Les batailles décisives de Qādissiyyah et de Madā’in

La Bataille d’al-Qādissiyyah

 

La Bataille d’al-Qādissiyyah commença par la mobilisation, l’organisation et la préparation. Les Musulmans étudièrent avec grand soin les ressources disponibles – physiques et spirituelles – et étudièrent la force de l’ennemi, ainsi que son territoire.

 

Du côté perse était présente une immense force, comptant plus de 60.000 cavaliers et 60.000 fantassins ainsi que 30 éléphants bien entrainés ; en outre, ils avaient 80.000 partisans assurant des services aux troupes, ce qui faisait un total de 200.000. Ils avaient des armes supérieures et étaient commandés par Roustoum Ibn Farroukhzād, le plus célèbre des nobles perses en matière de politique et de guerre en plus d’Hormouzān, Jālīnoūs, Behman Jādawaih, Birzān, Mihrān, Kanāri et d’autres.

   

Les Musulmans étaient menés par Sa‘d Ibn Abi Waqqās (qu’Allah soit satisfait de lui), dont les forces en marche, commandées par Zouhrah Ibn al-Hawiyyah, firent halte à Qādissiyyah. Cette nuit-là, il envoya un commando de trente cavaliers conduits par Boukayr Ibn ‘AbdAllah al-Laythi qui chevauchèrent vers Hīrah. Quand ils eurent traversé le pont au-dessus de Saylahīn, ils se cachèrent parmi les dattiers, mais furent découverts par la procession de noces de la fille d’Azadbah, le gouverneur-général d’Hīrah, en route vers le gouvernant de Sinnīn, un des nobles perses.

 

Boukayr les attaqua en les prenant par surprise, ses gardes s’enfuirent et il captura la procession et tout ce qu’elle contenait avant de revenir  vers Sa‘d (qu’Allah soit satisfait de lui) à ‘Oudhayb al-Hajānāt. Sa‘d (qu’Allah soit satisfait de lui) fit ensuite halte à Qādissiyyah le 16 Safar de l’année 15 de l’Hégire (30 Mars 636 EC).

 

Roustoum se mit en route de Madā'in (Ctésiphon) et campa à Sābāt, y organisant son armée de la façon suivante :

● 40.000 hommes en avant-garde, l’armée d’al-Bāb (Azerbaïdjan, Al-Bāb, d’après Yāqoūt, était aussi appelée Albāb, Derbant et Darband Sharwān qui est situé sur la côte de la mer de Khazar (Mer Caspienne). Nausherwān (Khosro I) y érigea un mur de plomb entre les montagnes du Caucase et la mer. (Mou‘jam al-Bouldan : 1/303, 304). Aboū al-‘Alā al-Mawdoudi écrivit : « Un mur de 50 miles de long (80 km), 290 pieds de haut (900 m) et 10 pieds de large (350 m) fut construit entre Darband et Daryal (داريال) pour empêcher les attaques des nations sauvages et brutales. Certains historiens et géographes musulmans considèrent que ce mur est celui qui fut construit par Dzoul-Qarnayn. » Il écrit également : « Certains prennent la Grande Muraille de Chine pour le mur construit par Dzoul-Qarnain ce qui est une grosse erreur. En fait, ce mur fut fabriqué entre Darband et Dāryāl dans le Dāghestān, dans le Caucase. » (Tafhim al-Qur‘an : 3/771, Supplément : 2) Darband (Derbent) est un port du Dāghestān (Dagestan), sur la Mer Caspienne, en territoire russe qui fut conquis par Maslamah, le frère du calife Hishām (105AH-125AH). La Russie l’occupa en 1806 EC. Le Dāghestān est situé au nord de l’Azerbaïdjan et entre eux se trouve le Caucase. (Atlas-al-Qur‘an) : p. 229)), conduite par Jālīnoūs.

● 30.000 hommes sur le flanc droit, l’armée d’Ahvāz, conduite par Hormouzān.

● 30.000 hommes sur le flanc gauche, l’armée d’ar-Rayy (Rey), conduite par Mehrān Ibn Bahrām.

● 20.000 hommes en arrière-garde, l’armée de Nahāvand et Sijistān (Sistān), conduite par Birzān.

● 80.000 hommes servaient les soldats.

 

Roustoum hésita, mais Yazdgard le força à partir, et il quitta donc Sābāt et ordonna à Jālīnoūs de se diriger lentement vers Hīrah. Jālīnoūs campa à Najaf, alors que Roustoum campa à Koūtha puis à Bours. Ensuite, Roustoum se mit en route et campa à Miltāt, entre Najaf, Khawamaq et Dayr al-A‘war.

 

Ainsi Roustoum était à Najaf, Hormouzān  à sa droite, Mehrān était à sa gauche, Jālīnoūs en avant-garde, entre Najaf et Saylahīn ; Bahman se trouvait entre Roustoum et Jālīnoūs, et Birzān était à l’arrière-garde. Puis Roustoum avança de Najaf et s’arrêta là où se trouvait Bahman qui avait avancé et s’était arrêté où s’était trouvé Jālīnoūs – qui lui était parti vers Tizanābād –, alors que la cavalerie de Jālīnoūs occupait l’espace entre lui et Qādissiyyah. Pendant ce temps, Sa‘d (qu’Allah soit satisfait de lui) avait envoyé des escadrons de Musulmans dans tous les directions.

 

Ensuite, Roustoum campa à Saylahīn et Jālīnoūs avança vers le pont de Qādissiyyah, se mettant face-à-face avec Zouhrah Ibn Hawiyyah (qu’Allah soit satisfait de lui). Bahman occupa la place où s’était trouvé Jālīnoūs, alors que Roustoum, Hormouzān, Mehrān et Birzān campaient à Kharrārah, lieu évacué par Bahman Jādawaih, qui avait avancé jusqu’à atteindre le ‘Atīq, où il tourna à gauche jusqu’au front de Qadīs, fort dans lequel Sa‘d (qu’Allah soit satisfait de lui) avait pris position. Les forces perses avancèrent les unes après les autres jusqu’à ce que Roustoum les envoie sur leurs positions. (10 Sha‘bān 15 H / 17 septembre 636 EC).

 

Sa‘d (qu’Allah soit satisfait de lui) ne laissa pas les Perses traverser le pont ; le défendant au point qu’ils atteignirent tous un lieu face à Qiddīs où ils bloquèrent pendant la nuit le canal ‘Atīq. Puis au matin, les deux forces se tinrent en formation là où nous l’avons décrit.

La bataille continua pendant quatre jours. Les Musulmans étaient environ 35.000, mais ils étaient avantagés par la foi, le courage et un haut niveau d’entrainement.

 

 

Le premier jour – Armāth : Engagement de la bataille (Jeudi 13 Sha‘bān 15 H / 20 septembre 636 EC)  

Roustoum envoya Hormouzān et Jālīnoūs avec 13 éléphants, 26.000 cavaliers et 36.000 fantassins vers Bajīlah (2.000 hommes), Nakha‘, Soudā‘ et Kindah (5 000 hommes). La bataille continua, les deux camps combattirent avec acharnement.

 

Sa‘d (qu’Allah soit satisfait de lui) ordonna aux Banoū Assad de défendre Bajīlah, et ils attaquèrent Jālīnoūs, sur quoi Roustoum ordonna à Jālīnoūs et Bahman Jādawaih d’attaquer les Banoū Assad avec 11 éléphants et 44.000 combattants.

 

Puis Sa‘d (qu’Allah soit satisfait de lui) ordonna à son armée d’attaquer Roustoum le long de la ligne de front (Carte 40). La bataille commença à midi et les Banoū Tamīm réussirent à repousser les éléphants du champ de bataille. Les combats cessèrent après la tombée de la nuit et la ligne de front passa une  nuit tranquille.

 

 

Le deuxième jour - Aghwāth : Les unités militaires (يمو أغواث) (Vendredi 14 Sha‘ban 15 H / 21 septembre 636 EC)

L’armée de Khālid, une force de 6.000 hommes, conduite par Hāshim Ibn ‘Outbah Ibn Abi Waqqās, avec Qa‘qa‘ Ibn ‘Amr aux commandes avancèrent jusqu’en Syrie.

Les éléphants perses n’apparurent pas ce jour-là, leurs howdahs (sorte de palanquin) étant en cours de réparation. Après avoir accompli la prière de Zouhr, les troupes avancèrent et les Musulmans firent fortement pression contre le centre des lignes perses ; rejetant leur cavalerie jusqu’à ce qu’elle soit pratiquement sur le siège de Roustoum.

Puis la cavalerie perse revint et reprit ses positions perdues. Les combats continuèrent alors jusqu’au milieu de la nuit après quoi ils se séparèrent.

 

Le troisième jour - ‘Oumās : Les combats acharnés (يمو عماس) (Samedi 15 Sha‘bān 15 H / 22 septembre 636 EC)  

Les Perses réparèrent les howdahs de leurs éléphants et firent à nouveau une apparition. Les Banoū Tamīm se chargèrent de les expulser une fois de plus du champ de bataille en les attaquant aux yeux et en leur frappant la trompe. Ceci fut achevé à midi et les combats continuèrent jusqu’à la tombée de la nuit, après quoi ils se séparèrent. Ensuite, al-Qa’qa’ et d’autres avancèrent. On surnomma cette nuit la Nuit des Cliquetis (ليلة الهرير), du fait du bruit des épées qui s’entrechoquèrent jusqu’au matin.

 

 




Le quatrième jour - Al-Qādissiyyah (dimanche 16 Sha‘bān 15 H / 23 septembre 636 EC)  

Al-Qa‘qa‘ brandit sa lance et s’élança vers Roustoum, à travers une brèche dans les forces perses et atteignit le trône de Roustoum. A midi, le secteur d’Hormouzān  s’était retiré sur al-‘Atīq, comme Birzān.

Un vent puissant souffla et emporta la tente de Roustoum, la jetant dans al-‘Atīq. Après cela, Roustoum fut tué et les Musulmans atteignirent al-‘Atīq et séparèrent en deux les forces perses. Jālīnoūs se retira en passant par les décombres qui remplissaient le canal, comme l’avait fait Hormouzān, mais il fut impossible au flanc gauche des Perses de se retirer, et certains d’entre eux furent tués alors que d’autres se noyèrent dans al-‘Atīq. La bataille s’acheva avant l’heure de ‘Asr et Sa‘d (qu’Allah soit satisfait de lui) envoya les forces de poursuite jusqu’à Najaf et Jālīnoūs fut parmi les tués tandis qu’Hormouzān  s’enfuit.

 

Deux-mille-cinq-cents Musulmans furent martyrisés les jours d’Armāth et d’Aghwāth ainsi que 3.500 le jour de ‘Oumās. (Carte 46). Quant aux Perses, 10.000 d’entre eux furent tués les jours de ‘Oumās, d’al-Harīr et de Qādissiyyah en plus de ceux qui se noyèrent dans al-‘Atīq ou qui furent tués avant cela, portant le nombre à 30 000.

 

Les Musulmans joyeux célébrèrent la victoire avec un gala de poésie, et Sa‘d écrivit une lettre à ‘Umar (qu’Allah soit satisfait de lui) l’informant de sa victoire. 

 

 

Importantes caractéristiques de la Bataille de Qādissiyyah 

1. La localisation de Qādissiyyah représentait des avantages importants pour les Musulmans, car elle se situait au bord du désert près du territoire du Sawād qui contenait des cours d’eau, des bassins et des torrents ; ce qui signifiait que si la bataille tournait contre les Musulmans, ils pouvaient se retrier vers le désert comme stratégie de guerre ou comme retrait vers leur groupe, jusqu’à ce qu’ils soient capables de retourner au combat. Mais lors des batailles contre les Perses, ils représentaient des obstacles dans leur dos ce qui n’était pas à leur avantage.

 

2. Le champ de bataille était entouré par al-Khandaq (la tranchée ou la fosse de Shāpoūr) et le canal al-‘Atīq et était restreint sur la droite et au nord par des cours d’eau. Les Musulmans étaient arrivés avant les Perses et avaient pris le fort de Qadīs comme centre d’opérations ; ils prirent ce dont ils avaient besoin des territoires sous leur contrôle, ne laissant aux Perses qu’un espace étroit dans lequel ils ne pouvaient pas tirer avantage de leur grand nombre. La liberté de mouvement vers l’avant était ainsi restreinte excepté pour un petit nombre d’entre eux ; et à cet endroit, le soleil et la direction du vent désavantageaient les Perses.

 

3. Avant la bataille, Roustoum tenta d’évincer les Musulmans de cet emplacement mais Sa‘d (qu’Allah soit satisfait de lui) tint bon et obligea Roustoum à venir à lui par des raids qu’il lança contre le Sawād, jusqu’à ce que les habitants protestent. Les préparations musulmanes pour la bataille avaient été achevées lentement et soigneusement.

 

4. Les soldats musulmans avaient des aptitudes physiques, étaient hautement entrainés et avaient de l’expérience au combat, gagnée dans les guerres d’apostasie et lors des batailles précédentes.

 

5. Ils avaient également la foi, en conséquence de quoi, ils recherchaient le martyre ; et comme l’ont dit les narrateurs, les Musulmans ne connaissaient personne qui désirait retourner auprès de sa famille. Ils avaient une foi entière en ce verset du Qur‘an : {Combien de fois une troupe peu nombreuse a, par la grâce d’Allah, vaincu une troupe très nombreuse !} (Sourate al-Baqarah 2 : 249)

 

 

Derafsh Kāviyāni

 C’était le grand étendard impérial de la Perse sassanide, le drapeau de la nation. Il faisait huit coudées de large sur douze de long (environ 4 sur 6 m). Bal‘amī a rapporté que la Perse avait été victorieuses dans toutes les batailles sur lesquelles ce drapeau avait flotté ; et il était avec Bahman Jādawaih lors de la Bataille du Pont. Ils y avaient ajouté des pierres précieuses après chaque victoire et il était brodé d’or et de perles. De plus, il était bordé de symboles mystiques, basés sur les calculs des positions des étoiles. Ils recherchaient les bénédictions de ce drapeau et l’embellissaient, au point qu’il devint une merveille de l’époque. Il était porté par cinq prêtres zoroastres, en avant de l’armée perse.

 

Firdawsi a rapporté qu’il y avait dessus l’image d’un soleil violet avec au-dessus une lune dorée. Al-Mas‘oūdi a dit que le jour de la Bataille de Qādissiyyah, il tomba entre les mains de Dirār Ibn Khattāb (qu’Allah soit satisfait de lui). Quant à Tha‘alabī, il a rapporté qu’il tomba entre les mains d’un homme d’an-Nakha‘ et que Sa‘d Ibn Abi Waqqās (qu’Allah soit satisfait de lui) l’ajouta aux trésors de Yazdgard qui furent envoyés au Calife ‘Umar (qu’Allah soit satisfait de lui) à Médine.

 

Derafsh Kāviyāni était compté parmi les merveilles de Khosro (Chosroès), comme le palais d’al-Madā'in (Ctésiphon), sa femme, Shīrīn, son cheval noir Shabdīz, son éléphant blanc et son précieux tapis.

 

La marche vers Madā’in (Ctésiphon)

 Au mois de Shawwāl 15 H (Novembre  636 EC), Sa‘d (qu’Allah soit satisfait de lui) envoya en avant une armée commandée par Zouhrah Ibn Hawiyyah qui devait se rendre à Hīrah et Koūfa, où était présente une force perse commandée par Nakherjān, qui se retira immédiatement. Puis ‘AbdAllah Ibn Mou‘tāmm avança sur le flanc droit, suivi par Shourahbīl Ibn Samt sur le flanc gauche. Ensuite, Hāshim Ibn ‘Outbah se déplaça, Sa‘d (qu’Allah soit satisfait de lui) en ayant fait son représentant et Khālid Ibn ‘Arfatah s’élança aux commandes de l’arrière-garde. L’armée entière avait été équipée de chevaux après le butin gagné sur les Perses.

‘AbdAllah Ibn Mou‘tāmm avait campé en un lieu à Koūfa, alors que Zouhrah (qu’Allah soit satisfait de lui) chevauchait vers Bours, où il mit en déroute  une force commandée par Bousbahrī après un accrochage suite auquel ils avaient fui vers Babylone. Zouhrah le suivit vers le lieu de rassemblement des troupes de Nakherjān, de Bousbahrī, de Mihrān, d’Hormouzān  et d’autres. Sa‘d (qu’Allah soit satisfait de lui) avança vers Bours, puis ils marchèrent tous ensemble vers Babylone, ne laissant aux Perses nul autre choix que de se disperser.

 

‘Umar (qu’Allah soit satisfait de lui) envoya ‘Outbah Ibn Ghazwān à la tête d’une petit détacherment dans la direction d’'Ouboullah, afin de distraire les Perses et de disperser leurs forces. Hormouzān  se retira vers sa terre natale d’Ahvāz, alors que Ferzān se retirait vers sa terre natale de Nahāvand.

 

Mehrān et Nakherjān se retirèrent afin de tenir bon à Madā'in (Ctésiphon) et laissèrent Shehryār aux commandes d’une grande force de l’armée d’al-Bāb et des restes des divisions de Hormouzān entre Koūtha et Dayr Ka‘b. Zouhrah (qu’Allah soit satisfait de lui) traversa le canal de Sarāt et les Musulmans le suivirent, puis il tua Shehryār en combat singulier et ses forces se dispersèrent.

 

Les Musulmans avancèrent vers Bahrasher. Sābāt se rendit, acceptant de payer la Jizyah (impôt de guerre). Zouhrah (qu’Allah soit satisfait de lui) dérouta le régiment de Poūran, qui n’était autre que la Garde Royale. Les Perses lâchèrent un lion des jardins de Khosro pour terrifier les Musulmans, mais Hāshim Ibn ‘Outbah le tua de son épée, après quoi les Musulmans avancèrent jusqu’aux remparts de Bahrasher, une des sept villes situées sur les rives occidentale et orientale du Tigre et qui formaient Madā'in (Ctésiphon).

 

 

La chute de Madā'in (Ctésiphon) (Safar 16 H / Mars 637 EC)

   Madā'in est le nom arabe de cette grande capitale qui était constituée de sept villes dont les noms étaient Ctésiphon, Asfānbar ou Asbānbar (le quartier royal), Roūmiyyah, sur la rive orientale du Tigre, qui étaient les villes les plus éloignées, Bahrasher, Balāshābad, Salouqīyyah (Séleucie) et Sābāt, sur la rive occidentale du Tigre, qui étaient les villes les plus proches. Ces villes étaient voisines ou proches les unes des autres, sur les deux rives du fleuve. Sur la carte archéologique de l’Irak appartenant au Département Irakien des Antiquités, Bahrasher est située sur la rive méridionale du Tigre, dans une courbe du fleuve, face à Roūmiyyah et Asfānbar, mais dans un volume de « Sūmeria » (no. 27-1971 EC) on parvient à la conclusion que les excavations ont prouvé que Bahrasher était à l’ouest du Tigre, à l’intérieur du rempart circulaire, dont on pensait antérieurement qu’il encerclait Salouqīyyah. Elle définit également la location de Salouqīyyah comme étant à l’ouest de Bahrasher. D’après cela, nous avons établi les cartes 48 et 49 comme étant correctes.

 

La Conquête de Bahrasher

Sa‘d (qu’Allah soit satisfait de lui) utilisa 20 mangonneaux (Un mangonneau (en arabe : manjaniq منجنيق) était un genre de catapulte ou de machine de siège utilisée pendant la période médiévale pour jeter des projectiles contre les remparts des châteaux. Le mangonneau avait une précision moindre que le trébuchet (catapulte), introduit plus tard. Le mangonneau jetait des projectiles sur une trajectoire plus basse et à une vitesse plus grande que le trébuchet avec l’intention de détruire les remparts, plutôt que de passer par-dessus) qu’il installa autour de Bahrasher et au moyen desquels il pilonna la ville, alors qu’il l’assiégeait, pendant une période de deux mois. Les Perses traversèrent le Tigre vers Asfānbar et Ctésiphon et en brulèrent le pont après avoir rassemblé leurs bateaux de l’autre côté. Les Musulmans escaladèrent les remparts de Bahrasher et avancèrent de nuit par ses routes et atteignirent le Tigre, alors que, devant eux sur l’autre rive, se trouvait Asfānbar, la demeure de la famille royale (Safar 16 H / Mars 637 EC). Là, en, pleine nuit, ils virent le grand Iwan de Khosro, avec ses hauts dômes blancs, et commencèrent à s’écrier « Allahou Akbar » (Allah est le Plus Grand), tout à leur joie d’avoir conquis la capitale perse et ce jusqu’au matin. Entendant cela, Yazdgard fut terrifié et commença à déménager ses trésors. A ce moment, la crue du Tigre commença  et Sa‘d (qu’Allah soit satisfait de lui) se hâta de traverser le fleuve à cheval accompagné de ses troupes.

 

La traversée du Tigre

Un commando de 600 cavaliers, connu sous le nom de régiment al-Ahwāl et commandé par ‘Āssim Ibn ‘Amr at-Tamīmi, avança et une milice descendit sur eux depuis les rives et les engagea en combat dans le Tigre. Les Musulmans transpercèrent les chevaux ennemis de leurs lances puis retournèrent avec leurs hommes sur les côtés d’Asfānbar. Les Moujahidine attaquèrent ensemble dans un combat féroce et tuèrent la plupart des Perses. Ensuite, Sa‘d (qu’Allah soit satisfait de lui) sur sa monture entra dans l’eau accompagné du reste de son armée, et du régiment al-Kharsā', constitué également de 600 cavaliers, commandés par al-Qa‘qā‘ Ibn ‘Amr at-Tamīmi. Ils emplirent le Tigre au point que l’on n’en voyait plus l’eau et rejoignirent ainsi le commando al-Ahwāl. Au moment de la traversée, les eaux de crue étaient hautes et puissantes.

 

La chute de l’Iwan de Khosro (Chosroès) 

Yazdgard fut terrifié et s’enfuit à Houlwān. La traversée des Musulmans avait été soudaine et inattendue pour les Perses qui, et en conséquence, abandonnèrent une grande quantité de leurs biens. L’escadron al-Ahwāl, suivi par celui d’al-Kharsā' et du reste de l’armée, s’élança sur des routes pratiquement vides, et atteignit le Palais Blanc), où se trouvait l’Iwan de Chosroès. Le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) avait prophétisé lors de la Bataille de la Tranchée qu’il serait conquis et Sa‘d (qu’Allah soit satisfait de lui) ne souhaita donc pas que le Palais soit détruit lors des combats. Il accorda donc aux Perses assiégés un répit de trois jours pour payer la Jizyah, après quoi Sa‘d (qu’Allah soit satisfait de lui) et les Musulmans entrèrent dans le Palais et offrirent une prière de remerciements à Allah pour son aide évidente.

 

Dans cette prière, Sa‘d (qu’Allah soit satisfait de lui) récita les paroles d’Allah, le Très-Haut : {Que de jardins et de sources ils laissèrent [derrière eux], que de champs et de superbes résidences, que de délices au sein desquels ils réjouissaient. Il en fut ainsi et Nous fîmes qu’un autre peuple en hérita.} (Sourate ad-Doukhan 44 : 25-28).

 

Tout cela eut lieu dans le même Iwan où Khosro Pervez (Chosroès II) avait déchiré la lettre du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) et dans lequel avait eu lieu la discussion entre Yazdgard et les messagers de Sa‘d Ibn Abi Waqqās (qu’Allah soit satisfait de lui).

 

Allah glorifié a dit : {Dis : « Ô Allah, Maître de l’autorité absolue. Tu donnes l’autorité à qui Tu veux, et Tu arraches l’autorité à qui Tu veux ; et Tu donnes la puissance à qui Tu veux, et Tu humilies qui Tu veux. Le bien est en Ta main et Tu es Omnipotent.} (Sourate Al-‘Imran 3 : 26)

 

Sa‘d (qu’Allah soit satisfait de lui) en fit un lieu de prière et y accomplit la première prière du vendredi (صلاة الجمعة) le 26 Safar 16 H (29 mars 637 EC).

 

 

Les Musulmans entrent en territoire perse

La Conquête de Jaloūlā' (1er Dhoul Qa‘dah 16 H / 24 Novembre 637 EC)

Une nouvelle force perse

    Il existait une route militaire entre Madā'in (Ctésiphon) et Hamadān qui passait par Jaloūlā' et Houlwān, dont Yazdgard fit sa capitale temporaire personnelle après la chute de Madā’in. L’armée de Mehrān fut stationnée à Jaloūlā', à une distance de 100 ou 150 km au nord-est de Madā'in qu’il fortifia et fit creuser des tranchées tout autour. Là, les soldats qui s’étaient retirés de Madā'in se rassemblèrent, ainsi que les renforts d’al-Bāb (Azerbaïdjan), d’al-Jibāl et de l’intérieur de la Perse, à l’est d’Ahvāz ; et furent rejoints chaque jour par des renforts supplémentaires.

 

Hāshim commande les forces musulmanes

Sa‘d (qu’Allah soit satisfait de lui) envoya une force de 12.000 hommes, commandée par Hāshim Ibn ‘Outbah (qu’Allah soit satisfait de lui), avec l’avant-garde commandée par al-Qa‘qā‘ Ibn ‘Amr (qu’Allah soit satisfait de lui). Ils atteignirent Jaloūlā' en quatre jours et affrontèrent les Perses quatre-vingt fois en une période de sept mois. En chaque occasion, les Musulmans furent victorieux, et à chaque fois les Perses retournaient à leurs positions derrière les tranchées.

 

 

Jaloūlā' et ses Fortifications

Jaloūlā' se trouvait sur le fleuve Diyalā dont dépendaient ses défenses du côté droit, alors que devant avait été creusée une large et profonde tranchée. Elle était encerclée par une large zone ouverte après laquelle se trouvait une ceinture de pieux en bois acérés dont le but était d’empêcher la cavalerie et, entre eux, se trouvaient des chemins par lesquelles ils pouvaient entrer et sortir.

 

La chute de Jaloūlā'

Lors du combat final, les Perses se retirèrent et furent poursuivis par les Musulmans jusqu’à ce que ces derniers les eurent vaincus sur la barrière des pieux en bois ; ils combattirent à travers les passages et les Perses tombèrent dans leur propre tranchée. Ils avaient pris des mesures afin de pouvoir en sortir et retourner à leur base, en détruisant ainsi l’efficacité comme moyen défensif. Les Musulmans en prirent conscience et reformèrent leurs rangs afin de reprendre l’attaque pendant la nuit. Les Perses les virent et disséminèrent des chausse-trappes (Les chausse-trappes étaient de petites boules de fer hérissées de pointes utilisées dans les guerres médiévales. Le sol où l’on pensait que l’ennemi passerait en était recouvert avait pour résultat que les chevaux, les chameaux et les fantassins étaient vite mis hors d’état de nuire par les pointes qui s’enfonçaient dans leurs sabots et leurs pieds) dans la zone entre la tranchée et la barrière de pieux. Ils fabriquèrent un chemin à travers par lequel ils sortirent attaquer les forces musulmanes. Puis la nuit tomba et les deux camps furent enfermés dans la bataille. Les Musulmans atteignirent l’entrée de la tranchée et empêchèrent les Perses de se retirer alors ces derniers se dispersèrent à droite et à tombèrent dans leurs propres pièges. 100.000 d’entre eux furent tués et Jaloūlā' tomba le 1er Dzoul Qi’dah 16 H (24 novembre 637 EC), neuf mois après la chute de Madā'in (Ctésiphon).

 

La chute de Houlwān

Sa‘d (qu’Allah soit satisfait de lui) renforça les Musulmans de 3.000 hommes qu’il envoya à Houlwān. Mehrān fut tué à Khānaqin, sur la route entre Jaloūlā' et Houlwān, et Yazdgard s’enfuit au nord de Houlwān à ar-Rayy (Rey), après quoi Houlwān tomba aux mains de Qa‘qā‘ Ibn ‘Amr. Les Musulmans acquirent une telle quantité de butin de guerre que ‘Umar Ibn Khattāb (qu’Allah soit satisfait de lui) pleura en le voyant ; tellement émut et craignant l’épreuve pour les Musulmans.

 

Le nettoyage de la région de Jaloūlā'

Après que Sa‘d (qu’Allah soit satisfait de lui) eut fini à Bābil (Babylone), en Dzoul Qi’dah 15 H (Décembre 636 EC), Qoutbah Ibn Qatādah attaqua les Perses dans la région de Basra, et ‘Umar (qu’Allah soit satisfait de lui) envoya ‘Outbah Ibn Ghazwān à la tête d’un détachement de 500 à 800 hommes ouvrir un second front afin de restreindre les forces perses et les empêcher de participer à la Bataille de Madā'in (Ctésiphon), facilitant ainsi la conquête de la région de Basra. Quatre-mille Perses sortirent contre eux, mais ‘Outbah les vainquit et les annihila. Ensuite il mit en déroute la garnison à Ouboullah, qui se retira, après quoi les Musulmans y pénétrèrent. Alors, ‘Outbah avança sur Mayssān, une région d’al-‘Amārah, et affronta les Perses à Mazār et Abrqoubād puis nettoya les régions basses du Tigre et de l’Euphrate. Simultanément, Sa‘d (qu’Allah soit satisfait de lui) nettoyait le Sawād en Irak, entre Madā'in (Ctésiphon) et Mayssān.

 

Après la chute de Houlwān, les Musulmans laissèrent en arrière à Jaloūlā' une force de cavaliers, commandée par Jarīr Ibn ‘AbdAllah al-Bajalī. Puis, Hāshim Ibn ‘Outbah commença un ratissage complet du Sawād, sur la rive orientale du Tigre, en un cercle dont le rayon était de 200 km, couvrant Mahroūd, Bandanījayn, Radhānāt, Daqoūqā et Khānījār. Il conquit toutes les zones rurales de Bājarma, Sinbārimā et Bawāzīj al-Moulk au nord et jusqu’à Shehrzor au sud que mes Musulmans acquirent sans combats, mis à part le nettoyage de ce qui restait des forces perses.