En l’an 590 de l’Hégire (1193), prit fin le traité de paix entre Alfonsh VIII et les Musulmans.

Alfonsh VIII, envoya alors un messager aux Mouwahhidine pour renouveler le traité de paix tandis qu’en même temps ses armées ravageaient les terres musulmanes.

Al-Mansour décida alors de lui donner une leçon. Au mois de Joumadah Thani de l’année 591 de l’Hégire (1194), al-Mansour débarqua une nouvelle fois en Andalousie à la tête de sa grande armée se rendit à Séville ou il resta deux semaines pour mettre au point son armée et sa stratégie de combat avant de se diriger vers la forteresse de Rabah qui était le bastion des forces des croisées fanatiques (mouta’assibine). Avec ses engins de guerre, il démolit les enceintes qui entouraient la forteresse et lorsque le roi de Castille entendit parler de ses exploits, il se mit aussitôt en route avec son armée, à la rencontre des Mouwahhidine, pour faire face à la menace sans même attendre les renforts, qu’il avait fait demander au roi de Navarre et de Léon.

Le roi de castille s’arrêta en cours de route dans une forteresse imprenable qu’il avait fait bâtir du nom d’Arak ou d’Alarcos (housn arak) qui était en haut d’une montagne et dans les environs de la forteresse de Rabah, qui avait été jadis, un bastion des forces musulmanes.

La forteresse d’al-Arak se trouvait entre Tolède et Cordoue la capitale des Mouwahhidine et Alfonsh VIII, en se réfugiant dans cette forteresse voulut détourner les Musulmans de Tolède et d’y mettre le siège.

Alors Alfonsh prépara son armée pour une des plus grande bataille de l’histoire de l’Andalousie, voir même, une des plus grande bataille de l’histoire de l’humanité et cette bataille a la même valeur historique que la bataille de Hattin, tant par son enjeu que par son impact.

Hélas, très peu de Musulmans, et moi le premier, ont entendu parler de cette bataille et la majorité des gens l’ignorent.

 

Le jeudi 9 du mois de Sha’ban de l’année 591 de l’Hégire (1194), eut lieu la grande bataille d’al-Arak ou la bataille d’Alarcos.

Les historiens ont rapporté des faits étonnants sur la bataille. Parmi eux, est que tous les juifs d’Andalousie avec des sommes considérables d’argent sortirent aux côtés d’Alfonsh pour pouvoir acheter le butin ainsi que les prisonniers Musulmans qui seraient pris pour les vendre comme esclave car les Juifs, en plus de l’or et de l’usure, étaient spécialisés dans ce domaine particulier de vente.

 

Al-Mansour avait établi son camp pas très loin de la forteresse d’al-Arak et les armées se firent face un certain nombre de jours, sans duel ni confrontations majeures excepté quelques escarmouches entre les deux armées.

Abou ‘Abdillah Ibn Sanadid qui était le commandant le plus âgé dans l’armée des Mouwahhidine conseilla al-Mansour sur la stratégie de combat après lui avoir conseillé de diviser son armée comme nous l’avons mentionné. Il lui dit :

- « Divisons l’armée en deux parties. A l’avant garde, la première armée constituée avec les Andalous qui connaissent ce pays et ces terres et qui sont plus habitués que nous avec les techniques de guerre des croisés. Et la deuxième armée composée de Mouwahhidine qui ne connaissent ni ces terres et ni les techniques de combat de ces gens qui protègera les arrières des Andalous. Lorsque la bataille commencera, l’armée des Mouwahhidine ne devra pas combattre mais restera camouflée. En cas de défaite de la première armée, nous pourrons alors nous avancer et combattre et s’il les Andalous sortent vainqueurs nous les aideront ».

Al-Mansour, l’émir des Mouwahhidine divisa son armée en une avant-garde (mouqaddimah), deux ailes (djanahayn) et un centre (qalb) tandis que lui-même resta dans son commando de force spéciale des (an-noukbah) des Mouwahhidine à l’arrière (saqah) de l’armée (jaysh), un commando clef qui avait la liberté totale de mouvement et qui pouvait être utilisé dans n’importe quelle exigence stratégique ou comme force d’appoint en fonction du déroulement de la bataille par le commandant de l’armée qui ne l’utilisait qu’au moment opportun. C’était un commando violent et implacable, spécialisé dans les techniques de guerre et utilisé pour les circonstances exceptionnelles. Ces commandos spéciaux furent crées et utilisés pour la première fois par Youssouf Ibn Tashfine, comme nous l’avons déjà mentionné.

 

Lorsque les deux armées se firent face pour le combat les Musulmans furent impressionnés par le nombre des combattants ennemis dont ils n’avaient jamais vu un si grand nombre. Alors ils demandèrent à tous ceux qui semblaient pieux de prier pour qu’Allah le Très Haut leur accorde la victoire et qu’Il sauve et protège l’Islam et les Musulmans d’Andalousie et qu’Il disperse les forces ennemies.

Al-Mansour en personne se mit à prier et fit envoyer un message à tous ceux qui participaient à la bataille de lui pardonner des fois qu’il trouverait sa fin ce jour-là : « Que si j’ai fait du tort à quiconque d’entre vous volontairement ou involontairement qu’il me pardonne peut-être qu’Allah me fera miséricorde ». Et les gens pleurèrent suite à sa demande et se préparèrent pour le martyr dans la voie d’Allah le Très Haut.

Il donna le commandement de la gestion de la bataille à Abi Yahya Ibn Abi Hafs et les Musulmans marchèrent sur les croisés qui se mirent soudain à crier d’une voix très forte comme une guerre psychique pour énerver les Musulmans.

Les croisés pressèrent le centre de l’armée des Musulmans qui commença à reculer et à faiblir. Al-Mansour voyant cela mit sa vie en danger en se rapprochant du centre pour le renforcer. Il harangua les fantassins Musulmans de tenir ferme, de ne craindre qu’Allah le Très Haut, de rechercher bravement le martyr et les hauts lieux du Paradis.

Et c’était une bataille décisive qui demandait de large sacrifice et il n’y a pas d’état islamique sans sacrifice, ni sang, ni bataille. Ceux qui croient que cela est possible, par exemple par les urnes ou tous ces charlatanismes se mettent le doigt dans l’œil et vont à l’encontre de la Sounnah du Messager d’Allah (Saluts et bénédictions d’Allah sur lui) qui lui, combattit pour instaurer son état et de même combattirent toutes les nations pour créer leurs états.

 

L’avant-garde de l’armée d’Alfonsh fut sérieusement diminuée à cause du grand nombre de morts dans leur rang suite à l’ardeur des Musulmans qui reprirent leurs positions et ne reculèrent pas.

Al-Mansour ordonna aux Musulmans de presser le centre des Chrétiens afin de créer une brèche dans l’uniformité du mur compact de soldats croisés. Après des heures de combats acharnés, une brèche apparut dans l’armée ennemie qui commença à se disloquer et à perdre sa consistance. Al-Mansour harangua de nouveau son armée et leur demanda un surcroît d’effort pour briser définitivement le front puis lorsqu’il y eut assez d’espace, il ordonna à son commando de choc de charger le centre. Les soldats d’Alfonsh essayèrent de résister et de tenir ferme pour ne pas être vaincus et un très grand nombre de Musulmans trouvèrent le martyr (et Allah le Très Haut sait qui est martyr) mais les pertes de l’ennemi furent beaucoup plus nombreuses et ce dernier fut repoussé par l’irrésistible force du commando de choc.

Et les signes de défaites commencèrent à apparaître dans l’armée des croisés et alors que le soleil se couchait, ce fut la débandade soudaine et le sauve qui peut de l’armée croisée et des alliés d’Alfonsh qui ne dut sa survie qu’en s’enfuyant du champ de bataille sans s’arrêter ni se retourner jusqu’à Tolède avec seulement vingt hommes et al-Mansour, par la grâce d’Allah Exalté fut victorieux. 

L’armée des croisés fut anéantie et cinq-mille d’entre eux réussirent à se réfugier dans un fort non loin de là que les Mouwahhidine assiégèrent aussitôt. La plupart des historiens ont rapporté que plus de 30.000 croisés périrent lors de la bataille. Al-Mansour autorisa les assiégés à quitter le fort en échange de la libération de cinq-mille Musulmans qui étaient emprisonné dans le royaume de Castille. Ainsi la forteresse de Rabah revint aux Musulmans après cinquante ans.

Le résultat fut destructeur (moudammir) pour les croisés et ce fut une immense et décisive victoire pour les Musulmans qui repoussa leur sursis en Andalousie de trois siècles et, n’était-ce cette victoire, cela aurait été leur fin désormais inéluctable.

Les historiens ont aussi rapporté que les causes de cette déconfiture de l’armée des croisés est qu’Alfonsh VIII était persuadé qu’il allait venir à bout des Musulmans sans l’aide de ses alliés et c’est pour cette raison qu’il quitta la forteresse sans les attendre.

 

Après cette lourde défaite (hazimah sahiqah) des Castillans, al-Mansour envoya des commandos (sarayah) attaqué les forteresses des croisés et il sema la destruction dans tout le royaume de Castille avant de retourner vers Séville, la capitale des Mouwahhidine, pour se reposer.

 

 

La fin d’al-Mansour al-Mouwahhidi, l’émir des Mouwahhidine 

Al-Mansour retourna à Séville après avoir ramassé un énorme butin dont il distribua une partie aux gens tandis que le reste fut destiné pour les constructions et les réparations des édifices abîmés.

 

Au mois de Joumadah Awwal de l’année 598 de l’Hégire (1201), il sortit de nouveau à la tête de son armée vers le royaume de Castille et refusa d’accepter le traité de paix offert par Alfonsh VIII. Puis, il arriva devant Tolède qu’il assiégea avant de bombarder avec ses catapultes (majaniq). Tolède était sur le point de tomber quand la mère d’Alfonsh, ses femmes et ses filles sortirent de la ville et demandèrent à être introduite devant al-Mansour ou elles se mirent à pleurer et lui demandèrent de cesser le siège.

Il ne fait aucun doute que les mécréants connaissent parfaitement la religion des Musulmans et savent quelle corde sensible utiliser pour les tromper et parvenir à leur fin sachant que les Musulmans répondront à leurs demandes. Ils prouvent de cette manière que les Musulmans sont plus sensibles et plus miséricordieux qu’eux même qui n’ont aucune pitié ou si peu comme nous l’avons vu tout au long de cette histoire. Dans « l’Abrégé des Croisades », vous verrez un grand nombre d’exemples de cette « pitié » que les Musulmans eurent de leur ennemi les croisés quand ces derniers montrèrent toujours la plus extrême cruauté envers les Musulmans.

 

Le célèbre historien, Shihab ad-Din Abou al-‘Abbas Ahmad Ibn Muhammad Ibn Ahmad Ibn Yahya al-Maqqari al-Tilimsani, auteur d’un des meilleur livre sur l’histoire de l’Andalousie « kitab nafh at-tib min ghousni al-andaloussi », a rapporté qu’al-Mansour fut émut par les pleurs au bonheur de ces dames, qu’il offrit à ces dernières une grande somme d’argent et de pierres précieuses et qu’il ordonna de lever le siège !

N’est-ce pas un comportement de lâche que celui d’Alfonsh d’envoyer ses donzelles quémander la pitié mais pire fut celui d’al-Mansour et des Mouwahhidine, prompts à égorger les Musulmans et tourterelles avec les demoiselles ! Tolède sur le point de tomber et ainsi l’abandonner ? Alfonsh a bien dut se gausser et ce fut sans aucun doute un coup de maître de la part du mécréant au dépend d’un cœur bête dont il allait payer le plus lourd montant. 

 

Al-Mansour pensa que cette victoire suffirait comme leçon pour Alfonsh mais pour combattre les croisés, il fallait des forces et des moyens permanents en très grand nombre car les croisés étaient assistés de manière permanente par l’Europe.

C’est pourquoi, il décida qu’une trêve de paix avec eux était nécessaire et en l’an 594 de l’Hégire (1197), la paix fut conclue pour une durée de dix ans et al-Mansour retourna à Marrakech au Maghreb.

La bataille d'Arak fut son dernier combat et en l’an 595 de l’Hégire (1198), Ya’qoub surnommé al-Mansour décéda et son fils, Abou Muhammad ‘Abdillah qui se nomma Muhammad an-Nassir li-Dinillah Ibn al-Mansour, lui succéda.

Grâce à la trêve conclut par son père, Muhammad an-Nassir qui avait dix-sept ans pensait avoir le temps de grandir et de prendre en charge le pouvoir mais il dut mettre mit fin à la sédition des Bani Ghaniyah lors de la bataille de Rass Tajrah comme nous l’avons déjà mentionné, et en Andalousie, le roi Alfonsh qui n’était pas un idiot, profita du conflit entre les Mouwahhidine et les Bani Ghaniyah, pour rentrer ses demoiselles et jouer du violoncelle aux Musulmans en les attaquant.

 

En l’an 606 de l’Hégire (1209), Alfonsh trahit encore une fois son pacte avec les Musulmans (maintenant cela n’est plus une surprise pour vous que la trahison est inhérente à ces gens, tâchez donc de ne pas l’oublier car cela est valable pour tous les temps) et, soutenu par les rois d’Aragon et de Léon, attaqua les Musulmans.

 

Les habitants de l’Andalousie aussitôt envoyèrent des messagers afin, de demander de l’aide à an-Nassir de peur que ces nouvelles attaques croisées viennent à bout des Musulmans en Andalousie. Cette alliance en plus d’être plus dangereuse, était surtout une tromperie.

An-Nassir ne perdit pas de temps et en l’an 607 de l’Hégire (1210), traversa avec son armée le détroit de Tariq et débarqua en Andalousie pour se diriger directement vers le front. Et les deux armées ne se livrèrent aucune bataille d’importance majeure mais chacune d’entre elles capturaient et occupaient des terres.

 

La bataille d’al-‘Iqab 

An-Nassir li-Dinillah se rendit à Séville, ou il envoya des messagers dans les différentes villes d’Andalousie pour demander aux gouverneurs de lui envoyer des combattants pour faire face à l’inévitable et décisive grande bataille qui s’annonçait. Puis, il décida de se rendre vers la forteresse de Salbatiéra (shalbatarah) ou les croisés fanatiques qui avaient été chassés de la forteresse de Rabah avaient pris refuge après la bataille d’al-Arak.

 

La forteresse de Salbatiéra servait de bastion d’où opéraient les croisés fanatiques pour harceler les Musulmans et attaquer leurs terres. Lorsque les Mouwahhidine arrivèrent, ils déployèrent leurs catapultes ou trébuchets, et entreprirent le bombardement de la forteresse avec des roches ainsi que des balistes qui envoyaient de grandes flèches munies de matières incandescentes telle que la naphte (naftah), qui faisait partie de l’armement classique des Musulmans, jusqu’à ce que les croisés se soumettent au mois de Rabi Awwal de l’année 608 de l’Hégire (1211). 

An-Nassir li-Dinillah revint à Séville, tandis qu’Alfonsh VIII se préparait de même pour la bataille en demandant de l’aide urgente à ses voisins des pays d’Europe notamment la France, l’Allemagne et l’Italie.

Il envoya aussi des religieux, commandés par un homme du nom de Gerhard, au pape de Rome, le chef de l’église catholique qui à cette époque était Innocent III qui fut comme nous le verrons dans l’Abrégé des Croisades, le pape croisé le plus acharné (ashadda) contre l’Islam et les Musulmans et celui qui joua un grande dans les croisades, qui annonça depuis le Vatican l’ouverture et l’enroulement pour une nouvelle croisade et pour motiver les gens, promit à ceux qui aideraient Alfonsh, le pardon définitif (ghofran tammah) et l’accès assuré au paradis.

Puis, il envoya des messages de menaces aux rois qui ne l’avaient pas aidé comme le roi de Navarre (nafarre) Sancho VII, qui avait signé un traité de paix avec les Mouwahhidine et qui respectait jusqu’alors ses engagements. Alfonsh lui dit qu’il était religieusement obligatoire de rompre son agrément et de lui porter assistance et Sancho fit ce qui lui était demandé et rejoint l’armée d’Alfonsh avec son armée, prouvant la parole du Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) qui a dit : « Les mécréants ne sont qu’une seule communauté ».

Le pape ordonna aussi aux gens de jeûner trois jours et de faire leurs prières régulières durant ceux-ci avant de faire un prêche enflammé ou il leur demanda de combattre vaillamment (istibsal) les Musulmans.

L’armée d’Alfonsh VIII commença à grossir de manière inquiétante lorsqu’il reçut d’Europe 10.000 cavaliers (faris) et 100.000 fantassins (jounoud al-moushat) précédés par une procession de religieux portants des croix et des bibles. Trois grandes armées croisés quittèrent alors Tolède et se dirigèrent vers le sud.

 

Durant ce temps, le Sultan Mouwahhidi an-Nassir sortit de Séville pour rencontrer les croisés qui entre temps arrivèrent devant la forteresse de Rabah qu’ils assiégèrent et le commandant de la forteresse, Youssouf Ibn Qadis al-Andaloussi, se soumit aux conditions (istislam mashrout) qui lui étaient proposés parce que nul ne vint à son secours après qu’il eut envoyé plusieurs messages qui restèrent sans réponse parce que le ministre d’an-Nassir, Ibn Jami’, était en conflit avec lui et cachait ses lettres (yakhfah ar-rassa'il). Il put donc sortir sauf de la forteresse avec sa petite force et les croisés prirent possession de celle-ci.

Les croisés venus d’Europe refusèrent de laisser partir les Musulmans et lui dirent : « Nous devons tuer tous les Musulmans y compris ceux à qui nous avons promis la sécurité ».

Alfonsh VIII refusa et leur répondit : « Mais nous leur avons promis la sécurité ! Nous ne devons pas les tuer car si la nouvelle parvient aux gens que nous tuons ceux à qui nous avons promis la sécurité nulle d’entre eux à l’avenir ne voudra plus capituler. Et il deviendront de farouches combattants contre nous ».

Alors une division s’ensuivit dans les rangs de l’armée d’Alfonsh et beaucoup de gens qui étaient venus d’Europe s’en retournèrent. En effet, ils n'étaient pas venus intéressés par le butin comme à leurs habitudes mais pour venger la perte de Jérusalem, une guerre de haine. Ils refusèrent d’obéir à Alfonsh et lui dirent : « Si tu ne les tue pas nous t’abandonnons ».

Alfonsh resta sur sa position et ainsi beaucoup de croisés fanatiques venus d’Europe quittèrent ses rangs et cinquante-mille d’entre eux revinrent dans leur pays respectifs mais cela ne diminua en rien l’immense force de croisés tant elle était nombreuse qui fut alors estimée à 100.000 combattants.

 

Lorsque Youssouf Ibn Qadis al-Andaloussi rejoignit les rangs des Mouwahhidine pour raconter au Sultan an-Nassir ce qui était arrivé, le ministre Abou Sa’id Ibn Ishaq Ibn Jami’, l’empêcha de rencontrer le Sultan qu’il alla trouver et accusa Youssouf Ibn Qadis de traitrise et d’abandon de son poste. Le Sultan an-Nassir n’écouta même pas, comme l’aurait voulu la justice, les arguments de Youssouf Ibn Qadis ni même le reçut, et ordonna de le tuer ainsi que ses compagnons. Ainsi la sédition se répandit aussitôt dans son armée car Youssouf Ibn Qadis était un des chefs (zou’amah) d’Andalousie et lorsque le ministre Abou Sa’id Ibn Ishaq Ibn Jami’ vit cette colère dans les rangs des Andalous de son armée, il leur demanda de partir et de quitter aussitôt l’armée parce que les Mouwahhidine n’avaient nul besoin de ces Andalous !

Un tel comportement de la part du ministre Abou Sa’id Ibn Ishaq Ibn Jami’, la veille d’une importante bataille, démontre non seulement son inaptitude à tenir un tel poste mais le réel danger qu’il représentait d’autant plus que lorsque les Andalous partirent un profond doute s’insinua dans les rangs des Mouwahhidine bien que leur force s’élevait à 100.000 combattants.

Allah Exalté avertit les Musulmans avant leur bataille et leur dit dans Son Livre : « Et obéissez à Allah et à Son messager ; et ne vous disputez pas, sinon vous fléchirez et perdrez votre force. Et soyez endurants, car Allah est avec les endurants[1] ».  

 

Malgré cela le Sultan an-Nassir resta convaincu de sa supériorité et de sa victoire sur les croisés. Vous avez désormais toutes les données pour juger dès maintenant qui sera victorieux, si vous avez bien compris la leçon.

Près de la forteresse de ‘Iqab, qui se trouvait dans la chaîne de montagnes Sharat ou Sierra Morena, eut lieu la bataille d’al-‘Iqab entre Alfonsh et non pas al-Mansour, qui abandonna le siège de Tolède émut par les pleurs des donzelles alors qu’il était sur le point de faire tomber la ville, mais son fils an-Nassir Ibn al-Mansour qui allait payer bientôt payer le lourd prix de l’abandon du siège.

Les deux armées se firent face et se préparèrent à s’affronter pour une autre terrible et décisive bataille : la bataille d’al-‘Iqab, dans les mêmes circonstances, pour les mêmes causes, pratiquement avec les mêmes personnes et le même enjeu à savoir : l’expulsion des Musulmans d’Andalousie. Alfonsh VIII ayant été écrasé lors de la bataille d’al-Arak, se prépara plus consciencieusement ayant tiré leçon de sa précédente défaite. Il resta plus humble et avec ses soldats passèrent la nuit en prière encouragé par leurs moines qui leur faisaient valoir les bénéfices du pardon définitif et l’accès assuré au paradis s’ils battaient les Musulmans.

 

Les deux armées avancèrent et se rencontrèrent le lundi 15 Safar 609 de l’Hégire (1212) pour une terrible et sanglante bataille historique.

Les deux armées échangèrent tout d’abord des messages pour la recherche de la reconduction d’un nouveau traité de paix. Alfonsh n’avait pas oublié sa défaite lors de la bataille d’al-Arak et eut peur des suites d’une éventuelle défaite et insista pour la reconduite de la paix bien qu’il ait lui-même rompu le traité précédent.

Et an-Nassir, de même pour éviter les conséquences néfastes d’une défaite, à la place d’être convaincu de la victoire avec la permission d’Allah le Très Haut. Donc les deux commandants animés des mêmes craintes et intentions agréèrent pour la paix et les deux armées se préparent à lever le camp mais Alfonsh n’avait nullement l’intention de conclure un nouveau traité de paix, il cherchait seulement à attaquer les Musulmans par surprise lorsqu’ils seraient le plus inattentifs et cela est leur technique préférée que nous avons témoigné déjà plusieurs fois. Il est à remarquer que jamais au long de leur longue histoire les Musulmans n’utilisèrent de telles tromperies, qui ne sont propres qu’aux mécréants et c’est pour cela qu’ils sont des mécréants.

Les Musulmans s’apprêtèrent à lever le camp et Alfonsh le traître et ses forces en une seule vague tombèrent sur les Musulmans et le nombre de tués fut considérable. Les Musulmans fuirent dans tous les sens bien que les ‘Oulémas tinrent fermes et encouragèrent les gens à la patience et à la recherche des honneurs de l’au-delà si bien que la majorité d’entre eux furent tués.

Les tribus de bédouins arabes s’enfuirent les premiers et la division se répandit rapidement tandis que les croisés concentrèrent leurs forces sur la tente du Sultan an-Nassir qui était reconnaissable parmi toute puisqu’elle était rouge et la seule à l’être ! Sa tente était entourée des servants de sa garde spéciale qui tint fermement avec le Sultan l’assaut des croisés. Les historiens ont rapporté que 10.000 d’entre eux furent tués lors de l’assaut et qu’au dernier moment un bédouin arabe du Maghreb présenta un cheval à an-Nassir qui réussit à s’extraire de la bataille et s’enfuir vers Jaén. 

Et Alfonsh VIII écrasa l’armée musulmane de la pire manière (shar tamziq) et prit ainsi sa revanche de la bataille d’al-Arak après une traîtrise de sa part. Il ordonna de tuer tous les combattants Musulmans et de ne prendre aucun prisonnier et fit à son tour un immense butin et ce fut une destructive, douloureuse et écrasante défaite pour Mouwahhidine mais aussi pour les Musulmans. Et cette défaite fut une punition (‘iqab) d’Allah le Très Haut pour les Musulmans du fait du trop grand nombre de leurs péchés, de leur attachement à la perversion, de leur incapacité à se défendre eux même et de l’abandon du combat dans la voie d’Allah le Très Haut.

Soumettre un fort ou une forteresse qui compte des milliers d’habitants sans même tenter une sortie pour défendre sa religion, ses biens et son honneur est en lui-même un avilissement.

Ce fut une terrible punition non pas seulement pour ce que la défaite causa mais aussi pour ce qu’elle allait entraîner dans son sillage. La nouvelle de la défaite se propagea parmi les gens et annonçait la fin de l’état des Mouwahhidine et aussi celui de l’Andalousie musulmane.

Et cette bataille décisive fut celle qui brisa définitivement les Musulmans les entraînant dans une cascade de défaite et d’évènements de plus en plus tragiques qui conduiront à la fin de leur présence en Andalousie ou tous les vestiges de leur civilisation seront systématiquement détruits pour ne laisser aucune trace de leur présence. Et nous rapporterons cela en temps voulu.

 

La chute des forteresses d’al-‘Iqab et d’Abou Danis 

Alfonsh VIII profita de sa victoire pour conquérir plus de forteresses et de terres n’ayant plus personne pour se dresser devant lui et où il alla, il sema mort et destruction et personne ne lui échappa. Si al-Mansour eut lamentablement pitié de ses donzelles, Alfonsh au contraire ordonna de massacrer tous les vivants. Il détruisit toutes les mosquées et ne prit aucun prisonnier, tous et sans distinction furent passés par le fil de l’épée, femmes, enfants et vieillards.

Puis il marcha vers Oubadah proche d’al-‘Iqab, une autre importante forteresse des Musulmans ou il mit le siège. Les gens se préparèrent pour la défense mais fasse à l’immense armée d’Alfonsh, ils ne purent rien. Et après treize jours de siège intense, ils proposèrent la paix à Alfonsh en échange d’une immense somme d’argent qui accepta leur demande. Mais les curés et les prêtres venus d’Europe au nom du pape, annoncèrent que c’était une croisade et que de tel accord ne devait pas être prit et que la forteresse devait se soumettre sans condition.

Les habitants d’Oubadah non informés de ces derniers évènements ouvrirent les portes et encore une fois, il ne fut question ni de traité signé, ni de promesses et ni de pleurs. Cent-mille musulmanes furent violées, soixante-mille Musulmans furent massacrés et autant fait prisonniers qui furent vendus en Europe comme esclave.

Les Musulmans qui n’ont tiré aucune leçon de toutes les trahisons précédentes et encore moins de celle d’al-‘Iqab, firent encore une fois confiance à leurs ennemis et je jure par Allah, qu’Il n’est point injuste et que les mécréants méritent vraiment d’être mécréants à cause de toutes les infamies qu’ils perpétrèrent !

La Bataille d’al-‘Iqab eut lieu le 16 juillet (youliou) 1212 et les croisés en firent un jour de fête appelé « la Victoire de la Croix » (‘id intissar as-salib) sur les Musulmans et un grand nombre de personne qui ont visité l’Espagne ont rapporté que le drapeau (rayah) des Mouwahhidine se trouve encore dans un musée espagnol, exposé comme une relique.

 

En l’an 614 de l’Hégire (1217), le roi du Portugal, Alfonsh III, décida d’agrandir son territoire au sud profitant du passage au large de ses côtes d’une flotte de croisés allemands se dirigeant vers la Palestine. Les croisés répondirent à son appel et ensemble, ils mirent le siège une nouvelle fois sur la forteresse d’Abou Danis que cette fois personne ne put secourir.

Le siège dura assez longtemps et les commandants Musulmans prit de peur envoyèrent des messagers pour demander la paix en échange de l’ouverture de la forteresse mais les croisés refusèrent et le blocus se renforça. Les Musulmans insistèrent auprès d’Alfonsh pour un arrangement et celui-ci accepta à la condition que les Musulmans abandonnent la forteresse sans rien prendre avec eux. Lorsque l’accord fut conclu, les Musulmans humiliés mais saufs sortirent et tomba pour la dernière fois la forteresse d’Abou Danis.



[1] Qur’an, Sourate 8, verset 46.