L’Andalousie est un pays cerné par les mers traversée par de
nombreux fleuves dont cinq
principaux. De même c’est un pays très montagneux, avec des
pics enneigés culminant à plus de 3000 mètres. Au Nord de l’Espagne
se trouve la Chaine des Pyrénées que les Arabes appellent
Jibal Baranaze avec de
hauts pics neigeux culminant à plus de 3.500 mètres et comportant
des passages tellement étroits qu’une armée de front ne peut
emprunter. Des chemins que seule quelques personnes peuvent prendre
à la fois. Néanmoins, il existe deux passages principaux pour
traverser ces montagnes qui forment une barrière naturelle
imprenable pour n’importe quelle armée voulant atteindre la France.
Entre
l’Andalousie et le Maghreb ce trouve le Détroit de Gibraltar (darbou
ziqaq) un bras de mer d’une largeur de 13 kilomètres. Si bien
que l’on peut aisément voir l’Andalousie de l’Afrique.
Les
gens qui y vivaient à cette époque étaient des romains et le mot
roum en arabe désigne les
gens vivant en Europe. Les Romains arrivèrent en Andalousie 201
années avant le Milad (ère
chrétienne) et ils y vécurent cinq autres siècles après le
Milad avant d’être
attaqués par une horde venue d’Asie : les Vandales. Les Vandales
conquirent l’Europe semant sur leur passage destruction et mort et
arrivèrent en Andalousie qu’ils nommèrent Vandalisia ; le pays des
Vandales, d’où l’appellation plus tard d’Andalousie. Les Vandales
effacèrent toutes les traces de la présence romaine en Andalousie.
Ensuite une nouvelle tribu venue d’Allemagne, les Visigoths ou Goths
(appelée en arabe qot gharbiyin), envahirent l’Andalousie et la gouvernèrent et à la
différence des Romains, ils y établirent une structure d’état et
devinrent une grande nation qui dura trois siècles sous la
gouvernance de 36 gouverneurs. C’est donc un état dirigé et non pas
laissé à lui-même que les Musulmans trouvèrent lorsqu’ils arrivèrent
en Andalousie. C’est ainsi que les Musulmans parlaient de combats
avec les Goths (qot) en
faisant mention de ce pays.
Les
principales villes du sud de l’Andalousie étaient Gibraltar, Séville
(ashfillia), Cordoue (qortoba)
et Grenade (gharnata). Au
centre, la ville principale était Tolède (toleytela)
qui était la capitale des Goths (al-qot).
Puis d’autres villes de moindre importance dont la plus grande
d’entre elles au nord et près des Pyrénées s’appelait Saragosse (sarqasta), la capitale du nord-est de l’Andalousie. A l’ouest la
ville principale se nommait Léon (laone)
et à l’extrême ouest de Galice (jiliqiya)
qui est aussi une région.
En
l’an 83 de l’Hégire (702), le roi d’Espagne Egica (akhika)
décéda et son fils Witiza (raytasha)
prit la succession. Lorsque son pouvoir s’établit, le commandant de
ses armées Rodéric (rodriq)
se rebella contre lui et usurpa le titre. Ensuite il assit son
pouvoir sur l’Andalousie tandis que (raytasha)
et ses frères s’enfuirent au nord. De là ils tentèrent de lever une
armée pour reconquérir le pouvoir mais Rodéric, rassembla une grande
troupe pour mettre fin à cette rébellion et s’avance vers le nord.
Un des frères de Witiza, Akila s’enfuit vers le sud, traversa le
Détroit de Gibraltar et se refugia chez Julian à Ceuta,
à qui il demanda protection.
Julian (youlian) se rendit alors chez le gouverneur des
Musulmans à Tanger en la personne de Tariq Ibn Ziyad et lui fit
briller les perspectives d’une conquête de l’Andalousie.
Et pourquoi un Chrétien demanderait-il l’aide des Musulmans ?
Les historiens ont rapportés plusieurs raisons sur ce qui motiva son
but et celle qui suit fait l’unanimité des historiens, d’après le
Sheikh Ahmad Youssouf Da’idj, mais sincèrement j’en doute et
Allah Exalté est plus Savant.
Selon certaines sources, comme le voulait la coutume de l’époque,
Julian avait une jolie fille qu’il avait envoyé à Tolède la
capitale, afin qu’elle apprenne les bonnes manières dans l’entourage
royal mais Rodéric lui causa du tort. Julian s’offensa du
comportement du roi et chercha alors à se venger. Les historiens
espagnols ont une profonde haine envers cette jeune fille qu’ils
considèrent comme le facteur essentiel qui poussa les Musulmans à
conquérir l’Andalousie.
La
seconde raison et celle que je préfère, est qu’Akila demanda de
l’aide à Julian qui lui dit que sans l’aide d’une forte armée il ne
pourrait rien faire. Julian entreprit donc de contacter Tariq Ibn
Ziyad et lui demanda son aide pour chasser l’usurpateur Rodéric. Il
lui dit :
- Si
tu nous aide à nous débarrasser de Rodéric je te donnerais deux
choses.
- Et
quelles sont-elles demanda Tariq ?
- Je
te donnerais Ceuta et tu prendras ce que tu veux d’Andalousie.
Sachant qu’il y avait une contrepartie, Tariq Ibn Ziyad lui demanda
ce qu’il voulait en échange.
Akila
lui répondit que lui et ses frères n’étaient pas intéressés par le
pouvoir mais qu’ils voulaient uniquement récupérer les biens de leur
père à savoir ; les pâturages, les champs de culture, les propriétés
et Witiza (raytasha) à lui
seul avait hérité de plus de 1.000 terres cultivables de très grande
superficie. Les frères pensaient que l’Andalousie sans ses terres
cultivables n’avait aucune valeur et c’est pourquoi ils la
proposèrent aux Musulmans : « Nous on prend les terres et vous le
pays ».
Tariq
Ibn Ziyad reporta sa réponse et écrivit à Moussa Ibn Noussayr à
Kairouan pour l’informer de la visite de Julian et de sa
proposition.
Lorsque Moussa Ibn Noussayr, le gouverneur du Maghreb, reçut sa
lettre et la lut, il ne se hâta pas de prendre des mesures
personnelles mais en bon gouverneur, écrivit à son tour au calife
al-Walid Ibn ‘Abdel Malik, le sixième calife omeyyade[1],
à Damas, en l’an 89 de l’Hégire[2]
(707) et lui fit part de son projet de débarquer en Andalousie.
‘Abdel Malik lui demanda de ne pas se presser et d’envoyer des
détachements légers et rapides (sarayah)
qui pourraient juger de la situation et de l’état de l’Andalousie
avant d’envoyer le gros des troupes musulmanes. Il lui demanda de ne
pas mettre les Musulmans en situation de péril du fait qu’ils
étaient plus habitués au désert et à la terre ferme qu’à la mer.
Moussa rassura le calife en lui disant qu’une distance très courte
séparait le Maghreb de l’Andalousie, que l’on pouvait d’ailleurs
voir l’une depuis l’autre et que les risques étaient vraiment
minimes.
Le
calife al-Walid Ibn ‘Abdel Malik lui répondit que même si cela était
le cas, il ne convenait pas d’y engager les troupes avant d’avoir de
plus amples informations sur l’Andalousie et que le mieux était d’y
envoyer des petits groupes armés.
Prélude à la conquête de l’Andalousie
Lorsque Moussa Ibn Noussayr voulut conquérir l’Andalousie, et selon
la volonté du calife al-Walid Ibn Malik, il envoya un petit
détachement de 500 combattants sur quatre navires affrétés par
Julian, sous le commandement de Tarif Ibn Malik un commandant
musulman berbère de la tribu Ourbah et un conquérant de
l’Andalousie. La petite armée quitta l’Ifriqiyah, traversa la mer et
gagna Algésiras, (al
jaziratoul kadrah - l’ile verte)[3]
ou elle accosta. Puis de là, les Musulmans se rendirent à Tarif (jaziratoul
tarif), un promontoire rocheux au bord de la mer du nom de Tarif
lui-même, à l’ouest de Gibraltar et qui s’appellent toujours de nos
jours Tarif.
Le
premier musulman à avoir donc posé les pieds en Andalousie est Tarif
Ibn Malik (puisse Allah lui faire miséricorde) au mois de Ramadan,
le mois du Jihad, en l’an
91 de l’Hégire (709). Il patrouilla la région et ne trouva aucune
résistance sérieuse du fait que les Goths étaient divisés suite à
l’intronisation de Rodéric. Après avoir amassé facilement un large
butin, il revint au Maghreb pour informer Moussa Ibn Noussayr de sa
première impression.
Suite
à cela, Moussa Ibn Noussayr décida d’envoyer en Andalousie le
premier contingent musulman sous le commandement de son affranchi (mawlah)
Tariq Ibn Ziyad, 7.000 combattants berbères et seuls douze Arabes se
trouvaient dans son armée. D’autres historiens ont rapporté que 300
combattants arabes se trouvaient dans son armée. Tariq Ibn Ziyad, le
célèbre conquérant et héros (batal) musulman berbère était un
homme grand, aux cheveux blonds (ashqar) et à l’inébranlable
volonté.
Une
nouvelle fois le comte Julian mit ses navires à leur disposition et
lorsque l’armée des Musulmans s’embarqua et commença la traversée,
Moussa Ibn Noussayr implora le Seigneur en leur faveur en pleurant
et Lui demanda de les assister et de leur donner la victoire.
Au
mois de Rajab de l’année 92 de l’Hégire (710), Tariq Ibn Ziyad
traversa le célèbre détroit, qui porte son nom (madiq tariq),
avec son armée et s’apprêta à accoster près du lieu nommé Jabal
Kalbi, qui sera appelé Jabal Tariq et plus récemment
Gibraltar mais il se rendit compte que les Goths (qot)
avaient réuni une armée et l’attendaient. Il changea de direction et
accosta plus loin. Lorsque les Goths se rendirent compte qu’il avait
fait demi-tour, ils se réunirent et leur commandant détacha un
groupe de soldats qu’il envoya à Rodéric qui combattait les fils de
Witiza au nord avec deux lettres dont l’une disait : « Que tu le
crois ou pas, un peuple dont on ne sait pas s’ils viennent des cieux
ou de la terre, ont débarqué sur notre terre. Je les ai rencontrés.
Rejoins-moi au plus vite parce que nul ne peut se mettre en travers
de leur route. Une puissante armée dont je n’ai jamais vu de
pareil ».
Ainsi
était les armées musulmanes de l’époque, la simple vision de leur
armée effrayait les armées ennemies qui voyaient les combattants
musulmans comme des serviteurs adorateurs, ascètes et des
missionnaires d’Allah. Et c’est cette frayeur qui les poussa à
demander de l’aide à Rodéric qui fut lui-même prit de frayeur
lorsque lui parvint la nouvelle. Il laissa une partie de son armée
sur place et à la tête d’un corps de 100.000 combattants il se
dirigea en hâte vers le sud.
Pendant ce temps, Tariq engagea le combat contre Théodémir (tadmir)
le général des Goths et ce fut la première bataille des Musulmans en
terre d’Andalousie. La bataille d’Algésiras (ghazwat
al-jaziratoul kadrah) dura trois jours au bout desquels Tariq
sortit vainqueur. Alors qu’il établissait son contrôle sur les
régions avoisinantes, il fit bâtir une base dans un lieu qui fut
nommé Madinat al-Jazirat Khadrah où Madinat Jazirat
Oumm Hakim et qui allait devenir une ville qui prendrait
beaucoup plus tard le nom d’Algésiras et qui fut donc bâtie par
Tariq Ibn Ziyad. D’autres historiens ont rapporté cet évènement en
l’an 93 de l’Hégire (711).
Bientôt les espions de Tariq Ibn Ziyad lui apportèrent des
informations sur l’approche de Rodéric à la tête de son écrasante
armée. Tariq écrivit sur le champ un message qu’il confia à un
groupe d’hommes qui traversa aussitôt le détroit pour en informer
Moussa Ibn Noussayr. Il lui dit : « innal-oumam quad tada’at
‘alayna min koul nahiyyah fal ghaouth al-ghaouth », « les
nations nous encercle de tous les côtés, de l’aide à l’aide » ».
Moussa Ibn Noussayr le général émérite (al-mouhannak)
lui envoya aussitôt un renfort de 5.000 combattants musulmans sous
le commandement de Tarif Ibn Malik, qui rejoignit Tariq Ibn Ziyad
avant le début de la bataille.
Alors
qu’il attendait Rodéric, Tariq en profita pour inspecter les
alentours et il trouva une région traversée par un fleuve, le
Guadalete, plus favorable pour la rencontre des armées à Barbate (wadi
al-barbate) ou Guadalete où il établit son camp quand Rodéric
arriva.
Alors
eut lieu une des plus importante batailles dans l’histoire de la
conquête de l’Andalousie, une bataille majeure qui brisa le dos des
Goths (qot), la bataille de Guadalete (ghazwat
wadi barbate). Deux armées s’y affrontèrent : l’armée de
l’Islam, 12.000 Moujahidine[4]
sous le commandement de Tariq Ibn Ziyad, et l’armée des Goths sous
le commandement du gouverneur de l’Andalousie en personne Rodéric à
la tête de 100.000 combattants.
Peu
avant la bataille, Tariq fit un rêve et vit le Prophète (Saluts et
Bénédictions d’Allah sur lui) et ses Califes bien Guidés (qu’Allah
soit satisfait d’eux) marchant sur une surface d’eau. En passant
près de Tariq, il (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) lui
annonça la bonne nouvelle de la victoire sur l’ennemi et lui
conseilla d’être bienveillant et de remplir ses engagements.
Bien
que les historiens ne sont pas d’accord sur le fait que Tariq brûla
ses navires[5],
il est rapporté qu’avant la bataille, il fit le discours suivant
après avoir loué Allah Tout Puissant, il dit : « O mes guerriers, où
fuiriez-vous ? Derrière vous est la mer et devant vous, l’ennemi.
Vous n’avez plus d’autre choix que l’espoir de votre courage et de
votre fermeté. Souvenez-vous que dans ce pays vous êtes plus
malheureux que l’orphelin placé à la table d’un maître cupide. Votre
ennemi est devant vous, protégé par une armée innombrable; il a des
hommes en abondance, mais vous, votre seule aide est vos propres
épées et, votre seule chance de survie est d’arrêter les mains de
votre ennemi. Si l’absolu auquel vous êtes réduit doit-être prolongé
tant soit peu et si vous tardez à obtenir un succès immédiat, votre
bonne fortune disparaîtra, et vos ennemis, que votre présence a
terrifié retrouveront le courage. Tenez à distance le déshonneur que
vous fuyez dans les rêves et attaquez ce roi qui a quitté ses villes
fortement fortifiées pour vous rencontrer. Voici une magnifique
occasion de le vaincre, si vous êtes disposés à vous exposer
librement à la mort. Ne croyez pas que je désire vous inciter à
faire face aux dangers alors que moi-même je refuserai de le
partager avec vous. Dans l’attaque, je serais sur la première ligne
de front là ou, les chances de survies sont si infimes.
Souvenez-vous que si vous souffrez patiemment durant quelques temps,
vous apprécierez ensuite la joie suprême. N’imaginez pas que votre
destin peut être séparé du mien et soyez assurés que si vous tombez,
je périrai avec vous, ou je vous vengerai. Le commandant des
croyants, Walid Ibn ‘Abdel Malik, vous a choisis pour cette attaque
et parmi vous se trouve ses guerriers arabes; et il promit que vous
deviendrez ses camarades et aurez les grades de rois dans ce pays.
Tel est sa confiance en votre intrépidité. Le fruit qu’il désire
obtenir de votre bravoure est que la Parole d’Allah Exalté doit être
élevée dans ce pays et que la vraie religion doit être établie ici
tandis que le butin sera pour vous.
Souvenez-vous que je me placerai au front de cette glorieuse charge
que je vous exhorte à faire. Quand les deux armées se rencontreront
main à main, vous me verrez ; n’en doutez jamais, cherchant ce
Rodéric, tyran de ses gens, pour le défier de combattre, si Allah le
veut. Si je péris après cela, j’aurai eu au moins la satisfaction de
vous avoir libéré et vous trouverez facilement parmi vous un héros
expérimenté, à qui vous pourrez donner avec confiance, le
commandement. Mais si je tombe avant que j’arrive à Rodéric,
redoublez votre ardeur, forcez-vous à l’attaque et accomplissez la
conquête de ce pays, en le privant de vie car avec sa mort, ses
soldats ne vous défieront plus ». (Shams ad-Din Abou al-ʿAbbas Ahmad
Ibn Muhammad Ibn Khallikan « wafayat al-a’yan wa anba'
abna' az-zaman »)
A
chaque fois qu’une armée convaincue, par son nombre et sa force,
qu’elle allait remporter la victoire a toujours été battue y compris
pour les Musulmans et il n’existe aucune exception, sauf quand la
débâcle s’est transformée en semi-victoire comme pour la bataille de
Hounayn au temps du Messager d’Allah (Saluts te bénédictions
d’Allah sur lui).
Et
comme un grand nombre de forces passées et futures, Rodéric
sous-estima l’armée musulmane.
La
bataille qui s’ensuivit est une célèbre bataille qui est considérée
aussi comme l’une des batailles les plus décisives de tous les
temps.
Cette
bataille a plusieurs noms dont les plus communs sont :
- La
bataille de Wadi Loukkah (ma’rakat wadi loukka),
- La
bataille de Wadi Barbate (ma’rakat wadi barbate) et aussi,
- La
bataille de Shadounah (ma’rakat shadounah).
- La
bataille de Guadalete.
Le 28
Ramadan de l’année 92 de l’Hégire (716), cette petite armée de
Musulmans, mais grande par sa foi et sa certitude en Allah, Exalté
et Loué soit-Il, se lança à la rencontre du martyr et dans un
terrible choc affrontèrent la puissante et orgueilleuse armée de
100.000 Goths de Rodéric.
Le
savant et historien Ibn Khaldoun quant à lui a rapporté que l’armée
des Goths s’élevait à 40.000.
Rodéric avait pris le soin de charger des ânes de rouleaux de cordes
pour attacher les captifs musulmans. Telle était la prétention de
l’usurpateur, le roi tyran qui se parait d’or et qui avait pour
palanquin un siège incrusté de diamants, de pierres précieuses et
d’or porté par trois mulets qu’il avait amené sur le champ de
bataille.
La
féroce et violente bataille de Wadi Loukkah dura huit jours au cours
de laquelle 3.000 Musulmans furent tués,
soit
un tiers de l’armée de Tariq et quand le jour de ’Id al-Fitr[6]
arriva, les Musulmans combattaient toujours. Ils repoussèrent tous
les assauts et résistèrent si bien qu’Allah, à Lui les Louanges et
la Gloire, leur donna la victoire tandis que l’armée de
Rodéric subit une amère défaite, fut mise
en déroute et s’enfuit talonnée par les Musulmans qui achevèrent les
fuyards ou les prirent prisonniers quand ils ne se jetèrent pas dans
le fleuve. Rodéric s’enfuit aussi du champ de bataille mais
en voulant traverser le fleuve de Loukkah (wadi loukkah), il
se noya et ainsi l’Andalousie perdit son
roi.
Les Musulmans récupérèrent un très important butin dont le plus
important consistait en un très grand nombre de chevaux et comme
l’armée de Tariq était constituée essentiellement de fantassins et
d’un très petits nombre de cavaliers et l’on sait le rôle décisif
qu’ont les cavaliers dans une bataille, tous les Musulmans
héritèrent d’une monture et l’armée de Tariq devient une cavalerie.
La progression de Tariq Ibn Ziyad et la prise de Tolède
Après
la grande bataille de Guadalete (wadi
barbate), les Goths (qot)
furent ébranlés par leur terrible défaite et par la perte de leur
roi qui permit aux Musulmans de pénétrer plus en avant en
Andalousie.
Après
la victoire, Tariq
partagea le butin et dit à ses soldats : « Épargnez, les peuples
désarmés et ceux qui vivront en paix avec vous. Réservez vos coups
pour ceux qui feront contre vous usage de leurs armes. Gardez-vous
de rien enlever à l’habitant des campagnes et dans les villes prises
d’assaut, les dépouilles vous appartiennent ». Il divisa ensuite son
armée en trois corps dont il chargea le premier de prendre Cordoue
qui conquit par la force sur sa route Sidonie puis le château de
Mador proche de Cordoue (qortoba).
Il envoya le second sous le commandement de Ziyad Ibn Rassadi vers
Malaga, tandis qu’il se mit à la tête du troisième.
L’armée de Ziyad Ibn Rassadi se dirigea sur la ville fortifiée de
Malaga (maliqa) qu’il
conquit avant de marcher sur Alvéra qu’il réussit à conquérir après
un long siège puis partit pour Ariola qu’il prit aussi. Toutes
ces conquêtes eurent lieu au mois de Shawwal de l’année 92 de
l’Hégire et restèrent ainsi jusqu'à l’année 93 (716-717).
Tariq
Ibn Ziyad quant à lui marcha sur Séville (ashfillia)
et lorsque ses habitants virent l’armée arriver, une armée que
personne n’était parvenu à arrêter, ils convinrent avec les
Musulmans d’un pacte de paix moyennant le paiement d’une capitation
que Tariq accepta et la ville fut prise sans combat[7].
Les
Goths qui avait réussi à s’échapper lors de toutes ces batailles
successives, se réfugièrent à Ecija (istija),
une ville fortifiée et lorsque Tariq l’apprit, il estima qu’il
pourrait en résulter un danger susceptible de mettre en péril ses
conquêtes acquises. Il marcha aussitôt sur Ecija qu’il assiégea et
captura leur général qui demanda à Tariq de le relâcher en lui
promettant de lui amener une capitulation pacifique. Tariq accepta
et le général s’en retourna auprès de ses soldats en leur disant que
nul ne pouvait arrêter les Musulmans et que la meilleure solution
était de se soumettre en payant une capitation ce qui leur
permettrait de conserver tous leurs biens. Tous acceptèrent et avec
la soumission d’Ecija la situation rentra en ordre.
Tariq
et le reste de son armée se dirigèrent alors vers Jaén (jiyan),
une importante ville sur la route de la capitale Tolède qu’il
conquit rapidement et où il apprit que les habitants de Tolède
cherchaient à se réunir pour choisir un nouveau roi. Vers la fin de
l’année 93 de l’Hégire (711), il se mit route sur Tolède (toleytela),
la capitale de l’Andalousie et la conquit sans coup férir[8].
Ainsi
suite à une série de rapides et successives conquêtes, la ville
principale d’Andalousie, pourtant très isolée par sa position sur
une montagne escarpée et cernée de trois côtés par les eaux d’un
grand fleuve tomba. Et l’on peut considérer cela comme un événement
extraordinaire car c’est avec une armée réduite à moins de 8.000
combattants que Tariq conquit une moitié de l’Andalousie et le
Portugal en un temps record. Mais c’était surtout grâce à Allah et
Sa Toute Puissance que les Musulmans remportèrent ces victoires car
la victoire ne vient que de Lui, Exalté et Loué soit-Il !
Tariq
Ibn Ziyad reçut alors l’ordre de Moussa Ibn Noussayr de stopper son
avance. Un grand nombre de vils historiens, et ils ne méritent pas
de meilleur adjectif, ont rapporté à tort des propos sur Moussa Ibn
Noussayr que je ne rapporterais pas ici et qui ne sont tout compte
fait que des calomnies, puisse Allah Exalté lui faire miséricorde !
Moussa Ibn Noussayr qui pleura à chaudes larmes en invoquant le
Seigneur pour ses compagnons et à qui il avait envoyé un renfort de
5.000 hommes pour combattre les Goths.
La
raison qui poussa Moussa Ibn Noussayr à demander à Tariq Ibn Ziyad
de stopper son avance est qu’il craignait pour les Musulmans dont
l’armée se trouvait déjà réduite suite à la bataille de Wadi
Loukkah, sans compter tous les blessés et toutes les garnisons que
Tariq laissait derrière lui pour assurer ses conquêtes. Moussa Ibn
Noussayr qui connaissait parfaitement l’histoire de ‘Ouqbah Ibn
Nafi’, lors de sa conquête du Maghreb, ne voulait pas que Tariq Ibn
Ziyad ne soit coupé de ses arrières et qu’il rencontre de ce fait
une fin tragique.
L’arrivée de Moussa Ibn Noussayr en Andalousie
Lorsque Moussa Ibn Noussayr apprit que les conquêtes se succédaient
à cette vitesse, il décida de participer lui-même à la conquête. Au
mois de Ramadan de
l’année 93 de l’Hégire (711), à la tête d’une armée de 18.000
combattants, il embarqua à Ceuta, traversa la mer et débarqua en
Andalousie près de montagnes appelées
Jibal Moussa,
les montagnes de Moussa, en mémoire à son débarquement. Dans son
armée figuraient un nombre important de Tabi’in[9]
ainsi qu’un des derniers Compagnons du Messager d’Allah et ce 93
années après le décès du Prophète, Gloire à Allah, qui s’appelait
Mounaydir al-Ifriqi (qu’Allah soit satisfait de lui).
Moussa Ibn Noussayr laissa son fils ‘Abdallah Ibn Noussayr
commandant de l’Afrique et avec ce Compagnon et ces Tabi’in,
entra en Espagne.
Lorsque Moussa débarqua, il rencontra les Musulmans laissés en poste
par Tariq et avec eux, il bâtit la première mosquée pour Allah,
Masjid Rayat,
la mosquée des étendards, dont les vestiges subsistent encore
de nos jours bien que la mosquée fut détruite par la suite. Ce fut
un éminent Tabi’i du nom de Hanash qui décida de
l’orientation vers la Ka’bah et cette construction fut la première
chose que Moussa entreprit dès son arrivée en Andalousie.
A
chaque fois que Tariq conquit une ville, il y laissait une petite
garnison d’une centaine d’homme et à chaque fois que Tariq partait
vers de nouvelles conquêtes, les habitants des villes se rebellaient
contre les Musulmans et reprenaient possession des villes. Moussa
eut peur pour Tariq et il décida de reprendre le même itinéraire que
lui afin d’asseoir ses conquêtes et de protéger ses arrières alors
que Tariq combattait aux environ de Tolède.
Moussa Ibn Noussayr reprit donc Sidonie retombée aux mains des Goths
et ayant appris que ces derniers se rassemblaient de nouveau à
Carmona (qarmona), une
ville fortifiée, il alla à leur rencontre et assiégea la ville.
Appréhendant des difficultés, il réunit les gens de Julian et leur
proposa de marcher vers la ville fortifiée. Lorsque les Goths les
virent, ils ouvrirent les portes qu’ils oublièrent de refermer et
Moussa en profita pour donner l’assaut et prendre la forteresse.
Il
convient de noter combien peut être dangereux le fait d’avoir des
traitres qui font des arrangements avec l’ennemi pour leur livrer
les leurs. Certes la guerre est tromperie comme nous en informa le
Prophète (Salut et Bénédiction d’Allah sur lui) mais le pire est
qu’il y est dans notre communauté des Musulmans qui travaillent pour
les ennemis d’Allah et de l’Islam pour le gain des biens de ce monde
et des désirs.
Pendant ce temps, la capitale du sud, Séville (ashfillia)
conquise par Tariq se rebella aussi et Moussa Ibn Noussayr prit sa
direction et assiégea la ville deux mois avant de la reconquérir[10].
La garnison qui la défendait s’enfuit à Béja (baja) tandis qu’un très grand nombre de Goths se regroupa à Mérida (marida)
au nord de Cordoue (qortoba)
sur la route de Tolède.
La
route entre Moussa Ibn Noussayr et Tariq était séparée par les
villes de Mérida et d’Alfonte[11]
qui se rebellèrent et Moussa se dirigea sur Mérida pour y trouver
ses occupants extrêmement bien fortifiés par un très haut mur que
les Musulmans ne purent escalader et qui leur posa un grand problème
mais Moussa réfléchit et trouva une idée géniale. Il construisit un
tank qui consiste en une tour de bois recouverte de peaux tannées
enduites de mixtures qui rejettent aussi bien les projectiles que le
feu et derrière laquelle se protège les soldats. Et sous la
protection de cette tour, ils arrivèrent au pied du mur qu’ils
commencèrent à saper pour arriver à une partie indestructible. Alors
que le commando musulman s’acharnaient sur le roc, l’ennemi fondit
sur lui et les tua tous si bien que cet endroit fut appelé la Tour
des Martyrs (abraj
ash-shouhadah) et qui existe encore de nos jours.
Moussa écrivit à son fils ‘Abdel ‘Aziz de rassembler autant de
troupes qu’il le pourrait et de le rejoindre aussitôt que possible
tandis que les assiégés continuaient à faire des sorties toujours
repoussés.
Moussa avait remarqué à quelque distance de la ville, une profonde
caverne taillée dans le roc ou se rendaient chaque jour certains
habitants. Un jour, il s’y embusqua de nuit avec une troupe d’élite.
Quand les assiégés sortirent, comme de coutume, le lendemain de la
ville, il les attira par une retraite simulée au-delà de la caverne.
Les Goths alors attirés par cette fuite simulée tentèrent une sortie
mais se retrouvèrent attaqués de deux côtés à la fois et ils furent
presque tous taillés en pièces. Et après ce jour, ils n’osèrent plus
tenter de sorties.
Peu
de temps après, ‘Abdel ‘Aziz arriva au camp avec un renfort de
sept-mille combattants Berbères. Les habitants qui du haut de leurs
tours virent ces renforts, et sachant que les probabilités d’être
secourus étaient nulles, que les soldats de la garnison étaient
considérablement diminués, que les vivres allaient manquer, et que
le peuple perdait tout espoir, se décidèrent à capituler aux
conditions suivantes : que les habitants livreraient armes et
chevaux ; que les biens de ceux qui avaient fui, ou qui avaient péri
dans l’embuscade de la caverne, seraient confisqués ; que ceux qui
voudraient sortir de la ville seraient libres de le faire mais
perdraient tous leurs biens et que tous les habitants qui
resteraient à Mérida recevraient protection.
Les
conditions furent acceptée le jour de l’’Id
al-Fitr
[12]
qui fut un double ‘Id pour les Musulmans et l’accord signé par les
deux parties le 1 du mois de Shawwal de l’année 94 de l’Hégire
(712).
Moussa quitta alors la ville après y avoir laissé une garnison et
alors qu’il marchait vers Cordoue, Séville se rebella pour la
troisième fois. Comme vous pouvez vous en rendre compte les
conquêtes (foutouhat)
ne furent pas toujours faciles d’autant plus que les petites armées
musulmanes faisaient face à une immense nation.
‘Abdel ‘Aziz Ibn Moussa Ibn Noussayr
Moussa envoya donc à la tête d’une petite armée son fils ‘Abdel
‘Aziz qui allait jouer aussi un grand rôle dans la conquête de
l’Andalousie.
‘Abdel ‘Aziz Ibn Moussa se dirigea sur Séville qu’il conquit
rapidement pour la troisième fois après avoir anéanti la totalité de
la garnison ainsi que les forces ennemies qui s’étaient déployées
contre lui à Labla[13].
Moussa, instruit par son fils du succès qu’il venait d’obtenir, lui
recommanda de prendre un soin particulier à pacifier la ville puis
ensuite d’avancer vers les côtes et d’achever la conquête du centre
de l’Espagne, ce qu’il fit après avoir soumis plusieurs villes qu’il
trouva sur sa route en persuadant les habitants que les Musulmans
n’étaient pas venus pour les dépouiller de leurs biens ou leur faire
du mal, qu’ils n’étaient point les ennemis des peuples et qu’ils
faisaient seulement la guerre à ceux qui leur opposaient une inutile
résistance, ou qui se révoltaient contre eux.
Puis
il revint à Séville ou il prit le commandement de la ville pour
éviter qu’elle ne se rebelle à nouveau et d’où, il exerça un
contrôle rigoureux sur les régions avoisinantes.
La rencontre de Moussa et de Tariq
Moussa Ibn Noussayr avança vers Talavera (talbira) à l’ouest
de Tolède et la nouvelle de son arrivée parvint à Tariq Ibn Ziyad
qui se trouvait dans la région si bien qu’il décida de rencontrer
Moussa Ibn Noussayr à Talavera. La rencontre entre les deux
commandants (qa'idayn)
Moussa Ibn Noussayr et Tariq Ibn Ziyad, qu’Allah leur fasse
miséricorde, eut lieu au mois de Dzoul Qi’dah de l’année 94 de
l’Hégire (712) après deux années de séparations. Et c’est ensemble
qu’ils prirent la route et entrèrent dans Tolède (toleytela),
la capitale de l’Andalousie, au mois de Dzoul Hijjah de
l’année 94 de l’Hégire.
Dans
le sud, Grenade (gharnata)
et Malaga (maliqa) se
rebellèrent avant de revenir rapidement sous le contrôle des
Musulmans et les conquêtes se poursuivirent dans la région jusqu’à
la fin de l’an 94 de l’Hégire ou l’Islam s’implanta solidement grâce
aux nombreux savants Musulmans envoyés pour apprendre la nouvelle
religion aux gens
Et ce
n’est qu’au début de l’hiver, à Tolède, que Moussa Ibn Noussayr fit
parvenir au calife les nouvelles de ses opérations en Andalousie et
sachant combien, le combat était difficile durant cette saison,
surtout dans les régions montagneuses, il ordonna l’arrêt des
opérations et le repos général à ses troupes afin de se préparer
pour les événements à venir.
Au
début de l’année 95 de l’Hégire (713), il fit frapper les dinars et
dirhams islamiques suite à la rapide stabilité de l’état et de la
gouvernance établie dans la capitale pour montrer aux habitants que
les Musulmans n’étaient pas venus pour les piller et les abandonner
mais pour s’établir et diriger le pays.
Les
enfants de Witiza (raytasha)
vinrent trouver Moussa et lui dirent : « La pacte entre nous est
rempli, nous t’avons assisté pour tes conquêtes, t’avons offert
Ceuta (sabta) et facilité
l’entrée en Andalousie maintenant tient ta promesse et rends nous
les terres de notre père ». Moussa répondit favorablement à leur
demande et plus de 1.000 domaines des meilleures terres arables
d’Andalousie qui faisaient partie du butin des Musulmans leur furent
remis et convint encore plus les habitants d’Andalousie de
l’honnêteté des Musulmans.
Après
avoir reçu des renforts d’Afrique, l’organisation de l’armée
commença pour la reprise des conquêtes et lorsque l’hiver prit fin,
les deux commandants se mirent en route vers le nord.
Au
nord se trouvaient trois villes principales : Saragosse (sarqasta)
au nord-est près des Pyrénées, Léon (laone)
au centre nord et Lugo (louq)
à l’extrême nord-ouest.
Commandant un détachement de reconnaissance, Tariq Ibn Ziyad se mit
en route vers Saragosse
suivit par l’avant-garde puis du corps central de l’armée musulmane
conduite par Moussa Ibn Noussayr. Tariq trouvant la ville en plein
désarroi et sans défense, ordonna un assaut immédiat et prit la
ville avec la plus grande facilité avec la grâce d’Allah si bien que
lorsque Moussa arriva par la suite, il trouva la ville déjà prise
par les forces musulmanes. Les lois islamiques furent établies et
appliquées et la construction d’une mosquée ordonnée.
La
construction des mosquées faisait partie des points les plus
importants chez les conquérants musulmans. Les mosquées n’étaient
pas uniquement des lieux de cultes et de prières mais aussi des
centres de propagation de la foi et de la lumière islamique ainsi
dans tous les pays conquit et dans chaque ville importante une
mosquée était bâtie et servait de centre d’organisation et
d’apprentissage, de réunion et d’hôpitaux, de consultations et de
décisions.
[1]
Calife sous lequel eut lieu un grand nombre de conquêtes
islamiques, la conquête de l’Andalousie, de Kaboul, en
Afghanistan actuelle et de la Transoxiane en t’autre.
[2]
Hégire est la date utilisée par les Musulmans et qui
correspond à l’émigration du Prophète Muhammad de
Médine vers la Mecque.
[3]
Il y avait à cette époque, non loin du rivage, deux petites
îles couvertes de prairies à la couleur verdoyante. Ces îles
sont aujourd'hui presque entièrement couvertes par les eaux
de la mer. La plus petite, qui conserve encore quelque
verdure, porte aussi le nom d’île de Las Paloma, ou des
Colombes.
[4]
Moujahidine : Pluriel de
moujahid (combattant musulman dans la voie d’Allah)
[5]
Cela n’est pas sans rappeler la célèbre bataille du Pont
livrée par les armées musulmanes sous le commandement d’Abou
‘Oubayd Ibn Mas’oud des Bani Saqif contre les Perses sous le
commandement de Roustam (ou Roustoum) ou les Musulmans
furent durement éprouvés lorsqu’Abou ‘Oubayd détacha le pont
flottant sur lequel les Musulmans avaient traversés pour
livrer la bataille et leur coupa ainsi tout retrait. Ce
jour, le grand général musulman al-Mouthannah Ibn al-Harithah
(qu’Allah soit satisfait de lui) sauva les Musulmans du
désastre en reconstruisant le pont et en protégeant leur
retrait, il fut gravement blessé. Abou ‘Oubayd fut punit par
la suite pour son malheureux acte qui valut à un grand
nombre de Musulmans de périr. Cette bataille eut lieu en
l’an 13 de l’Hégire, juste après la mort d’Abou Bakr
as-Siddiq (qu’Allah soit satisfait de lui). Si Dieu le veut,
nous projetons de traduire l’intégralité de l’Histoire des
Califes Justes de l’Imam at-Tabari.
[6]
Fête de la rupture du jeune.
[7]
La différence entre
la conquête par la force et la conquête pacifique : Si la
ville est conquise de force tout ce qu’elle contient
appartient aux Musulmans, tandis que si la ville est
conquise par un pacte entre les conquérants et les
habitants, tout ce qu’elle contient reste aux habitants de
la ville. Rien n’est pris de la ville sauf que chaque
habitant est soumis à une dîme qu’il doit payer une fois par
an. En général il s’agit d’un dirham en or par habitant en
échange de quoi, les gens conservent tous leurs biens
et leurs liberté et sont protégés par l’armée musulmane en
cas d’attaque.
[8]
Les habitants se décidèrent à traiter pacifiquement avec
Tariq, auquel ils envoyèrent des députés qui furent traités
avec bienveillance. Les conditions du traité étaient que les
habitants livreraient leurs chevaux et leurs armes ; que
ceux qui ne voudraient pas rester dans la ville auraient la
liberté d’en sortir, mais qu’ils perdraient tous leurs biens
; que ceux qui voudraient au contraire continuer d’y habiter
conserveraient l’entière disposition de leurs propriétés.
Que leurs maisons seraient inviolablement respectées, à la
charge de payer au Calife un tribut modéré. Qu’ils
conserveraient de même le libre exercice de leur religion,
et la possession de leurs églises, sans
qu’il leur fût néanmoins permis d’en construire de
nouvelles, à moins d’une autorisation du gouvernement.
Qu’ils ne pourraient toutefois pratiquer en public les
cérémonies du culte ; qu’ils auraient leurs juges
particuliers, et le droit de se régir par leurs lois ; mais
qu’ils perdraient toute juridiction sur ceux qui auraient
embrassé l’Islam.
[9]
Tabi’in : Compagnons des Compagnons du Messager d’Allah (Saluts et
Bénédictions d’Allah sur lui).
[10]
Après un blocus de plusieurs mois il força les habitants à
capituler. Il leur accorda néanmoins des conditions
avantageuses, et laissa pour gouverneur ‘Issa Ibn ‘AbdAllah
de Médine avec une garnison suffisante.
[11]
Alfonte est le nom arabe d’une ville qui me parait être
Fuentes.
[12]
‘Id al-Fitr : Fête de la rupture du jeûne marquant la fin du mois de
Ramadan.
[13]
‘Abdel ‘Aziz employa vainement les remontrances pour ramener
les habitants à la raison mais il fut contraint de recourir
aux armes.