La conquête de l’Egypte

 

La lettre du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) à Mouqawqis

 

Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux 

« De Muhammad, le Serviteur et Messager d’Allah, à Mouqawqis, le chef des Coptes.

Que la paix soit sur celui qui suit la guidance. Ceci dit :

Je t’appelle à l’Islam pour que tu puisses trouver la paix, et Allah te donnera une double récompense. Si tu le rejette, alors sur toi tombera le péché de tes concitoyens.

« Dis : Ô gens du Livre, venez à une parole commune entre nous et vous: que nous n’adorions qu’Allah, sans rien Lui associer, et que nous ne prenions point les uns les autres pour seigneurs en dehors d’Allah. Puis, s’ils tournent le dos, dites : Soyez témoins que nous, nous sommes soumis. »

 

 

Batailles pour l’Egypte 

Environ trente batailles furent livrées pour l’Egypte dans son histoire, à commencer par la Bataille d’Hyksôs, la bataille de Libye, la campagne de Sargon (Sarjoun) II, celle de Sennacherib et d’Assarhaddon. Assurbanipal, Nabuchodonosor (Boukhtanassar) et Cambyse. Les Perses essayèrent également en une autre occasion, puis Alexandre, les Macédoniens et les Romains, puis de nouveau la  Perse suivit par l’empire romain (byzantin).

Vinrent ensuite la conquête islamique ainsi que les deux campagnes croisées d’Amauri puis l’expédition de Jean de Brienne, puis celle du croisé Louis IX. Puis il y eut les tentatives des Tartares (Tatars) pour conquérir l’Egypte, puis les conquêtes ottomanes suivies par l’expédition française.

 

Puis, l’expédition militaire de Frazer. Il y eut également une expédition turque pendant la première guerre mondiale et une expédition italienne commandée par Graziani. Rommel attaqua aussi l’Egypte pendant la seconde guerre mondiale.  

Puis, il y eut l’agression juive en 1956 EC puis à nouveau en 1967 EC. Certaines de ces invasions furent de courte durée et parfois même des échecs, alors que d’autres eurent pour conséquence la perte de territoire égyptien où les vainqueurs restèrent pendant des siècles.

 

Parmi toutes les invasions, la conquête islamique possédait des caractéristiques uniques et le règne de ‘Amr Ibn al-‘Ās (qu’Allah soit satisfait de lui) ne ressembla à celui d’aucun conquérant venu avant lui.

 

 

La Marche sur l’Egypte 

La bataille de Yarmoūk eut lieu le 5 Rajab en l’an 15 H (le 13 août 636 EC) et suite à cela, les Musulmans conquirent la Syrie. Quand ‘Umar Ibn al-Khattāb (qu’Allah soit satisfait de lui) arriva à al-Jābiyah, ‘Amr Ibn al-‘Ās (qu’Allah soit satisfait de lui) le rencontra et sécurisa son accord pour l’Egypte pour qu’elle puisse devenir une source de force pour les Musulmans, plutôt que contre eux ; parce que l’Egypte était une source de nourriture pour l’empire byzantin qu’elle ravitaillait en vin et en blé, en plus de l’importance de sa situation stratégique après la conquête de Syrie.

 

Le peuple d’Egypte étaient des paysans coptes qui cultivaient la terre puis envoyaient les récoltes aux Romains qui ne se contentaient pas de s’emparer des bonnes choses des territoires qu’ils conquéraient mais allaient au-delà, et désiraient contrôler les croyances des gens, choisissant les doctrines qu’ils voulaient et les leur imposant contre leur volonté. Ceci en dépit du fait que ces gens étaient extrêmement pacifiques, en vérité, soumis, au point qu’Alfred Butler observa qu’ils ne recherchèrent jamais l’indépendance ou l’autonomie sous quelque forme que ce soit, ni ne revendiquèrent la possession de leurs récoltes. Cependant, ils ne renonceraient pas à leurs croyances et, écrit-il, ils étaient prêts à accepter la mort ou la torture au nom de leurs croyances.

 

‘Amr Ibn al-‘Ās (qu’Allah soit satisfait de lui) marcha depuis la Palestine avec une petite force de 3.000 hommes et  500 cavaliers, parmi lesquels se trouvaient des Yéménites de la tribu des ‘Akk dont un tiers venait de Ghafiq, et était l’armée ayant combattu pendant la conquête de Syrie.

 

 ‘Amr Ibn Al-‘Ās (qu’Allah soit satisfait de lui) marcha toute la nuit et avant d’arriver à al-‘Arīsh, 500 hommes de la tribu de Rashidah arriva de Jabal al-Halāl et le rejoignit, augmentant ses effectifs à 4.000. Son arrivée à ‘Arīsh coïncida avec ‘Id al-Adhā (le 10 Dzoul Hijjah 19 H / 29 novembre 640 EC).

 

Ensuite, il marcha vers l’ouest et la première bataille eut lieu face à la forteresse d’al-Farma qu’il conquit après l’avoir assiégée pendant un mois, et détruit ses remparts. Ainsi, il s’empara de la porte orientale de l’Egypte et les Romains n’eurent plus de fortifications ni d’armées jusqu’à Bilbéis.

 

‘Amr (qu’Allah soit satisfait de lui) marcha pendant la seconde moitié de Safar 20 H (la seconde moitié de février 640 EC) depuis al-Farma jusqu’à Majdoūl, dans la région de Qantarah, puis en direction de Salihiyyah, via Wadi At-Tumaylat, puis Bilbéis. Il s’arrêta devant son fort pendant un mois  et l’assiégea jusqu’à ce qu’il l’ait conquis.

 

Ensuite, il marcha vers le Nil et occupa Oumm Dounayn située en un lieu qui se trouve aujourd’hui entre la Masjid Awlad ‘Anāan, près de Bāb al-Hadīd, et Ouzbakiyyah ; qui est un quartier de la ville du Caire. Elle se situe au bord du Nil, qui à une époque y coulait, et il prit quelques bateaux comme butin.

 

    Les Romains avaient éparpillé un certain nombre de forts à al-Farma, Bilbéis, Bāb al-Yoūn (Babylono), Naqyoūs, le Fort de Trājān, à Manoūf, le Fort d’Athrib, Dimyāt (Damiette), Karyoūn, Alexandrie, Al-Fayoūm (Fayoum) et Kalābishah. Les cultures romaines de dattes et de raisin s’étendaient jusqu’au fort de Bāb al-Yoūn (Babylone), qui se trouvait au sommet d’une élévation. ‘Amr (qu’Allah soit satisfait de lui) se rendit compte que ses 4.000 soldats ne pouvaient pas conquérir une forteresse comme celle-ci, et il écrivit donc à ‘Umar Ibn al-Khattāb (qu’Allah soit satisfait de lui) qui lui envoya 12.000 soldats en renfort.

 

La conquête de Bahnasā

En attentant l’arrivée des renforts, ‘Amr (qu’Allah soit satisfait de lui) décida d’utiliser son temps pour lancer une opération destinée à terrifier les Romains en pénétrant en profondeur dans leur territoire au-delà du fort de Babylone. Il traversa donc de traverser le Nil à Oumm Dounayn et débarqua sur la côte occidentale aux alentours du 5 Joumādah al-Awwal 19 H (début mai 640 EC). Youhanna Naqyoūssi décrit ces évènements comme étant la conquête d’al-Fayoūm, alors que ‘Abdel Hakam rapporte que la conquête d’al-Fayoūm aurait eu lieu plus tard. Cependant, tous les lieux mentionnés par Naqyoūssi se trouvent dans ce qui est de nos jours connu comme étant le governorat des Bani Souwayf, et tombèrent sous le contrôle administratif du district d’al-Fayoūm. Pour cette raison, il règne la confusion parmi les chercheurs parce que ‘Amr (qu’Allah soit satisfait de lui) ne conquit pas al-Fayoūm durant cette campagne, bien que ses batailles furent menées contre les garnisons d’al-Fayoūm.

 

Lorsque ‘Amr (qu’Allah soit satisfait de lui) arriva sur la rive occidentale du Nil, il marcha vers le sud, les pyramides à sa droite et le fleuve à sa gauche ; et se faisant, le fort de Babylone fut en vue sur la rive opposée et il s’y dirigea.

Les Romains avaient des forces à Lahoūn (à Bahr Yoūssouf, à 18 km de la ville d’al-Fayoūm, à l’entrée d’al-Wahah) et d’autres forces devant le Nil et d’autres encore à Abwayt ; ceci en plus des forces qu’ils possédaient dans la région d’al-Fayoūm.

 

Les Musulmans attaquèrent Bahnasā et Abwayt puis les forces romaines qui ne tirèrent aucun profit des renforts arrivés de Babylone.

   

Ayant atteint leur objectif, les Musulmans repartirent. Au cours de leurs campagnes ils tuèrent Hana, un des importants commandants romains dont les Romains envoyèrent la dépouille à Héraclius à Constantinople.

 

‘Amr (qu’Allah soit satisfait de lui) et ses compagnons furent absents de cette campagne pendant un certain nombre de semaines (entre trois et neuf), et quand ils revinrent ils campèrent près de Misallah ‘Ayn Shams (Héliopolis) et Tall al-Hisn. Là, les renforts arrivèrent vers le 29 Rabī‘ al-Akhir 20 H (15 avril 641 EC), 8.000 hommes menés par quatre commandants : Zoubayr Ibn al-‘Awwam, Miqdād Ibn ‘Amr, ‘Oubādah Ibn Sāmit et Maslamah Ibn Makhlad (ou Khārijah Ibn Houdhāyfah) (qu’Allah soit satisfait d’eux). ‘Umar (qu’Allah soit satisfait de lui) écrivit à ‘Amr (qu’Allah soit satisfait de lui), disant que chacun d’entre eux valait mille hommes, portant les effectifs à 12.000. ‘Amr (qu’Allah soit satisfait de lui) dit : « J’aurais aimé qu’il en eût envoyé 12 000, chacun en valant mille. »

 

Butler est d’avis que le nombre des Musulmans à ce point était de 15.000, alors qu’il estime le nombre de Romains au fort de Babylone à pas moins de 20.000.

 

 

La bataille de ‘Ayn Shams (Héliopolis) 

Quand les renforts musulmans arrivèrent, les Romains se rendirent compte que le temps était venu d’une bataille décisive, et ils commencèrent à s’y préparer ; leur armée d’environ 20.000 hommes se mit en route du fort de Babylone et formèrent leurs rangs à l’extérieur.

 

‘Amr (qu’Allah soit satisfait de lui) observait ses ennemis avec attention et forma aussi son armée en rangs à ‘Ayn ash-Shams. L’armée romaine s’élança du fort vers Jabal al-Mouqattam à l’est puis vers le nord vers le camp de ‘Amr qui s’en rendit compte et marcha vers le sud depuis ‘Ayn Shams en direction de l’armée romaine, qui approchait du fort de Babylone. A ce moment, il envoya une force organisé une embuscade dans les palmiers et les arbres d’Oumm Dounayn.

 

Il envoya une autre force en organiser une autre à Yahmoūm (Jabal al-Ahmar) qui tendirent la leur entre Jabal al-Ahmar (la Montagne Rouge) et Jabal al-Mouqattam. A environ 10 km des campements de ‘Amr (qu’Allah soit satisfait de lui) et à 15 km du fort de Babylone, les deux armées se rencontrèrent en un lieu à l’est d’ar-Raydaniyyah, dans une zone où se trouvent de nos jours l’université ‘Ayn Shams, l’Hôpital pour les maladies nerveuses et l’académie de police de la ville du Caire.

 

Les combats intenses continuèrent jusqu’à ce que, au moment où les deux camps donnaient tous leurs efforts, les deux forces embusquées apparurent derrière les rangs romains qui, pris par surprise, essayèrent de fuir, mais la cavalerie musulmane les prit en chasse, en tuant tellement que seuls 300 survécurent. Cette petite bande parvint à atteindre le fort de Babylone directement ou par bateau.

 

La bataille de ‘Ayn Shams eut lieu aux alentours du 15 Joumādah al-Awwal 20 H (30 avril 641 EC). Quand la bataille fut achevée, ‘Amr (qu’Allah soit satisfait de lui) occupa Oumm Dounayn (Dunain) et en prit quelques bateaux.

 

Le fort de Babylone n’avait pas assez de forces pour le protéger, mais c’était une forteresse en hauteur et close ; construite au-dessus du niveau du sol, entourée d’une tranchée, et connectée par un pont flottant à l’arrière de l’ile (ar-Rawdah), au milieu du Nil.

 

 

 

La chute de Bab al-Yoūn (Babylone)

‘Amr (qu’Allah soit satisfait de lui) arriva au fort en Joumādah al-Awwal 20 H (Mai 641 EC) et envoya sa cavalerie attaquer ici et là depuis les endroits élevés du Delta.

Les défendeurs restés au fort désespérèrent que des renforts les atteignent de la part de Byzance (Constantinople) et leurs chefs perdirent le moral ; Mouqawqis (Mouqawqas) et ses compagnons traversèrent vers l’ile d’ar-Rawdah de nuit et commencèrent à négocier un traité avec ‘Amr (qu’Allah soit satisfait de lui). Héraclius mourut le 23 Safar 20 H (11 février 641 EC) ; et la nouvelle de sa mort parvint aux Musulmans par leurs frères en Syrie, avant même d’atteindre les Romains. Cela augmenta la détermination des Musulmans et affaiblit les Romains parmi lesquels une maladie se répandait.

 

Théodore, commandant en chef de l’armée romaine en Egypte, rassembla ses forces au nord du Delta. ‘Amr (qu’Allah soit satisfait de lui) laissa un régiment devant la forteresse de Babylone et avança avec son armée vers un lieu situé en face de Dimyāt (Damiette). A Athrīb, près de Binhā, il traversa le Nil et tourna en direction de Samnoud. Cependant, il se rendit compte de la difficulté de combattre au milieu des chemins détrempés inondés par le Delta et il retourna à Aboū Sayr et en répara les forteresses, ainsi que les forteresses d’Athrīb et de Manoūf qu’il occupa. Théodore fut incapable d’aider la forteresse de Babylone, même avec un seul soldat. Les Musulmans restèrent devant Babylone pendant sept mois puis finirent par fabriquer à l’insu des Romains  une très longue échelle. La nuit du vendredi 29 Dzoul Hijjah 20 H (7 décembre 641 EC), ils la posèrent contre le rempart de la forteresse et ‘AbdAllah Ibn Zoubayr (qu’Allah soit satisfait de lui) se donna sans réserve à Allah et grimpa l’échelle jusqu’au sommet des remparts, pendant que les Musulmans se pressaient derrière lui, au point que l’échelle fut sur le point de céder. Ceux qui se trouvaient au sommet de l’échelle crièrent : « Allahou Akbar » (Allah est le Plus Grand) !

 

Les Romains sombrèrent immédiatement dans le désespoir de par la soudaineté de l’attaque et cherchèrent à signer un traité de paix, en fonction duquel ils livreraient la forteresse et l’évacueraient.

 

Les Romains n’oublièrent pas, en quittant la forteresse, de fouetter une dernière fois les coptes qui y étaient emprisonnés, et de leur couper les mains.

 

Les Romains avaient détruit le pont qui reliait la forteresse à l’ile d’ar-Rawdah et ‘Amr (qu’Allah soit satisfait de lui) le fit reconstruire, ainsi qu’un pont qui reliait l’ile à al-Jīzah (Gizeh), un pont flottant reposant sur des bateaux.

 

‘Amr (qu’Allah soit satisfait de lui) était pressé d’avancer vers Iskandariyyah (Alexandrie) avant la crue annuelle du Nil qui immergeait la terre, et dont la saison durait un certain nombre de mois. (Cartes 103-104).

 

 ‘Amr (qu’Allah soit satisfait de lui) laissa Khārijah Ibn Houdhāyfah as-Sahmi (qu’Allah soit satisfait de lui) dans la forteresse de Babylone au commandement d’une force de Musulmans et, quant à lui, traversa le fleuve vers la rive occidentale du Nil. Il ne convenait pas de marcher au milieu du Delta à cause des villes, des villages et des rivières qui s’y trouvaient et qui étaient menacés par la crue quand la saison arriverait et ‘Amr (qu’Allah soit satisfait de lui), fidèle à la tradition des Arabes, choisit de marcher le long du désert. Il avait laissé sa tente sur la rive orientale, à sa place, parce qu’un pigeon avait fait son nid au-dessus et pondu ses œufs.

 

 

La Conquête de Naqyoūs 

La première forteresse  que ‘Amr (qu’Allah soit satisfait de lui) rencontra fut Naqyoūs, sur la rive orientale du Far‘ Rashīd (le canal de Rosette). Il y avait un gué dans le Nil à Tamout (Tarrana) qui reliait le Delta, les monastères de Wadi Natroun et Babylone – la route d’Alexandrie. Les Romains essayèrent de le défendre mais finirent par être vaincus, et les Musulmans traversèrent Far‘ Rashīd et se dirigèrent vers la rive occidentale. Ensuite, ils marchèrent 12 km vers le nord où se trouvait Naqyoūs, là où se trouve à présent le village de Shabshīr, au point de rencontre d’un canal qui s’étend depuis Athrīb et Manoūf vers le nord de Naqyoūs, et le Nil. Les Romains avaient une forteresse à Naqyoūs ainsi que des vaisseaux sur le fleuve. Ils eurent l’opportunité de s’embarquer dans une bataille sur terre et sur l’eau puisque les Musulmans ne possédaient pas un seul bateau mais le commandant byzantin Domintianus craqua nerveusement et s’enfuit dans ses bateaux vers Alexandrie. Dès que ses soldats virent cela, ils jetèrent leurs armes et sautèrent dans l’eau afin d’essayer de rattraper les bateaux qui faisaient demi-tour pour s’enfuir vers le nord. Les Musulmans tuèrent tous les soldats romains dans l’eau et nul n’en réchappa. Ils entrèrent à Naqyoūs sans rencontrer aucune opposition et nettoyèrent les régions environnantes.

 

Après cela, ‘Amr (qu’Allah soit satisfait de lui) traversa le Nil une fois de plus vers la rive occidentale puis s’élança vers le nord. Shourayk Ibn Soumayy marcha devant lui et, à environ 28 km, rencontra l’arrière garde romaine qui dépassait en nombre les forces de Shourayk qui n’hésita pas à les confronter mais qui fut encerclé. Les Musulmans durent se réfugier sur une hauteur et Shourayk envoya Malik Ibn Na'imah chercher l’aide de ‘Amr (qu’Allah soit satisfait de lui) qui envoya immédiatement des renforts à l’approche desquels les Romains s’enfuirent. L’élévation sur laquelle se trouvait Shourayk devint connue sous le nom de Koum Shourayk (la colline de Shourayk) et une ville y fut établie par la suite (Kom Sharīk).

 

Ensuite, ‘Amr (qu’Allah soit satisfait de lui) marcha jusqu’à ce qu’il rencontrât une autre force à Soultais qu’il vainquit ; ils s’enfuirent et traversa le canal d’irrigation d’Alexandrie vers le fort de Karyoūn à 36 km. Il n’y avait pas de fort au-delà avant Alexandrie et Théodore combattit férocement à Karyoūn. Il avait une grande force à sa disposition qui surpassait en nombre les Musulmans ; ils vinrent à lui depuis Khais, Sakhā et Balhīb. Les combats continuèrent pendant plus de 10 jours et pendant cette bataille ‘AbdAllah Ibn ‘Amr Ibn al-‘Ās (qu’Allah soit satisfait de lui) fut blessé. Les Musulmans conquirent Karyoūn et les Romains se retirèrent à Alexandrie, poursuivis par ‘Amr (qu’Allah soit satisfait de lui).

 

 

 

La Conquête d’Alexandrie 

‘Amr (qu’Allah soit satisfait de lui) lança une attaque contre les remparts d’Alexandrie mais fut repoussé par ses mangonneaux, et ils durent se retirer vers une zone hors de portée. Ils voulaient mettre fin à leur influence sur le reste de l’Egypte, en capturant les zones autour d’Alexandrie. Il laissa une garnison devant Alexandrie et marcha avec une force expéditionnaire vers Karyoūn, puis Damanhūr (Hermopolis), puis vers l’est et traversèrent le Nil vers le Delta. Il atteignit Sakhā qu’il ne put conquérir à cause de la puissance de ses remparts ; puis il marcha vers le sud et Toūkh, puis sur Damsīs, sur la rive orientale de Far‘ Dimyāt (le canal de Damiette) qu’il ne conquit pas mais prit une grande quantité de butin.

 

Hana Naqyoūsi rapporte que ‘Amr (qu’Allah soit satisfait de lui) atteignit Dimyāt (Damiette) lors de cette campagne, puis retourna à Hisn Bab al-Yoūn (le fort de Babylone) après avoir achevée une tournée qui dura 12 mois à partir de la bataille de ‘Ayn Shams. Nous estimons que c’est à cette époque que ‘Amr (qu’Allah soit satisfait de lui) entreprit la conquête de la région d’Al-Fayoūm (Fayoum).

Alors qu’il se trouvait à Babylone, Mouqawqis vint lui proposer un traité de paix, à condition que les Musulmans se retirent d’Alexandrie pour 11 mois et que les Chrétiens payeraient la Jizyah au taux de deux dinars pour chaque homme et qu’aucune Jizyah ne serait prise des enfants et des personnes âgées. La somme collectée s’éleva à 12 millions de dinars, ce qui était le montant dû pour six millions de personnes, en échange de quoi le peuple d’Egypte serait protégé, ainsi que leur religion, leurs biens, leurs églises, leurs croix et leur terre et mer... etc.

 

Le traité fut signé le 28 Dzoul Qi‘dah 20 H (8 novembre 641 EC) d’après les recherches de Butler. Mouqawqis n’annonça pas ce traité jusqu’à ce que le peuple d’Alexandrie fut soudain confronté à l’arrivée des Musulmans dans la ville en Dzoul Qi’dah 21 H / Octobre 642 EC. Mouqawqis les convainquit qu’il n’y avait rien à gagner à continuer les combats et qu’il valait mieux acheter sa religion, sa vie, ses biens et sa sécurité pour seulement deux dinars par an, sans avoir rien à payer pour les femmes, les personnes âgées, les enfants et ceux qui ne pouvaient pas combattre.

 

‘Amr construisit Fostat comme nouvelle capitale d’Egypte à la place d’Alexandrie, et creusa de nouveau le Khalīj, la voie navigable de l’Amīr al-Mou'minin entre le Nil et Qoulzoum sur la Mer Rouge ; connecté à la Mer Méditerranéenne par le Nil. La voie navigable avait été enterrée depuis longtemps par négligence et ‘Amr (qu’Allah soit satisfait de lui) la creusa à nouveau. L’Egypte entra donc au sein de l’état musulman et passa sous sa protection après avoir été le grenier à grain de l’empire byzantin.