Comment Balak Ibn
Bahram assiégea Edesse et captura son seigneur
En l’an 515 de l’Hégire (1121), Balak Ibn
Bahram le neveu d’Ilghazi marcha sur Edesse tenue par les croisés,
qu’Allah les maudisse, et qu’il mit sous siège durant quelque temps
avant de se retirer sans succès. Un Turcoman vint le trouver et
l’informa que Josselin le seigneur d’Edesse et de Sarouj, avait
rassemblé les croisés pour le prendre en embuscade. Les hommes de
Balak s’étaient dispersé et il n’était resté qu’avec 400 cavaliers
mais il prit position et s’apprêta à livrer bataille.
Les croisés avancèrent et par la grâce d’Allah
sur les Musulmans, ils arrivèrent dans une zone qui avait absorbé
tant d’eau que le sol s’était transformé en une boue compacte et
dans laquelle s’embourba leur cavalerie qui fut dans l’incapacité de
manœuvrer rapidement ou de galoper à cause du poids de leur armure
et des chevaux. Les hommes de Balak libérèrent leurs flèches et pas
l’un d’entre eux ne s’enfuit. Josselin le maudit fut pris et cousu
dans la peau d’un chameau. La capitulation d’Edesse fut demandé mais
il refusa et offrit de grandes sommes d’argent et beaucoup de
prisonniers pour se rançonner. Cela ne fut pas accepté et il fut
emporté dans le fort de Khartbirt et incarcéré. Son cousin, appelé
Guillaume, un des démons des mécréants, fut capturé avec lui ainsi
que plusieurs de leurs célèbres cavaliers qu’il emprisonna avec lui.
Au mois de Joumadah Awwal, l’Atabeg Toughtakin
tomba sur un détachement de croisés, qu’il tua ou captura et envoya
certains prisonniers et du butin au sultan et au calife.
Cette année, le coin sud de la Maison Sacrée
(puisse Allah lui rajouter noblesse) affaiblit par un tremblement de
terre s’effondra. De même, une partie du sanctuaire du Prophète
(Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) fut endommagé. D’autres
terres souffrirent et Mossoul subit de grands dommages.
Le palais du sultan, construit par Moujahid
ad-Din Bahrouz pour le sultan Muhammad et achevé peu avant sa mort,
s’embrasa cette année et fut détruit par le feu. La cause du feu est
due à une fille de domestique qui s’ornait la nuit à la leur d’une
une bougie placée contre l’écran de toile, qui s’enflamma et la
propagation des flammes s’étendit à tout le palais. La femme de
sultan Mahmoud, la fille de sultan Sinjar, perdit dans le feu des
quantités innombrables de bijoux, d’ornements, de mobilier et de
vêtements. Après l’incendie, les servantes tachèrent de récupérer
l’or et ce qui pourrait être récupéré mais toutes les pierres
précieuses avaient été détruites excepté les rubis rouges.
Le sultan quitta le palais sans faire de
réparation le considérant de mauvais augure parce que son père ne
l’avait jamais apprécié et à cause de cette grande quantité de
propriété qui avaient été brûlée. Une semaine auparavant la mosquée
d’Ispahan avait complètement brûlée et elle était la plus grande et
plus magnifique des mosquées. Un groupe d’ismaéliens y mirent le feu
la nuit. Le sultan avait eu l’intention d’imposer une taxe sur les
ventes et renouveler d’autres taxes non-canoniques en Irak sur le
conseil du vizir as-Soumayrami mais l’incident de ces deux incendies
furent assez pour le déranger. Il en tira donc une leçon et renonça
à son plan.
Au mois de Rabi’ Awwal de cette même année, une
étoile aveuglante (météore ?) tomba sur la terre et produisit une
grande lumière. Quand elle s’écrasa à terre, elle provoqua
l’effondrement de structures et en même temps on entendit un grand
son grondant, comme un tremblement de terre.
Cette année, apparut à La Mecque un Alid qui
ordonnait le bien. Ses partisans devinrent nombreux et il défia
l’émir de La Mecque, Ibn Abi Hashim. Sa cause prospéra et il devint
déterminé à faire lire le sermon en son nom. Ibn Abi Hashim
retourna, le saisit et l’expulsa du Hijaz au Bahreïn. Cet Alid était
un juriste de l’école Nizamiyyah de Baghdad.
Au mois de Dzoul Qi’dah, à savoir le 21 Kanoun
Thani, une grande chute de neige tomba sur tout l’Irak, de Basra à
Tikrit et s’amoncela durant quinze jours et atteignit l’épaisseur
d’environ 46 cm. Les orangers, les cédrats et les citronniers
périrent. Un certain poète a dit :
« O doyens, ce n’est point excessif, ce que
nous avons vu dans les terres d’Irak.
C’est juste parce que votre injustice s’est
étendue à toute la création,
Donc les sommets des horizons lointains sont
devenus blancs. »
Cette année, un vent noir souffla durant trois
jours en Egypte provoquant la mort de beaucoup de personnes et aussi
d’animaux.
En l’an 516 de l’Hégire (1122), le sultan
Mahmoud assigna à l’émir Aqsounqour al-Boursouqi la ville de Wassit
et ses districts et aussi préfet d’Irak en plus de son poste de
gouverneur de Mossoul et d’autres endroits. Suite à ces nouveaux
assignement, al-Boursouqi envoya ‘Imad ad-Din Zanki, le fils
d’Aqsounqour qui avait été le souverain d’Alep et lui ordonna de les
administrer pour lui. Zanki se mit en route au mois de Sha’ban et
prit son poste. Nous avons rapporté l’histoire de Zanki, de son
règne et de ses descendants qui sont à présent nos souverains dans
notre livre al-Bahir et
des références peuvent être faites à ce livre.
Cette année, une mine couleur cuivre fut
découverte à Diyar Bakr, près du fort du Cornu.
Cette année, l’Euphrate monta à une hauteur
sans précédent jamais enregistrée auparavant et l’eau arriva dans la
banlieue de Qal’at Ja’bar et à cette époque l’Euphrate coulait tout
près. La plupart de ses palais et maisons furent inondés et un
cheval fut emporté de la banlieue, soulevé au-dessus du mur et
emporté dans l’Euphrate.
La prise de
la forteresse d’al-Atharib par les croisés
Au mois de Safar de l’année 517 de l’Hégire
(1123), les croisés, qu’Allah les maudisse, prirent la forteresse
d’al-Atharib dans le district d’Alep suite à un grand nombre
d’attaques sur Alep et ses régions ainsi que des raids de
destruction par le feu et à cette époque, Alep était tenue par Badr
ad-Dawlah Souleyman Ibn ‘Abdel-Jabbar Ibn Artouq mais il n’était pas
assez fort pour s’occuper des croisés qu’il craignait. Il fit donc
une trêve avec eux sur la base qu’il abandonnerait al-Atharib et
qu’ils se retiendraient d’attaquer ses terres. Ils acceptèrent donc
et reprirent la forteresse puis une trêve entre eux fut conclue, qui
améliora la situation des populations dans les districts d’Alep,
parce que les denrées alimentaires et d’autres choses été maintenant
importées. Al-Atharib resta aux mains des croisés jusqu’à ce qu’elle
fut reprise par l’Atabeg Zanki Ibn Aqsounqour, et que nous
rapporterons si Allah Exalté le permet.
Comment
Balak prit Harran et Alep
Au mois de Rabi’ Awwal, Balak Ibn Bahram prit
la ville de Harran après un siège avant de marcher sur Alep. La
raison est qu’il entendit dire que son souverain, Badr ad-Dawlah,
avait abandonné la citadelle d’al-Atharib aux croisés. Cela le
consterna mais il se rendit compte aussi que Badr ad-Dawlah était
incapable de défendre ses terres et son impatience de prendre Alep
grandie. Il quitta donc Harran et arriva au mois de Rabi’ Awwal puis
assiégea la ville, brûla les récoltes et empêcha les provisions de
parvenir dans la ville. Son cousin lui abandonna la ville et la
citadelle sur conditions le 1 du mois de Joumadah Awwal puis, il se
maria avec la fille du sultan Ridwan et resta gouverneur de la ville
jusqu’à ce qu’il fut tué, ce que nous rapporterons si Allah Exalté
le veut.
La guerre
entre les croisés et les Musulmans en Ifriqiyah
Nous avons déjà rapporté que l’émir ‘Ali Ibn
Yahya le seigneur d’Ifriqiyah, après son éloignement par Roger le
souverain de Sicile, renouvela sa flotte tant au niveau des
dimensions que de son équipement. Il écrivit à l’émir des Musulmans,
‘Ali Ibn Youssouf Ibn Tashfine à Marrakech et lui proposa une
alliance pour attaquer la Sicile. Quand Roger fut informé de son
intention, il se libéra de certaines de ses activités.
Cependant, il arriva que ‘Ali mourut dans le
courant de l’année 515 (1121) et son fils al-Hassan lui succéda
comme nous l’avons rapporté. Peu après le début l’année 516 de
l’Hégire (1122), l’émir des Musulmans expédia une flotte qui prit
Nicotera sur la côte de Calabrie. Roger n’eut aucun doute que ‘Ali
était l’instigateur et il déploya donc de grands efforts pour
construire des galères et d’autres navires et pour recruter autant
que possible des hommes. Puis il imposa un blocus sur les navires de
transport à destination de l’Ifriqiyah et d’autres parties du
Maghreb si bien qu’il réussit à réunir une flotte jamais égalée
précédemment et que certains ont chiffré à trois cents vaisseaux.
Après l’interruption des communications avec
l’Ifriqiyah, l’émir al-Hassan Ibn ‘Ali s’attendit à ce que l’ennemi
descende sur al-Mahdiyyah et il ordonna donc de préparer le matériel
de guerre, de réparer les murs et de rassembler les soldats. Un
grand nombre de volontaires du pays et d’Arabes le rejoignirent
aussi.
Au mois de Joumadah Awwal de l’année 517 de
l’Hégire (1123), la flotte croisée de 300 navires transportant mille
chevaux leva l’ancre et sitôt qu’ils quittèrent le port de ‘Alit, un
puissant vent les dispersa et beaucoup de navires coulèrent. Les
survivants débarquèrent sur l’île de Qawsarah qu’ils pillèrent et
prirent après avoir tués ou capturés les habitants. De là, ils
naviguèrent vers l’Ifriqiyah et descendirent sur la forteresse
d’ad-Dimas vers la fin de ce même mois. Un corps d’Arabes qui s’y
trouvaient leur livra bataille et ad-Dimas était une forteresse
imprenable, donnant sur la mer, avec un deuxième fort dans son
centre.
Al-Hassan envoya les troupes qu’il avait contre
les croisés tandis qu’il resta dans al-Mahdiyyah avec un détachement
de soldats pour protéger la ville. Les croisés prirent ad-Dimas
alors qu’ils étaient encerclés par les forces musulmanes et quelques
nuits plus tard, le combat pour le fort intérieur s’intensifia.
Durant la nuit, les Musulmans lancèrent un immense cri qui fit
trembler la terre et poussèrent des cris « Allahou Akbar ». La
terreur frappa le cœur des croisés qui ne doutèrent pas qu’ils
étaient attaqués par les Musulmans. Ils se retirèrent rapidement
vers leurs galères et tuèrent de leurs propres mains un grand nombre
de leurs chevaux mais les Musulmans en prirent toutefois quatre
cents en butin. Seul un cheval fut embarqué par les croisés. Les
Musulmans acquirent tout qu’ils avaient débarqués et tuèrent tous
ceux qui furent incapables de grimper à bord de leurs navires.
Après leur fuite sur leurs navires, les croisés
restèrent huit jours, incapables d’accoster et de débarquer et quand
ils désespérèrent de libérer leurs camarades qui étaient dans
ad-Dimas, ils mirent les voiles sous les cris d’Allahou Akbar et des
insultes des Musulmans. Les Musulmans en très large nombre
poursuivirent leur siège de la forteresse d’ad-Dimas mais ils ne
purent pas la prendre car elle était imprenable. Quand l’eau des
défenseurs croisés s’épuisa et qu’ils se fatiguèrent à cause des
combats constants nuits et jours, ils ouvrirent la porte de
forteresse et s’enfuirent mais ils furent tués jusqu’au dernier
homme, le mercredi 15 du mois de Joumadah II, après avoir occupé la
forteresse durant seize jours.
Quand les croisés s’enfuirent vaincus, l’émir
al-Hassan envoya les nouvelles de la victoire dans toutes les
terres. Les poètes firent beaucoup de vers de cet épisode que nous
ne rapporterons pas de peur d’être ennuyeux.
Comment les
croisés prirent et perdirent Khartbirt
Au mois de Rabi’ Awwal, les croisés, qu’Allah
les maudisse, prirent Khartbirt à Diyar Bakr et cela arriva ainsi :
Balak Ibn Bahram Ibn Artouq, qui était le seigneur de Khartbirt,
assiégea le château de Karkar, qui est près de Khartbirt. Les
croisés en Syrie furent informés et Baldwin, leur roi, partit pour
lever le siège, craignant que Balak ne devienne plus fort s’il le
capturait. Quand Balak reçut les nouvelles de son approche, il
partit à sa rencontre et ils s’affrontèrent lors d’une bataille
durant le mois de Safar ou les croisés furent vaincus. Leur roi
était parmi les prisonniers avec un certain nombre de leurs
principaux chevaliers. Balak les emprisonna dans la citadelle de
Khartbirt où se trouvait Josselin, le seigneur d’Edesse et d’autres
chefs croisés capturés l’année précédente.
Au mois de Rabi’ Awwal, Balak quitta Khartbirt
pour Harran, qu’il captura et pendant ce temps les croisés
emprisonnés employèrent une ruse pour vaincre la petite garnison et
saisirent la citadelle. Le roi Baldwin, sous le couvert de
l’obscurité retourna dans ses propres terres. Quand Balak fut
informé, il revint aussitôt avec ses troupes, mit le siège et exerça
une si forte pression sur les défenseurs dans la citadelle qu’il l’a
repris aux croisés et après avoir posté des troupes pour la garder,
il la quitta de nouveau.
Le succès
du sultan Mahmoud contre les Géorgiens
Cette année, les pertes causées par les
Géorgiens dans les terres islamiques devinrent sérieuses et la
situation extrêmement pénible pour les gens surtout les habitants de
Darband Shirwan. Un grand corps de leurs notables voyagèrent pour
trouver le sultan et se plaignirent à lui de ce qu’ils subissaient
et l’informèrent de leur faiblesse et leur incapacité à défendre
leur terre. Le sultan se rendit alors chez eux après que les
Géorgiens eurent atteint Shamakhi et campé dans un verger. Les
Géorgiens avancèrent vers lui et son armée eut une grande peur
d’eux.
Le vizir Shams al-Moulk ‘Uthman Ibn Nizam
al-Moulk conseilla au sultan de se retirer et quand les habitants de
Shirwan entendirent cela, ils cherchèrent le sultan et lui dirent :
« Nous lutterons aussi longtemps que vous resterez avec nous. Si
vous nous retirez, le moral des Musulmans s’affaiblira et ils seront
détruits. » Il accepta ce qu’ils dirent et resta où il était.
L’armée passa la nuit dans la grande inquiétude
à propos de la bataille à venir mais Allah Exalté leur apporta la
délivrance et jeta la désunion et l’inimitié entre les Géorgiens si
bien que les Qafjaq s’affrontèrent cette nuit et s’enfuirent comme
des hommes vaincus. Allah Exalté épargna aux Musulmans le besoin de
lutter. Le sultan resta à Shirwan pendant quelque temps et revint
ensuite à Hamadan dans le courant du mois de Joumadah Thani.
Cette année, l’émir Balak rassembla ses troupes
et envahit la Syrie. Les croisés l’affrontèrent au cours d’une
bataille au cours de laquelle ces derniers furent vaincus et un
grand nombre de leurs commandants et de leurs soldats furent tués.
De même, il y eut cette année dans la plupart
des terres, une sévère famine et particulièrement en Irak. Le prix
d’un Kara de blé grossier atteignit six dinars et dix qirats. La
mortalité s’éleva considérablement ainsi que les maladies chroniques
qui emportèrent beaucoup de personnes.
Cette année Toughtakin, le seigneur de Damas,
se rendit à Homs et attaqua la ville qu’il pilla et mit le feu à la
plus grande partie tout en l’assiégeant. Le gouverneur local Khir
Khan était dans la citadelle et il appela à l’aide à Toughan Arsalan
qui se mit en route avec une grande force poussant Toughtakin à se
retirer dans Damas.
Cette année aussi, la flotte égyptienne livra
une bataille à la flotte vénitienne qui fut victorieuse et un
certain nombre de navires de la flotte égyptienne furent capturés
tandis que le reste revint sauf.
Toujours cette année, l’émir Mahmoud Ibn
Qarajah le seigneur de Hama se rendit dans la forteresse d’Apamée et
fit une attaque surprise sur sa banlieue. Une flèche de la citadelle
l’atteignit dans le bras et lui fit grand mal. Il revint à Hama et
extrait la pointe de flèche de son bras mais cela tourna gangreneux
et il mourut par conséquent. Les gens qu’il gouvernait furent
libérés de sa cruauté et tyrannie. Quand Toughtakin entendit ces
nouvelles, il envoya une armée à Hama, l’a saisi et l’ajouta à ses
terres. Il nommé un gouverneur et installa une garnison pour
protéger la ville.
De la
mort de Balak Ibn Bahram Ibn Artouq et l’acquisition d’Alep par
Timourtash
Au mois de Safar de l’année 518 de l’Hégire
(1124), Balak Ibn Bahram Ibn Artouq, le seigneur d’Alep arrêta
l’émir Hassan al-Ba’labaki, le seigneur de Manbij avant de marcher
sur Manbij et l’assiégée. Après la chute de la ville, il assiégea la
citadelle qui résista. Les croisés se mirent en marche pour lui
faire lever le siège et le prévenir de devenir plus puissant par son
acquisition. Quand ils approchèrent, il laissa des hommes poursuivre
le siège de la citadelle et avec le reste de ses troupes marcha à la
rencontre des croisés qu’il confronta et détruisit en tuant un grand
nombre d’entre eux. Il revint alors à son siège de Manbij, mais,
pendant qu’il luttait contre les défenseurs, il fut touché et tué
par une flèche, tirée par une personne inconnue. L’armée tomba alors
dans la confusion, se dispersa et Hassan s’échappa de
l’emprisonnement.
Houssam ad-Din Timourtash Ibn Ilghazi Ibn
Artouq qui était avec son cousin Balak ramena le corps du défunt
dans la périphérie d’Alep et prit contrôle de la ville le 20 du mois
de Rabi’ Awwal tandis que le siège de la citadelle de Manbij fut
arrêté et son seigneur Hassan revint. Pendant ce temps Timourtash
s’établit dans Alep avant de nommer un député en qui il avait
confiance et à qui il assigna les troupes et d’autre personnes dont
il avait besoin, avant de revenir à Mardin, après avoir vu que la
Syrie était un champ de fréquentes batailles avec les croisés et il
était un homme qui aimait le calme et la vie facile. Mais après son
retour à Mardin, il perdit Alep, comme nous le raconterons si Allah
Exalté le veut.
La conquête
de Tyr en Syrie par les croisés
La ville de Tyr reste entre les mains des
‘oubaydi d’Egypte jusqu’à l’année 506 de l’Hégire (1112) et elle
avait un gouverneur qui agissait pour l’émir al-Afdal al-Jouyoush,
le vizir d’al-Amir Bi-Ahkamillah, le ‘oubaydi surnommé ‘Izz
al-Moulk. Les croisés assiégèrent durement la ville et ravagèrent
ses terres. Quand l’année 506 arriva, le roi des croisés fit des
préparatifs et rassembla ses forces pour marcher sur Tyr. Les
habitants furent effrayés et envoyèrent un messager à l’Atabeg
Toughtakin, le seigneur de Damas, qui le supplia de leur envoyer un
de ses émirs pour assumer leurs charges et les protéger en échange
de la ville. Ils lui dirent : «
Si tu ne nous envoie pas un gouverneur et des troupes, nous
abandonnerons l’endroit aux croisés ». Il envoya donc une force et
nomma un gouverneur pour eux, appelé Mas’oud, qui était déterminé,
brave et bien informé dans la guerre et ses stratagèmes qu’il
renforca avec des troupes et leur envoyé des provisions et de
l’argent, qu’il leur distribua. »
Le moral des habitants s’améliora mais le
sermon pour al-Amir, le souverain d’Egypte et la monnaie ne furent
pas changés. Une lettre fut envoyée à al-Afdal en Egypte l’informant
de la situation et de l’adage « Quand quelqu’un arrivera d’Egypte
pour prendre le contrôle et défendre l’endroit, je le lui
abandonnerai, » et lui demandant que la flotte continue de fournir
des hommes et du matériel. Al-Afdal manifesta ses remerciements pour
cela, loua Toughtakin et apprécia de la manière dont il avait agi.
Il équipa donc une flotte et l’envoya à Tyr et la situation des
habitants se trouva améliorée et le resta jusqu’à l’année 516 de
l’Hégire (1122) après la mort d’al-Afdal. Une flotte fut alors
expédiée comme d’habitude mais il fut ordonné au commandant de la
flotte de duper l’émir Mas’oud, le gouverneur de Tyr nommé par
Toughtakin, de l’arrêter et de reprendre la ville parce que les gens
de Tyr avaient adressé beaucoup de complaintes à son sujet à al-Amir
Bi-Ahkamillah, le souverain de l’Egypte, à cause de ses actions à
leurs égards et le mal auquel ils étaient sujets. Le commandant
suivit donc le plan, navigua et s’ancra à Tyr. Mas’oud vint
accueillir le commandant et quand il monta à bord du navire du
commandant, il fut enfermé. Le commandant débarqua et saisit la
ville tandis que la flotte revint en Egypte avec l’émir Mas’oud, qui
fut bien reçu, récompensé et renvoyé à Damas.
Le gouverneur envoyé par les Egyptiens
tranquillisa les habitants et contacta Toughtakin avec ses humbles
prières, son offre de de soutien et lui expliqua la raison de son
geste provoqué par les plaintes des gens de Tyr contre Mas’oud.
Toughtakin lui envoya une réponse amicale et lui
offrit aussi de l’assistance.
Quand les croisés, qu’Allah les maudisse,
entendirent dire que Mas’oud avait quitté Tyr, leur désir pour la
ville devint plus fort et ils se convainquirent qu’ils la
conquerraient. Ils commencèrent alors à se rassembler et à faire
leurs préparatifs pour entreprendre un siège. Le gouverneur envoyé
par les Egyptiens fut à son tour informé et se rendit compte qu’il
manquait de force et des forces pour repousser les croisés parce
qu’il manquait de troupes et de provisions. Il en informa al-Amir,
qui vit qu’il devait restituer Toughtakin au poste de gouverneur de
Tyr. Il lui envoya donc un messager et Toughtakin prit le pouvoir
dans Tyr et y posta suffisamment des troupes et d’autre personnel.
Au mois de rabi’ Awwal de cette année, les
croisés arrivèrent et assiégèrent la ville avant de durcir leur
siège par des attaques constantes. La nourriture diminua
considérablement et les défenseurs se fatiguèrent à cause des
combats incessants tandis que leur moral s’affaiblit. Toughtakin se
rendit à Banyas pour être près d’eux et protéger son territoire,
avec l’espoir que les croisés sachant qu’il était là se retireraient
mais ils ne firent aucun mouvement et persévérèrent dans le siège.
Toughtakin demanda de l’aide à l’Egypte mais aucune aide ne fut
envoyée. Les jours passèrent et la population fit face à la
destruction. Toughtakin ouvrit alors des pourparlers et il fut
convenu qu’il abandonnerait la ville aux croisés, qui permettrait
aux troupes et aux habitants de partir avec leur argent, leurs
marchandises et ce qu’ils pourraient transporter. C’est ce qu’il fut
convenu. Les portes de la ville s’ouvrirent et les croisés en
prirent le contrôle. La population quitta alors la ville et se
dispersa partout dans les terres, ayant emporté ce qu’elle pouvait
et abandonna le reste. Les croisés n’interférèrent avec personne et
seuls les faibles incapables de bouger furent laissés en arrière.
Les croisés prirent la ville le 23 Joumadah
Awwal et sa conquête affaiblit considérablement les Musulmans car
c’était un des plus fortes et plus imprenable des villes. Peut Allah
Exalté la restituer à l’Islam et apaiser les cœurs des Musulmans
avec sa reprise, par Muhammad et sa famille.
Comment
al-Boursouqi prit le contrôle d’Alep
Au mois de Dzoul Hijjah de cette année,
Aqsounqour al-Boursouqi prit la ville d’Alep et sa citadelle après
que les croisés, qu’Allah les maudisse, eurent
prirent la ville de Tyr, ce
que nous avons déjà rapporté, leurs ambitions grandirent et leur
moral devint bien haut. Convaincus désormais qu’ils pourraient
prendre toute la Syrie, ils rassemblèrent d’innombrables troupes.
Doubays Ibn Sadaqah, le seigneur apostat d’al-Hillah, vint les
trouver et alimenta un peu plus leurs ambitions particulièrement
pour Alep. Il leur dit : « Ses habitants sont des shiites et ils
inclinent envers moi pour des raisons sectaires. Quand ils me
verront, ils m’abandonneront la ville. » Il leur offrit beaucoup de
promesses en échange de leur aide et dit : « Je serai ici un député
obéissant pour vous. » Ils marchèrent donc et assiégèrent Alep,
poursuivant leurs féroces attaques. Ils se préparèrent pour un long
séjour et convinrent de ne pas partir jusqu’à ce qu’ils aient pris
la ville c’est pourquoi, ils construisirent des maisons contre la
chaleur et le froid.
En les voyant, l’humeur des défenseurs
s’affaiblie et ils craignirent d’être condamnés. La faiblesse et
l’incompétence de leur seigneur Timourtash étaient simples à voir et
ils manquèrent bientôt de nourriture. Lorsqu’ils virent vers quelle
fin ils se dirigeaient, ils cherchèrent la voie d’une fuite et ils
n’en trouvèrent aucune excepté al-Boursouqi, le seigneur de Mossoul.
Donc ils lui envoyèrent un messager pour lui demander de
l’assistance et de venir pour qu’ils puissent lui abandonner la
ville. Al-Boursouqi réunit ses troupes et se mit en route puis leur
envoya sur sa route un message disant : « Je ne peux parvenir à vous
tant que les croisés vous combattent à moins que vous abandonniez la
citadelle à mes députés et que mes hommes en prennent le contrôle.
Je ne sais pas ce qu’Allah Tout Puissant peut avoir en réserve
lorsque je rencontrerais les croisés. Si nous sommes vaincus alors
qu’Alep n’est pas entre les mains de mes hommes pour servir de
refuge pour moi et mon armée, pas un d’entre nous survivra et
ensuite Alep et d’autres endroits tomberont. »
Ils acceptèrent donc et remirent la citadelle à
ses députés et dès qu’ils en prirent le contrôle, il poursuivit sa
route avec ses troupes. Quand il arriva en vue d’Alep, les croisés
se retirèrent pendant qu’il les regardait. Ceux de son avant-garde
voulurent les charger mais il les arrêta personnellement en disant :
« Nous avons été épargnés de leur mal et nous avons sauvé la ville.
Le meilleur plan est de les laisser jusqu’à ce qu’Alep soit sous
contrôle, ses affaires régularisées et ses ressources financières
rétablies. Alors nous les attaquerons et leur livrerons bataille. »
Après le retrait des croisés, les habitants sortirent et
l’accueillirent joyeusement. Il résida dans la ville jusqu’à ce
qu’il ait organisé et arrangé ses affaires.
Il n’y eut pas de pluies cette année en Irak, à
Mossoul, al-Jazirah, la Syrie, Diyar Bakr et beaucoup de terres. Les
denrées alimentaires furent à court et les prix montèrent dans
toutes les terres et cela dura jusqu’à l’année 519 de l’hégire
(1125).
Cette année le maudit chef hérétique ismaélien
et le seigneur d’Alamout, al-Hassan Ibn as-Sabbah, malédiction
d’Allah sur lui, mourut.
De même cette année, les gens d’Amid se
levèrent contre les hashashiyine de la ville et qui étaient devenus
très nombreux. Ils tuèrent environ sept-cent d’entre eux ce qui
affaiblit leur position dans la ville après cet événement.
La
prise de Kafartab par al-Boursouqi et sa défaite face aux croisés
En l’an 519 de l’Hégire (1125), al-Boursouqi
rassembla ses armées et alla en Syrie, où il attaqua Kafartab,
l’assiégea et l’a repris des croisés puis, il marcha vers la
forteresse de ‘Azaz, dans le district nord d’Alep dont le seigneur
était Josselin, qu’il assiégea. Les croisés rassemblèrent leurs
cavaliers et fantassins et marchèrent pour lever le siège.
Al-Boursouqi les rencontra au cours d’une violente et obstinée
bataille mais à la fin les Musulmans furent vaincus et les hommes
tués ou capturés. Plus de mille Musulmans furent tués au cours de
cette bataille et al-Boursouqi revint vaincu à Alep qu’il quitta en
y laissant son fils Mas’oud puis traversa l’Euphrate et se rendit à
Mossoul pour rassembler des troupes et revenir à la bataille, ce que
nous rapporterons si Allah Tout Puissant le veut.
Récit de
l’attaque des terres des hashashiyine au Khorasan
En l’an 520 de l’Hégire (1126), le vizir
Moukhtass al-Moulk Abou Nasr Ahmad Ibn al-Fadl, le vizir du sultan
Sinjar ordonna une attaque sur les hashashiyine et de les tuer quel
qu’ils soient et ou qu’ils soient ou de les capturer, de piller leur
propriété et d’asservir leurs femmes. Il envoya une armée à
Touraythith, une de leur place et un autre à Bayhaq dans le district
de Nishapour ou se trouvait un de leur quartier spécialement réservé
nommé Tazar et dont leur chef était un homme appelé al-Hassan Ibn
Samin.
Le vizir envoya un détachement de l’armée dans
chaque section de leurs districts et les encouragea à tuer tous ceux
qu’ils pourraient rencontrer. Chaque détachement se dirigea vers la
section qui lui avait été allouée. Quant à la force principale qui
avait été envoyée dans la colonie de la région de Bayhaq, elle
massacra tous les habitants ce que fit aussi la force expédiée à
Touraythith en plus de saisir leur propriété comme butin avant de
revenir.
Comment les
hashashiyine prirent le château de Banyas
Cette année, la fortune des hashashiyine en
Syrie prospéra et leur pouvoir hérétique se développa grandement
puis au mois de Dzoul Qi’dah, ils prirent Banyas après que Bahram,
le neveu d’al-Assadabadi, dont l’oncle avait été tué à Baghdad,
comme nous l’avons rapporté,
fuit en Syrie et devint le chef des ismaéliens. Il voyagea
alors dans tout le pays, en appelant à son credo et les gens simples
d’esprit et sans intelligence lui répondirent si bien qu’ils
devinrent en très grand nombre, sauf qu’il dissimula sa personne,
pour ne pas être reconnu. Il habita dans Alep durant quelque temps
et grandit près de son souverain, Ilghazi.
Ilghazi voulut gagner son soutien parce que les
gens craignaient sa cruauté et celle de ses hommes car ils tuaient
tous qui s’opposaient à eux et attaquaient leurs alliés. Ilghazi
conseilla à Toughtakin le seigneur de Damas de le prendre à son
service pour cette raison. Il accepta cette idée et l’a compris. À
ce moment Bahram communiqua son identité et proclama sa mission. Ses
partisans grandirent parmi tous qui aimaient le mal et les fauteurs
de troubles. Le vizir Abou ‘Ali Tahir Ibn Sa’d al-Mazdaqani l’aida
en voulant l’utiliser à ses propres fins et la cruauté de Bahram
augmenta et sa position devint énormément puissante et ses suiveurs
augmentèrent considérablement et bien plus qu’il ne l’avait jamais
été. Et n’était le fait que la population de Damas était
principalement Sounnite et fortement opposé à son credo hérétique,
les hashashiyine auraient saisi la ville.
Lorsque Bahram vit que les Damascènes lui
étaient violemment hostiles et craignaient leur inimitié, il demanda
à Toughtakin une forteresse dans laquelle lui et ses disciples
pourraient prendre refuge et le vizir suggéra de lui donner le
château de Banyas. Cela fut fait et après qu’il s’y rendit, ses
partisans affluèrent de toutes les directions et devinrent alors un
sérieux danger et un énorme défi. La situation devint très difficile
pour les juristes, les ‘Oulama, les hommes de religion
particulièrement les Sounnis et les hommes honorables et pacifiques
qui furent incapables de prononcer un simple mot premièrement de
peur de leur pouvoir et deuxièmement de peur de la cruauté des
ismaéliens. Personne n’osa condamner la situation attendant la
tournure des événements.
La mort
d’al-Boursouqi et la succession de son fils ‘Izz ad-Din Mas’oud
Le 8 du mois de Dzoul Qi’dah, le seigneur de
Mossoul, Qassim ad-Dawlah Aqsounqour al-Boursouqi fut tué à Mossoul
par un hashishi pendant la prière en commun du vendredi.
La nuit précédente, il avait vu dans son rêve
que plusieurs chiens l’attaquaient. Il tua certains d’entre eux mais
le reste lui fit mal. Il raconta son rêve à ses compagnons qui lui
conseillèrent de ne pas quitter sa maison durant plusieurs jours
mais il dit : « Je ne
manquerai les prières du vendredi pour aucune raison. » Ils
surmontèrent sa détermination et l’empêchèrent de sortir au service
mais il était déterminé à y aller et prit une copie du Qur’an pour
le consulter. La première chose qu’il lit était : «
Le commandement d’Allah est un décret inéluctable. » (Qur’an 33/38)
et il alla donc normalement à la mosquée et il priait dans le
premier rang quand dix hommes ou plus bondirent sur lui, le même
nombre que les chiens de son rêve. Ils le blessèrent avec leurs
dagues et il blessa trois d’entre eux mais fut tué, puisse Allah
Exalté lui faire miséricorde.
Il était un Mamelouk turc, bienveillant qui
aimait les hommes de religion et les vertueux. Il vit ce qui était
juste et le fit. Il fut l’un des meilleurs gouverneurs qui observa
les prières à leur temps fixe et veillait à la prière nocturne.
Mon père (qu’Allah le bénisse) m’a raconté cela
de quelqu’un qui avait l’habitude de le servir : « Je fus un de ses
domestique et il avait l’habitude de prier beaucoup chaque
nuit. Il faisait personnellement ses ablutions rituelles et
n’utilisait le service de personne. Je le vis une nuit hivernale à
Mossoul quand il descendit de son lit, habillé d’une toge de laine
courte. Il avait une cruche dans sa main et il descendit vers le
Tigre pour aller chercher de l’eau. Le froid m’empêcha de me lever
mais je fus effrayé de lui et me suis montré à sa hauteur et voulut
prendre la cruche mais il m’arrêta et me dit : «
O, pauvre malheureux ! Retourne au lit. Il fait froid. » J’ai
fait tout mon possible pour prendre la cruche mais il refusa de me
la donner et me renvoya au lit. Puis, il exécuta alors ses ablutions
et commença ses prières. »
Quand il fut tué, son fils ‘Izz ad-Din Mas’oud
était à Alep qu’il gardait contre les croisés. Les hommes de son
père lui envoyèrent les nouvelles et il se mit en route pour Mossoul
ou il entra au début du mois de Dzoul Hijjah. Il fut bon avec les
hommes de son père, confirma son vizir, al Mouayyad Abou Ghalib Ibn
‘Abdel-Khaliq Ibn ‘Abder-Razzaq à son poste et les émirs et les
troupes lui portèrent allégeance. Puis il partit rencontrer le
sultan Mahmoud qui le reçut avec compassion et le maintint à son
poste et personne dans les terres de son père ne contesta sa
position.
Une enquête fut alors menée sur ces
hashashiyine et il apparut qu’ils avaient été envoyés en
apprentissage chez un cordonnier de la rue d’Iliyah. Il fut convoqué
et promis un généreux traitement s’il avouait mais il ne le fit pas.
Lorsqu’ils le menacèrent de la mort, il dit : « Ils sont venus pour
le tuer il y a plusieurs années mais ils ne trouvèrent aucune
occasion jusqu’à ce présent. » Ses mains, ses pieds et son pénis
furent tranchés avant d’être lapidé à mort.
Mais ce qui parait remarquable c’est que le
seigneur d’Antioche envoya un message à ‘Izz ad-Din Ibn al-Boursouqi
pour l’informer du meurtre de son père avant que les nouvelles
l’atteignent. Les croisés, qu’Allah les maudisse, entendirent parler
de sa mort (à moins que ce soit eux qui l’ont commandité) avant lui
à cause de leur vif intérêt de connaitre les affaires des Musulmans
(et grâce à la fameuse sixième colonne qui les renseigne absolument
sur tout).
La bataille entre l’Atabeg
Toughtakin
et les croisés en
Syrie
Cette année, les croisés, qu’Allah les
maudisse, princes et comtes unis marchèrent sur la région de Damas
et campèrent à Marj as-Souffar près d’un village appelé Shaqhab près
de Damas. La menace était sérieuse pour les Musulmans et leur peur
intense. L’Atabeg Toughtakin écrivit aux émirs des Turcomans de
Diyar Bakr et d’ailleurs et les mobilisa. Il quitta lui-même Damas
pour marcher contre les croisés après avoir laissé le commandement
de la ville à son fils Taj al-Moulouk Bouri qui chaque fois qu’un
détachement arriva, après l’avoir accueilli des meilleures manières
lui offrait l’hospitalité puis l’envoyait chez son père. Quand ils
furent tous rassemblés, Toughtakin marcha en leur compagnie contre
les croisés et ils se rencontrèrent vers la fin du mois de Dzoul
Hijjah et livrèrent une féroce bataille. Toughtakin tomba de son
cheval et ses hommes croyant qu’il avait été tué s’enfuirent.
Toughtakin remonta et les rattrapa poursuivis par les croisés. Les
Turcomans furent incapables de rattraper les Musulmans dans leur
déroute et furent distancés. Quand ils virent que les cavaliers
croisés avaient poursuivi les fuyards et que leur camp et leur
infanterie n’avaient aucune garde et protecteur, ils chargèrent les
fantassins et les tuèrent et seul un d’entre eux survécu. Les
Turcomans pillèrent le camp des croisés, leurs tentes, leur argent
et tous leurs biens dont un autel en or avec des pierres précieuses
au-delà de toute valeur avant de revenir sains et saufs à Damas sans
aucune perte. Quand les croisés revinrent finalement bredouilles de
leur poursuite ce fut pour trouver leur infanterie et leur camp
détruit. Ils partirent alors totalement défaits dans le plus grand
silence chacun ruminant pour soi. Ce fut un étrange événement ou les
deux armées furent misent en déroute l’une par l’autre.
Cette année les croisés assiégèrent Rafaniyah
en Syrie, qui était entre les mains des Musulmans et après un strict
blocus, ils prirent la place.
Le martyr[1]
Atabeg Zanki est nommé préfet d’Irak
Au mois de Rabi’ Thani de l’année 521 de
l’Hégire (1127), le sultan Mahmoud confia le poste de Wali d’Irak à
‘Imad ad-Din Zanki Ibn Aqsounqour. La raison est que lorsque ‘Imad
ad-Din se leva à Wassit avec son corps d’hommes superbement équipé,
comme nous l’avons déjà rapporté et protégea Wassit, Basra et les
régions adjacentes d’une manière qu’il n’a pas été vu de si longue
date et meilleure que tout autre, il gagna de l’estime dans le cœur
du sultan et dans les cœurs de ses émirs. Quand le sultan décida de
quitter Baghdad, il considéra qui était le plus apte à administrer
la préfecture de l’Irak et qui veillerait à ses intérêts avec le
calife. Il examina ses émirs et les principaux dirigeants de l’état
et ne vit personne parmi eux qui pourrait exercer cette fonction
excepté ‘Imad ad-Din. Il s’entretint de cela et chacun le suggéra.
Ils dirent : « Nous ne pouvons pas réparer cette fracture, ni
restituer le prestige de ce bureau. Personne n’est assez moralement
fort pour s’attaquer à cette tâche périlleuse sauf ‘Imad ad-Din. »
Ils furent donc d’accord avec son point de vue et il le convoqua
donc et lui confia le bureau en plus de son fief. Il quitta alors
Baghdad avec un cœur apaisé concernant l’Irak et les affaires furent
comme il l’avait prévu.
La mort de
‘Izz ad-Din Ibn al-Boursouqi et la nomination de ‘Imad ad-Din Zanki
au poste de gouverneur de Mossoul et de ses districts
Cette année ‘Izz ad-Din Mas’oud Ibn
al-Boursouqi, le seigneur de Mossoul, mourut à ar-Rahbah. Les choses
qui l’amenèrent à partir sont que lorsque ses affaires furent bien
établies dans sa région, il écrivit au sultan Mahmoud et lui adressa
une demande pour être nommé au poste de gouverneur de son père à
Mossoul et ailleurs ce que le sultan accepta. ‘Izz ad-Din organisa
et arrangea les affaires tandis que ses troupes devinrent nombreuses
et il était lui-même brave, énergique et ambitieux pour prendre le
contrôle de la Syrie. Puis ayant rassemblé ses forces, il se mit en
route avec l’intention d’attaquer Damas et commença avec ar-Rahbah,
qu’il assiégea mais il fut pris d’une maladie aiguë durant le siège
et après avoir accepté la soumission de la citadelle, il mourut et
les défenseurs regrettèrent alors d’avoir capitulé.
Après sa mort, il fut laissé gisant sur un
tapis tandis que ses troupes se dispersèrent et s’auto-pillèrent,
trop occupées pour se charger de sa dépouille et ce n’est que plus
tard qu’il fut enterré. Un de ses jeunes frères lui succéda mais ses
terres tombèrent entre les mains d’un Mamelouk d’al-Boursouqi nommé
al-Jawouli. Il administra les affaires du jeune et envoya un
messager au sultan pour lui demander de léguer ses terres au fils
d’al-Boursouqi en offrant de grande sommes d’argent pour parvenir à
ses fins.
Les envoyés pour cette affaires furent le Qadi
Baha’ ad-Din Abou al-Hassan ‘Ali Ibn al-Qassim al-Shahrazouri et
Salah ad-Din Muhammad, l’émir-chambellan d’al-Boursouqi. Ils
arrivèrent à la cour du sultan pour lui parler sur cette affaire car
ils avaient peur d’al-Jawouli et étaient insatisfait de sa loyauté
et de la liberté avec laquelle il régnait. Salah ad-Din et Nassir
ad-Din Jaqar, qui devint l’Atabeg député de ‘Imad ad-Din à Mossoul,
eurent une réunion et ils étaient unis par mariage. Salah ad-Din lui
rapporta l’affaire pour laquelle il était venu et lui révéla ses
craintes intérieures. Nassir ad-Din le mit en garde contre Jawouli
et le condamna pour sa loyauté envers lui. Il le convainquit que
Jawouli l’épargnait ainsi que les gens comme lui seulement parce
qu’il avait besoin d’eux et si sa demande était accordée, il
n’épargnerait aucun d’eux.
Nassir ad-Din discuta avec lui la possibilité
de faire une demande pour que ‘Imad ad-Din puisse être nommé et lui
promis ainsi qu’à Baha’ ad-Din al-Shahrazouri des bureaux et des
fiefs. Salah ad-Din accepta et ensemble ils allèrent chez Baha’
ad-Din puis abordèrent cette affaire avec lui en lui promettant quoi
qu’il voulut et il approuva ce qu’ils lui demandèrent. Lui et Salah
ad-Din se rendirent à la résidence du vizir (qui était à cette
époque Sharaf ad-Din Anoushirwan Ibn Khalid) et lui dit : « Tu sais
tout comme le sultan que les terres d’al-Jazirah et de la Syrie sont
occupées par les croisés. Leur pouvoir est grand et ils ont saisi la
plupart du pays. Leur dominion touche maintenant les frontières de
Mardin à ‘Arish en Egypte exceptées les villes survivantes dans les
mains musulmanes. Avec sa bravoure, son expérience et la loyauté de
ses troupes al-Boursouqi retint en parti leur hostilité et leur mal.
Depuis sa mort leur ambition a augmenté. Ici nous avons son fils, un
jeune enfant. Les terres doivent avoir un homme énergique, brave,
doté de bon sens et d’expérience, pour les défendre, les protéger et
garder leur intégrité. Nous avons rapporté la situation des affaires
pour éviter toutes les sortes de faiblesses pour l’Islam et les
Musulmans. Le blâme s’attachera naturellement et particulièrement
sur nous et les gens diront : « Pourquoi ne vous avez pas informés
clairement de la situation ? »
Le vizir rapporta leurs propos au sultan qui
les approuva et les remercia. Puis, il les convoqua et les consulta
pour savoir qui serait le plus apte pour la position. Ils
mentionnèrent plusieurs hommes dont ‘Imad ad-Din Zanki et
présentèrent de sa part une somme considérable pour la trésorerie du
sultan. Le sultan consentit à le nommer parce qu’il savait de sa
compétence pour le travail. Il convoqua Zanki et le nomma sur toutes
les terres de Mossoul et écrivit son accréditation pour le poste.
Zanki se mit en route et se rendit d’abord à
al-Bawazij pour prendre la forteresse et en faire une source de
force et de soutien, parce qu’il craignait que Jawouli puisse
peut-être l’empêcher d’accéder à ses terres. Après être entré dans
al-Bawazij, il procéda à Mossoul. Quand Jawouli entendit parler de
son approche, il marcha à sa rencontre avec toute son armée et quand
il le vit, Jawouli démonta et embrassa la terre devant lui et revint
à Mossoul à son service. Zanki entra dans la ville au mois de
Ramadan et envoya Jawouli à ar-Rahbah, qu’il lui assigna comme un
fief tandis qu’il resta lui-même
à Mossoul pour organiser ses affaires et mettre en place son
organisation. Il nomma Nassir ad-Din gouverneur de la citadelle de
Mossoul ainsi que de tous les autres forts et de Salah ad-Din
Muhammad son émir-chambellan. Baha’ ad-Din fut nommé chef Qadi de
tous ses territoires y compris ces derniers fiefs et Zanki
n’entreprit rien sans le consulter.
Lorsqu’il eut fini ses affaires à Mossoul, il
partit pour Jazirat Ibn ‘Omar, tenu par les Mamalik d’al-Boursouqi
cependant ils s’opposèrent à lui. Il les assiégea donc et négocia
ensuite leur offrant de grandes sommes s’ils renonçaient mais ils ne
répondirent pas. Il intensifia alors ses attaques.
Comme le Tigre était entre lui et la ville, il
ordonna à ses hommes de se mettre à l’eau et de traverser pour la
ville ce qu’ils firent. Certains traversèrent à la nage, d’autres
dans des navires et encore d’autres sur des peaux gonflées. Ils
débordèrent les citoyens qui avaient émergé de la ville sur la bande
de terre entre la ville appelé az-Zallaqa, pour prévenir n’importe
quelle tentative de traversée du Tigre. Quand les troupes
traversèrent, ils les retinrent et essayèrent d’empêcher leur
débarquement mais les soldats de ‘Imad ad-Din étaient trop nombreux
pour eux, donc les défenseurs se retirèrent en arrière dans la ville
et s’enfermèrent derrière ses murs. Ainsi ‘Imad ad-Din prit
az-Zallaqa. Quand ceux qui avaient le cœur perdu et faible virent
cela, ils se rendirent compte que la ville serait prise à coup sûr
par la capitulation ou par la force des armes. Ils envoyèrent donc
des messagers pour demander des conditions que Zanki accepta et qui
était avec ses troupes à az-Zallaqa. La ville lui fut alors remise
et il y entra avec son armée.
Cette même nuit, le Tigre monta tellement haut
qu’il lapa les murailles et az-Zallaqa fut recouverte d’eau. S’il
était resté un jour supplémentaire lui et son armée auraient été
noyés sans un seul survivant. L’ayant témoigné, les gens furent
convaincus que la fortune l’avait privilégié et qu’une carrière qui
commençait ainsi était destinée à la grandeur.
‘Imad ad-Din quitta alors Jazirat Ibn ‘Omar
pour Nisibis qui était tenue par Hissam ad-Din Timourtash, le
seigneur de Mardin. Quand Zanki commença le siège, Hissam ad-Din
alla chez son cousin, Roukn ad-Dawlah Daoud Ibn Souqman Ibn Artouq,
le seigneur de Hisn Kayfa et d’autres endroits et lui demanda
l’assistance contre l’Atabeg Zanki. Daoud promit de l’aider en
personne et mobilisa ses troupes. Timourtash revint à Mardin et
envoya des messages par le poste de pigeon à Nisibis pour informer
ses troupes que lui et son cousin arrivaient avec une grande armée
pour lever le siège de ‘Imad ad-Din et leur ordonnant de résister
cinq jours supplémentaires.
Alors que l’Atabeg était dans sa tente, un
pigeon atterri sur une tente lui faisant face. Il ordonna de
l’attraper et vit qu’il portait un message. Après l’avoir lu, il
ordonna de le remplacer par un nouveau message disant : « J’ai
atteint mon cousin Roukn ad-Dawlah qui a promis de m’aider et de
rassembler ses troupes. Son arrivée n’excédera pas plus de vingt
jours. » Il leur ordonna aussi de tenir la ville pour cette période
jusqu’à son arrivée. Il l’attacha au pigeon et le libéra puis entra
dans Nisibis et lorsque les défenseurs lurent le message, ils furent
consternés sachant qu’ils étaient incapables de tenir la ville pour
une telle durée. Ils demandèrent donc au martyre un arrangement
paisible qui leur fut accordé. Ils l’introduisirent dans la ville et
les plans de Timourtash et de Daoud furent réduits à néant. Et c’est
effectivement une histoire étrange.
Ayant pris Nisibis, Zanki marcha sur Sinjar où
les habitants résistèrent mais vinrent à des conditions avec lui et
lui remirent la ville. De là, il envoya des administrateurs dans
toutes les endroits qui tombèrent sous son contrôle puis, il alla à
Harran qui était entre les mains musulmanes. Edesse, Sarouj, al-Bira
et toutes ces régions étaient occupées par les croisés, qu’Allah les
maudisse, à cause de qui les gens de Harran souffraient beaucoup et
étaient en grande difficulté, puisque ces terres étaient dépourvues
d’un héros pour les protéger et de n’importe quelle autorité pour
les défendre. Quand Zanki s’approcha de Harran, les citoyens
sortirent à sa rencontre pour lui porter allégeance et lui remettre
la ville. L’ayant pris, il envoya un message à Josselin, le seigneur
d’Edesse et de ces régions, malédiction d’Allah sur lui et ses
compères, avec une proposition et fit une trêve pour une courte
période. Son but était de réparer les terres et de rassembler des
troupes. Son projet le plus important était de traverser l’Euphrate
en Syrie et obtenir les villes d’Alep et d’autres dans les terres
syriennes. La paix fut dès lors arrangée et les gens retrouvèrent la
sécurité. Nous raconterons comment Alep fut prise si Allah Tout
Puissant le veut.
Cette année, Mou’in al-Moulk Abou Nasr Ahmad
Ibn al-Fadl, le vizir du sultan de Sinjar fut assassiné par les
hashashiyine car il avait un excellent record de combat contre eux
et une bonne intention d’en finir avec eux. Allah lui accorda le
martyre.
Cette année aussi, le sultan Sinjar asséna un
sévère coup aux hashashiyine d’Alamout. Il tua un grand nombre
d’entre eux et il fut dit que plus de 10 000 d’entre eux furent
tués.
De la
prise de la ville d’Alep par l’Atabeg ‘Imad ad-Din Zanki
Au début du mois de Mouharram de l’année 522 de
l’Hégire (1128), ‘Imad ad-Din Zanki Ibn Aqsounqour prit la ville
d’Alep et sa citadelle et nous rapporterons comment cela est arrivé.
Nous avons mentionné qu’al-Boursouqi prit Alep et sa citadelle en
l’an 518 de l’Hégire (1124) qu’il quitta après avoir laissé son fils
Mas’oud comme son député. Quand al-Boursouqi fut tué, Mas’oud partit
à Mossoul et en prit le contrôle après avoir laissé la ville d’Alep
à son lieutenant, un émir appelé Qouman. Plus tard, il nomma un émir
appelé Qoutlough-Aba, qu’il envoya à Qouman avec un ordre écrit pour
lui remettre la ville. Qouman dit : «
Il y a un signe secret entre ‘Izz ad-Din et moi que je n’ai
pas vu ici. Je ne rendrai pas la ville sans cela. » Leur signe
convenu était le dessin d’une gazelle car Mas’oud Ibn al-Boursouqi
dessinait très bien. Qoutlough-Aba revint donc chez Mas’oud, qui
avait assiégé ar-Rahbah mais après avoir constaté qu’il était mort,
il se dépêcha de revenir de nouveau à Alep.
Les gens furent informé de sa mort et le chef,
Fada’il Ibn Badi renonça à la ville. Les principaux hommes portèrent
allégeance à Qoutlough-Aba et renversèrent Qouman de la citadelle
après avoir vérifié que son maître Mas’oud était mort. Ils lui
donnèrent mille dinars et Qoutlough-Aba reprit la citadelle le 24 du
mois de Joumadah Thani de l’année 521 de l’Hégire (1127) mais après
quelques jours l’étendue de sa tyrannie et de sa cruauté devint
évidente. Il mit la main sur les propriétés des gens et les
héritages qu’il s’appropria particulièrement. De méchants hommes
devinrent ses associés tandis que la plupart des personnes
ressentirent une profonde aversion à son égard.
Badr ad-Dawlah Souleyman Ibn ‘Abdel-Jabbar Ibn
Artouq, qui en avait été autrefois le souverain vivait toujours dans
la ville. Le peuple se joignit à lui et à la veille du mardi 2
Shawwal, ils arrêtèrent tous les partisans de Qoutlough-Aba qui
étaient dans la ville et dont la plupart buvaient le matin de la
fête (‘Id al-Fitr). Puis, ils marchèrent sur la citadelle où
Qoutlough-Aba et ceux qui étaient avec lui s’étaient réfugiés et
l’assiégèrent. Hassan, le seigneur de Manbij et Hassan, le seigneur
de Bouza’a arrivèrent à Alep pour réparer la situation, mais ils
n’eurent aucun succès.
Lorsque les croisés, qu’Allah les maudisse,
entendirent parler de cette affaire, Josselin le maudit avec ses
troupes avança vers la ville mais il fut acheté et se retira. Après
lui, le souverain d’Antioche arriva avec un corps de croisés. Les
habitants d’Alep creusèrent un fossé autour de la citadelle pour
prévenir toute entrée et de l’extérieur de la ville et aussi tout
départ. Les gens firent face à un grand danger jusqu’au milieu du
mois de Dzoul Hijjah alors que ‘Imad ad-Din Zanki avait pris
possession de Mossoul et d’al-Jazirah et avait envoyé à Alep, les
émirs Sounqour Daraz et Hassan Qaraqoush, les émirs aînés
d’al-Boursouqi, qui avaient rejoint ‘Imad ad-Din avec une puissante
force. Ce dernier avait un document du sultan le nommant à Mossoul,
al-Jazirah et la Syrie. Il fut convenu que Badr ad-Dawlah Ibn
‘Abdel-Jabbar et Qoutlough-Aba aillent trouver ‘Imad ad-Din à
Mossoul ce qu’ils firent et, Hassan Qaraqoush resta dans Alep
agissant comme un gouverneur temporaire. Quand Badr ad-Dawlah et
Qoutlough-Aba arrivèrent ‘Imad ad-Din arrangea leurs différents mais
aucun d’entre eux ne se rendit à Alep. Il envoya son chambellan,
Salah ad-Din Muhammad al-Yaghi Syani, avec une armée qui monta dans
la citadelle, organisa ses affaires mit un gouverneur en charge.
‘Imad ad-Din Zanki partit pour la Syrie avec
ses troupes effectives et de la façon qu’il prit Manbij et Bouza’a.
Les habitants d’Alep sortirent pour l’accueillir ravis de son
arrivée. Il entra dans la ville, en prit le contrôle, organisa ses
affaires et assigna les terres dépendantes comme les fiefs à ses
troupes et ses émirs. Suite à cela, il saisit Qoutlough-Aba et le
livra à Ibn Badi’, qui l’aveugla dans sa maison à Alep.
Qoutlough-Aba mourut par la suite et Ibn Badi’ devint inquiet et
s’enfuit à Qal’at Ja’bar, ou il demanda au gouverneur la protection
qui lui fut accordée.
Etant le chef d’Alep, ‘Imad ad-Din nomma
Abou-Hassan ‘Ali Ibn ‘Abder-Razzaq. Et n’étaient-ce la miséricorde
d’Allah Tout Puissant envers les Musulmans en donnant le pouvoir aux
Atabeg dans les terres syriennes, les croisés l’aurait prise du fait
qu’ils étaient engagés dans de nombreux sièges sur plusieurs villes
syriennes et, quand Zahir ad-Din Toughtakin fit informé de cela, il
rassembla ses forces et attaqua et harcela leurs terres forçant les
croisés, qu’Allah les maudisse, à lever le siège pour défendre leurs
terres contre lui. Cependant, Allah Exalté décréta qu’il mourut
cette année et la Syrie leur fut ouverte sur tous les côtés car
n’ayant personne pour s’engager à lutter pour Ses gens. Allah Exalté
par Sa Grâce donna comme gouverneur aux Musulmans ‘Imad ad-Din, dont
nous rapporterons ses actions contre les croisés si Allah Exalté le
permet.
Le 8 du mois de Safar de cette année, l’Atabeg
Toughtakin, le seigneur de Damas, décéda. Il était un Mamelouk sage
et généreux du sultan Toutoush Ibn Alp Arsalan. Il attaqua et mena
fréquemment le Jihad contre les croisés, gouverna bien ses sujets et
désireux d’être juste envers eux. Son nom honorifique était Zahir
ad-Din (le défenseur de la Religion). Après sa mort son fils Taj
al-Moulouk Bouri, le plus vieux de ses fils, lui succéda selon le
testament de son père, qui le désigna comme successeur. Il confirma
le vizir de son père, Abou ‘Ali Tahir Ibn Sa’d al-Mazdaqani, à son
poste.
Cette année un vent fort souffla et assombrit
les horizons. Il apporta une poudre rouge semblable à du sable. Des
colonnes similaires à des flammes (tornades ?) apparurent dans le
ciel. Les gens furent terrifiés et se tournèrent vers la prière et à
la contrition mais leur peur fut levée.
[1]
C’est le titre donné par Ibn al-Athir à ‘Imad ad-Din Zanki,
puisse Allah Glorieux lui faire miséricorde.
Alep depuis la citadelle et avant la destruction de la ville par Ashar al-Bassad |