La bataille de Ponza et les campagnes dans la Méditerranée
En l’an 959 de l’Hégire (1552), le calife Souleyman nomma Turgut
Reis commandant en chef de la flotte ottomane qu’il dépêcha en
Italie (sur la base d’un traité entre le calife et le roi Henry II
de France). Turgut Reis mouilla d’abord à Augusta et à Licata en
Sicile, avant de capturer l’île et le château de Pantelleria.
Au mois de Rajab de l’année 959 (juillet 1552), il mouilla à
Taormina et bombarda plus tard et les ports sur le Golfe de
Policastro qu’il détruisit.
Plus tard, il débarqua à Palmi et captura la ville, avant de
naviguer vers le Golfe de Naples pour rencontrer une autre flotte
ottomane sous le commandement de Sinan Pacha et une flotte française
sous le commandement de Polin de la Garde. Après être arrivé au
point de rencontre, Turgut Reis ancra ses navires près de la plage
de Scauri, près de Formia, où il accueillit la flotte de Sinan
Pacha, mais leur allié français ne se montra point. Après avoir
attendu plusieurs jours, Sinan Pacha décida de revenir à Islamboul,
suite à l’ordre de Souleyman de procéder ainsi en cas d’un retard ou
d’un ajournement de la rencontre. Turgut Reis persuada Sinan Pacha
de le joindre et leur flotte combinée bombarda différents ports de
Sardaigne et de Corse, avant de capturer l’île de Ponza. De là, la
flotte turque navigua vers Lazio et bombarda les ports appartenant
aux états papaux et au royaume de Naples, même si Henry II avait
garanti au pape que la flotte ottomane n’endommagerait pas les
possessions du Vatican. En raison du mauvais temps, cependant,
Turgut Reis et Sinan Pacha retournèrent au Golfe de Naples et
débarquèrent à Massa Lubrense et à Sorrento ou ils prirent les deux
villes. Plus tard, ils capturèrent Pozzuoli et tout le littoral
jusqu’à Minturno et Nola.
En réponse, Andrea Doria mit les voiles de Gênes avec une flotte de
40 galères et se dirigea vers Naples. Lors du premier accrochage
près de Naples, Turgut Reis réussit à capturer sept galères, avec le
colonel Madruzzi et un grand nombre de soldats allemands du saint[1]
empire romain à bord.
Les deux flottes mirent alors le cap plus vers le sud, où, le 5 août
1552, Turgut Reis vainquit la flotte espagno-italienne sous le
commandement d’Andrea Doria lors de la bataille de Ponza.
Bey de la Méditerranée
Suite à cette victoire, Souleyman nomma Turgut Beylerbey (gouverneur
régional en chef) de la Méditerranée.
Au mois de Joumadah Awwal de l’année 960 de l’Hégire (mai 1553),
Turgut Reis quitta la Mer Égée avec 60 galères, captura Crotone et
Castello en Calabrie ou il débarqua et marcha vers l’intérieur des
terres. Plus tard il débarqua en Sicile et ravagea la plupart de
l’île jusqu’à Licata ou il s’arrêta pour réapprovisionner en eau ses
navires. Ensuite il assaillit Sciacca et Modica au sud de la Sicile.
De là, il partit pour l’île de Tavolara et la Sardaigne, plus tard
vers Porto Ercole et
mouilla sur la côte, avant de mettre les voiles vers Elba, où il
captura la Marina Marciana, Rio et Capoliveri. De là, il navigua
vers la Corse et prit Bonifacio, Bastia et Calvi pour le compte de
la France, alors l’alliée des Ottomans, qui le paya 30.000 ducats
d’or pour les dépenses de munitions lors de la conquête. En quittant
la Corse, Turgut Reis revint à Elba et essaya de prendre Piombino et
Portoferraio, mais renonça finalement et captura l’île de Pianosa et
reprit l’île et le château de Capri (capturés auparavant par Khayr
ad-Din Barberousse en l’an 641 de l’Hégire (1535)) avant de revenir
à Islamboul.
En l’an 961 de l’Hégire (1554), du Bosphore, il prit la mer avec 60
galères et passa l’hiver à Chios. De là, il navigua vers la Mer
Adriatique et débarqua à Vieste près de Foggia, qu’il prit avant de
ravager la ville. Puis, il se dirigea alors vers Dalmatie et
bombarda le port de Ragusa (Dubrovnik), la capitale de la république
maritime de Ragusa.
Au mois de Ramadan de cette même année (août 1554), il mouilla à
Orbetello et attaqua les côtes de Toscan.
L’année suivante, au mois de Sha’ban de l’année 962 de l’hégire
(juillet 1555), il débarqua à Capo Vaticano en Calabrie d’où il
marcha vers Ceramica et à San Lucido et bombarda ces villes avant de
capturer Paola et Santo Noceto. Il navigua alors vers Elbe et prit
la ville de Populonia avant d’assaillir Piombino. De là, il mit le
cap vers la Corse, pilla Bastia et prit 6.000 prisonniers avant
d’assaillir plus tard Calvi puis appareilla vers la Sardaigne où il
bombarda les ports de cette île. De là, il se dirigea vers Liguria
et débarqua à Ospedaletti, captura la ville et tout son littoral
puis il embarqua pour San Remo avant de revenir à Islamboul.
Pacha de Tripoli
Au mois de Rabi’ Thani de l’année 963 de l’Hégire (mars 1556),
Turgut Reis fut promu au grade de Pacha de Tripoli ou il renforca
les murs de la citadelle entourant la ville et construisit un
arsenal de poudre à canon (dar al-baroud). Il renforca aussi
les défenses du port et bâtit la forteresse de Turgut (darghout)
à la place de la vieille forteresse de San Pietro.
Au mois de Sha’ban (juillet 1556), il prit de nouveau la mer et
ancra au Cap Santa Maria de l’île de Lampedusa, où il saisit un
navire vénitien qui transportait des munitions et des armes pour la
défense de Malte. Il débarqua plus tard en Ligurie et prit Bergeggi
et San Lorenzo.
Au mois de Safar (décembre 1556), il captura Gafsa en Tunisie et
l’ajouta à son territoire.
Vers le mois de Ramadan de l’année 964 de l’Hégire (été 1557), il
quitta le Bosphore avec une flotte de 60 galères et, en arrivant au
Golfe de Taranto, il débarqua en Calabre puis assaillit Cariati et
prit la ville avant de débarquer plus tard dans les ports d’Apulie.
En l’an 965 de l’Hégire (1558), il ajouta Gharyan, située à environ
110 kilomètres au sud de Tripoli, à son territoire avant de vaincre,
avec une force de janissaires, la dynastie des Bani Oulid et ajouta
leur territoire à l’empire ottoman. Il prit plus tard Taorga,
Misratah et Tagiora, avant de reprendre l’île de Djerba qu’il ajouta
à son dominion.
Au mois de Sha’ban (juin 1558), il rejoignit la flotte de Piyale
Pacha au détroit de Messine et les deux amiraux prirent Reggio
Calabrie qui pillèrent. De là, Turgut Reis appareilla vers les îles
Éoliennes et captura plusieurs d’entre elles, avant de débarquer à
Amalfi, dans le Golfe de Salerno ou il prit Massa Lubrense, Cantone
et Sorrente. Il débarqua plus tard à Torre del Greco, les côtes de
Toscane et Piombino. En août il captura plusieurs navires de Malte.
Au mois de Shawwal (septembre 1558), il rejoignit Piyale Pacha et
les deux amiraux attaquèrent les côtes d’Espagne avant de capturer
Ciutadella (Minorque) ou ils endommagèrent les ports de l’île.
En l’an 965 de l’Hégire (1559), il repoussa une attaque espagnole
sur Alger et réprima une révolte dans Tripoli. Cette même année, il
captura un navire maltais près de Messine. En apprenant de son
équipage que les chevaliers maltais préparaient une importante
attaque sur Tripoli, il décida de revenir en arrière et renforca les
défenses de la ville.
La
bataille de Djerba
Entre-temps, Turgut Reis se fit un certain nombre d’ennemis parmi
les souverains normalement ottomans mais indépendants à Tunis et
dans l’arrière-pays devenus apostats quand plusieurs d’entre eux, en
l’an 967 de l’Hégire (1560), conclurent une alliance avec le
vice-roi Cerda de Sicile, qui avait reçu les ordres de Philippe II
d’Espagne de rejoindre ses forces afin de capturer Tripoli. Cette
campagne finit en cuisant échec, comme nous allons le voir, quand la
flotte ottomane, sous le commandement de Piyale Pacha et de Turgut
Reis vainquit la flotte de la sainte ligue de Philippe II lors de la
bataille de Djerba.
La bataille de Djerba eut lieu au mois de Sha’ban de l’année 960 de
l’Hégire (mai 1560) aux environs de l’île de Djerba en Tunisie,
entre la flotte ottomane commandée par Piyale Pacha et la marine
croisée dont la majorité des occupants des vaisseaux étaient
espagnols.
Suite aux désastreuses et successives défaites des croisés face à la
flotte de Khayr ad-Din Barberousse lors de la bataille de Préveza en
l’an 944 de l’Hégire (1538) et d’Alger en l’an 948 de l’Hégire
(1541), le pouvoir des croisés en Méditerranée s’effaça devant la
suprématie des forces navales ottomanes tandis que Piyale Pacha et
Turgut Reis dévastèrent Minorque et les côtes espagnoles.
Lorsque ce dernier captura Tripoli, au mois de Sha’ban 958 de
l’Hégire (août 1551), qui avait été prise par les croisés des années
auparavant, Felipe II fit appel au pape catholique Pablo IV et à ses
alliés pour organiser une nouvelle croisade-expédition pour
reprendre Tripoli du barbaresque Turgut (Dragut) à qui, le calife
ottoman avait accordé la régence de la ville et le titre de Bey.
Comme dans tous les cas où les croisés furent vaincus par les
Musulmans, les historiens occidentaux, ne pouvant renier les faits,
se sont acharnés à trouver des causes fantasques à la défaite, quand
ils n’inventaient pas tous simplement des faits ou changeaient tout
simplement les chiffres, n’hésitant pas à mentir au risque d’être
ridicules. Nous avons déjà précédemment donné un exemple de ces
données contradictoires lors de la bataille de Wadi al-Makhzan au
Maroc.
Dans la bataille qui suit c’est de nouveau le cas. J’ai passé
pratiquement une journée à chercher des détails sur cette bataille
et, à travers ce que j’ai lu, je vois combien ces rapporteurs ont
une grande haine envers les Musulmans en plus d’être affreusement
racistes et pensant être racialement supérieurs.
Comment voulez-vous que de telles personnes avec de tels messages
puissent aller un jour dans les étoiles au nom de la suprématie de
la race blanche. Je plains les pauvres « négros » de l’espace ! Mais
je vous rassure, l’homme est né sur terre, sur terre il restera et
sur elle il restera !
La source qui me parait la plus correcte reste de loin Wikipedia en
langue anglaise. Je ne veux pas dire que Wikipedia est une référence
sure, loin de là car on y trouve tellement de faits biaisés et de
mensonges au niveau de l’Histoire qu’on ne peut s’en servir de
référence, mais n’ayant aucune information musulmane sur le sujet,
je n’ai d’autre choix que de trouver les meilleures références.
L’historien Guillaume H. Prescott a écrit que les sources sur les
évènements de Djerba étaient si contradictoires, qu’il laissait au
lecteur la tâche de faire son propre jugement pour juger du nombre
correct de navires ayant participé à la bataille en fonction son
seulement de son résultat mais aussi des propos rapporté après la
bataille comme par exemple F. Braudel, dans « La Méditerranée et le
monde méditerranéen à l’époque de Philippe » écrivit à ce sujet : «
Rarement on avait vu pareille débâcle », ce qui sous-entend que ce
fut une terrible défaite.
Un grand nombre d’historiens célèbres croient que la flotte réunie
par l’alliance des croisés en l’an 967 de l’Hégire (1560), après
avoir reçu l’autorisation de Philippe II en 1559 qui autorisa les
chevaliers de Malte et le vice-roi de Naples à monter une expédition
contre Tripoli et l’île de Djerba, comprenait 50 à 60 galères et
entre 40 et 60 plus petits navires.
Giacomo Bosio, l’historien officiel de l’ordre de Malte, a rapporté
qu’elle comportait 54 galères.
Fernand Braudel donne également le chiffre de 54 navires de guerre
accompagnés par 36 navires de transport.
Une des chroniques les plus détaillées est celle de Carmel Testa qui
eut certainement accès aux archives de l’ordre et qui précise que la
flotte était composée de :
54 galères, 7 bricks, 17 frégates, 2 galions, 28 vaisseaux
marchands et 12 petits bateaux fournit par la coalition formée par
Gênes, Naples, la Sicile, Florence, les États Pontificaux et les
Cavaliers Hospitaliers.
Le nombre précis de soldats embarqués est aussi inconnu. Néanmoins
Braudel avance le chiffre de 10.000 à 12.000, Testa celui de 14.000
alors que des sources plus anciennes donnent un chiffre supérieur à
20.000.
J’en profite pour mentionner que je n’ai pas rapporté les chiffres
mentionné par certains historiens français comme Monchicourt[2]
ou Pavy[3]
tellement ils sont ridicules d’autant plus qu’un de leur confrère[4]
rapporte : « Dès le mois d’août 1559, les vaisseaux et les troupes
commencèrent à se réunir à Messine. L’Espagne, le pape, Gênes,
Florence, l’ordre de Malte, la Sicile, Naples, le prince de Monaco,
associaient, en cette grande occasion, leurs efforts ; le Duc de
Medina Celi, successeur de Juan de Vega et commandant en chef de
l’expédition, se vit bientôt à la tête d’une flotte composée de
cinquante-trois grosses galères, de quatre galiotes, de deux
galions, de vingt-huit naves de haut bord et de douze naves de
moindre tonnage, d’une centaine de navires en tout. Sur cette flotte
s'embarquèrent quatorze mille fantassins espagnols, italiens et
allemands ».
Wikipedia en langue anglaise à la page de « Batlle of Djerba »
rapporte : 54 galères et 66 autres vaisseaux tandis que Matthew Carr
dans « Blood and Faith : The Purging of Muslim Spain », The
New Press, 2009, rapporte 200 vaisseaux au total contre 86 vaisseaux
ottomans.
Quant aux pertes : 60 navires coulés et 18.000 croisés tués pour
quelques vaisseaux et environ un millier d’ottomans tués.
Cette version confirme donc que la flotte comprenait au moins 120
navires et 18.000 fantassins. Ni les cavaliers et le reste du
personnel n’est mentionné ! Donc à mon humble avis la flotte devait
compter au moins 150 navires et plus de 20.000 fantassins car s’ils
avaient été moindre la perte des 2.000 soldats rapportée, aurait
compromit l’expédition et serait contradictoire avec les chiffres.
La flotte rejoignit donc à Messine l’amiral Giovanni Andrea Doria
(et il n’est pas précisé si ce dernier avait un certain nombre de
navires avec lui) et se dirigea vers Malte où elle resta bloquée
durant deux mois à cause du mauvais temps où il est rapporté
qu’environ 2.000 hommes périrent en raison de diverses maladies
avant de naviguer vers Tripoli au mois de Joumadah Awwal de l’année
967 de l’Hégire (10 février 1560).
Lorsque l’expédition arriva en hiver près de Tripoli, le manque
d’eau, les maladies contractées par l’équipage et une tempête
reportèrent l’attaque de Tripoli et la flotte mit cap sur l’île de
Djerba qu’elle prit sans résistance tandis que Virrey de Sicile,
Juan du Poil et le Duc de Medinaceli ordonnèrent de construire une
fortification qui débuta sur le champ.
Questions : Il y 357 kilomètres entre Malte et Tripoli qu’un navire
moderne met quatre heures à traverser disons le triple pour l’époque
par condition idéale de 30 kilomètres par heure (16 nœuds). Comment
le manque d’eau a-t-il put affecter l’expédition pour si court
voyage et comment peut-on être affecté de maladie en un temps si
court quand quelques heures plus tard on débarque à Djerba prêt à
livrer une bataille pour la capture de l’île et construire une
fortification ?
Alors que les croisés bâtissait le fort, une flotte ottomane
d’environ 86 galères et galiotes, sous le commandement de l’amiral
ottoman Piyale Pacha quitta Islamboul qui, grâce à des vents
favorables, arriva à Djerba le 15 de mois de Sha’ban (11 mai 1560)
après un voyage de 20 jours seulement à la grande surprise des
forces croisées.
La bataille navale prit fin après seulement quelques heures
d’affrontement où la presque totalité de la flotte croisée fut coulé
ou capturée par les Ottomans tandis qu’à peine quelques vaisseaux
désorganisés prirent la fuite contre le vent dont celui d’Andrea
Doria. Anderson a rapporté que 18.000 croisés périrent lors de
l’affrontement tandis que d’autres, 9.000, dont deux tiers furent
prit comme chiourme.
Une partie des survivants rejoignit la garnisons d’environ 2.000
hommes commandé par Alvaro de Sande du fort de Djerba qui fut alors
assiégé par les forces combiné de Piyale Pacha et de Turgut Reis et
après trois mois, le fort fut pris d’assaut ou selon d’autre version
les croisés capitulèrent le 31 juillet.
Cinq mille prisonniers croisés furent emmenés à Islamboul y compris
le commandant espagnol et 1.000 autres furent tués dont les têtes
furent réunis et assemblés en un tour appelée Bourj ar-Rouous, la
tour des crânes, qui fut détruite sur l’ordre du gouverneur de l’île
en l’an 1264 de l’Hégire (1848).
Ogier de Busbecq, l’ambassadeur autrichien de Hapsburg à Islamboul,
raconte dans ses « Lettres turques[5] »
que, reconnaissant la futilité de la résistance armée, Alvaro de
Sande essaya d’imiter Doria et s’enfuit dans un petit navire qui
tomba bientôt entre les mains des Turcs. Après avoir lu le document
cité dans la note, ces informations sont à prendre avec la plus
grande méfiance !
Selon d’autres sources, Sande tenta de s’enfuir de la forteresse le
29 juillet mais tomba et fut ainsi capturé. En tout cas, grâce aux
efforts de l’ambassadeur Busbecq, Alvaro de Sande fut sauvé, et en
général les nobles capturés étaient libéré en échange de lourdes
rançons ou de choses importantes, et ce dernier allait lutter de
nouveau contre les Turcs lors de la grande bataille de Malte en
1565. Il a aussi été rapporté concernant Alvaro de Sande que
découvrant que Felipe II était vivant, et donc secourable, il décida
de ne pas aider les croisés qui résistait encore dans Djerba.
La victoire de Djerba confirma la suprématie de la flotte ottomane
dans la Mer Méditerranée et la défaite propagea la panique en
Espagne et en Italie mais particulièrement à Oran en Algérie sur le
point d’être évacué.
Après Tripoli puis Djerba, les croisés qui avaient déjà perdu Rhodes
en l’an 928 de l’Hégire (1522) résistèrent à Malte en l’an 972 de
l’Hégire (1565) avant de battre les Ottomans, six ans après à
Lépante en l’an 978 de l’Hégire (1571) ce qui mettra fin à
l’invincibilité des Ottomans toutefois sans les empêcher de lever
une nouvelle flotte et de reprendre Tunis aux Espagnols en l’an 982
de l’Hégire (1574).
Avant de poursuivre notre chronologie voici une brève biographie de
Turgut Reis alias Dragut.
‘Oulouj ‘Ali Reis
Au mois de Joumadah Thani de l’année 968 de l’Hégire (mars 1561),
Turgut Reis et ‘Oulouj ‘Ali Reis capturèrent Vincenzo Cicala et
Luigi Osorio près de l’île de Marettimo.
‘Oulouj ‘Ali Reis, ‘Alleuj ‘Ali, ‘Alj ‘Ali, ‘Ali Pacha, John Wolf,
‘Euldj Ali ou ‘Uludj ‘Ali, de son vrai nom Giovanni Dionigi Galeni,
naquit en Calabre à Liscateli près du Cap des Colonnes. Il fut
enlevé, à 16 ans, par ‘Ali Ahmad, un amiral de la
Régence d’Alger, qui l’enrôla dans sa chiourme ou il se convertit à
l’Islam. Il fut surnommé « Fartas » (le chauve) du fait que
sa tête était pelée par la teigne. ‘Oulouj ‘Ali était brun, grand,
robuste et la voix voilée si bien qu’on ne pouvait l’entendre que de
près.
Il fut alors nommé officier de vaisseau et sa nouvelle fonction lui
permit rapidement d’armer une frégate puis il devint barbaresque à
son tour et l’un des plus importants Raïs d’Alger comme nous l’avons
déjà mentionné dans le chapitre sur l’Algérie.
Plus tard, ‘Oulouj se joignit à Dragut et en l’an 972 de l’Hégire
(1565), il se distingua au siège de Malte et à son retour Piyale
Pacha, en sa qualité de Capitan Pacha, le nomma gouverneur de
Tripoli qu’il occupa durant trente mois avant d’être nommé Régent
d’Alger en mars 1568.
Il joua un rôle important dans le soulèvement morisque de l’année
975 à 977 de l’Hégire (1568 à 1570) en envoyant des renforts en
hommes et armes à plusieurs reprises ainsi qu’une flotte de 40
navires à Almeria mais qui fut dispersée par les vents violents
d’hiver.
Lors de la bataille de Lépante, au mois de Joumadah Awwal de l’année
979 de l’Hégire (octobre 1571), il dirigea l’aile gauche de
l’escadre ottomane face aux Génois et battit les galères maltaises
en s’emparant de leur capitaine et de son étendard, après la mort de
l’amiral ottoman, dont il prit le commandement du reste de la flotte
décimée qu’il réussit à ramener à Islamboul. Le sultan Salim II,
pour le récompenser de sa vaillance, lui décerna le titre de Khilidj
(sabre), le nomma Kapudan Pacha et lui confia la réorganisation de
la flotte ottomane avec le vizir Sokullu Mehmed Pacha.
Le pape Pie V intrigua vainement avec Philippe II d’Espagne pour le
gagner à leur cause mais ‘Oulouj ‘Ali, farouche défenseur de
l’islam, refusa.
En l’an 981 de l’Hégire (1573), il libéra Modon, assiégée par le
prince de Parme et reprit Tunis en l’an 982 de l’hégire (1574) aux
Espagnols, qui l’avaient conquise après la bataille de Lépante.
En l’an 986 de l’Hégire (1578), son artillerie joua un rôle décisif
lors de la bataille de Wadi al-Makhzan quand il assista les deux
princes marocains ‘Abdel Malik et Ahmad al-Mansour ad-Dhahbi.
‘Oulouj ‘Ali Reis avait la singulière habitude de s’habiller en noir
les jours de mélancolie, et nul ne pouvait alors lui parler affaires
mais quand il était vêtu de couleurs claires cela signifiait qu’il
était dans de bonnes dispositions et chacun pouvait l’aborder et lui
parler.
‘Oulouj ‘Ali qui fut un maître absolu de tout ce qui concernait la
mer et les places maritimes de l’empire ottoman. Il se fit
construire un somptueux palais sur le Bosphore et éleva une
magnifique mosquée à côté de laquelle il édifia sa coupole
funéraire.
‘Oulouj ‘Ali mourut le 15 Rajab de l’année 995 de l’Hégire (21 juin
1587). Certaines sources lui attribuent une descendance à Tlemcen du
nom de Ben al-‘Aldj, du temps où il était gouverneur de cette ville.
Le
siège de Malte et la mort Turgut Reis
Au mois de Ramadan de l’année 968 de l’Hégire (juin 1561), Turgut
débarqua sur l’île de Stromboli.
Au mois de Shawwal (juillet 1561), il captura sept galères maltaises
sous le commandement du chevalier Guimarens, qu’il libéra plus tard
pour une rançon de 3.000 ducats d’or. Après s’être arrêté à Gozo
pour reconstituer ses réserves d’eau, il retourna à Tripoli.
Au mois de Dzoul Qi’dah (août 1561), il assiégea la ville de Naples
et bloqua le port avec 35 galères.
Au mois de Rajab de l’année 969 de l’Hégire (avril 1562), il envoya
des navires en reconnaissance pour explorer tous les coins de l’île
de Malte. Cette même année, il assiégea Oran qui était sous contrôle
espagnol.
En l’an 970 de l’Hégire (1563), il débarqua sur les rives de la
province de Grenade et prit des petites villes côtières dans la
région dont Almunécar, ou il fit 4.000 prisonniers avant de
débarquer plus tard à Malaga.
Au mois de Sha’ban (avril 1563), il assista la flotte de Salih
Reis avec 20 galères lors du siège ottoman pour la libération
d’Oran, en bombardant la forteresse de Mers-al-Kabir.
Au mois de Mouharram (septembre 1563), il appareilla pour
Naples et captura six navires près de l’île de Capri, qui
transportaient des marchandises de valeur et des soldats espagnols.
Il ancra plus tard dans le voisinage de
Chiaia près de Naples qu’il prit. De là, il navigua vers la
Ligurie et la Sardaigne et attaqua les villes côtières
particulièrement celles d’Oristano, Marcellino et Ercolento. Il mit
alors les voiles vers la Mer Adriatique et débarqua sur les côtes
d’Apulia et d’Abruzzo.
Plus tard et par deux fois, il débarqua à San Giovanni près de
Messine avec une force de 28 galères.
Au mois de Safar (octobre 1563), il navigua vers Capo Passero en
Sicile puis débarqua plus tard une nouvelle fois à Gozo où il lutta
brièvement contre les chevaliers.
Quand Sultan Souleyman ordonna le Siège de Malte en l’an 972 de
l’Hégire (1565,) Turgut Reis rejoignit Piyale Pacha et les forces
ottomanes avec 1.600 hommes (3.000 selon certaines sources) et 15
navires (13 galères et 2 galiotes d’autres sources mentionnent 17
navires) le 31 mai 1565.
Il débarqua ses troupes à l’entrée de Marsa Muscietto, un cap
maintenant appelé « le Promontoire de Dragut » en son hommage et
rencontra Lala Mustafa, le commandant des forces terrestres
ottomanes, qui assiégeait le fort de Saint-Elme à qui il conseilla
de capturer d’abord la citadelle de Gozo et de Mdina (la vieille
capitale de Malte) aussitôt que possible, mais son conseil ne fut
pas pris en considération.
Turgut Reis prit alors les dispositions pour que plus de feu
d’artillerie soit concentré sur le fort récemment construit de
Saint-Elme qui contrôlait l’entrée du grand port et semblait plus
faible que les autres forts en joignant le bombardement avec 30 de
ses propres canons. En seulement 24 heures les Ottomans tirèrent
6000 coups de canon.
Réalisant que les forts de Saint-Elme et St. Angelo (le principal
quartier général des chevaliers de l’autre côté du grand port)
pouvait encore communiquer l’un avec l’autre, Turgut Reis ordonna un
siège complet du fort de Saint-Elme pour l’isoler du fort St.
Angelo.
Le 18 du mois de Dzoul Qi’dah de cette même année (17 juin 1565),
pendant le bombardement du fort, un tir de canon du fort St. Angelo,
à travers le grand port, frappa la terre près de la batterie
ottomane. Les débris de l’impact blessèrent mortellement Turgut
Reis, qui vécut jusqu’au 23 juin 1565, suffisamment longtemps pour
entendre les bonnes nouvelles de la capture du fort de Saint-Elme.
Le conseil de Turgut pour capturer Mdina et Gozo ne fut jamais
suivit au détriment des Ottomans. Les forces maltaises, de Mdina en
particulier harcelèrent les troupes turques durant le reste du siège
et prévinrent à un certain point la chute de la ville clef de
Senglea de tomber entre les mains des Ottomans.
Son corps fut emmené et enterré à Tripoli par ‘Oulouj ‘Ali Reis.
Turgut Reis continue d’apprécier la gloire et le respect en Turquie,
où la ville de sa naissance fut appelée Turgutreis.
Un grand nombre d’évènements relatés dans ce chapitre seront plus
développés dans notre « Abrégé de l’Histoire des Ottomans ».
[1]
Rappelez-vous que je ne fais que traduire et
comme vous en avez encore la preuve sous les yeux, le mot
« saint » semble être un des mots favoris des chrétiens,
tout est « saint » chez eux sauf insulter les prophètes.
Question : Avez-vous jamais entendu un Juif (non converti)
s’appeler Christian ou Muhammad ? Avez-vous jamais
entendu un Chrétien (non converti) s’appeler Abraham ou
Moïse ou Muhammad ? Jamais bien évidemment, chacun d’entre
eux gardant jalousement ou par haine l’un de l’autre ses
propres prénoms. Maintenant avez-vous jamais entendu un
musulman s’appeler ‘Issa (Jésus) ? Ibrahim (Abraham) ?
Moussa (Moïse) ? Yahya (Jean-Baptiste) ? Youssouf (Joseph) ?
Nouh (Noé) ? Etc., la réponse est oui pour tous, d’ailleurs
ce sont des noms communs chez les musulmans. C’est que les
musulmans ne font aucune distinction chez les prophètes et
qu’ils sont tous hautement respectés chez nous contrairement
aux chrétiens qui au nom de la liberté d’expression,
tolèrent l’insulte des prophètes. Mais dès qu’il s’agit des
chambres à gaz, il n’y a plus aucune liberté d’expression du
tout mais une dure répression, vous savez la fameuse justice
à « trois vitesses ». Quelle hypocrisie !
[2]
« L’expédition espagnole de 1560 contre l’Ile de Djerba ».
[3]
« Histoire de la Tunisie ».
[4]
« Les corsaires barbaresques et la marine de Soliman le
Grand » par le Vice-amiral Jurien de la Gravière. Vous pouvez télécharger gratuitement ces livres soit sur
« Gallica » ou « archive.org » via le moteur de recherche.
Contrairement à ceux de « Gallica.bnf.fr », les scans
d’« archive.org » sont nettement de meilleures qualités si
ce n’est d’excellente qualité.