La Conquête de
la Syrie et de la Palestine
La lettre du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) à
Héraclius
« Au Nom d’Allah, le Très-Miséricordieux, le Tout-Miséricordieux.
Que la paix soit sur celui qui suit le Droit Chemin. Je t’invite à
l’Islam et si tu deviens Musulman tu seras sauf, et Allah doublera
ta récompense, et si tu rejettes cette invitation à l’Islam tu
commettras un péché en égarant tes sujets. Et je te récite la parole
d’Allah : {Dis : « Ô gens du Livre, venez à une parole commune
entre nous et vous : que nous n’adorions qu’Allah, sans rien Lui
associer, et que nous ne prenions point les uns les autres pour
seigneurs en dehors d’Allah. » Puis, s’ils tournent le dos, dites :
« Soyez témoins que nous, nous sommes soumis. »} (Sourate
Al-‘Imran 3 : 64)
La conquête d’ash-Shām
(La Syrie)
Et tout comme la conquête de l’Irak basée sur le premier plan ne fut
pas achevée, de même la conquête de la Syrie d’après le premier plan
ne fut pas achevée. Ce plan était que chaque armée serait
responsable d’un secteur particulier jusqu’à ce que la conquête en
soit achevée mais l’opération de la conquête de la Syrie rencontra
des difficultés. Khālid Ibn Sa’īd qui commandait la force de réserve
à al-Balqā', au sud de la Syrie, avança jusqu’à Marj as-Souffar sans
l’autorité ni la permission du calife et les Romains
l’interceptèrent et dispersèrent ses forces, ce qui empira la
situation.
Après ceci, Aboū Bakr as-Siddiq (qu’Allah soit satisfait de lui)
chargea son commandant en Irak, Khālid Ibn Walīd (qu’Allah soit
satisfait de lui), d’avancer avec la moitié de son armée vers la
Syrie et de prendre le commandement des opérations de conquête.
Le territoire d’ash-Shām
(Syrie)
La nature géographique de la Syrie eut une influence majeure sur le
cours des évènements de la guerre entre les Musulmans et les
Byzantins. Toute la côte de Syrie se situe le long du littoral
oriental de la Mer Méditerranée. C’est une plaine qui se rétrécit
jusqu’à atteindre une largeur de quelques centaines de mètres près
de Joūniyah (Jounie) et Beyrouth ; elle s’élargit légèrement au sud,
en Palestine. Cette plaine est bordée à l’est par les montagnes du
Liban, dont l’altitude moyenne est de 5.000 pieds (1.5 km) dans la
région centrale et en certains endroits elles s’élèvent à 11.000
pieds (3.3 km) au-dessus du niveau de la mer. Ces montagnes
s’étendent du Golfe d’Iskenderun aux montagnes du Hījaz au sud ;
extension naturelle de ces dernières.
Ces ouvertures incluent le Wadi (bassin) du fleuve connu sous
le nom d’al-‘Āssi, qui s’écoule du nord, près d’Antākiyah (Antioche)
et Marj Ibn ‘Amīr, située à l’est de ‘Akkā (Acre) et devant Haïfā.
Une dépression longue mais étroite cour également parallèlement à
ces montagnes, à l’est, qui commence au nord, près de la plaine
d’Al-‘Oumq, puis al-Biqa‘ (Bekaa) au sud. Sa largeur fluctue entre
huit et quatorze kilomètres, alors que sa longueur est
En addition, ces cours d’eau s’écoulent directement du nord au sud
et parallèlement de l’est à l’ouest, bien qu’ils soient différents
de par la nature du terrain.
Cela affecta les marches des armées et l’application de la stratégie
musulmane comme des armées byzantines, comme nous allons le montrer.
En obéissance aux ordres du calife, Khālid Ibn Walīd (qu’Allah soit
satisfait de lui) traversa le désert de Samāwah de l’Irak à la
Syrie. Là, nous observons les débuts d’une nouvelle stratégie de la
part des Musulmans, qui définit clairement, pour les cinq armées
unies sous un commandement et qui n’étaient plus considérées comme
des divisions séparées, avec des responsabilités séparées. Plutôt,
elles avancèrent comme une seule unité, pour assiéger la ville de
Damas, dans le but de la conquérir parce que Damas était la capitale
de la Syrie et était entourée de fortifications, qui en faisaient
une puissante forteresse dont une tranchée remplie d’eau entourait
ses remparts. Les besoins de la ville en eau fraiche étaient assurés
par les canaux de la rivière Barada. Si Damas passait aux Musulmans,
la capitale de la province et la plus puissante forteresse de Syrie
tomberait tout comme la réputation de l’empire byzantin.
Les commandants de l’empire romain avaient
une stratégie pour combattre cette invasion et il est de notre avis
que l’empereur romain Héraclius acquit et apprit cette stratégie de
ses précédentes terribles guerres contre les Perses car, Khosro
Pervez (Chosroès II) avait envoyé ses armées en Syrie, en Egypte, à
al-Jazīrah, en Arménie et en Anatolie
qu’il avait arraché des mains des
Romains byzantins.
Puis ses armées s’étaient arrêtées devant les murs de
Constantinople, avec l’intention de la conquérir, et la situation
des Byzantins devint extrêmement périlleuse. Héraclius se rendit
compte de sa faiblesse et de la nature critique de sa position et il
s’embarqua dans une action surprenante qui fut couronnée de succès :
il prépara les forces qu’il put, laissa l’immense armée perse devant
les murs de Constantinople (l’ancienne Byzance) et traversa la Mer
Noire, jusqu’aux côtes de l’Arménie. De là, il se précipita avec son
armée vers al-Jazīrah puis à Dastajird (Dastegerd), Madā'in
(Ctésiphon), pendant que l’armée de Chosroès (Khosro) était absente.
C’était une attaque surprise qui prit les Perses complètement au
dépourvu ce qui eut pour conséquence leur défaite écrasante.
Héraclius prit les palais de Chosroès, ses femmes et enfants, et
Chosroès dut faire face à l’humiliation. Madā'in (Ctésiphon) fut
contraint de signer un traité de paix, à condition que toutes les
possessions romaines devraient être rendues et l’armée perse
contrainte de rentrer à Constantinople, sa patrie.
Une Prophétie
miraculeuse du Qur‘an
A la suite des premières conquêtes perses de territoires byzantins,
les premiers versets de la Sourate ar-Roum avaient été révélés ; ces
versets coraniques parlaient de ces conquêtes et de la défaite
romaine et fit une prophétie à leur sujet – et à cette époque, la
Perse était à l’apogée de sa puissance et de sa grandeur – que les
Romains seraient victorieux avant trois à neuf ans : {Alif, Lam,
Mim. Les Romains ont été vaincus, dans le pays voisins, et après
leur défaite ils seront les vainqueurs, dans quelques années. A
Allah appartient le commandement, au début et à la fin, et ce
jour-là les Croyants se réjouiront du secours d’Allah. Il secourt
qui Il veut et Il est le Tout-Puissant, le Tout-Miséricordieux.
C’est [là] la promesse d’Allah. Allah ne manque jamais à Sa promesse
mais la plupart des gens ne savent pas.} (Sourate ar-Rum 30 : 1-6).
La stratégie
romaine de l’approche indirecte
Héraclius apprit de ses précédentes expériences la stratégie de
l’approche indirecte, et comprit que la stratégie de la
confrontation face-à-face était la plus faible des stratégies et que
la meilleure tactique était de frapper l’ennemi par derrière... si
possible au siège de son gouvernement.
Mais le territoire musulman, en dépit de son manque de forteresses
et de citadelles, rendit impossible à une grande armée bien équipée
de l’envahir ; avec ses déserts, ses montagnes, sa sècheresse et ses
territoires inconnus, et ce fait rendit aussi impossible à Héraclius
et ses commandants d’envisager une telle aventure. En plus de ceci,
il ne possédait pas de flotte sur la Mer Rouge et c’était comme si
la péninsule arabe avait possédé une valve permettant d’en sortir
les armées, mais ne permettant pas aux armées extérieures de s’y
diriger. Pour cette raison, nous trouvons qu’Héraclius mit en
application ses tactiques guerrières à une échelle moindre que
lorqu’il affronta Khosro. Il envoya ses armées au sud du campement
musulman afin de leur couper toute retraite et de les attaquer par
derrière.
Les évènements de
la conquête de Syrie
A peine Khālid Ibn Walīd (qu’Allah soit satisfait de lui)
arriva-t-il en Syrie qu’il se mit en route pour conquérir Bosra. Il
acheva cela le 25 Rabī‘ al-Awwal 13 H (30 Mai 634 EC), afin de
protéger les armées musulmanes en Syrie, ainsi que leur base à
al-Madinah. Ensuite, il marcha sur Damas, avec l’intention de
l’assiéger. Il était accompagné d’Aboū ‘Oubaydah Ibn al-Jarrāh
(qu’Allah soit satisfait de lui), alors que Shourahbīl Ibn Hassanah
(qu’Allah soit satisfait de lui) restait à Bosra, ‘Amr Ibn al-‘Ās
(qu’Allah soit satisfait de lui) était en Basse Palestine et Yazīd
Ibn Abi Soufyan (qu’Allah soit satisfait d’eux) étaient entre lui et
Shourahbīl (qu’Allah soit satisfait de lui). Agissant conformément à
la stratégie que nous avons expliquée, les Romains envoyèrent une
grande armée de Hims, conduite par Wardān, en passant par la plaine
de la Bekaa (Sahl al-Biqā‘), et qui se dirigea vers Shourahbīl
(qu’Allah soit satisfait de lui) à Bosra, avec l’intention de la
reprendre aux Musulmans et d’assiéger Khālid et Aboū ‘Oubaydah
(qu’Allah soit satisfait d’eux). Au même moment, une autre armée,
ayant reçu des renforts par la mer de Yāfa (Jaffa), en haute
Palestine, marchait vers le sud, en direction d’Ajnādayn.
Ainsi, à Ajnādayn, le samedi 27 Joumādah al-Awwal 13 H (30 juillet
634 EC), eut lieu la première des batailles de la Grande Syrie, lors
de laquelle une armée musulmane de 33.000 hommes, sous le
commandement de Khālid Ibn Walīd (qu’Allah soit satisfait de lui),
vainquit une armée romaine de plus de 100.000 hommes, tuant plus de
3.000 d’entre eux, alors que les autres s’enfuirent dans toutes les
directions.
Les Musulmans retournèrent d’Ajnādayn à Damas et recommencèrent leur
siège de la ville. Héraclius envoya une force de 10.000 hommes de
Marj as-Souffar, au sud de Damas, mais Khālid (qu’Allah soit
satisfait de lui) avança et les vainquit le 17 Joumādah al-Akhirah
13 H (19 août 634 EC), après quoi il retourna au siège de Damas. Le
soir du 21 Joumādah al-Akhirah 13 H (22 août 634 EC), Aboū Bakr
(qu’Allah soit satisfait de lui) mourut, et ‘Umar Ibn al-Khattāb
(qu’Allah soit satisfait de lui) lui succéda au califat et désigna
Aboū ‘Oubaydah (qu’Allah soit satisfait de lui) comme commandant en
chef en Syrie, à la place de Khālid (qu’Allah soit satisfait de
lui).
Les renforts de 10.000 hommes qui avaient été envoyés rejoindre
l’armée romaine vaincue à Marj as-Souffar restèrent à Baalbek
lorsqu’ils apprirent les nouvelles de la défaite. Aboū ‘Oubaydah
(qu’Allah soit satisfait de lui) leur envoya Khālid Ibn Walīd
(qu’Allah soit satisfait de lui) mais avant d’atteindre Baalbek, les
Romains avancèrent d’al-Biqā‘ à Bayssān pour rejoindre une nouvelle
concentration de troupes rassemblée par Héraclius – conformément à
son habitude - au sud. Les
Musulmans se hâtèrent de combiner leurs forces à Fihl, à l’est du
Jourdain, face à Bayssān puis traversèrent le fleuve avec une force
d’environ 30.000 hommes, commandée par Aboū ‘Oubaydah (qu’Allah soit
satisfait de lui), qui s’accrocha avec 80.000 Romains, commandés par
Séclarius (Saqallār) au sud de Bayssān ; et les vainquit, après quoi
ils retournèrent au siège de Damas.
Une grande force assemblée par les Romains tenta de repousser Khālid
(qu’Allah soit satisfait de lui) à Joūssiyah, à 30 km au sud d’Hims,
mais très vite, ils fuirent devant lui vers Hims. Les Musulmans
avancèrent alors vers Hims et l’assiégèrent pendant 18 nuits, après
quoi les Romains se retirèrent d’Hims, comme ils s’étaient déjà
retirés de Baalkek, et les habitants d’Hims se rendirent (le 21
Rabī‘ al-Akhir 15 H/ 2 Juin 636 EC) sur l’accord qu’ils payeraient
la Jizyah et recevraient en échange une protection ; puis,
l’avant-garde de l’armée musulmane atteignit ‘Ānāt (‘Ānah), sur
l’Euphrate, dans l’est de l’Irak. Aboū ‘Oubaydah (qu’Allah soit
satisfait de lui) envoya également Mayssarah Ibn Masroūq al-‘Absi
vers la région d’Alep (Halab) puis le rappela sur un ordre de ‘Umar
(qu’Allah soit satisfait de lui) d’augmenter la force de leurs
troupes et d’attendre sa décision. Donc Aboū ‘Oubaydah (qu’Allah
soit satisfait de lui) resta à Hims, pendant que Khālid (qu’Allah
soit satisfait de lui) retournait à Damas le 26 Joumādah al-Awwal le
15 H (5 juillet 636 EC), environ.
Héraclius rassemblaient la plus grande force de son histoire afin de
lancer une contre-attaque majeure contre les Musulmans qui
décidèrent de se retirer vers une meilleure place pour affronter les
Romains et l’armée romaine avança et reprit Hims, puis Baalbek, mais
ne poursuivit pas les Musulmans à Damas.
L’armée romaine quitta alors al-Biqā‘ et se dirigea vers al-Jābiyah.
Les Musulmans marchèrent sur Adhri‘āt (Deraa), sur le fleuve
Yarmoūk, et les Romains campèrent en face d’eux à Dayr Ayyoūb le
mardi 21 Joumādah al-Akhirah 15 H (30 juillet 636 EC). Khālid
(qu’Allah soit satisfait de lui) demanda à ce qu’Aboū ‘Oubaydah
(qu’Allah soit satisfait de lui) renonce au commandement de l’armée
en sa faveur, ce qu’il fit.
Les Romains déplacèrent ensuite leur armée vers un lieu situé entre
le fleuve Raqqād, le fleuve ‘Allān et le Yarmoūk. Les Musulmans
anticipèrent cela et déplacèrent leurs forces pour affronter les
Romains, leur empêchant toute retraite. La bataille commença entre
35.000 soldats musulmans commandés par Khālid Ibn Walīd (qu’Allah
soit satisfait de lui) et une armée romaine de 200.000 hommes
commandés par Bāhān (Baanes), armée composée de soldats romains et
de leurs alliés bédouins.
Khālid (qu’Allah soit satisfait de lui) put vaincre cette immense
armée romaine le 5 Rajab 15 H (13 août 636 EC). Après cela, les
Romains furent incapables de garder la Syrie et les Musulmans
reprirent sa conquête.
Simultanément, Sa‘d Ibn Abi Waqqās (qu’Allah soit satisfait de lui)
préparait son armée pour la bataille de Qādissiyyah. ‘Umar Ibn
al-Khattāb (qu’Allah soit satisfait de lui) écrivit à Aboū ‘Oubaydah
(qu’Allah soit satisfait de lui) lui ordonnant de renvoyer l’armée
d’Irak et 6.000 d’entre eux rentrèrent donc à Marj as-Souffar,
pendant que Khālid (qu’Allah soit satisfait de lui) lui-même était à
Hims, reprenant le territoire de Syrie.
A Damas, Aboū ‘Oubaydah (qu’Allah soit satisfait de lui) divisa la
Syrie entre ses commandants : Yazīd Ibn Abi Soufyan avança,
accompagné de son frère Mou’āwiyah (qu’Allah soit satisfait d’eux),
et conquit les côtes de Sidon, ‘Irqah, Joubayl, et Beyrouth ; ‘Amr
Ibn al-‘Ās (qu’Allah soit satisfait de lui) avança vers la Palestine
qu’il conquit.