Comment les armées sont allées combattre les croisés

 

En l’an 505 de l’Hégire (1111) se rassemblèrent les armées ordonnées par le sultan pour aller lutter contre les croisés, qu’Allah les maudisse. Se rassemblèrent l’émir Mawdoud, le seigneur de Mossoul, l’émir Souqman al-Qoutbi, le seigneur de Tabriz et d’une partie de Diyar Bakr, les deux émirs, Ilbaki et Zanki, les fils de Boursouq souverains de Hamadan et des régions adjacentes et l’émir Ahmadil de Maraghah. L’émir Abou al-Hayja’, le seigneur d’Irbil, l’émir Ilghazi, le seigneur de Mardin et les émirs Bakjiyah furent ordonné par écrit de rejoindre les prince Mas’oud et Mawdoud, ce qu’ils firent excepté Ilghazi qui envoya son fils Ayaz et resta lui-même chez lui. Lorsqu’ils furent tous réunis, ils marchèrent vers le Sinjar tout en prenant sur leur route un certains nombres de forts tenus par les croisés qu’ils tuèrent tous. Ils assiégèrent quelque temps la ville d’Edesse et se retirèrent peu après sans l’avoir prise car tous les croisés unis pour la circonstance, à pied et à cheval, se dirigèrent vers l’Euphrate pour le traverser et défendre Edesse contre les Musulmans. Quand ils atteignirent l’Euphrate, ils furent informés du grand nombre de Musulmans et décidèrent de ne pas traverser mais de camper près de l’Euphrate. En les voyants, les Musulmans quittèrent Edesse pour Harran pour amener les croisés à traverser l’Euphrate et les affronter. Après leur départ, les croisés entrèrent dans Edesse, apportant avec eux provisions et réserves. Ils laissèrent dans toute la ville tout ce dont elle pourrait avoir besoin pour éviter qu’elle manque de provisions et d’être prise. Puis, ils prirent tous ceux qui étaient invalides, faibles et pauvres et retraversèrent l’Euphrate, en passant au côté syrien ou ils attaquèrent le district d’Alep qu’ils anéantirent et ravagèrent en tuant et capturant tout ce qui s’y trouvait et un immense nombre de Musulmans furent asservis.

La raison est que lorsque les croisés passèrent en Mésopotamie, le prince Ridwan, le seigneur d’Alep, entra dans les districts que les croisés, qu’Allah les maudisse, avaient pris et récupéra certains d’entre eux après les avoir ravagés et tuer. Quand les croisés retraversèrent l’Euphrate, ils firent de même dans ses districts.

 

Quand l’armée du sultan fut informée du retrait des croisés et de leur traversée de l’Euphrate, ils retournèrent à Edesse et l’assiégèrent. Ils firent face à une formidable tâche. Le moral des habitants de la ville avait été renforcé par les réserves et par le grand nombre de renforts qui avaient été laissé en ville pour les défendre. L’armée constata que rien ne les encourageait et se retira, traversa l’Euphrate, assiégea la citadelle de Tall Bashir durant quarante-cinq jours avant de se retirer sans rien avoir accompli.

Ils revinrent à Alep, où le prince Ridwan ferma les portes de la ville devant eux et ne voulut pas les rencontrer. L’émir Souqman al-Qoutbi tomba malade et se mit en route pour retrouver sa famille mais il mourut à Balis. Ses hommes le placèrent dans un cercueil et le ramenèrent sur ses terres. Ilghazi les attaqua pour les saisir et prendre leurs affaires comme butin mais ils mirent le cercueil dans leur centre et luttèrent pour le protéger si bien qu’Ilghazi fut mis en déroute et ses biens saisis en butin avant de procéder vers leurs terres.

 

Après que le prince Ridwan eut fermé les portes d’Alep et refusé d’admettre les forces du sultan, elles partirent pour Ma’arrat an-Nou’man ou elles furent rencontrés par Toughtakin, le seigneur de Damas qui logea chez l’émir Mawdoud tout en ayant conscience que les émirs avaient de mauvaises intentions à son égard et craignant que Damas puisse lui être prise, il entreprit secrètement des pourparlers de paix avec les croisés, qui s’était abstenu de rencontrer cette force musulmane dans la bataille. Cependant, ce n’aboutit à rien et les armées se désagrégèrent parce que l’émir Boursouq Ibn Boursouq, un des plus grands émirs, souffrait de la goutte et était transporté sur une litière. Souqman al-Qoutbi mourut comme nous l’avons rapporté ; l’émir Ahmadil, le seigneur de Maraghah voulut retourner pour demander au sultan de lui accorder les terres du défunt Souqman et l’Atabeg Toughtakin, le seigneur de Damas, craignit les émirs qui n’étaient pas bien disposé envers lui, excepté l’amitié qui s’était développée entre lui et Mawdoud, le seigneur de Mossoul. Pour ces raisons, l’armée du sultan se désagrégea. Mawdoud et Toughtakin restèrent dans Ma’arrat an-Nou’man qu’ils quittèrent pour camper sur la rive du fleuve Oronte.

 

Quand les croisés furent informés que les armées de l’Islam s’étaient désagrégées, ils devinrent ambitieux, unirent leurs forces après la discorde et la désunion et marchèrent sur Apamée. Le sultan Ibn Mounqid, le seigneur de Shayzar, fut informé à son tour de leurs projets et se rendit auprès de Mawdoud et de Toughtakin puis leur décrit les croisés, qu’Allah les maudisse, comme une cible facile et leur conseilla de mener le Jihad. Ils procédèrent donc à Shayzar ou ils campèrent et les croisés à leur tour campèrent près d’eux. L’armée musulmane rendit leur approvisionnent difficile et lancèrent des attaques constantes sur eux mais les croisés les évitèrent à chaque fois et ne livrèrent pas de bataille. Quand ils virent combien les Musulmans étaient forts, ils revinrent à Apamée. Les Musulmans les poursuivirent et attrapèrent qui ils purent de leur arrière-garde et au mois de Rabi’ Awwal ils revinrent à Shayzar.

 

Le siège de Tyr

 

Lorsque les armées se désagrégèrent, les croisés décidèrent d’attaquer et d’assiéger la ville de Tyr ou ils se rendirent avec Baldwin, le souverain de Jérusalem, après avoir mobilisé et concentrés leurs forces. Ils descendirent sur la ville et l’assiégèrent le 25 du mois de Joumadah Awwal puis construisirent trois tours de bois dont la hauteur de chacune était de 32 mètres et qui pouvait contenir 1000 hommes et sur lesquelles, ils érigèrent des trébuchets. Ils abordèrent une des tours près des enceintes après l’avoir débarrassé de ses défenseurs.

 

Tyr était en possession d’al-Amir Bi-Ahkamillah le ‘oubaydi qui y avait délégué son député, ‘Izz al-Moulk al-A‘azz. Ce dernier réunit le peuple et les consulta à propos d’un moyen qui pourrait les sauver du mal des tours. Un vieil homme, un citoyen de Tripoli, se leva et garantit qu’il pourrait leur mettre le feu Il prit avec lui mille hommes, complètement armés et chacun avec un fagot de bois à brûler. Ils engagèrent les croisés jusqu’à ce qu’ils parviennent près de la tour qui se trouvait contre le mur de la ville et jetèrent en bas le bois à brûler sur tous les côtés et y mirent le feu puis craignant que les croisés qui étaient à l’intérieur de la tour ne s’occupent à éteindre le feu pour l’empêcher de se propager et s’enfuir, il les bombarda avec des sacs plein d’excréments qu’il avait préparés. Quand ceux-ci tombèrent sur eux, ils se concentrèrent sur la mauvaise odeur et la contamination qu’ils les avaient touchés. Le feu gagna alors la tour et tous périrent excepté quelques-uns. Les Musulmans réussirent à capturer certains d’entre eux avec des crochets en fer. Alors il prit de grands paniers à raisins qu’il remplit de bois à brûler préalablement plongé dans une matière incendiaire composée de naphte, de goudron et le soufre et lança sur eux soixante-dix paniers qui mirent le feu aux deux autres tours.

Les gens de Tyr creusèrent des tunnels sous la terre de manière à ce que les croisés tombent dedans s’il donnait l’assaut et pour engloutir d’autres tours s’ils en avançaient mais quelques Musulmans cherchèrent refuge chez les croisés et les informèrent de ce qui avait été fait, donc ils prirent des précautions contre cela.

 

Les gens envoyèrent un messager à l’Atabeg Toughtakin, le seigneur de Damas, pour lui demander son aide et de venir pour qu’ils puissent lui rendre la ville. Il avança avec ses troupes dans la région de Banyas et leur envoya deux cents cavaliers comme renforts qui entrèrent dans la ville et furent ajoutés à sa défense. Les croisés (qu’Allah les maudisse) luttèrent plus violemment, craignant que les renforts continuent d’arriver. Quand les flèches des Turcs furent toutes épuisées, ils poursuivirent leur tir en envoyant des perches. Le naphte fut alors épuisé à son tour mais ils réquisitionnèrent une mine souterraine contenant du naphte et personne ne savait qui l’avait conservé là.

 

Plus tard ‘Izz al-Moulk, le gouverneur de Tyr, envoya de l’argent à Toughtakin pour le persuader d’envoyer plus de troupes et venir pour reprendre la ville. Toughtakin lui envoya un pigeon avec un message pour lui dire que l’argent était arrivé et lui ordonna de préparer un navire dans un endroit convenu pour que ses hommes puissent y venir. Le pigeon se posa sur un navire croisé et deux hommes, un Musulman et un croisé l’attrapèrent. Le croisé demanda : « Devons-nous le laisser partir ? Peut-être leur apporte-t-il la délivrance. » Le Musulman refusa et le ramena à Baldwin, qui, après l’avoir lu, envoya un navire à l’endroit que Toughtakin avait mentionné et dans lequel il mit un certain nombre d’apostats qui avaient quitté le Tyr pour chercher la protection du roi. Les troupes arrivèrent dûment et comme on s’adressa à eux en arabe, ils ne se méfièrent pas et embarquèrent pour se retrouver tous prisonniers et emmenés aux croisés qui les massacrèrent et suite à cela les croisés devinrent confiant du succès contre Tyr.

 

Toughtakin attaqua le territoire croisé de toutes les directions et marcha vers le fort d’al-Habis dans le Sawad, une région du district de Damas qui appartenait aux croisés qu’il assiégea, prit par l’épée et tua la garnison. Alors, il se tourna vers les croisés qui assiégeaient Tyr et coupa l’arrivée de leurs provisions par la terre mais elle leur fut envoyé par mer. Ils construisirent alors un fossé autour d’eux et n’ont pas daigné l’attaquer. Toughtakin alla à Sidon, attaqua ses banlieues, tua plusieurs marins et incendia environ vingt navires ancrés. Il resta tout le temps en étroit contact avec les habitants Tyr en leur ordonnant de tenir ferme bien que les croisés (qu’Allah les maudisse) poursuivaient leurs assauts. Les habitants de Tyr luttèrent comme ceux qui ont désespéré de la vie. Le combat dura jusqu’au temps des récoltes et les croisés craignirent que Toughtakin saisisse les récoltes de leurs terres si bien qu’ils se retirèrent de la ville pour Acre le 10 du mois de Shawwal. Les troupes de Toughtakin revinrent chez leur émir et les gens de Tyr leur donnèrent de l’argent et d’autres choses. Ils réparèrent les murailles et les douves qui avaient été endommagées et que les croisés avaient comblées.

 

La défaite des croisés en Andalousie

 

Cette année Alfonsh, le souverain de Tolède en Andalousie marcha sur les terres d’Islam, en cherchant à les conquérir et à en prendre le contrôle. Il rassembla et recruta une très grande armée. Son ambition avait grandi suite au décès de la mort de l’émir de Musulmans Youssouf Ibn Tashfine. L’émir des musulmans ‘Ali Ibn Youssouf Ibn Tashfine fut informé et marcha à sa rencontre avec ses armées. Ils se rencontrèrent et luttèrent très férocement. Les Musulmans furent victorieux et les croisés mis en déroute. Un très grand nombre d’entre eux furent tués et d’autres prisonniers. Certains furent asservis et un immense butin fut collecté. Suite à cette défaite, il fut craint par les croisés qui s’abstinrent d’attaquer son territoire. Alfonsh fut humilié et apprit amèrement que les terres avaient un protecteur et un défenseur.

 

 

Au mois de Mouharram de l’année 506 de l’Hégire (1112), Mawdoud le seigneur de Mossoul marcha sur Edesse ou ses troupes ravagèrent les récoltes avec leurs montures avant de partir pour Sarouj où il fit de même. Il ignora les croisés et ne prit aucune précaution contre eux et avant qu’il ne le réalise, Josselin, le seigneur de Tall Bashir tomba sur lui. Les montures de son armée se dispersèrent dans les pâturages et les croisés saisirent un grand nombre d’entre eux et tuèrent un aussi grand nombre et quand les Musulmans se déployèrent enfin pour la bataille, Josselin se retira à Sarouj.

 

Il y eut cette année à Baghdad, un homme d’Afrique du Nord qui prétendit avoir expérimenté de l’alchimie. Son nom était Abou ‘Ali et il fut emmené au palais califal et c’est la dernière fois que l’on entendit parler de lui.

 

De même, le prêcheur Youssouf Ibn Ayyoub al-Hamadani vint à Baghdad. C’était un ascète et un homme pieux. Il exhorta les gens et un homme, un étudiant de la Loi appelé Ibn as-Saqqa’, se leva et l’attaqua continuellement sur une certaine question. Youssouf lui dit : « Assied-toi, il y a une once d’incrédulité dans ce que tu dis et il se peut que tu meurs apostat. »  Il arriva un peu plus tard qu’Ibn as-Saqqa’ se rendit dans les terres byzantines et devint un chrétien.

 

Au mois de Dzoul Qi’dah, on entendit à Baghdad le son d’un immense fracas bien qu’il n’y avait aucun nuage dans le ciel pour que l’on puisse croire que c’était le son du tonnerre. Personne ne sut de quel son il s’agissait.

 

Comment les croisés furent combattus et vaincus et comment Mawdoud fut tué

 

Au mois de Mouharram de l’année 507 de l’Hégire (1113), les musulmans se rassemblèrent dont l’émir Mawdoud Ibn Altountakin le seigneur de Mossoul, Tamirak, le seigneur de Sinjar, l’émir Ayaz Ibn Ilghazi et Toughtakin le seigneur de Damas. La raison de cette réunion est que Baldwin, le roi des croisés, fit vers la fin de l’année 506 de l’Hégire, une série de raids de pillages et de ravages sur les terres de Damas. L’arrivée des provisions à Damas fut coupée, les prix augmentèrent et les denrées alimentaires devinrent rares. Toughtakin, le gouverneur de la ville envoya un messager à l’émir Mawdoud pour lui expliquer la situation, lui demander son aide et de venir en toute urgence. Ce dernier leva alors son armée, fit ses préparatifs et traversa l’Euphrate à la fin du mois de Dzoul Qi’dah de l’année 506 de l’Hégire (1113). Les croisés le craignaient.

 

Toughtakin informé de son approche, sortit et le rencontra à Salamiyah ou ils convinrent d’attaquer Baldwin, le roi de Jérusalem et marchèrent sur la Jordanie. Les Musulmans campèrent à al-Ouqhouwanah de même que les croisés avec leur roi Baldwin, Josselin, d’autres chefs ainsi que les hospitaliers. Les Musulmans avec Mawdoud entrèrent dans le territoire croisé et les croisés se rassemblèrent. Le 13 du mois de Mouharram, les armées se rencontrèrent et s’affrontèrent lors d’une féroce bataille ou les deux armées tinrent ferme mais les croisés s’enfuirent et beaucoup d’entre eux furent été ou fait prisonniers. L’un des prisonniers était Baldwin leur roi, mais il ne fut pas reconnu cependant son armure et ses armes furent saisies et il fut libéré et retrouva la sécurité. Beaucoup d’entre eux se noyèrent dans le Lac de Tibériade et le Jourdain. Les Musulmans prirent leurs bagages et leurs équipements. Les croisés atteignirent un défilé au-delà de Tibériade où ils rencontrèrent les troupes de Tripoli et d’Antioche et leur moral se renforça. Ils reprirent alors la bataille et les Musulmans les encerclèrent de tous les côtés tandis que les croisés se réfugièrent en haut d’une colline à l’ouest de Tibériade, où ils restèrent vingt-six jours, face aux Musulmans qui leur tiraient des flèches et attaquaient ceux qui étaient à proximité d’eux. Ils coupèrent leurs apprivoisement dans l’espoir qu’ils descendraient pour lutter mais ils ne firent rient. Les Musulmans se rendirent alors à Bayssan puis ravagèrent et ruinèrent le territoire croisé entre Acre et Jérusalem. Ils tuèrent tous les croisés qui tombèrent entre leurs mains mais ils furent bientôt à court de provisions, éloignés qu’ils étaient de leurs propres terres, et revinrent donc et campèrent Marj as-Souffar.

 

L’émir Mawdoud permit à ses troupes de revenir pour se reposer, avec l’intention de se réunir de nouveau au printemps pour renouveler sa campagne. Il resta avec sa garde spéciale et rentra à Damas le 21 Rabi’ Awwal pour rester avec Toughtakin jusqu’au printemps. Un vendredi de ce même mois, il se rendit à la mosquée pour assister aux prières avec Toughtakin. Quand ils accomplirent leurs prières et sortirent dans la cour de la mosquée main dans la main avec Toughtakin, un hashashi bondit sur lui et le frappa quatre fois. Le batini fut tué et sa tête tranchée. Personne ne savait qui il était et son cadavre fut brûlé.

Mawdoud était au milieu d’un jeûne. Il fut emporté dans la maison de Toughtakin et des efforts furent faits pour le pousser à rompre le jeûne mais il refusa et dit : « Je suis résolu à rencontrer Allah en état de jeûne. » Il mourut ce jour-là, puisse Allah lui faire miséricorde.

Il a été rapporté que les hashashiyine de Syrie l’ont tué parce qu’ils le craignaient ou que Toughtakin le craignait et qu’il prit des dispositions pour ce que quelqu’un l’assassine. Il était un homme bon, juste et très charitable. Mon père m’a dit : « Le roi des croisés écrivit une lettre à Toughtakin après le meurtre de Mawdoud, qui contenait cette section : « Les gens qui ont tué leur principal appui sur son jour saint et dans Sa maison de vénération méritent vraiment que Dieu les détruisent. » »

Après son meurtre, Tamirak le seigneur de Sinjar, reprit les trésors et les armements qu’il avait et les ramena au sultan. Mawdoud fut enterré à Damas dans le tombeau de Douqaq, son souverain et plus tard fut transportée à Baghdad et enterrée dans les environs du mausolée d’Abou Hanifah, qu’Allah lui fasse miséricorde, avant d’être emmené à Ispahan.

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Cette année, le Prince Ridwan Ibn Taj ad-Dawlah Toutoush Ibn Alp Arsalan, le seigneur d’Alep mourut et son fils, Alp Arsalan le Muet lui succéda alors qu’il était âgé de de seize ans. Les actes de Ridwan ne furent pas dignes de louange. Il tua ses frères, Abou Talib et Bahram et dans beaucoup de ses affaires, à cause de son manque de religion, il avait l’habitude de rendre visite et de demander de l’aide aux hashashiyine. Lorsque le Muet devint souverain, les affaires furent menées par Lou’lou’ l’eunuque. En fait, Alp Arsalan n’était pas muet et il y avait simplement un cheveu sur la langue et bégayait. Sa mère était la fille de Yaghi Siyan, qui avait été le souverain d’Antioche. Le Muet tua deux de ses frères l’entre eux appelé Malik Shah, qui avait la même mère et père et Moubarak Shah son demi-frère. Son père avait fait la même chose et après sa mort, ses deux fils furent tués en représailles pour ce qu’il avait fait à ses deux frères.

 

Pendant le règne de Ridwan, les hashashiyine devinrent nombreux dans Alep si bien qu’Ibn Badi, le chef et les notables parmi la population les craignirent. Après sa (Ridwan) mort, Ibn Badi suggéra à Alp Arsalan de les pourchasser et de les exécuter. Il donna des ordres pour cela et leur chef, Abou Tahir as-Sa’igh et tous ses disciples furent arrêtés et exécutés. Les biens des autres furent saisis mais ils furent libérés. Certains d’entre eux allèrent rejoindre les croisés ou ils se dispersèrent sur la terre.

De l’expédition d’al-Boursouqi Aqsounqour en Syrie pour lutter contre les croisés

 

En l’an 508 de l’Hégire (1114), lorsque le sultan Muhammad apprit le décès de Mawdoud, il envoya l’émir Aqsounqour al-Boursouqi à Mossoul et ses districts en tant que gouverneur sur la région et il envoya avec lui son fils, le prince Mas’oud, à la tête d’une vaste armée et lui ordonna de lutter contre les croisés et tous les émirs furent instruits par lettre qu’ils devraient lui obéir. Il arriva à Mossoul et ses troupes le rejoignirent et parmi eux se trouvait ‘Imad ad-Din Zanki Ibn Aqsounqour, qui accéda par la suite au pouvoir à Mossoul ainsi que ses descendants et il était vaillant à l’extrême. Le seigneur de Sinjar, Tamirak et d’autres se rassemblèrent aussi.

 

Al-Boursouqi marcha sur Jazirat Ibn ‘Omar que le député de Mawdoud lui abandonna avant de partir en sa compagnie à Mardin gouvernée par Ilghazi qui, après un siège se soumit et envoya avec lui une force sous le commandement de son fils Ayaz. De là, à la tête de 15 000 cavaliers, al-Boursouqi marcha sur Edesse qu’il assiégea au mois de Dzoul Hijjah mais les croisés résistèrent à ses assauts et exploitèrent une négligence des Musulmans. Ils saisirent neuf hommes et les crucifièrent sur la muraille. Le combat s’intensifia alors et les Musulmans attaquèrent avec plus de zèle et tuèrent cinquante des principaux chevaliers croisés, qu’Allah les maudisse.

 

Le siège se poursuivit durant deux mois et plusieurs jours cependant, les réserves des Musulmans diminuèrent très sérieusement et ils se retirèrent à Soumayssat après avoir ravagé les territoires d’Edesse, de Sarouj et de Soumayssat. Le seigneur de Mar’ash porta allégeance à al-Boursouqi, comme nous le rapporterons qui revint alors à Shabakhtan et arrêta Ayaz Ibn Ilghazi constatant que son père ne s’était pas présenté et ravagea les terres agricoles de Mardin.

 

Comment le seigneur de Mar’ash et d’autres se soumirent à al-Boursouqi

 

Un des comtes des croisés, nommé Basilic Kogh, le seigneur de Mar’ash, Kayssoum, Ra’ban et ailleurs mourut cette année. Sa femme saisit le pouvoir, se fortifia contre les croisés et paya généreusement les troupes puis elle entra en contact avec Aqsounqour al-Boursouqi alors qu’il était à Edesse et lui demanda de lui envoyer un de ses lieutenants à qui elle pourrait donner allégeance. Il envoya donc son émir Sounqour Dizdar, le seigneur d’al-Khabour et quand il arriva chez elle, elle le reçut avec l’honneur et lui apporta une grande somme d’argent.

Alors qu’il était avec elle, un détachement de croisés arriva et livra bataille à ses hommes au nombre d’environs cent cavaliers. Après une féroce bataille, les Musulmans surmontèrent les croisés et tuèrent la plupart d’entre eux. Sounqour Dizdar revint avec ses présents pour le prince Mas’oud et al-Boursouqi et sa soumission à leur autorité. Ayant appris cela, un grand nombre de croisés qui étaient à son service revinrent à Antioche.

 

Récit des hostilités entre al-Boursouqi et Ilghazi et la capture de ce dernier

 

Lorsqu’al-Boursouqi arrêta Ayaz, le fils d’Ilghazi, ce dernier se rendit à Hisn Kayfa ou il demanda de l’aide à son seigneur, l’émir Roukn ad-Dawlah Daoud, le fils de son frère Souqman qui le rejoignit avec son armée avec une grande foule de Turcomans. Ils marchèrent tous les deux contre al-Boursouqi et à la fin de l’année, ils se rencontrèrent et se livrèrent une lourde bataille féroce ou les deux paris tinrent fermes mais au final, al-Boursouqi et son armée furent vaincu. Ayaz Ibn Ilghazi fut libéré de sa captivité mais le sultan envoya des menaces à Ilghazi, qui effrayé se rendit chez son beau-père, Toughtakin le seigneur de Damas, en Syrie ou il resta plusieurs jours avec lui.

 

Toughtakin avait aussi perdu les faveurs du sultan qui lui avait imputé le meurtre de Mawdoud. Toughtakin et Ilghazi acceptèrent de se défendre et d’avoir recours aux croisés et de chercher leur soutien. Ils firent donc des ouvertures au seigneur d’Antioche, s’allièrent avec lui et le rencontrèrent près du Lac Qadas près de Homs, où ils renouvelèrent leur serment. Le seigneur d’Antioche revint à Antioche, Toughtakin à Damas tandis qu’Ilghazi partit pour ar-Rastan avec l’intention d’aller à Diyar Bakr et de recruter des Turcomans avant de revenir. Il s’arrêta à ar-Rastan pour se reposer mais fut attaqué par Khir Khan Ibn Qarajah, le seigneur de Homs, quand les hommes d’Ilghazi se dispersèrent. Khir Khan le maîtrisa et le fit prisonnier avec plusieurs membres de son escorte. Il envoya un messager au sultan pour l’informer et lui demander d’envoyer rapidement des troupes pour prévenir Toughtakin de récupérer de force Ilghazi.

 

En entendant ces nouvelles, Toughtakin revint à Homs et envoya un messager pour demander sa libération mais Khir Khan refusa et jura que si Toughtakin ne se retirait pas, il tuerait Ilghazi. Ce dernier envoya un message à Toughtakin, disant : « La ténacité est mauvaise pour moi et mènera à mon carnage. Le meilleur cours à suivre pour toi et de revenir à Damas, » ce qu’il fit.

 

Khir Khan attendit l’arrivée des troupes du sultan mais ils furent retardés et il craignit que ses hommes soient trompés par Toughtakin et lui abandonne Homs. Il changea donc d’avis et proposa un arrangement à Ilghazi, qu’il le libérerait et prendrait son fils Ayaz comme un otage, ferait une alliance par mariage avec lui et qu’Ilghazi le défendrait contre Toughtakin et d’autres. Cela fut accepté et il le libéra après d’être fait des serments mutuels. Ilghazi livra son fils Ayaz et quitta ensuite Homs pour Alep où il rassembla des Turcomans et revint ensuite à Homs et demanda son fils Ayaz. Il assiégea Khir Khan jusqu’à ce que les troupes du sultan arrive et se retira alors, ce que nous rapporterons.

 

Au mois de Joumadah Thani de cette année, il y eut un violent tremblement de terre dans al-Jazirah, la Syrie et ailleurs. Il détruisit une grande partie d’Edesse, de Harran, de Soumayssat, de Balis et d’autres endroits et un grand nombre de gens périrent sous les décombres.

 

Cette année aussi, Taj ad-Dawlah Alp Arsalan Ibn Ridwan, le seigneur d’Alep fut tué par son Mamelouk  dans la citadelle d’Alep. Son frère, Sultan Shah Ibn Ridwan lui succéda bien qu’il fût sous le contrôle de Lou’lou’ l’eunuque.

 

De la défaite de l’armée du sultan face aux croisés

 

Nous avons déjà mentionné la rébellion d’Ilghazi et de Toughtakin contre le sultan et comment les croisés devinrent puissants. Quand cela vint, en l’année 509 de l’Hégire (1115), à l’attention du sultan Muhammad, il prépara une grande force et dont il donna le commandement à l’émir Boursouq Ibn Boursouq le seigneur de Hamadan en compagnie de qui se trouvaient l’émir Jouyoush Beg et l’émir Kountoughdi ainsi que les troupes de Mossoul et d’al-Jazirah. Le sultan leur ordonna tout d’abord de combattre Ilghazi et Toughtakin et, quand ils seraient venus à bout d’eux, de marcher sur le territoire croisé, de leur faire la guerre et d’harceler leurs terres.

 

Ils se mirent donc en route au mois de Ramadan de l’année 508 de l’Hégire (1115) avec une très nombreuse armée. À la fin de l’année, ils traversèrent l’Euphrate à ar-Raqqa et, quand ils s’approchèrent d’Alep, ils se mirent en contact avec l’autorité dirigeante à savoir Lou’lou’ l’eunuque et le commandant des forces locales, nommé Shams al-Khawass et leur ordonnèrent d’abandonner Alep. Ils leur présentèrent aussi les lettres du sultan qui ordonnait la même chose. Tous les deux donnèrent de faux agréments et firent venir Ilghazi et Toughtakin pour les aider. Ces deux derniers se mirent en route avec 2 000 cavaliers et entrèrent dans Alep. Les défenseurs défièrent alors les troupes du sultan et déclarèrent ouvertement leur rébellion. L’émir Boursouq Ibn Boursouq marcha sur la ville de Hama soumise à Toughtakin et où se trouvait son convoi de bagages qu’il mit sous siège puis prit lors d’un raid éclair et qu’il saccagea durant trois jours, avant de la donner à l’émir Khir Khan, le seigneur de Homs car le sultan avait ordonné que chaque ville prise devait lui être donnée. Suite à cela, les émirs devinrent abattus et leur raison vacilla, dans la mesure où leurs terres pourraient être prises et données à Khir Khan. Lorsque Hama fut donnée à Khir Khan, il livra Ayaz Ibn Ilghazi. Ilghazi, Toughtakin et Shams al-Khawass qui étaient auparavant partis à Antioche et avaient cherché la protection de son souverain, Roger lui avaient demandé de les aider à défendre la ville de Hama, ne sachant pas que la ville était tombée.

 

Baldwin, le seigneur de Jérusalem, le seigneur de Tripoli et d’autres démons croisés, qu’Allah les maudisse, vinrent les trouver à Antioche et décidèrent de ne pas risquer la bataille parce que les Musulmans étaient si nombreux et dirent : « Ils se disperseront au début de l’hiver » et ils se rassemblèrent dans la forteresse d’Apamée, où ils restèrent environ deux mois. Quand la moitié d’Ayloul (septembre) fut écoulée et qu’ils virent que les Musulmans projetaient de rester, ils se séparèrent. Ilghazi revint à Mardin, Toughtakin à Damas et les croisés dans leurs terres.

 

Les croisés contrôlaient Apamée et Kafartab. Les musulmans allèrent donc à Kafartab et l’assiégèrent. Quand le blocus s’intensifia et que les croisés virent la destruction leur faire face, ils tuèrent leurs femmes, leurs enfants et brûlèrent leurs biens. Les Musulmans entrèrent de force dans la place, capturèrent le gouverneur et tuèrent tous les croisés qui s’y trouvaient avant de marcher sur la forteresse d’Apamée mais quand ils virent qu’elle était fortement défendue, ils se retirèrent al-Ma’arrat, aussi tenue par les croisés. L’émir Jouyoush Beg les quitta pour la vallée de Bouza’a, qu’ils emménagèrent. D’al-Ma’arrat les troupes procédèrent à Alep, pendant que leurs bagages et leurs montures les précédaient comme il est de coutume dans les armées en marche qui suivent leur caravane, sûrs d’eux n’imaginant pas que quelqu’un oserait s’approcher d’eux.

 

Quand Roger le seigneur d’Antioche entendu dire que Kafartab était assiégé, il sortit à la tête de 500 cavaliers et 2 000 fantassins pour empêcher le siège. Il arriva à l’endroit où les tentes des Musulmans avaient été montées sans savoir que les croisés s’y trouvaient et ces derniers voyants qu’il n’y avait aucun combattant, ils pillèrent tout le camp et tuèrent là les serviteurs et les pages de l’armée. Les troupes arrivèrent dans le désordre si bien que les croisés les tuèrent tous au fur et à mesure de leur arrivée.

 

L’émir Boursouq arriva avec environ cent cavaliers, vit aussitôt la situation et grimpa une colline avec son frère, Zanki. Certains des serviteurs et des pages qui avaient réussi à s’enfuir les rejoignirent pour chercher sa protection et l’empêchèrent de descendre. Son frère et ceux qui étaient avec lui conseillèrent de descendre et se sauver, mais il dit : « Je ne ferai pas ainsi. Je serai tué dans la voie d’Allah et serai un sacrifice pour les Musulmans. » Ils le persuadèrent de renoncer à ce plan afin qu’ils puissent s’échapper tous ensemble. Les croisés les poursuivirent sur environ cinq kilomètres avant de faire demi-tour pour finir leur pillage et leurs destructions. Ils brûlèrent beaucoup de nos gens et l’armée fut pulvérisée chaque homme prenant la route la plus proche.

 

Quand ceux qui gardaient les prisonniers prit à Kafartab entendirent ces nouvelles, ils les exécutèrent tous et la personne gardant Ayaz Ibn Ilghazi agit de la même façon. La population d’Alep et d’autres villes de Musulmans en Syrie furent abasourdis car ils s’étaient attendus à une victoire de cette armée mais ce qu’ils n’avaient pas escompté arriva. Les troupes sauves retournèrent alors dans leurs propres terres.

 

Boursouq et son frère Zanki trouvèrent la mort an l’an 510 de l’Hégire (1116), Boursouq était un homme bon et religieux. Il resta plein du remords pour cette défaite et se prépara à faire une nouvelle expédition quand le terme de son temps arriva à sa fin.

 

Comment les croisés conquirent Rafaniyah et comment elle fut reprise

 

Au mois de Joumadah Thani de cette année, les croisés, que la malédiction d’Allah soit sur eux, conquirent Rafaniyah en Syrie qui était tenue par Toughtakin, le seigneur de Damas puis ils renforcèrent la ville avec des hommes, des réserves et la fortifièrent pour le mieux. Toughtakin s’inquiéta et sa détermination d’attaquer les terres des croisés, de les piller et les détruire, augmenta. Bientôt, il fut informé que Rafaniyah était dépourvu d’une force capable de la défendre excepté la garnison que les croisés avaient postée. Sans prendre aucun bagage, Toughtakin se mit en route et avant que les hommes de la garnison se soient rendus compte, il assaillit la ville et y entra par la force des armes et les croisés qu’y s’y trouvaient furent fait prisonnier. Il en tua certains et épargna les autres. Les Musulmans pillèrent leurs récoltes, leur bétail et leurs réserves avant de revenir en toute tranquillité dans leur territoire.

 

De l’assassinat d’Ahmadil Ibn Wahsoudan

 

Au début du mois de Mouharram de l’année 510 de l’Hégire (1116), l’Atabeg Toughtakin, le seigneur de Damas se présenta au palais du sultan Muhammad à Baghdad. Plusieurs émirs étaient présents dont Ahmadil Ibn Ibrahim Ibn Wahsoudan ar-Rawadi al-Kourdi, le souverain de Maraghah et d’autres endroits en Azerbaïdjan qui s’assit près de Toughtakin. Un homme qui prétendit avoir une réclamation s’approcha en pleurant et en tenant une requête dans sa main et lui demanda de la transmettre au sultan. Ahmadil l’a pris de sa main et ensuite l’homme le frappa avec une dague. Ahmadil rabaissa dague et l’a plaqua sous lui. Un complice du hashashi bondit et porta à Ahmadil un autre coup avec une dague. Les sabres eurent raison d’eux mais un autre complice s’approcha et poignarda Ahmadil encore une fois. Les gens furent stupéfiés de son audace après la mise à mort de ses deux compagnons. Toughtakin et ceux qui étaient présents pensèrent que Toughtakin était la cible de l’assassinat sur les ordres du sultan mais quand il fut certain que c’étaient des hashashiyine ce soupçon fut levé.

 

Durant cette année, un feu se produisit près de l’école Nizamiyyah de Baghdad ou le bois fut consumé et se propagea dans la voie des Chaîne et des chardons incandescents volèrent jusqu’à la Porte des Degrés, où un certain nombre de maisons furent incendiées. La bibliothèque du Nizamiyyah fut détruite par le feu bien que les livres furent sauvés et évacués par les étudiants juristes conscients de l’incendie.

 

Le 14 du mois de Safar de l’Année 511de l’Hégire (1117), il y eut une éclipse totale de la lune.

 

Durant cette année les croisés, qu’Allah les maudisse, attaquèrent les banlieues de Hama en Syrie et tuèrent plus d’une centaine d’habitants avant de se retirer.

 

De même, y eut un tremblement de terre en Irak, al-Jazirah et une grande partie de la région le jour de ‘Arafat. Un grand nombre de maisons furent détruites sur la rive ouest de Baghdad.

 

Cette année le duc d’Antioche mourut et Allah Exalté nous sauva de sa cruauté.

 

La mort du roi des croisés et ce qui arriva entre eux et les Musulmans

 

Au mois de Dzoul Hijjah de l’année 511de l’Hégire, Baldwin, le roi des croisés, malédiction d’Allah sur eux, est mort après avoir marché vers l’Egypte avec une armée de croisés ayant l’intention de conquérir le pays et d’en prendre le contrôle car son impatience de prendre l’Egypte était forte. Il campa face à Tinnis et se baigna dans le Nil quand une ancienne blessure se rouvrit. Quand il se sentit près de la mort, il revint à Bayt al-Maqdis ou il mourut. Il légua ses terres au comte d’Edesse que Joukarmish avait capturé et Jawouli Saqaou libéré. Il arriva que ce comte était à Jérusalem pour un pèlerinage à l’église du Sépulcre et quand il fut désigné roi, il accepta et se retrouva avec le contrôle d’Edesse et de Jérusalem.

 

L’Atabeg Toughtakin quitta Damas pour lutter contre les croisés et campa entre le Monastère d’Ayyoub et Kafar Basi sur la rive du Yarmouk et il ne fut informé de la mort de Baldwin que dix-huit jours plus tard alors qu’il était à environ deux jours de marche des croisés. Les envoyés du roi des croisés vinrent alors le trouver pour lui demander une trêve. Toughtakin demanda que le partage des récoltes qui existait entre eux pour Jabal ‘Awf, al-Hannanah, as-Salt et les basses terres de Jordanie lui soient abandonné mais le roi refusa et fit une exhibition de force. Toughtakin procéda alors à Tibériade qu’il pilla ainsi que la région environnante avant de marcher vers Ascalon qui appartenait aux Egyptiens et où se trouvait leur force de 7000 cavaliers qui avait été envoyée après le retrait du roi croisé d’Egypte. Toughtakin les rejoignit et leur commandant l’informa que leur calife lui avait ordonné de suivre ses (de Toughtakin) plans et d’agir conformément à ses décisions. Ils restèrent deux mois à Ascalon sans que cela n’affecte les croisés puis Toughtakin revint à Damas ou il reçut un appel de l’aide l’informant que 130 cavaliers croisés lui avaient pris deux forteresses, celle d’al-Habas et celle de Jaldak que le châtelain leur avait abandonné. Les croisés attaquèrent aussi Adri’at et la ravagèrent. Quand Taj al-Moulouk Bouri, le fils de Toughtakin fut envoyé contre eux, ils se réfugièrent sur une colline où ils furent encerclés. Son père arriva alors et lui ordonna de se retenir mais il refusa, décidé de s’occuper d’eux. Les croisés acculés décidèrent de lutter pour la mort et quittant leur sommet de la colline, ils chargèrent les Musulmans qui s’enfuirent. Un grand nombre d’entre eux furent tués et un aussi grand nombre prisonniers tandis que les survivants revinrent  à Damas dans l’état le plus minable.

 

Toughtakin se rendit à Alep où Ilghazi lui avait demandé de l’assistance et sa coopération contre les croisés et lui promit de marcher avec lui. Alors qu’il était à Alep, il fut informé que les croisés avaient attaqué Hawran, dépendante de Damas, pillé, tué et pris des captifs avant de se retirer. Toughtakin et Ilghazi d’un commun accord décidèrent que Toughtakin devait revenir à Damas et protéger ses terres et qu’Ilghazi devait revenir à Mardin, lever des troupes et se rencontrer pour lutter contre les croisés. Ilghazi fit alors une trêve avec ses voisins comme cela a déjà été mentionné puis il traversa le fleuve à Mardin pour rassembler des troupes et nous rapporterons cela ultérieurement si Allah Exalté le veut.

 

 

Il y eut cette année un manque de récoltes après une chute interrompue de pluie dans une grande partie de la terre et particulièrement en Irak. Les prix montèrent et la population du Sawad émigra. Les gens se nourrirent de ce qui avait été laissé après le tamis des grains.

 

Le départ des pèlerins fut retardé cette année, à cause de la rumeur que le pèlerinage de l’Irak avait été annulé. Le calife nomma l’émir Nazar, l’eunuque d’Youmn, commandant de l’armée et lui donna la même autorité sur le pèlerinage que le commandant de l’armée avait l’habitude d’avoir ainsi que de l’argent pour le voyage. Les pèlerins purent ainsi accomplir leur pèlerinage et la compétence de Nazar fut manifestée.

 

Deux grands navires arrivèrent avec ses provisions et des renforts pour les croisés en Syrie mais ils furent détruits et coulèrent. Les gens craignaient les hommes qu’ils apportaient.

 

Cette année l’envoyé d’Ilghazi, le seigneur d’Alep et de Mardin vint à Baghdad pour enrégimenter des hommes pour lutter contre les croisés après avoir raconté ce qu’ils firent aux Musulmans dans les terres d’al-Jazirah lorsqu’ils prirent un fort près d’Edesse et tuèrent son émir, Ibn ‘Outayr. Des lettres racontant leurs exactions furent aussi envoyées au sultan Mahmoud.

 

Le raid d’Ilghazi sur le territoire croisé

 

En l’an 513 de l’Hégire (1119), les croisés, qu’Allah les maudisse, quittèrent leurs terres et marchèrent vers les districts d’Alep ou ils prirent Bouza’a et autres, ravageant la région autour d’Alep qu’ils assiégèrent. Alep n’avait pas de réserves suffisantes pour un long siège mais pour à peine un mois et les habitants craignaient énormément les croisés. Si on leur avait permis de combattre pas un seul un homme ne serait resté dans la ville mais on les empêcha de le faire. Les croisés convinrent d’un traité sur la base d’un partage du produit de leurs domaines aux portes d’Alep. Les citoyens envoyèrent un messager à Baghdad pour supplier de l’aide mais personne ne vint.

 

L’émir Ilghazi, le seigneur d’Alep, était à Mardin pour rassembler des volontaires pour mener le Jihad, le combat dans la voie d’Allah Exalté et environ 20 000 hommes le rejoignirent dont parmi eux Oussama Ibn al-Moubarak Ibn Shibl al-Kilabi et l’émir Toughan Arsalan Ibn Ilmakar, le seigneur de Bitlis et d’Arzan. Ils se mirent alors en route pour la Syrie, disposé à combattre les croisés, qu’Allah les maudisse, qui étaient au nombre de 3 000 cavaliers et 9 000 fantassins et qui lorsqu’ils réalisèrent leur nombre campèrent près d’al-Atharib dans un endroit nommé Tall ‘Ifrin au milieu des montagnes accessible par seulement trois routes et c’est l’endroit où Sharaf ad-Dawlah Mouslim Ibn Qouraysh fut tué.

 

Les croisés, malédiction d’Allah sur eux, pensèrent que personne ne viendrait contre eux à cause de l’accès difficile et ils restèrent dans l’attente, comme cela était leur habitude quand ils voyaient que les Musulmans étaient forts. Ils contactèrent Ilghazi et lui dirent : « Ne te fatigue pas en marchant vers nous car nous arrivons ». Il informa ses partisans de ce qu’ils avaient dits et les consulta sur ce qu’il devait faire. Ils conseillèrent de monter immédiatement et les attaquer. Ce qu’ils firent. Il alla donc à leur rencontre et ses hommes entrèrent par les trois routes. Les croisés étaient convaincus que personne ne pourrait leur livrer bataille à cause du difficile accès et avant qu’ils se rendent compte de la situation, l’avant-garde musulmane était sur eux. Les croisés exécutèrent une redoutable charge et les Musulmans trouvèrent leur salut dans la fuite mais ils tombèrent sur le reste de l’armée qui arrivait par vagues et trouvèrent protection avec eux. Une intense bataille s’ensuivit et les croisés furent encerclés de tous les côtés tandis que les sabres s’abattirent sur eux de toutes les directions. Seul un petit groupe s’enfuit et l’ensemble d’entre eux furent tués ou capturés et parmi les prisonniers se trouvaient plus de quatre-vingt-dix et de leurs principaux commandants qui furent emmené à Alep. Ils se rançonnèrent pour  300 000 dinars mais cela fut refusé. Les Musulmans saisirent aussi un large butin.

 

Quant à Roger le seigneur d’Antioche, il fut tué et sa tête tranchée. Cette bataille eut lieu au milieu du mois de Rabi’ Awwal. Parmi les vers concernant cette bataille et la louange d’Ilghazi sont les lignes d’al-‘Azimi :

« Dites ce que vous voulez. Vos mots sont les bienvenus.

Après le Créateur notre dépendance est sur toi.

Le Qur’an se réjouit quand vous lui avez apporté la victoire.

Et l’évangile pleure pour la perte de ses partisans. »

 

Plus tard les survivants de la bataille se rassemblèrent avec d’autres et Ilghazi les affronta de nouveau et les vainquit. Il leur reprit les forteresses d’al-Atharib et de Zardana puis retourna à Alep ou il consolida ses affaires avant de retraverser l’Euphrate pour aller à Mardin.

 

Compte-rendu d’une autre bataille avec les croisés

 

Cette année, Josselin, le seigneur de Tall Bashir quitta Tibériade avec un groupe d’environ 200 cavaliers croisés, puisse Allah les maudire, et tomba à l’improviste sur un groupe de Tayy, plus connus sous le nom des Banou Khalid. Il saisit leurs possessions et les questionna sur la position de leurs gens, les Banou Rabi’ah. Ils lui dirent qu’ils étaient au-delà du désert rocailleux, dans le Wadi as-Salalah entre Damas et Tibériade. Josselin envoya 150 cavaliers par une route et lui-même avec 50 cavaliers prit une différente route après avoir donné au premier groupe un rendez-vous matinal pour tendre une embuscade aux Banou Rabi’ah qui furent informé et voulurent lever le camp mais leur émir des Banou Rabi’ah les empêcha et ils étaient au nombre de 150 cavaliers. Les 150 cavaliers croisés arrivèrent alors, convaincu que Josselin était déjà arrivé avant eux ou qu’il les rattraperait bientôt, mais il s’était égaré. Les nombres étaient donc égaux et la bataille fut engagée. Les bédouins transpercèrent les chevaux des croisés réduisant la plupart d’entre eux à combattre à pied et malgré le courage et la ténacité de leurs chefs, soixante-dix d’entre eux furent tué et douze de leurs commandants fait prisonniers qui offrirent des sommes considérables d’argent ainsi qu’un certain nombre de captifs pour se rançonner.

Lorsque Josselin, qu’Allah le maudisse, qui s’était égarée, entendit les nouvelles de la bataille, il partit pour Tripoli, rassembla une armée et marcha de nuit sur Ascalon ou il attaqua la banlieue mais les Musulmans le repoussèrent et il se retira battu.

 

 

Cette année, le tombeau d’Ibrahim al-Khalil (Saluts et bénédictions d’Allah sur lui) ainsi que ceux de ses fils, Ishaq et Ya’qoub (paix sur eux), furent découverts près de Jérusalem. Un grand nombre de personnes les virent avec leurs corps non corrompus avec des lampes d’or et d’argent autour d’eux dans la grotte. C’est ce que Hamza Ibn Assad at-Tamimi a rapporté dans son histoire et Allah est Plus Savant.

 

Cette année, le palais Taj du calife sur le Tigre fut démoli de peur qu’il ne s’effondre. Ce Taj fut bâtit par le commandant des croyants al-Mouktafi en l’an 290 de l’Hégire (903).

 

Cette année le pèlerinage fut aussi retardé. Les gens manifestèrent et menacèrent de détruire la chaire de la mosquée du palais. Le calife envoya Doubays Ibn Sadaqah, en lui demandant d’aider l’émir Nazar à accompagner les pèlerins. Il accepta de le faire et ils quittèrent Baghdad le 12 du mois de Dzoul Qi’dah (1120) et voyagèrent sous une pluie continue jusqu’à Koufa.

 

L’incursion géorgienne dans les terres d’Islam et la conquête de Tiflis

 

En l’an 514 de l’Hégire (1120), al-Jourz (les Géorgiens) envahirent les terres d’Islam qu’ils avaient l’habitude de razzier dans le passé mais arrêtèrent sous le règne du sultan Malik Shah et jusqu’à la fin du règne de sultan Muhammad. Cependant, quand cette année arriva, ils envahirent les terres musulmanes accompagnés par les Qafjaq (Qipjaq ou Qiptchaq, une tribu locale) et d’autres peuples voisins. Les émirs, qui étaient au voisinage des terres géorgiennes, se rassemblèrent après un échange de correspondance, à savoir l’émir Ilghazi, Doubays Ibn Sadaqah, qui était à cette époque avec le prince Toughroul Ibn Muhammad et son Atabeg Kountoughdi. Toughroul contrôlait la région d’Arran et de Nakhitchevan aussi loin que l’Araxe. Ils réunirent leur force au nombre de 30 000 puis marchèrent contre les Géorgiens et quand ils approchèrent de Tiflis les deux armées se firent face et établirent leurs lignes pour la bataille. Deux cents Qafjaq s’avancèrent et les Musulmans crurent qu’ils cherchaient des conditions et ne prirent aucune précaution contre eux. Ils se mêlèrent aux Musulmans et tirèrent leurs flèches provoquant la confusion dans la ligne musulmane. Ceux qui étaient à distance crurent que c’était une défaite et s’enfuirent rattrapé par le reste de l’armée et à cause de la pression se piétinèrent et un grand nombre d’entre eux périt.

Les mécréants les poursuivirent sur 50 kilomètres en tuant et en prenant des prisonniers. La plupart des Musulmans furent tués et 4 000 hommes prit prisonniers. Les émirs Toughroul, Ilghazi et Doubays s’enfuirent. Les Géorgiens pillèrent alors et ravagèrent les terres d’Islam et assiégèrent Tiflis en pressant durement la garnison. La situation devint sérieuse et les habitants firent face à la crise. Le siège dura jusqu’à l’année 515 de l’Hégire (1121), quand les Géorgiens  prirent d’assaut la ville.

Quand ils firent face au désastre, les habitants envoyèrent le Qadi local et l’Imam aux Géorgiens pour soumettre les conditions de capitulation. Les Géorgiens restèrent sourds et les traitèrent durement. Puis, ils entrèrent de force dans la ville qu’ils pillèrent et ravagèrent.

En l’an 516 de l’Hégire (1122), les réfugiés arrivèrent à Baghdad appelant à l’aide et demandant de l’assistance. Ils furent informés que le sultan Mahmoud était à Hamadan et ils partirent le rejoindre et le supplièrent de leur accorder de l’aide. Il partit alors en Azerbaïdjan où il resta dans la ville de Tabriz durant le mois de Ramadan puis envoya une armée contre les Géorgiens et ce récit sera rapporté, si Allah Tout Puissant le veut.

 

Récit des expéditions d’Ilghazi cette année

 

Cette année, al-Moustarshid Billah envoya Sadid ad-Dawlah Ibn al-Anbari avec des robes d’honneur pour Najm ad-Din Ilghazi, pour le remercier des attaques qu’il mena contre les croisés et lui ordonner de bannir Doubays de son côté. Abou ‘Ali Ibn Ammar, qui avait été le seigneur de Tripoli, voyagea avec Ibn al-Anbari pour rester avec Ilghazi, vivant sur ce qu’Ilghazi lui accorderai. Ilghazi s’excusa de ne pas écarter Doubays mais promis de le faire.

Ilghazi ayant rassemblé une grande force marcha contre les croisés pour les affronter et ils se rencontrèrent dans un endroit appelé Danith dans la région d’Alep. La bataille fut engagée, le combat intense et la victoire alla à Ilghazi.

 

Alors Ilghazi et l’Atabeg Toughtakin, le seigneur de Damas, joignirent leurs forces et assiégèrent les croisés dans Ma’arrat an-Nou’man durant un jour et une nuit, l’Atabeg Toughtakin ayant suggéré que le siège soit levé pour que leur peur ne les incite pas à une résistance mortelle et qu’ils tentent une sortie contre les Musulmans qu’ils pourraient alors les combattre. Sa peur était surtout due à cause de la faiblesse de la cavalerie des Turcomans et de l’excellence de la cavalerie croisée. Ilghazi leva donc le siège et les croisés en profitèrent pour changer de position et s’enfuir. Ilghazi ne pouvait pas rester longtemps dans le territoire croisé parce que qu’il pensait que seul l’attrait du butin avait réuni les Turcomans. Chacun d’entre eux arriva avec un sac de blé et un mouton et compterait les heures jusqu’à ce qu’il puisse prendre un butin rapide et retourner à la maison. Si leur séjour se prolongeait, ils ne manqueraient pas de se disperser et Ilghazi n’avait pas d’argent qu’il pourrait leur distribuer.

 

Cette année Balak Ibn Artouq vainquit Gavras le Byzantin et tua 5 000 byzantins dans le fort de Sarman dans la région d’Andoukan. Gavras un grand nombre de ses soldats furent prit prisonniers.

 

De même cette année, année Josselin le seigneur d’Edesse, malédiction d’Allah sur lui, attaqua les forces des Arabes et des Turcomans qui campaient à Siffin, à l’ouest de l’Euphrate. Il saisit une grande partie de leur argent, leurs chevaux et leurs troupeaux comme butin et sur son retour détruisit Bouza’ah.