L’Andalousie est un pays cerné par les mers traversée par de nombreux fleuves dont cinq  principaux. De même c’est un pays très montagneux, avec des pics enneigés culminant à plus de 3000 mètres. Au Nord de l’Espagne se trouve la Chaine des Pyrénées que les Arabes appellent Jibal Baranaze avec de hauts pics neigeux culminant à plus de 3.500 mètres et comportant des passages tellement étroits qu’une armée de front ne peut emprunter. Des chemins que seule quelques personnes peuvent prendre à la fois. Néanmoins, il existe deux passages principaux pour traverser ces montagnes qui forment une barrière naturelle imprenable pour n’importe quelle armée voulant atteindre la France.

Entre l’Andalousie et le Maghreb ce trouve le Détroit de Gibraltar (darbou ziqaq) un bras de mer d’une largeur de 13 kilomètres. Si bien que l’on peut aisément voir l’Andalousie de l’Afrique.

 

Les gens qui y vivaient à cette époque étaient des romains et le mot roum en arabe désigne les gens vivant en Europe. Les Romains arrivèrent en Andalousie 201 années avant le Milad (ère chrétienne) et ils y vécurent cinq autres siècles après le Milad avant d’être attaqués par une horde venue d’Asie : les Vandales. Les Vandales conquirent l’Europe semant sur leur passage destruction et mort et arrivèrent en Andalousie qu’ils nommèrent Vandalisia ; le pays des Vandales, d’où l’appellation plus tard d’Andalousie. Les Vandales effacèrent toutes les traces de la présence romaine en Andalousie.

Ensuite une nouvelle tribu venue d’Allemagne, les Visigoths ou Goths (appelée en arabe qot gharbiyin), envahirent l’Andalousie et la gouvernèrent et à la différence des Romains, ils y établirent une structure d’état et devinrent une grande nation qui dura trois siècles sous la gouvernance de 36 gouverneurs. C’est donc un état dirigé et non pas laissé à lui-même que les Musulmans trouvèrent lorsqu’ils arrivèrent en Andalousie. C’est ainsi que les Musulmans parlaient de combats avec les Goths (qot) en faisant mention de ce pays.

 

Les principales villes du sud de l’Andalousie étaient Gibraltar, Séville (ashfillia), Cordoue (qortoba) et Grenade (gharnata). Au centre, la ville principale était Tolède (toleytela) qui était la capitale des Goths (al-qot). Puis d’autres villes de moindre importance dont la plus grande d’entre elles au nord et près des Pyrénées s’appelait Saragosse (sarqasta), la capitale du nord-est de l’Andalousie. A l’ouest la ville principale se nommait Léon (laone) et à l’extrême ouest de Galice (jiliqiya) qui est aussi une région.

 

Rodéric et Julian 

En l’an 83 de l’Hégire (702), le roi d’Espagne Egica (akhika) décéda et son fils Witiza (raytasha) prit la succession. Lorsque son pouvoir s’établit, le commandant de ses armées Rodéric (rodriq) se rebella contre lui et usurpa le titre. Ensuite il assit son pouvoir sur l’Andalousie tandis que (raytasha) et ses frères s’enfuirent au nord. De là ils tentèrent de lever une armée pour reconquérir le pouvoir mais Rodéric, rassembla une grande troupe pour mettre fin à cette rébellion et s’avance vers le nord. Un des frères de Witiza, Akila s’enfuit vers le sud, traversa le Détroit de Gibraltar et se refugia chez Julian à Ceuta, à qui il demanda protection.

Julian (youlian) se rendit alors chez le gouverneur des Musulmans à Tanger en la personne de Tariq Ibn Ziyad et lui fit briller les perspectives d’une conquête de l’Andalousie.

 

Et pourquoi un Chrétien demanderait-il l’aide des Musulmans ?

Les historiens ont rapportés plusieurs raisons sur ce qui motiva son but et celle qui suit fait l’unanimité des historiens, d’après le Sheikh Ahmad Youssouf Da’idj, mais sincèrement j’en doute et Allah Exalté est plus Savant.   

Selon certaines sources, comme le voulait la coutume de l’époque, Julian avait une jolie fille qu’il avait envoyé à Tolède la capitale, afin qu’elle apprenne les bonnes manières dans l’entourage royal mais Rodéric lui causa du tort. Julian s’offensa du comportement du roi et chercha alors à se venger. Les historiens espagnols ont une profonde haine envers cette jeune fille qu’ils considèrent comme le facteur essentiel qui poussa les Musulmans à conquérir l’Andalousie.

 

La seconde raison et celle que je préfère, est qu’Akila demanda de l’aide à Julian qui lui dit que sans l’aide d’une forte armée il ne pourrait rien faire. Julian entreprit donc de contacter Tariq Ibn Ziyad et lui demanda son aide pour chasser l’usurpateur Rodéric. Il lui dit :

- Si tu nous aide à nous débarrasser de Rodéric je te donnerais deux choses.

- Et quelles sont-elles demanda Tariq ?

- Je te donnerais Ceuta et tu prendras ce que tu veux d’Andalousie.

Sachant qu’il y avait une contrepartie, Tariq Ibn Ziyad lui demanda ce qu’il voulait en échange.

 

Akila lui répondit que lui et ses frères n’étaient pas intéressés par le pouvoir mais qu’ils voulaient uniquement récupérer les biens de leur père à savoir ; les pâturages, les champs de culture, les propriétés et Witiza (raytasha) à lui seul avait hérité de plus de 1.000 terres cultivables de très grande superficie. Les frères pensaient que l’Andalousie sans ses terres cultivables n’avait aucune valeur et c’est pourquoi ils la proposèrent aux Musulmans : « Nous on prend les terres et vous le pays ».

Tariq Ibn Ziyad reporta sa réponse et écrivit à Moussa Ibn Noussayr à Kairouan pour l’informer de la visite de Julian et de sa proposition.

 

Lorsque Moussa Ibn Noussayr, le gouverneur du Maghreb, reçut sa lettre et la lut, il ne se hâta pas de prendre des mesures personnelles mais en bon gouverneur, écrivit à son tour au calife al-Walid Ibn ‘Abdel Malik, le sixième calife omeyyade[1], à Damas, en l’an 89 de l’Hégire[2] (707) et lui fit part de son projet de débarquer en Andalousie. ‘Abdel Malik lui demanda de ne pas se presser et d’envoyer des détachements légers et rapides (sarayah) qui pourraient juger de la situation et de l’état de l’Andalousie avant d’envoyer le gros des troupes musulmanes. Il lui demanda de ne pas mettre les Musulmans en situation de péril du fait qu’ils étaient plus habitués au désert et à la terre ferme qu’à la mer. Moussa rassura le calife en lui disant qu’une distance très courte séparait le Maghreb de l’Andalousie, que l’on pouvait d’ailleurs voir l’une depuis l’autre et que les risques étaient vraiment minimes.

Le calife al-Walid Ibn ‘Abdel Malik lui répondit que même si cela était le cas, il ne convenait pas d’y engager les troupes avant d’avoir de plus amples informations sur l’Andalousie et que le mieux était d’y envoyer des petits groupes armés.

 

Prélude à la conquête de l’Andalousie 

Lorsque Moussa Ibn Noussayr voulut conquérir l’Andalousie, et selon la volonté du calife al-Walid Ibn Malik, il envoya un petit détachement de 500 combattants sur quatre navires affrétés par Julian, sous le commandement de Tarif Ibn Malik un commandant musulman berbère de la tribu Ourbah et un conquérant de l’Andalousie. La petite armée quitta l’Ifriqiyah, traversa la mer et gagna Algésiras,  (al jaziratoul kadrah - l’ile verte)[3] ou elle accosta. Puis de là, les Musulmans se rendirent à Tarif (jaziratoul tarif), un promontoire rocheux au bord de la mer du nom de Tarif lui-même, à l’ouest de Gibraltar et qui s’appellent toujours de nos jours Tarif.

Le premier musulman à avoir donc posé les pieds en Andalousie est Tarif Ibn Malik (puisse Allah lui faire miséricorde) au mois de Ramadan, le mois du Jihad, en l’an 91 de l’Hégire (709). Il patrouilla la région et ne trouva aucune résistance sérieuse du fait que les Goths étaient divisés suite à l’intronisation de Rodéric. Après avoir amassé facilement un large butin, il revint au Maghreb pour informer Moussa Ibn Noussayr de sa première impression.

 

Suite à cela, Moussa Ibn Noussayr décida d’envoyer en Andalousie le premier contingent musulman sous le commandement de son affranchi (mawlah) Tariq Ibn Ziyad, 7.000 combattants berbères et seuls douze Arabes se trouvaient dans son armée. D’autres historiens ont rapporté que 300 combattants arabes se trouvaient dans son armée. Tariq Ibn Ziyad, le célèbre conquérant et héros (batal) musulman berbère était un homme grand, aux cheveux blonds (ashqar) et à l’inébranlable volonté.

Une nouvelle fois le comte Julian mit ses navires à leur disposition et lorsque l’armée des Musulmans s’embarqua et commença la traversée, Moussa Ibn Noussayr implora le Seigneur en leur faveur en pleurant et Lui demanda de les assister et de leur donner la victoire.

 

Au mois de Rajab de l’année 92 de l’Hégire (710), Tariq Ibn Ziyad traversa le célèbre détroit, qui porte son nom (madiq tariq), avec son armée et s’apprêta à accoster près du lieu nommé Jabal Kalbi, qui sera appelé Jabal Tariq et plus récemment Gibraltar mais il se rendit compte que les Goths (qot) avaient réuni une armée et l’attendaient. Il changea de direction et accosta plus loin. Lorsque les Goths se rendirent compte qu’il avait fait demi-tour, ils se réunirent et leur commandant détacha un groupe de soldats qu’il envoya à Rodéric qui combattait les fils de Witiza au nord avec deux lettres dont l’une disait : « Que tu le crois ou pas, un peuple dont on ne sait pas s’ils viennent des cieux ou de la terre, ont débarqué sur notre terre. Je les ai rencontrés. Rejoins-moi au plus vite parce que nul ne peut se mettre en travers de leur route. Une puissante armée dont je n’ai jamais vu de pareil ».

Ainsi était les armées musulmanes de l’époque, la simple vision de leur armée effrayait les armées ennemies qui voyaient les combattants musulmans comme des serviteurs adorateurs, ascètes et des missionnaires d’Allah. Et c’est cette frayeur qui les poussa à demander de l’aide à Rodéric qui fut lui-même prit de frayeur lorsque lui parvint la nouvelle. Il laissa une partie de son armée sur place et à la tête d’un corps de 100.000 combattants il se dirigea en hâte vers le sud.

Pendant ce temps, Tariq engagea le combat contre Théodémir (tadmir) le général des Goths et ce fut la première bataille des Musulmans en terre d’Andalousie. La bataille d’Algésiras (ghazwat al-jaziratoul kadrah) dura trois jours au bout desquels Tariq sortit vainqueur. Alors qu’il établissait son contrôle sur les régions avoisinantes, il fit bâtir une base dans un lieu qui fut nommé Madinat al-Jazirat KhadrahMadinat Jazirat Oumm Hakim et qui allait devenir une ville qui prendrait beaucoup plus tard le nom d’Algésiras et qui fut donc bâtie par Tariq Ibn Ziyad. D’autres historiens ont rapporté cet évènement en l’an 93 de l’Hégire (711).

Bientôt les espions de Tariq Ibn Ziyad lui apportèrent des informations sur l’approche de Rodéric à la tête de son écrasante armée. Tariq écrivit sur le champ un message qu’il confia à un groupe d’hommes qui traversa aussitôt le détroit pour en informer Moussa Ibn Noussayr. Il lui dit : « innal-oumam quad tada’at ‘alayna min koul nahiyyah fal ghaouth al-ghaouth », « les nations nous encercle de tous les côtés, de l’aide à l’aide » ».

Moussa Ibn Noussayr le général émérite (al-mouhannak) lui envoya aussitôt un renfort de 5.000 combattants musulmans sous le commandement de Tarif Ibn Malik, qui rejoignit Tariq Ibn Ziyad avant le début de la bataille.

 

La bataille de Guadalete 

Alors qu’il attendait Rodéric, Tariq en profita pour inspecter les alentours et il trouva une région traversée par un fleuve, le Guadalete, plus favorable pour la rencontre des armées à Barbate (wadi al-barbate) ou Guadalete où il établit son camp quand Rodéric arriva.

 

Alors eut lieu une des plus importante batailles dans l’histoire de la conquête de l’Andalousie, une bataille majeure qui brisa le dos des Goths (qot), la bataille de Guadalete (ghazwat wadi barbate). Deux armées s’y affrontèrent : l’armée de l’Islam, 12.000 Moujahidine[4] sous le commandement de Tariq Ibn Ziyad, et l’armée des Goths sous le commandement du gouverneur de l’Andalousie en personne Rodéric à la tête de 100.000 combattants.

Peu avant la bataille, Tariq fit un rêve et vit le Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) et ses Califes bien Guidés (qu’Allah soit satisfait d’eux) marchant sur une surface d’eau. En passant près de Tariq, il (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) lui annonça la bonne nouvelle de la victoire sur l’ennemi et lui conseilla d’être bienveillant et de remplir ses engagements.

Bien que les historiens ne sont pas d’accord sur le fait que Tariq brûla ses navires[5], il est rapporté qu’avant la bataille, il fit le discours suivant après avoir loué Allah Tout Puissant, il dit : « O mes guerriers, où fuiriez-vous ? Derrière vous est la mer et devant vous, l’ennemi. Vous n’avez plus d’autre choix que l’espoir de votre courage et de votre fermeté. Souvenez-vous que dans ce pays vous êtes plus malheureux que l’orphelin placé à la table d’un maître cupide. Votre ennemi est devant vous, protégé par une armée innombrable; il a des hommes en abondance, mais vous, votre seule aide est vos propres épées et, votre seule chance de survie est d’arrêter les mains de votre ennemi. Si l’absolu auquel vous êtes réduit doit-être prolongé tant soit peu et si vous tardez à obtenir un succès immédiat, votre bonne fortune disparaîtra, et vos ennemis, que votre présence a terrifié retrouveront le courage. Tenez à distance le déshonneur que vous fuyez dans les rêves et attaquez ce roi qui a quitté ses villes fortement fortifiées pour vous rencontrer. Voici une magnifique occasion de le vaincre, si vous êtes disposés à vous exposer librement à la mort. Ne croyez pas que je désire vous inciter à faire face aux dangers alors que moi-même je refuserai de le partager avec vous. Dans l’attaque, je serais sur la première ligne de front là ou, les chances de survies sont si infimes.

Souvenez-vous que si vous souffrez patiemment durant quelques temps, vous apprécierez ensuite la joie suprême. N’imaginez pas que votre destin peut être séparé du mien et soyez assurés que si vous tombez, je périrai avec vous, ou je vous vengerai. Le commandant des croyants, Walid Ibn ‘Abdel Malik, vous a choisis pour cette attaque et parmi vous se trouve ses guerriers arabes; et il promit que vous deviendrez ses camarades et aurez les grades de rois dans ce pays. Tel est sa confiance en votre intrépidité. Le fruit qu’il désire obtenir de votre bravoure est que la Parole d’Allah Exalté doit être élevée dans ce pays et que la vraie religion doit être établie ici tandis que le butin sera pour vous.

Souvenez-vous que je me placerai au front de cette glorieuse charge que je vous exhorte à faire. Quand les deux armées se rencontreront main à main, vous me verrez ; n’en doutez jamais, cherchant ce Rodéric, tyran de ses gens, pour le défier de combattre, si Allah le veut. Si je péris après cela, j’aurai eu au moins la satisfaction de vous avoir libéré et vous trouverez facilement parmi vous un héros expérimenté, à qui vous pourrez donner avec confiance, le commandement. Mais si je tombe avant que j’arrive à Rodéric, redoublez votre ardeur, forcez-vous à l’attaque et accomplissez la conquête de ce pays, en le privant de vie car avec sa mort, ses soldats ne vous défieront plus ». (Shams ad-Din Abou al-ʿAbbas Ahmad Ibn Muhammad Ibn Khallikan « wafayat al-a’yan wa anba' abna' az-zaman »)

 

 

A chaque fois qu’une armée convaincue, par son nombre et sa force, qu’elle allait remporter la victoire a toujours été battue y compris pour les Musulmans et il n’existe aucune exception, sauf quand la débâcle s’est transformée en semi-victoire comme pour la bataille de Hounayn au temps du Messager d’Allah (Saluts te bénédictions d’Allah sur lui).

Et comme un grand nombre de forces passées et futures, Rodéric sous-estima l’armée musulmane.

 

La bataille qui s’ensuivit est une célèbre bataille qui est considérée aussi comme l’une des batailles les plus décisives de tous les temps.

Cette bataille a plusieurs noms dont les plus communs sont :

- La bataille de Wadi Loukkah (ma’rakat wadi loukka),

- La bataille de Wadi Barbate (ma’rakat wadi barbate) et aussi,

- La bataille de Shadounah (ma’rakat shadounah).

- La bataille de Guadalete.

 

Le 28 Ramadan de l’année 92 de l’Hégire (716), cette petite armée de Musulmans, mais grande par sa foi et sa certitude en Allah, Exalté et Loué soit-Il, se lança à la rencontre du martyr et dans un terrible choc affrontèrent la puissante et orgueilleuse armée de 100.000 Goths de Rodéric.

Le savant et historien Ibn Khaldoun quant à lui a rapporté que l’armée des Goths s’élevait à 40.000.

Rodéric avait pris le soin de charger des ânes de rouleaux de cordes pour attacher les captifs musulmans. Telle était la prétention de l’usurpateur, le roi tyran qui se parait d’or et qui avait pour palanquin un siège incrusté de diamants, de pierres précieuses et d’or porté par trois mulets qu’il avait amené sur le champ de bataille.

 

La féroce et violente bataille de Wadi Loukkah dura huit jours au cours de laquelle 3.000 Musulmans furent tués, soit un tiers de l’armée de Tariq et quand le jour de ’Id al-Fitr[6] arriva, les Musulmans combattaient toujours. Ils repoussèrent tous les assauts et résistèrent si bien qu’Allah, à Lui les Louanges et la Gloire, leur donna la victoire tandis que l’armée de Rodéric subit une amère défaite, fut mise en déroute et s’enfuit talonnée par les Musulmans qui achevèrent les fuyards ou les prirent prisonniers quand ils ne se jetèrent pas dans le fleuve. Rodéric s’enfuit aussi du champ de bataille mais en voulant traverser le fleuve de Loukkah (wadi loukkah), il se noya et ainsi l’Andalousie perdit son roi.

Les Musulmans récupérèrent un très important butin dont le plus important consistait en un très grand nombre de chevaux et comme l’armée de Tariq était constituée essentiellement de fantassins et d’un très petits nombre de cavaliers et l’on sait le rôle décisif qu’ont les cavaliers dans une bataille, tous les Musulmans héritèrent d’une monture et l’armée de Tariq devient une cavalerie.

 

La progression de Tariq Ibn Ziyad et la prise de Tolède 

Après la grande bataille de Guadalete (wadi barbate), les Goths (qot) furent ébranlés par leur terrible défaite et par la perte de leur roi qui permit aux Musulmans de pénétrer plus en avant en Andalousie.

Après la victoire, Tariq  partagea le butin et dit à ses soldats : « Épargnez, les peuples désarmés et ceux qui vivront en paix avec vous. Réservez vos coups pour ceux qui feront contre vous usage de leurs armes. Gardez-vous de rien enlever à l’habitant des campagnes et dans les villes prises d’assaut, les dépouilles vous appartiennent ». Il divisa ensuite son armée en trois corps dont il chargea le premier de prendre Cordoue qui conquit par la force sur sa route Sidonie puis le château de Mador proche de Cordoue (qortoba). Il envoya le second sous le commandement de Ziyad Ibn Rassadi vers Malaga, tandis qu’il se mit à la tête du troisième.

L’armée de Ziyad Ibn Rassadi se dirigea sur la ville fortifiée de Malaga (maliqa) qu’il conquit avant de marcher sur Alvéra qu’il réussit à conquérir après un long siège puis partit pour Ariola qu’il prit aussi. Toutes ces conquêtes eurent lieu au mois de Shawwal de l’année 92 de l’Hégire et restèrent ainsi jusqu'à l’année 93 (716-717).

Tariq Ibn Ziyad quant à lui marcha sur Séville (ashfillia) et lorsque ses habitants virent l’armée arriver, une armée que personne n’était parvenu à arrêter, ils convinrent avec les Musulmans d’un pacte de paix moyennant le paiement d’une capitation que Tariq accepta et la ville fut prise sans combat[7]. 

 

Les Goths qui avait réussi à s’échapper lors de toutes ces batailles successives, se réfugièrent à Ecija (istija), une ville fortifiée et lorsque Tariq l’apprit, il estima qu’il pourrait en résulter un danger susceptible de mettre en péril ses conquêtes acquises. Il marcha aussitôt sur Ecija qu’il assiégea et captura leur général qui demanda à Tariq de le relâcher en lui promettant de lui amener une capitulation pacifique. Tariq accepta et le général s’en retourna auprès de ses soldats en leur disant que nul ne pouvait arrêter les Musulmans et que la meilleure solution était de se soumettre en payant une capitation ce qui leur permettrait de conserver tous leurs biens. Tous acceptèrent et avec la soumission d’Ecija la situation rentra en ordre.

Tariq et le reste de son armée se dirigèrent alors vers Jaén (jiyan), une importante ville sur la route de la capitale Tolède qu’il conquit rapidement et où il apprit que les habitants de Tolède cherchaient à se réunir pour choisir un nouveau roi. Vers la fin de l’année 93 de l’Hégire (711), il se mit route sur Tolède (toleytela), la capitale de l’Andalousie et la conquit sans coup férir[8].

Ainsi suite à une série de rapides et successives conquêtes, la ville principale d’Andalousie, pourtant très isolée par sa position sur une montagne escarpée et cernée de trois côtés par les eaux d’un grand fleuve tomba. Et l’on peut considérer cela comme un événement extraordinaire car c’est avec une armée réduite à moins de 8.000 combattants que Tariq conquit une moitié de l’Andalousie et le Portugal en un temps record. Mais c’était surtout grâce à Allah et Sa Toute Puissance que les Musulmans remportèrent ces victoires car la victoire ne vient que de Lui, Exalté et Loué soit-Il !

 

Tariq Ibn Ziyad reçut alors l’ordre de Moussa Ibn Noussayr de stopper son avance. Un grand nombre de vils historiens, et ils ne méritent pas de meilleur adjectif, ont rapporté à tort des propos sur Moussa Ibn Noussayr que je ne rapporterais pas ici et qui ne sont tout compte fait que des calomnies, puisse Allah Exalté lui faire miséricorde ! Moussa Ibn Noussayr qui pleura à chaudes larmes en invoquant le Seigneur pour ses compagnons et à qui il avait envoyé un renfort de 5.000 hommes  pour combattre les Goths.

La raison qui poussa Moussa Ibn Noussayr à demander à Tariq Ibn Ziyad de stopper son avance est qu’il craignait pour les Musulmans dont l’armée se trouvait déjà réduite suite à la bataille de Wadi Loukkah, sans compter tous les blessés et toutes les garnisons que Tariq laissait derrière lui pour assurer ses conquêtes. Moussa Ibn Noussayr qui connaissait parfaitement l’histoire de ‘Ouqbah Ibn Nafi’, lors de sa conquête du Maghreb, ne voulait pas que Tariq Ibn Ziyad ne soit coupé de ses arrières et qu’il rencontre de ce fait une fin tragique.

 

L’arrivée de Moussa Ibn Noussayr en Andalousie 

Lorsque Moussa Ibn Noussayr apprit que les conquêtes se succédaient à cette vitesse, il décida de participer lui-même à la conquête. Au mois de Ramadan  de l’année 93 de l’Hégire (711), à la tête d’une armée de 18.000 combattants, il embarqua à Ceuta, traversa la mer et débarqua en Andalousie près de montagnes appelées Jibal Moussa, les montagnes de Moussa, en mémoire à son débarquement. Dans son armée figuraient un nombre important de Tabi’in[9] ainsi qu’un des derniers Compagnons du Messager d’Allah et ce 93 années après le décès du Prophète, Gloire à Allah, qui s’appelait Mounaydir al-Ifriqi (qu’Allah soit satisfait de lui).

Moussa Ibn Noussayr laissa son fils ‘Abdallah Ibn Noussayr commandant de l’Afrique et avec ce Compagnon et ces Tabi’in, entra en Espagne.

 

Lorsque Moussa débarqua, il rencontra les Musulmans laissés en poste par Tariq et avec eux, il bâtit la première mosquée pour Allah, Masjid Rayat, la mosquée des étendards, dont les vestiges subsistent encore de nos jours bien que la mosquée fut détruite par la suite. Ce fut un éminent Tabi’i du nom de Hanash qui décida de l’orientation vers la Ka’bah et cette construction fut la première chose que Moussa entreprit dès son arrivée en Andalousie.

 

A chaque fois que Tariq conquit une ville, il y laissait une petite garnison d’une centaine d’homme et à chaque fois que Tariq partait vers de nouvelles conquêtes, les habitants des villes se rebellaient contre les Musulmans et reprenaient possession des villes. Moussa eut peur pour Tariq et il décida de reprendre le même itinéraire que lui afin d’asseoir ses conquêtes et de protéger ses arrières alors que Tariq combattait aux environ de Tolède.

Moussa Ibn Noussayr reprit donc Sidonie retombée aux mains des Goths et ayant appris que ces derniers se rassemblaient de nouveau à Carmona (qarmona), une ville fortifiée, il alla à leur rencontre et assiégea la ville. Appréhendant des difficultés, il réunit les gens de Julian et leur proposa de marcher vers la ville fortifiée. Lorsque les Goths les virent, ils ouvrirent les portes qu’ils oublièrent de refermer et Moussa en profita pour donner l’assaut et prendre la forteresse.

 

Il convient de noter combien peut être dangereux le fait d’avoir des traitres qui font des arrangements avec l’ennemi pour leur livrer les leurs. Certes la guerre est tromperie comme nous en informa le Prophète (Salut et Bénédiction d’Allah sur lui) mais le pire est qu’il y est dans notre communauté des Musulmans qui travaillent pour les ennemis d’Allah et de l’Islam pour le gain des biens de ce monde et des désirs.

 

Pendant ce temps, la capitale du sud, Séville (ashfillia) conquise par Tariq se rebella aussi et Moussa Ibn Noussayr prit sa direction et assiégea la ville deux mois avant de la reconquérir[10]. La garnison qui la défendait s’enfuit à Béja (baja) tandis qu’un très grand nombre de Goths se regroupa à Mérida (marida) au nord de Cordoue (qortoba) sur la route de Tolède.

 

La prise de Mérida 

La route entre Moussa Ibn Noussayr et Tariq était séparée par les villes de Mérida et d’Alfonte[11] qui se rebellèrent et Moussa se dirigea sur Mérida pour y trouver ses occupants extrêmement bien fortifiés par un très haut mur que les Musulmans ne purent escalader et qui leur posa un grand problème mais Moussa réfléchit et trouva une idée géniale. Il construisit un tank qui consiste en une tour de bois recouverte de peaux tannées enduites de mixtures qui rejettent aussi bien les projectiles que le feu et derrière laquelle se protège les soldats. Et sous la protection de cette tour, ils arrivèrent au pied du mur qu’ils commencèrent à saper pour arriver à une partie indestructible. Alors que le commando musulman s’acharnaient sur le roc, l’ennemi fondit sur lui et les tua tous si bien que cet endroit fut appelé la Tour des Martyrs (abraj ash-shouhadah) et qui existe encore de nos jours.

Moussa écrivit à son fils ‘Abdel ‘Aziz de rassembler autant de troupes qu’il le pourrait et de le rejoindre aussitôt que possible tandis que les assiégés continuaient à faire des sorties toujours repoussés.

Moussa avait remarqué à quelque distance de la ville, une profonde caverne taillée dans le roc ou se rendaient chaque jour certains habitants. Un jour, il s’y embusqua de nuit avec une troupe d’élite. Quand les assiégés sortirent, comme de coutume, le lendemain de la ville, il les attira par une retraite simulée au-delà de la caverne. Les Goths alors attirés par cette fuite simulée tentèrent une sortie mais se retrouvèrent attaqués de deux côtés à la fois et ils furent presque tous taillés en pièces. Et après ce jour, ils n’osèrent plus tenter de sorties.

Peu de temps après, ‘Abdel ‘Aziz arriva au camp avec un renfort de sept-mille combattants Berbères. Les habitants qui du haut de leurs tours virent ces renforts, et sachant que les probabilités d’être secourus étaient nulles, que les soldats de la garnison étaient considérablement diminués, que les vivres allaient manquer, et que le peuple perdait tout espoir, se décidèrent à capituler aux conditions suivantes : que les habitants livreraient armes et chevaux ; que les biens de ceux qui avaient fui, ou qui avaient péri dans l’embuscade de la caverne, seraient confisqués ; que ceux qui voudraient sortir de la ville seraient libres de le faire mais perdraient tous leurs biens et que tous les habitants qui resteraient à Mérida recevraient protection.

Les conditions furent acceptée le jour de l’’Id al-Fitr [12] qui fut un double ‘Id pour les Musulmans et l’accord signé par les deux parties le 1 du mois de Shawwal de l’année 94 de l’Hégire (712).

 

Moussa quitta alors la ville après y avoir laissé une garnison et alors qu’il marchait vers Cordoue, Séville se rebella pour la troisième fois. Comme vous pouvez vous en rendre compte les conquêtes (foutouhat) ne furent pas toujours faciles d’autant plus que les petites armées musulmanes faisaient face à une immense nation.

 

‘Abdel ‘Aziz Ibn Moussa Ibn Noussayr 

Moussa envoya donc à la tête d’une petite armée son fils ‘Abdel ‘Aziz qui allait jouer aussi un grand rôle dans la conquête de l’Andalousie.

‘Abdel ‘Aziz Ibn Moussa se dirigea sur Séville qu’il conquit rapidement pour la troisième fois après avoir anéanti la totalité de la garnison ainsi que les forces ennemies qui s’étaient déployées contre lui à Labla[13].

Moussa, instruit par son fils du succès qu’il venait d’obtenir, lui recommanda de prendre un soin particulier à pacifier la ville puis ensuite d’avancer vers les côtes et d’achever la conquête du centre de l’Espagne, ce qu’il fit après avoir soumis plusieurs villes qu’il trouva sur sa route en persuadant les habitants que les Musulmans n’étaient pas venus pour les dépouiller de leurs biens ou leur faire du mal, qu’ils n’étaient point les ennemis des peuples et qu’ils faisaient seulement la guerre à ceux qui leur opposaient une inutile résistance, ou qui se révoltaient contre eux.

Puis il revint à Séville ou il prit le commandement de la ville pour éviter qu’elle ne se rebelle à nouveau et d’où, il exerça un contrôle rigoureux sur les régions avoisinantes.

 

La rencontre de Moussa et de Tariq 

Moussa Ibn Noussayr avança vers Talavera (talbira) à l’ouest de Tolède et la nouvelle de son arrivée parvint à Tariq Ibn Ziyad qui se trouvait dans la région si bien qu’il décida de rencontrer Moussa Ibn Noussayr à Talavera. La rencontre entre les deux commandants (qa'idayn) Moussa Ibn Noussayr et Tariq Ibn Ziyad, qu’Allah leur fasse miséricorde, eut lieu au mois de Dzoul Qi’dah de l’année 94 de l’Hégire (712) après deux années de séparations. Et c’est ensemble qu’ils prirent la route et entrèrent dans Tolède (toleytela), la capitale de l’Andalousie, au mois de Dzoul Hijjah de l’année 94 de l’Hégire.

Dans le sud, Grenade (gharnata) et Malaga (maliqa) se rebellèrent avant de revenir rapidement sous le contrôle des Musulmans et les conquêtes se poursuivirent dans la région jusqu’à la fin de l’an 94 de l’Hégire ou l’Islam s’implanta solidement grâce aux nombreux savants Musulmans envoyés pour apprendre la nouvelle religion aux gens

Et ce n’est qu’au début de l’hiver, à Tolède, que Moussa Ibn Noussayr fit parvenir au calife les nouvelles de ses opérations en Andalousie et sachant combien, le combat était difficile durant cette saison, surtout dans les régions montagneuses, il ordonna l’arrêt des opérations et le repos général à ses troupes afin de se préparer pour les événements à venir.

Au début de l’année 95 de l’Hégire (713), il fit frapper les dinars et dirhams islamiques suite à la rapide stabilité de l’état et de la gouvernance établie dans la capitale pour montrer aux habitants que les Musulmans n’étaient pas venus pour les piller et les abandonner mais pour s’établir et diriger le pays.

 

Les enfants de Witiza (raytasha) vinrent trouver Moussa et lui dirent : « La pacte entre nous est rempli, nous t’avons assisté pour tes conquêtes, t’avons offert Ceuta (sabta) et facilité l’entrée en Andalousie maintenant tient ta promesse et rends nous les terres de notre père ». Moussa répondit favorablement à leur demande et plus de 1.000 domaines des meilleures terres arables d’Andalousie qui faisaient partie du butin des Musulmans leur furent remis et convint encore plus les habitants d’Andalousie de l’honnêteté des Musulmans.

 

Après avoir reçu des renforts d’Afrique, l’organisation de l’armée commença pour la reprise des conquêtes et lorsque l’hiver prit fin, les deux commandants se mirent en route vers le nord.

Au nord se trouvaient trois villes principales : Saragosse (sarqasta) au nord-est près des Pyrénées, Léon (laone) au centre nord et Lugo (louq) à l’extrême nord-ouest.

Commandant un détachement de reconnaissance, Tariq Ibn Ziyad se mit en route vers Saragosse  suivit par l’avant-garde puis du corps central de l’armée musulmane conduite par Moussa Ibn Noussayr. Tariq trouvant la ville en plein désarroi et sans défense, ordonna un assaut immédiat et prit la ville avec la plus grande facilité avec la grâce d’Allah si bien que lorsque Moussa arriva par la suite, il trouva la ville déjà prise par les forces musulmanes. Les lois islamiques furent établies et appliquées et la construction d’une mosquée ordonnée.

La construction des mosquées faisait partie des points les plus importants chez les conquérants musulmans. Les mosquées n’étaient pas uniquement des lieux de cultes et de prières mais aussi des centres de propagation de la foi et de la lumière islamique ainsi dans tous les pays conquit et dans chaque ville importante une mosquée était bâtie et servait de centre d’organisation et d’apprentissage, de réunion et d’hôpitaux, de consultations et de décisions.

 



[1] Calife sous lequel eut lieu un grand nombre de conquêtes islamiques, la conquête de l’Andalousie, de Kaboul, en Afghanistan actuelle et de la Transoxiane en t’autre.

[2] Hégire est la date utilisée par les Musulmans et qui correspond à l’émigration du Prophète Muhammad de Médine vers la Mecque.

[3] Il y avait à cette époque, non loin du rivage, deux petites îles couvertes de prairies à la couleur verdoyante. Ces îles sont aujourd'hui presque entièrement couvertes par les eaux de la mer. La plus petite, qui conserve encore quelque verdure, porte aussi le nom d’île de Las Paloma, ou des Colombes.

[4] Moujahidine : Pluriel de moujahid (combattant musulman dans la voie d’Allah)

[5] Cela n’est pas sans rappeler la célèbre bataille du Pont livrée par les armées musulmanes sous le commandement d’Abou ‘Oubayd Ibn Mas’oud des Bani Saqif contre les Perses sous le commandement de Roustam (ou Roustoum) ou les Musulmans furent durement éprouvés lorsqu’Abou ‘Oubayd détacha le pont flottant sur lequel les Musulmans avaient traversés pour livrer la bataille et leur coupa ainsi tout retrait. Ce jour, le grand général musulman al-Mouthannah Ibn al-Harithah (qu’Allah soit satisfait de lui) sauva les Musulmans du désastre en reconstruisant le pont et en protégeant leur retrait, il fut gravement blessé. Abou ‘Oubayd fut punit par la suite pour son malheureux acte qui valut à un grand nombre de Musulmans de périr. Cette bataille eut lieu en l’an 13 de l’Hégire, juste après la mort d’Abou Bakr as-Siddiq (qu’Allah soit satisfait de lui). Si Dieu le veut, nous projetons de traduire l’intégralité de l’Histoire des Califes Justes de l’Imam at-Tabari.

[6] Fête de la rupture du jeune.

[7] La différence entre la conquête par la force et la conquête pacifique : Si la ville est conquise de force tout ce qu’elle contient appartient aux Musulmans, tandis que si la ville est conquise par un pacte entre les conquérants et les habitants, tout ce qu’elle contient reste aux habitants de la ville. Rien n’est pris de la ville sauf que chaque habitant est soumis à une dîme qu’il doit payer une fois par an. En général il s’agit d’un dirham en or par habitant en échange de quoi, les gens conservent tous leurs biens et leurs liberté et sont protégés par l’armée musulmane en cas d’attaque.

 

[8] Les habitants se décidèrent à traiter pacifiquement avec Tariq, auquel ils envoyèrent des députés qui furent traités avec bienveillance. Les conditions du traité étaient que les habitants livreraient leurs chevaux et leurs armes ; que ceux qui ne voudraient pas rester dans la ville auraient la liberté d’en sortir, mais qu’ils perdraient tous leurs biens ; que ceux qui voudraient au contraire continuer d’y habiter conserveraient l’entière disposition de leurs propriétés. Que leurs maisons seraient inviolablement respectées, à la charge de payer au Calife un tribut modéré. Qu’ils conserveraient de même le libre exercice de leur religion, et la possession de leurs églises, sans  qu’il leur fût néanmoins permis d’en construire de nouvelles, à moins d’une autorisation du gouvernement. Qu’ils ne pourraient toutefois pratiquer en public les cérémonies du culte ; qu’ils auraient leurs juges particuliers, et le droit de se régir par leurs lois ; mais qu’ils perdraient toute juridiction sur ceux qui auraient embrassé l’Islam.

[9] Tabi’in : Compagnons des Compagnons du Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui).

[10] Après un blocus de plusieurs mois il força les habitants à capituler. Il leur accorda néanmoins des conditions avantageuses, et laissa pour gouverneur ‘Issa Ibn ‘AbdAllah de Médine avec une garnison suffisante.

[11] Alfonte est le nom arabe d’une ville qui me parait être Fuentes.

[12] ‘Id al-Fitr : Fête de la rupture du jeûne marquant la fin du mois de Ramadan.

[13] ‘Abdel ‘Aziz employa vainement les remontrances pour ramener les habitants à la raison mais il fut contraint de recourir aux armes.