Les agressions
Depuis sa naissance, l’Islam subit la même croisade. Selon les
circonstances, c’est tel ou tel de ses ennemis qui en prend la tête
et selon les circonstances c’est sous telle ou telle forme qu’elle
est menée. Mais celui qui la mène est sûr d’être soutenu par les
autres, en dépit des divergences qui peuvent exister entre eux. On a
l’impression qu’un organisme coordonne l’action de tous les ennemis
de l’Islam, pourtant adversaires entre eux dans d’autres domaines.
Il n’en est rien et ils n’ont pas intérêt à l’avoir. Mais chaque
fois que l’un d’eux attaque l’Islam, sous n’importe quelle forme,
ils lui apportent leur concours et ils savent instinctivement ce
qu’ils doivent lui donner. Ils l’appuient à charge de revanche, et à
condition que cela ne touche pas leurs intérêts supérieurs[1].
Les Musulmans ont un exemple récent, dans l’affaire de le Palestine.
Tant qu’Hitler était menaçant et que les Arabes pouvaient, d’un coup
de tête, changer la situation au Moyen-Orient, les alliés n’ont pas
soutenu à fond le sionisme. Une fois Hitler vaincu, les Arabes ne
présentant plus aucun danger potentiel, l’appui à Israel a été
total. Ses comparses lui ont offert tout ce dont il rêvait,
diplomatiquement, militairement et financièrement. Diplomatiquement,
les Américains et les Russes se vantaient chacun d’avoir été les
premiers à reconnaître Israel. La presse du monde entier bavait sur
les Arabes.
Dans tous les pays non musulmans, l’unanimité était totale. Le même
article, sur les Arabes, pouvait être logé dans n’importe quel
journal d’Europe ou d’Amérique. Jamais une telle unanimité n’a été
réalisée, même pas contre le nazisme. Et pourtant, des dizaines de
milliers d’Arabes venaient à mourir pour aider à libérer cette
Europe. Des millions de Maghrébins ont souffert de la famine pour
ravitailler les troupes suisse en Italie. Le veuve de Roosevelt à
dirige un commando de matrones américaines pour bombarder d’œufs le
Prince Faycal, chef de la délégation saoudienne à l’ONU. La police a
laissé faire. Les armes affluent de partout, de Tchécoslovaquie, de
France, des USA, tandis qu’aux Arabes, on vendait à prix d’or, des
armes que l’on avait sabotées auparavant. Aux USA, le Congrès votera
une loi assimilant les mouvements sionistes aux œuvres d’intérêt
public, c’est-à-dire que les dons faits à ces organismes pouvaient
être comptabilises comme frais généraux, au même titre que ceux
offerts à la Croix Rouge par exemple. En France, le gouvernement
prit la décision brusque de déclarer sans valeur les billets de cinq
mille francs, officiellement pour diminuer la masse monétaire, mais
par un tour de passe-passe, ce fut une aide à Israel. Ainsi, sans
s’en douter, même les Arabes, sous domination française à l’époque,
ont apporté leur contribution aux sionistes.
Depuis plus de trente-cinq ans, l’affaire palestinienne bloqua le
monde musulman en général, et le monde arabe an particulier, cette
affaire fait le bonheur de tous les autres. L’émiettement, la
division, l’antagonisme, si ce n’est l’hostilité dans le monde
musulman est un pain béni pour les non musulmans. En l’affaire
palestinienne, les pays antimusulmans ont trouvé une rente, sans
avoir à déposer de capitaux. Un vote eux Nations Unies, ou une
simple déclaration hostile eux Palestiniens, provoque l’affolement
du monde arabe. Cela tournoie, s’agite, se réunit et on finit par
envoyer des émissaires, des délégations dans toutes les capitales du
monde pour quémander le retrait de cette déclaration. Qui quémande
est en état d’infériorité, alors ce sont de discrètes promesses de
marché pour les pays industrialisés et des subsides pour les pays
pauvres.
Voyons maintenant comment l’ennemi approche les problèmes. Kadmi
Cohen, un des maîtres à penser des sionistes, écrivait dans son
livre : «L’état d’Israel », paru en 1930 ce qui suit : « il n’est
pas indispensable qu’un pacte formel lie le sionisme avec le
Vatican. Ce ne sont pas les engagements écrits qui tiennent le plus
fort. Une entente tacite basée sur des avantages réciproques
suffirait ». Cet accord tacite sera réalisé à New York. En effet, le
16 Septembre 1941, M. Myron Taylor, représentant de M. Roosevelt au
Vatican, déclare au Saint Père que son gouvernement envisageait la
création, après la guerre d’un état juif libre et indépendant en
Palestine. Il lui communique l’accord réalisé entre M. Barruch, chef
de la communauté juive américaine, et le Cardinal Speilman, chef de
la communauté catholique américaine. Il est à remarquer que cette
déclaration a été faite trois mois avant l’entrée des Américains en
guerre.
Et comment les nôtres se font piéger ? La dernière trouvaille du
clan pro-sioniste a été la menace de transférer les ambassades de
Tel-Aviv à Jérusalem. Grand branle-bas de combats, de délégations,
proclamations, interventions, démarches pour éviter ce geste qui va
porter préjudice eux Palestiniens. Du vent...du vent... du vent.
Nous ne saurons jamais ce que les Arabes ont cédé pour que cette
menace ne soit pas mise en exécution.
Réfléchissons un moment à cette question. Si tous les pays ayant des
relations diplomatiques avec Israël, transférant leur ambassade à
Jérusalem, en quoi cela changerait-il la situation des Palestiniens
?
Maintenant posons une autre question. Si tous les états rompent
leurs relations diplomatiques avec Israel en quoi cela changerait-il
la situation des Palestiniens ? En rien ! Dans un cas comme dans
l’autre on me dira qu’au contraire, cela mettrait légalement,
juridiquement et internationalement Jérusalem sous souveraineté
israélienne Jérusalem serait alors une ville juive gouvernes par les
juifs. Et qu’en est-il actuellement ?
Si les Arabes s’imaginent libérer légalement, juridiquement et
internationalement le Palestiniens, ils pourront attendra que
fleurisse le sel On me soutiendra qu’une fois les relations rompues
avec le monde entier, un embargo sur les armes serait décrété et
qu’Israel serait privée d’armes.
En 1967, De Gaule avait décrets un embargo sur les armes à
destination d’Israel et jamais ce pays n’a reçu autant d’armas de
France. C’est pendant cette période qu’il constitua sa marine en
allant prendre livraison des vedettes à Cherbourg. On cria au vol,
mais tout le monde était de connivence, Pompidou comme Chaban
Delmas. Quant aux armes et à leurs pièces détachées, elles portaient
simplement à la déclaration de douane : « banania ». Ceci a fait une
plaisanterie chez les dockers français : « banania c’est peut être
léger à l’estomac mais lourd sur les épaules ». Eh oui ! Sous De
Gaule que beaucoup d’arabes croient comme un ami. Il fut un des
pires et des plus hypocrites ennemis des Arabes. En 1963, il croyait
utiliser l’Algérie comme tête de pont pour dominer économiquement le
monde arabe. Il s’imaginait, qu’après leur indépendance, les
Algériens allaient lui servir de chiens de chasse. C’était compter
sans l’esprit de l’armée de libération, qu’allait maintenir sa fille
l’armée nationale populaire. Pour éclairer les musulmans sur la
personne de De Gaule je dirais simplement qu’il a pris, lorsqu’il
était au pouvoir, deux premiers ministres. Le premier a été Michel
Debré, petit-fils de l’ancien grand Rabin de Paris, le second a été
G. Pompidou, le fondé de pouvoir de la Banque Rothschild. Son
chantre et intime était Malraux. Je donnerais aussi ces deux
anecdotes pour éclairer le personnage Quelques mois avant de mourir,
Roosevelt faisait une tournée en mer. Il invite De Gaule à venir le
voir en Méditerranée. « Je ne suis pas un roitelet arabe » lui
répondit-il, faisant ainsi allusion à Abdelaziz Ibn Séoud qui venait
de rencontrer Roosevelt en Mer-Rouge Cela donne l’occasion au
journal « La nation algérienne » d’écrire : « Monsieur De Gaule, Ibn
Séoud a libéré son pays les armes à la main, et à la tête de ses
hommes, non pas derrière un micro à Radio Londres et grâce aux armes
anglo-américaines ».
Devant un cercle d’intimes, quelqu’un osa prononcer l’expression : «
civilisation arabe ». Il fut interrompu par De Gaule par cas terres
: « Comment oses-vous donner aux Arabes une civilisation alors
qu’ils n’ont même pas construit une route ». Si De Gaule avait
quelques notions d’économie, l’intendance comme il aimait à dire, il
aurait vite compris que les Arabes n’avaient que faire des routes,
avant l’invention de la traction mécanique, puisqu’ils disposaient
de bien mieux le cheval pour le transport des personnes et le
chameaux pour celui des marchandises. C’était plus rentable, plus
pratique que le char à bœufs ou que la diligence.
Revenons à l’affaire de Palestine. « Juridiquement », « légalement »
et « internationalement » ne sont que des mots qui changent de sens
selon la situation créées. Le droit qui me donne tort alors que j’ai
raison je marche dessus et je l’oblige à me donner raison. Il y a
toujours un moyen. Il s’agit de le trouver et de l’utiliser. Nous
avons un exemple. L’Algérie était un territoire français. Ceci était
connu, juridiquement légalement et internationalement par le monde
entier, même par tous les pays musulmans indépendants, puisqu’ils
entretenaient tous des Ambassades à Paris. A la constitution de
l’OTAN, l’Algérie était inclue juridiquement légalement et
internationalement dans le système de cet organisme comme étant
trois départements français. Dans le monde entier, les Algériens
étaient juridiquement, légalement et internationalement considérés
comme citoyens français et non comme sujets. Le 5 Juillet 1962, tous
les pays du monde reconnaissent, juridiquement et
internationalement, que l’Algérie est un pays indépendant et que ses
habitants sont des citoyens Algériens. Que s’est-il passé ? Ce pays
a-t-il change de place ? Ses habitants ont-ils changé de formes ou
de peaux ? Ce sont les fils de ce pays qui ont obligé le
juridiquement, le légalement et le internationalement à changer du
tout au tout. Ils ont su prendre le chemin qu’il fallait pour cela
et leur seul mot d’ordre a été : « Allahou Akbar ! »
Jamais un autre, quel qu’il soit, ne résoudra les problèmes des
musulmans. Quelle était belle la devise du Cheikh Ben Badis, qui
paraissait sur la couverture de chaque numéro de sa revue «
Ac-Chihab » : « Agissons en comptant sur nous-même et reposons nous
sur Allah ».
Cette devise fut celle des Algériens dans leur lutte de libération,
elle est celle de nos frères du Sud Liban comme des Afghans. Nous
avons vu et nous voyons les résultats. Ah ! Si nos frères
Palestiniens en avaient fait de même, il n’y aurait plus de problème
Palestinien depuis longtemps. Mais ils ont préféré compter sur
Azzam, Farouk et Nouri Said, et se reposer sur l’ONU. Actuellement,
l’offensive anti-islamique est tous azimuts, Militaire, Economique,
Culturelle.
Militairement, quel est le pays musulman, voulant être maître chez
lui, qui n’est pas menacé, directement ou indirectement. Quand c’est
indirectement, c’est malheureusement, souvent, par un autre pays
musulman. S’il n’y a pas d’attaque, c’est la tension aux frontières,
la menace et toujours pour des questions de prestige ou de
soi-disant idéologie. On est arrivé même à créer une haine entre
peuples frères en attisant le chauvinisme. Cela est très grave, car
si les dirigeants, eux, finissent par disparaître, les peuples, eux,
resteront, et il serait malheureux que la haine reste en eux. Cet
état de choses, pousse les dirigeants à dépenser des sommes
faramineuses en armement, sommes qui auraient fait le bonheur de
leurs peuples, si elles étaient consacrées à des travaux d’utilité
publique, comme les universités les hôpitaux, les routes ou les
barrages. Mais ces sommes font le bonheur des arsenaux des ennemis
de l’Islam. Une grande partie des armes modernes est créée grâce à
l’argent des Musulmans. Cet argent paye largement les bureaux de
recherches. Quand Israel reçoit des armes des Occidentaux, il ne
reçoit en réalité que sa commission de courtier. Il est la cause
principale du surarmement des pays arabes et il se considère an
droit d’exiger se part de provocateur.
Economiquement le pillage du monde Musulman dure depuis plus d’un
siècle et demi. Tout a été volé, depuis le pétrole jusqu’aux
manuscrits. Les bibliothèques nationales de l’Europe, le Louvre et
le British Muséum ne sont que d’immenses dépôts d’objets volés. Un
journaliste algérien a calculé que pour une tonne de minerai de fer
extraite de son sol et exportée, l’Algérie recevait la valeur d’une
paire de ciseaux. Pour tout le pétrole extrait de son sol, l’Arabie
Saoudite recevait annuellement 600 millions de dollars, l’Irak, la
Libye, la Koweït, l’Iran, l’Indonésie recevaient beaucoup moins. Le
plomb et le phosphate marocain, le phosphate tunisien subissaient le
même sort, et j’en passe. Le canal de Suez est un exemple frappant.
Aujourd’hui le pillage a pris d’autres formes encore : Etudes,
industrialisation, grands travaux etc. De jeunes économistes et
sociologues musulmans ont souvent traité ce sujet et d’une façon
magistrale. Nos jeunes savants seront-ils un jour écoutés ?
On parle beaucoup de l’invasion culturelle et de son impact sur la
pensée musulmane. En réalité jusqu’à maintenant, il n’y a pas
d’invasions. C’est de l’intérieur même du monde musulman que le
pourrissement s’opère. Pour ce qui est de l’écrit le monde
occidental publie pour lui-même non pour nous. Ce que nous lisons en
français ou en anglais est loin d’être nocif, au contraire. C’est
grâce à la connaissance des langues occidentales que le monde
musulman possède une élite. Dans le monde occidental vous avez le
choix et vous avez surtout la critique. Il y a un métier de
critique. Il y a également des auteurs d’opinion contraire qui
publient des ouvrages entiers pour contredire et combattre les idées
de leurs adversaires. Par contre, dans le monde arabe, il est
rarissime de lire la critique d’un livre qui vient de paraître.
Lorsque, par hasard, un journal arabe parle d’un livre, c’est pour
en faire l’apologie. Tout le monde il est beau, tout le monde il est
bon, alors que sur dix livres paraissant en arabe, huit n’ont aucune
valeur. Il est vrai oui l’auteur arabe à la peau chatouilleuse. Il y
eut pendant une décade environ, des critiques arabes de classe, les
Rafi’i, les Zeyat avec sa « Risalat ».
Pendant longtemps les Arabes se sont imaginé que Sartre et de
Beauvoir étaient les représentants de la pensée française. Parce
que, pratiquement les seuls à être traduits, alors qu’ils
s’agissaient de deux juifs qui ont amusé la public français pendant
un certain temps. Ils ne maîtrisent même pas la langue française.
Roger Peyrefitte leur a consacré quelques pages de son livre
« Dossiers Secrets » où il les tourna en ridicule, mais quel est le
lettré arabe qui connait Mauriac, Céline, Teilhard du Chardin ou
Claudel ? Il n’y a pas cinquante Arabes qui ont lu « Bagatelle pour
un massacre » de Céline. Il y dénonçait, preuves en mains, la
mainmise des Juifs sur la France. Profitant de l’après-guerre, ils
ont fait retirer même les exemplaires qui se trouvaient dans les
bibliothèques. Il a écrit entre autre « Voyage au bout de la nuit »
qui est une dénonciation du colonialisme[2].
Albert Memmi qui est un philosophe juif a dit de lui : « Hélas !
C’est un grand écrivain ». Qui a lu Pierre Rossi an arabe ? Personne
pour la bonne raison que ce n’est pas le genre d’auteur que nos «
éditeurs » publient. Faisant une analyse de son livre « La guerre du
pétrole », Bennabi concluait : « Cet ouvrage doit être sur le table
de chevet de tout responsable arabe ». Nous savons que Bennabi était
loin d’être un flatteur. P. Rossi a écrit un autre ouvrage : « Isis
ou l’Histoire vraie des Arabes », un monument ! C’est l’ouvrage qui
m’a le plus appris sur l’origine des civilisations et l’histoire des
Arabes. Mais silence ! Rossi dérange, bouscule les idées reçues. Je
cite Rossi comme exemple. Il est l’auteur que les Arabes ont intérêt
à lire plus que tout autre. Eh bien non ! On ne traduit pas Rossi,
mais Sartre, de Beauvoir et leurs émules. Voilà pourquoi, certain
Ulamas partent en guerre contre ce qui se publie en Occident,
s’imaginant que tout est de cet acabit. Il arrive que l’auteur d’un
bon ouvrage s’acharne à la publier an arabe. C’est le cas du Dr
Bucaille par exemple. Dans ce cas, la traduction est faite d’une
manière telle que l’ouvrage n’a plus le sens qu’il avait. Malgré ma
mise en garde, le Dr Bucaille a fait confiance. Il a été obligé de
faire refaire une nouvelle traduction qui espérons-le sera bonne.
Nos ennemis savent que certains ouvrages sont d’une telle célébrité
qu’ils finiront par être traduits par d’honnêtes traducteurs et
qu’ils seront utiles aux Arabes.
Dans ce cas, on procède à une traduction qui les vide de ce qu’ils
contiennent d’utile. C’est le cas par exemple de « La civilisation
des Arabes » de ( Gustave Le Bon qui est un monument dans son texte
français. Adel Zaitar a réussi à en faire une simple nomenclature,
car il ne fallait pas que les Arabes aient cette notion de leur
passé. Un autre ouvrage subira le même sort. Il s’agit du « Le
meilleur des mondes » d’Aldoux Huxley. Cet ouvrage a valu à son
auteur le prix Nobel en 1930, quand ce prix voulait dire quelque
chose, avant qu’il ne soit attribué à un criminel comme Begin. Ce
livre, d’une puissance extraordinaire, est une dénonciation de la
civilisation occidentale et du chemin qu’elle prend. Trente ans
après Huxley publia un ouvrage ou il énuméra ce qu’il a prédit et
qui s’est réalisé. Il prévoit en 1930, que cette civilisation finira
par reproduire l’homme dans les éprouvettes, qu’il sera conditionné
et programmé avant sa naissance, que tout ce qui est du spirituel
disparaîtra. L’homme n’existera que pour produire, consommer et
jouir, il ignorera toutes les valeurs morales. L’histoire d’un peau
rouge né et ayant grandi dans une tribu isolée et jeté brusquement
dans cette société, servira de trame à Huxley pour développer sa
pensée. Il ne fallait pas que les Arabes lisent ce livre, car ils
réfléchiraient sur la civilisation occidentale et perdraient leurs
complexes. Monsieur Taha Hussein se chargea de traduire ce livre.
C’est un nom qui fait confiance puisqu’il est « douctour » de la
Sorbonne, Il réussira, ou on a réussi pour lui, à ne retenir que la
trame, c’est à dira, l’histoire du peau rouge désorienté et il
éliminera toute la philosophie que contenait l’ouvrage, c’est à dira
l’essentiel, Si bien que d’un ouvrage d’une haute portée
philosophique, il fit un roman d’anticipation, plutôt comique. J’ai
fait un test. J’ai prêté cette traduction à Si Ahmad Sahnoun, le
meilleur analyseur de livres que nous ayons. En me le rendant, il me
dit : « Tu m’as fait perdre mon temps, page après page j’attendais
quelque chose de sérieux et rien n’est venu. Une historiette
quelconque ». Voilà ce qu’a tiré un lettré arabe perspicace de la
traduction de Monsieur Tata Hussein. Il est curieux de constater que
ces trois ouvrages ont été publiés par le même éditeur.
Comme on le voit ce n’est pas ce qui se publie an Occident qui est
dangereux pour nous. C’est le choix qui est fait par nos « éditeurs
et nos traducteurs ». Tout le monde sait que ce choix est fait par
les services culturels des Ambassadeurs à Beyrouth. La traduction
est offerte et les frais d’impression sont payés sous forme d’achat
d’exemplaires. Les droits d’auteur sont eux aussi payés par les
ambassades, Les éditeurs ne sont que des prêtes noms. Tous ceux qui
s’intéressent au livre savent que tel éditeur travaille pour tel
pays et tel éditeur pour tel autre. Le plus malheureux, c’est que
les quelques éditeurs honnêtes sont considérés par leurs collègues
véreux comme des imbéciles. Je ne veux pas dire qu’il faut laisser
la littérature d’Occident inonder le monde arabe, mais il nous faut
être très prudent. Les problèmes de culture sont très délicats et il
y a des gens capables de considérer un manuel de gynécologie comme
un livre de pornographie.
Le problème de la production écrite en arabe est malheureusement
plus grave que tout cela. La fond du problème est le niveau de ce
qui s’écrit an arabe. La moindre petit livre occidental se révèle
mieux fait que n’importe quel livre écrit an arabe. Il n’est pas de
langue qui ne voit une partie de sa production traduite an quatre ou
cinq langues. Certains livres sont traduits en trente langues. Seule
la production arabe n’est absolument pas traduite. Il ne faut pas
croire à un parti pris. Les œuvres des anciens Arabes, qui eux
savaient écrire, sont traduites dans toutes les langues. Les mille
et une nuits est une œuvre connue dans la monde entier. En français
seulement, elle a été publiée en une vingtaine d’éditions, depuis
l’ouvrage d’art jusqu’à l’édition populaire. La muqqadima d’Ibn
Khaldoun est encore une source de profit pour de nouveaux
traducteurs et il n’y a pas un sociologue ou un historien dans le
monde qui ne la connaît pas. Si l’on ne traduit pas la production
arabe moderne, reconnaissons-le, c’est qu’il n’y a rien qui vaille
la peine de l’être. Etre écrivain est un métier, c’est une
profession. Le monde arabe fait de l’amateurisme. Il est vrai
qu’avec un public régi par vingt réglementations différentes, avec
des « éditeurs « illettrés et sans scrupules, ce n’est pas un métier
qui nourrirait son homme.
Mais il y a plus grave et plus important que l’écrit. Il y a ce qui
est, et ce qui va être transmis par les ondes. Les émissions arabes
des radios étrangères ont déjà conquis le plus gros public. Leurs
voix pénètrent dans tous les foyers de Rabat à Bagdad. Là il ne
s’agit plus, comme pour le livre, de quelques milliers d’Arabes,
mais de dizaines de millions qui subissent l’impact. Mais ce dont le
monde arabe n’a aucune conscience, c’est ce qui se prépare par la
télévision. Dans très peu de temps la télévision européenne émettant
par satellite va inonder tout le Maghreb et bientôt ce sera tout le
monde arabe. Rien n’empêchera les Français de créer un programme
spécial pour « les musulmans résident en France ». Ils savent qu’ils
disposeront là d’un outil exceptionnel pour pénétrer dans les foyers
du monde arabe et orienter leurs esprits. Leur « Psychologie service
» comme disait le regretté Khaldi est toujours présent. La
télévision n’accapare pas l’ouïe seulement, mais la vue. Que les
musulmans méditent le Coran. Allah nous prévient que le pire c’est
de n’avoir plus de cœur, de vue, d’ouïe. Le cœur c’est le livre,
l’ouïe et la vue c’est la télévision. Celui qui les branche sur
l’ennemi les a perdus.
Y-a-t-il une parade à cela ? Oui, mais il n’y en a pas deux. La
parade c’est de faire, pour nous, mieux qu’eux. Produire en commun
des programmes sur lesquels tous les pays arabes seraient d’accord.
Je ne veux pas dire se passer mutuellement des programmes. Non. Se
passer des programmes c’est se prêter de la médiocrité. Il faut
produire en commun. Les Européens le font sur une grande échelle. Ce
système permet d’obtenir des œuvres de qualité. Nous ne manquons, ni
de techniciens, ni de spécialistes, ni d’artistes pour réussir.
C’est à eux qu’il faudrait demander ce qu’il faut faire.
Personnellement je leur fais confiance.
La langue arabe
Que n’a-t-on pas écrit et que n’a-t-on dit sur la langue arabe et
son écriture ! Pour certains c’est une langue qu’il faut rénover de
fond en comble. Pour d’autres, cette langue n’a plus qu’à rejoindre
le grec et le latin. Rares ont été ses défenseurs. Mais ceux qui
disaient « laissons tomber l’arabe classique », comme ils disent, et
utilisons l’arabe parlé ont été nombreux. Ceux qui combattent la
langue arabe, ne visent pas en réalité cette langue, leur cible est
l’Islam. La charpente du Coran est l’Arabe. Ils comptent qu’une fois
la charpente détruite, ce qu’elle porte s’écroulera.
Avant tout : qu’est-ce qu’une langue ? C’est un outil, un
instrument. L’outil ou l’instrument valent ce que valent ceux qui
s’en servent. Une perceuse électrique entre les mains d’un maladroit
vous fera des trous obliques quand vous avez besoin de trous droits.
Une perceuse manuelle, entre les mains d’un artisan adroit vous fera
des trous dans l’angle que vous désirez.
Un violon stradivarius entre les mains d’un ignare vous écorchera
les oreilles. Un violon de quatre sous entre les mains d’un virtuose
vous charmera. Tout se tient. L’outil et l’artisan forment un tout.
La langue arabe est un stradivarius, qui, dans les temps modernes,
se trouve rarement entre les mains d’un virtuose. Il n’y a pas
trente-six langues arabes. Il n’y a qu’une seule. C’est la langue de
Antar. Ce que l’on appelle l’arabe parlé n’est que de l’arabe
dégénéré. Ce qui manque en quantité, ce sont les artistes capables
d’utiliser cette langue. Le stradivarius est là, mais c’est la
plupart du temps un joueur de gonbori qui s’en sert, et souvent
l’accuse de produire de mauvais sons.
Lorsqu’Ibn Sina écrivait ses œuvres de médecines, il n’a pas créé
une nouvelle langue. Il a utilisé celle de Antar. Quand Al Farabi
composait ses ouvrages de musique lui, non plus, n’a pas utilisé une
nouvelle langue. Il s’est servi de celle de Antar. Mais tous les
deux ont enrichi cette langue, parce qu’ils la maîtrisaient.
Quand un savant, dans n’importe quelle discipline maîtrise sa
langue, il crée et impose les termes dont il a besoin, tout en
respectant le génie même de sa langue. Si le terme existe dans une
autre langue, ou bien il est utilisé tel et plié à la construction
de la langue où il est introduit, où bien, s’il est possible d’en
donner le sens par une traduction, il est traduit.
Depuis plus d’un siècle, nous assistons dans le monde arabe, à un
système de traduction qui n’a pas de sens. Des termes comme
«pasteuriser », facilement arabisables en « bastara », sont
traduits, on ne sait pourquoi en « aqqama », alors que pasteuriser
est utilisé tel que dans toutes les langues du monde. On arabise ce
qui n’en a pas besoin, mais on traduit du mot-à-mot ce qui doit être
absolument rendu par une expression arabe, comme par exemple « tour
d’horizon », qu’on nous sert sous : «Jawlatu ufuq », il y a des
centaines de cas dans ce genre. Ce mimétisme a commencé vers la fin
du 19e siècle, lorsque l’Oriental pris contact avec l’Occident, ou
croyait avoir pris contact. En réalité il n’a connu que ce que l’on
voulait lui faire voir. Il admirait les chemins de fer, mais n’avait
aucune idée de la vie de misère et d’esclavage des mineurs qui se
chargeaient de lui fournir le charbon. C’est à cette période que
commence le complexe d’infériorité chez les Orientaux, les
Magrébins, eux, connaissaient mieux l’Occident. Des écrivains iront
jusqu’à dire que « le français est la langue des anges », et de se
pâmer devant leurs expressions. M. Taha Hussein ira jusqu’à ignorer
les expressions courantes arabes, pour les remplacer par des
expressions françaises traduites. « Khatabaha » devient chez lui: «
Talaba yadaha min abiha », qui n’est que la traduction mot-à-mot de
: « Demanda sa main à son père ». Il y a des centaines de cas de ce
genre. Si cela dure, il nous faudra consulter le Larousse pour
comprendre l’arabe.
Les Chrétiens qui au 19e siècle ont introduit des nouveaux termes,
nous ont créé des situations ridicules. Ceci a été fait à dessein
quand on connaît ceux qui ont procédé à ce travail. Ils ont traduit
par exemple: « Colonialisme» par « Isti’mar», si bien que nous nous
trouvons à dire : « Al isti’mar ala ghachim», ce qui est un
non-sens. Il aurait été plus logique de dire: « Al cawlana» et « Al
moukawline».
La langue arabe n’a pas à rougir d’avoir à arabiser de nouveaux
termes étrangers. Le Coran lui-même contient des termes persans
utilisés tel que, ou arabisés (note du correcteur, ici il y a une
erreur, en effet le Qur’an ne contient que des mots arabes et
d’origine arabe comme le stipule Allah Lui-même en parlant de la
descente du Livre en « une langue arabe claire ». L’Imam Tabari
l’affirma aussi dans son Tafsir). Il ne faut pas essayer de
trouver des termes d’électronique dans une mu’allaqa, mais de les
créer à partir du terme d’origine en respectant la structure de la
langue arabe qui a pour base « fa’ala».
Dans une récente étude parue dans une revue scientifique de
vulgarisation, il a été remarqué que c’est l’arabe qui constitue le
plus grand fond de la langue française, le quart environ, et non le
latin comme on le croit. Beaucoup de termes empruntés au latin se
sont avérés des termes arabes que le bas latin avait emprunté à
cette langue. Ceci est à l’honneur de l’arabe, mais aussi à
l’honneur du français. Le chauvinisme est un ennemi de la culture.
Que l’on n’attende pas les Machaïkh créé un vocabulaire
scientifique. Ce n’est ni de leur domaine, ni de leur
responsabilité. Eux maîtrisent et souvent d’une manière parfaite ce
qui est de leur domaine, c’est-à-dire le vocabulaire religieux et
littéraire. C’est aux scientifiques d’arriver à utiliser l’arabe,
dans les domaines qui les concernent, d’une façon aussi parfaite que
le font les machaikh dans leur domaine. A chacun sa responsabilité.
Nous ne sommes plus aux temps ou une personne pouvait se targuer de
tout connaître sur une langue. Il nous faut, aussi, comprendre qu’on
ne rattrape pas trois siècles en vingt ans.
Le problème numéro un est d’avoir dans les nouvelles générations des
hommes et des femmes et tous les hommes et toutes les femmes,
connaissant bien leur langue. Si l’anglais prime actuellement, c’est
parce que la moitié des Américains adultes est passée par
l’université. Leur enfant, dès sa naissance, se trouve dans un
milieu favorable à son épanouissement. Arrivé à l’école, il n’aura
aucune peine à suivre les cours. Ce n’est pas le cas de l’enfant
arabe. A part quelques exceptions, le foyer ne l’aide pas du tout.
Mais d’ici une génération, ceci changera beaucoup, et ce qui est
l’exception, deviendra la règle. Tous les pays arabes font des
efforts méritoires pour développer l’enseignement. Le cloisonnement
qui existe entre les pays finira par disparaître. Grâce aux nouveaux
moyens de communication, un brassage se fera et le complexe
d’infériorité disparaîtra. De nouveau la langue arabe sera une
langue de civilisation. Sa puissance, sa simplicité, eh oui, elle
est simple pour ceux qui la connaissent, sa beauté et l’Islam lui
rendront sa place. On cherche par tous les moyens à décourager ceux
qui s’attèlent à la tâche.
« La langue arabe n’est pas simple », nous dit-on. Peut-on dans une
autre langue écrire aussi simplement que Ja.hiz ? » Les anciens
ouvrages arabes sont très difficiles à comprendre », se plaint-on.
Est-il facile de comprendre Nietzsche ? Toutes les langues du monde
ont des ouvrages que ne peuvent comprendre que ceux qui sont versés
dans la matière qu’ils traitent. « Elle ne permet pas d’être
succinct » dit-on encore. Si on se met à l’école de Taha Hussein
cela est vrai, mais dans quelle langue y-a-t-il un ouvrage aussi
succinct que le Moukhtaçar de Khalil ? « Sa grammaire est très
difficile » prétendent d’autres. Y a-t-il au monde une grammaire
exposée dans sa totalité dans mille vers, comme Alfiat Ibnu Malek ?
Foin d’hypocrisie ! Ce que l’on cherche c’est couper le monde arabe
de son immense héritage culturel. C’est le lui faire perdre et
l’éloigner de la langue du Coran. Voilà le but, il n’y en a pas
d’autres. Ce qui les rend fous, c’est de voir, par exemple, qu’il y
a soixante-quinze ans, il n’y avait pas dans le monde arabe mille
lecteurs capables de comprendre un auteur comme Ibn Khaldoun ou
comme Alfakr Arrazi, et qu’aujourd’hui, ils sont cinq cent mille et
demain ils seront cinquante millions,
Chaque génération qui monte est plus fière de sa religion que la
précédente. La langue arabe finira par sortir de la tempête et par
prendre sa place. Il n’en sera pas de même pour d’autres langues.
Avec le temps, des langues disparaissent, car elles ne répondent
plus au besoin de l’homme.
On peut utiliser une autre langue que la sienne comme outil ou comme
arme de combat, mats jamais pour bien exprimer ce que l’on a dans
les tripes.
Ce ne sera pas le cas de ceux qui adopteront la langue arabe. C’est
la seule langue universelle et elle appartient à toute l’humanité.
Le Messager d’Allah (saluts et bénédictions d’Allah sur lui) avait
prévu cela. On lui demanda un jour : « qui est arabe ? » « Celui qui
veut bien l’être », répondit-il. Voyons comment est devenu arabe qui
a bien voulu l’être. Dans la langue arabe, c’est la poésie qui tient
la place la plus importante ; parmi les géants de la poésie arabe,
le nombre d’Arabes d’adoption est impressionnant. « Antar Banu
Chaddad, le plus mâle des poètes était nègre. Abu Nuwas, le plus
malicieux était persan. Ibn Roumi, l’un des plus profonds était grec
d’Anatolie. Abdallah Ibnu Khemmis, dont nous avons perdu
malheureusement le gros de l’œuvre, était considéré par ses
contemporains comme le Maître de son temps.
Il était berbère. Chawki s’est élevé à un niveau qu’aucun poète
arabe n’a atteint, il s’est élevé à l’enfant, comme seul Victor Hugo
l’avait fait en français. C’était un aristocrate turc qui avait des
accents d’un bédouin fris de bédouin. Le maître de la lexicographie
arabe est Sibaweh, il était persan. Quelle est la langue qui peut
présenter pareil palmarès ? Mais comme dans tout, pour pouvoir en
être, il faut vouloir en être. C’est pour cela que malgré des études
poussées, les Orientalistes n’arrivent jamais à écrire en arabe.
Toutes les langues sont des marâtres pour ceux qui ne sont pas leurs
fils, seule la langue arabe est une mère pour qui voudrait être son
fils. Elle le prouve depuis quatorze siècles.
Que de livres, que d’articles de presse, que de conférences sur
l’écriture arabe et ses défauts. Chacun, après avoir prétendu que
cette écriture bloque l’épanouissement de la pensée musulmane en
général et l’arabe en particulier, apporte des suggestions pour
remplacer cette écriture.
Certains proposent l’utilisation de caractères nouveaux ayant une
vague ressemblance avec les caractères arabes. Ils se sont, en
général, inspirés de l’hébreu. D’autres proposent carrément
d’utiliser le caractère latin en lieu et place du caractère arabe.
L’université française ne reconnaît pas une thèse écrite en
caractère arabe. Le candidat à l’agrégation d’arabe doit présenter
sa thèse en caractère latin. Ils appellent cela en « phonétique »..
Un texte en arabe peut accompagner le texte en caractère latin, mais
seul ce dernier compte. J’ai vu des Diwan entiers et des Rihla
présentés de cette manière. Je ne sais si l’université française
agit de même pour l’hébreu. Cela m’étonnerait. Qui a imposé cela? Ce
sont messieurs les orientalistes. Certains parce qu’ils ne savent
pas lire l’arabe, d’autres par calcul. Tout d’abord qu’est
l’écriture? « C’est la représentation de la parole ou de la pensée
par des signes» nous dit Robert. Mais pour l’écriture arabe, ce
n’est pas cela seulement L’éthique et l’esthétique sont une partie
intégrante de l’écriture avec le pratique. L’écriture est une partie
intégrante de la culture islamique. Les autres écritures sont des
fleurs sans parfum. L’écriture arabe est une rose odorante. Elle
agit sur le cerveau et sur le sens. En cuisine les arabes disent : «
l’œil, lui aussi mange ». Il y a le met et la présentation.
Il y a un autre avantage du caractère arabe sur le latin. Manuscrite
ou imprimée la langue arabe s’écrit de la même manière. Il n’en va
pas de même pour le latin. A la main c’est un alphabet et imprimé
c’en est un autre. Si bien qu’il faut en principe connaître deux
alphabets différents.
On reproche à l’écriture arabe d’être trilinéaire. Elle occupe trois
fois plus de place en verticale que le latin. Le lam final, par
exemple, occupe le haut, le centre et le bas de la ligne. C’est
vrai. Mais personne ne fait remarquer qu’elle occupe moins de la
moitié du latin lorsqu’il s’agit de l’horizontale. Pour écrire
Muhammad par exemple, le latin utilise neuf lettre et l’arabe quatre
seulement.
Mais si l’on cherche la simplicité, pourquoi ne pas la chercher pour
le caractère latin aussi. Par exemple l’alphabet Braille pour
aveugles est plus simple que le latin. Le A s’écrit ainsi, le B: le
C, si on cherche le simple et pratique, il n’y a pas mieux.
Quel est l’Occidental qui n’a pas applaudi lorsque le gouvernement
turc adopta le caractère latin à la place du caractère arabe pour
obéir aux ordres de la maçonnerie ? Tous les soi-disant amis du
monde musulman lui ont conseillé d’en faire autant, affirmant que
cela va permettre à la Turquie de rattraper son retard. Qu’en est-il
après soixante ans d’application ? Le pays qui en 1924 avait la
meilleure économie, qui avait une avance culturelle et qui avait le
plus de prestige dans le monde musulman, où en est-il ?
Culturellement et économiquement, il est dépassé par nombre de pays
musulmans qui ont gardé le caractère arabe. Quant au prestige,
lorsque la Turquie faisait partie de la nation islamique ses fils
assiégeaient Vienne, aujourd’hui, ils en balayent les rues. Mais il
n’est pas dit qu’ils ne reviendront pas au caractère arabe, car
malgré toutes les pressions, le peuple turc est profondément
musulman. Un jour, les yeux s’ouvriront et il rejoindra ses frères
par la grande porte.
Un autre reproche que l’on faisait à l’écriture arabe, c’est la
difficulté de la composer pour l’impression. Ces messieurs avaient «
pitié » du typographe qui était obligé de disposer de neuf cents
casses pour faire son travail. Cela était vrai, mais plus maintenant
avec la composition photomécanique ; la composition se fait de nos
jours, sur un simple clavier de machine à écrire. Les caractères
mobiles, que l’on utilisait avant, étaient plus beaux que ceux de la
composition photomécanique. Cela tient à ce que les premiers ont été
dessinés par des Arabes et les nouveaux par des Occidentaux. Un
calligraphe pourrait rendre beaucoup de services en rendant à
l’arabe l’élégance qu’il avait lorsqu’il était mobile.
Lorsque ces messieurs écrivaient des livres et des articles pour
montrer les difficultés qu’il y avait pour composer avec neuf cents
casses, ils savaient que la photocomposition allait entrer sur le
marché. Lorsqu’ils nous parlent de l’espace que prend l’écriture
arabe, ils savent que la lecture de livres sur écran de télévision
est pour bientôt. Une fois l’écran plat définitivement au point, on
pourra loger cent mille pages dans une cassette. L’écriture arabe a
encore un autre atout. C’est la merveilleuse écriture Raq’a. Cette
écriture, inventée avant la sténo peut être considérée comme une
sténographie qui ne nécessite aucune étude. Elle a l’avantage de
pouvoir être écrite et lue par tout le monde.
Lorsque l’écriture arabe était attaquée, seul Nasreddine Dinet
prenait sa défense. En sa qualité d’artiste peintre et de bilingue,
c’est une autorité. Il disait ceci: « seule l’écriture arabe suit le
mouvement naturel de la main, qui est d’aller de droite à gauche.
L’écriture latine est bonne pour un gaucher. L’écriture arabe ignore
les contorsions de l’écriture latine qui va à contre sens du
mouvement naturel de la main. En écrivant en arabe on ne risque
jamais d’avoir la crampe des écrivains, comme cela est courant
lorsqu’on écrit en caractère latin ».
Mais lorsque l’écriture arabe veut être une grande dame, elle laisse
loin derrière elle tout ce qui s’écrit dans le monde. Sur la pierre
ou sur le marbre, sur le bois ou sur le cuivre, sur le papier ou sur
une peau, elle sait être dentelle, fleur, feuille ou animal. Elle
sait être ronde, carrée ou triangulaire. Elle Ignore la lourdeur du
gothique et la sécheresse du latin. Elle est fluide, elle est libre,
elle court avec élégance, sœur qu’elle est du cheval arabe, de la
gazelle et du sloughi. Elle leur a emprunté leur finesse et leur
beauté. Peut-on faire un tableau de maître en utilisant uniquement
l’écriture ? Oui ! Mais seulement avec l’écriture arabe.
Et pour terminer, il n’est pas mauvais de rappeler, à tous ces
messieurs, qu’après tout, le premier alphabet de l’humanité et bien
l’alphabet arabe. Tous les alphabets du monde, dérivent de
l’alphabet arabe. Le mot même de l’alphabet est notre a.lif, ba, ta.
L’Islam et le Verbe
Tous les auteurs occidentaux qui ont écrit sur l’Islam, ont tenté de
faire croire que l’Islam s’est propagé par le sabre. L’Islam n’a pas
été imposé, il s’est propagé chez les hommes qui étaient libres de
choisir. Si les victoires militaires ont été foudroyantes, cela
tient à la motivation du soldat musulman. Toute la force étant aux
mains d’Allah, Il fait baisser le nez à l’orgueilleux. Nous avons un
exemple récent de la supériorité de la motivation sur la force.
L’armée française disposait de canons, de chars, d’avions, de
navires de guerre, d’une puissance industrielle, de capitaux,
d’écoles de guerre. Elle fit face à une armée dont les membres
étaient motivés et qui ne disposaient ni de chars, ni de canons, ni
d’avions, ni de navires, ni d’industrie, ni de capitaux, ni
d’écoles. L’armée française disposait en Algérie de vingt fois plus
de soldats que l’Armée de Libération Nationale. Laquelle des deux
armées a atteint son but ? C’est bien l’Armée de Libération
Algérienne, puisque l’Armée française a été boutée hors du
territoire.
Prenons l’Islam à ses débuts. La première bataille livrée par les
croyants était à Badr. De quoi s’agissait-il ? Les croyants
voulaient s’emparer d’une caravane de Qoreich pour se dédommager des
biens que ces derniers leurs avaient confisqués à la Mekke. Ce qui
n’était que justice. Mais Allah a voulu qu’au lieu de la caravane,
ils rencontrent l’armée de Qoreich. Ce fut la première bataille pour
les musulmans. La deuxième est connue sous le nom de « Ouhoud ». Là,
ce sont les Quoreich qui se sont déplacés de la Mekke pour combattre
les musulmans près de Médine. Les musulmans étaient agressés chez
eux et n’ont fait que repousser une agression. La troisième
bataille, connu sous le nom de «Bataille du fossé », n’était ni
plus, ni moins, qu’un siège de Médine par Qoreich. Et il ne faut pas
oublier, qu’à chaque fois les Qoreich avaient fait un déplacement de
plus de quatre cents kilomètres. Ce n’est pas parce que les
musulmans sortirent à chaque fois victorieux, qu’il faut les
présenter comme agressant « les pauvres Qoreich », commerçants
plutôt que guerriers. Plus tard, l’occupation de la Mekke par les
musulmans s’effectua sans qu’il y ait combat. Le fruit mûr et la
quasi-totalité de la population aspirait à l’Islam.
En Syrie, l’armée musulmane n’eut pas à combattre une armée syrienne
à ce que je sache. Elle a vaincu une armée colonialiste ; l’armée de
Byzance. Une fois cette armée détruite, il n’y eut aucune opposition
de la part des autochtones. L’Islam ne fut imposé à personne. Ceux
qui voulurent rester chrétiens, le sont restés et ils le sont
jusqu’à ce jour. Pour ce qui est de l’armée persane, elle aussi
battu par les musulmans, il ne faut pas oublier qu’elle maintenait
au pouvoir un tyran qui imposait ses croyances à son peuple. Une
armée persane au service d’un tyran est chose courante. Lorsque
cette armée de Kisra fut vaincue, les Persans étaient libres de
choisir. La grande masse a choisi l’Islam, mais ceux qui voulurent
rester Mazdéens, le restèrent et le sont encore jusqu’à ce jour. En
Egypte, l’armée musulmane eut affaire à une armée colonialiste,
l’armée byzantine. Une fois cette armée vaincue, les Egyptiens ont
été libres de choisir leur religion. Certains sont restés Coptes et
ils le sont jusqu’à maintenant. On tente même d’accréditer l’idée
que les coptes sont les seuls authentiques Egyptiens, ce qui insinue
que les Egyptiens n’ont pas embrassé l’Islam et que tous les
musulmans d’Egypte ne sont venus qu’après. Ce qui est faux.
L’authentique Egyptien est le fellah et ce sont ses fils qui ont
peuplé les villes.
Au Maghreb, c’est à l’armée colonialiste, héritière de Rome, que les
musulmans se sont attaqués. Une fois cette armée détruite, dans
l’actuelle Tunisie, les musulmans ne trouvèrent aucune opposition.
Koceila n’était qu’un agent de Byzance. Il était payé par Byzance et
le gros de ses troupes était byzantin. Un chef de harka en somme.
En Espagne, ce n’est pas contre une armée espagnole que les
musulmans se sont battus, mais contre une armée germanique,
(Wisigoths) qui terrorisait la population et c’est à la demande de
cette population que Tariq traversa le détroit. Après avoir détruit
les Wisigoths, il s’est littéralement promené en Espagne. C’est
qu’il avait le soutien de la population. Là aussi, les gens furent
libres de choisir leur religion. Beaucoup restèrent chrétiens ou
juifs.
Comme on le voit, que ce soit en Syrie, en Perse, en Egypte, au
Maghreb, en Espagne, l’armée musulmane était considérée par les
populations comme une armée libératrice.
Nous avons un exemple récent. Le fascisme se maintenait en Italie
grâce à l’armée et à la police fasciste. Une fois que les démocrates
alliées eurent détruit la puissance militaire du fascisme, ils
laissèrent les Italiens libres de choisir leur régime. Ils ont
choisi la démocratie. Allons-nous dire que les Alliées ont imposé la
démocratie aux Italiens?
L’Islam a été plus large que les démocraties. Eux ont interdit le
fascisme. L’islam n’a pas interdit les anciennes croyances.
L’Afghanistan, l’Inde, la Chine, l’Indonésie, la Malaisie, les
Philippines, l’Afrique noire, n’ont pas vu une armée musulmane. Il y
a mieux. Les Mongols font de la Chine une bouchée, ils s’emparent de
l’Inde en un coup de main, ils mettent dans leur giberne la moitié
de l’Europe chrétienne et une moitié du monde musulman. Ils avaient
donc connu toutes les religions pratiquées à l’époque. Après deux
générations, ils choisiront l’Islam. On ne va pas nous dire que les
Mongols se sont islamisés par le sabre. Ils donneront à l’Islam un
de leur peuple qui pendant cinq siècles sera le bouclier de cette
religion.
Pendant plus de huit siècles, presque tous les juifs du monde
vivaient en terre d’Islam, et c’est là où le judaïsme s’est épanoui.
Il ne leur a pas été demandé de s’islamiser. Les musulmans n’avaient
pas conscience qu’ils réchauffaient en leur sein une vipère.
Ni la Torah, ni l’Evangile n’ont été des Verbes-Miracles. Pour que
les humains y croient, Allah a permis aux porteurs de ces deux
Messages d’accomplir des miracles physiques, traverser la mer à
pied, ressusciter les morts, rendre la vue à des aveugles etc. Allah
réservait le Verbe-Miracle au Coran. Le miracle de l’Islam c’est le
Qur’an. Tous les miracles accomplis par les Messagers qui ont
précédé notre Prophète Muhammad (saluts et bénédictions d’Allah sur
lui), avaient une durée limitée et un espace déterminé. Le Coran est
le miracle qui n’est limité ni par le temps ni dans l’espace. Donc
le seul verbe, c’est le Coran et c’est par le Verbe que l’Islam
s’est propagé.
Le Judaïsme, nous le savons, est la religion d’un peuple. Il n’y a
jamais eu propagation du Judaïsme, alors que les juifs ont cohabité
avec beaucoup de peuples. Déjà à Médine, ils disaient: « Ne leur
dévoilons pas (aux arabes) ce que Dieu nous a accordé comme
écritures, gardons-le pour nous ».
Il fallut au Prophète d’Allah Jésus, fils de Mariam (‘Issa Ibnou
Mariam), faire des miracles pour être cru. Il en faudra aussi aux
apôtres. Mais c’est surtout le comportement sublime des premiers
Martyrs qui fera propager le Christianisme. Lorsque les « Césars »
se firent « Rois chrétiens » ou « empereurschrétiens », ils
imposèrent leurs conceptions du christianisme, ignorant tout de la
charité chrétienne et en se faisant des tyrans. Non seulement ils
firent la guerre aux non chrétiens, mais également aux chrétiens qui
ne professaient exactement comme le régnant. Les donatistes ont été
persécutés, alors que chrétiennement ce sont eux qui avaient raison.
Les guerres de religion ont décimé l’Europe et ont fait couler le
sang chrétien pendant des siècles.
Les croisades, si elles ont raffiné quelques princes, ont été des
hécatombes. Combien de croises sont morts en route ? Et combien dans
les guerres contre l’Islam. Certaines croisades se sont évanouies
avant d’arriver en terre sainte Elles étaient décimées par la
misère, les maladies, ou par des combats avec d’autres chrétiens.
Le christianisme restera strictement européen jusqu’au seizième
siècle. Ce n’est qu’avec le colonialisme qu’il s’étendra. Le
goupillon suivra le sabre.
[1]
C’est exactement ce qui se passe aussi aujourd’hui, le 26
septembre 2012, alors que je relis ce document.
[2]
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