La piraterie chrétienne

 

La piraterie fut pratiquée depuis l’Antiquité et durant le Moyen Age, exclusivement par les pays européens et particulièrement du XIe au XVe siècle tandis que les barbaresques qui pratiquaient le Jihad naval et appelés à tort « pirates », n’apparurent qu’à partir du XVIe siècle. Ces derniers, qui n’étaient pas des pirates, furent tout d’abord une contre mesure aux incessantes attaques des croisés qui menaçaient les côtes d’Afrique du Nord car après avoir chassés les Musulmans d’Andalousie, les Espagnols occupèrent plusieurs villes du littoral africain et menaçaient les contrées ou ils enlevaient des populations civiles qu’ils revendaient comme esclaves sur le marché européen.

Ce sont donc les pirates croisés qui montrèrent donc aux Musulmans le chemin à suivre en brûlant leurs villes, en tuant les « infidèles », en détruisant leurs navires, en pillant leurs ports, en ravageant leurs côtes et en réduisant les Musulmans en captivités pour finalement les vendre comme esclaves. Vous savez que les mécréants ont toujours excellés dans le mensonge[1], particulièrement envers les musulmans, et dans la dureté de leurs actions et ce jusqu’à nos jours, vous n’avez qu’à lire leur média. Et le comble, c’est que les pirates européens furent auréolés de gloire et décrits comme des héros tandis les Musulmans qui se défendaient étaient assimilés à de vulgaires brigands (heureusement que le terme de « terroriste » n’existait pas à l’époque sans quoi ils n’auraient pas manqués d’être ainsi qualifiés !) et si les mécréants s’indignaient sur le sort des captifs chrétiens, ils se laissèrent jamais apparaitre qu’ils avaient faits des captifs musulmans et si au vingt-et-unième siècle, ils eurent droit à Abou Ghraib et Guantanamo et vous avez tous vus les indicibles photos, autant vous dire que les musulmans ont dut endurer les pires traitements

 

Voici un poème de Malherbe dans une ode au roi Henri IV très explicite sur le sujet ou il vante la piraterie chrétienne :

« Tantôt nos navires, braves

De la dépouille d’Alger,

Viendront les Maures esclaves

A Marseille déchargé ;

Tantôt, riche de la perte

De Tunis et de Biserte,

Sur nos bords étaleront

Le coton pris en leurs rives,

Que leurs pucelles captives

En nos maisons fileront[2]. »

 

L’historien belge Charles Verlinden, auteur d’un excellent travail sur les esclaves musulmans du Midi de la France et sur l’esclavage en Europe au Moyen Age écrivit : « La guerre de course et la piraterie suivent une évolution parallèle à la traite (des esclaves). Plus le commerce se développe, plus il y a - même et surtout en pays chrétien - des pirates pour s’emparer des cargaisons et pour razzier les pays d’où elles proviennent. Ce sont surtout les vaisseaux des états musulmans ou orthodoxes qui sont leurs proies habituelles. Ce sont aussi les côtes de ces mêmes pays qu'ils pillent le plus volontiers... »

 

Vous trouverez sur le site Cahiers de la Méditerranée[3], « l’esclavage en Méditerranée à l’époque moderne », une mine d’informations sur le sujet particulièrement un texte de l’universitaire algérien Moulay Belhamissi intitulé « Course et contre-course en méditerranée ou comment les algériens tombaient en esclavage » dont voici un extrait. Pour les références veuillez visiter la page en question :  

Début de citation.

« Trois siècles de luttes acharnées, de guerres meurtrières et d’atrocités entre une jeune Régence active et entreprenante à ses débuts, et la plupart des nations maritimes d’Europe mues par des préjugés antimusulmans, un esprit de croisade et des appétits politico-économiques, engendrèrent toutes sortes de heurts et de malheurs. Aux milliers de morts de part et d’autre, de disparus en mer, s’ajouta le pitoyable lot de captifs.

C’est ainsi que dans de nombreux Etats chrétiens (Portugal, Espagne, France, Angleterre, Etats italiens, Malte et jusqu’à l’ancienne Russie) représentant une chrétienté militante, des milliers d’Algériens tombèrent aux mains de leurs ennemis et connurent les affres de l’esclavage.

Peut-on connaître dans le détail les circonstances de leur capture ?

Longtemps, la non-exploitation des sources appropriées rendit difficile toute tentative de tirer de l’oubli le drame qui les frappa.

Les critères occidentaux ont fait de l’esclavage en Méditerranée l’apanage des seuls Musulmans. Et tout a été dit et redit sur les malheurs des Chrétiens retenus à Alger, Tunis ou Tripoli. Consuls, prêtres, voyageurs, chroniqueurs et captifs ont multiplié les récits sur « l’enfer » de Barbarie. Par contre, le sort des Musulmans enlevés et condamnés à la galère ou aux travaux forcés fut à peine effleuré ou timidement décrit.

Pourtant, les nombreux documents d’archives, souvent inédits, les témoignages, les correspondances, les traités conclus avec Alger font mention de la tragédie vécue par les captifs musulmans.

 

Concernant la capture quatre zones de dangers guettaient les Algériens :

- L’enlèvement sur leur propre littoral.

- La chasse organisée sur mer.

- Les risques des côtes et ports européens.

- Les incessantes batailles navales.

 

I - L’enlèvement des riverains

Procédé classique et ancien ! Bien avant l’arrivée des Turcs au Maghreb central, les nombreuses incursions chrétiennes sur les littoraux étaient un moyen aisé et peu risqué d’acquérir des esclaves, afin d’alimenter les marchés spécialisés ou les galères.

 

Le voyageur musulman ‘Abdel Bassat Ibn Khalal visita le pays en 1464. Il fut amené à Tlemcen, onze Francs capturés sur la côte de Hounan. Ils s’y étaient rendus à bord d’un vaisseau afin de piller et razzier les riverains. Ensuite, il prit le bateau d’Oran vers Tunis. Mais les vicissitudes de la navigation obligèrent les passagers à descendre à Bougie. Ecoutons le récit de l’auteur :

« Nous y trouvâmes, dit-il, des Berbères qui, à notre vue, prirent la fuite, croyant que notre bateau était celui des corsaires chrétiens qui avaient volontairement et par ruse, changé de vêtements pour s’emparer des Musulmans ».

Lors de la première occupation d’Oran, quand la dynastie des Bani Zayyan agonisait, les pirates espagnols pourchassaient les Maghrébins de la cité. Dans une lettre au Corrégidor d’Oran, Moulay ‘AbdAllah se plaignait que : « des Maures qui ont été faits prisonniers par les gens de Carthagène ne sont pas de Tabaqrat (petit village près de Hounan) et sujets du roi, ce que ce dernier attestera par écrit, signé de sa main et s’il le faut, en donnant sa parole royale ».

Chaque année, l’Ordre de Malte « armait une douzaine de galères et opérait contre les côtes non défendues ».

Alenzo de Contreras fut un chasseur d’esclaves et de butin. Ses confessions montrent qu’il écumait les rivages du Maghreb et du Proche-Orient ; il s’en vantait sans rougir : « Nous y fîmes tant de prises que ce serait long à compter, l’on revint, dit-il, tous riches… Nous y fîmes d’incroyables voleries sur mer et sur terre ».

 

Juan Rey, patron de barque de La Ciotat, longeant le littoral algérien, enleva en 1563 une vingtaine d’habitants et s’en alla les vendre à Gênes comme galériens.

 

Au XVIIe siècle, les coups de main se multiplièrent. En 1607, les chevaliers de Saint Etienne se rabattaient sur Bône et s’emparèrent d’un riche butin et de deux cents riverains. Puis en 1611, une flotte, sous les ordres du Marquis Santa Cruz ; ravagea l’île de Kerkennah et, en revenant, incendia la ville de Jijel, arrachant des dizaines de citadins à leurs foyers.

La liste des corsaires capturant des Musulmans est longue. Le Sieur Piquet commandait Bastion de France, près de la Calle. En 1698, pour se soustraire à ses devoirs envers le gouvernement d’Alger, « il fit armer ceux qui pêchaient le corail, chargea si diligemment ce qu’il avait de meilleur dans la place… avec cinquante Mores » qu’il partit vendre à Livourne aux galères de Toscane.

 

« Le commandant Gidéon de Wilde a capturé en pleine mer et amené ici un navire turc de qualité, équipé de 32 pièces. A bord se trouvaient 250 turcs et environ quarante esclaves. Les

Turcs seront vendus pour le remboursement des frais et, en plus, pour le butin des officiers et matelots. Avant-hier, les esclaves chrétiens sont partis à bord d’un navire hollandais qui allait de Venise à Amsterdam ».

 

Parlant des habitants de Majorque, Dancour disait qu’ils sont « tous bons matelots, corsaires et grands voleurs, écumant continuellement les côtes de Barbarie d’où ils enlèvent quantités d’esclaves ». En effet, la course chrétienne sévissait d’Oran à la Calle. Les razzias concernaient les endroits mal défendus. Le valencien Juan Canète, Maître d’un brigantin de quatorze bancs, basé à Majorque « arrivait de nuit, y ramassait les Musulmans qui dormaient sous les remparts ».

 

II – La capture en mer

Le péril majeur pour les marins et les passagers était d’être enlevés en mer. Une rencontre inattendue, un abordage réussi et voilà la fin de la liberté et le commencement d’une vie de tourmente et d’enfer ! Les corsaires chrétiens, très actifs, sillonnaient la Méditerranée et l’Atlantique.

 

Cette chasse en mer permettait à l’Europe et plus particulièrement au Roi de France, de pourvoir ses galères en rameurs. Si, en vingt-sept mois, Louis XIV ne put acheter que 257 galériens, ses vaisseaux mirent la main, en deux mois de croisière, sur 241 captifs. Peu importait leur âge ! Muhammad Ibn ‘AbderRahmane d’Alger, matricule 3653, avait dix ans… Un de ses compagnons d’infortune en avait soixante-dix-neuf !

 

Les pèlerins n’échappaient pas à ces captures, sur leur route vers Alexandrie. En effet, il partait annuellement, deux ou trois bâtiments, chargés de fidèles, malgré les risques de l’entreprise.

Un vaisseau d’Alger, commandé par le Raïs Boustandji cinglait en mai 1687 vers l’Egypte, avec « cent trente passagers de Fès qui passaient à Alger pour aller à la Mecque ». Il fut capturé par les Anglais. « On a pris beaucoup d’or » dit un document.

Deux années plus tard, huit Algériens qui voulaient accomplir leur devoir religieux, embarquèrent sur un navire anglais. A leur sortie de Tunis, ils furent enlevés par des corsaires français.

La prise endeuilla tout Alger. Le drame de ces victimes amena le gouvernement à adresser requête sur requête. En décembre 1690, un mémoire envoyé à Louis XIV à leur sujet décrit le triste sort de ces captifs et les préoccupations des Algériens qui réclamaient : « qu’il leur soit restitué huit pauvres pèlerins … gens de place et de vertu exemplaires, qui n’avaient aucune part à la guerre et qui furent pris les années passées sur un vaisseau anglais en compagnie des Tunisiens. Ces pauvres gens, ajoute le mémoire, avaient abandonné leur patrie, comme des religieux en dessein d’aller se prosterner au pied de la Maison de Dieu qui est à la Mecque et ils ont été amenés esclaves…»

 

III – Les risques à l’étranger

Début 1620, un navire algérien, fut jeté par la tempête près de Cherbourg. On s’empara violemment du bâtiment, de sa cargaison et de son équipage « qui n’avait donné lieu à aucune plainte ». Quelques jours après, las de nourrir et de garder les captifs, on les lâcha à travers champs, en plein hiver, sans vivres ni ressources…

Quant au Raïs, on le jugea. Le lieutenant de l’Amirauté le condamna à être pendu.

Rappelons qu’un traité de paix et de commerce avait été conclu le 21 mars 1619 entre la Régence et la France !

Le cas n’est pas isolé. Le 31 octobre 1689, à Palma, une tartane algérienne était retenue au lazaret, arraisonnée par les Majorquins. Les Musulmans (ils étaient 74 aux ordres de Mehmet Bibi, alias Robocalis) furent faits prisonniers.

 

La passivité ou la complicité française encourageait les assaillants. Les traités signés restaient souvent lettre morte.

 

En septembre 1716, un vaisseau français coula au fond dans un endroit peu profond du port de Syracuse. Il avait à bord 159 passagers musulmans (Turcs et Algériens) dont 26 femmes et enfants. Les Siciliens se saisirent sur le champ de tout ce monde et de leurs biens…Voici une longue lettre envoyée par les captifs au Dey Bib‘al le 27 janvier 1717 :

« Gloire à Dieu, le Tout puissant et miséricordieux… A notre roi et souverain maître, à nos seigneurs du conseil et à tous nos frères, les vrais croyants d’Alger, nous vous certifions qu’étant sortis… du port d’Alger à bord du vaisseau français commandé par le capitaine Guillaume Aquilton nous arrivâmes à Tunis en bonne santé. Il s’y embarqua avec nous plusieurs personnes pour le Levant.

Nous mouillâmes dans peu de jours à Malte munis de lettres pour le consul français… Une tempête dans le golfe de Tibes… Nous priâmes le capitaine de cingler vers Tripoli que nous avions sous le vent ; mais il nous répondit que Malte ou la Sicile lui convenait également.

Enfin, après avoir battu les mers pendant 4 jours, nous abordâmes Syracuse. Nous formâmes un petit camp sur le rivage avec les voiles du vaisseau et nous abordâmes le pavillon blanc en signe d’amitié. Nous fûmes entourés d’une multitude de gens à pied et à cheval. Ils pillèrent tous nos effets et nous menèrent à Syracuse, puis à un endroit où on nous obligea à une quarantaine de quatre lunes (mois).

Nous fûmes ensuite partagés en deux compagnies et confinés pendant deux mois dans des châteaux forts séparés. Nous sommes présentement enfermés tous ensemble dans une maison où l’on a enregistré nos noms, nos qualité et lieu de naissance ».

Ceux qui ont de quoi payer une bonne rançon resteront ici, mais les indigents vont avoir les galères en partage.

Quelle affligeante pensée que 159 Musulmans, outre 26 femmes ou enfants gémissent ici dans l’esclavage ! Ceux de notre sexe pourraient supporter la servitude avec quelque fermeté ; mais Seigneur ! Les femmes et les enfants réclament votre secours… Si vous qui êtes ici-bas notre roi et notre père, le leur procurez bientôt, vous deviendrez responsable de tous les péchés qu’ils pourront commettre… »

A Syracuse vers la fin de Muharram, l’an 1129

Ibrahim Cherif Ben Assem Muhammad ben Hadj Mustapha

‘Ali ben Ramdhène

 

D’autre part, il faut signaler que, même dans les ports musulmans, les Algériens couraient le risque d’être pris. Un exemple, autre autres, suffira pour montrer l’extension du danger. En mars 1828, Porto Farine, un navire d’Alger armé de 6 canons y était entré. Il fut aussitôt attaqué et ses 63 marins embarqués sur la frégate française L’Astree ».

Fin de Citation

 

Quant à la nature des traitements cruels subis par leurs captifs, les délégués de la Croix visitant les bagnes du Sultan ottoman en 1670, se rendirent compte, que d’une manière générale : « l’esclavage turc est le moins rude de tous et qu’il vaudrait bien mieux tomber entre les mains du moindre bey des galères que du vice-roi de Naples[4] ».

Quant au sort des innombrables captifs africains et Musulmans, acheminés durant des siècles vers l’Occident et les Etats Unis dans des négriers, portugais, espagnols, français, hollandais, anglais, prussiens, danois, suédois, brésiliens, américains, quand la plupart d’entre eux ne finirent pas dans les ventres des prédateurs marins, ils furent affectés à des travaux de forçats et aux galères.

Cet esprit de croisades mue par des préjugés antimusulmans ainsi que l’avidité des biens engendrèrent toutes sortes de malheurs qui résultèrent en milliers de morts musulmans disparus au fond des mers et dont vous n’entendrez jamais parler.

 

 

La marine de la Régence d’Alger

 

Durant trois siècle, la puissante marine de la Régence d’Alger joua un grand rôle dans l’histoire et imposa des tributs à la plupart des nations européennes dont les flottes étaient incomparable à celle des algériens et ce dès le onzième siècle de l’Hégire (dix-septième)  XVIIe siècle.

Du bois utilisé des forêts côtières, les Algériens construisirent un grand nombre de navires de toutes dimensions, et même des frégates dont la première sera construite en 1791.

La flotte de la Régence comprenait donc des galères, des shabak, des bricks, des frégates, des galiotes, des grandes barques, des brigantins, des polacres, des caravelles, des shitiyah, équipés d’un certain nombre de voiles différentes dont la fameuse voile arabe triangulaire inventée par les musulmans et appelée à tort (pour voler le patrimoine scientifique des musulmans comme tant d’autres inventions) « la voile latine » qui leur permettaient de naviguer contre le vent, ce qui était impossible à faire avec une voile carrée et qui équipa les galères, les tartanes, les felouques, les shabak, les boutres, et sera plus tard installée à l’arrière des vaisseaux à trois mâts.

Aussi équipés de 4 à plus de 50 canons certains de ces vaisseaux avaient pour noms, la Clé du Jihad, la Terreur des Mers, la Victorieuse, la Gazelle, l’Objet de la Protection Divine, la Victoire de l’Islam, les Grâces de la Voie du Salut, la Fortunée.

Comme les navires de la Régence voyageaient sur les eaux territoriales des autres nations, ils avaient besoins de documents délivrés par les ambassades qui mentionnaient leur pays d’appartenance, le type de navire, son armement ainsi que le nom de son commandant ou Raïs.

Au début du règne ottoman, les barbaresques étaient privilégiés et autonomes avant d’être protégés par ces derniers et servirent leurs intérêts et un certains nombres furent même nommés amiral des flottes ottomanes.

Les navires extrêmement rapides étaient servis par des équipages parfaitement organisés, habiles et braves composés de matelots, de sous-officiers  et d’officiers divisés en différents département tels que les chargés des vivres, de la soute aux poudres, de l’armement, les garde-magasin, les charpentiers, les timoniers, les voiliers etc., et la hiérarchie de l’état-major était ainsi composée : le commandant ou Raïs, le second ou Bash Raïs, le lieutenant ou Raïs al-‘Assah, le maître d’équipage ou Yaqanji, le quartier-maître et maître de manœuvre ou Ourdiyan, le chef des canonniers, le secrétaire du commandant qui tenait et interprétait le recueil des signaux et le journal de bord ainsi que les capitaines de prises dont la mission était juste de conduire les bâtiments capturés.

Une compagnie de janissaires commandé par un Aghah se trouvait aussi à bord de chaque navires, chargés du service de la mousqueterie et ainsi, les corsaires de la Régence d’Alger franchirent les limites de la Méditerranée et explorèrent les routes de l’Islande, de l’Inde, de l’Amérique, des Caraïbes, des siècles avant Christophe Colomb comme nous le verrons à la fin de cet ouvrage.

 

Les forces navales de la Régence d’Alger étaient composée, par exemple, en l’an 1253 de l’Hégire (1837) de la frégate at-Toulouniyah de 50 canons, la corvette Fassiyah de 40 canons, la corvette Mashar Tawfik de 36 canons, la corvette Karah de 24 canons, une polacre de 20 canons, le brick Ni’mat al-Houdah de 16 canons, un brick de 16 canons, la goélette Mansour de 24 canons, la goélette Fetihié (Fatihah) de 16 canons, la goélette Tsouriyah, de 12 canons ainsi qu’une autre de 14 canons.

 

Voici quelques exemples de l’activité des barbaresques.

 

 

Le Jihad naval

 

- Le 17 Joumadah Awwal de l’année 979 de l’Hégire (7 octobre 1571), al-Hajj ‘Ali Pacha prit part à la bataille de Lépante avec une escadre de 60 galères dont quelques-unes de la marine algérienne et le courage qu’il déploya au cours de cette fameuse bataille funeste aux Ottomans, lui valut le titre dignitaire de Kouptan Pacha ou amiral de la flotte ottomane.

 

- En l’an 1026 de l’Hégire (1617), les Algériens attaquèrent l’île de Madère, enlevèrent jusqu’aux cloches des églises et emmenèrent 1200 esclaves. Ils firent aussi de grandes expéditions en Angleterre, en l’an 1040 de l’Hégire (1631).

 

- En l’an 1085 de l’Hégire (1674) deux corsaires brûlèrent le vaisseau garde-côtes du Portugal, armé de 36 canons et monté par 400 hommes.

 

- En 1105 de l’Hégire (1694), la corvette Nord Stard, commandée par le capitaine anglais Richard Dewig, venant de Guinée et allant à Cadix fut prise par les Algériens.

 

- En l’an 1166 de l’Hégire (1753), le vaisseau français l’Assomption fut pris dans le détroit de Gibraltar par un corsaire algérien venant du cap Spartel. Le capitaine Prépaud mourut des suites de la bastonnade que le Dey lui fit administrer pour le punir de s’être défendu.

 

- En l’an 1191 de l’Hégire (1776), une gabarre de guerre espagnole fut prise par une barque de 20 canons et un shabak de 18 canons par Souleyman, capitaine d’une balancelle, et Injah Muhammad, capitaine d’un shabak.

 

- En l’an 1206 de l’Hégire (1792), une flotte algérienne de 3 frégates et 2 shabak arrêta le vaisseau Le Mars, venant du cap Français et allant à Marseille. « Le capitaine se rendit à bord d’un des shabak et le Raïs le reçut en le traitant de chien, et lui disant qu’il méritait la bastonnade ».

 

- En l’an 1213 de l’Hégire (1799), le shabak de l’état commandé par le Raïs Ibn Tabak, prit un navire de guerre portugais de 34 canons, sur lequel fut fait 79 prisonniers mécréants. Le premier des combattants qui aborda le navire ennemi reçu en récompense un mécréant et le second du numéraire.



[1] Si Dieu Exalté le veut, je vous traduirais l’excellente œuvre sur le sujet d’al-Jaza’iri : « Le mythe du barbarisme musulman et son but ».

[2] Malherbe « Ouvres » - La Pléiade, p. 783 - Gallimard, 1971.

 

[3] http://cdlm.revues.org/index159.html

[4] Le sieur La Croix, « Relations universelle de l’Afrique ancienne et moderne » - Lyon 1688.