La bataille de Moussarah

 

Le jour de ‘Arafat de l’année 133 de l’Hégire, les deux armées se firent face, séparées une nouvelle fois par une large rivière :

- L’armée d’ad-Dakhil en petit nombre, faible, sans logistique, sans équipement, à court de vivres et comme seule nourriture des fèves vertes et,  

- L’armée d’al-Fihri à l’apogée de sa puissance, supportée par toute l’Andalousie, qui ordonna que des chameaux soit abattus près du fleuve sous les yeux de l’armée d’en face, affamée.

Le niveau du fleuve à cet endroit était particulier bas et ad-Dakhil pensa qu’il ne devait pas laisser les choses durer et qu’il devait attaquer immédiatement. Comme il montait un cheval très rapide, les yéménites de son armée, montés sur des chameaux, se dirent : « Cet homme est monté sur un cheval et il se peut que dès le début de la bataille il s’enfuit et nous laisse tomber et alors nous serons tués de la pire des manières ».

Ils eurent alors peur de cet homme qui n’était pas des leurs, venu seul et personne avec lui qui n’hésiterait pas à les abandonner si un revers de fortune se présentait.

Ad-Dakhil était un homme très perspicace. Il devina exactement ce qu’ils pensaient et partit donc voir Abou Sabbah, et lui dit :

- « O Abou Sabbah, mon cheval est beaucoup trop fougueux et ne me permets pas de tirer des flèches. Si tu veux, j’échange mon cheval contre ta mule ».  Et Abou Sabbah accepta. L’échange eut lieu et la nouvelle se transmit parmi les gens. Ils dirent : « Ceci n’est pas le fait de quelqu’un qui veut se sauver. Alors leurs cœurs se raffermirent et leur sympathie envers lui augmenta ».

Le jour de ‘Id arriva et alors que les gens festoyaient, ad-Dakhil ordonna à son armée de traverser le fleuve et de donner l’assaut contre l’armée adverse.

Al-Fihri et ceux qui étaient avec lui furent stupéfiés de le voir attaquer le jour de la fête. Et ainsi, ad-Dakhil réussit à écraser l’armée de Soumayl et d’al-Fihri en les prenant totalement par surprise, et alors que les gens fuyaient devant son armée, il ordonna de les laisser fuir. On lui dit :

- « Comment, si tu les laisses fuirent, ils vont se rassembler ailleurs et nous attaquer de nouveau ! » Mais il répondit :

- « Laissez les fuir ». Puis il dit :

- « C’est vrai, ceux-là sont nos ennemis, et c’est vrai que nous avons la possibilité d’en finir avec eux, et il vaut mieux que nous les utilisions dans la guerre contre un ennemi plus dangereux qu’eux (les Goths au nord) qui n’ont pas la même religion que nous tandis que vous acceptez les aumônes de ceux-là.

 

Juste après la bataille, les commandants yéménites de l’armée d’ad-Dakhil se réunirent entre eux, et se dirent : « Pourquoi ne tuons-nous pas maintenant ad-Dakhil ? Nous ferions d’une pierre deux coups ! Personne pour revendiquer une vengeance et nous prendrons le pouvoir ». Abou Sabbah dit : « Je revendique le pouvoir et je le tuerais ». Mais les gens qui étaient avec lui refusèrent.

Ad-Dakhil fut informé de leur complot et intelligemment, se rendant bien compte de sa faiblesse, il n’entreprit rien contre as-Sabbah pour éviter la rébellion de ses partisans et garda le secret pour lui-même, conscient du danger que pouvait représenter cet homme.

 

La prise de Cordoue

Lorsque l’armée d’ad-Dakhil arriva à Cordoue, il stationna devant ses portes et en interdit l’entrée à son armée. Il envoya un messager à l’intérieur qui annonça : 

- « Que celui qui veut sortir de la ville sorte. Ceux des enfants de Youssouf al-Fihri qui veulent rester, qu’ils restent et ceux qui veulent sortir, qu’ils le fassent. Celui qui veut prendre ses biens, qu’il prenne ses biens. Nous ne sommes pas venus pour vous tuer mais pour restaurer le califat omeyyade et nous voulons que tous les gens prennent notre parti pacifiquement ».

Puis il entra dans la capitale et en devint le maître sans coup férir. Et ainsi, par cette politique, beaucoup de gens se rangèrent à ses côtés. C’est ici à Cordoue, qu’il devint le gouverneur officiel de l’Andalousie et qu’il prit le surnom d’ad-Dakhil (celui qui entre), ‘AbderRahmane ad-Dakhil.

 

‘AbderRahmane ad-Dakhil passa la majeure partie de son règne à lutter contre les révoltes qu’il réussit à mater, les unes après les autres.

 

Quant à Youssouf al-Fihri, il se réfugia dans la deuxième capitale majeure d’Andalousie, Tolède, d’où il réorganisa ses forces et Soumayl fuit à Jaén (jiyan), une autre ville majeure, ou il se prépara pour la bataille. Lorsqu’ils furent fin prêts, les deux armées fusionnèrent et ils marchèrent sur Cordoue à la tête d’une innombrable armée.

Ad-Dakhil informé de leur sortie, n’attendit pas qu’ils arrivent et l’assiègent mais il sortit à leur rencontre. Al-Fihri aussi avertit des mouvements d’ad-Dakhil, nomma à la tête d’une partie de son armée Abou Zayd Ibn Youssouf al-Fihri qu’il envoya discrètement prendre Cordoue vidée de sa garnison pendant que lui-même allait affronter l’armée d’ad-Dakhil. La ville fut prise sans combat et Abou ‘Uthman, le gouverneur nommé par ad-Dakhil fut fait prisonnier. 

Ad-Dakhil fit demi-tour pour se rendre compte que la ville avait été conquise et que les portes étaient fermées. Deux solutions s’offraient à lui : mettre le siège sur la ville, ou repartir affronter l’armée. La raison principale de la bataille n’était pas la ville mais ses opposants al-Fihri et Soumayl qui voulait le prendre en étau entre leur armée et celle qui avait réussi à prendre Cordoue.

Ad-Dakhil choisit l’affrontement et arriva à Alvéra ou les deux armées s’affrontèrent. L’armée d’ad-Dakhil, après sa première et décisive victoire était devenue une armée forte. Soumayl se rendit alors compte qu’il ne viendrait jamais à bout d’ad-Dakhil, à cause de la faiblesse de sa propre armée, et il demanda des pourparlers. Il demanda donc la paix qui fut acceptée selon certaines conditions qu’ils approuvèrent et signèrent.

Ad-Dakhil accepta d’honorer al-Fihri et Soumayl et qu’ils gardent leurs biens à condition qu’ils restent à Cordoue et que chaque jour, ils viennent le saluer et que les deux enfants d’al-Fihri, Abou al-Aswad et ‘AbderRahmane, restent ses otages, pour garantir leurs promesses. Ce, afin de les avoir constamment sous les yeux et pour les empêcher de fuir pour aller fomenter ailleurs de nouvelles séditions et de lever une nouvelle armée.

 

'AbderRahmane ad-Dakhil et le retour du califat Omeyyade en Andalousie

Alors, dans toute l’Andalousie et le monde musulman se propagea les nouvelles du succès d’AbderRahmane ad-Dakhil et le retour du califat Omeyyade en Andalousie après sa chute à Damas. Tous les Omeyyades qui avaient fui en Afrique du nord vinrent se mettre sous sa protection.

 

Ce n’était pas pourtant pas encore la fin des difficultés avec al-Fihri et Soumayl. Les révoltes et les problèmes se succédèrent les uns aux autres mais ad-Dakhil déjoua toutes les tentatives de déstabilisations et resta le gouverneur d’Andalousie. Les historiens ont rapporté que si ad-Dakhil n’avait pas tenu ferme devant toutes ces tentatives de renversements cela aurait été la fin de l’Islam en Andalousie. Mais grâce à sa fermeté et sa ténacité, il réussit à unifier l’Andalousie et à protéger tous les Musulmans.

 

En l’an 141 de l’Hégire (758), les événements se stabilisèrent et un grand nombre d’Omeyyades qui vivaient dans la clandestinité, émigrèrent en Andalousie dont ‘Abdel Malik Ibn ‘Omar al-Marwani accompagné de dix hautes personnalités Omeyyades. Ad-Dakhil les honora et les rapprocha de lui tout en éloignant Abou Sabbah. Il nomma ‘Abdel Malik Ibn ‘Omar al-Marwani gouverneur de Séville et son fils Ibn ‘Omar gouverneur de Moro.

 

A cette époque, il était courant lors de la prière générale du vendredi (salatoul joumou’a), de faire des invocations en faveur du calife, l’émir des croyants, Aboul al-Ja’far al-Mansour, le calife abbasside. ‘Abdel Malik Ibn ‘Omar se dit alors : « Comment pouvons-nous faire des invocations en faveur de ceux qui nous ont massacrés ! » Il en informa ad-Dakhil qui refusa sa demande mais ‘Abdel Malik insista tellement qu’ad-Dakhil ordonna l’arrêt des invocations en faveur du calife abbasside.

‘AbderRahmane ad-Dakhil ne s’était pas nommé calife et ne se considérait pas comme un calife opposé au calife, il était simplement le gouverneur d’Andalousie et il considérait toujours Aboul al-Ja’far al-Mansour comme étant le seul calife de tous les Musulmans.

 

En l’an 141 de l’Hégire (758),  il arriva un petit évènement qui conduisit à une affaire plus grave.

Il était convenu que Yousouf al-Fihri et Soumayl viennent le saluer chaque jour mais un jour Youssouf al-Fihri se cacha et se sauva à Mérida, la capitale de l’ouest.

Ad-Dakhil questionna Soumayl à son sujet mais il lui répondit qu’il n'avait aucune idée ou il pouvait être. Ad-Dakhil lui dit :

- « Tu mens ! Il ne peut être sortit qu’avec ton accord puisque c’est toi en vérité qui dirigeais. Ou est-il allé ? » Soumayl lui répondit durement :

- « Même si je savais ou il était je t’en informerais jamais, fait ce que tu veux ! »

Ad-Dakhil sentit le danger et ordonna son emprisonnement ainsi que des deux enfants de Youssouf al-Fihri mais leurs partisans réussirent à les faire sortir. Abou al-Aswad réussit à s’enfuir mais à cause de son embonpoint, ‘AbderRahmane Ibn Youssouf al-Fihri ne put aller très loin et capturé.

Quant à Soumayl, il se dit orgueilleusement : « Un tel homme que moi refuse de se sauver » et il préféra rester emprisonné.

 

Ad-Dakhil pensa à Youssouf et se dit : « Cet homme se rebelle pour la troisième fois et il a encore des partisans prêt à lui venir en aide ». Et effectivement Youssouf réunit rapidement une armée de 20.000 combattants mais ad-Dakhil se mit aussitôt en route, à la tête de son armée, vers Séville.

‘Abdel Malik Ibn ‘Omar al-Marwani lui fournit une armée dont il confia le commandement à son fils Oumayyah Ibn ‘Abdel Malik. Lorsque les deux armées furent sur le point de se rencontrer et que les nouvelles du nombre de l’armée adverse parvinrent à Oumayyah, il fut terrifié et avant que la bataille ne commence, il s’enfuit en abandonnant l’armée et retourna à Séville.

‘Abdel Malik Ibn ‘Omar al-Marwani fut stupéfait par le comportement de son fils : « Le commandant de l’armée s’enfuyant et abandonnant ses soldats ! Qu’est ce qui t’a pris à me tourner ainsi en dérision et à ramener l’ennemi sur nous ? » Lui demanda-t-il ? « Le commandant d’une armée qui abandonne ses troupes, mais que vont dire et penser les gens de nous et que va faire l’ennemi ? » Alors il lui dit : « Si c’est la mort que tu as fuis sache que tu es venue à elle et il ordonna aussitôt la mise à mort de son fils ». Afin que les gens sache que dans un tel cas, aucune relation ni aucun sentiment ne peut être d’un secours quelconque.

Il réunit alors les Bani Omeyyade et leur dit : « Nous avons été expulsés de l’est aux confins de cette terre. Nous étions dirigeants et nous sommes devenus indésirables recherchant piteusement de quoi nous rafraîchir la bouche. Alors, brisez le fourreau de vos épées car la mort nous est préférable que de vivre ainsi. Vous avez perdu le pouvoir à l’est et maintenant vous voulez le perdre à l’ouest ! »

Puis il rejoignit l’armée, prit son commandement et entra dans la bataille quand ad-Dakhil le rejoignit.

 

La bataille de Mérida 

S’ensuivit une terrible bataille entre les deux armées, une bataille destructive qui anéantit pratiquement les deux armées et 30.000 hommes perdirent la vie.

Les deux commandants furent lourdement éprouvés mais au final l’armée de ‘Abdel Malik Ibn ‘Omar al-Marwani l’emporta bien qu’il perdit la vie tant il combattit avec force et acharnement et vu l’énorme quantité de sang qui le recouvrait. Lorsqu’il tomba mort, il fut par la suite, impossible de lui retirer son sabre des mains tellement il le serrait fort.

Quant à Youssouf al-Fihri lorsqu’il se sentit vaincu, il abandonna la bataille et se sauva. Lorsque ad-Dakhil arriva et vu le carnage de la bataille et le corps de ‘Abdel Malik Ibn Marwan, il pleura et descendit de son cheval, l’embrassa entre les deux yeux et le mentionna en bien.

Apres cela il maria son fils Hisham Ibn ‘AbderRahmane ad-Dakhil à la fille de ‘Abdel Malik Ibn Marwan. Il honora ses fils et leur attribua tous des postes d’importances.

 

Youssouf al-Fihri après sa fuite assembla pour la quatrième fois une armée et empêcha ad-Dakhil de gouverner en paix.

Après la bataille de Mérida, al-Fihri se dirigea vers Tolède. Alors qu’il était en vue de la ville, un homme du nom de ‘Abdallah Ibn ‘Omar al-Ansari le vit, le reconnut et le suivit. Il se dit : cet homme est Youssouf al-Fihri. Son assassinat sera la paix pour lui et la paix pour nous. Ce rebelle cause révolte après révolte et ne laisse jamais personne en paix ! Sa fin sera une bonne chose. Et à quelques kilomètres avant qu’il arrive à Tolède, ‘AbdAllah Ibn ‘Omar le tua et envoya sa tête à Ad-Dakhil.

Ad-Dakhil annonça la mort d’al-Fihri et sachant que Soumayl représentait toujours un danger certain, il ordonna sa mise à mort et de tous ceux qui avait participé au gouvernement précédent puisque sa politique de pardon ne fut pas respectée.

 

Ainsi, la  paix revint et ‘AbderRahmane ad-Dakhil put enfin contrôler la totalité de l’Andalousie et asseoir son règne jusqu’en l’an 146 de l’Hégire (763) ou il dut faire face à l’un des plus graves événements de sa souveraineté.

 

L’envoyé du calife abbasside

Un homme du nom d’al-A’la Ibn Mou’ith al-Joudami venant du Maghreb traversa le détroit de Gibraltar et débarqua en Andalousie à Libaja.

Cet homme était envoyé par le calife abbasside Abou Ja’far al-Mansour pour réclamer l’Andalousie. Il révéla le noir étendard des Abbassides et commença à appeler les gens à porter allégeance au calife : « Les Musulmans n’ont qu’un seul calife, rejoignez-nous ! » Et effectivement les gens prirent son parti et la guerre entre les Abbassides et les Omeyyades reprit.

Tous les ennemis d’ad-Dakhil en profitèrent pour rejoindre les rangs des Abbassides. Lorsque al-A’la Ibn Mou’ith al-Joudami réunit assez de monde, il se dirigea vers Séville. Sur la route il s’arrêta à Sidonie ou les gens l’accueillirent chaleureusement et l’assistèrent.

Ad-Dakhil envoya une armée à sa rencontre mais elle arriva à Sidonie alors qu’al-A’la l’avait déjà quitté.

Badr, le commandant de l’armée d’ad-Dakhil, prit la ville de nouveau voulant ainsi détourner al-A’la de son but principal mais celui-ci arriva à Séville et prit la ville.

 

Beaucoup de gens prirent son parti, les ennemis des Omeyyades, les ennemis d’ad-Dakhil, les partisans des Abbassides et toux ceux qui avait occupé des fonctions principales avant l’arrivée d’ad-Dakhil en Andalousie.

Bientôt l'armée d’al-A’la dépassa largement en nombre celle d’ad-Dakhil qui prit la fuite et se réfugia à Carmona ou il se fortifia. L’armée d’al-A’la arriva à Carmona et mit le siège tandis qu’ad-Dakhil, le gouverneur Omeyyade d’Andalousie, se retrouva assiégé par les Abbassides. Le siège dura deux mois.

Un jour, ad-Dakhil organisa ses forces puis ordonna d’ouvrir les portes de la forteresse et d’un seul élan son armée de 700 hommes sortit et s’abattit sur l’armée d’al-A’la qui ne s’attendait nullement à une telle réaction de la part d’assiégés affamés. Son armée fut pulvérisée et après une sanglante bataille, il dut prendre la fuite. Mais il fut poursuivi jusqu’aux murs de Séville ou il fut rejoint et tué avec 7.000 de ses partisans.

Ad-Dakhil lui coupa la tête, qui fut remplit de sel et de camphre pour éviter sa dégradation et y donner une bonne odeur, puis accrocha un message à l’une de ses oreilles avant de mettre la tête dans un coffret qu’il fit envoyer au calife Abou Ja’far al-Mansour par les pèlerins qui allaient au pèlerinage. De même, il fit trancher la tête de tous les commandants qui avaient participé à cette révolte et après avoir écrit le nom de chacun sur une feuille accroché à leurs oreilles, il fit mettre leurs têtes dans des boites. Puis il ordonna que ces têtes soient jetées dans les rues de la Mecque ou le calife faisait son Pèlerinage et que la tête d’al-A’la soit placée en face de la tente du calife. 

Lorsque le calife sortit il trouva le coffret qu’il ouvrit pour se rendre compte que c’était la tête de son envoyé en Andalousie, il fut pétrifié et dit sa célèbre parole : «  Louange à Allah qui a mis entre nous et ce diable la mer ». C’est Abou Ja’far al-Mansour qui attribua après cela, le surnom de « Saqr Qouraysh » ou le Faucon des Qouraysh à ‘AbderRahmane Ibn Mou’awiyyah Ibn Hisham Ibn ‘Abdel Malik Ibn Marwan al-Amawi.

 

Ainsi ad-Dakhil mit fin à la révolte des Abbassides en l’an 146 de l’Hégire mais cela n’était qu’une révolte qui allait être suivit d’autres révoltes successives et finalement il n’allait jamais vivre en paix.

 

Les rebellions

En l’an 147 de l’Hégire (764) Hashim Ibn ‘Oudran al-Fihri se rebella à Tolède.

Ad-Dakhil ayant compris la leçon ne lui laissa pas le temps de s’organiser et l’attaqua aussitôt et lorsque Hashim sentit la défaite il demanda des pourparlers de paix. Ad-Dakhil accepta à condition que le fils de Hisham retourne avec lui et Hisham accepta. Avant qu’ad-Dakhil ne parvienne à Cordoue, Hisham se rebella de nouveau. Ad-Dakhil tua alors le fils de Hisham avant de faire demi-tour et de mettre le siège sur Tolède.

Mais d’autres événements ailleurs en Andalousie demandaient son attention. Il laissa son serviteur Badr à la tête de l’armée et celui-ci peut de temps après succédait dans la prise de la ville et de la capture du responsable de la révolte qui fut tué.

 

Au mois de Rabi’ Awwal de l’année 148 (765), Sa’id al-Ya’soubi al-Moutri se révolta à Labla et captura Séville. En même temps, Ghayatou al-Lakhmi se révolta à Sidonie et annonça son allégeance à al-Moutri renforçant ainsi sa position.

Ad-Dakhil leur envoya son serviteur Badr qui les encercla. Mais ce n’est qu’en 149 (766), qu’ad-Dakhil tua Sa’id al-Moutri. Les habitants de Séville excédés par ces révoltes successives demandèrent la vie sauve à ad-Dakhil en échange de la remise des fauteurs de troubles y compris le gouverneur. ad-Dakhil accepta et fit aussitôt mettre à mort Khalifah le gouverneur.

 

En l’an 149 de l’Hégire (766), ‘AbdAllah al-Ousdi se révolta mais fut vaincu par ad-Dakhil.

 

Puis, cette même année, Abou Sabbah al-Ya’soubi, qui fut l’allié d’ad-Dakhil se révolta aussi. Abou Sabbah était le gouverneur de Séville et il avait promis son aide et sa présence auprès d’ad-Dakhil lorsque celui-ci débarquerait en Andalousie.

Abou Sabbah avait pensé à tuer ad-Dakhil alors qu’il était encore faible mais ses compagnons avaient refusé. Suite à cela, ad-Dakhil se sépara de lui et l’isola. Après un certain temps, Abou Sabbah se révolta à cause de son isolation et c’était un homme très fort et courageux qui avait beaucoup de partisans. Ad-Dakhil réussit à le faire venir à Cordoue ou il le tua et se débarrassa de lui une fois pour toute.

 

Puis Rayyas al-Ousdi se révolta, lorsqu’il apprit la nouvelle de la mort d’as-Sabbah. Il appela les tribus yéménites et leur demanda de se joindre à lui. Ad-Dakhil lui envoya deux armées et il fut vaincu et pour la deuxième fois ad-Dakhil prit Séville.

 

Toutes ces révoltes successives entraînèrent un grand changement dans sa personnalité et il vit différemment ces gens qui ne voulaient pas le laisser en paix, qui se combattaient les uns les autres sans relâche, pour la recherche du pouvoir et des biens. Alors il changea la structure de son armée et laissa plus de place aux Berbères et aux Saqalibah mais cela n’arrêta pas les rebellions.

Après as-Sabbah, Haywatah al-Hadrami se révolta à Séville, ‘Abdel Ghafir al-Ya’soubi à Labla et ‘Amr Ibn Talout à Baja. Ad-Dakhil les attaqua et lorsque les rebelles se sentirent vaincus, ils demandèrent la paix que leur accorda ‘AbderRahmane ad-Dakhil avant de les laisser.

 

Et pendant ce temps, profitant des différents qui occupaient les Musulmans, Faruella (farouilla) le successeur d’Alfonsh et les Francs (al-franja) occupèrent tout le nord de l’Andalousie. Ad-Dakhil informé des mouvements de ses ennemis y vit un nouveau et pressant danger. Il envoya aussitôt son fidèle serviteur Badr qui parvint à Alba et réussit à stopper l’expansion des Francs. 

 

En l’an 150 de l’Hégire (767), eut lieu une autre grave révolte. Un berbère nommé Shiqnah Ibn ‘Abdel Wahid al-Maknassi se fit passer pour un descendant d’al-Houssayn Ibn Fatima (qu’Allah soit satisfait d’eux) et il fut nommé Shiqnah al-Fatimi. Il se nomma lui-même ‘Abdallah Ibn Muhammad et les Berbères se réunirent autour de lui et le crurent. Et une très grande force armée se regroupa à l’extrême sud-ouest dans une nouvelle ville du nom de Sainte Marie que les Arabes appellent Shanta Mariyah.

Dès qu’ad-Dakhil eut vent de ces évènements, il prépara une armée en conséquence et l’attaqua. Lorsque Shiqnah se sentit vaincu, il s’enfuit et se réfugia dans les montagnes. ‘AbderRahmane ad-Dakhil se lança à sa poursuite mais il ne put le rattraper. Il revint donc dans la capitale de son royaume et y laissa Souleyman Ibn ‘Uthman Ibn Marwan Ibn Abban Ibn ‘Uthman Ibn ‘Affan (qu’Allah soit satisfait de lui qui finit par tuer Shiqnah. Cette rébellion de Berbères shiites dura 9 années

 

Les Abbassides envoient un nouvel envoyé 

En 160 de l’Hégire (776), un homme du nom de ‘AbderRahmane Ibn Habib al-Fihri connut sous le nom d’as-Souqloubi arriva d’Afrique envoyé par le calife abbasside al-Mahdi Ibn al-Mansour.

Il appela les gens à lui porter allégeance au nom du calife abbasside. Il leur expliqua que dans toutes les terres musulmanes, le califat était aux mains des Abbassides excepté en Andalousie ou il était aux mains de ‘AbderRahmane ad-Dakhil qui n’était ni calife, ni émir des croyants.

Il est vrai qu’ad-Dakhil se faisait appeler émir d’Andalousie, une enclave indépendante du califat musulman.

‘AbderRahmane as-Souqloubi appela les gens à le suivre au nom de l’unification et au rattachement de l’Andalousie au reste de l’empire musulman et aux Abbasside.

Il envoya un messager au gouverneur Souleyman Ibn Yaqban al-Kalbi de Saragosse et lui demanda de se ranger à ses côtés et de lui remettre la ville et le poste de gouverneur. Mais Souleyman ne se laissa pas intimider et refusa.

A la place de s’occuper d’ad-Dakhil, as-Souqloubi attaqua Souleyman qui le vainquit tandis qu’ad-Dakhil en profita pour attaquer les arrières de l’armée de Souqloubi et pour l’empêcher de fuir, brûla tous ses navires.

Souqloubi s’enfuit alors dans les montagnes et ad-Dakhil promit une récompense de 1.000 dinars à celui qui le ramènerait mort ou vif. Un berbère le tua, ramena sa tête à ad-Dakhil et prit la récompense. Ainsi échoua la deuxième tentative des Abbassides de mettre la main sur l’Andalousie.

 

Enorgueillit par sa victoire sur Souqloubi, Souleyman Ibn Yaqban, réclama plus de pouvoir et se révolta suivit par al-Qahid as-Salmi à Tolède, entre 162 et 163, qui fut vaincu et Ibrahim al-Barlathi vaincu aussi par Badr le serviteur d’ad-Dakhil.

Un homme du nom de Doumia al-Ghassani se rebella aussi à Alvéra mais un commandant de l’armée d’ad-Dakhil du nom de Shahid Ibn ‘Issa le vainquit puis, ‘Abbas al-Barbari à Alvéra qui fut aussi vaincu.

 

Et pour la première fois, se révoltèrent certains Omeyyades à Alvéra.

Le premier d’entre eux fut Ibn Salam Ibn Yazid Ibn Hisham puis ‘Oubaydillah Ibn Abban Ibn Mou’awiyyah Ibn Hisham. Et les problèmes commencèrent entre les Omeyyades motivés uniquement par la recherche du pouvoir. Celui qui les incitait à la rébellion était Abou ‘Uthman qui aida ad-Dakhil et lui soumit la conquête de l’Andalousie.

Ad Dakhil, les attaqua et les tua. Puis il se tint devant la dépouille d’Abou ‘Uthman et lui dit : « Je t’ai laissé émir ici par respect pour toi et pour tes bienfaits envers moi ». Puis il dit en référence aux Abbassides : « Celui-là est Abou Mouslim (al-Khorassani, celui qui prépara le pouvoir pour l’accession des Abbassides. Les Abbassides le tuèrent de peur qu’il se retourne contre eux ou qu’il recherche le pouvoir) et après m’avoir offert son aide, il se retourne contre moi ? »

Ce fut le début des épreuves entre les Omeyyades.

‘AbderRahmane ad-Dakhil réussit à reconquérir Alvéra mais il échoua devant Saragosse. Il envoya une armée commandée par Tha’labah Ibn ‘Oubayd pour venir à bout de Souleyman Ibn Yaqban al-A‘rabi et Houssayn Ibn Yahya al-Ansari mais Tha’labah fut fait prisonnier après que son armée fut battue.

 

La traitrise de Souleyman Ibn Yaqban al-A’rabi et l’arrivée de Charlemagne à Saragosse 

Et pour la première fois dans l’histoire de l’Andalousie Souleyman Ibn Yaqban al-A’rabi fit ce que personne d’autre avant lui ne fit : il demanda de l’aide à Charlemagne alors à la tête de l’Europe.

Pour la première fois, un apostat musulman fit appel aux ennemis de l’Islam pour l’aider contre les Musulmans. Et des messagers furent envoyés des deux côtés. Charlemagne demanda à Souleyman ce qu’il voulait. Souleyman lui répondit : « Je veux diriger l’Andalousie, expulser ad-Dakhil et prendre sa place ».

- « Et qu’est-ce qu’il y aura pour moi », lui demanda Charlemagne. Souleyman le traître (khahine) dit : « Je te donnerais Saragosse et le nord de l’Andalousie ».

Charlemagne fut enchanté par cette proposition. Si le nord et l’accès de l’Andalousie lui était offert, il n’aurait aucun mal à récupérer le reste. Et aussitôt à la tête d’une vaste armée, il se mit en route vers Saragosse pour venir à l’aide de Souleyman al-A’rabi et capturer le reste de l’Andalousie posant ainsi un nouveau danger au règne de ‘AbderRahmane ad-Dakhil.

Mais la prédestination du Tout Puissant en voulut autrement. Parmi les Musulmans, des savants et des gens de science de Saragosse se consultèrent et dirent aux gens : « Comment pouvez-vous accepter une telle trahison ? » Et ils fermèrent les portes de la ville au nez de Charlemagne.

Charlemagne fut surprit de voir les portes fermées devant lui et la ville en état de défense contre lui. Il chassa Souleyman tandis que Houssayn al-Ansari prit le commandement de la rébellion contre Charlemagne. Charlemagne qui était venu prendre la ville sans combat se voyait maintenant obligé de mettre le siège sur la ville. 

La bataille entre Charlemagne et les gens de Saragosse commença et l’étau se renforça sur la ville. Et encore une fois la prédestination d’Allah intervint en faveur des Musulmans : une miséricorde da Sa part, comme pour les remercier de leur patience et d’avoir refusé la trahison. En effet de nouveaux événements surgirent en France près du Rhin ou les Saxons se rebellèrent contre Charlemagne. Charlemagne eut peur pour son règne, il abandonna donc Saragosse et se dirigea vers la France et les Saxons pour les éduquer.

Lorsqu’il voulut repasser les Pyrénées par un étroit chemin, il fut attaqué par les tribus locales, les Basques (al-bashkane). Ils laissèrent passer d’abord le corps principal de son armée et attaquèrent son arrière garde, tuant la plupart des soldats[1]. Charlemagne fit demi-tour et les attaqua mais voyant ses pertes s’aggraver, il se sauva avec le reste de son armée totalement décimée.

Puis craignant qu’ad-Dakhil en profite pour le poursuivre, il lui envoya une offre de paix soumise à condition que ni l’un ou l'autre n’attaque ce que promis ad-Dakhil.

 

Houssayn al-Ansari qui s’était rebellé avec Souleyman al-A’rabi et qui avait aidé à lever le blocus de Saragosse se révolta à son tour et voyant que ‘AbderRahmane ad-Dakhil était toujours occupé à lutter contre les rebelles, les Goths en profitèrent pour parachever la conquête du nord de l’Andalousie.

‘AbderRahmane ad-Dakhil envoya sur Saragosse une armée commandée par Thamamah Ibn al-‘Alqama. Thamamah réussit à vaincre Houssayn et à reconquérir une nouvelle fois la ville. Ad-Dakhil arriva alors que la ville était sur le point de tomber et lorsque la ville fut conquise, il tua Houssayn.

 

Les historiens ont rapporté un petit fait montrant le caractère d’Ad-Dakhil : « Lorsque ad-Dakhil eut mis la ville en règle et que les fautifs furent châtiés, un simple soldat rentra dans ses appartements sans permission et lui bénit la conquête et la victoire d’une voie forte et impolie. Ad-Dakhil fut stupéfait par cet homme effronté. Alors ‘AbderRahmane ad-Dakhil lui dit : « Je Jure par Allah, si ce n’était ce jour où Celui qui est au-dessus de moi (Allah le Très Haut) m’a comblé de Ses grâces et que je dois Lui être reconnaissant, qui que tu sois, je t’aurais éduqué et montré de quelle manière ont doit s’adresser à moi. Mais aujourd’hui est un jour de fête pour nous. Tu rentres chez nous comme un tapageur et tu brais sans avoir de respect pour ceux qui occupe ce poste, je t’aurais fait connaitre sa valeur afin que tu ne recommences jamais cela. T’adresses-tu à nous comme tu t’adresses à ton père ou à ton frère ? Aujourd’hui ton ignorance t’a sauvée et j’ai peur que ton ignorance te fait répéter ce même genre d’action ! Et alors tu ne trouveras pas une occasion comme celle-ci ou je t’ai sauvé de ta bêtise car je suis aujourd’hui vainqueur ». Le soldat lui répondit curieusement : « Insha a Allah, puisses-tu remporter victoires sur victoires ainsi tes victoires seront pour moi une intercession ». L’émir dont le visage rayonna fut vraiment abasourdi par cette réponse et dit : « Cette réponse n’est pas la réponse d’un homme ignorant et simple d’esprit mais celle d’un homme intelligent ! » Puis il dit : « Parlez-nous de vous si vous ne trouvez personne qui nous parle de vous. Il honora cet homme et le couvrit de cadeaux ».

Ainsi était le caractère de ‘AbderRahmane ad-Dakhil. Il prenait soin à tirer parti des qualités de tous les gens près de lui.

 

La rébellion des Omeyyades 

En l’an 166 de l’Hégire (782), al-Moughirah Ibn Walid Ibn Mou’awiyyah Ibn Hisham Ibn ‘Abdel Malik, le fils du frère de ‘AbderRahmane ad-Dakhil, se rebella à Cordoue et réclama le pouvoir en s’alliant avec Foudayl Ibn Soumayl Ibn Hatim Ibn Shibr Ibn Jawsham mais il fut tué en 168 par ad-Dakhil qui s’étonna de son manque de reconnaissance envers lui alors qu’il l’avait honoré après l’avoir fait venir de Syrie.

‘AbderRahmane ad-Dakhil confisqua ses bien et les envoya, via un messager, à son père al-Walid et lui demanda de quitter l’Andalousie. Al-Walid fut extrêmement peiné et dit au messager qu’il n’avait absolument rien à voir avec son fils et se justifia longuement si bien que le messager revint. Non, dit ad-Dakhil, son fils s’est élevé contre moi et il est la plus proche personne après lui. Il ne peut rester en Andalousie, qu’il parte ! Je ne peux plus lui faire confiance.

Al-Walid quitta l’Andalousie et partit au Maghreb.

Quant à ‘AbderRahmane ad-Dakhil, il allait dorénavant ne plus faire confiance aux gens et il se retourna contre tous ses proches, même contre son serviteur Badr.

 

Après avoir longuement réfléchit et s’être préparé en conséquence, Abou al-Aswad Muhammad Ibn Youssouf al-Fihri, le fils du précédent gouverneur d’Andalousie qui était resté emprisonné de l’an 141 jusqu’en l’an 168 de l’Hégire (784) se révolta. 

Vingt-sept années en prison ne l’empêchèrent pas de préparer des plans pour se révolter contre le gouverneur d’Andalousie. Il employa une audacieuse ruse en se faisant passer pour aveugle. Il résista aux tests que lui firent passer ses geôliers pour voir s’il était vraiment aveugle et effectivement, il fut pris pour aveugle si bien qu’on l’aidait à marcher, que l’on s’occupait de lui et il feignit longtemps la cécité.

La prison de Cordoue se trouvait près d’un fleuve et il était courant que les gardiens emmènent les prisonniers, tour à tour, se laver, laver leur linge près du fleuve avant de les ramener en cellule.

Un jour, alors que s’était son tour et qu’il était dans le fleuve, il s’éloigna petit à petit de la berge tandis qu’il avait convenu d’un rendez-vous avec son serviteur qui vint le chercher le jour convenu et ensemble ils s’éloignèrent à la nage, traversèrent le fleuve, montèrent sur des chevaux qui les attendaient et se dirigèrent vers Tolède.

Voyant la ville fermement dirigée, il se dirigea vers Castallane (qastalona) ou il mit sur pied une gigantesque armée d’anciens partisans d’al-Fihri et des ennemis d’ad-Dakhil. ‘AbderRahmane ad-Dakhil le suivit et eut lieu la bataille de Castallane ou Abou al-Aswad fut vaincu et où périrent 4.000 hommes de son armée.

Abou al-Aswad réussit à s’enfuir et réorganisa une nouvelle armée mais ad-Dakhil le suivit et le battit de nouveau, tuant une autre partie de son armée tandis qu’Abou al-Aswad s’enfuit à Tolède ou il rechercha de l’aide sans succès. Puis, il se réfugia près de Tolède ou il finit par mourir.

Son frère al-Qassim se rebella aussi mais fut aussi tué par ‘AbderRahmane ad-Dakhil.

Entre l’an 168 (784) et 172 de l’Hégire (788), ad-Dakhil fut uniquement préoccupé par toutes ces rebellions successives auxquelles il mit toute fin.

 

Pendant ce temps les Goths au nord se levèrent en même temps que Abou al-Aswad en 168 de l’Hégire (784) et conquirent Galice (jiliqiyah) mais ‘AbderRahmane ad-Dakhil et le gouverneur de Tolède les combattirent victorieusement, prirent la ville et collectèrent un immense butin avant de revenir.

 

En l’an 170 de l’Hégire (786), les Berbères se rebellèrent mais ad Dakhil leur envoya une armée qui les écrasa.

A  cet époque, ‘AbderRahmane ad-Dakhil ne faisait plus confiance à personne après la trahison d’Abou ‘Uthman. Badr son serviteur éprouva de la fatigue suite à toutes les batailles qu’il commandé pour le compte d’ad-Dakhil. Il demanda à se retirer pour occuper un poste de dirigeant. Ad-Dakhil refusa de peur que le pouvoir lui monte à la tête et qu’il se rebelle à son tour. Badr lui demanda alors de l’argent mais ad-Dakhil refusa. Badr s’en alla vivre seul et mourut ainsi.

 

La mort de ‘AbderRahmane ad-Dakhil 

Ad-Dakhil fut peiné par son propre comportement et il repensa à cette âme généreuse, indulgente et unificatrice qui l’animait au début de son pouvoir. Mais vingt-cinq rebellions successives altérèrent son comportement envers les gens et malgré son attachement à la bonté et à l’unification des cœurs, il finit par devenir un homme dur du fait que ses plus proches des Bani Omeyyades s’étaient eux même élevés contre lui.

Durant son règne, l’Andalousie fut coupée du reste de l’empire musulman qui était totalement sous le contrôle des Abbassides.

Et à cause de toutes ses révoltes, demandant son attention et sa présence permanente, les Musulmans furent chassés du sud de la France tandis que les Goths reprirent le nord de l’Andalousie. Il voulut mettre fin aux problèmes posés par les Goths mais du fait de son incessante activités à étouffer les rebellions, il ne put mener à bien sa mission.

C’est la recherche insatiable du pouvoir qui contribua à affaiblir les Musulmans. Et c’est la recherche des biens terrestres qui fit que les rivalités entre Musulmans s’aggravent et les poussent à s’entretuer. Et de ce fait, les Goths prirent de grands part de territoires sur le dos des Musulmans.

 

En l’an 172 de l’Hégire (788), le Faucon des Qouraysh, ‘AbderRahmane Ibn Mou’awiyyah Ibn Hisham Ibn ‘Abdel Malik Ibn al-Marwan dit ‘AbderRahmane ad-Dakhil trouva enfin la paix. Entré en l’an 138 de l’Hégire (755) en Andalousie et après avoir vaincu tous ses ennemis, il s’éteignit.

Une longue période de trente-quatre de règne durant lesquelles il ne resta pas un jour en paix. C’est grâce à sa résistance et sa patience que le règne Omeyyade continua de régner longtemps en Andalousie.

Lorsqu’il sentit sa mort, ‘AbderRahmane ad-Dakhil pensa à sa succession et il avait devant lui deux choix principaux.

Le premier, son fils célibataire, le plus âgé de ses fils, Souleyman Ibn ‘AbderRahmane ad-Dakhil, de son épouse Shamiyyah, qui à cette époque dirigeait Tolède. Mais Souleyman était moins sage et moins résistant que son autre frère Hisham gouverneur de Mérida dont la mère était une espagnole convertie.

Allait-il laissé à son poste d’émir le plus grand ou le plus jeune ?

S’il laissait le plus grand, il en résulterait la perte de l’Andalousie et s’il laissait le plus petit, son grand frère se révolterait contre lui. Et il resta indécis jusqu’à sa mort.

Peu avant sa mort, ‘AbderRahmane ad-Dakhil confia sa bague sceau d’état, avec laquelle il signait ses courrier, à son fils ‘AbdAllah en lui dit : « Le premier qui viendrait de tes frères remets lui le sceau ». Et lorsque la nouvelle du décès de leur père leur arriva le premier à se présenter fut Hisham le plus jeune frère. ‘AbdAllah lui remit le sceau et le salua comme nouvel émir.

Hisham était alors âgé de 30 ans lorsqu’il devint émir officiel d’Andalousie.

Puisse Allah pardonner et faire miséricorde à ‘AbderRahmane ad-Dakhil.





[1] Evènement ou Roland, un des commandants de Charlemagne, trouva la mort et contrairement à ce que les historiens affirment à tord, il ne fut pas tué par les Sarrasins mais par les Basques !