Les nouvelles séditions en Andalousie

Avec les conflits pour le pouvoir au Maghreb, la séparation (infissal) des Banou Hafs en Ifriqiyah ou la Tunisie, l’apparition des Bani Marine au Maghreb extrême (maghrib aqsah) ou le Maroc, des grandes séditions apparurent en Andalousie particulièrement à Murcie sous l’égide de Muhammad Ibn Youssouf Ibn Houd, de la tribu des Houd Joudamiyine qui étaient les gouverneurs de Saragosse sous les royaumes indépendants, et qui réussit à chasser les Mouwahhidine d’un certain nombre de leur terre en Andalousie en battant Sayd Abi Zayd ‘AbderRahmane Ibn Muhammad Ibn Youssouf Ibn ‘Abdel Mou'min qui était le gouverneur de Valence.

Muhammad Ibn Youssouf Ibn Houd porta allégeance au calife abbasside al-Moustansir Billah puis les villes de Séville, Mérida, Badajoz et Shatibah se joignirent à lui et il prit le nom de al-Moutawwakil ‘Alallah.

 

Un des petits enfants (ahfad) de Youssouf Ibn Sa’d Ibn al-Mardanish, du nom de Abou Jamil Zayyan Ibn al-Mardanish se rebella aussi à Valence, ce qui poussa le gouverneur des Mouwahhidine, Sayd Abi Zayd ‘AbderRahmane Ibn Muhammad Ibn Youssouf Ibn ‘Abdel Mou'min, à demander de l’aide à Kha'im al-Awwal, le roi croisé d’Aragon.

Ce Mouwahhid portant le titre de Sayd, car soi-disant appartenant à la famille du Prophète Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui), partit demander de l’aide aux croisés et prit avec lui ses biens, sa famille et ceux de ses partisans qui voulaient le suivre. Mais pire ce décrépit (tafi), lâche (jabane), méprisable (haqir)[1] « Sayd al-Mouwahhidi » quitta l’Islam, devint chrétien, se maria avec une chrétienne et changea son nom de ‘AbderRahmane en celui de Vicente. Cet apostat est d’ailleurs mentionné de manière moqueuse dans les livres occidentaux « Vicente, Roi de Valence, petit-fils de l’émir des croyants » (fisante malik bolensia hafid amir al-mou'minin).  

Comment peut-on changer son nom de Sayd en Vicente, prétendre appartenir à la famille du Prophète Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui), vous prévaloir d’être des Mouwahhidine, d’égorger et tuer les gens pour les forcer à suivre votre Madhhab ridicule (sakhif), de prêcher al-Mahdawiyah et d’apostasier à la première rébellion des andalous, qu’Allah t’enlaidisse (qabahaka allah)[2].

 

 

Les trois rois chrétiens, Fernando III le roi de Castille, Alfonsh IX le roi de Léon et al-Kha'im al-Awwal ou Jacques (James) le roi d’Aragon qui observaient les évènements avec la plus grande minutie (dikkah) pensèrent qu’il était temps d’en finir avec l’Andalousie blessée (jarihah) et saisirent la chance qui s’offraient à eux.

 

 

En l’an 627 de l’Hégire (1229), Alfonsh IX le roi de Léon captura les villes de Mérida et celle stratégique de Badajoz avant sa mort et son fils Fernando III, dont la mère était Donia Branjéla, se précipita à Léon pour hériter le royaume de son père et ainsi il unifia son royaume à celui de Castille.

Cette même année, le roi d’Aragon Jacques aidé par la France et l’Italie réunirent une importante flotte navale et se dirigèrent à nouveau vers les îles Baléares ou ils mirent le blocus avant de le capturer la plus importante des trois îles, Majorque. Eut lieu une grande bataille navale ou périrent en un seul jour 24.000 Musulmans y compris son gouverneur Ibn Yahya après avoir été torturé à mort. Le roi d’Aragon Jacques prit alors le titre de Conquérant (al-fatih) mais il était bien loin de Muhammad al-Fatih le Héros de la prise de Constantinople qui n’eut recourt à nul autre excepté Allah puis ses propres armées, puisse Allah lui faire miséricorde.

Puis les croisés prirent l’île d’Ibiza et Minorque résista à leurs sièges jusqu’en l’an 686 de l’Hégire (1287) avant de tomber aux mains des Aragons.

Point n’est besoin de mentionner que l’égoïste recherche des biens personnels empêcha les Mouwahhidine, aveuglés par la satisfaction de leur propre personne au dépend de la défense des Musulmans, de porter secours à leur frères.

Et avec la chute des îles Baléares, prit fin la puissance navale des Musulmans.

 

En l’an 629 de l’Hégire (1231), fut porté allégeance au dernier des gouverneurs Mouwahhidine ‘Abdel Wahid Ibn Idris qui prit le titre d’ar-Rashid, comme nous l’avons mentionné.

 

 

En l’an 631 de l’Hégire (1233), le pape annonça une nouvelle Guerre Sainte, une nouvelle croisade pour la libération de Valence à l’est de l’Andalousie mais les Musulmans tinrent ferme et la ville résista à l'assaut.

 

En l’an 633 de l’Hégire (1235), les affaires s’aggravèrent au Maghreb et les Banou Ziyad occupèrent l’Algérie (al-jaza'ir). L’immense état des Mouwahhidine se fragmenta et l’Andalousie fut oubliée.

 

La chute de Cordoue 

Au mois de Shawwal de l’année 633 de l’Hégire (1235), le roi de Castille, de Tolède, du centre et du nord de l’Andalousie, Fernando fils d’Alfonsh (fardlande ibn alfonsh) marcha à la tête de ses armées sur Cordoue, la capitale de l’Andalousie et mit la pression sur la ville. Les Mouwahhidine sur le point de rupture et incapable de faire face aux affaires urgentes de l’état ne purent envoyer de l’aide.

Fernando mit le blocus sur la ville mais les Musulmans tirent ferme. Ils luttèrent et se fortifièrent mais sans succès car il n’y avait personne pour leur donner du courage. Le blocus dura longtemps si bien que les Musulmans pensèrent à se rendre. Ils lui envoyèrent des messagers pour trouver une issue favorable à leur sort et Fernando accepta mais les prêtres encore une fois refusèrent du fait du caractère saint de leur croisade qui n’accepte pas de laisser quiconque vivant.

Fernando accepta la demande des Musulmans non pas pour respect pour eux ou par pitié, mais il eut peur que s’il refusait, les Musulmans brûleraient cette immense ville fortifiée. Il força donc les prêtres croisés à accepter la soumission des Musulmans. L’accord fut agréé à la condition que tous les Musulmans quittent la ville sans rien emporter avec eux.

Cette même année, tous les Musulmans quittèrent Cordoue tandis que Fernando III entra dans la ville en vainqueur et transforma aussitôt la grande mosquée en église.

Cordoue, la capitale de l’Andalousie, la plus belle ville d’Europe de l’époque tomba le dimanche (al-ahad) 29 juin 1236 (23 Shawwal 633 de l’Hégire). Cordoue (qortoba) la brillante ville culturelle et scientifique non seulement de l’Islam mais du monde entier. Cordoue la célèbre ville lumineuse qui sortit l’Europe des ténèbres.

Cordoue le centre d’étude mondial qui recevait des étudiants du monde entier et où tous les savants venaient enseigner. Cordoue la ville de la médecine, des mathématiques, de l’astronomie, de la physique et de la chimie moderne. Cordoue, la ville ingénieuse.

Cordoue qui pendant cinq siècle, fut la capitale la plus fréquentée du monde.

Et la chute de Cordoue (qortoba) choqua tout l’empire musulman contrairement à la chute de Tolède qui n’avait pas cette importance mondiale.

Cordoue ne reçut aucune aide et capitula sans combattre. Personne dans le monde ne vint à son secours et les premiers concernés les Andalous, ne firent rien pour se défendre ! Et cela nous montre à quel point de faiblesse était parvenue les Musulmans et les Mouwahhidine.

 

Le monde islamique fut secoué et attristé par la perte de Cordoue mais les Musulmans d’Andalousie le furent encore plus car la chute de la ville annonçait pour eux le glas final.

 

La bataille d’Ossuna 

En l’an 634 de l’Hégire (1236), Abou Jamil Zayyan Ibn al-Mardanish, le gouverneur de Séville, qui s’était rebellé contre les Mouwahhidine déclara le combat dans la voie d’Allah (jihad fis-sabilillah) comme une obligation pour tous (fard ‘ayn) pour la défense des terres musulmanes. Il prépara une armée pour faire face aux croisés parce que Séville, une autre grande ville des Musulmans, n’était pas très éloignée de Cordoue et qu’elle était certainement la prochaine ville dans les plans de Fernando.

Abou Jamil voulait arrêter cette hémorragie de défaites du fait que les Mouwahhidine ne pouvaient plus venir à leur secours. Les Musulmans étaient obligé de se défendre eux même et il se prépara à affronter l’armée de Fernando III qui se fortifia dans la forteresse d’Ossuna (ounishah) à une dizaine de kilomètres de Valence et s’apprêta lui aussi à affronter les Musulmans qui vinrent stationner près de la forteresse.

Les historiens ont rapporté : « Lorsque Abou Jamil Zayyan le gouverneur de Séville voulut marcher sur la forteresse d’Ossuna, il fut aidé en cela par les Musulmans de Valence.

Participa de même à cette bataille, les ‘Oulémas de Valence mais aussi les plus grand ‘Oulémas d’Andalousie de l’époque et le grand savant en Hadith (mouhadith) Abou Rabi’ Souleyman Ibn Salim al-Qila’i al-Moursiyi, de Murcie qui était non seulement un bon soldat mais aussi un savant renommé et qui combattit dans l’avant garde (mouqaddimah) ».

Les historiens ont dit de lui : « C’était un homme de volonté, courageux, ferme et un pilier dans l’armée, qui prenait part au combat et combattait sans pitié et sa dernière bataille fut celle d’Ossuna ou il trouva le martyr (et Allah le Très Haut Seul sait qui est martyr). Il encouragea les Musulmans lors de cette bataille, puisse Allah lui faire miséricorde ».

 

Mais de quelle bataille parle-t-on lorsque l’armée de Fernando était innombrable et parfaitement approvisionnée tandis que celle d’Abou Jamil était si petite et mal approvisionnée. L’armée de Fernando supporté toute l’Europe chrétienne face à une petite armée musulmane populaire[3] !

 

La terrible bataille commença et le renommé savant al-Qila’i volontaire avança au premier rang sans se retourner, l’étendard des Musulmans entre ses mains car c’est lui dirigeait la bataille. Les Musulmans furent ébranlés sous le choc des ennemis et al-Qila’i, dit aux fuyards : « Fuyez-vous le Paradis ? » Et il combattit farouchement ainsi que ceux qui étaient resté fermes à ses côtés jusqu’à ce qu’il fut tué le jeudi 20 du mois de Dzoul Hijjah de l’année 634 de l’Hégire (04 août 1236). Et moururent avec lui un grand nombre des plus grands savants Musulmans de l’époque.

Les historiens ont rapporté : « Mourut, lors de la bataille d’Ossuna, soixante-dix personnes des gens qui priaient au premier rang de la grande mosquée de Valence, puisse Allah le Très Haut leur faire miséricorde et nous les faire rejoindre.

Cette bataille fut aussi une bataille décisive, la dernière résistance des Musulmans en Andalousie. Et effectivement, ce fut la dernière victoire des Musulmans avant la chute définitive des Mouwahhidine, les croisés furent battus et la forteresse tomba entre les mains des Musulmans !

 

La chute de Valence 

Mais les problèmes n’étaient pas finis pour les Andalous.

Les gens s’aperçurent rapidement que les Mouwahhidine n’avaient plus de pouvoir ni pour les secourir et ni pour diriger le pays. Alors les Banou Ahmar annoncèrent leur retrait du gouvernement des Mouwahhidine et leur indépendance à Grenade (gharnata) et se joignirent à eux tous les habitants de la région.

Ce retrait accentua la faiblesse de l’Andalousie qui recommençât à se fractionner.

 

Au mois de Joumadah Awwal de l’année 635 de l’Hégire (1237), Muhammad Ibn Youssouf Ibn Houd fut assassiné dans la ville de Mourriyah sur les ordres de Muhammad Ibn ‘Abdillah ar-Rammimi, son ministre, qui lui envoya quatre assassins qui le tuèrent dans son bain (hamman).

 

 

En l’an 635 de l’Hégire (1238), le roi d’Aragon marcha à nouveau sur Valence qui était la ville musulmane la plus importante à l’est de l’Andalousie.

Il ne restait maintenant aux Musulmans plus que l’extrême-est et l’extrême-sud de l’Andalousie. Et avec la chute de Valence tout l’est reviendrait aux croisés.

Le roi Jacques assiégea la ville et les gens demandèrent de l’aide aux Bani Hafs de Tunisie qui leur répondirent favorablement et firent aussitôt leurs préparatifs pour leur porter assistance.

Mais le siège dura tandis que la pression s’accentuait sur la ville et au mois de Safar de l’année 636 de l’Hégire (1238), Valence tomba entre les mains du roi d’Aragon avant l’arrivée de l’armée envoyée par les Banou Hafs qui avaient embarqué leurs forces sur dix-huit navires, mais qui avaient été retardés en mer par les croisés.

Un traité fut conclu entre les habitants de Valence et le roi d’Aragon après que les Musulmans aient longuement patienté. Ils purent sortir de la ville avec leur biens et se dirigèrent vers la ville de Dénia ou les rejoignirent les Banou Hafs. Cinquante-mille Musulmans furent expulsés de Valence et leurs mosquées furent aussitôt transformées en églises.

 

En l’an 639 de l’Hégire (1241), l’île de Shaqar tomba aussi.

 

La mort d’ar-Rachid ‘Abdel Wahid Ibn Idris et la fin des Mouwahhidine 

En l’an 640 de l’Hégire (1242), le dernier gouverneur des Mouwahhidine ar-Rashid ‘Abdel Wahid Ibn Idris mourut et avec sa mort prit fin l’état des Mouwahhidine et l’Andalousie resta sans dirigeant central. Ces faits poussèrent les croisés à profiter des circonstances et de la faiblesse tant des Musulmans que de l’Andalousie et prirent Dénia en l’an 641 de l’Hégire (1243).

 

En l’an 643 de l’Hégire (1245), une autre ville importante de l’est, Jaén tomba suivit en 644 de Shatibah et de quelques mois plus tard la ville de Mourriyah.

 

Ibn ‘Adari al-Marrakoushi rapporte dans son livre « al-bayan moughrib fi khabar al-andalous wal maghrib » (le terrifiant rapport des nouvelles de l’Andalousie et du Maghreb) : « Après la soumission de la ville de Mourriyah en l’an 644 de l’Hégire (1246) au roi d’Aragon Jacques, il entra dans la ville avec son armée et malgré ses engagements envers les Musulmans, il se comporta avec eux de manière si cruelle qu’on aurait pas dit qu’il soit humain ou puisse avoir un cœur.

Les gens sortirent de la ville et s’en allèrent habiter un certain temps à Rashaqah. Puis de là, ils furent expulsés après de nouvelles garanties mais arrivé au lieu-dit Workal, ils furent trahis. Les femmes furent violées tandis que tous les hommes et les enfants furent tués.

Les Musulmans étaient sortis sans armes et les Chrétiens armés s’amusèrent avec les Musulmans. Ils les massacrèrent en jouant tantôt avec leurs lances, leurs flèches, leurs épées, leurs haches et leurs masses d’armes et ils ne laissèrent pas un seul mâle vivant. Et il n’y a de force et de puissance qu’en Allah ! »

 

La chute de Séville 

Il ne resta dès lors aux Musulmans que l’extrême-sud de l’Andalousie et les villes principales de Séville l’ancienne capitale, Grenade, Malaga, Almeria et Tarif dont les plus importantes étaient au nombre de deux : Séville et Grenade gouvernée par les Banou Ahmar.

 

En l’an 645 de l’hégire (1247), Alfonsh III le roi de Castille marcha sur Séville et mit le siège sur la ville. Le siège dura une année et demie et les habitants subirent de grands maux avant que la ville, qui avait été la capitale des Mouwahhidine, ne tombe en l’an 646 de l’Hégire (1248) et que 400.000 Musulmans soient expulsés.

400.000 personnes expulsées d’un coup essayez d’imaginer l’exode et le chagrin intense que ses gens durent ressentir. Expulsés de chez eux après avoir vécu des siècles an Andalousie !

Cela se passa le 27 du mois de Ramadan de l’année 646 de l’Hégire (1249) et les gens partirent à destination du Maghreb grand bien leur fasse car ceux qui ne voudront pas partir vous subir l’infernale et inhumaine cruauté chrétienne des inquisiteurs comme nous le verrons par la suite.

 

Séville fut aussi une grande ville témoin de la grandeur des Musulmans et de leur apport à la civilisation en matière de sciences modernes.

Et avec la chute de Séville c’est quatre-vingt-dix pour cent de l’Andalousie qui était désormais perdue.

Les grandes villes musulmanes tombèrent les unes après les autres tandis que leurs habitants furent à majorité tous massacrés malgré les belles promesses des croisés. Tandis que le reste des Musulmans, s’affaiblissaient, les Chrétiens devenaient de plus en plus puissants.

 

 

La royauté de Grenade 

Et commença une nouvelle période historique appelé la royauté de Grenade, la seule ville vraiment importante qui restait aux Musulmans et qui résista plus longtemps pour plusieurs raisons. La ville était éloignée des principales villes chrétiennes de Tolède leur capitale et de Léon à l’extrême nord.

Grenade aussi, du fait de sa proximité du détroit de Tariq, permettait d’être rapidement assistée du Maghreb car comme nous l’avons vu les Musulmans d’Andalousie leur demandaient souvent de l’aide et les habitants du Maghreb étaient aussi préoccupés du sort des Musulmans en Andalousie du fait qu’elle faisait partie de leur dominion et qu’ils en avaient la responsabilité.

 

Lorsque les grandes villes des Musulmans tombèrent, toutes les grandes corporations agricoles, financières, scientifiques, religieuses et militaires, savants et ‘Oulémas, ingénieurs et docteurs, s’en allèrent vivre à Grenade.

Et nous vous rappelons que personne à cette époque, hormis les Musulmans, avaient acquis un si haut niveau degré scientifique. Et que c’est les Musulmans, n’en déplaise aux négateurs, qui non seulement furent les pères de toutes les sciences modernes mais aussi qui sortirent l’Europe de son âge des ténèbres qui dura mille ans.

La majorité des savants européens de l’époque étudièrent dans les universités musulmanes avant de traduire les livres des Musulmans en latin puis de se faire passer pour non seulement les auteurs de ses livres mais aussi pour les précurseurs des sciences modernes inventés par les Musulmans voir des siècles auparavant, comme ce fut le cas pour de Léonard de Vinci en t’autre. Les mécréants ont toujours excellé dans le mensonge depuis toujours et vous n’avez qu’à lire les informations au quotidien pour en avoir la preuve. 

Bien sur certains savants d’entre eux restèrent dans les villes capturés et travaillèrent au service des Chrétiens qui les appelaient al-Moudajjanin. Mais ceux qui avaient encore de l’honneur s’en allèrent vivre à Grenade.

 

La raison la plus importante qui fit que Grenade resta ferme plus longtemps est due à l’ardeur islamique dégagée et prêchée par les ‘Oulémas. Bien sur les gouverneurs des Musulmans de l’époque, exactement comme ceux de nos jours, étaient tout le contraire et toujours prêt à se soumettre à leurs ennemis et d’ailleurs Ibn al-Ahmar allait signer un traité de paix humiliant avec le roi de Castille comme nous allons le voir.

Nous avons déjà vu comment les savants refusèrent l’humiliation et nous allons voir comment ils vont encore réagir. Et c’est essentiellement grâce aux ‘Oulémas qui appelèrent les gens à défendre leurs honneurs et leur religion mais aussi leur terre et leurs biens que Grenade dura.

La royauté de Grenade contrôlait l’extrême sud de l’Andalousie et une petite partie du sud-est. Avant de parler plus en détail de cette période, récapitulons certains événements qui se passèrent avant la chute de Séville.

 

Récapitulatif des évènements 

Séville tomba aux mains des croisés en l’an 646 de l’Hégire (1249). Elle était pour les Musulmans la capitale du sud et une des deux villes les plus importantes avec Cordoue qui tomba en l’an 633 de l’Hégire (1235).

Les Mouwahhidine qui dirigeaient à l’époque le Maghreb et l’Andalousie faiblirent dramatiquement et ne purent ni envoyer des secours en Andalousie ni protéger leur immense état. De ce fait, les croisés en profitèrent pour attaquer les Musulmans et prendre de plus en plus de terres car il n’y avait plus aucune armée pour s’opposer à leurs avances.

Il est vrai aussi que les Mouwahhidine gouvernaient par intérim et que les gouverneurs des villes étaient les réels dirigeants.

 

En l’an 591 de l’Hégire (1194 M), naquit à Grenade Muhammad al-Awwal Ibn Youssouf al-Ansari al-Khazraji, un descendant des Ansars qui fut surnommé Ibn al-Ahmar.

Son vrai nom était Muhammad Ibn Youssouf Ibn Muhammad Ibn Ahmad Ibn Muhammad Ibn Khamis Ibn Nasr Ibn Qays al-Ansari al-Khazraji, un notable Compagnon du Messager d'Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui).

Il participa à la bataille d’al-Arak entre les Mouwahhidine et les croisés et lorsqu’il vit l’état dans lequel étaient tombé les Mouwahhidine, il réunit ses partisans et beaucoup des habitants de Grenade et des régions avoisinantes jusqu’en l’an 630 de l’Hégire (1232).

A cette époque l’état des Mouwahhidine était moribond.

 

Dans la région de Murcie à l’est de l’Andalousie, vivait un homme appelé Muhammad Ibn Youssouf Ibn Houd issu de la famille des Bani Houd de Saragosse. Cet homme fonda un état indépendant dans la ville de Murcie et se fit appeler Sayf ad-Dawlah al-Moutawwakil ‘Alallah. Puis petit à petit, son état s’agrandit jusqu’à englober Grenade puis Séville, Malaga et Almeria en l’an 625 de l’Hégire (1227) avant que ces villes ne tombent, les unes après les autres.

C’était un homme qui avait des bonnes mais aussi de très mauvaises qualités. Parmi ses défauts rapportés par les historiens : « Il était insouciant dans l’organisation des affaires, très emporté à cause de son ignorance et ingrat envers les Mouwahhidine. Quant à ses qualités : Il était généreux, véridique et brave et c’est pour cela que les gens l’aimaient et qu’ils se regroupèrent autour de lui. Mais à cause de ses défauts, il ne remporta jamais aucune bataille et ses victoires étaient surtout dues aux faiblesses des Mouwahhidine et que les gens rejoignaient volontairement ses rangs ».

 

En l’an 628 de l’Hégire (1230), à Léon capitale au centre nord des Chrétiens, succéda Fernando III à Alfonsh IX. Les Chrétiens avaient à cette époque trois états :

- Castille au nord et au centre de l’Andalousie,

- Aragon et Léon qui était la capitale et

- Le Portugal à l’ouest.

Le Portugal resta le Portugal que nous connaissons aujourd’hui tandis que Castille et Aragon devinrent un seul état et devint ce que nous connaissons aujourd’hui sous le nom « Espagne ».

 

Fernando après la mort de son père se consacra à combattre les Musulmans. Puis Cordoue tomba en l’an 633 de l’Hégire (1235).

Ibn Houd mourut assassiné en l’an 635 de l’Hégire et Muhammad al-Awwal Ibn al-Ahmar profita de sa mort et du fait que plus personne ne dirigeait le sud pour devenir le gouverneur de ces régions et annonça la création de son état, la royauté de Grenade, en l’an 635 de l’Hégire (1237).

C’est à cette date que commence réellement l’histoire du royaume de Grenade en l’absence des Mouwahhidine mais officiellement, elle ne commença qu’à la fin du règne des Mouwahhidine.

Le 26 du mois de Ramadan de l’année 635 (1238), les gens portèrent allégeance à Muhammad al-Awwal Ibn Ahmar gouverneur de Grenade, d’Almeria la base navale militaire des Musulmans et Malaga ainsi que des régions avoisinantes.

 

En l’an 636 de l’Hégire (1239) Valence tomba aux mains des croisés suivit par Séville.

 

En l’an 650 de l’Hégire (1252), Fernando III mourut et son fils Alfonsh X lui succéda.

 

Al-Moudajjanin 

Nous avons déjà rapporté que certains professionnels Musulmans restèrent dans les villes capturés et qu’ils travaillaient au service des Chrétiens qui les appelaient al-Moudajjanin (les poulets encagés).

Ces Musulmans atteignirent un tel degré d’humiliation que certains refusèrent d’être humiliés de la sorte et en l’an 652 de l’Hégire (1254) 30.000 Moudajjanin se regroupèrent à Valence ou ils créèrent une armée et se rebellèrent contre les Chrétiens.

Ils commencèrent à capturer des forts de cette région du royaume d’Aragon et de Léon dirigé à cette époque par le roi Jacqoum qui ordonna l’expulsion de tous les Moudajjanin de son royaume. Ils partirent donc à Grenade sans aucun bien et les mains vides à cause de la pression exercée sur eux.

Quant à ceux de Valence, ils poursuivirent leurs rébellions à cause de l’immense injustice dont ils avaient été sujet. Puis bientôt ils marchèrent sur Valence dont ils furent sur le point de capturer. Jacqoum fut choqué et extrêmement peiné de voir ces gens attaquer son royaume alors qu’il croyait que c’en était fini des Musulmans. Il se sentit trahit et tomba gravement malade et mourut des suites des effets de cette rébellion.

A sa mort lui succéda son fils Boutra qui était meilleur politicien que son père et chercha à calmer les affaires en faisant des arrangements avec les Musulmans si bien qu’avec moult promesses, il réussit à les calmer et à mettre fin à leur rébellion. Mais allait-il tenir ces engagements et pourquoi fallait-il que les Musulmans croient toujours ces belles promesses jamais respectées au fils des siècles ?

Aussitôt que les Moudajjanin se séparèrent, il tomba sur eux de toutes ses forces et les écrasa ! Certains d'entre eux se réfugièrent dans la ville de Mountazé ou ils furent rattrapés tandis que le siège fut mis sur la ville. Le siège dura si longtemps qu’ils durent se soumettre. Ils furent faits prisonniers et distribués dans les villes. Et ainsi prit fin la rébellion des Moudajjanin à Valence.

Et avec la sincérité envers Allah le Très Haut et la patience dans les épreuves arrive la victoire.

 

On ne peut que ressentir une infinie tristesse devant la lecture de ces évènements et de l’histoire des Musulmans en général qui connurent d’autant plus douloureuses épreuves après leur gloire. Ce sont des moments extrêmement difficiles à rapporter car après avoir attesté les victoires de l’Islam, il faut attester ses défaites et les sévères et sanglantes répercussions qui s’ensuivirent. Et la cause n’est due qu’aux dirigeants de notre communauté pour leur enragement (takalabouhoum) pour la vie de ce monde et le pouvoir.

Parmi ces tristes nouvelles est qu’Ibn al-Ahmar fit un traité de paix avec le roi de Castille Fernando III en l’an 643 de l’Hégire pour une durée de vingt ans en échange de la ville stratégique de Jaén et de toutes les forteresses dépendantes de cette ville. Ibn Ahmar promit aussi de lui donner le fort d’Aragon ou il était né, de reconnaitre la royauté du roi de Castille ainsi que le royaume de Grenade comme étant sa possession. Il promit au roi de diriger Grenade comme l’un de ses sujets, en son nom et à son profit et d’assister chaque année à la conférence de Cortès de Castille, l’équivalent du parlement de nos jours. Puis de lui payer une Jizyah annuelle de 1.500.000 pièces d’or et de combattre à ses côtés contre ses ennemis. C’est pour cette raison qu’en l’an 646 de l’Hégire, il refusa de porter assistance aux habitants de Séville lorsque le roi de Castille assiégea la ville puisqu’en fait, il était non seulement un des alliés du roi mais une compagnie de cavaliers (katibah minal forsane) de son armée participa aussi au siège de la ville contre les Musulmans !

Que de similarités avec les évènements de nos jours !



[1] Je ne fais que traduire.

[2] Comme vous le voyez, l’auteur n’aime pas beaucoup les Mouwahhidine !

[3] Que l’on pourrait comparer aux Talibans d’Afghanistan contre la coalition internationale ! Les Talibans qui n’ont aucun char d’assaut, aucun avion, aucune technologie, aucune usine, qui vivent dans des maisons de boue et qui se défendent avec des moyens rudimentaires ! L’Afghanistan un des pays les plus pauvre de la terre. Quel honneur y a-t-il à combattre des misérables ? Mais ils ont une arme capitale que les autres n’ont pas : la Foi !