Al-Qouds (Bayt
al-Mouqaddas) ou Jérusalem
Le siège de Jérusalem par les Musulmans dura quatre mois puis les
Chrétiens, découragés, acceptèrent de signer un traité de paix si le
Calife leur rendait visite en personne ; ainsi le Calife ‘Umar
(qu’Allah soit satisfait de lui) se rendit à Jérusalem. L’Imam Ibn
Kāthīr écrit qu’acceptant les termes des Chrétiens de Jérusalem, le
Calife ‘Umar al-Faroūq (qu’Allah soit satisfait de lui) signa un
traité de paix, puis entra dans la mosquée (Bayt al-Mouqaddas) et
offrit deux unités (rak’ah) de prière dans le Mihrab (alcove) de
Dāoūd (David, paix sur lui). Le Calife guida la prière du lendemain
matin (Fajr), récitant la Sourate Sād dans la première Rak‘ah et
dans la seconde Rak‘ah, la Sourate al-Isrā'. Ka’b al-Ahbār le mena
au Rocher et lui suggéra de construire une mosquée juste derrière,
mais cela déplut au Calife qui dit : « Tu viens de prononcer une
parole tout comme les Juifs ! » Cependant, ‘Umar Ibn al-Khattāb
(qu’Allah soit satisfait de lui) organisa la construction d’une
mosquée devant Bayt al-Mouqaddas (Mosquée al-Aqsa), qui est de nos
jours la mosquée de ‘Umar. Après cela, ‘Umar nettoya le rocher avec
son vêtement. Suivant le calife ‘Umar Ibn Al-Khattāb (qu’Allah soit
satisfait de lui), les Musulmans, présents à ce moment-là, se
hâtèrent de nettoyer le Rocher qui servait de décharge publique (et
n’avait rien de saint à l’époque !) et l’on demanda aux Jordaniens
de nettoyer le reste des déchets.
Il faut noter que par inimitié pour les Juifs, les Chrétiennes
avaient l’habitude de jeter des linges souillés et des déchets sur
le Rocher, parce qu’il se trouvait dans la direction des actes
d’adoration (Qiblah) pour les Juifs ; c’était réponse immorale des
Chrétiens aux Juifs qui, d’après une histoire mensongère,
crucifièrent ‘Issa (Jésus fils de Marie, paix sur eux) et jetèrent
des déchets sur sa prétendue tombe. L’endroit fut donc baptisé
Qoumāmah c’est-à-dire le tas de fumier. Vers 326 EC, les Chrétiens
construisirent sur le lieu même une église qui fut connue sous le
nom de Qoumamah. (Al-Bidayah wa an-Nihayah : 7/57).
En 326 EC, Constantin le Grand construisit l’église du
Saint-Sépulcre sur la soi-disant tombe de ‘Issa (Jésus fils de
marie, paix sur eux) que les croisés européens reconstruisirent en
1131-1144 EC. (Al-Mounjid fil-A‘lam : 444). A son départ, ‘Umar Ibn
al-Khattāb (qu’Allah soit satisfait de lui) ordonna qu’une mosquée
soit construite près du Rocher et du site où le Prophète (Saluts et
Bénédictions d’Allah sur lui) avait attaché al-Bourāq, là même où
‘Umar Ibn al-Khattāb (qu’Allah soit satisfait de lui) avait accompli
la prière avec ses compagnons. Cette mosquée devint connue dans
l’histoire islamique sous le nom de
مسجد الأقصى
ou Aqsa (la lointaine). (Da'irah Ma‘arif-i-Islamiyyah : 16-1/298) Le
Qur‘an (Coran) l’avait déjà mentionnée comme étant Masjid al-Aqsa (مسجد
الأقصى).
Khālid avança vers Qinnasrīn, alors qu’Aboū ‘Oubaydah (qu’Allah soit
satisfait de lui) marchait sur Halab qu’il conquit, puis sur
Antākiyah (Antioche) qui avait été le centre d’opération d’Héraclius
dans toutes les étapes de la conquête qu’il avait quittée après
Yarmoūk. Ensuite, Aboū ‘Oubaydah (qu’Allah soit satisfait de lui)
nettoya le nord de la Syrie et son littoral.
La conquête d’al-Qouds (Jérusalem) fut achevée en Rabī‘ al-Akhir 16
H (Mai 637 EC) par un traité de paix entre le Commandeur des
croyants ‘Umar Ibn al-Khattāb (qu’Allah soit satisfait de lui) et
Sofronius, le patriarche d’al-Qouds (Jérusalem). Quant à Qayssāriyah
(Césarée), la conquête en fut achevée en Shawwāl 16 H (Septembre /
Octobre 637 EC), après quoi la Syrie devint musulmane.
La Bataille d’Ajnādayn (Samedi 27 Joumādah al-Awwal, 13 H / 29
Juillet 634 EC)
Après la conquête de Bosra le 25 Rabī‘ al-Awwal 13 H (Mai 634 EC),
les Musulmans assiégèrent Damas avec les forces de Khālid Ibn Walīd
(qu’Allah soit satisfait de lui) et d’Aboū ‘Oubaydah Ibn al-Jarrāh
(qu’Allah soit satisfait de lui), alors que Shourahbīl (qu’Allah
soit satisfait de lui) était à Bosra, Yazīd Ibn Abi Soufyan
(qu’Allah soit satisfait d’eux) à Balqā' et ‘Amr Ibn ‘Ās (qu’Allah
soit satisfait de lui) en Palestine. Puis, ils apprirent la nouvelle
que Wardān, le gouverneur romain d’Hims, l’avait quittée avec une
grande armée et qu’il se dirigeait vers Shourahbīl (qu’Allah soit
satisfait de lui) à Bosra, avec une force de 7.000 hommes. En même
temps, une autre armée romaine de 70.000 hommes avançait depuis la
Haute Palestine. Cette force commandée par Tazaraq avança et
atteignit Ajnādayn où elle fut rejointe par un grand nombre d’alliés
bédouins des Romains. Wardān marcha d’Hims à Baalbek, puis à Safad
(Zefat) et Tabariyah (Tiberiade), afin de traverser le fleuve
Jourdain, pour affronter Shourahbīl.
Khālid (qu’Allah soit satisfait de lui) écrivit à Shourahbīl, à
Yazīd et ‘Amr (qu’Allah soit satisfait d’eux) leur demandant de le
rejoindre à Ajnādayn, et Shourahbīl (qu’Allah soit satisfait de lui)
se mit en route de Bosra avant que Wardān y arrive ; et tous – les
Musulmans et les Romains – se dirigèrent vers Ajnādayn.
Ajnādayn n’était ni une ville ni un village mais plutôt un carrefour
vers lequel se dirigèrent plus de 100.000 soldats romains, avec
l’intention de se rassembler. Les Musulmans, avec une force de
33.000 hommes, y arrivèrent avant eux.
Les Romains commencèrent à attaquer le flanc droit de la force
musulmane qui résista à l’attaque. Puis ils attaquèrent le flanc
gauche des Musulmans qui résistèrent encore à l’attaque, mais les
Romains se retirèrent et commencèrent à les arroser d’une pluie de
flèches. Khālid (qu’Allah soit satisfait de lui) les attaqua alors
sur toute la ligne de front et les Romains ne purent résister à la
charge ; ils furent vaincus et s’enfuirent vers al-Qouds
(Jérusalem), Césarée, Damas et Hims.
Les Musulmans tuèrent 3.000 d’entre eux et prirent leur camp et tout
ce qu’il contenait. Khālid (qu’Allah soit satisfait de lui) envoya
‘Abder Rahmāne Ibn Hanbal al-Joumhi à Aboū Bakr (qu’Allah soit
satisfait de lui) pour l’informer de leur victoire. Puis il (Khālid)
retourna avec les Musulmans au siège de Damas qu’il ne put
conquérir.
Lors de la bataille d’Ajnādayn, Aboū ‘Oubaydah (qu’Allah soit
satisfait de lui) commandait l’infanterie, au centre, alors que
Mou‘ādh Ibn Jabal (qu’Allah soit satisfait de lui) commandait le
flanc droit, Sa‘īd Ibn ‘Amīr Ibn Houdhaym (qu’Allah soit satisfait
de lui) commandait l’aile gauche et Sa‘īd Ibn Zayd Ibn ‘Amr
(qu’Allah soit satisfait de lui) la cavalerie.
L
a Bataille de Fihl-Bayssān (Mardi 28 Dzoul Qi’dah 13 H / 23 janvier 635 EC)
L’armée musulmane comptait 32.000 soldats : dont 5.300 étaient en
Palestine, sous le commandement de ‘Amr Ibn al-‘Ās et Shourahbīl Ibn
Hassanah (qu’Allah soit satisfait d’eux). Donc, 26.700 hommes
commandés par Aboū ‘Oubaydah Ibn al-Jarrāh, Khālid Ibn Walīd et
Yazīd Ibn Abi Soufyan (qu’Allah soit satisfait d’eux) avancèrent sur
Damas et l’assiégèrent.
Héraclius envoya 10.000 hommes d’Antākiyah (Antioche) à Baalbek où
ils furent rejoints par les forces de Baalbek and d’Hims, qui
augmentèrent leur nombre pour atteindre 20.000. Il envoya également
ses armées, qui étaient arrivées de Byzance (Constantinople), vers
le littoral syrien, à Bayssān en passant par Marj Ibn ‘Amīr. Aboū
‘Oubaydah (qu’Allah soit satisfait de lui) avait envoyé 5.000 hommes
à Baalbek, commandés par Khālid Ibn Walīd (qu’Allah soit satisfait
de lui), mais quand il (Khālid) trouva que les Romains avaient
marchés de là à Bayssān, il retourna à Damas.
Ensuite, Khālid (qu’Allah soit satisfait de lui) marcha avec une
avant-garde en direction de ‘Amr et Shourahbīl (qu’Allah soit
satisfait d’eux), alors qu’Aboū ‘Oubaydah (qu’Allah soit satisfait
de lui) suivait et que Yazīd (qu’Allah soit satisfait de lui)
continuait le siège de Damas. Les forces romaines étaient
rassemblées à Baisān (Bayssān), alors que les forces musulmanes
étaient concentrées à Fihl. Les Romains barrèrent le fleuve Jaloūd
(Jaloūt, la rivière de Jaloūt est un affluent du Jourdain situé sur
la plaine de Bayssān. (Al-Mounjid fil-A‘lām) ‘Ayn Jaloūt était un
village au début de la vallée de Jaloūt. Le Prophète Dāoūd (David,
paix sur lui) y tua Goliath (à Jaloūt), et la région fut nommée
d’après lui. Cependant, les chroniqueurs de la croisade donnent
Toubania à la place de ‘Ayn Jaloūt. La fameuse bataille de ‘Ayn
Jaloūt eut lieu le 3 septembre 1260 EC/25 Ramadan 658 H entre le
dirigeant mamelouke égyptien al-Malik al-Mouzaffar Qoutouz et les
Mongols, dans la vallée de Jazrel en Palestine, juste au nord de
Samarie. (Da‘irahMa‘arif-i-Islamiyyah : 14-2/396,397)) en en
détruisant les ponts et la zone entre les Romains et les Musulmans
devint marécageuse, créant une barrière protectrice entre leurs
positions et gardant les Musulmans en attente pour que les renforts
romains envoyés par Héraclius puissent arriver. Le commandant romain
était Secularius, connu des Arabes sous le nom d’as-Saqallar.
Secularius avait l’intention de prendre les Musulmans par surprise
lors d’une attaque nocturne, alors qu’ils seraient en train de
dormir dans leur camp de Fihl ; il avança donc avec son armée et
passa la zone marécageuse. Ce qu’il ne savait pas, c’est que les
Musulmans avaient formé leurs rangs, qu’au commandement de
l’avant-garde se trouvait Khālid Ibn Walīd (qu’Allah soit satisfait
de lui), et que tous étaient des cavaliers. Mou‘ādh Ibn Jabal
(qu’Allah soit satisfait de lui) commandait le flanc droit alors que
l’aile gauche était commandée par Hāshim Ibn ‘Outbah (qu’Allah soit
satisfait de lui) et l’infanterie par Sa‘īd Ibn Zayd (qu’Allah soit
satisfait de lui). La cavalerie avança en trois sections, sous les
ordres de Khālid Ibn Walīd (qu’Allah soit satisfait de lui), Qays
Ibn Houbayrah et Mayssarah Ibn Masroūq (qu’Allah soit satisfait
d’eux). Sa’īd Ibn Zayd marcha derrière eux, puis Mou‘adh et Hāshim
(qu’Allah soit satisfait d’eux).
Les Musulmans traversèrent le Jourdain et les Romains continuèrent
d’avancer en croyant que les Musulmans dormaient,
jusqu’à ce que soudain ils tombent sur eux. Les Romains
avaient observé la supériorité des Musulmans dans l’art de monter à
cheval et les chevaux romains ne tinrent pas le coup, ils
installèrent leur cavalerie, accompagnée de 50.000 à 80.000
fantassins. Ils placèrent leur cavalerie sur la ligne de front, au
centre, et chaque cavalier se trouvait entre un archer et un lancier
pour le protéger tandis que derrière eux venaient les rangs
d’infanterie.
Les Romains arrangèrent leur armée en un centre, une aile droite et
gauche, alors que les Musulmans plaçaient leur cavalerie devant
l’infanterie.
Khālid (qu’Allah soit satisfait de lui) observa ce que les Romains
avaient fait et se rendit compte qu’ils protégeaient leur cavalerie,
plutôt que de l’utiliser pour les attaquer. Alors, avec la cavalerie
musulmane, il commença à attaquer les flancs de l’infanterie
romaine, qui n’était pas protégée par la cavalerie. Les Romains
commencèrent à craindre pour leurs flancs et se hâtèrent de retirer
de sa position leur cavalerie sans défense pour l’envoyer sur les
flancs pour les protéger ; et ce fut l’affrontement qu’ils avaient
essayé d’éviter. La cavalerie de Khālid annihila la cavalerie
romaine.
Puis Aboū ‘Oubaydah (qu’Allah soit satisfait de lui) exécuta un
assaut total avec l’infanterie et la cavalerie de Mayssarah Ibn
Masrouq al-‘Absi (qu’Allah soit satisfait de lui).
Les Musulmans s’occupèrent des deux ailes de la force ennemie puis
concentrèrent leur attention sur le centre jusqu’à ce qu’ils l’aient
dissout, mais la nuit était noire et ils forcèrent l’armée romaine
vers les marais qui s’étendaient derrière eux où ils s’embourbèrent.
Les Musulmans les pourchassèrent de leurs lances et tuèrent leur
commandant, Secularius, ainsi que 10.000 de ses soldats. Le reste
s’enfuit dans les directions en Syrie, et les Musulmans conquirent
la région du Jourdain et prirent ses terres fertiles, alors que les
Romains abandonnaient leurs forteresses, en échange d’une garantie
de sécurité.
Après la chute de Damas, les Musulmans attendirent que s’achève leur
premier hiver rigoureux, qui afflige la Syrie, puis ils occupèrent
Ba‘labak (Baalbek) et Hims, et après cela, ‘Amr Ibn al-‘Ās (qu’Allah
soit satisfait de lui) retourna en Palestine, alors que Khālid Ibn
Walīd et Yazīd Ibn Abi Soufyan (qu’Allah soit satisfait d’eux)
restaient à Damas. Les Romains ne purent tenir à Baalbek et
n’opposèrent aucune défense sérieuse à Hims. Ils ne souffraient pas
d’une déficience en effectifs, car Héraclius avait rassemblé autant
de soldats qu’il avait pu de Byzance (Constantinople), d’Arménie et
d’al-Jazīrah. Il avait même demandé l’aide des empires occidentaux
et une force de 200.000 soldats s’était rassemblée pour lui et était
arrivée par terre et mer, commandée par Bāhān (Baanes). Les
Musulmans étaient quant à eux 33.000.
Lorsque les nouvelles du rassemblement des troupes romaines
atteignit Aboū ‘Oubaydah (qu’Allah soit satisfait de lui), il rendit
la Jizyah qu’il avait collectée des habitants de Hims et se
retira de Damas. Les Romains pourchassèrent les Musulmans et
reprirent Hims et Baalbek, puis avancèrent par la vallée d’al-Biqā‘,
en direction de Hoūlah, au lieu de Damas.
Les Musulmans se rendirent compte que les Romains entreprenaient une
opération majeure pour les encercler, et Mou‘adh Ibn Jabal (qu’Allah
soit satisfait de lui) fut confronté à un nouveau retrait de Damas à
cause de la difficulté de reprendre le territoire qu’ils avaient
évacué et parce qu’une condition de la Jizyah était que ceux
qui l’avait payée devait être défendus.
Aboū ‘Oubaydah (qu’Allah soit satisfait de lui) fut d’accord avec
Mou‘adh (qu’Allah soit satisfait de lui), mais ‘Amr Ibn al-‘Ās
(qu’Allah soit satisfait de lui) envoya une lettre de Palestine les
informant que les habitants s’étaient rebellés, ainsi que les
habitants de Jordanie et qu’ils avaient violé leurs traités. Il fut
donc décidé qu’ils se retireraient vers le sud pour rejoindre
l’armée de ‘Amr (qu’Allah soit satisfait de lui). Ils se
rassemblèrent à al-Jābiyah et, avec l’accord d’Aboū ‘Oubaydah
(qu’Allah soit satisfait de lui), Khālid se désigna commandant.
Pendant ce temps, les Romains précédaient les Musulmans via Wadi
al-Biqā‘ (la vallée de Bekaa) et la vallée du Jourdain, afin de les
prendre par surprise depuis le sud de leurs positions et leur couper
toute retraite.
Les Musulmans décidèrent de transférer leur camp de Jābiyah à
Adhri‘āt, alors que les Romains se dirigeaient vers Jābiyah, pour y
trouver que les Musulmans en étaient déjà partis. Leur arrière était
protégée par leur cavalerie et leurs archers jusqu’à ce qu’ils
arrivent à Adhri‘āt. Les Romains s’arrêtèrent à Dayr Ayyoūb le mardi
21 Joumādah al-Akhirah 15 H (le 31 juillet 636 EC).
Puis une lettre parvint à Bāhān (Baanes) de la part d’Héraclius lui
ordonnant de se déplacer vers une zone plus étendue, afin de tirer
bénéfice de leur grand nombre ; un lieu qui ne limiterait pas la
capacité de leurs armées à pouvoir fuir.
Il déplaça dont son armée sur les rives du Yarmoūk – entre
les fleuves Raqqād et ‘Allān. Le Raqqād, qui se trouvait derrière
les Romains, coulait dans un ravin profond, comme le Yarmoūk. Il est
possible que, par manque de sagacité de leur part, ils le
considérèrent comme une barrière naturelle, protégeant leurs
arrières. Le samedi 25 Joumādah al-Akhirah 15 H (4 août 636 EC),
Khālid (qu’Allah soit satisfait de lui) déplaça les forces
musulmanes et s’arrêta sur le chemin des Romains, leur bloquant le
chemin. (Carte 88 -Yarmoūk 2). Il organisa alors ses forces, plaçant
en unités serrées le centre, le flanc droit et le flanc gauche. Les
Romains organisèrent également leurs rangs et placèrent Ibn Qanātir
(Boccinateur) au commandement de leur flanc droit et avec lui se
trouvait Jarjīr (Grégory) qui commandait les Arméniens. Au
commandement du flanc gauche, ils avaient placé Daranjār et ils
avaient positionné 12.000 hommes des tribus arabes de Ghassān – qui
étaient leurs vassaux – en avant-garde commandée par Jablah Ibn
Ayham. Les Musulmans apprirent que les Romains se préparaient à les
attaquer à l’aube et ils passèrent la nuit à organiser leurs rangs.
Le lundi 5 Rajab 15 H (12 août 636 EC), Bāhān (Baanes) avança avec
sa force de 80.000 cavaliers et de 120.000 fantassins, qui se
déplaçaient comme la nuit qui tombe et le fleuve qui coule ; et les
arrangea en 20 rangs qui chacun mesuraient 7 km ou plus. Ils firent
un bruit de tonnerre et levèrent haut leurs croix. Ils étaient
accompagnés par leurs évêques et leurs prêtres
qui les incitaient à combattre. Trente-mille d’entre eux
s’étaient enchainés par rangs de dix
afin de ne pas pouvoir s’enfuir et pour se renforcer les uns
les autres.
Les femmes des Musulmans se tenaient sur
une élévation derrière leurs rangs et les cavaliers musulmans
étaient arrangés en trois rangs devant eux. Khālid (qu’Allah soit
satisfait de lui) considérait que, à cause du manque d’effectifs de
sa cavalerie, ils ne pourraient pas supporter la force de l’attaque
romaine, et il les divisa donc en deux sections, la moitié commandée
par lui-même, derrière le flanc droit des Musulmans et l’autre
moitié commandée par Qays Ibn Houbayrah, derrière leur flanc gauche.
Il plaça Aboū ‘Oubaydah (qu’Allah soit satisfait de lui) au
commandement de 300 hommes derrière le centre
afin de les renforcer et de les encourager, et à sa place il
mit Sa‘īd Ibn Zayd (qu’Allah soit satisfait de lui)
au commandement du centre.
1. Les Musulmans feraient de leur mieux pour résister à l’assaut
romain.
2. Les rangs musulmans seraient incapables de soutenir totalement
l’attaque romaine, mais provoqueraient le désordre et la confusion
dans les rangs ennemis et briseraient leur homogénéité, bien que
cela causerait de nombreuses pertes chez les Musulmans.
3. A ce point, sa cavalerie, déterminée et concentrée, émergerait de
derrière le flanc gauche pour attaquer les flancs gauche et droit
des Romains par les côtés. Dans ses batailles critiques (Ouhoud,
‘Aqrabā' et Yarmoūk), Khālid (qu’Allah soit satisfait de lui)
attendait qu’une brèche soit ouverte dans les rangs ennemis afin de
prendre le dessus dans la situation stratégique.
Le flanc gauche des forces romaines commandé par Daranjār poussa
fort contre le flanc droit des Musulmans commandé par Mou‘ādh Ibn
Jabal (qu’Allah soit satisfait de lui) et constitué des tribus
d’Azd, de Mazhij, d’Hadarmaut, de Himyar et de Khawlan. Les
Musulmans tinrent bon contre l’assaut romain et combattirent
férocement jusqu’à ce que les Romains se révèlent supérieur et que
Bāhān les repousse. Il repoussa les Musulmans de leurs positions sur
le flanc droit, vers le centre, et certains se retirèrent vers leur
camp. Puis ils se rallièrent et reprirent leurs positions. L’armée
romaine augmenta en nombre et 20.000 cavaliers romains entrèrent
dans le campement musulman, à l’arrière du flanc droit. En même
temps, Ibn Qanātir lança l’aile droite romaine contre le flanc
gauche musulman constitué des tribus de Kinānah, Qays, Lakhm,
Joudham, Khath’am, Ghassān, Qouda‘āh et ‘Āmilah. Ce flanc gauche fut
alors poussé vers le centre et la cavalerie romaine se rua en avant
vers le flanc gauche, comme elle l’avait fait du flanc droit, vers
le campement musulman situé derrière eux où ils furent reçus par les
femmes musulmanes qui les frappèrent avec les piquets des tentes.
Le centre des forces musulmanes, commandé par Sa’īd Ibn Zayd
(qu’Allah soit satisfait de lui), tint bon et derrière eux se
trouvait Aboū ‘Oubaydah Ibn al-Jarrāh (qu’Allah soit satisfait de
lui).
A ce stade, Khālid (qu’Allah soit satisfait de lui) et Qays Ibn
Houbayrah avancèrent avec la cavalerie musulmane et attaquèrent les
Romains qui avaient pénétré dans leur campement ; ils les
maitrisèrent et tuèrent 10.000 d’entre eux dans leur camp. Ce fut un
choc pour les Romains et ceux qui le purent s’enfuirent par les
tentes des Musulmans vers un endroit éloigné de la bataille,
poursuivis par les Musulmans jusqu’à ce qu’ils s’en aillent. Ainsi
la cavalerie romaine fut soudain supprimée du champ de bataille,
soit en étant tuée ou ayant fui. Alors Khālid (qu’Allah soit
satisfait de lui) et Qays retournèrent avec la cavalerie musulmane
vers la bataille en cours. L’armée romaine avait observé leur
cavalerie avancer puis disparaitre vers le camp musulman puis la
cavalerie musulmane revint à leur place, ce qui brisa l’infanterie
romaine et lui infligea ce que l’on connait de nos jours sous le
terme de guerre psychologique alors que la bataille faisait rage et
leur résolution détruite. Puis les Musulmans les attaquèrent avec
toute leur armée, ce qui fut intolérable pour les Romains, qui
firent demi-tour et s’enfuirent. Les narrateurs ont rapporté : « C’était
comme si un mur était tombé sur eux et les Musulmans les
repoussaient vers le point où les fleuves Raqqād et Yarmoūk se
rejoignaient, c'est-à-dire un ravin profond. Les Romains qui
s’étaient enchainés les uns aux autres n’étaient qu’en plus grande
difficulté et les Musulmans les conduisirent vers le ravin, les
faisant tomber de très haut. Le nombre de Romains tués fut estimé à
environ 120.000 soldats, en plus de ceux qui furent tués dans la
bataille. Ceci eut lieu tard dans la nuit, ce qui signifie que les
Musulmans et les Romains avaient une très mauvaise visibilité. Les
Musulmans se lancèrent alors à la poursuite de ceux qui avaient fui. »
1. Khālid (qu’Allah soit satisfait de lui) ne demanda à ses soldats
que de la persévérance, ce à quoi ils se conformèrent.
2. Il obtint la victoire, compte tenu du retrait anticipé des
Romains grace au support de ses unités de réserves mobiles, sa
cavalerie dont il avait fait des forces de réserves.
3. Quand une immense armée est déployée pour attaquer, normalement
le désordre s’installe, et Khālid (qu’Allah soit satisfait de lui)
attendit l’émergence du désordre parmi les forces romaines, afin de
pouvoir envoyer sa cavalerie dans la bataille. Khālid (qu’Allah soit
satisfait de lui) commença la bataille par un combat défensif puis
manœuvra au bon moment (ce qui devint une théroie de Clausewitz au
XIIème siècle H / XIXème siècle EC).
4. Dans sa tentative de faire pencher la balance en sa faveur
pendant la bataille, Khālid (qu’Allah soit satisfait de lui) compta
sur l’utilisation de tactiques de choc contre les forces romaines
(ce qui devint aussi une thérie de Liddell-Hart au XIVème siècle /
XXème siècle EC).
Héraclius apprit
la défaite alors qu’il se trouvait à Antākiyah (Antioche) et dit :
« Je t’envoie les salutations de paix, Ô Syrie, les salutations
de celui qui s’en va, les salutations de paix de celui qui part en
pensant ne jamais te revoir et qu’aucun Romain ne reviendra jamais
vers toi si ce n’est dans la crainte. Paix sur toi, Ô Syrie. Cette
plus belle des provinces appartient dorénavant à l’ennemi. »