Récit du massacre des ismaéliens à Damas

 

Dans ce qui précède nous avons mentionné le meurtre d’Ibrahim al-Assadabadi à Baghdad, la fuite de son neveu Bahram en Syrie et comment il prit possession de la citadelle de Banyas ou il s’établit. Quand il quitta Damas, il nomma un député pour appeler les gens à ses convictions. Ils se multiplièrent donc et s’étendirent. Il acquit aussi lui-même plusieurs forteresses dont celle d’al-Qadmous. Dans Wadi at-Taym dans le district de Baalbek, il y avait des disciples de différentes sectes hérétiques comme les noussayri, les druzes, les mages et d’autres aussi et leur émir s’appelait ad-Dahhak. Bahram marcha contre eux en l’an 522 de l’Hégire (1127), les assiégea et les combattit. Ad-Dahhak sortit à sa rencontre avec 1 000 hommes et, surprenant les troupes du Bahreïn, ils les passèrent par l’épée tuant un grand nombre d’entre eux dont Bahram. Les survivants s’enfuirent et revinrent à Banyas dans un état misérable.

 

Lorsque Bahram partit, il laissa le commandement à un de ses principaux lieutenant et disciple nommé Isma’il. Il prit donc sa place et regroupa ceux qui étaient revenus puis envoya dans toutes les directions des missionnaires qui étaient aussi soutenus par al-Mazdaqani. Il se tranquillisa en dépit de la rage qu’il ressentit suite à ce revers et ses inquiétudes.

 

En l’an 523 de l’Hégire (1128), al-Mazdaqani installa à Damas à la place de Bahram un homme appelé Abou al-Wafa', dont le pouvoir et l’importance grandit démesurément tandis que ses partisans devint nombreux puis il s’éleva à Damas et vint à dominer les Musulmans. Son influence était plus grande que celle du souverain Taj al-Moulouk. En temps voulu, al-Mazdaqani contacta les croisés pour leur abandonner la ville de Damas en échange de la ville de Tyr. Cela fut accepté par les deux partis et la date d’échange fut décidée pour un vendredi qu’ils fixèrent. Al-Mazdaqani se mit d’accord avec les hashashiyine pour que ce jour ils ferment les portes de la mosquée pour ne permettre à personne de partir, afin que les croisés, qu’Allah les maudisse, puisse venir et saisir la ville. Taj al-Moulouk, le seigneur de Damas, fut informé de cela et convoqua al-Mazdaqani qui vint et lorsqu’ils furent seuls, Taj al-Moulouk le tua, lui trancha la tête qu’il suspendit sur les portes de la citadelle avant de proclamer dans la ville : « Tuez les batini » et 6 000 d’entre eux furent exécutés au milieu du mois de Ramadan et ainsi Allah Tout Puissant sauva les Musulmans de leur cruauté et retourna leur complot sur les mécréants.

 

Quand ce désastre prit fin, Isma’il le souverain de Banyas craignit que son peuple puisse se révolter contre lui et ses disciples qui pourraient mener à leur destruction. Il entra alors en contact avec les croisés et leur offrit de leur abandonner Banyas et se rendre sur leurs terres. Sur cet accord, la forteresse leur fut remise et avec ses disciples ils se rendirent dans le territoire sous occupation croisée où ils connurent l’épreuve, l’humiliation et la honte. Isma’il mourut au début de l’année 524 de l’Hégire (1129) et Allah Exalté a sauvé les croyants de leur cruauté.

 

Compte-rendu du siège de Damas par les croisés et leur défaite

 

Quand les croisés, malédiction d’Allah sur eux, furent informés de l’exécution du maudit al-Mazdaqani et des hashashiyine à Damas, ils furent très consternés et regrettèrent de ne pas avoir saisi l’occasion de prendre le contrôle de Damas et le désastre tomba sur eux.

Le roi de Jérusalem, le seigneur d’Antioche, le seigneur de Tripoli, d’autres croisés, leurs comtes et aussi ceux qui étaient venus en bateau pour le commerce ou pour le pèlerinage se rassemblèrent au nombre d’environ 2 000 cavaliers et une innombrable infanterie et marchèrent pour mettre Damas sous siège.

Informé de cela, Taj al-Moulouk réunit les bédouins arabes et les Turcomans et huit mille cavaliers se joignirent à eux. Les croisés arrivèrent durant le mois de Dzoul Hijjah et campèrent près de la ville. Ils envoyèrent alors des escadrons dans les districts environnants pour fourrager et ravager. Taj al-Moulouk entendit dire qu’un grand détachement était parti à Hawran pour piller des provisions et il envoya un de ses émirs, nommé Shams al-Khawass, avec un corps de Musulmans pour les intercepter. Ils partirent lors d’une nuit hivernale de lourde pluie et tombèrent sur les croisés le jour suivant. Ils les affrontèrent alors et chacun d’entre eux résista fermement. Finalement les Musulmans eurent le dessus et les écrasèrent et seul leur commandant et quarante hommes avec lui s’enfuirent. Ils saisirent donc tout ce qu’ils avaient volé, 10 000 bêtes de somme chargées et 300 prisonniers civils puis les Musulmans revinrent sans perte à Damas. Quand les maudits croisés qui assiégeaient la ville l’apprirent, Allah Exalté jeta la terreur dans leurs cœurs et ils partirent comme dans une déroute après avoir brûlé les munitions et les provisions qu’ils étaient incapables de porter. Les Musulmans les poursuivirent sous une pluie torrentielle et un froid intense et tuèrent tous les retardataires. Un grand nombre d’entre eux furent tués toujours durant ce mois de Dzoul Hijjah.

 

 

Cette année Bohémond, le seigneur d’Antioche, prit le château d’al-Qoudmous des Musulmans.

 

Aussi cette année les hashashiyine attaquèrent ‘Abdel-Latif Ibn al-Khoujandi, le leader des Shafi’i dans Ispahan et l’assassinèrent. C’était un leader de grande qualité et de beaucoup d’autorité.

 

‘Imad ad-Din conquiert la forteresse d’al-Atharib et de la défaite des croisés

 

En l’an 524 de l’Hégire (1129), quand ‘Imad ad-Din Zanki finit ses affaires avec les villes syriennes, Alep et ses dépendances qu’il prit et réorganisa, il se rendit à Mossoul et à al-Jazirah pour permettre à son armée de se reposer. Puis, il leur ordonna de se préparer pour une expédition militaire, ce qu’ils firent complètement alors il revint en Syrie et marcha sur Alep avec la forte détermination d’attaquer et d’assiéger la forteresse d’al-Atharib qui provoquait de graves dommages aux Musulmans.

Cette forteresse se trouvait à environ 15 kilomètres d’Alep et entre lui et Antioche d’où les croisés, qu’Allah les maudisse, prélevaient une partie des revenus de tous les districts ouest d’Alep et même d’un moulin, de la largeur de la grand-route de la ville, à l’extérieur de la Porte des Jardins appartenant aux habitants d’Alep. Les habitants subissaient des difficultés extrêmes et l’oppression des croisés qui, chaque jour les attaquaient et pillaient leurs propriétés. Quand le martyre vit cette situation, il décida d’assiéger cette forteresse sur laquelle il descendit.

Les croisés informés de son approche rassemblèrent leur cavalerie et leur infanterie après s’être rendu compte que c’était une bataille décisive qui déterminerait l’avenir. Ils mobilisèrent toutes leurs forces et ne laissèrent aucune de leur force potentielle non exploitée. Quand ils furent prêts, ils marchèrent à la rencontre de Zanki (aussi appelé le martyre par Ibn al-Athir) qui consulta ses compagnons sur ce qu’il devrait faire et chacun conseilla de se retirer de la forteresse car rencontrer les croisés dans leur propre territoire était un risque dangereux dont nul ne pouvait connaitre le résultat. Il leur dit : « Si les croisés voient que nous avons cédé devant eux, ils seront enhardis, nous suivront et détruiront nos terres. Peu importe ce qui adviendra mais nous devons les affronter. »

Il quitta la forteresse et partit à leur rencontre et lorsque les armées furent l’une en face de l’autre, ils établirent leurs lignes de bataille. Chaque côté résista devant son ennemi et le combat devint furieux. Alors Allah Tout Puissant accorda Son aide aux Musulmans et ils furent victorieux. Les croisés furent lourdement déroutés et un grand nombre de leurs cavaliers tombèrent en captivité et un grand nombre fut aussi tué. ‘Imad ad-Din ordonna à ses troupes d’être sans pitié. Il leur dit : « C’est la première bataille que nous avons avec eux. Laissez leur goûter notre force afin que la peur de nous reste dans leurs cœurs. » Et ils se conduisirent comme il leur ordonna. Je suis passé par le champ de bataille lors d’une nuit de l’année 584 de l’hégire (1188) et on m’a dit : « De très nombreux os se trouvent encore ici ».

 

Quand les musulmans scellèrent leur victoire, ils revinrent à la forteresse et l’ont prise par assaut en tuant tous ceux qui tombèrent sous leurs mains et en faisant un certain nombre de prisonniers. ‘Imad démoli et rasa la forteresse jusqu’à ses fondations et elle est encore en ruine de nos jours. De là, il marcha sur la citadelle de Harim, aussi aux mains des croisés aux environs Antioche et l’assiégea. Les habitants lui offrirent la moitié des revenus de la ville de Harim et proposèrent une trêve qu’il accepta puis les Musulmans se rendirent dans toutes les régions voisines avant de repartir. Le moral des mécréants s’affaiblit, quand ils réalisèrent que ce qu’il n’avait pas prévu était venu sur leurs terres et il leur devint clair que la meilleure des choses était de conserver ce qu’ils possédaient après qu’ils aient cru à une conquête totale certaine.

 

 

Cette année Bohémond le seigneur d’Antioche fut tué.

 

Cette année aussi, les observations astronomiques eurent lieu dans le palais du sultan à l’est de Baghdad et fut entrepris par al-Badi’ al-Astourlabi, mais ne furent pas achevées.

 

À Baghdad, des scorpions volant avec deux dards apparurent et effrayèrent les habitants dont beaucoup souffrirent à cause d’eux.

 

Un grand tremblement de terre secoua l’Irak, ses terres supérieures, Mossoul et al-Jazirah au mois de Rabi’ Awwal qui provoqua de grandes destructions.

 

 

 

En l’an 525 de l’Hégire (1130), les hashashiyine attaquèrent Taj ad-Din Bouri Ibn Toughtakin, le seigneur de Damas et le blessèrent deux fois. L’une des blessures guérie mais l’autre s’infecta et resta douloureuse. Cependant, il tint des séances publiques, et sortit en public malgré sa faiblesse.

 

De la mort de Taj ad-Din al-Moulouk, seigneur de Damas

 

Au mois de Rajab de l’année 526 de l’Hégire (1131), Taj ad-Din al-Moulouk Bouri Ibn Toughtakin, le seigneur de Damas mourut suite à la blessure portée par les hashashiyine qui s’aggrava puis l’affaiblit et réduisit ses forces. Il mourut le 21 de mois de Rajab après avoir désiré que son fils Shams al-Moulouk Isma’il soit désigné son successeur. Il laissa la ville de Baalbek et de ses dépendances à son fils Shams ad-Dawlah Muhammad.

Bouri était brave, audacieux et vigoureux dans le Jihad. Il combla l’espace laissé par son père et le surpassa. Il fut un sujet de louanges et beaucoup de vers panégyriques furent écrit par les poètes et particulièrement Ibn al-Khayyat. Son fils Shams al-Moulouk lui succéda et le Chamberlain Youssouf Ibn Fayrouz, le préfet de Damas, qui avait été l’honnête chambellan de son père, administra ses affaires. Son règne débuta avec compassion et gentillesse envers ses sujets et les bénédictions furent appelées sur lui si bien qu’un grand nombre de personnes le courtisèrent.

 

Comment Shams al-Moulouk reprit Banyas

 

Au mois de Safar de l’année 527 de l’Hégire (1132), le seigneur de Damas, Shams al-Moulouk reprit des croisés la forteresse de Banyas. Cela est dû au fait que les croisés le considérait faible et voulait l’attaquer. Ils décidèrent donc de rompre la trêve entre eux quand leurs yeux tombèrent sur les propriétés d’un groupe de commerçants damascènes à Beyrouth et qu’ils saisirent. Les marchands se plaignirent à Shams al-Moulouk qui leur écrivit pour leur demander de restituer ce qu’il avait pris et même après plusieurs demandes répétées, ils firent la sourde oreille. Son indignation et sa colère face à cette situation l’amenèrent à mobiliser ses troupes et à se préparer pour la guerre et personne ne sut quel était son objectif.

Il se mit en route à la fin du mois de Mouharram et sans donner aucune information sur sa destination, il descendit sur Banyas ou il arriva au mois de Safar. Il commença aussitôt ses opérations et réalisa une série d’assauts. Les croisés, qu’Allah les maudisse, n’étaient pas prêts et ne disposaient pas suffisamment de soldats pour résister. Il s’approcha de la muraille, démonta suivit par sa cavalerie et son infanterie, qu’il mina et entra par la force des armes. Les croisés qui s’y trouvait se réfugièrent et se fortifièrent dans la citadelle. Tous ceux qui ne purent le faire furent tués ou capturés et leurs propriétés saisies. Puis, il assaillit violemment la citadelle jour et nuit qu’il prit sur des conditions de capitulation, le 4 du mois de Safar, avant de revenir à Damas le 6 de ce même mois.

 

L’inimité entre les Musulmans et les croisés

 

Au mois de Safar, le roi des croisés, le seigneur de Jérusalem, se rendit sur son cheval dans les régions éloignées d’Alep ou il descendit de sa monture et se promena. L’émir Sawar, le gouverneur d’Alep, sortit à sa rencontre avec les troupes qu’il avait et beaucoup de Turcomans le rejoignirent. Ils livrèrent bataille près de Qinnassrine et un grand nombre furent tués des deux côtés. Les Musulmans se retirèrent à Alep et le roi croisé se promena librement dans les régions d’Alep. Sawar ressortit pour s’opposer à lui et tomba sur un détachement de croisés dont il tua la plupart d’entre eux et en captura un grand nombre. Les survivants s’enfuirent et revinrent défaits dans leurs terres. Ainsi le premier revers fut réparé par la dernière victoire. Sawar entra dans Alep avec ses captifs et les têtes des tués et ce fut un jour mémorable.

 

Plus tard, un corps de croisés d’Edesse vint attaquer les districts d’Alep. Sawar fut informé et sortit à leur rencontre en compagnie de l’émir Hassan al-Ba’labaki. Ils tombèrent alors sur eux et les décimèrent jusqu’au dernier homme dans les territoires du Nord. Ceux qui échappèrent à la mort furent pris prisonnier et ensuite, il revint en toute tranquillité à Alep.

 

Récit de la défaite du seigneur croisé de Tripoli

 

Cette année, un large groupe de Turcomans traversa en Syrie d’al-Jazirah, attaqua le territoire de Tripoli, tua un grand nombre d’homme et prit du butin. Le comte de Tripoli sortit avec ses troupes et quand les Turcomans se retirèrent il les suivit mais ils se retournèrent pour lutter contre lui et le mirent en fuite, tuant un large nombre de ses soldats. Lui et les survivants se rendirent dans le fort de Ba’rin, où ils trouvèrent un refuge sûr et résistèrent aux Turcomans qui les assiégèrent. Quand le siège se prolongea, le seigneur de Tripoli, accompagné par vingt cavaliers, certains de ses principaux compagnons, quittèrent secrètement le château et s’enfuirent à Tripoli, laissant le reste des troupes dans Ba’rin pour le tenir. Quand il arriva à Tripoli, il écrivit à tous les croisés qui se rassemblèrent en masse et marcha avec eux vers les Turcomans pour les forcer à lever le siège de Ba’rin. Informés de ses mouvements, les Turcomans partirent à leur rencontre et les affrontèrent. Un grand nombre de soldats fut tués des deux côtés et les croisés furent sur le point d’être vaincus mais ils se réorganisèrent et opérèrent un retrait tactique à Rafaniyah. Les Turcomans hésitèrent à les poursuivre dans leurs terres et se retirèrent.

 

Cette année, les hashashiyine achetèrent la forteresse syrienne d’al-Qadmous de son seigneur, Ibn ‘Amroun et lorsqu’ils en prirent possession, ils firent la guerre à leurs voisins, les Musulmans et les croisés qui furent mécontents de les voir dans le voisinage.

 

Toujours cette année, une dispute eut lieu entre les croisés en Syrie et ils s’entretuèrent. Jamais il n’avait précédemment agi ainsi et un certain nombre d’entre furent tués.

 

Au mois de Joumadah Thani, l’émir Sawar, le commandant des troupes de Zanki dans Alep, razzia le territoire de Tall Bashir et prit beaucoup de butin. Un grand corps de croisés sortit à sa rencontre et livrèrent bataille mais il fut victorieux et il tua environ mille d’entre eux avant de revenir en toute tranquillité.

 

Le 9 du mois de Rabi’ Thani, Shams al-Moulouk le seigneur de Damas, fut attaqué par un des Mamalik de son grand-père Toughtakin. Il le frappa avec son sabre mais le coup ne fut pas létal. Les Mamalik de Shams al-Moulouk le maitrisèrent et le saisirent puis il fut interrogé sur les raisons de son acte et il dit : « J’ai voulu délivrer les Musulmans de son mal et de sa tyrannie. » Il fut battu inlassablement jusqu’à ce qu’il ait donné le nom de plusieurs personnes instigatrices de son action que Shams al-Moulouk fit exécuter dont son frère Safin ce qui outragea les gens qui se retournèrent contre lui.

 

Comment Shams al-Moulouk prit Shaqif Tiroun et ravagea le territoire croisé

 

Au mois de Mouharram de l’année 528 de l’Hégire (1133), Shams al-Moulouk Isma’il marcha de Damas à Shaqif Tiroun, qui est sur une colline surplombant Beyrouth et Sidon et qui était tenu par ad-Dahhak Ibn Jandal, le chef de Wadi at-Taym qui l’avait saisi et en avait fait une puissante forteresse si bien que les Musulmans et les croisés étaient soupçonneux à son égard puisqu’il avait demandé à chacun d’entre eux de le protéger de l’autre. Donc Shams al-Moulouk marcha contre lui et lui prit le fort. Sa capture contraria les croisés parce qu’ad-Dahhak n’avait interféré avec aucune des terres qui étaient dans son voisinage et qu’ils craignaient Shams al-Moulouk. Ils entreprirent de mobiliser leurs troupes et quand ils furent au complet, ils, malédiction d’Allah sur eux, marchèrent sur Hawran, détruisirent les habitations et pillèrent tout ce qu’ils purent sur une vaste échelle.

Quand Shams al-Moulouk vit qu’ils se rassemblaient, il fit la même chose et une ample force de Turcomans et d’autres le rejoignirent. Il campa en face des croisés et il y eut un certain nombre d’accrochage. Alors Shams al-Moulouk fit retirer une partie de son armée tandis que le reste resta face aux croisés ignorant tout de sa tactique et attaqua leur territoire, Tibériade, Nazareth, Acre et les régions voisines, pillant, anéantissant et brûlant tout sur son passage. Il ruina la plupart de leur terre, prit captif femmes et enfants et amassa un considérable butin. Lorsque les croisés furent informés, ils s’inquiétèrent terriblement et se retirèrent aussitôt en hâte vers leur propre territoire.

 

Shams al-Moulouk revint avec son armée en toute tranquillité par une route différente que celle prise par les croisés. Quand ces derniers atteignirent leurs terres, ils la trouvèrent en ruine et désolation ce qui réduisit considérablement leur force. Ils se séparèrent alors et envoyèrent au mois de Dzoul Qi’dah des messagers pour discuter d’un renouvellement de la trêve.

 

 

Cette année le Danishmand seigneur de Malatya en Syrie vainquit les croisés et tua et captura  beaucoup d’entre eux.

 

De même, le calife et l’Atabeg Zanki firent la paix.

 

Cette année, une partie de l’armée de Sinjar s’unit avec l’émir Arghoush et assiégèrent le château de Ghirdkouh dans le Khorasan et qui appartenait aux hashashiyine. Ils exercèrent un implacable blocus sur les défenseurs pendant un long siège. La nourriture s’épuisa et les habitants souffrirent du paludisme et de spasmes. Beaucoup furent incapables de se lever et de lutter. Quand les signes de la chute certaine de la ville apparurent, l’émir Arghoush se retira après qu’ils lui aient rapporté beaucoup d’argent et d’objets précieux et c’est pourquoi il partit.

 

Comment les forces de l’Atabeg razzièrent les terres des croisés

 

Au mois de Sha’ban de l’année 530 de l’Hégire (1135), les forces de l’Atabeg Zanki, le seigneur d’Alep et de Hama, se réunirent avec son député d’Alep, l’émir Sawar et marchèrent sur le territoire croisé, les prenant par surprise. Ils attaquèrent soudainement les régions de Lattaquié dont la population fut incapable de partir ou de prendre des mesures préventives. Les troupes pillèrent plus qu’il est possible de décrire. Ils tuèrent et capturèrent en faisant dans les terres occupées par les croisés ce qu’aucun autre gouverneur n’a jamais réussi contre eux.

Les captifs s’élevèrent à 7 000 hommes, femmes et enfants. Ils saisirent 100 000 animaux, c’est-à-dire des chevaux, des mulets, des ânes, du bétail et des moutons. Quant aux autres choses telles que les vêtements, l’argent ou les bijoux, ils furent au-delà du compte (les Musulmans n’ont fait que récupérer leurs biens puisque toutes les richesses des croisés avaient été pillées des Musulmans). Ils détruisirent Lattaquié et les régions voisines et seuls peu s’échappèrent. Et au milieu du mois de Ramadan, les Musulmans repartirent en toute tranquillité pour Shayzar avec leur butin. La Syrie se remplit de captifs et de montures et les Musulmans s’en réjouirent considérablement. Les croisés furent incapables de faire quoi que ce soit pour répondre à ce désastre parce qu’ils étaient faibles et impuissants.

 

Comment les Musulmans capturèrent la forteresse de Wadi Ibn al-Ahmar des croisés

 

Au mois de Rajab de l’année 531 de l’Hégire (1136), les troupes de Damas avec leur commandant l’émir Bazwaj partirent à Tripoli en Syrie. Une grande foule de Moujahidine volontaires et de Turcomans se joignirent à lui. Quand le comte de la ville entendu dire qu’ils étaient près de ses terres il marcha à leur rencontre avec ses troupes mais les croisés furent écrasés dans la bataille qui s’ensuivit et revinrent à Tripoli en piteux état tant un nombre importants de leurs cavaliers et de leurs braves hommes avaient été tués. Les Musulmans prirent un  immense butin de leurs terres et assiégèrent la forteresse de Wadi Ibn al-Ahmar qu’ils prirent par la force des armes et saisit tout son contenu après avoir tués tous les combattants et asservirent femmes et enfants. Les hommes qu’ils prirent prisonniers se rançonnèrent pour des sommes considérables d’argent. Les troupes revinrent saines et sauve à Damas en toute sécurité.

 

Le siège de Homs

 

Au mois de Sha’ban, l’Atabeg Zanki marcha sur Homs et envoya en éclaireur son émir aîné, Salah ad-Din Muhammad al-Yaghi Siani, un ingénieux homme rusé. Il l’envoya pour comploter avec la garnison pour leur faire capituler la ville. Il arriva à destination et le gouverneur et l’homme d’autorité était Mou’in ad-Din Ounour qui était aussi l’émir aîné de Damas et Homs était son fief comme il l’a été auparavant rapporté mais les conspirations n’eurent aucun succès sur lui. Alors Zanki arriva, assiégea la ville et tenta plusieurs contacts avec Ounour pour la reddition, quelquefois avec des promesses et quelquefois avec des menaces. Ounour soutint que c’était la possession de son seigneur, Shihab ad-Din, qu’il tenait la ville fidèlement et n’y renoncerait uniquement forcé. Zanki poursuivit son siège jusqu’au 20 du mois de Shawwal sans le moindre succès, et parti ensuite pour Ba’rin qu’il assiégea et ce qui arriva entre lui et les croisés sera relaté si Allah Tout Puissant le veut.

 

Comment Zanki prit la forteresse de Ba’rin et vainquit les croisés

 

Au mois de Shawwal de cette même année, l’Atabeg ‘Imad ad-Din Zanki quitta Mossoul pour la Syrie et assiégea la forteresse de Ba’rin, qui était près de Hama et un des forts les plus puissants et les plus imprenables des croisés. Lorsqu’il arriva, il fit quelques assauts tandis que les croisés, toute leur force confondue, marchèrent à cheval et à pied avec tous leurs princes, comtes et barons, pour faire lever le siège de Ba’rin. Cependant l’Atabeg Zanki, ne se retira pas mais les attendit et les rencontra lors d’une féroce bataille, la plus féroce que les gens n’aient jamais vu. Les deux côtés tinrent ferme mais le résultat devint clair et se résulta par la défaire des croisés, qu’Allah les avilisse. Et de tous les côtés, les sabres des Musulmans tombèrent sur eux. Leurs princes et leurs cavaliers se refugièrent dans la forteresse de Ba’rin qui était proche. Zanki les assiégea alors et les empêcha de tout recevoir même les nouvelles. Et les croisés assiégés ne purent recevoir aucun renseignement sur ce qui arrivait dans leurs terres parce que les routes étaient gardées de très près par les troupes de Zanki qui le craignaient révérencieusement.

 

Les prêtres et les moines partirent dans le territoire byzantin et les terres occupées par les croisés pour demander de l’assistance contre les Musulmans et leur dirent que si Zanki prenait le fort de de Ba’rin et les croisés qu’y si trouvaient, il conquerrait très vite tout leur territoire et que le seul but des Musulmans était d’attaquer Jérusalem. Sur ce, les croisés se rassemblèrent et se mirent en route en dépit des difficultés et des revers. Ils marchèrent vers la Syrie et nous rapporterons ce qui leur est arrivé si Allah Tout Puissant le veut.

 

Zanki s’efforça à lutter contre les croisés mais ils tinrent bon bien que leurs réserves aient largement diminuée parce qu’ils ne s’étaient pas préparé ni avaient pensé à une telle éventualité, à l’abri qu’ils se croyaient et persuadé qu’ils allaient conquérir le reste de la Syrie. Quand leurs réserves furent épuisés, ils mangèrent leurs montures et annoncèrent qu’ils capituleraient si Zanki leur accorderait la sécurité et leur permettait de revenir dans leurs terres mais il refusa. Néanmoins, quand il fut informé de la mobilisation des ennemis d’Allah et de leur arrivée dans le proche voisinage, il offrit ses conditions aux défenseurs de la forteresse et leur demanda un paiement de 50 000 dinars. Dès qu’ils acceptèrent, il leur permis de partir et ils remirent le château. Dès qu’ils l’abandonnèrent, ils furent informés du rassemblement que les leurs avaient organisé et regrettèrent leur capitulation bien que les regrets étaient inutiles. Aucune nouvelle ne leur étaient préalablement parvenu et c’est pourquoi ils renoncèrent à la forteresse.

 

Durant la période de son siège Zanki prit aussi aux croisés Ma’arrat et Kafartab. Les habitants de ces deux villes et de toutes les régions entre Alep et Hama, avec les gens de Ba’rin, étaient dans un état alarmant à cause de la guerre constante dont il faisait l’objet ainsi que les pillages et les meurtres qui ne cessèrent jamais. Quand Zanki conquit la forteresse, les gens regagnèrent un peu de sécurité, la terre fut cultivée et les revenus augmentèrent considérablement. Ce fut une victoire manifeste et quiconque la témoigna sait que je dis la vérité.

Voici une des meilleures et plus équitables choses que Zanki fit pour les gens de Ma’arrat. Quand les croisés, qu’Allah les maudisse, prirent la ville, ils saisirent leurs richesses et propriétés. Lorsque Zanki l’a récupéra, les habitants survivants et les descendants de ceux qui périrent vinrent lui réclamer leurs propriétés. Il leur demanda de produire leurs titres fonciers auxquels ils répondirent : « Les croisés ont pris tout ce que nous avions ainsi que les actes de propriétés. » Zanki leur répondit : « Allez chercher les registres pour Alep et quiconque a payé une taxe foncière pour une propriété lui sera remise. » Ce qu’ils firent et il restitua donc la propriété des gens. C’est une excellente et juste chose qui fut faite.

 

Le compte de l’expédition de l’empereur byzantin en Syrie

 

Il a été déjà dit en passant que les croisés envoyèrent des messagers à l’empereur de Constantinople pour lui demander son aide et lui raconter les exploits de Zanki sur eux. Ils lui conseillèrent de venir sur leurs terres avant qu’elle ne soit conquise et sans aucun avantage pour lui. Il fit donc ses préparatifs et se mit en route à la hâte. Il navigua d’abord jusqu’à Antalya, une de ses possession sur la côte ou il jeta l’ancre et attendit l’arrivée des navires apportant ses bagages et l’équipement militaire. Quand ils arrivèrent, il partit pour la ville de Nicée, qu’il assiégea et accepta les conditions de la population pour un paiement d’argent. Il a aussi été rapporté qu’il prit la ville par la force des armes et Allah est Plus Savant.

Il se dirigea alors vers Adana et Massissah, toutes les deux possédées par Léo l’Arménien, le seigneur des Forts des Défilés qu’il assiégea et prit. Il se rendit ensuite à ‘Ayn Zarba qu’il prit par assaut et saisit aussi Disent à Hamdoun dont il transféra les habitants dans l’île de Chypre. Il reprit le port d’Iskenderun puis entra en Syrie et au mois de Dzoul Qi’dah assiégea Antioche et imposa un sévère blocus sur les habitants gouverné par Raymond. Les envoyés allèrent d’avant en arrière entre eux et parvinrent à un accord puis l’empereur repartit à Baghras et de là, il entra dans le territoire de Léo l’Arménien qui lui offrit de grandes sommes d’argent et accepta d’être son sujet. Et Allah est Plus Savant !

 

 

Le 24 Ayyar de cette année, des nuages noirs apparurent sur la Syrie et l’obscurité tomba sur le monde. Le ciel était aussi noir que la nuit. Puis des nuages rouges se levèrent comme si un feu illuminait le monde. Un vent violent se leva alors qui déracina un très grand nombre  d’arbres et le pire fut à Hawran et Damas. Il fut suivi par une lourde pluie et des chutes de gros grêlons.

 

De même, il y eut cette année une épidémie de maladies à Baghdad et les morts subites devinrent communes dans Ispahan et Hamadan.

 

Cette année aussi, l’Atabeg Zanki partit pour Daqouqah qu’il conquit après un siège et une lutte féroce pour prendre la citadelle.

 

Comment l’Atabeg Zanki pris Homs et d’autres dépendances de Damas

 

Au mois de Mouharram de l’année 532 de l’Hégire (1137), l’Atabeg Zanki arriva à Hama et se dirigea vers la Vallée de Baalbek. Il prit la forteresse d’al-Majdal qui appartenait au souverain de Damas. Le châtelain de Banyas était aussi une possession du souverain de Damas mais il se mit en contact avec Zanki et se soumit à lui. Zanki marcha alors sur Homs qu’il assiégea tout en poursuivant une attaque prolongée. Après la descente de l’empereur byzantin sur Alep, Zanki se retira à Salamiyah mais quand le danger byzantin fut écarté comme nous l’avons rapporté, il reprit le siège de Homs. Il envoya un message à Shihab ad-Din, le souverain de Damas, pour demander la main de sa mère en mariage. Son nom était Zoumourroud, la fille de Jawouli qui avait tué son fils, Shams al-Moulouk et construit la Madrassah à l’extérieur de Damas, qui surplombait le Wadi ash-Shaqra et la rivière Barada.

Zanki se maria avec elle et reçut la capitulation de Homs avec sa citadelle. Sa nouvelle épouse lui fut amenée sous escorte au mois de Ramadan, Son mariage avec elle fut motivé parce qu’il vit qu’elle avait une influence dominante à Damas et croyait qu’en s’unissant à lui, il prendrait le contrôle de cette ville. Cependant, ses espoirs furent déçus après son mariage et n’ayant rien gagné, il l’a négligea.

 

L’arrivée de l’empereur byzantin en Syrie, sa conquête de Bouza’a et sa conduite envers les Musulmans

 

En l’an 531 de l’Hégire, et nous avons déjà rapporté comment l’empereur quitta ses terres et traita avec les croisés et Léo. Au début de cette nouvelle année, il arriva en Syrie et les gens furent terrifiés par lui. Il attaqua et assiégea Bouza’a, une petite ville à 33 kilomètres d’Alep. Plusieurs notables d’Alep se rendirent chez Zanki alors qu’il assiégeait Homs et lui demandèrent de l’aide et son soutien. Il dépêcha avec eux un large nombre de soldats de son armée qui entrèrent à Alep prêt à défendre la ville contre les Byzantins s’ils venaient à l’assiéger.

Sitôt arrivé, l’empereur lanca des opérations directes contre Bouza’a. Il érigea des trébuchets pour la bombarder et resserra sa prise sur les défenseurs et le 25 du mois de Rajab la ville tomba après des conditions qu’il accepta. Cependant, il tua traîtreusement certains des habitants, captura et asservi les autres tandis que 5 800 habitants furent blessés. Le Qadi local et plusieurs des notables, soit environ 400 personnes acceptèrent (certainement de force) le Christianisme.

Après avoir pris la ville, les Byzantins restèrent dix jours à chercher ceux qui s’étaient cachés et on a rapporté qu’un grand nombre des habitants de cette région descendirent dans les grottes ou des feux furent allumés pour les enfumer et ils périrent dans les grottes.

 

Les Byzantins se déplacèrent alors vers Alep et campèrent sur le Qouwayq avec les croisés du littoral syrien. Le jour suivant à cheval et à pied ils assaillirent Alep. La garde d’Alep sortit à leur rencontre et lutta férocement contre eux. Un grand nombre de Byzantins furent tués ou blessés dont un grand commandant parmi eux. Ils se retirèrent dans la confusion et attendirent trois jours mais ne voyant aucune chance de succès ils se retirèrent vers al-Atharib où la population musulmane était terrifiée. Le 9 du mois de Sha’ban, les habitants s’enfuirent mais les Byzantins les saisirent et les regroupèrent avec leurs prisonniers et captifs de Bouza’a là avec un détachement de Byzantins pour les garder et tenir la citadelle tandis que la force principale partit et quand l’émir Sawar dans Alep en fut informé, il se mit en route avec ses troupes pour al-Atharib et tomba sur les Grecs, les tua et libéra les prisonniers et les captifs avant de revenir à Alep.

 

Quant à ‘Imad ad-Din Zanki, il quitta Homs et se rendit à Salamiyah, où il investit la ville. Il envoya ses bagages à travers le fleuve à Raqqa et resta avec le minimum de bagage à poursuivre les Byzantins et couper leurs réserves. Les Byzantins attaquèrent pendant ce temps le château de Shayzar, une des plus fortes forteresses. Ils l’attaquèrent seulement parce qu’elle n’était pas tenue par Zanki et qu’il n’aurait pas de grand intérêt à la protéger. Elle appartenait à l’émir Abou al-‘Assakir Sultan Ibn ‘Ali Ibn Mouqallid Ibn Nasr Ibn Mounqid al-Kinani. Ils descendirent donc sur la forteresse et commencèrent le siège en déployant dix-huit trébuchets. Le souverain  envoya un message à Zanki demandant son aide. Ce dernier se mit en route et campa sur les rives du fleuve Oronte près de la forteresse entre elle et Hama. Chaque jour lui et ses troupes allèrent à Shayzar et s’arrêtèrent en vue des Grecs et Zanki envoyait des escadrons pour saisirent tout ceux qu’ils pourraient intercepter.

Plus tard, Zanki envoya un message à l’empereur, disant : « Tu t’es mis à l’abri de moi dans ces collines. Descend dans une vallée où nous pourrons nous rencontrer. Si je te vaincs, j’aurai sauvé les Musulmans de toi mais si tu es victorieux, tu pourras te détendre et prendre Shayzar et d’autres endroits. » En fait, il n’avait pas la force nécessaire pour le rencontrer mais il essaya seulement de leur faire peur avec ces mots et d’autres semblables. Les croisés de Syrie conseillèrent à l’empereur de livrer bataille et l’assurèrent qu’il serait facile de le vaincre. Cependant, il ne prit aucunes mesures mais dit : « Pensez-vous qu’il n’a pas d’autre troupe hormis que celle que vous voyez ? Son seul désir est que vous l’affrontiez alors il sera rejoint par d’innombrables renforts musulmans. »

Zanki envoya aussi un message à l’empereur pour lui faire croire que les croisés de Syrie étaient effrayés et que s’il quittait sa position, ils l’abandonneraient. Il envoya aussi des messages aux croisés pour les mettre en garde contre l’empereur disant : « S’il conquiert une seule forteresse en Syrie, il prendra alors toutes vos terres. » Si bien que chaque se mit à craindre l’autre.

 

Au mois de Ramadan, l’empereur quitta Shayzar où il était resté vingt-quatre jours laissant derrière lui ses trébuchets et engins de siège où ils étaient. L’Atabeg Zanki poursuivit l’arrière-garde, saisit un grand nombre de traînards et s’appropria tout ce qu’ils laissèrent derrière-eux.

 

Quand les croisés étaient à Bouza’a, Zanki envoya le Qadi Kamal ad-Din Abou al-Mouzaffar Muhammad Ibn ‘AbdAllah Ibn al-Qassim ash-Shahrazouri au sultan Mas’oud pour lui demander de l’aide et des troupes. Il partit à Baghdad et informa le sultan de la situation et du danger inhérent à l’inaction et qu’il était certain que les Byzantins conquerrait Alep et traverseraient l’Euphrate pour Baghdad. Kamal ad-Din le trouva peut disposer à entreprendre une action et pris des dispositions pour qu’un de ses hommes aillent à la mosquée du palais le vendredi, accompagné par un certain nombre de brutes non-arabes. Il leur donna l’ordre de commencer les émeutes quand l’Imam monterait sur la chaire et crier avec eux : « Malheur pour l’Islam et malheur pour la religion de Muhammad » et déchirer ses vêtements et jeter son turban de sa tête et aller au palais du sultan avec les gens demandant de l’aide de cette même façon. Il chargea aussi un autre homme pour faire de même dans la mosquée du sultan.

Quand l’Imam monta sur la chaire, cet homme se leva, se frappa la face, jeta son turban en vitesse et déchira ses vêtements suivit par les autres et crièrent. La congrégation pleura et abandonnèrent leur prière. Ils maudirent le sultan et quittèrent la mosquée en suivant le Sheikh vers le palais du sultan ou ils constatèrent que la congrégation de la mosquée du sultan avait agi de même. Les gens encerclèrent la résidence du sultan, pleurèrent de demandèrent son soutien. Le sultan fut effrayé et dit :

- « Faites venir Ibn ash-Shahrazouri, » ce qui fut fait. Kamal ad-Din dit : « Je craignis sa réaction suite à ce que j’avais vu et quand je suis entré en sa présence, il me dit :

- « Qu’elle émeute as-tu provoqué ! » Je répondis :

- « Je n’ai rien fait. J’étais dans ma maison. Ce sont les gens qui se sont simplement emportés par foi et pour l’Islam craignant le résultat de cette tergiversation. » Il dit alors :

- « Sort devant les gens et disperse-les de nos portes puis revient demain et choisit les troupes que tu veux. »

J’ai renvoyé les gens après leur avoir fait part de son ordre pour la mobilisation des troupes.

 

Le jour suivant je suis venu au Diwan et ils équipèrent un grand contingent de troupes pour moi. J’envoyais un message à Nassir ad-Din à Mossoul pour l’informer mais en l’avertissant que si les troupes descendaient dans la région, ils la prendraient. » Il envoya une réponse disant : « Sans aucun doute la terre sera perdue mais ce que les Musulmans prendront est mieux que les mécréants le fasse. »

Nous commencions à nous préparer pour le départ quand arriva une lettre de l’Atabeg Zanki de Syrie avec les nouvelles que l’empereur Byzantin s’était retiré et l’ordre de n’apporter aucun soldat avec moi. J’en informai le sultan qui me dit : « Les troupes sont sur le point de départ et l’expédition ne doit pas être retardée. » Cependant, après beaucoup de problème et l’octroi de nombreux cadeaux à lui et ses conseillers, il rappela ses troupes. »

 

Lorsque l’empereur byzantin se retira de Shayzar, les poètes louèrent l’Atabeg Zanki à outrance. Un exemple est ce qu’al-Mouslim Ibn Khidr Ibn Qoussaym al-Hamawi écrivit dans une ode qui commence ainsi :

« Par ta résolution, ô puissant prince, les difficultés s’inclinent devant toi et se mettent en ordre. »

 

Puis aussi ce qui suit :

« N’avez-vous pas vu que le chien byzantin, quand il apparut qu’il était le prince compatissant,

Vint en recouvrant les plaines avec sa cavalerie, une horde comme la nuit noire.

La destruction attendit son bon plaisir et le grand projet se soumit à son plan.

Mais quand tu te lanças contre lui avec tes rangs serrés, il sut à coup sûr que cela ne pouvait pas durer.

Il te vit dans ta cotte de mailles comme une armée entière et s’arrêta court, incapable  d’avancer ou de rester.

Tu étais telle une lueur de lumière dans la poussière de la bataille, scintillant, tandis qu’il était un démon maudit.

Il voulut sauver sa vie et s’enfuir n’ayant aucun ami excepté la mort… »

C’est une longue ode.

 

Une histoire étrange fut rapportée lorsque l’empereur décida d’assiéger Shayzar. L’émir Mourshid Ibn ‘Ali, le frère du souverain dit, alors qu’il ouvrait une copie du Qur’an : « O Grand Seigneur, par la vérité de celui à qui Tu l’as révélé, si Tu as décrété que l’empereur byzantin doit venir, alors prends moi à Toi. » Et il mourut quelques jours plus tard.

 

Ibn Bakran, le brigand

 

Au mois de Dzoul Hijjah de cette année, la position du brigand Ibn Bakran en Irak devint puissante et ses partisans augmentèrent beaucoup si bien qu’il se montrait ouvertement avec une bande de malfaiteurs. Le chef de Baghdad Sharif Abou al-Karam, le craignait et il ordonna à son neveu Abou al-Qassim et la personne responsable de la sécurité dans le district de Bab Azaj, d’adopter une forte résolution à son égard pour protéger les gens de ses viles actions.

Ibn Bakran résidait souvent dans le Sawad avec un de ses camarades appelé Ibn al-Bazzaz. Ils exagérèrent tellement qu’ils décidèrent de frapper des pièces avec leurs propres noms à al-Anbar. Le préfet et le vizir Sharaf ad-Din az-Zaynabi envoya un message à Abou al-Karam lui disant : « Soit tu tues Ibn Bakran ou nous te tuerons. » Il convoqua son neveu, lui raconta ce qui était arrivé et lui dit : « Sois tu me ou te choisis ou tu choisis Ibn Bakran, » à quoi il répondit : « Je le tuerai. » Ibn Bakran avait l’habitude de venir passer plusieurs soirées dans la maison du neveu d’Abou al-Karam et boire avec lui. Quand il vint à son habitude et commença à boire, Abou al-Qassim pris ses armes, sauta sur lui et le tua sauvant ainsi les gens de sa cruauté.

Un peu plus tard, il captura son camarade Ibn al-Bazzaz qui fut crucifié. Plusieurs brigands furent tués avec lui et la population gagna la paix et la sécurité et les troubles disparurent.

 

 

Cette année, la parure pour la Ka’bah manqua d’être livrée suite aux querelles que nous avons mentionnées. Ramisht le marchant perse fournit la parure qu’il drapa de tous les plus riches tissus qu’il put trouver et dont le prix s’éleva à 18 000 dinars égyptiens. Il était un riche commerçant un de ceux qui voyageait en Inde.

 

 

Au mois de Safar de l’année 533 de l’Hégire (138), il y eut d’effrayants tremblements de terre en Syrie, al-Jazirah et beaucoup d’autres terres mais les pires furent en Syrie ou se produisit une série d’entre eux plusieurs nuits consécutives, avec un certain nombre de tremblements chaque nuit. Une grande partie du pays fut ruiné et particulièrement Alep. Quand les tremblements devinrent trop pour eux, les gens quittèrent leurs maisons et sortirent dans le pays à ciel ouvert. Lors d’une simple nuit, quatre-vingts tremblements furent enregistrés.

En Syrie, les tremblements de terre débutèrent le 4 du mois de Safar jusqu’au 19, accompagnés de grondements et de terribles chocs.

 

Cette année les croisés, qu’Allah les maudisse, attaquèrent le district de Banyas. Les troupes de Damas les poursuivirent mais comme ils ne purent pas les rattraper, ils retournèrent.

 

Comment l’Atabeg Zanki assiégea Damas

 

En l’an 534 de l’hégire (1139), l’Atabeg Zanki assiégea Damas deux fois.

La première fois au mois de Rabi’ Awwal où il vint l’assiéger de Baalbek après qu’il ait pris la place, installé son administration et corrigé les désordres. Il s’arrêta à Biqa’ d’où il envoya un message au souverain de Damas, Jamal ad-Din, en lui offrant n’importe quelle ville qu’il pourrait suggérer, s’il lui abandonnait Damas mais il refusa cette proposition. Donc Zanki se mit en route pour attaquer Damas.

Le 13 Rabi’ Awwal, il s’arrêta à Darayah ou les avant-gardes s’affrontèrent dans la bataille. La victoire fut emportée par les troupes de Zanki et les Damascènes se retirèrent vaincu et beaucoup d’entre eux furent tués.

Ensuite Zanki poursuivit son avance sur Damas, où il campa. Un grand rassemblement des troupes régulières de Damas, la milice locale et les fantassins de Ghouta les rencontrèrent de nouveau dans la bataille et furent défaits. Un très grand nombre tomba sous les coups des sabres et un grand nombre de prisonniers furent pris quant aux survivants, ils revinrent blessés. Ce jour-là, la ville fut sur le point d’être prise, mais ‘Imad ad-Din Zanki se retira de la bataille et se retint plusieurs jours. Il envoya une succession d’envoyés au souverain de Damas et lui offrit Baalbek, Homs et d’autres endroits qu’il pourrait choisir. Il s’inclina vers la capitulation mais son entourage refusa soulignant les probables conséquences dangereuses, ajoutant que Zanki pourrait agir traîtreusement avec lui, comme il avait fait avec les hommes de Baalbek. Après son refus de reddition Zanki reprit le combat et les assauts.

 

Plus tard, Jamal ad-Din le souverain de Damas tomba malade et mourut le 8 du mois de Sha’ban. Désireux d’en finir, Zanki entreprit un féroce assaut dans l’espoir que des différences surviennent entre les personnes influentes et les émirs et qu’il parviendrait à son but. Cependant ce qui arriva par la suite fut tout le contraire de son plan.

Après la mort de Jamal ad-Din, son fils Moujir ad-Din Abaq lui succéda tandis que Mou’in ad-Din Ounour fut nommé régent. Il n’y eut aucun effet évident suite à la mort de son père même si leur ennemi était aux portes de la ville. Quand Ounour vit que Zanki n’avait pas quitté ni même arrêté le siège, il contacta les croisés, leur demanda de l’aide et de l’aider à défendre la ville contre Zanki. Il leur offrit des stimulants et leur promis d’assiéger, de prendre et de leur remettre la forteresse de Banyas. Il leur peignit un dessin effrayant, si Zanki devrait prendre Damas. Les croisés savaient que ce qu’il disait était vrai, à savoir que, si Zanki prenait la ville, il n’y aurait plus de place en Syrie pour eux avec lui. Les croisés se rassemblèrent et décidèrent de marcher à Damas pour se joindre aux troupes du souverain pour combattre Zanki.

Quand ‘Imad ad-Din Zanki fut informé, il partit pour Hawran le 5 du mois de Ramadan projetant de retenir les croisés, qu’Allah les maudisse, avant qu’ils ne s’associent avec les Damascènes. Lorsque les croisés entendirent ces nouvelles, ils restèrent dans leur propre territoire. Constatant cela, Zanki revint au siège de Damas et campa au nord de la ville à Adhra le 6 du mois de Shawwal ou il incendia plusieurs villages à al-Marj et Ghouta avant de repartir pour ses propres terres.

Sitôt après son départ, les croisés vinrent à Damas et s’en retournèrent peu de temps après. Mou’in ad-Din Ounour avec les troupes de Damas marcha sur Banyas, qui était soumise à Zanki, comme nous l’avons déjà rapporté, pour l’assiéger et la livrer aux croisés. Le gouverneur de la forteresse quant à lui était auparavant partit vers Tyr avec une force qu’il avait rassemblée pour attaquer la région locale mais il tomba sur le souverain d’Antioche qui avançait vers Damas pour apporter des renforts à son souverain contre Zanki. Une bataille s’ensuivit ou les Musulmans furent vaincus tandis que le gouverneur de Banyas fut pris et tué. Les survivants s’enfuirent à Banyas et rassemblèrent beaucoup d’hommes de Biqa’ et ailleurs pour tenir la citadelle. Mou’in ad-Din avec un détachement de croisés campa alors devant la forteresse, engagea les défenseurs, resserra le blocus et prit la place qu’il donna aux croisés.

 

Le deuxième siège de Damas eut lieu quand l’Atabeg entendu les nouvelles du siège de Banyas. Il revint alors aussitôt à Baalbek pour défendre Banyas contre les assiégeants. Il resta à Baalbek un moment mais quand l’armée de Damas revint après leur prise de Banyas et sa remise aux croisés, l’Atabeg Zanki divisa ses troupes pour attaquer Hawran et les districts autour de Damas. Tandis que lui-même avec ses gardes rapprochés mais sans sa caravane principale de bagages, descendit sur Damas à l’aube sans que personne ne soit informé. Quand les gens se sont réveillés et ont vu ses troupes, ils furent effrayée et un grand vacarme jaillit de la ville. Les troupes et les habitants se sont rassemblés sur la muraille. Les portes furent ouvertes, l’armée régulière et l’infanterie jaillirent pour lutter. Zanki ne permis à ses troupes de prendre aucune initiative militaire parce que la partie principale de son armée était dispersée autour du pays pour piller et provoquer la dévastation. Il s’était rendu à Damas que pour prévenir la sortie de troupes contre les siennes alors qu’elles étaient largement dispersées. Il y eut un certain nombre de perte des deux côtés après la bataille qui s’ensuivit et Zanki se retira après avoir levé son camp à Marj Rahit où il attendit le retour de ses troupes. Quand ils exécutèrent ce qu’il avait ordonné, ils revinrent chargés de butin parce qu’ils étaient tombés sur le pays à l’improviste alors que les habitants n’étaient pas prêts. Lorsque les troupes furent au complet, il les rassembla et retourna de nouveau sur ses terres.

 

Cette année, Jawhar, un des eunuques préféré du sultan Sinjar fut tué après avoir gagné l’autorité à travers tout l’état de Sinjar et ar-Rayy, dont le gouverneur ‘Abbas était un de ses Mamalik, faisait partie de son fief. Toute l’armée de Sinjar avait l’habitude d’être présente et prête près de sa porte. Il fut tué par les hashashiyine. Un groupe d’entre eux, habillés en femmes, l’attendirent et le supplièrent pour son aide. Il s’arrêta pour écouter leurs griefs et ils se jetèrent sur lui et l’assassinèrent. Après son assassinat, son gouverneur ‘Abbas rassembla des troupes, attaqua les batini et tua un grand nombre d’entre eux. Il fit plus contre eux qu’aucun autre ne fit. Il poursuivit sa campagne contre eux, les tuant et ravageant leur territoire, jusqu’à sa mort.

 

Cette année, Ganja et d’autres parties de l’Azerbaïdjan et d’Arran subirent un tremblement de terre. Le plus sévère fut à Ganja ou la ville fut en partie détruite et tant de personnes périrent qu’elles ne purent être comptées. On a dit que 230 000 moururent dont les deux fils de Qarasounqour, le souverain de la terre. Un fort qui appartenait à Moujahid ad-Din Bahrouz s’effondra et il perdit une grande quantité de marchandises et d’argent.

 

Toujours cette année, Moujahid ad-Din Bahrouz entreprit le développement d’al-Nahrawanat. Il construisit un grand barrage pour faire retourner l’eau dans son cours original. Il dragua le vieux cours d’eau et ouvrit un canal pour prendre l’eau de Diyala. Plus tard, il y eut une brèche et l’écoulement d’eau évita le barrage qui a fut abandonné isolé et inutile pour quiconque. Personne ne fit de tentative pour restituer le cours d’eau vers le barrage et ce jusqu’à présent.

 

Cette année, les pluies à Baghdad et en Irak faillirent. La pluie tomba seulement une fois dans Adhar et s’arrêta de nouveau. Une famine s’ensuivit et les provisions manquèrent en Irak.

 

 

En l’an 535 de l’Hégire (1140), l’envoyé du sultan Sinjar arriva apportant avec lui la Cape du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) et son bâton. Ils avaient été pris d’al-Moustarshid mais Sinjar les restitua à présent à al-Mouqtafi.

 

Cette année, il y avait une bataille féroce entre l’Atabeg Zanki et Daoud Souqman Ibn Artouq, le seigneur de Hisn Kayfa qui fut vaincu et Zanki a pris le château de Bahmard, une de ses possessions. Cependant, l’hiver rattrapa Zanki et il revint à Mossoul.

 

Toujours cette année, les ismaéliens, qu’Allah les maudisse, prirent le contrôle du fort de Massyaf en Syrie. Le châtelain était un Mamelouk des Banou Mounqid, les seigneurs de Shayzar. En le dupant et en le trompant, ils montèrent dans le château pour le rencontrer, le tuèrent et saisirent le fort. Il est encore entre leurs mains jusqu’à aujourd’hui (le temps de l’auteur).

 

Au mois de Rajab, le fils du Danishmand, le seigneur de Malatya et d’autres endroits dans cette région, surmonta une force de Byzantins, les tua et prit ce qu’ils avaient comme butin.

 

Au mois de Ramadan, un détachement de croisés en Syrie marcha sur Ascalon et attaqua la région environnante qui appartenait au souverain d’Egypte. Les troupes stationnées dans Ascalon sortirent à leur rencontrer et les engagèrent dans une bataille qu’ils remportèrent en tuant beaucoup de croisés tandis que le reste s’enfuit.

 

 

 

En l’an 536 de l’Hégire (1141), le chef de hashashiyine Ibrahim as-Sihawi mourut. Le fils de ‘Abbas, le gouverneur de Rayy incinéra son corps dans son cercueil.

 

D’Alep, les troupes de l’Atabeg Zanki attaquèrent le territoire sous occupation croisée qu’ils pillèrent et incendièrent puis submergèrent un détachement de croisés dont ils tuèrent 700 d’entre eux.

 

Cette année aussi, les Banou Khafaja provoquèrent de nombreux problème en Irak. Le sultan Mas’oud envoya un détachement de ses troupes contre eux qui ravagèrent leurs habitations, tuant et capturant ceux qu’ils trouvèrent avant de revenir sauf.

 

De même, Roger le seigneur de Sicile envoya une flotte sur la côte d’Ifriqiyah. Ils capturèrent quelques navires qui avaient été envoyés d’Egypte à al-Hassan, le souverain d’Ifriqiyah. Al-Hassan fut trahi par Roger mais plus tard se mis en contact avec lui et renouvela la trêve pour le transport de grain de Sicile en Ifriqiyah à cause de la sérieuse famine et la haute mortalité.

 

Compte-rendu du siège de l’Ouest de Tripoli par les croisés

 

En l’an 537 de l’Hégire (1142), les navires des croisés naviguèrent de Sicile jusqu’à Tripoli de l’Ouest (Libye) ou ils mirent le siège. La raison est que ses habitants sous le règne de l’émir al-Hassan le souverain d’Ifriqiyah, ne se soumirent pas volontiers à son autorité et continuèrent d’être en désaccord avec lui et se rebellèrent après qu’il ait désigné un Sheikh des Banou Matrouh pour les gouverner. Quand le souverain de Sicile vit cette situation, il leur envoya une armée par mer qui débarqua le 9 du mois de Dzoul Hijjah et campa autour de la ville qu’elle attaqua en lançant des grappins sur les murailles et en les minant aussi.

 

Le jour suivant un groupe d’Arabes arriva pour aider les habitants qui les encouragèrent. Ils sortirent contre les hommes de la flotte et firent une charge écrasante. Les croisés s’enfuirent dans une terrible déroute. Un grand nombre d’entre eux fut tué. Les survivants gagnèrent leurs navires mais abandonnèrent leurs armes, bagages et animaux que les Arabes et les habitants de la ville pillèrent. Les croisés revinrent en Sicile et après s’être rééquipés retournèrent au Maghrib et débarquèrent à Jijel. Quand les habitants les virent, ils s’enfuirent dans la campagne et les collines. Les croisés entrèrent dans la ville, asservirent ceux qu’ils attrapèrent et la détruisirent. Ils brûlèrent aussi le palais qu’Yahya Ibn al-‘Aziz Ibn Hammad avait construit pour son agrément puis se retirèrent.

 

 

Muhammad Ibn Danishmand, le souverain de Malatya et des Marches mourut cette année et ses terres furent conquises par le prince Mas’oud Ibn Kilij Arsalan, le souverain de Konya et un des Seljouks.

 

Cette année une grande armée venue des terres byzantines entra en Syrie et assiégea les croisés dans Antioche. Son souverain partit rencontrer l’empereur byzantin, restaura de bon rapport avec lui et revint ensuite à Antioche.

 

L’empereur de Constantinople mourut durant le mois de Ramadan de cette année et après avoir conclu des accords avec le souverain d’Antioche, il assiégea Tripoli avant de se retirer.

 

Il y eut toujours cette année une grande épidémie de peste en Egypte qui provoqua la mort de la plupart de la population.

 

La situation des gangs urbains à Baghdad

 

En l’an 538 de l’Hégire (1143), les gangs urbains devinrent plus problématique et augmentèrent en nombres parce qu’ils étaient à l’abri des poursuites judiciaires redevable au fils du vizir et un fils de Qawourt, un beau-frère du sultan, depuis qu’ils recevaient une part du racket des gangs.

A cette époque, le député du préfet de Baghdad était un Mamelouk appelé Ildakin, qui était sévère, audacieux et mauvais. Son impertinence l’amena à se présenter avant le sultan, qui lui dit : « L’ordre public est défaillant et les gens sont ruinés. » Il répondit : « O sultan du monde, quand les inspecteurs des gangs sont le fils de votre vizir et le frère de votre femme, quel pouvoir me reste-t-il pour m’occuper des malfaiteurs ? » Il lui expliqua la situation et le sultan dit : « Tu dois agir immédiatement, tombe sur eux quels qu’ils soient et crucifient-les. Si tu ne le fait pas, je te crucifierai. » Il prit alors l’anneau du sultan, disposa et se rendit chez le fils du vizir sans le trouver à la maison mais il saisit tous ceux qui étaient là. Il attaqua aussi le fils de Qawourt, le saisit et le crucifia et au matin le fils du vizir avait fui. Les nouvelles de ce qui était arrivé se propagèrent tandis que le fils de Qawourt pouvait être vu sur le gibet. La plupart des membres du gang s’enfuirent et ceux qui restèrent furent arrêtés et la population fut délivrée de leur mal.

 

La conquête d’Edesse et d’autres endroits d’al-Jazirah qui avaient été occupés par les croisés

 

Le 6 du mois de Joumadah Thani de l’année 539 de l’Hégire (1144), l’Atabeg ‘Imad ad-Din Zanki Ibn Aqsounqour reprit la ville d’Edesse des croisés, qu’Allah les maudisse, et aussi certaines de leurs autres d’autres forteresses dans al-Jazirah. Le mal qu’ils provoquèrent avait été général dans toutes les terres d’al-Jazirah et leur cruauté s’était étendue partout. Leurs raids s’étendirent dans toutes les régions jusqu’à Amid, Nisibis, Ras al-‘Ayn et Raqqa.

Leur domaine dans ces régions s’étendit de Mardin et aussi si loin que l’Euphrate incluant Edesse, Sarouj, al-Bira, Sinn Ibn ‘Outayr, Jamalin, al-Mouwazzar, al-Qouradi et d’autres. Ces régions, avec d’autres qui étaient à l’ouest de l’Euphrate, appartenaient à Josselin, qu’Allah le maudisse. Il était le chef responsable de l’ordre et de la politique de l’état et le commandant des armées croisés à cause de son courage et sa perfidie.

 

L’Atabeg savait que s’il essayait d’assiéger Edesse, les croisés ne manqueraient pas de rassembler leurs forces pour défendre la ville et qu’il serait incapable de la prendre à cause de sa force. D’autre part, il s’occupa avec Diyar Bakr pour faire croire aux croisés qu’il n’était pas libre d’attaquer leur territoire. Quand ils crurent qu’il n’était pas capable de venir à bout des souverains Artouqid et d’autres princes de Diyar Bakr, voyant qu’il était en guerre avec eux, ils se sentirent confiants et Josselin quitta Edesse et traversa l’Euphrate pour ses possessions à l’Ouest. Les espions de l’Atabeg vinrent aussitôt l’informé et il ordonna à ses troupes de se mobiliser et que personne ne devrait manquer de se rassembler devant Edesse au plus tard le jour suivant. Il rassembla ses émirs et leur dit : « Ramenez de la nourriture, » et ajouta : « Ne permettez à personne de manger avec moi à cette ma table sauf ceux qui brandiront leur sabre avec moi demain aux portes d’Edesse. » Seul un émir et un page inconnu s’avancèrent pour le rejoindre, parce que son audace et sa bravoure étaient bien connues et aussi parce que personne ne pourrait rivaliser avec lui dans la bataille. Cet émir dit au page : « Qu’as-tu à voir avec cela ? » L’Atabeg lui dit alors : « Permet-lui de l’être ! Par Allah, je vois un cœur brave qui ne me laissera pas tomber. »

Il marcha avec ses troupes et arriva à Edesse. Il fut le premier à charger les croisés et ce page était avec lui. Un cavalier de la cavalerie croisée chargea l’Atabeg sur le côté mais cet émir l’intercepta et le transperça mortellement sauvant la vie du Martyr. Il investit la ville qu’il attaqua durant vingt-huit jours réalisant plusieurs assauts. Il envoya les sapeurs qui minèrent la muraille. Il maintint une constante attaque de peur que les croisés ne se rassemblent et marchent contre lui pour sauver la ville. Le mur que les sapeurs avaient miné tomba et la ville fut prise par la force des armes puis, il assiégea la citadelle qu’il prit aussi. Nos gens pillèrent les propriétés, tuèrent les hommes et asservirent les femmes.

Quand il vit la ville, il fut impressionné par elle et pensa qu’aucune politique raisonnable ne permettrait la démolition d’un tel endroit. Il ordonna de déclarer à ses troupes qu’ils devraient rendre les hommes, les femmes et les enfants qu’ils avaient saisis dans leurs maisons et restituer le mobilier et les marchandises qu’ils avaient prises comme le butin et toutes personnes furent ramenées. Personne n’a été perdu à part quelques très rare cas ou le ravisseur avait déjà quitté le camp. La ville revint à son ancien état et Zanki y posta une garnison. Il reprit aussi Sarouj et tous les autres endroits que les croisés avait tenus à l’est de l’Euphrate, à part al-Bira qui était une puissante fortification sur les rives de l’Euphrate. Il s’y rendit et l’assiégea mais ils avaient des provisions en abondance et une grande garnison, Il poursuivit le blocus mais finit par se retirer ce que nous rapporterons si Allah Tout Puissant le veut.

 

Il a rapporté qu’un certain savant, un généalogiste et un historien, a dit :

Le souverain de Sicile envoya un escadron en bateau à l’ouest de Tripoli (en Libye) dans les proches régions où ils pillèrent et tuèrent. Il y avait en Sicile un savant musulman, un homme pieux que le souverain de Sicile honorait, respectait et portait une attention particulière à ce qu’il lui disait et lui donnant la préséance sur les prêtres et les moines de sa cour. Les gens de son royaume avaient donc l’habitude de prétendre que cela signifiait qu’il était un Musulman. Un jour, ils s’assirent dans un de ses belvédères qui donnait sur la mer quand un petit navire apparut. Ceux qui étaient à bord lui dirent que ses troupes étaient entrées dans le territoire islamique et avaient ravagé, tué et conquis quant au savant musulman, il était à son côté somnolant. Le roi lui dit : « As-tu entendu ce qu’ils ont dit ? » « Non, » répondit-il. En répétant leurs nouvelles, le roi poursuivit : « Où était Muhammad, en abandonnant ces terres et leurs gens ? » Le musulman lui dit alors : « Il a été victorieux pour eux. Il était à la conquête d’Edesse car les musulmans viennent de la prendre. » Les croisés présents rirent et le roi dit : « Ne riez pas car par Dieu il n’a jamais dit autrement que ce qui est vrai. » Quelques jours après, la nouvelle de la chute de la ville leur parvint des croisés de Syrie.

 

Plusieurs hommes religieux et dévots m’ont dit qu’un homme dévot a vu le Martyr dans un rêve. Il lui demandé : « Comment Allah vous a-t-il traités ? » à quoi il répondit : « Il m’a pardonné à cause de la conquête d’Edesse. »

 

Pendant cette année l’Atabeg ‘Imad ad-Din Zanki, après avoir pris Edesse, assiégea al-Bira, une des plus puissantes forteresses juchée à l’est de l’Euphrate qui était dans les mains des croisés. Il exerça un dur siège et était sur le point de la faire tomber quand les nouvelles du meurtre d’an-Nassir ad-Din son député à Mossoul l’atteignit. Il se retira alors d’al-Bira et envoyé un député à Mossoul puis s’arrêta dans l’attente des nouvelles. Les croisés d’al-Bira qui le craignaient terriblement appréhendèrent son retour et envoyèrent donc un message à Najm ad-Din le seigneur de Mardin et lui abandonnèrent la place qui redevint une possession musulmane.

 

Cette année, la flotte croisée navigua de Sicile vers les côtes d’Ifriqiyah et l’Ouest. Ils assaillirent la ville de Brashk et tuèrent ses habitants. Ils asservirent les femmes et les enfants qu’ils vendirent aux Musulmans de Sicile.

 

Le seigneur de l’Ouest, Tashfine Ibn ‘Ali Ibn Youssouf mourut cette année après un règne un peu plus long que quatre années et il fut succédé par son frère. Le pouvoir des Voilés diminua et ‘Abdel-Mou'min devint plus fort.

 

Au mois de Shawwal de cette année, une grande étoile avec une queue apparut de la direction de l’Est et resta visible jusqu’au milieu du mois de Dzoul Qi’dah avant de disparaitre. Plus tard, elle réapparut de l’Ouest et ont dit que c’était la même un mais d’autres prétendirent qu’elle était différente.

 

Il y eut aussi cette année de sérieux troubles entre l’émir Hashim Ibn Foulaytah al-‘Alawi al-Houssayni, l’émir de La Mecque et l’émir Nazar l’eunuque, l’émir du Pèlerinage. Les hommes de Hashim pillèrent les pèlerins alors qu’ils étaient dans la mosquée exécutant le circumambulation autour de la Ka’bah et priaient. Ils n’observèrent envers eux « aucune droit de famille ou de foi. »

 

 

En l’an 540 de l’Hégire (1145), le pèlerinage fut mené par Qaymaz al-Arjouwani, un des hommes de l’émir du Pèlerinage, Nazar. Nazar soutint que son équipement avait été pillé lors de la défaite à al-Hillah et qu’il y avait eu de telles hostilités entre lui et l’émir de La Mecque qu’il lui était impossible d’exécuter le pèlerinage alors qu’il était là.

 

Cette année, une flotte de croisés navigua de Sicile et assaillit l’île de Karkannah, part de l’Ifriqiyah. Ils tuèrent les hommes et prirent les femmes captives. Al-Hassan, le souverain d’Ifriqiyah, envoya un messager à Roger, le roi de Sicile, en lui rappelant les traités qui étaient entre eux. Roger fit l’excuse que ces gens n’étaient pas les sujets d’al-Hassan.