A
cette époque, le royaume de Grenade, surnommée la petite Andalouse,
était composée de quatorze villes (madina), de
quatre-vingt-dix-sept forteresses (qal’ah) sans compter un
très grand nombre de tours (abraj) et de forts (houssoun),
plus de cent-soixante-dix villages (qu’aria) ou vivait,
d’après certains historiens, plus de quatre millions de Musulmans.
Comme
nous l’avons aussi mentionné, le fondateur de ce royaume fut Abou
‘Abdillah al-Ghalib Billah Muhammad Ibn Youssouf Ibn Muhammad
Ibn Ahmad Ibn Khalis Ibn Nasr Ibn Qays al-Khazraji qui naquit
en l’an 591 de l’Hégire (1194), connut sous le nom d’Ibn al-Ahmar
et surnommé ash-Shaykh et dont l’ancêtre était le respectable
Compagnon Sa’d Ibn ‘Oubadah al-Khazraji al-Ansari (qu’Allah soit
satisfait de lui). La devise des gouverneurs du royaume de Grenade à
cette époque était donc « la ghalib illa billah » (nul
vainqueur excepté par Allah).
En
l’an 660 de l’Hégire (1261), les croisés atteignirent la plénitude
de leur force et Alfonsh X marcha de Léone sur Grenade et menaça la
ville avec son immense armée.
Muhammad
Ibn Nasr Ibn al-Ahmar prépara une armée pour mettre fin à
cette menace tout en envoyant un groupe de gens au Maghreb pour
demander de l’aide aux Musulmans. Le Sultan des Bani Marine, Abou
Youssouf Ya’qoub Ibn ‘Abdel Haqq, lui envoya trois-mille
combattants sous le commandement de ‘Amir Ibn Idriss Ibn ‘Abdel Haqq,
et ce fut la première armée des Banou Marine qui fut envoyé au
secours des Musulmans et qui posa le pied en Andalousie.
Ces
Moujahidine créèrent un corps armé qui fut appelé
Minsha'at al-Ghouzat, et avec l’aide des Moujahidine
maghrébins, Ibn al-Ahmar put faire face aux croisés et
repousser leurs attaques.
En
l’an 661 de l’Hégire (1261), Alfonsh X tenta une nouvelle fois de
reprendre Grenade et Ibn al-Ahmar repoussa son attaque malgré
la petitesse de ses moyens. Alfonsh ne cessa de répéter ses
tentatives si bien qu’al-Ahmar, en l’an 665 de l’Hégire
(1266), conclut le fameux traité de paix humiliant que nous avons
déjà mentionné et les affaires restèrent en paix.
En
l’an 671 de l’Hégire (1272), Alfonsh trahit son engagement et
attaqua de nouveau Grenade, malgré toutes les concessions faites par
Ibn al-Ahmar qui demanda de l’aide au Sultan des Banou Marine
al-Mansour Abou Youssouf Ya’qoub Ibn ‘Abdel Haqq qui accepta
de l’aider et envoya ses forces en Andalousie qui repoussèrent la
nouvelle menace d’Alfonsh mais qui arrivèrent après la mort d’Ibn
al-Ahmar le fondateur du royaume de Grenade, à qui succéda son fils
Muhammad Ibn Muhammad Ibn Youssouf Ibn al-Ahmar
surnommé al-Faqih. Il fut appelé ainsi parce qu’il étudia la science
religieuse chez les grands ‘Oulémas de l’époque et était lui-même un
savant et un juriste.
La bataille d’ad-Don Nonawiyyah
En
l’an 673 de l’Hégire (1274), lorsque la pression des croisés devint
de nouveau intense sur Grenade, Muhammad al-Faqih demanda de
l’aide aux Banou Marine.
Au
mois de Dzoul Hijjah de cette même année, une armée des Banou
Marine de cinq-mille combattants débarqua en Andalousie, suivie deux
mois plus tard par l’émir des Banou Marine al-Mansour Abou Youssouf
Ibn Ya’qoub en personne.
L’armée jointe des Musulmans sortit de Grenade pour mettre fin à la
menace permanente des croisés dont l’immense armée du roi de
Castille Alfonsh X était stationnée à Istidjah au sud de la ville de
Cordoue, sous le commandement de Don Nonio Dillara, d’où le nom de
la Bataille d’ad-Don Nonawiyyah et c’est sous ce nom quelle est
mentionnée dans l’Histoire de l’Islam.
L’armée des Musulmans au nombre de 10.000 hommes était sous le
commandement de l’émir des Banou Marine al-Mansour qui donna le
commandement de l’avant garde à son fils Youssouf. L’avant garde
était composée des gens de Grenade avec à leur tête Muhammad
al-Faqih.
De
nouveau, une bataille décisive allait avoir lieu. Si les Musulmans
perdaient ce serait la fin de Grenade et du futur des Musulmans et
s’ils sortaient vainqueurs, ils auraient battu la puissante armée de
Castille de 90.000 hommes. Les armées, inégales tant au niveau
logistique que du nombre, se rencontrèrent le 15 Rabi’ Awwal de
l’année 674 (1275) près de Cordoue.
L'armée des croisés, forte de ses moyens et de son commandant
invincible, avança en toute confiance. Quant aux Musulmans, ils
placèrent leur confiance en leur Seigneur et à Son obéissance Exalté
et Loué soit-Il, espérant Sa grâce, Sa miséricorde et qu’Il, à Lui
les Louanges et la Gloire, leur accorde la victoire.
Avant
la bataille, l’émir des Banou Marine, al-Mansour Abou Youssouf
Ya’qoub Ibn ‘Abdel Haqq descendit de son cheval, refit ses
ablutions et pria deux unités de prières. Puis il leva ses mains
vers le ciel et fit une longue invocation à voix haute, la Dou’a
ô musulman, la Dou’a,
tandis que les Musulmans disaient amine (aminoun) à
chacune de ses invocations.
Sa
dernière invocation fut celle que le Messager d’Allah (Saluts et
bénédictions d'Allah sur lui) fit pour les compagnons (qu’Allah soit
satisfait d'eux) le jour de la bataille de Badr : « O Grand
Seigneur, donne la victoire à ce groupe, assiste-le et aide-le à
combattre Tes ennemis et nos ennemis » (allahoumma ansour hadil
‘issaba wa ayadha wa a’inha ‘ala jihad ‘adouwika wa ‘adouhina).
Puis
il remonta sur sa monture, se prépara pour la bataille et donna ses
instructions à son fils à l’avant-garde. Puis il dit : « O Musulmans
et groupe de combattants ! Vous êtes les secoureurs de la religion.
Ce jour est un grand jour et un témoignage sans conteste pour ce
qu’il y a après. Le Paradis vous a ouvert ses portes tandis que ses
Houris et sa terre se sont faites belles pour vous accueillir.
Elancez-vous et soyez ferme. Le Paradis n’est-il pas à l’ombre des
sabres ? Allah a acheté des Musulmans leurs âmes et leurs bien
qu'ils auront le Paradis. Profitez de ce commerce fructueux et
concourez vers le Paradis avec les œuvres pieuses. Soyez sans pitié
envers les ennemis d’Allah, les mécréants (al-kafara).
Combattez les associateurs immoraux (al-fajara). Celui
d’entre vous qui mourra, mourra martyr (shahidan) et celui
qui vivra retournera à sa famille en paix enrichit, acquitté et
louant (hamidan). Soyez endurants. Incitez-vous à
l’endurance. Luttez constamment (contre l’ennemi) et craignez Allah,
afin que vous réussissiez ! »
Alors
les gens pleurèrent et se congratulèrent les uns et les autres pour
l’adieu et persuadés de trouver le martyr en ce jour et de ne jamais
plus se revoir en ce monde. Ils vendirent leurs âmes au Seigneur de
l’univers en échange de Son Paradis et poussèrent leurs cris de
guerre : « Allahou Akbar
» !
Ils
se conseillèrent mutuellement la patience et de ne pas tourner le
dos puis, ils enfourchèrent leurs montures et se jetèrent sur
l’ennemi. Et c’est ce qu’ont rapporté les historiens sur cette
bataille.
Et
10.000 Musulmans se lancèrent contre 90.000 croisés et l’émir des
Banou Marine assisté de ses lions du Maghreb (oussoud al-maghrib)
pénétrèrent rageusement les rangs ennemis fauchant de leurs sabres
quiconque se tint sur leur route. La bataille dura un certain temps
avant que les Musulmans ne l’emportent. Ce fut une horrible et
écrasante défaite pour les croisés et un très grand nombre de leurs
soldats mourut. Mourut également lors de cette bataille le
commandant de leur armée Don Nonio, 7.800 prisonniers furent fait et
6.000 autres trouvèrent la mort. Le butin fut si important qu’il est
rapporté que les moutons furent vendus 1 dirham la pièce.
Les
historiens ont aussi rapporté concernant cette bataille : « Les
Musulmans n’avaient pas été victorieux depuis la bataille d’al-‘Iqab
ou fut battu an-Nassir al-Mouwahhidi suite à une traîtrise
d’Alfonsh VIII en 609 de l’Hégire (1212) soit 69 années ».
De l’importance de l’invocation
Avant
de continuer plus loin puisque la circonstance l’oblige, je voudrais
vous mentionner ce qui a été rapporté sur l’importance de
l’invocation ou la Dou’a.
Pour
commencer Allah Exalté soit-Il, à Lui les Louanges et la Gloire a
dit dans Son Livre Saint : « Et quand Mes serviteurs
t’interrogent sur Moi ; alors, Je suis tout proche, Je réponds à
l’invocation de celui qui M’invoque s’il M’invoque. Qu’ils répondent
à Mon appel, qu’ils croient en Moi, afin qu'ils soient bien guidés[1]
»,
« Et
Votre Seigneur a dit : « Invoquez-moi, j’exaucerai vos demandes.
Ceux qui, par orgueil, se refusent à M’adorer entreront bientôt dans
l’enfer, humiliés[2] » »,
« Et
quand ils affrontèrent Goliath et ses troupes, ils dirent :
Seigneur! Déverse sur nous l’endurance, affermis nos pas et
donne-nous la victoire sur ce peuple infidèle. Ils les mirent en
déroute, par la grâce d’Allah. Et David tua Goliath ; et Allah lui
donna la royauté et la sagesse, et lui enseigna ce qu’Il voulut. Et
si Allah ne neutralisait pas une partie des hommes par une autre, la
terre serait certainement corrompue. Mais Allah est Détenteur de la
Faveur pour les mondes[3] »,
Al-Mansour Abou Youssouf Ya’qoub, émir des Bani Marine
Al-Mansour des Bani Marine fut victorieux lors de cette bataille qui
eut le 15 Rabi’ Awwal de l’année 674 (1275) qui repoussa la chute
définitive de l’Andalousie. Ce fut une bataille décisive et encore
une autre bataille oubliée de l’Histoire des Musulmans.
Après
la bataille, l’armée des Musulmans se divisa en deux parties. Une
partie de l’armée sous le commandement d’Ibn Ahmar al-Faqih
marcha vers Jaén tandis que l’autre partie sous le commandement
d’al-Mansour vers Séville.
Ibn Ahmar
mit le siège sur la ville et renforça son blocus tandis que Sancho
fils de Jacqoum (shanja Ibn jaqoum) le roi d’Aragon, prépara
son armée pour le stopper et marcha sur Jaén ou les deux armées se
rencontrèrent, l’armée des croisés sous le commandement de Sancho et
celle des Musulmans par Ibn Ahmar. Les Musulmans écrasèrent
les croisés lors de cette bataille et Sancho fils de Jacqoum fut
tué.
Le
roi d’Aragon qui avait entretemps envoyé une autre armée au secours
de son fils rencontra l’armée d’Ibn Ahmar le lendemain de sa
victoire. Don Nino, le commandant de l’armée des croisés, hésita à
combattre les Musulmans et les deux armées se firent face longtemps.
Puis il envoya des messagers pour demander la paix à la condition
que la dépouille de Sancho lui soit remis. Ibn Ahmar accepta
à condition que les croisés relâchent tous les prisonniers musulmans
qu’ils avaient. Les échanges eurent lieu et l’armée des croisés
quitta les lieux en direction de Tolède ou ils enterrèrent son corps
dans la mosquée qui avait été transformée en église.
Quand
à al-Mansour, il mit le siège sur Séville. Les habitants demandèrent
la paix en échange du paiement d’un impôt de guerre et al-Mansour
accepta leur demande.
Après
des années d’humiliation la gloire de l’Islam semblait se réanimer
et si les Musulmans étaient sincères envers Allah, à Lui les
Louanges et la Gloire, et revenaient à lui, ils seraient toujours
victorieux. Non seulement Allah Exalté dit la Vérité mais les
innombrables batailles de l’Islam sont là, comme un exemple vivant
et permanent de ces vérités
Lorsque les affaires retrouvèrent la tranquillité, al-Mansour
retourna au Maghreb cinq mois après, au mois de Rajab de cette même
année, laissant derrière lui un corps de troupe de 3.000 combattants
pour assister les Andalous.
Al-Mansour ne chercha pas à reconquérir l’Andalousie au bénéfice des
Banou Marine mais il était venu juste pour combattre dans la voie
d’Allah le Très Haut pour que Son Verbe soit Elevé puisse Allah
Exalté et Loué soit-Il le récompenser en bien (jazahou lahou
khayra).
Le retour d’al-Mansour en Andalousie
En
l’an 677 de l’Hégire (1278), al-Mansour retourna en Andalousie ou il
rencontra Ibn al-Ahmar al-Faqih le gouverneur de Grenade et
ensemble, ils se dirigèrent vers Séville qui avait rompu ses
engagements. Sur leur route, ils conquirent un certains nombres de
forts puis il envoya divers détachements capturer d’autres petites
villes dans la région surnommée l'île verte ou Algésiras, proche du
détroit de Tariq. Quant à son fils Youssouf Ibn al-Mansour
accompagné par al-Ahmar, ils se dirigèrent vers les régions
du nord ou ils prirent un certain nombre de forteresses et de forts.
Le
gouverneur de Cordoue s’inquiéta des mouvements des Musulmans quand
l’armée conjointe des Musulmans arriva à Cordoue et assiégea la
ville.
Cordoue était devenu la capitale des croisés. Le gouverneur envoya
des messagers pour demander la paix. Al-Mansour laissa la décision à
al-Ahmar du fait qu’il était le gouverneur d’Andalousie et ce
dernier accepta la demande de paix du roi de Castille aussi à cause
de la fatigue qui pesait sur l’armée.
Lorsque l’impôt de guerre, al-Jizyah, fut payé, al-Ahmar
et al-Mansour revinrent à Grenade. Al-Mansour fut accueilli par les
gens en liesse du fait des victoires successives des Musulmans. Et
pour les récompenser, il fit distribuer tout le butin de guerre
entre les habitants ce qui lui valut plus d’amour de leur part.
Pendant ce temps, le gouverneur de Malaga mourut et son fils prit sa
succession. Lorsqu’il vit qu’al-Mansour restaurait la gloire des
Mourabitine, il offrit son poste et sa ville au Sultan Youssouf Ibn
Ya’qoub et ainsi Malaga devint la première ville à se soumettre aux
Bani Marine. Youssouf nomma son fils Abou Zayyan gouverneur de la
ville et retourna au Maghreb.
Alors
le pire se produisit sous les artifices du maudit Iblis. Ibn al-Ahmar
eut peur que les Banou Marine lui prennent le pouvoir bien que
c’était un savant et qu’il connaissait l’Histoire. Et l’histoire des
Mourabitine lui revint en mémoire aidé en cela par les suggestions
du malin.
Il se
rappela l’histoire entre Youssouf Ibn Tashfine et al-Mou’tamid Ibn
‘Abbad. Mou’tamid Ibn ‘Abbad était le gouverneur de l’état
indépendant de Séville qui lorsque les croisés se firent menaçants
et que la ville fut en danger, il demanda de l’aide aux Mourabitine.
Ceux-ci répondirent à son appel en la personne de Youssouf Ibn
Tashfine qui revint plusieurs fois assister les Musulmans
d’Andalousie et dut ôter le pouvoir aux gouverneurs des états
indépendants, après l’édit juridiques des savants de Syrie,
parce qu’ils étaient non seulement incapables de se défendre
eux même mais posaient un réel danger pour les Musulmans. Et ainsi
avait pris fin l’état ville-indépendantes d’al-Mou’tamid Ibn ‘Abbad
qui choisit la rébellion plutôt que la soumission.
Ibn
al-Ahmar obnubilé par le pouvoir ne pensa qu’à lui-même et
hélas ne prit pas en compte les Musulmans ni ce qu’il y avait de
mieux pour sa communauté. Et il dit une parole mal placée dans son
contexte : « Il y a dans l’Histoire une leçon ! »
Certes ! Il y a dans l’histoire une leçon qu’il ne faut pas suivre
les traces du diable ou se séparer de la communauté mais
certainement pas de leçon de sacrifier les intérêts des Musulmans en
général pour protéger les siens d’autant plus que le Messager
d'Allah (Saluts et bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « Aime
pour ton frère ce que tu aimes pour toi ».
Ibn
al-Ahmar détesta pour son frère ce qu’il aimait pour lui
oubliant la leçon de travailler ensemble pour le bien de tous !
Ibn
al-Ahmar, l’ingrat, oublia ce que les Bani Marine avaient
fait pour le protéger et décida de se préparer à lutter contre eux
et comme personne ne pouvait l’aider, il eut recourt aux ennemis des
Musulmans, les croisés, et il n’y a de force et de puissance qu’en
Allah. Il en appela donc aux mécréants pour l’assister dans sa lutte
contre eux. A quoi donc peut servir la science lorsqu’on ne craint
pas Allah le Très Haut !
Saisissant l’occasion en or qui se présentait à lui, via le traître
Ibn al-Ahmar, le roi de Castille mit à sa disposition une
armée pour expulser les Banou Marine d’Andalousie et leur armée qui
était stationné près de Jibal Tariq dans la région d’Algésiras (jaziratoul
khadrah).
L’armée Ibn d’al-Ahmar se joignit à celle des croisés et
ensemble ils marchèrent sur les Banou Marine. Arrivé sur place, ils
mirent le siège tandis que les Banou Marine appelaient à l’aide
leurs frères au Maghreb. Après avoir d’abord envoyé son fils en
urgence pour secourir leurs frères al-Mansour débarqua une nouvelle
fois en Andalousie. Youssouf Ibn al-Mansour conduisit une flotte de
quatre-cents navires mais les croisés informés leur opposèrent une
autre flotte et eut lieu une grande bataille navale entre les
Musulmans et les croisés dans le détroit de Tariq ou avec la grâce
d’Allah le Très Haut sur Ses serviteurs, les croisés furent battus.
Lorsque les croisés virent la puissante flotte (oustoul dakhm)
des Musulmans non seulement ils se retirèrent mais abandonnèrent Ibn
al-Ahmar à ses problèmes.
Ibn
al-Ahmar lorsqu’il se retrouva seul regretta son geste et fit
envoyer des messagers au Banou Marine leur demandant de lui
pardonner son erreur et leur proposa des généreuses sommes d’argents
et des navires. Al-Mansour lui envoya néanmoins une terrible lettre
pour le sermonner et décida de ne pas tenir compte de son erreur.
Al-Mansour retourna au Maghreb tandis que son fils Youssouf resta en
Andalousie ou il occupa la région d’Algésiras. Puis il se mit à
penser à ce traître d’Ibn al-Ahmar qu’il avait secourut
maintes et qu’il n’avait pas hésité à les trahir de cette manière !
Youssouf al-Mansour décida donc de le punir.
Al
Mansour quant à lui retourna au Maghreb préoccupé par une
rébellion en Algérie dans la région de Tilimsen à laquelle il dut
faire face en personne.
Son
fils, seul sans consulter personne, chercha un moyen de se
débarrasser d’Ibn al-Ahmar. Son père était trop préoccupé
pour l’aider et il n’avait avec lui qu’une petite armée. Et il pensa
que seuls les mécréants pouvaient l’aider ! Lui qui était venu pour
fin mettre fin à la menace des croisés voilà maintenant qu’il
pensait à leur demander de l’aide pour punir ce traître ! Et
effectivement, Il contacta Alfonsh X qui réjouit de voir les
Musulmans à ce point divisé, lui proposa de lui envoyer une armée
pour attaquer Grenade !
Youssouf eut peur d’agir sans l’autorisation de son père et il dit
aux messagers que lui avait envoyé Alfonsh X : « Allez voir mon père
et essayez de le convaincre ! Ce qu’ils firent immédiatement et
lorsqu’ils se trouvèrent en présence d’al-Mansour et lui dirent les
raisons de leur présence, il entra dans une terrible colère ! Il
envoya aussitôt des messagers à son fils pour le menacer en lui
disant : « Tu veux punir une trahison par une autre trahison ? »
Et
Allah le Très Haut préserva les Musulmans d’Andalousie de cette
erreur qui aurait pu être tragique pour eux !
Ensuite les Musulmans connurent une période de calme tant au Maghreb
qu’en Andalousie alors qu’il en était tout autrement chez les
Chrétiens.
En
l’an 681de l’Hégire (1282), Sancho fils d’Alfonsh X se rebella
contre son père à Castille qui était l’état le plus important des
croisés aux nord. Il l’évinça du pouvoir et l’expulsa. Alfonsh X qui
dirigeait depuis assez longtemps refusa de se laisser faire. Alors
il s’en alla en Europe chercher de l’aide auprès des rois mais pas
l’un d’entre eux ne l’aida. Puis il alla à Rome et demanda de l’aide
au pape qui ne voulut pas se mêler des affaires intérieures
d’Alfonsh X du fait que ce n’était pas un problème entre les
Chrétiens et les Musulmans mais entre un père et son fils.
Alfonsh humilié retourna en Andalousie et pensa à demander de l’aide
aux Musulmans. Il traversa le détroit de Tariq et s’en alla demander
de l’aide au Sultan al-Mansour au Maghreb.
Il
serra la main du Sultan et lorsqu’il fut partit le Sultan alla
aussitôt se laver les mains de cet homme qui avait déjà tué des
milliers de Musulmans. Le Sultan le rencontra et l’écouta et Alfonsh
lui offrit sa couronne royale en guise de cadeau. Al-Mansour se dit
qu’il devait profiter de l’occasion de la même manière que les
croisés profitaient des divisions des Musulmans.
Al-Mansour décida d’aider le roi déchu. Son armée débarqua de
nouveau en Andalousie cette même année et tous les partisans
d’Alfonsh X qui voulaient son retour à la royauté se joignirent à
cette armée qui attaqua Séville, Cordoue et mit la pression sur
Sancho.
Le
siège dura deux années complètes et Alfonsh X mourut soudainement.
Tous les gens qui avaient rejoints al-Mansour n’ayant plus aucune
raison de rester s’en allèrent tandis qu’al-Mansour retourna au
Maghreb.
La mort d’al-Mansour Abou Youssouf Ya’qoub
En
l’an 684 de l’Hégire (1285 M), al-Mansour retourna une nouvelle fois
en Andalousie pour donner une leçon aux croisés.
Sancho lui envoya deux armées l’une par terre et l’autre par mer
pour l’en l’empêcher. Mais ces deux armées furent battues et Sancho
contraint demanda la paix. Al-Mansour accepta sous certaines
conditions dont celle qu’il devait bien traiter les Musulmans
d’Andalousie. Car c’est à cause des nombreuses plaintes des gens qui
se plaignirent d’être maltraités par les croisés tant pour leurs
biens, leurs personnes et leur religion qu’al-Mansour était venu en
Andalousie.
Sancho accepta et l’accord fut mis sous écrit. Al-Mansour demanda
aussi que tous les livres des Musulmans qui avaient été pris dans
les villes lui soit renvoyés au Maghreb et effectivement de grandes
quantités de livres lui fut envoyés. Et ainsi une grande partie des
livres religieux et scientifiques Musulmans échappèrent à la
destruction grâce à al-Mansour et ces livres se trouvent de nos
jours dans la grande bibliothèque de Fès au Maroc.
En
l’an 685 de l’Hégire (1286) le grand Sultan al-Mansour Abou Youssouf
Ya’qoub qui terrifia les croisés en Andalousie, qui gouverna avec
justice, décéda lors d’une de ses batailles en Andalousie puisse
Allah le Très Haut lui faire miséricorde,
Son
fils Abou Ya’qoub Youssouf Ibn Ya’qoub lui succéda et les relations
entre lui et Ibn al-Ahmar al-Faqih ou Muhammad II,
n’étaient pas vraiment bonnes. Ibn al-Ahmar eut peur de lui
lorsqu’il apprit sa succession et pour prouver sa loyauté, il se
rendit au Maghreb pour rassurer Youssouf sur ses intentions
pacifiques et qu’il n’avait nullement l’intention de trahir une
nouvelle fois. Il lui fit des promesses, lui donna des garanties et
lui dit qu’il avait vraiment regretté son geste. Et pour confirmer
ses paroles, il lui proposa de prendre ce qu’il voulait des terres
d’Andalousie.
Youssouf Ibn al-Mansour l’accueillit, l’honora et accepta ses
doléances. Youssouf le confirma à son poste mais réclama la région
d’Algésiras de même que la ville de Tarif. Et tout alla bien
jusqu’en l’an 690 de l’Hégire.
En
l’an 690 de l’Hégire (1290), comme à leur accoutumée et encore une
fois les croisés trahirent leurs promesses et leurs engagements
envers les Musulmans après leur défaite en mer et sur terre et
préparèrent une importante armée.
Youssouf voulut se rendre en Andalousie pour les corriger mais avant
qu’il ait put bouger les croisés envoyèrent une flotte de guerre
pour l’empêcher de traverser. Eut lieu alors une importante bataille
navale ou les Musulmans furent dispersés avant même d’avoir pu
organiser leurs forces.
Le
Sultan Youssouf refusa de fuir et fit face aux navires croisés et
les autres navires Musulmans voyant qu’il tenait ferme se rallièrent
a lui et ensemble ils mirent en fuite la flotte ennemie. Le Sultan
Youssouf débarqua alors en Andalousie et marcha directement sur
Séville où il mit le siège. Mais les conditions météorologiques se
gâtèrent et des pluies diluviennes s’abattirent si bien qu’après un
certain temps le Sultan Youssouf leva le camp et retourna au
Maghreb. Et n’était ces conditions seul Allah, à Lui les louanges et
la Gloire, sait ce qui serait arrivé.
Ibn
al-Ahmar ayant vu les forces du Sultan Youssouf à l’œuvre et
de plus en plus puissante eut peur une nouvelle fois que les Banou
Marine lui prenne le pouvoir. Il demanda donc une nouvelle fois de
l’aide aux croisés pour venir à bout d’eux. Les croisés acceptèrent
de l’aider et les deux armées réunies marchèrent vers Tarif ou ils
mirent le siège.
Les
Banou Marine conscient du danger ne purent rien faire du fait qu’ils
devaient faire face à des problèmes au Maghreb néanmoins, le Sultan
Youssouf réussit à envoyer une flotte navale au secours des Banou
Marine de Tarif.
Lorsque les croisés furent informés, ils envoyèrent à leur tour une
autre flotte qui empêcha les Musulmans de porter assistance à leurs
frères. Deux batailles successives eurent lieu l’une sur terre et
l’autre sur mer entre les Banou Marine et Ibn al-Ahmar le
traître allié aux croisés. Mais au final, après quatre mois de
blocus, Tarif tomba aux mains des croisés et bien que les clauses du
contrat que le traitre avait signé, stipulaient que toutes les
villes que les croisés réussiraient à conquérir lui reviendraient,
le traître se retrouva lui-même trahit ! Ils refusèrent de lui
remettre la ville car ils étaient maintenant parvenus à
l’extrême-sud de l’Andalousie et Ibn al-Ahmar se retrouva
piégé. L’Andalousie était maintenant coupée du Maghreb et alors Ibn
al-Ahmar regretta encore une fois son geste ! Il vit de ses
propres yeux l’œuvre des croisés tandis que la menace des Banou
Marine n’avait jamais été réelle pour lui mais juste une peur
infondée qu’il avait eue.
Il se
rendit de nouveau au Maghreb présenta ses excuses au Sultan Youssouf
qui l’accueillit encore une fois et l’honora. Il lui offrit un des
quatre grands Massahif (Qur’an) que ‘Uthman Ibn
‘Affan (qu’Allah soit satisfait de lui) avait envoyé dans tout
l’empire Musulmans pour qu’ils soient réimprimés à partir de cette
version originale.
Ibn
al-Ahmar lui donna vingt forteresses, la région d’Algésiras,
la ville de Randa et le Sultan Youssouf envoya son ministre ‘Omar
Ibn S’oud al-Jashmi à la tête de son armée pour chasser les croisés
de Tarif qui était une ville fortifiée et qui ne serait pas tombée
sans la trahison de Ibn al-Ahmar et toutes les tentatives de
capture de la ville échouèrent.
La mort d’Ibn al-Ahmar
al-Faqih
En
l’an 701 de l’Hégire (1301), Ibn al-Ahmar al-Faqih mourut et
son fils Abou ‘Abdillah Muhammad surnommé al-Makhlou’ (le
détrôné) lui succéda mais ce fut son ministre qui dirigea réellement
le royaume de Grenade tandis que Muhammad III n’en était que
la façade. avant d’être détrôné en l’an 708 de l’Hégire (1308) pour
être succédé par Nasr.
Ce
ministre traître coupa ses relations avec les Banou Marine et ouvrit
des relations avec les croisés. Puis profitant que les Banou Marine
étaient occupés par des rebellions en Algérie, le ministre, Abou
‘Abdillah al-Hakim, envoya une armée d’Andalousie au Maghreb.
Cette
armée était commandée par le fils de son oncle Abou Sa’id Faraj Ibn
Isma’il qui réussit à capturer la ville de Ceuta et cela dans le but
d’empêcher les Banou Marine d’intervenir en Andalousie. Puis pour
semer la division dans les rangs des Banou Marine, il annonça sa
rébellion au Sultan Youssouf Ibn al-Mansour et sa reconnaissance au
rebelle des Banou Marine, ‘Uthman Ibn Abi al-‘Ala al-Marini.
Cette
même année, le Sultan Youssouf Ibn al-Mansour devait décéder des
suites de cette affaire fomentée par les Andalous. Et Abou Thabit
Ibn Abi ‘Amir al-Marini lui succéda.
Mais
il s’ensuivit des troubles avec son oncle Abou Salim. Et ainsi les
Bani Marine se trouvèrent divisés en trois groupes. Abou Thabit
réussit à venir à bout de son oncle et aussitôt combattit ‘Uthman
al-Marini qui s’était rebellé contre son père et assiégea Ceuta.
Alors qu’il assiégeait la ville, Abou Thabit mourut et lui succéda
le Sultan Abou Rabi’ qui renforça tellement le blocus sur Ceuta
qu’il ne tarda pas à reconquérir la ville. ‘Uthman dut s’enfuir et
se réfugia à Grenade.
En
l’an 708 de l’Hégire (1308), alors que les croisés contrôlaient la
presque totalité de l’Andalousie, et en dépit des accords avec les
Musulmans de Grenade, ils décidèrent de capturer le reste du pays et
Fernando IV à la tête de son armée marcha sur Almeria, la ville
portuaire de la flotte navale des Musulmans tandis qu’il envoya une
autre armée alliée au roi Jacques pour capturer Gibraltar (jibal
tariq).
Cette
même année Nasr succéda à Abou ‘Abdillah Muhammad surnommé
al-Makhlou’
En
l’an 709 de l’Hégire (1309) Gibraltar tomba car personne ne vint
secourir les Musulmans.
Nasr
pensa que son pouvoir était en danger et que son tour n’allait pas
tarder d’autant plus que la ville d’Almeria était assiégée depuis
une année maintenant. Il envoya des messagers au Sultan des Bani
Marine au Maghreb pour demander de l’aide. Le Sultan après avoir
posé ses conditions envoya hommes et argent pour soutenir le
gouverneur de Grenade.
Cette
même année, Fernando IV resserra son étau sur Almeria qui subissait
un double blocus navale et terrestre. Les habitants fermes et
intransigeants poussèrent Fernando à creuser un tunnel assez large
sous le sol pour permettre l’accès à vingt cavaliers afin qu’ils
puissent accéder à la forteresse.
Les
Musulmans s’en rendirent compte et eux même se mirent à creuser un
tunnel qui rejoignit celui des Chrétiens et une bataille eut lieu
sous la terre. ‘Uthman des Bani Marine qui avait trouvé refuge à
Grenade leva une armée et porta secours au gens d’Almeria. Et par la
grâce d'Allah le Très Haut, les Musulmans eurent le dessus et
écrasèrent leurs ennemis.
En
l’an 713 de l’Hégire (1313), Nasr qui succéda à Abou ‘Abdillah Muhammad
al-Makhlou’ fut contraint de se désister et il fut remplacé par Abou
al-Walid Ibn Isma’il Ibn Faraj Ibn Isma’il qui n’ait autre que le
frère de Muhammad I ou Ibn al-Ahmar, le fondateur du
royaume de Grenade.
Ainsi
l’histoire nous démontre qu’il suffit que les Musulmans soient unis
pour qu’ils remportent les victoires et qu’ils les perdent
lorsqu’ils sont désunis.
Le
Sultan Abou al-Hassan ‘Ali Ibn ‘Uthman Ibn Abi Ya’qoub
gouverneur du Maghreb et chef des Bani Marine débarqua en Andalousie
en l’an 741 de l’Hégire pour porter assistance aux Musulmans. Il
s’entendit avec Abou al-Hajjaj Youssouf al-Awwal des Bani
al-Ahmar pour mettre fin à l’avancée des croisés en
Andalousie mais aussi pour récupérer les terres que les Musulmans
avaient perdus. Les deux armées unifiées réussirent à reprendre
Gibraltar puis ils firent leurs préparatifs pour attaquer Tarif.
Lorsque les croisés virent cela, ils firent de même et les armées de
Castille et d’Aragon s’allièrent pour stopper l’avance des Musulmans
et porter secours à Tarif tandis que le pape de Rome appelait à une
nouvelle Guerre Sainte, ou Croisade contre les Musulmans.
L’armée anglaise ainsi que d’autres européennes vinrent leur porter
assistance en navires jusqu’au détroit de Gibraltar ou ils mirent le
blocus pour éviter que le Maghreb envoie des renforts.
L’armée musulmane sans renforts se retrouva sous immense pression
puis bientôt sans vivre mais les deux émirs Abou al-Hassan
‘Ali Ibn ‘Uthman Ibn Abi Ya’qoub et Abou al-Hajjaj restèrent
ferme jusqu’à l’arrivée de l’armée portugaise qui reçut l’ordre du
pape de son obligation d’assister l’armée des croisés. Les Musulmans
se retrouvèrent encerclés par trois armées sur terre et la flotte
des croisés en mer.
Les
trois armées donnèrent simultanément l’assaut contre les Musulmans
enfonçant leurs lignes et l’armée des portugais transperça le centre
des Musulmans et arriva jusqu’à la tente du Sultan Abou al-Hassan.
Sa garde personnelle se battit farouchement pour protéger la vie du
Sultan mais tous trouvèrent la mort si bien que les portugais firent
prisonnier le fils du Sultan.
Le
Sultan, quant à lui, réussit à rejoindre de manière extraordinaire
un groupe de solides combattants qui réussirent à l’’extraire du
champ de bataille avant de l’emmener dans un endroit de la région
d’Algésiras puis dans l’île de Gibraltar. Et de là il fut emporté au
Maghreb, échappant ainsi de peu à la mort.
Abou
al-Hajjaj, réussit aussi à retourner à Grenade tandis que
l’armée des Musulmans fut décimée. Un très grand nombre de Musulmans
périt lors de cette bataille mais aussi de grands ‘Oulémas tel que
‘Abdillah Salba Salmani et le Qadi ‘Abdillah al-Maliki alors qu’il
haranguait les gens leur disant : « Ce jour est le jour de joie,
heureux de ce que leur Seigneur leur a donné de Ses bienfaits ». La
femme du Sultan fut prise prisonnière avec d’autres femmes tandis
que d’autres encore furent tuées.
Ce
fut une douloureuse défaite pour les Musulmans et il n’y a de force
et de puissance qu’en Allah le Très Haut.
Afin
d’enrichir vos connaissance, nous allons vous rapporter maintenant
ce que firent les croisés sous le commandement de ‘Alfonsh XI après
leur victoire en comparaison avec al-Mansour le chef des
Mouwahhidine lorsqu’il assiégea Tolède avec ses puissantes machines
de guerre et qui fut sur le point de tomber n’était-ce les donzelles[4]
que le roi de Castille lui envoya qui l’émurent au point où il les
couvrit d’or, de pierre précieuse et de lever le siège. Qu’on le
veuille ou non, cet événement restera dans tous les sens possible
une référence, que l’on peut utiliser dans toutes les circonstances.
Le
roi de Castille Alfonsh XI, malédiction d’Allah sur lui, entra dans
le camp des Musulmans puis dans la tente du Sultan des Bani Marine
et égorgea tous ses enfants avec une sauvagerie inouïe ! Des enfants
qui accompagnaient leur père, quelle crime avaient-ils commis ? La
haine des croisés est à ce point qu’ils n’ont même pas pitié des
enfants des Musulmans comme les Musulmans ont pitié de leurs femmes
jusqu’à abandonner une victoire ?
Non,
ils ne connaissent pas, nous avons bien vu l’Algérie, la Bosnie,
l’Iraq, l’Afghanistan etc. et je dirais qu’ils font même mieux de
nos jours puisqu’ils urinent même sur les victimes avant de les
bruler!
Après
leur victoire, la flotte des croisés mit le blocus sur les forts
Musulmans en mer et prirent celui d’Abou Sa’id.
Sitôt
son arrivée au Maghreb, le Sultan Abou al-Hassan ‘Ali Ibn
‘Uthman Ibn Abi Ya’qoub leva une nouvelle armée et une nouvelle
flotte et se dirigea à nouveau vers l’Andalousie. Les deux flottes
se rencontrèrent en mer mais la flotte des Musulmans préparée à la
hâte était de loin insuffisante pour faire face à celle des Anglais
et des Européens et ils furent de nouveau battus. Les croisés
contrôlèrent le détroit de Gibraltar puis de là, mirent le blocus
sur toute la région d’Algésiras tandis que le pape demandait un
surplus d’aide à fournir aux Espagnols. L’Angleterre envoya une
nouvelle armée soutenir le roi de Castille.
Le
siège d’Algésiras dura trois années et demi jusqu’en l’an 741 de
l’Hégire (1340). Abou al-Hajjaj envoya une nouvelle armée
pour les aider mais elle ne put rien faire. Et en l’an 743 de
l’Hégire (1342), après un long et harassant siège, les Musulmans
demandèrent la paix et la sécurité qui leur fut accordée à condition
qu’ils quittent la région, et c’est ce qu’ils firent.
Ainsi
toute la région d’Algésiras tomba aux mains des croisés réduisant
encore plus la présence musulmane en Andalousie.
En
l’an 750 de l’Hégire (1349), Alfonsh XI marcha sur l’île de
Gibraltar qui était une forteresse et mit le siège. A cette époque,
apparut une maladie qui se propagea tout le long des pays en bordure
de la Mer Méditerranée et qui toucha l’armée du Najiss al-Khabith
Alfonsh XI qui périt ainsi que pratiquement toute son armée des
suites de ce virus, que la malédiction d’Allah soit sur lui et ses
semblables.
Et le
siège sur Gibraltar qui durait depuis un an fut levé avec la
Puissance d’Allah le Très Haut Exalté et Loué soit-Il qui les châtia
tous et d’un seul coup pour leurs abominables crimes. L’invocation
des opprimés est toujours exaucée, ne serait-ce après un certain
temps !
Mais
ce qui est bien triste, c’est que les croisés survivants prirent la
dépouille contaminée de l’impur (najiss) Alfonsh XI qu’ils
ramenèrent à Séville et qu’ils demandèrent l’autorisation aux
Musulmans de traverser la ville de Grenade pour s’y rendre et tant
qu’à faire a aussi contaminer les Musulmans de la ville qui ne
l’avaient pas été et les Musulmans acceptèrent leur demande à la
place d’en finir avec eux et certains d’entre eux allèrent jusqu’à
porter le deuil et se vêtirent de noir, imitant les mécréants (taqlid
an-nassarah) ! Vraiment les Musulmans de Grenade tombèrent bien
bas et vous verrez un grand nombre d’exemples similaires dans
l’Abrégé de l’Histoire des Croisades.
Le
Messager d’Allah (Salut et Bénédiction d’Allah sur lui) a dit : «
Celui qui imite des gens est considéré comme étant l’un d’eux.»
rapporté par Ahmad et Abou Daoud.
Le
Prophète (Salut et Bénédiction d’Allah sur lui) a dit : « Il n’est
pas des nôtres celui qui imite des gens différents de nous, n’imitez
ni les juifs, ni les Chrétiens ».
Le
Prophète (Salut et Bénédiction d’Allah sur lui) a dit : « Vous
suivrez les faits et gestes de ceux qui vous ont précédé, leur
ressemblant comme se ressemblent les pennes d’une flèche, jusqu’au
point où s’ils entraient dans un trou de lézard, vous les suivriez ».
Les Compagnons demandèrent : « O Messager d’Allah ! Sont-ils les
Juifs et les Chrétiens ? » Il répondit : « Qui d’autre alors ?
» Rapporté par al-Boukhari.
Ou
était-donc les Musulmans du Sultan Marini al-Mansour Abou Youssouf
Ya’qoub Ibn ‘Abdel Haqq alors qu’il se trouvait dans son
palais à Algésiras qui, lorsque le roi de Castille Alfonsh X lui
demanda de l’aide après avoir détrôné en l’an 781 de l’Hégire, comme
nous allons le voir, lorsqu’il mit fin à l’entrevue qu’il avait eu
avec le roi des croisés après lui avoir serré la main dit en langue
berbère à ses servants : « Ramenez moi de l’eau que je lave mes
mains du contact de cet impur (qoublat ada najass) »
Comment les Musulmans de Grenade ont-il put honorer la dépouille de
celui qui vendit en esclavage les femmes et filles du Sheikh Marini
al-Ghouzat après qu’il eut égorgé de la pire manière ses enfants !
Ce sont des choses extrêmement importantes à savoir, n’avaient-ils
donc plus aucun honneur !
A
Castille, Boutra I surnommé al-‘Ati, le tyran, l’injuste, succéda à
Alfonsh XI, alors qu’il était âgé de 16 ans. Trop jeune pour
gouverner, c’est sa mère qui dirigea donc les affaires en attendant
qu’il grandisse mais il la tua. Alors les gens se levèrent contre
lui et il les punit très durement. De même ses proches se
rebellèrent contre lui et ils subirent le même traitement et le pays
des croisés tomba dans une profonde apathie à cause de ce tyran.
En
l’an 755 de l’Hégire (1353), al-Ghalib Billah Abou al-Hajjaj
Youssouf I mourut à Grenade, poignardé par un fou dans la mosquée
alors qu’il priait, le jour de l’‘Id Fitr. Et son fils Muhammad
V (al-khamis) Ibn Youssouf surnommé al-Ghani Billah lui
succéda.
Le 18
Ramadan de l’année 760 de l’Hégire (1359), Isma’il Ibn Youssouf
surnommé le Deuxième (al-thani), aidé par le mari de sa sœur
Muhammad VI et une centaine d’hommes prirent le palais du
gouverneur de Grenade tandis que Muhammad V s’enfuit sur sa
monture vers la ville de Wadi Ash.
L'année suivante, Isma’il II fut assassiné et Muhammad VI
devint seul gouverneur de Grenade. Deux ans, après Muhammad V
qui s’était enfuit demanda de l’aide au Sultan du Maghreb qui
l’assista et l’aida à récupérer le pouvoir. Tandis que Muhammad
VI s’enfuit chez les croisés accompagné de trente-sept personnes. Ne
sachant pas où aller, il alla chez Boutra qui après les avoir reçu,
ordonna qu’ils soient tous tués tandis qu’il tua en personne Muhammad
VI ! Il fit trancher leurs têtes et les envoya à Muhammad V.
En
l’an 769 de l’Hégire (1367), les affaires empirèrent en Castille. Et
ces troubles permirent à Grenade de durer un peu plus.
Imri
II, aidé par la France, se rebella contre son frère Boutra, à cause
de ses incessantes injustices, assistés en cela par l’armée ce qui
poussa Boutra à fuir. Boutra partit au Portugal demander de l’aide
mais toute aide lui fut refusée.
Alors, il alla en Galice et la Galice n’était pas vraiment en bon
terme avec Castille. Le gouverneur Moutran mit à sa disposition une
armée de 1.200 hommes. Alors Boutra le trahit lui prit tous ses
biens s’embarqua sur un navire et alla dans l’île de Bayonne
appartenant aux anglais et la captura.
Boutra demanda ensuite de l’aide au Prince de Galles qui l’aida avec
une armée avec laquelle il revint à Castille et reprit le pouvoir de
son frère. Imri se sauva en France. Boutra se vengea alors de tous
ceux qui s’étaient rebellés contre lui et n’était-ce le Prince de
Galles qui l’en empêcha, il les aurait tous tué. Puis il mit la
pression sur les gens riches pour récupérer toute la somme d’argent
qu’il avait donné au Prince de Galles en échange de son aide. Le
Prince de Galles fut choqué par le comportement de cet homme et
l’abandonna très en colère après lui.
Imri,
aidé par les français retourna et attaqua Castille aidé par les
habitants de la ville.
Ibn
al-Ahmar annonça qu’il était prêt à aider Imri. Et l’armée
d’Imri assiégea Cordoue, la capitale de Castille. Mais l’armée de
Boutra la repoussa une première fois puis, le 14 avril 1367 eut lieu
une grande bataille entre Imri et Boutra qui fut battu. Et après
plusieurs autres batailles Boutra fut finalement tué et Imri II
reprit le pouvoir.
Le
roi du Portugal, profitant de ces batailles entres les Castillans,
annonça en l’an 770 de l’Hégire (1368) qu’Imri II n’était pas le roi
légitime de Castille et que c’était lui le roi du Portugal qui était
le roi légitime de Castille. Et la guerre commença entre le Portugal
et Castille.
Imri
II réussit à vaincre le roi du Portugal et faillit contrôler le
Portugal mais le pays resta un royaume indépendant. Et finalement
les différents des croisés prirent fin et pendant toutes ces années,
ils n’attaquèrent pas une seule fois les Musulmans leur laissant un
peu de répit.
En
l’an 793 de l’Hégire (1390), apparut à Castille un homme du nom de
Sio surnommé Sio Nassiq qui était un prédicateur. Et du fait que
plusieurs de ses prédictions arrivèrent réellement les gens
commencèrent à le suivre et à se rapprocher de lui.
Un
jour, il annonça que les croisés allaient capturer Grenade comme ils
capturèrent Valence. Il rencontra le gouverneur de la ville de
Qantara qui le crut et qui se mit à envoyer des messages de
soumission au gouverneur de Grenade.
Sio
accompagné de 5.000 hommes marchèrent sur Grenade. Imri le
gouverneur de Castille lui conseilla de ne pas faire cela du fait
qu’il avait conclu des arrangements avec les Musulmans suite à leur
aide apportée pour combattre Boutra.
Mais
Sio et les gens refusèrent de l’écouter si bien qu’Imri changea
d'avis et rompit son pacte. Sio annonça aussi à ses partisans que la
ville serait prise pacifiquement et que pas un seul d’entre eux ne
serait tué. Ils attaquèrent les faubourgs de Grenade et les
Musulmans sortirent à leur rencontrèrent et tuèrent certains de ses
partisans.
Alors
les gens furent stupéfaits et ils dirent à Sio : « Mais tu nous
avais dit que personne ne mourait ! »
Sio rigola et dit : « Je vous avais dit dans la bataille mais
pas lors du siège ». Et les gens le crurent à nouveau.
Comme
ceux-ci continuaient d’avancer, les Musulmans sortirent et les
attaquèrent si bien qu’il s’ensuivit une bataille. Les Musulmans les
écrasèrent et 3.500 d’entre eux furent tués y comprit Sio tandis que
les autres fuirent la bataille et ceci est le seul évènement
important qui arriva à cette époque.
Et de nouveau la situation empira à Grenade
En
l’an 793 de l’Hégire (1390) mourut Abou al-Hajjaj Youssouf II
Ibn Muhammad V. Abou al-Hajjaj succéda à son
père puis lorsqu’il prit le pouvoir, Muhammad VII lui succéda
après sa mort.
Muhammad
VII n’était pas le plus grand de ses fils et il y eut des différents
entre les frères et Muhammad VII fit emprisonner son grand
frère. Et la division s’infiltra dans les rangs des Bani Ahmar.
Cette division motiva les croisés pour intervenir et en l’an 809 de
l’Hégire (1406) Yohannah II prit la succession après la mort d’Imri
III.
La
femme de Yohannah du nom de Catherine (katarina) et était une
fanatique chrétienne. Et elle insista tant et tellement, soit
cinquante années, auprès de son mari à rompre ses engagements avec
les Musulmans et d’attaquer Grenade que celui-ci n’eut pas d’autre
choix. Et il prépara donc son armée en conséquence.
Tandis qu’à Grenade la désintégration s’annonçait tant la situation
était mauvaise pour les Musulmans.
En
l’an 811 de l’Hégire (1408), Youssouf III, le plus grand en âge,
fils de Youssouf II, frère de Muhammad VII était en prison
comme nous l’avons mentionné et Muhammad VII pensa que si
quelqu’un venait à libérer son frère qui était légitimement le
prétendant au trône, celui-ci se retournerait contre lui et le
forcerait à abdiquer sans oser imaginer les suites néfastes.
Alors, il ordonna de faire tuer son frère dans sa cellule et il
écrivit au responsable de la prison pour qu’il exécute les ordres et
celui-ci reçut le message alors qu'il était en train de jouer aux
échecs avec le prisonnier du fait qu’une amitié était née entre eux.
Lorsqu’il lit la lettre, son visage se transforma du fait qu’il
était obligé de tuer son
ami. Youssouf III se rendit immédiatement compte de ce changement et
prit la lettre des mains du responsable et la lut ! Il dit au
responsable :
-
« Finissons d’abord la partie ». Et celui-ci étonné lui répondit :
-
« Mais as-tu lu le message ? » Et l’autre de répondre :
-
« Oui ».
-
« Mais j’ai reçu l’ordre de te tuer ! »
-
« Finissons d’abord la partie te dis-je ! »
Et à
peine avait-il finit la partie, qu’on vint leur annoncer la mort de
Muhammad VII ! Gloire à Allah le Très Haut (soubhanallah)
! Et Youssouf III le prisonnier devint le gouverneur officiel de
Grenade après la mort subite de son frère dont le dernier acte et
sur lequel il sera ressuscité est d’avoir ordonné la mort de son
frère (souh al-khatimah) !
Les
historiens ont rapporté que le règne de Youssouf II fut un bon
règne.
En
l’an 815 de l’Hégire (1412), Yohannah II enfin près attaqua et
captura Nouqirah bien que Youssouf II envoya une armée pour défendre
la ville mais elle fut battue.
Le retour de la division à Grenade
En
l’an 820 de l’Hégire (1417), Muhammad, surnommé al-Ayssar ou
Muhammad VIII, prit le pouvoir et sous son règne les troubles
recommencèrent.
Il
gouverna jusqu’en l’an 831 de l’Hégire (1427) quand son fils Muhammad
Junior (as-saghir) ou Muhammad IX, se révolta contre
lui et le détrôna. Muhammad al-Ayssar se réfugia en Tunisie
ou le gouverneur de Tunis lui fournit 1.500 combattants qui lui
permirent de retourner en Andalousie ou il fut rejoint par ses
partisans et la bataille commença entre le père et son fils !
En
l’an 833 de l’Hégire (1429), la bataille entre Muhammad
as-Saghir et Muhammad al-Ayssar redoubla de violence, et le
père victorieux retrouva le pouvoir. Mais ce n’était pas la fin des
problèmes pour lui et un homme surnommé Youssouf IV Ibn Moull se
rebella à son tour contre lui.
Le
roi de Castille, profita de ces différents pour s’introduire dans le
conflit entre les Musulmans et fournit de l’aide à Youssouf IV des
Bani Ahmar contre Muhammad al-Ayssar gouverneur de
Grenade. Youssouf IV réussit à venir à bout du gouverneur et
l’écarta du pouvoir pour la deuxième fois.
En
l’an 837 de l’Hégire (1433), Youssouf IV Ibn Moull décéda et Muhammad
al-Ayssar retourna au pouvoir pour la troisième fois et continua à
gouverner, bien que les gens doutèrent de ses aptitudes.
En
l’an 845 de l’Hégire (1441), les rois d’Espagne se divisèrent à
nouveau.
Les
Musulmans auraient pu profiter de ces troubles aussi pour
reconquérir ce qu’ils avaient perdu mais Muhammad al-Ayssar
était un gouverneur particulièrement faible. La population finit par
se rebeller contre lui et le lui ôter pour son incapacité. Et Muhammad
X surnommé al-Ahnaf prit la succession. Muhammad X
tenta aussitôt de renforcer le gouvernement et le pays.
En
l’an 848 de l’Hégire (1444), il conduisit plusieurs batailles contre
le roi de Castille mais sans en emporter une seule.
De
même en l’an 849 de l’Hégire (1445), il envoya plusieurs commandos,
sans ne connaître un seul succès. Alors les gens une nouvelle fois
doutèrent de ses capacités de gouverneur incapable de remporter une
seule victoire et lui ôtèrent le pouvoir. Et Muhammad V fils
de Muhammad al-Ayssar lui succéda.
Cette
même année, Muhammad al-Ahnaf, pour la seconde fois,
reprit le pouvoir de Muhammad V juste quelques mois après sa
nomination.
Les Musulmans sous le règne des croisés
Que
sont devenus les Musulmans qui étaient restés vivre dans les villes
capturées par les croisés ?
Et
bien, ils furent de plus en plus maltraités et humiliés alors que
les Musulmans n’ont jamais maltraités les Chrétiens qui vivaient
sous leurs lois !
Des
nouvelles lois furent crées et appliquées pour que ces injustices
leur soient naturellement appliquées et quelles deviennent une
obligation. Et parmi ces lois :
- Il
était permis à n’importe quel Chrétien de corriger et de frapper un
musulman lorsqu’il le jugeait utile.
- Il
fut interdit aux Musulmans de rentrer dans la maison d’un Chrétien
exceptés les docteurs Musulmans car la science comme nous l’avons
dit était chez les Musulmans !
- Il
fut interdit aux Musulmans de fréquenter les Chrétiens sous peine de
cruelles punitions.
-
Comme les Musulmans avaient leur propre quartier et leur propre
tribunal qui jugeaient encore selon les lois d’Allah le Très Haut
Exalté et Loué soit-Il, les tribunaux Musulmans furent interdits et
fermés.
Les
Musulmans, sujets à ces cruelles lois commencèrent à quitter les
villes des croisés et pour leur interdire de partir :
-
Quiconque parmi les Musulmans qui tenterait d’émigrer vers Grenade
serait pris comme esclave.
-
Tout musulman interdisant à son enfant de se christianiser sera
torturé.
-
Sachant que le commerce était aussi aux des mains des Musulmans, le
roi de Castille imposa une loi annulant toutes les dettes des
Chrétiens envers les Musulmans.
-
Tout musulman qui serait pris en train d’attester à voix haute la
parole de foi « la ilaha illallah wa Muhammad Rassoul
Allah » serait immédiatement mis à mort.
- Il
fut interdit aux Musulmans d’utiliser la langue arabe et
l’utilisation d’al-Khimiado[5]
fut rendue obligatoire sous peine de terrible punition.
Telles étaient quelques-unes des principales lois[6]
auxquels étaient soumis les Musulmans surnommé « les moins que rien
» (al-moudajjanin) dans les villes occupées par les
Chrétiens.
Ahmad
al-Tilmisani (de Tlemcen, en Algérie actuelle), le savant (‘alim)
du Maghreb Arabe, un des plus grands savants de l’époque édicta son
fameux arrêté juridique (fatwa), valable pour tous les temps
et stipulant : « Obligation à tous les Musulmans interdit de
pratiquer leur religion de quitter le pays dans lequel ils vivent. «
Ceux qui ont fait du tort à eux-mêmes, les Anges enlèveront leurs
âmes en disant : Où en étiez-vous? (à propos de votre religion) -
Nous étions impuissants sur terre, dirent-ils. Alors les Anges
diront : La terre d’Allah n’était-elle pas assez vaste pour vous
permettre d’émigrer ? Voilà bien ceux dont le refuge et l’Enfer. Et
quelle mauvaise destination ! A l’exception des impuissants :
hommes, femmes et enfants, incapables de se débrouiller, et qui ne
trouvent aucune voie. A ceux-là, il se peut qu’Allah pardonne. Allah
est Clément et Pardonneur. »
Si un musulman ou qu’il se trouve ne peut protéger sa
religion l’émigration devient obligatoire pour lui ».
Cette
Fatwa se trouve dans son fameux livre : « asnal matajir fi
bayan ahkam liman ghalaba ‘ala watanihil nassara wa lam
youhajir wa ma yataratab ‘aleyhi minal ‘ouqoubati wal zawajir ».
Les
gens commencèrent donc à émigrer en secret craignant de devenir
esclave s’ils étaient pris. Et les gens de Grenade ne purent aider
leur frère du fait des batailles que les gouverneurs se livraient
pour le pouvoir.
En
l’an 863 de l’Hégire (1458), Muhammad al-Ahnaf fut
déposé et Sa’d Ibn Muhammad Ibn Youssouf II prit le pouvoir
pour quatre années et en l’an 867 de l’Hégire (1462), il fut déposé
à son tour par Youssouf V qui quelques années après fut redéposé par
Sa’d Ibn Muhammad.
Profitant de la faiblesse des Musulmans, le roi de Castille attaqua
en l’an 868 de l’Hégire (1463) l’île de Gibraltar (jabal tariq)
et la captura bien que sa forteresse était la plus imprenable et la
plus puissante de toute l’Andalousie. Puis le roi de Castille mit la
pression sur Grenade mais la prédestination voulut que des
différents surgissent entre les rois croisés et Alfonsh se rebella
contre Imri IV et les gens prirent son parti.
Les
deux armées se rencontrèrent mais aucun des deux ne remporta la
victoire. Le différent dura quelques temps jusqu’à ce qu’Alfonsh
meurt et que tout revienne en ordre. Les partisans d’Alfonsh
portèrent allégeance à Isabelle (izaballa), la sœur d’Alfonsh
mais celle-ci refusa de se rebeller contre son frère Imri et un
arrangement eut lieu entre eux. Isabelle deviendrait après son frère
reine de Castille.
La
capture de l’île de Gibraltar par les croisés fut un dur coup
insurmontable pour les Musulmans du royaume de Grenade car c’est par
cette île et celle d’Algésiras que transitaient les aides du
Maghreb. Avec la perte de ces deux îles stratégiques au profit des
croisés, le contact avec le Maghreb fut coupé et cela accentua la
chute de Grenade d’autant plus que la dynastie des Banou Marine
connaissait ses derniers instants.
En
l’an 868 de l’Hégire (1363), al-Ghalib Billah Abou al-Hassan
‘Ali Ibn Sa’d devint le nouveau Sultan et il était marié à deux
femmes. L’une d’entre elle, ‘Ayshah, était la fille de son oncle et
la seconde une espagnole convertie à l’Islam après avoir été
capturée au cours d’une bataille du nom de Fourayah ou Thourayah.
Il
eut de ‘Ayshah, Muhammad surnommé as-Saghir et Youssouf et de
Fourayah ou Thourayah Sa’d et Nasr.
Abou
al-Hassan voulut donner la succession à son grand fils de
Thourayah parce qu’il aimait beaucoup celle-ci mais le véritable
prétendant à la succession était Muhammad as-Saghir. Lorsque
son épouse espagnole fut informée de ses desseins, elle fit
emprisonner ‘Ayshah et son fils à Bourj Oumarish qui était une tour
fortifiée. Avec ce complot intra familial, la sédition se glissa
dans la famille régnante.
En
l’an 869 de l’Hégire (1464), le règne des Bani Marine prit fin
pressé par les Bani Wattass tandis qu’une nouvelle fois les troubles
secouaient le Maghreb et que l’Andalousie, du moins ce qui en
restait, connaissait ses derniers sursauts du fait de son extrême
faiblesse.
Les
croisés quant à eux étaient unifiés et prêt à saisir ce qui restait
des possessions musulmanes en Andalousie.
En
l’an 874 de l’Hégire (1469), le successeur du roi d’Aragon Fernando
V (frinidad al-khamis) se maria avec Isabelle, la future
reine de Castille.
En
l’an 879 de l’Hégire (1474), Imri IV mourut et Isabelle prit le
pouvoir.
La naissance de l’Espagne actuelle
En
l’an 884 de l’Hégire (1479), Yohannah II abdiqua le pouvoir en
faveur de son fils, Ferdinand V et les deux époux annoncèrent
l’unification des deux états devenu un qui prit le nom d’Espagne qui
est le début de l’histoire de l’Espagne actuelle.
L’Espagne se retrouva divisée en trois états : l’Espagne, le
Portugal et, la royauté de Grenade aux mains des Bani Ahmar
et qui ne représentait pas le dixième de la superficie totale de
l’Andalousie.
Cette
unification entre les croisés rendit le pays plus fort. Les époux
organisèrent le pays en mettant fin au banditisme et s’allièrent à
eux plusieurs îles dont celle de Majorque et de Minorque.
En
l’an 887 de l’Hégire (1482), Fernando marcha sur Grenade et plus
particulièrement le sud est vers la ville stratégique de Hamah
qu’il conquit et où il massacra tous les Musulmans, hommes, femmes,
enfants et vieillards sans laisser un seul être vivant.
Puis
il avança vers une puissant fort sur sa route vers Grenade, le fort
de Locha. Dans ce fort il y avait une petite garnison de soldats
musulmans commandé par le Sheikh ‘Ali al-‘Atar, puisse Allah le Très
Haut lui faire miséricorde, qui avait à cette époque 80 ans. Mais
cela ne l’empêcha pas non seulement se résister au siège mais de
combattre à arme égale l’armée de Fernando qui ne put ni saisir le
fort et ni aller de l’avant stoppé par la bravoure du Sheikh et de
ses soldats.
Le
Sheikh ‘Ali al-‘Atar ainsi retarda la chute de Grenade et empêcha
Fernando d’aller plus loin. Le sabre de ce Sheikh existe toujours de
nos jours et est conservé dans le musée de guerre de Madrid.
Cette
attaque de Fernando sur Hamah permit à Ibn Hakim Muhammad
XI de se sauver puis de contester le pouvoir à son père ‘Ali Ibn
Sa’d qu’il finit par prendre en l’an 887 de l’Hégire (1482). Il fut
connu sous le nom d’Abi ‘Abdillah al-Malik as-Saghir al-Ghalib
Billah Muhammad XI.
La
devise des Banou Ahmar, « la ghaliba illallah », écrit
au-dessus de leur trône est toujours visible de nos jours dans le
Palais al-Hamra à Cordoue.
Al-Malik Muhammad as-Saghir, rappelez-vous ce nom parce qu’il
joua un grand rôle dans les derniers jours de l’Andalousie, Muhammad
as-Saghir Ibn ‘Ali surnommé Muhammad XI ou al-Ghalib Billah
et Malik as-Saghir avait pour patronyme (qounia) Abou
‘Abdillah.
C’est
avec lui que débuta la fin de l’Andalousie pour les Musulmans.
[1]
Qur’an, Sourate 2, verset 186.
[2]
Qur’an, Sourate al-Ghafir, verset 60.
[3]
Qur’an, Sourate 2, versets 250, 251.
[4]
La mère, l’épouse et les filles d’Alfonsh.
[5]
Nous avons déjà mentionné cette langue nouvelle crée par
al-Moudajjanin.
[6]
Si Allah Exalté le veut, lorsque j’aurais finis cette série
historique des Abrégés, je traduirais l’excellent livre du
Docteur al-Jaza’iri : « le Mythe du Barbarisme Musulman et
ses Objectifs » qui mentionne tous ces évènements ainsi que
les lois des infâmes tribunaux de l’inquisition.