En
l’an 264 de l’Hégire (877) un homme du nom de ‘Omar Ibn Hafsoun
fit son apparition à Ronda (randa) au sud de l’Andalousie. Et
comme la consonance de son nom l’indique, il faisait partie de la
première génération des enfants musulmans né en Andalousie (al-mouwalladin).
‘Omar
Ibn Hafsoun était un bandit assassin. Il réussit à réunir un
nombre important de bandits autour de lui et occupa les régions
montagneuses au sud-est entre Ronda et Malaga avant de conquérir
Barbastro (barbashtar) qu’il établit comme sa base régulière
et sa capitale. Cet homme voulait mettre fin au gouvernement arabe
de l’Andalousie du fait de sa profonde haine envers les Arabes
musulmans. Le gouverneur du sud essaya de s’opposer à lui mais Ibn
Hafsoun eut le dessus. Muhammad Ibn ‘AbderRahmane
al-Awsat envoya un autre commandant qui fut lui aussi vaincu.
La
révolte d’Ibn Hafsoun au sud dura quarante-sept années et
sous le règne de trois émir d’Andalousie. Durant un demi-siècle, lui
et ses enfants causèrent des problèmes à l’état omeyyade à cause de
leur proximité de la capitale de l’Andalousie.
A
chaque fois que l’émir d'Andalousie sortait soit pour étouffer les
rebellions ou combattre au nord, il craignait qu’Ibn Hafsoun
ne l’attaque dans le dos.
Muhammad
Ibn ‘AbderRahmane al-Awsat envoya armée après armée pour
attaquer Ibn Hafsoun mais toutes furent vaincues. Alors il
envoya son fils al-Moundir Ibn Muhammad qui se dirigea vers
le sud ou se trouvait dans la forteresse de Hama Halif
Ibn Hafsoun, le fils d’Ibn Hafsoun qu’il assiégea
pendant deux mois avant qu’Ibn Hafsoun n’envoie de l’aide à
son fils.
En
l’an 273 de l’Hégire (886) Ibn Hafsoun attaqua al-Moundir
mais fut vaincu et Ibn Hafsoun blessé retourna dans sa
forteresse. Alors qu’al-Moundir assiégeait la forteresse de Hama
lui parvint la nouvelle de la mort de son père. Al-Moundir leva le
siège et retourna vers la capitale pour être nommé successeur à son
père.
Al-Moundir Ibn Muhammad
Ibn ‘AbderRahmane al-Awsat
Al-Moundir Ibn Muhammad Ibn ‘AbderRahmane al-Awsat
débuta son règne en l’an 273 de l’Hégire (886) et hérita de son père
un pays divisé et morcelé.
Al-Moundir était fort de caractère et de volonté en plus d’un homme
de guerre mais il hérita d’une situation difficile d’autant plus
qu’il réalisa que le ministre de son père, Hashim Ibn ‘Abdel ‘Aziz,
était celui qui contrôlait véritablement l’Andalousie.
Al-Moundir voulut reprendre le contrôle en main et suite à cela un
différend s’éleva entre lui et Hashim. Alors il procéda à un nouveau
genre d’action qui allait devenir courant en Andalousie. Il envoya
un assassin qui en finit avec Hashim et ainsi il put reprendre en
main les affaires de l’Andalousie.
Al-Moundir voulut réunifier l’Andalousie mais les rebelles restèrent
sur leurs positions et refusèrent toutes les tentatives de
réconciliations avec les Omeyyades.
Ibn
Hafsoun entreprit de contacter le gouverneur d’Afrique
al-Aghlabi à Kairouan la capitale et lui demanda de l’aide pour
reconquérir l’Andalousie. Mais al-Aghlabi était plus intelligent que
cela et refusa de l’aider.
Alors
Ibn Hafsoun en appela aux Mouwalladin qui répondirent
à son appel parce qu’il était l’un d’entre eux.
Al-Moundir en personne à la tête de son armée descendit au sud et
reprit plusieurs villes. Il captura aussi ‘Ayssoun le gouverneur
d’Arshadona et le tua. Puis il se dirigea vers Barbastro (barbashtar)
la capitale d’Ibn Hafsoun qu’il assiégea si durement qu’Ibn
Hafsoun demanda la réconciliation et agréa d’aller à Cordoue
si al-Moundir lui donnait de quoi le nourrir. Al-Moundir pensa que
le siège pouvait durer indéfiniment et qu’il pouvait perdre
l’opportunité de son avantage alors il accepta.
Al-Hafsoun
l’accompagna à Cordoue mais avant d’arriver dans la capitale il se
sauva et revint dans sa forteresse à Barbastro et annonça une
nouvelle rébellion. Al-Moundir fit demi-tour aussi et revint
assiéger Barbastro pour plusieurs années.
‘AbdAllah Ibn Muhammad
Ibn ‘AbderRahmane al-Awsat
Al-Moundir Ibn Muhammad prit le pouvoir en l’an 273 de
l’Hégire (886) et en l’an 274 de l’Hégire (887) eut lieu la révolte
d’Ibn Hafsoun alors que l’Europe était profondément divisée
en différents états suite à des révoltes qui donnèrent naissance à
l’Allemagne (almania), la France (fransa), l’Italie (italia),
le Burgandi (bourgandia) et Barbanz.
Au
mois de Safar de l’année 275 de l’Hégire (888), al-Moundir décéda
devant les murs de la forteresse, qu’il assiégeait à Barbastro,
après deux années de règne et sans avoir pu réunifier l’Andalousie
ni même être venus à bout des rebelles.
Son
frère ‘AbdAllah Ibn Muhammad Ibn ‘AbderRahmane
al-Awsat lui succéda et reprit le siège d’Ibn Hafsoun qui
demanda une nouvelle fois la réconciliation et ‘AbdAllah accepta.
En
même temps Qourayb Ibn ‘Uthman se révolta à Séville alors que la
ville était encore sous le contrôle des Omeyyades. Qourayb demanda
de l’assistance à al-Jiliqi qui accepta et avec son aide, il prit le
contrôle de Séville et tua son gouverneur Oumayyah Ibn ‘Abdel Ghafir
ce qui divisa encore plus l’Andalousie.
En
l’an 277 de l’Hégire (890), Khayr Ibn Shakir se révolta à Jaén, une
des principales villes. Ibn Hafsoun, voulant améliorer ses
relations avec les Omeyyades, trouva le moyen d’assassiner Khayr Ibn
Shakir et demanda à ‘AbdAllah Ibn Muhammad la reconduite du
pacte de paix et de lui laisser ce qu’il avait en sa possession mais
‘AbdAllah refusa et les révoltes persistèrent.
‘AbdAllah Ibn Muhammad envoya son fils al-Moutarif Ibn
‘AbdAllah à Barbastro pour se débarrasser d’Ibn Hafsoun et
s’ensuivit des batailles destructives sans qu’il puisse venir à bout
d’Ibn Hafsoun.
A
Séville, les Banou Hajjaj se rebellèrent contre al-Moutarif
sitôt qu’il quitta la ville, après qu’il ait réussit à la
reconquérir et en ai donné le commandement a Ibrahim Ibn Hajjaj
au nom des Omeyyades.
En
l’an 289 de l’Hégire (901), arriva un grave événement.
Ibn
Hafsoun s’allia avec les Banou Hajjaj et ensemble
demandèrent de l’aide aux Goths au nord. Alors ‘AbdAllah Ibn Muhammad
en personne à la tête de son armée se dirigea vers eux pour leur
livrer bataille : et bien que les révoltés soit beaucoup plus
nombreux que lui, il sortit vainqueur de la terrible bataille qui
s’ensuivit. Il captura Séville tandis que Barbastro resta aux mains
d’Ibn Hafsoun.
Les
Goths et les Francs (franja) avancèrent et menacèrent de
nouveau ‘AbdAllah Ibn Muhammad qui leur envoya Loubba Ibn
Moussa à la tête d’une armée. Loubba stoppa leur avance et mit le
siège sur Pampelune (bambalona) ou il fut tué après maintes
batailles sans que son armée ne puisse mettre la main sur la ville.
En
l’an 295 de l’Hégire (907), ‘AbdAllah Ibn Muhammad envoya une
nouvelle armée vers Barbastro sans succès néanmoins tous les
environs de la ville furent détruit.
En
l’an 297 de l’Hégire (909), une innombrable armée sortit de Cordoue
et prit la direction de Barbastro ou eut lieu une mémorable bataille
mais Ibn Hafsoun s’en tira sauf.
Et
pendant ce temps à Léone, Alfonsh III abdiqua le trône et son comté
se divisa en deux états. Si bien que maintenant le nord comprenait
quatre états Chrétiens indépendants : La Galice dirigée par Antonio,
Faruella (farouilla) par Ashtorios, Navarre et les Francs au
nord-est.
En
l’an 300 de l’Hégire (912), ‘AbdAllah Ibn Muhammad décéda et
‘AbderRahmane Ibn Muhammad Ibn ‘AbdAllah Ibn Muhammad
Ibn ‘AbderRahmane Ibn Hakam Ibn Hisham Ibn ‘AbderRahmane
ad-Dakhil communément appelé ‘AbderRahmane an-Nassir lui
succéda.
Et
tout ce que l’on entend parler et dire de la fabuleuse culture
Andalouse commença sous le règne d’an-Nassir. Sous son règne aussi
la face de l’Andalousie changea totalement.
- La
première période andalouse fut marquée par les conquêtes de Moussa
Ibn Noussayr et Tariq Ibn Ziyad (qu’Allah le Très Haut leur fasse
Miséricorde).
- La
deuxième période par le règne des Préfets : Vingt-deux émirs pour
une période de 42 ans.
-
Puis vint ‘AbderRahmane ad-Dakhil qui implémenta l’état
omeyyade en Andalousie. Puis lui succéda ses fils et ses partisans
et l’Andalousie se divisa en états indépendants particulièrement
sous les règnes d’al-Moundir, ‘AbdAllah et Muhammad Ibn
‘AbderRahmane al-Awsat.
La
période entre ‘AbderRahmane ad-Dakhil jusqu’à la fin du règne
de ‘AbdAllah Ibn Muhammad est appelée l’ère de l’émirat (imarah).
Du fait que le gouverneur d’Andalousie était alors appelé émir
d’Andalousie alors que le calife était le calife abbasside.
Peu
de temps après son arrivée au pouvoir an-Nassir se fit appelé calife
émir des Musulmans. Avec lui commença une nouvelle ère appelée l’ère
du califat (khilafah). An-Nassir resta émir d’Andalousie un
demi-siècle soit cinquante années.
Avant
de parler de son règne plus en détail, récapitulons l’ère de
l’émirat échelonnée entre ‘Abderrahmane ad-Dakhil et ‘AbdAllah Ibn
Muhammad.
Sous
cette ère des Omeyyades, l’Islam s’établit fermement en Andalousie
excepté pour les régions du nord aux mains des Chrétiens. Enormément
de gens adoptèrent la religion islamique.
L’état et l’administration s’organisèrent. Des nouveaux corps
représentatifs et enseignants furent créés. De même la force navale
musulmane vit le jour et l’organisation militaire s’améliora.
Se
propagea aussi l’enseignement de la construction des navires, des
routes, des ponts, des égouts et du système hydraulique. Des jardins
resplendissant contenant toutes sortes de plantes et de fruits
furent crées.
Les
relations diplomatiques avec l’Europe et les ambassades se
propagèrent.
Il y
eut des échanges culturels entre les poètes, les savants, les
érudits religieux de l’Andalousie et des autres terres d’Islam,
voyageant et transmettant les sciences d’un pays à l’autre tandis
que les échanges avec le califat abbasside restaient stricts.
A
cette époque apparut des grands érudits de science islamique tels
que Ziyad al-Lakhmi, Yahya al-Leythi et Muhammad Ibn
Loubabah puisse Allah le Très Haut leur faire miséricorde.
Il y
eut aussi de grands enseignants tels que ‘Abbas Ibn Farnas que les
gens connaissent du fait qu’il s’intéressa à l’aviation. Il est
mort, d’ailleurs, en essayant de voler comme les oiseaux car il
voulait être le premier humain à avoir volé. Ibn Farnas avait
d’autres qualités : il fut le premier à avoir transformé les pierres
en verre et aussi le premier à avoir divisé le temps en heure,
minutes et secondes. Il fut aussi le premier à avoir construit une
horloge et il créa plusieurs écoles pour les hommes et les femmes
financées par l’Etat.
De
même, lors de cette période, se propagea la traduction de livres en
Arabe et la langue arabe en Europe. La langue arabe devint la langue
d’enseignement des sciences et même les écoles non musulmanes
enseignaient en arabe. Et cela eut un grand impact dans le
rapprochement des non Musulmans vers la religion islamique.
A
cette époque, la justice était parfaitement implémentée et
indépendante. Elle était complètement détachée de l’état afin de
pouvoir juger en toute partialité y compris les membres de l’état et
aucun membre de l’état ne s’y impliquaient. Ce fut une époque de
justice, de paix et d’intérêt envers les pauvres musulmans et
non-musulmans de manière générale et dans toute l’Andalousie.
Ce
fut aussi le retour, durant un certain temps, de l’amour du combat
dans la voie d’Allah et de la recherche du martyr (fikr jihadi)
mais de manière moindre qu’à l’époque de Moussa Ibn Noussayr et de
Tariq Ibn Ziyad. Il était important que cet état d’esprit revienne
afin que les Musulmans soient respectés tout en étant craint par
leurs ennemis. Mais bientôt, se propagea aussi la musique (mizmara
shaytan) avec le chanteur bien connu Zaryab qui était l’élève
d’Ibrahim al-Moussali (de la ville de Mossoul), le chanteur
personnel des califes à Bagdad. Zaryab devint bientôt meilleur que
son maître et par jalousie al-Moussali l’expulsa. C’est ainsi que
Zaryab arriva en Andalousie ou il propagea son art et créa la
musique andalouse.
Les
émirs d’Andalousie le rapprochèrent de la cour mais son art ne tarda
pas à corrompre les gens et à les rendre lascifs. Ils se mirent à
aimer la vie de ce monde au dépend de celle de l’au-delà et cela les
perdit car ce mal en engendra une multitude d’autres.
Bientôt les gens oublièrent leurs devoirs et l’Andalousie en proie
au tumulte se divisa en états indépendants secoués de révoltes
successives. Les gens oublièrent le combat dans la voie d’Allah (jihad)
et ce sont leurs ennemis qui vinrent les combattre ! Le Messager
d'Allah (Saluts et Bénédictions d'Allah sur lui) a dit : « Nul
peuple n’abandonne le Jihad sans qu’Allah le Très Haut ne les
humilie ! ». Ce qui est l’exacte vérité témoignée par les
siècles passés et le présent.
La
chose la plus importante de cette ère fut la totale liberté
culturelle et religieuse pour les gens. Nulle personne ne fut forcée
d’abandonner ou de changer sa religion et les Musulmans excellèrent
en cela durant leur règne et cela est unanimement reconnut dans
l’histoire des nations même chez les ennemis de l’Islam.
Dressons maintenant une carte de l’empire musulman de cette époque.
An-Nassir hérita de l’Andalousie divisée avec :
- Ibn
Hafsoun au sud,
-
Séville, aux mains des Bani Hajjaj,
-
Mérida à l’ouest, aux mains d’al-Jiliqi,
-
Tolède au centre, aux mains des Bani Zi Noun,
-
Saragosse, aux mains de l’Omeyyade Moussa Ibn Moussa.
Au
nord les Chrétiens aussi étaient divisés en quatre états comme nous
l’avons précédemment mentionné.
Quant
au monde islamique il était aussi divisé :
- Le
califat abbasside était en Iraq et ce n’était qu’un nom car même si
les différents états reconnaissaient le califat tous étaient
révoltés.
-
Farés (faris) et
Ispahan (asbahan), aux mains des Bani Bawi (Bawé),
-
Qarman, aux mains de Muhammad Ibn Ilyas,
-
Mossoul et ses environs, aux mains des Banou Hamdan,
-
L’Egypte (misr) et la Syrie
(sham), aux mains des Irshidiyoune,
-
L’Afrique du nord et le Maghreb, aux mains des ‘oubaydiyine
ismaéliens,
- Le
Khorasan (khourassan), aux mains de Nasr Ibn Ahmadin
Samani,
- L’Ahwaz,
le centre de l’Iraq et Basra, aux mains des Biraydiyoun,
- Le
Yamamah et le Bahrayn, étaient à cette époque aux mains des qarmates
(qaramita),
-
Quant à l’est, le Tabaristan (tabaristane), le Jorjane et
autres contrés de la Transoxiane aux mains des Daylam et,
-
L’Andalousie aux mains des Omeyyades.
Le
calife à cette époque n’avait plus aucun pouvoir effectif si juste
un nom symbolique.
L’ère
de l’émirat prit donc fin et débuta celui de ‘AbderRahmane
an-Nassir.
‘AbderRahmane an-Nassir succéda au pouvoir d’une manière
insolite. ‘AbdAllah Ibn Muhammad Ibn ‘AbderRahmane
al-Awsat était émir d’Andalousie et son successeur après lui était
son fils Muhammad Ibn ‘Abdallah Ibn ‘AbderRahmane
al-Awsat. Mais al-Moutarif Ibn ‘Abdallah convoita le pouvoir et
assassina son frère Muhammad alors que leur père était encore
vivant qui lorsqu’il découvrit que c’était son fils al-Moutarif qui
avait tué Muhammad, ordonna de tuer son deuxième fils et se
retrouva ainsi sans successeur.
Lorsqu’il voulut choisir un successeur, il le chercha dans les
enfants de ses enfants. Il trouva que le meilleur, le plus mature et
le plus sage d’entre eux, prêt à assumer ses responsabilités était
‘AbderRahmane an-Nassir communément surnommé an-Nassir, le
fils de (ibn) Muhammad Ibn ‘AbdAllah l’assassiné. Muhammad
Ibn Muhammad prit la succession par la volonté de son grand
père et devint le nouvel émir d’Andalousie alors qu’il était âgé de
vingt-deux ans seulement et resta émir cinquante années avant de
décéder en l’an 350 de l’Hégire (961).
Certains historiens ont rapporté qu’il avait vingt-trois ans.
La
glorieuse ère de l’Andalousie débuta avec la venue de ‘AbderRahmane
an-Nassir et les gens furent étonnés voir un homme si jeune nommé à
la tête de l’état et se dirent : « Emir à vingt-deux ans à la tête
d'un pays déchiré que va-t-il bien pouvoir faire ? »
Un
poète très en vue à cette époque, Ibn ‘Abdi Rabby auteur du livre «
‘aqd al-farid », un livre sur les mœurs et la politesse, très
connu à cette époque en Andalousie, fit des vers pour ceux qui
avaient critiqué le jeune âge d’an-Nassir ainsi que d’autres en
faveur de la jeunesse en disant, que cela n’était ni un mal ni un
handicap mais plutôt que la jeunesse de ‘AbderRahmane
an-Nassir était une louange, il écrivit :
« Un
nouveau croissant lunaire a brillé,
Le
retour d’une nouvelle royauté.
O
bienfait d’Allah croît,
Si de
la profusion, il y a en toi ».
‘AbderRahmane an-Nassir prit le pouvoir doté de grandes
qualités : la croyance et la confiance en Allah mais aussi l’amour
de la grandeur, de la beauté et de l’apparence qu’il hérita des
Omeyyade.
Un
jour, an-Nassir demanda au juge al-Moundir, un pieu savant, un des
meilleurs musulmans de cette époque et qui était aimé de tous, de
prier la prière de la demande de pluie (salat istisqa) à
cause de la sécheresse. Mais al-Moundir tarda à faire ce que le
calife lui demandait. An-Nassir lui envoya un messager pour lui dire
de se hâter car les gens se plaignaient de la sécheresse.
Les
gens se réunirent donc derrière al-Moundir pour la prière à laquelle
participa le messager d’an-Nassir. Al-Moundir lui demanda :
-
« Que fais le calife dans son palais alors que nous nous tenons pour
la prière ? » Le Messager lui répondit :
-
« Nous n’avons vu personne plus tourmenté que lui aujourd’hui,
implorant, craintif, vêtu des pires habits. Il a passé la nuit le
visage et la barbe recouvert de terre. Il pleurait reconnaissant ses
péchés implorant le Seigneur : « Me voilà à Toi, mon âme entre Tes
Mains, punis-Tu les pauvres à cause de moi alors que Tu es le Plus
Sage des Sages et que Tu connais tout de moi ? » »
Après
avoir entendu cela, le visage d’al-Moundir resplendit et il dit :
- « O
garçon (ya ghoulam) tu portes la pluie avec toi, Allah a
ordonné à la pluie de descendre. (Il était convaincu qu’il allait
enfin pleuvoir). Si un tyran de la terre devient craintif (du
Seigneur) alors le Maitre des cieux fait miséricorde ». Et après la
prière, les gens n’étaient pas encore disséminés que la pluie
descendit sur eux.
Al-Moundir était implacable dans ses jugements et d’une justice
équitable et rigoureuse qui ne craignait absolument aucun émir ou
ministre ou autre et il eut des prises de positions tranchantes
comme nous le verrons dans sa biographie.
An-Nassir débuta son règne en l’an 300 de l’Hégire et resta calife
cinquante ans. Lorsque la situation en Andalousie devint stable, il
ordonna la construction complète de la ville az-Zahrah sur un
emplacement désert près de Cordoue.
Il se
fit aussi construire un large palais à côté de celui de son grand
père al-Amir Muhammad, le père de son grand père
‘AbderRahmane al-Awsat et chaque palais avait un nom
particulier.
An-Nassir fit appeler le sien Dar ar-Rawdah (la maison du
jardin). Il choisit son lieu de résidence dans la ville d’az-Zahrah
et aussi le siège de son pouvoir.
Il y
fit construire un zoo, une volière pour les oiseaux et une
manufacture d’armement. Les historiens ont rapporté que les murs de
son palais étaient bâtit d’or et de marbre tandis que les toits
étaient en or et en argent.
Au
centre du palais se trouvait une immense pierre précieuse offerte
par l’empereur de Constantinople et huit portes incrustées de
pierres précieuses qui se trouvait dans l’axe des fenêtres pour
permettre à la lumière de se réfléchir. Et lorsque les rayons de
soleil se reflétaient ils émettaient des flots d’une lumière
bariolée insoutenable donnant l’impression d’une pièce pivotante
captant les rayons de lumière.
Une
somme considérable d’or et d’argent fut investie dans la
construction de son palais ou rivalisaient fontaines et statues
d’or, de pierres précieuses et d’autres merveilles jamais vues
auparavant furent construites à grande échelle.
Le Juge (al-qadi) al-Moundir Ibn Sa’id
Un
jour alors qu’il était assis dans son palais avec ses proches et ses
ministres, il leur posa la question :
-
« Que pensez-vous de tout cela ? » Chacun y alla avec ses louages.
Puis il leur demanda :
-
« Avez-vous entendu un roi avant moi qui ai fait quelque chose
semblable ? »
-
« Non, émir des croyants » dirent-ils, « tu es unique en ton
genre. Nous n’avons vu nul roi te précéder et nulle nouvelle de roi
ayant fait la même chose nous est parvenue ! » An-Nassir fut
satisfait de ces paroles.
Soudain, le juge al-Moundir Ibn Sa’id (qu’Allah le Très Haut lui
fasse Miséricorde) entra dans la salle où ils se trouvaient.
Lorsqu’il prit place an-Nassir lui posa les mêmes questions et le
juge (qadi) se mit à pleurer tellement que les larmes lui
mouillèrent la barbe. Et il dit :
-
« Non, émir des croyants ! Jamais je ne me serais douté que le
diable (malédiction d’Allah sur lui) te conduirait à ce degré. Et
que tu lui permettes autant de liberté après ce qu’Allah t’a accordé
de Ses bienfaits et de Ses richesses par rapport aux autres
créatures. Es-tu descendu au niveau des mécréants ? » An-Nassir se
leva et lui dit :
-
« Fait attention à ce que tu dis ! Comment peux-tu dire qu’Allah m’a
descendu au même niveau que les mécréants ? Comment peux-tu me
mettre avec les mécréants ? » Al-Moundir répondit :
-
« Oui ! Allah le Très Haut ne dit-Il pas dans Son Livre (al-qur’an)
: « Si les hommes ne devaient pas constituer une seule communauté
(mécréante), Nous aurions certes pourvu les maisons de ceux qui ne
croient pas au Tout Miséricordieux, de toits d’argents avec des
escaliers pour y monter[1]
». Tu as fait ton toit d’argent et c’est exactement ce que dis le
Qur’an à propos des mécréants ».
Alors
an-Nassir se mit à pleurer par humilité pour le Seigneur et dit
alors :
-
« Puisse Allah le Très Haut te récompenser ô juge pour nous, pour
toi et pour la religion et pour les Musulmans des meilleures
récompenses. Et qu’Il nous donne plus de gens comme toi car ce que
tu as dit est la vérité ». Il quitta l’assemblée en demandant pardon
au Miséricordieux après avoir ordonné de remplacer le toit par un
autre en boue.
An-Nassir continua à faire construire de très large bâtiments et
al-Moundir Ibn Sa’id fut peiné de voir que ses paroles n’avaient
aucun effet sur le calife. Il est en train de me faire perdre mon
temps s’il ne m'écoute pas se dit-il. Et alors qu’il poursuivait la
construction de la ville d’al-Zahrah, le calife très occupé
s’absenta trois prières du vendredi (salatoul joumou’a)
successives.
Un
vendredi alors qu’il était présent al-Moundir fit un prêche le
concernant et voulut le rappeler à ses devoirs. Commençant son
prêche, il récita ces versets du Qur’an : « Bâtissez-vous
par frivolité sur chaque colline un monument ? Et édifiez-vous des
châteaux comme si vous deviez demeurer éternellement ? Et quand vous
sévissez contre quelqu'un, vous le faites impitoyablement. Craignez
Allah donc et obéissez-moi. Craignez Celui qui vous pourvus de
[toutes les bonnes choses] que vous connaissez, qui vous a pourvu de
bestiaux et d’enfants, de jardins et de sources. Je crains pour vous
le châtiment d’un jour terrible. Ils dirent : Que tu nous exhortes
ou pas, cela nous est parfaitement égal[2]
».
Il
rappela que la vie en ce mode est d’une durée courte et limitée et
que la vrai vie est celle de l’au-delà : soit la maison de la
récompense ou du châtiment en fonction de ce que l’on accomplit en
celle-ci. Et il rappela aussi tous les Hadiths
concernant la voie de la perdition, la perte de temps et d’argent
dans les constructions inutiles jusqu’à finir par cet autre verset
du Qur’an : « Lequel est le plus méritant ? Est-ce celui
qui a fondé son édifice sur la piété et l’agreement d'Allah, ou bien
celui qui a placé les assises de sa construction sur le bord d’une
falaise croulante et qui croula avec elle dans le feu de l'enfer ?
Et Allah ne guide pas les gens injustes[3]
».
Puis
il continua son prêche sur la mort et les efforts et sacrifices à
faire dans ce monde, sur le regret quand il sera trop tard et la
préparation pour l’au-delà, la perdition dans la recherche exclusive
de la jouissance, et d’empêcher la poursuite des désirs, jusqu’à ce
que toute l’assistance se mit à pleurer et demanda pardon au
Seigneur et celui qui pleura le plus parmi eux fut le calife.
‘AbderRahmane an-Nassir construisit la société la plus
avancée et la plus florissante de toute l’histoire sachant qu’il
prit le pouvoir alors que l’Andalousie était divisée en différents
états :
- Le
nord était aux mains des Chrétiens qui avaient trois états :
- Au
nord-est les Français,
- Au
nord-ouest la Galice et sa capitale Léon,
- Et
entre ces eux états au centre-nord, le Comté de Navarre.
Quant
à la partie musulmane divisée elle aussi:
- A
l’extrême sud est ‘Omar Ibn Hafsoun,
- La
capitale du sud, une des plus grandes villes d’Andalousie, aux mains
d’Ibn Hajjaj,
-
Mérida, la capitale de l’ouest, aux mains de ‘AbderRahmane
al-Jiliqi allié aux Chrétiens du nord,
-
Tolède, la capitale du centre, aux mains des Banou Dzi Noun,
-
Saragosse, la capitale du nord-est, aux mains d’Ibn Qoussay.
Quant
aux Omeyyades, il ne leur restait que Cordoue et quelques petites
villes. Un tiers de l’Andalousie était aux mains des Chrétiens et le
reste divisé entre les Musulmans.