’armure de ton beau-fils. Tu recevras la prochaine fois quelque chose de beaucoup plus sérieux ! »

Quand Nour ad-Din apprit ce qui était arrivé, il fut outragé par sa conduite et conçut un plan contre Josselin bannissant tout le reste de ses activités pour se venger. Il somma un groupe d’émirs turcomans et leur offrit des récompenses s’ils saisissaient Josselin et le livraient mort ou prisonnier parce qu’il savait que, s’il l’attaquait en personne, il se protégerait avec ses troupes derrière ses forts. Les Turcomans lui envoyèrent donc des espions et quand il sortit pour chasser, un groupe d’entre eux le rattrapa et s’assurèrent de sa personne. Il négocia avec eux et leur offrit de l’argent. Ils acceptèrent de le libérer quand l’argent serait apporté et il envoya quelqu’un pour aller le chercher. Cependant, un des Turcomans alla chez Abou Bakr Ibn ad-Dayah, le député Nour ad-Din dans Alep et l’informa de la situation. Il le renvoya avec un corps de troupes qui surprirent ces Turcomans alors que Josselin était avec eux, le prit prisonnier et le rapporta à Abou Bakr. Sa capture fut l’un des plus grands succès parce qu’il était un démon fanatique, féroce et cruel contre les Musulmans. Sa capture fut un coup dur porté à toute la Chrétienté.

 

Après sa capture, Nour ad-Din marcha sur ses forts et les prit dont ceux de Tall Bashir, ‘Ayntab, A’zaz, Tall Khalid, Qourous, Rawandan, Bourj ar-Rassas, la forteresse d’al-Bara, Kafr Soud, Kafarlathah, Doulouk, Mar’ash, Nahr al-Jawz et d’autres en un temps record et dont les détails seront donnés.

Chaque fois que Nour ad-Din conquit un de ces forts, il le pourvut de toutes les nécessités qu’une forteresse exige, craignant un revers que les croisés pourraient infliger aux Musulmans et pour prévenir ces derniers d’être dans le besoin pour les défendre contre l’ennemi.

 

Les poètes le louèrent de nouveau et l’un d’entre eux, al-Qayssarani, écrivit dans une ode à propos de Josselin, qu’Allah le maudisse :

« Ainsi le destin offrit au comte le cadeau de son emprisonnement.

Le plus chanceux adversaire est celui que la captivité a saisi pour toi.

Il était démesuré et cupide à un niveau au-delà de tout excès.

Le blasphème et la mécréance détruisirent sa violence.

‘Azaz devint comme son nom une gloire pour toi.

S’il était un nid, il serait difficile pour ses deux aigles.

Procède et remplis le monde de lumière et de joie,

Car sur le sombre horizon, il y a un besoin pour cette luminosité.

C’est comme si je sens sa détermination (puisse son tranchant ne pas être émoussé),

Et al-Aqsa pour destination.

Cette affaire fut décrétée

Et Jérusalem n’est bien que purifiée.

Et il n’y a aucune purification pour elle excepté quand elle coule avec le sang. »

 

 

Cette année, le barrage à Nahrawan que Bahrouz avait bâti éclata à cause de l’augmentation excessive du Tamarra et de la négligence de son entretien. Ce fut très sérieux et causa beaucoup de pertes aux gens.

 

De même cette année, l’émir Qoujouq se rendit avec un corps des troupes du sultan Sanjar à Touraythith dans le Khorasan et attaqua le territoire ismaélien. Ils pillèrent les maisons, asservirent, détruisirent et incendièrent puis firent des choses terribles aux habitants avant de revenir saufs.

 



[1] Comme vous le savez, juridiquement les ismaéliens, les battini, les hashashiyine, les ‘oubaydi et toutes les sectes hérétiques déviantes comme eux sont des mécréants.