Les
batailles décisives de Qādissiyyah et de Madā’in
La Bataille
d’al-Qādissiyyah commença par la mobilisation, l’organisation et la
préparation. Les Musulmans étudièrent avec grand soin les ressources
disponibles – physiques et spirituelles – et étudièrent la force de
l’ennemi, ainsi que son territoire.
Du côté perse était
présente une immense force, comptant plus de 60.000 cavaliers et
60.000 fantassins ainsi que 30 éléphants bien entrainés ; en outre,
ils avaient 80.000 partisans assurant des services aux troupes, ce
qui faisait un total de 200.000. Ils avaient des armes supérieures
et étaient commandés par Roustoum Ibn Farroukhzād, le plus célèbre
des nobles perses en matière de politique et de guerre en plus
d’Hormouzān, Jālīnoūs, Behman Jādawaih, Birzān, Mihrān, Kanāri et
d’autres.
Les Musulmans étaient
menés par Sa‘d Ibn Abi Waqqās (qu’Allah soit satisfait de lui), dont
les forces en marche, commandées par Zouhrah Ibn al-Hawiyyah, firent
halte à Qādissiyyah. Cette nuit-là, il envoya un commando de trente
cavaliers conduits par Boukayr Ibn ‘AbdAllah al-Laythi qui
chevauchèrent vers Hīrah. Quand ils eurent traversé le pont
au-dessus de Saylahīn, ils se cachèrent parmi les dattiers, mais
furent découverts par la procession de noces de la fille d’Azadbah,
le gouverneur-général d’Hīrah, en route vers le gouvernant de
Sinnīn, un des nobles perses.
Boukayr les attaqua en
les prenant par surprise, ses gardes s’enfuirent et il captura la
procession et tout ce qu’elle contenait avant de revenir
vers Sa‘d (qu’Allah soit satisfait de lui) à ‘Oudhayb
al-Hajānāt. Sa‘d (qu’Allah soit satisfait de lui) fit ensuite halte
à Qādissiyyah le 16 Safar de l’année 15 de l’Hégire (30 Mars 636
EC).
Roustoum se mit en route
de Madā'in (Ctésiphon) et campa à Sābāt, y organisant son armée de
la façon suivante :
● 40.000 hommes en
avant-garde, l’armée d’al-Bāb (Azerbaïdjan, Al-Bāb, d’après Yāqoūt,
était aussi appelée Albāb, Derbant et Darband Sharwān qui est situé
sur la côte de la mer de Khazar (Mer Caspienne). Nausherwān (Khosro
I) y érigea un mur de plomb entre les montagnes du Caucase et la
mer. (Mou‘jam al-Bouldan : 1/303, 304). Aboū al-‘Alā al-Mawdoudi
écrivit : « Un mur de 50 miles de long (80 km), 290 pieds de haut
(900 m) et 10 pieds de large (350 m) fut construit entre Darband et
Daryal (داريال)
pour empêcher les attaques des nations sauvages et brutales.
Certains historiens et géographes musulmans considèrent que ce mur
est celui qui fut construit par Dzoul-Qarnayn. » Il écrit également
: « Certains prennent la Grande Muraille de Chine pour le mur
construit par Dzoul-Qarnain ce qui est une grosse erreur. En fait,
ce mur fut fabriqué entre Darband et Dāryāl dans le Dāghestān, dans
le Caucase. » (Tafhim al-Qur‘an : 3/771, Supplément : 2) Darband
(Derbent) est un port du Dāghestān (Dagestan), sur la Mer Caspienne,
en territoire russe qui fut conquis par Maslamah, le frère du calife
Hishām (105AH-125AH). La Russie l’occupa en 1806 EC. Le Dāghestān
est situé au nord de l’Azerbaïdjan et entre eux se trouve le
Caucase. (Atlas-al-Qur‘an) : p. 229)), conduite par Jālīnoūs.
● 30.000 hommes sur le
flanc droit, l’armée d’Ahvāz, conduite par Hormouzān.
● 30.000 hommes sur le
flanc gauche, l’armée d’ar-Rayy (Rey), conduite par Mehrān Ibn
Bahrām.
● 20.000 hommes en
arrière-garde, l’armée de Nahāvand et Sijistān (Sistān), conduite
par Birzān.
● 80.000 hommes servaient
les soldats.
Ainsi Roustoum était à
Najaf, Hormouzān à sa droite,
Mehrān était à sa gauche, Jālīnoūs en avant-garde, entre Najaf et
Saylahīn ; Bahman se trouvait entre Roustoum et Jālīnoūs, et Birzān
était à l’arrière-garde. Puis Roustoum avança de Najaf et s’arrêta
là où se trouvait Bahman qui avait avancé et s’était arrêté où
s’était trouvé Jālīnoūs – qui lui était parti vers Tizanābād –,
alors que la cavalerie de Jālīnoūs occupait l’espace entre lui et
Qādissiyyah. Pendant ce temps, Sa‘d (qu’Allah soit satisfait de lui)
avait envoyé des escadrons de Musulmans dans tous les directions.
Ensuite, Roustoum campa à
Saylahīn et Jālīnoūs avança vers le pont de Qādissiyyah, se mettant
face-à-face avec Zouhrah Ibn Hawiyyah (qu’Allah soit satisfait de
lui). Bahman occupa la place où s’était trouvé Jālīnoūs, alors que
Roustoum, Hormouzān, Mehrān et Birzān campaient à Kharrārah, lieu
évacué par Bahman Jādawaih, qui avait avancé jusqu’à atteindre le
‘Atīq, où il tourna à gauche jusqu’au front de Qadīs, fort dans
lequel Sa‘d (qu’Allah soit satisfait de lui) avait pris position.
Les forces perses avancèrent les unes après les autres jusqu’à ce
que Roustoum les envoie sur leurs positions. (10 Sha‘bān 15 H / 17
septembre 636 EC).
Sa‘d (qu’Allah soit
satisfait de lui) ne laissa pas les Perses traverser le pont ; le
défendant au point qu’ils atteignirent tous un lieu face à Qiddīs où
ils bloquèrent pendant la nuit le canal ‘Atīq. Puis au matin, les
deux forces se tinrent en formation là où nous l’avons décrit.
La bataille continua
pendant quatre jours. Les Musulmans étaient environ 35.000, mais ils
étaient avantagés par la foi, le courage et un haut niveau
d’entrainement.
Roustoum envoya Hormouzān et Jālīnoūs avec 13
éléphants, 26.000 cavaliers et 36.000 fantassins vers Bajīlah (2.000
hommes), Nakha‘, Soudā‘ et Kindah (5 000 hommes). La bataille
continua, les deux camps combattirent avec acharnement.
Sa‘d (qu’Allah soit
satisfait de lui) ordonna aux Banoū Assad de défendre Bajīlah, et
ils attaquèrent Jālīnoūs, sur quoi Roustoum ordonna à Jālīnoūs et
Bahman Jādawaih d’attaquer les Banoū Assad avec 11 éléphants et
44.000 combattants.
Puis Sa‘d (qu’Allah soit satisfait de lui) ordonna à son armée d’attaquer Roustoum le long de la ligne de front (Carte 40). La bataille commença à midi et les Banoū Tamīm réussirent à repousser les éléphants du champ de bataille. Les combats cessèrent après la tombée de la nuit et la ligne de front passa une nuit tranquille.
L’armée de Khālid, une
force de 6.000 hommes, conduite par Hāshim Ibn ‘Outbah Ibn Abi
Waqqās, avec Qa‘qa‘ Ibn ‘Amr aux commandes avancèrent jusqu’en
Syrie.
Les éléphants perses
n’apparurent pas ce jour-là, leurs howdahs (sorte de palanquin)
étant en cours de réparation. Après avoir accompli la prière de
Zouhr, les troupes avancèrent et les Musulmans firent fortement
pression contre le centre des lignes perses ; rejetant leur
cavalerie jusqu’à ce qu’elle soit pratiquement sur le siège de
Roustoum.
Les Perses réparèrent les
howdahs de leurs éléphants et firent à nouveau une apparition. Les
Banoū Tamīm se chargèrent de les expulser une fois de plus du champ
de bataille en les attaquant aux yeux et en leur frappant la trompe.
Ceci fut achevé à midi et les combats continuèrent jusqu’à la tombée
de la nuit, après quoi ils se séparèrent. Ensuite, al-Qa’qa’ et
d’autres avancèrent. On surnomma cette nuit la Nuit des Cliquetis (ليلة الهرير),
du fait du bruit des épées qui s’entrechoquèrent jusqu’au matin.
Le quatrième jour - Al-Qādissiyyah
(dimanche 16 Sha‘bān
15 H / 23 septembre 636 EC)
Al-Qa‘qa‘ brandit sa
lance et s’élança vers Roustoum, à travers une brèche dans les
forces perses et atteignit le trône de Roustoum. A midi, le secteur
d’Hormouzān s’était retiré
sur al-‘Atīq, comme Birzān.
Deux-mille-cinq-cents
Musulmans furent martyrisés les jours d’Armāth et d’Aghwāth ainsi
que 3.500 le jour de ‘Oumās. (Carte 46). Quant aux Perses, 10.000
d’entre eux furent tués les jours de ‘Oumās, d’al-Harīr et de
Qādissiyyah en plus de ceux qui se noyèrent dans al-‘Atīq ou qui
furent tués avant cela, portant le nombre à 30 000.
Les Musulmans joyeux
célébrèrent la victoire avec un gala de poésie, et Sa‘d écrivit une
lettre à ‘Umar (qu’Allah soit satisfait de lui) l’informant de sa
victoire.
Importantes caractéristiques de la Bataille de Qādissiyyah
1.
La localisation de Qādissiyyah représentait des avantages importants
pour les Musulmans, car elle se situait au bord du désert près du
territoire du Sawād qui contenait des cours d’eau, des bassins et
des
torrents
; ce qui signifiait que si la bataille
tournait contre les Musulmans, ils pouvaient se retrier vers le
désert comme stratégie de guerre ou comme retrait vers leur groupe,
jusqu’à ce qu’ils soient capables de retourner au combat. Mais lors
des batailles contre les Perses, ils représentaient des obstacles
dans leur dos ce qui n’était pas à leur avantage.
2.
Le champ de bataille était entouré par al-Khandaq (la tranchée ou la
fosse de Shāpoūr) et le canal al-‘Atīq et était restreint sur la
droite et au nord par des cours d’eau. Les Musulmans étaient arrivés
avant les Perses et avaient pris le fort de Qadīs comme centre
d’opérations ; ils prirent ce dont ils avaient besoin des
territoires sous leur contrôle, ne laissant aux Perses qu’un espace
étroit dans lequel ils ne pouvaient pas tirer avantage de leur grand
nombre. La liberté de mouvement vers l’avant était ainsi restreinte
excepté pour un petit nombre d’entre eux ; et à cet endroit, le
soleil et la direction du vent désavantageaient les Perses.
3.
Avant la bataille, Roustoum tenta d’évincer les Musulmans de cet
emplacement mais Sa‘d (qu’Allah soit satisfait de lui) tint bon et
obligea Roustoum à venir à lui par des raids qu’il lança contre le
Sawād, jusqu’à ce que les habitants protestent. Les préparations
musulmanes pour la bataille avaient été achevées lentement et
soigneusement.
4.
Les soldats musulmans avaient des aptitudes physiques, étaient
hautement entrainés et avaient de l’expérience au combat, gagnée
dans les guerres d’apostasie et lors des batailles précédentes.
5.
Ils avaient également la foi, en conséquence de quoi, ils
recherchaient le martyre ; et comme l’ont dit les narrateurs, les
Musulmans ne connaissaient personne qui désirait retourner auprès de
sa famille. Ils avaient une foi entière en ce verset du Qur‘an : {Combien
de fois une troupe peu nombreuse a, par la grâce d’Allah, vaincu une
troupe très nombreuse !}
(Sourate al-Baqarah 2 : 249)
Firdawsi a rapporté qu’il
y avait dessus l’image d’un soleil violet avec au-dessus une lune
dorée. Al-Mas‘oūdi a dit que le jour de la Bataille de Qādissiyyah,
il tomba entre les mains de Dirār Ibn Khattāb (qu’Allah soit
satisfait de lui). Quant à Tha‘alabī, il a rapporté qu’il tomba
entre les mains d’un homme d’an-Nakha‘ et que Sa‘d Ibn Abi Waqqās
(qu’Allah soit satisfait de lui) l’ajouta aux trésors de Yazdgard
qui furent envoyés au Calife ‘Umar (qu’Allah soit satisfait de lui)
à Médine.
Derafsh Kāviyāni était
compté parmi les merveilles de Khosro (Chosroès), comme le palais
d’al-Madā'in (Ctésiphon), sa femme, Shīrīn, son cheval noir Shabdīz,
son éléphant blanc et son précieux tapis.
La marche vers Madā’in
(Ctésiphon)
‘AbdAllah Ibn Mou‘tāmm avait campé en un
lieu à Koūfa, alors que Zouhrah (qu’Allah soit satisfait de lui)
chevauchait vers Bours, où il mit en déroute
une force commandée par Bousbahrī après un accrochage suite
auquel ils avaient fui vers Babylone. Zouhrah le suivit vers le lieu
de rassemblement des troupes de Nakherjān, de Bousbahrī, de Mihrān,
d’Hormouzān et d’autres. Sa‘d
(qu’Allah
soit satisfait de lui) avança
vers Bours, puis ils marchèrent tous ensemble vers Babylone, ne
laissant aux Perses nul autre choix que de se disperser.
‘Umar (qu’Allah soit
satisfait de lui) envoya ‘Outbah Ibn Ghazwān à la tête d’une petit
détacherment dans la direction d’'Ouboullah, afin de distraire les
Perses et de disperser leurs forces. Hormouzān
se retira vers sa terre
natale d’Ahvāz, alors que Ferzān se retirait vers sa terre natale de
Nahāvand.
Mehrān et Nakherjān se retirèrent afin de
tenir bon à Madā'in (Ctésiphon) et laissèrent Shehryār aux commandes
d’une grande force de l’armée d’al-Bāb et des restes des divisions
de Hormouzān entre Koūtha et Dayr Ka‘b. Zouhrah (qu’Allah
soit satisfait de lui) traversa
le canal de Sarāt et les Musulmans le suivirent, puis il tua
Shehryār en combat singulier et ses forces se dispersèrent.
Les Musulmans avancèrent
vers Bahrasher. Sābāt se rendit, acceptant de payer la Jizyah
(impôt de guerre). Zouhrah (qu’Allah soit satisfait de lui) dérouta
le régiment de Poūran, qui n’était autre que la Garde Royale. Les
Perses lâchèrent un lion des jardins de Khosro pour terrifier les
Musulmans, mais Hāshim Ibn ‘Outbah le tua de son épée, après quoi
les Musulmans avancèrent jusqu’aux remparts de Bahrasher, une des
sept villes situées sur les rives occidentale et orientale du Tigre
et qui formaient Madā'in (Ctésiphon).
La chute de Madā'in (Ctésiphon) (Safar 16 H / Mars 637 EC)
Madā'in est le
nom arabe de cette grande capitale qui était constituée de sept
villes dont les noms étaient Ctésiphon, Asfānbar ou Asbānbar (le
quartier royal), Roūmiyyah, sur la rive orientale du Tigre, qui
étaient les villes les plus éloignées, Bahrasher, Balāshābad,
Salouqīyyah (Séleucie) et Sābāt, sur la rive occidentale du Tigre,
qui étaient les villes les plus proches. Ces villes étaient voisines
ou proches les unes des autres, sur les deux rives du fleuve. Sur la
carte archéologique de l’Irak appartenant au Département Irakien des
Antiquités, Bahrasher est située sur la rive méridionale du Tigre,
dans une courbe du fleuve, face à Roūmiyyah et Asfānbar, mais dans
un volume de « Sūmeria »
(no. 27-1971 EC) on parvient à la conclusion que les
excavations ont prouvé que Bahrasher était à l’ouest du Tigre, à
l’intérieur du rempart circulaire, dont on pensait antérieurement
qu’il encerclait Salouqīyyah. Elle définit également la location de
Salouqīyyah comme étant à l’ouest de Bahrasher. D’après cela, nous
avons établi les cartes 48 et 49 comme étant correctes.
Sa‘d (qu’Allah
soit satisfait de lui) utilisa
20 mangonneaux (Un mangonneau (en arabe : manjaniq
منجنيق)
était un genre de catapulte ou de machine de siège utilisée pendant
la période médiévale pour jeter des projectiles contre les remparts
des châteaux. Le mangonneau avait une précision moindre que le
trébuchet (catapulte), introduit plus tard. Le mangonneau jetait des
projectiles sur une trajectoire plus basse et à une vitesse plus
grande que le trébuchet avec l’intention de détruire les remparts,
plutôt que de passer par-dessus) qu’il installa autour de Bahrasher
et au moyen desquels il pilonna la ville, alors qu’il l’assiégeait,
pendant une période de deux mois. Les Perses traversèrent le Tigre
vers Asfānbar et Ctésiphon et en brulèrent le pont après avoir
rassemblé leurs bateaux de l’autre côté. Les Musulmans escaladèrent
les remparts de Bahrasher et avancèrent de nuit par ses routes et
atteignirent le Tigre, alors que, devant eux sur l’autre rive, se
trouvait Asfānbar, la demeure de la famille royale (Safar 16 H /
Mars 637 EC). Là, en, pleine nuit, ils virent le grand Iwan de
Khosro, avec ses hauts dômes blancs, et commencèrent à s’écrier
« Allahou Akbar » (Allah est le Plus Grand), tout à leur joie
d’avoir conquis la capitale perse et ce jusqu’au matin. Entendant
cela, Yazdgard fut terrifié et commença à déménager ses trésors. A
ce moment, la crue du Tigre commença
et Sa‘d (qu’Allah soit satisfait de lui) se hâta de traverser
le fleuve à cheval accompagné de ses troupes.
Un commando de 600 cavaliers, connu sous
le nom de régiment al-Ahwāl et commandé par ‘Āssim Ibn ‘Amr
at-Tamīmi, avança et une milice descendit sur eux depuis les rives
et les engagea en combat dans le Tigre. Les Musulmans transpercèrent
les chevaux ennemis de leurs lances puis retournèrent avec leurs
hommes sur les côtés d’Asfānbar. Les Moujahidine attaquèrent
ensemble dans un combat féroce et tuèrent la plupart des Perses.
Ensuite, Sa‘d (qu’Allah
soit satisfait de lui) sur sa
monture entra dans l’eau accompagné du reste de son armée, et du
régiment al-Kharsā', constitué également de 600 cavaliers, commandés
par al-Qa‘qā‘ Ibn ‘Amr at-Tamīmi. Ils emplirent le Tigre au point
que l’on n’en voyait plus l’eau et rejoignirent ainsi le commando
al-Ahwāl. Au moment de la traversée, les eaux de crue étaient hautes
et puissantes.
La chute de l’Iwan
de Khosro (Chosroès)
Yazdgard fut terrifié et s’enfuit à
Houlwān. La traversée des Musulmans avait été soudaine et inattendue
pour les Perses qui, et en conséquence, abandonnèrent une grande
quantité de leurs biens. L’escadron al-Ahwāl, suivi par celui
d’al-Kharsā' et du reste de l’armée, s’élança sur des routes
pratiquement vides, et atteignit le Palais Blanc), où se trouvait
l’Iwan de Chosroès. Le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions
d’Allah sur lui) avait prophétisé lors de la Bataille de la Tranchée
qu’il serait conquis et Sa‘d (qu’Allah
soit satisfait de lui) ne
souhaita donc pas que le Palais soit détruit lors des combats. Il
accorda donc aux Perses assiégés un répit de trois jours pour payer
la Jizyah, après quoi Sa‘d (qu’Allah soit satisfait de lui)
et les Musulmans entrèrent dans le Palais et offrirent une prière de
remerciements à Allah pour son aide évidente.
Dans cette prière, Sa‘d
(qu’Allah soit satisfait de lui) récita les paroles d’Allah, le
Très-Haut : {Que de jardins et de sources ils laissèrent
[derrière eux], que de champs et de superbes résidences, que de
délices au sein desquels ils réjouissaient. Il en fut ainsi et Nous
fîmes qu’un autre peuple en hérita.} (Sourate ad-Doukhan
44 : 25-28).
Allah glorifié a dit : {Dis
: « Ô Allah, Maître de l’autorité absolue. Tu donnes l’autorité à
qui Tu veux, et Tu arraches l’autorité à qui Tu veux ; et Tu donnes
la puissance à qui Tu veux, et Tu humilies qui Tu veux. Le bien est
en Ta main et Tu es Omnipotent.} (Sourate Al-‘Imran 3 :
26)
Sa‘d (qu’Allah soit
satisfait de lui) en fit un lieu de prière et y accomplit la
première prière du vendredi (صلاة الجمعة)
le 26 Safar 16 H (29 mars 637 EC).
Les Musulmans
entrent en territoire perse
La Conquête de Jaloūlā' (1er Dhoul Qa‘dah 16 H / 24
Novembre 637 EC)
Il existait une route militaire
entre Madā'in (Ctésiphon) et Hamadān qui passait par Jaloūlā' et
Houlwān, dont Yazdgard fit sa capitale temporaire personnelle après
la chute de Madā’in. L’armée de Mehrān fut stationnée à Jaloūlā', à
une distance de 100 ou 150 km au nord-est de Madā'in qu’il fortifia
et fit creuser des tranchées tout autour. Là, les soldats qui
s’étaient retirés de Madā'in se rassemblèrent, ainsi que les
renforts d’al-Bāb (Azerbaïdjan), d’al-Jibāl et de l’intérieur de la
Perse, à l’est d’Ahvāz ; et furent rejoints chaque jour par des
renforts supplémentaires.
Hāshim commande les
forces musulmanes
Sa‘d (qu’Allah soit
satisfait de lui) envoya une force de 12.000 hommes, commandée par
Hāshim Ibn ‘Outbah (qu’Allah soit satisfait de lui), avec
l’avant-garde commandée par al-Qa‘qā‘ Ibn ‘Amr (qu’Allah soit
satisfait de lui). Ils atteignirent Jaloūlā' en quatre jours et
affrontèrent les Perses quatre-vingt fois en une période de sept
mois. En chaque occasion, les Musulmans furent victorieux, et à
chaque fois les Perses retournaient à leurs positions derrière les
tranchées.
Jaloūlā' et ses
Fortifications
Jaloūlā' se trouvait sur
le fleuve Diyalā dont dépendaient ses défenses du côté droit, alors
que devant avait été creusée une large et profonde tranchée. Elle
était encerclée par une large zone ouverte après laquelle se
trouvait une ceinture de pieux en bois acérés dont le but était
d’empêcher la cavalerie et, entre eux, se trouvaient des chemins par
lesquelles ils pouvaient entrer et sortir.
Lors du combat final, les Perses se retirèrent et furent poursuivis par les Musulmans jusqu’à ce que ces derniers les eurent vaincus sur la barrière des pieux en bois ; ils combattirent à travers les passages et les Perses tombèrent dans leur propre tranchée. Ils avaient pris des mesures afin de pouvoir en sortir et retourner à leur base, en détruisant ainsi l’efficacité comme moyen défensif. Les Musulmans en prirent conscience et reformèrent leurs rangs afin de reprendre l’attaque pendant la nuit. Les Perses les virent et disséminèrent des chausse-trappes (Les chausse-trappes étaient de petites boules de fer hérissées de pointes utilisées dans les guerres médiévales. Le sol où l’on pensait que l’ennemi passerait en était recouvert avait pour résultat que les chevaux, les chameaux et les fantassins étaient vite mis hors d’état de nuire par les pointes qui s’enfonçaient dans leurs sabots et leurs pieds) dans la zone entre la tranchée et la barrière de pieux. Ils fabriquèrent un chemin à travers par lequel ils sortirent attaquer les forces musulmanes. Puis la nuit tomba et les deux camps furent enfermés dans la bataille. Les Musulmans atteignirent l’entrée de la tranchée et empêchèrent les Perses de se retirer alors ces derniers se dispersèrent à droite et à tombèrent dans leurs propres pièges. 100.000 d’entre eux furent tués et Jaloūlā' tomba le 1er Dzoul Qi’dah 16 H (24 novembre 637 EC), neuf mois après la chute de Madā'in (Ctésiphon).
Sa‘d (qu’Allah soit
satisfait de lui) renforça les Musulmans de 3.000 hommes qu’il
envoya à Houlwān. Mehrān fut tué à Khānaqin, sur la route entre
Jaloūlā' et Houlwān, et Yazdgard s’enfuit au nord de Houlwān à
ar-Rayy (Rey), après quoi Houlwān tomba aux mains de Qa‘qā‘ Ibn
‘Amr. Les Musulmans acquirent une telle quantité de butin de guerre
que ‘Umar Ibn Khattāb (qu’Allah soit satisfait de lui) pleura en le
voyant ; tellement émut et craignant l’épreuve pour les Musulmans.
Le nettoyage de la
région de Jaloūlā'
Après que Sa‘d (qu’Allah
soit satisfait de lui) eut fini à Bābil (Babylone), en Dzoul Qi’dah
15 H (Décembre 636 EC), Qoutbah Ibn Qatādah attaqua les Perses dans
la région de Basra, et ‘Umar (qu’Allah soit satisfait de lui) envoya
‘Outbah Ibn Ghazwān à la tête d’un détachement de 500 à 800 hommes
ouvrir un second front afin de restreindre les forces perses et les
empêcher de participer à la Bataille de Madā'in (Ctésiphon),
facilitant ainsi la conquête de la région de Basra. Quatre-mille
Perses sortirent contre eux, mais ‘Outbah les vainquit et les
annihila. Ensuite il mit en déroute la garnison à Ouboullah, qui se
retira, après quoi les Musulmans y pénétrèrent. Alors, ‘Outbah
avança sur Mayssān, une région d’al-‘Amārah, et affronta les Perses
à Mazār et Abrqoubād puis nettoya les régions basses du Tigre et de
l’Euphrate. Simultanément, Sa‘d (qu’Allah soit satisfait de lui)
nettoyait le Sawād en Irak, entre Madā'in (Ctésiphon) et Mayssān.