L’expédition au Soudan[1]

Après son retour à Fustat, en l’an 21 de l’Hégire (641), ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) envoya quatre unités de son armée vers différentes directions pour s’assurer qu’aucun élément hostile ne lui avait échappé et aussi pour affermir fermement les populations locales sous le contrôle des Musulmans.

Une de ces unités patrouilla la région d’Héliopolis et ses environs, une autre fut envoyée à Fayyoum et d’autres parties de l’Egypte Supérieure, une partie à Dimyat et Tinnis tandis que la quatrième se rendit vers l’Egypte Inférieure. Toutes ces unités ne rencontrèrent aucune résistance et le pays entier tomba pacifiquement sous le contrôle des Musulmans.

Cette même année, ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) se tourna vers une région ou les Musulmans ne s’étaient jamais aventurés auparavant. Il envoya une expédition sous le commandent de son jeune cousin ‘Ouqbah Ibn Nafi’ vers le sud de l’Egypte pour découvrir de nouvelles terres et annexer le nouveau territoire.

Les Musulmans entrèrent en contact avec de farouches et excellent archers noirs et après plusieurs affrontements sans succès pour les Musulmans, ‘Ouqbah retourna en Egypte. Et ce n’est que plus tard, que les Musulmans retourneront au Soudan avec d’autres intentions.

 

La conquête de Barqah et de Tripoli 

L’année 21 de l’Hégire touchait à sa fin quand ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) leva son armée et marcha vers l’ouest.

Après un mois de marche, l’armée arriva à Barqah[2], une ville près de la Côte méditerranéenne, qui était encore sous le contrôle des Romains mais qui n’avait aucune garnison pour la défense.

Les habitants de Barqah firent la paix avec ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) sous l’agrément du paiement de la Jizyah.  

‘Amr Ibn al-‘As envoya un détachement de son armée sous le commandement de ‘Ouqbah Ibn Nafi’ qui soumit paisiblement la région ouest et Zawilah. Les Musulmans trouvèrent les habitants de la région bien respectueux des lois et réguliers dans le paiement de la Jizyah si bien que ‘Amr dispensa une partie des revenus pour les pauvres de la région.

Après le retour de ‘Ouqbah, ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) reprit sa marche jusqu’à Tripoli ou il assiégea la ville dans laquelle se trouvait une garnison Romaine qui avait libre accès à la mer.

‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) établit son camp à l’est de la ville, sur un monticule qui lui permettait d’avoir une vue globale de la région et d’où il pouvait bloquer les routes  d’accès.

Le siège durait depuis déjà deux mois quand un jour, un groupe de huit Musulmans quitta matinalement le camp pour aller chasser du côté ouest de la ville. Sur leur route de retour et longeant la côte, ils arrivèrent derrière la ville, là où la muraille rencontrait la mer. Ils aperçurent une ouverture qui n’était pas gardée. Ils effectuèrent alors une mission de reconnaissance pour s’apercevoir qu’il n’existait aucun autre mur de protection entre la ville et la mer et qu’ils pouvaient facilement accéder à la ville de ce côté, où un certain nombre de navires romains étaient ancrés.

Ils pénétrèrent dans la ville et avant que les Romains ne réalisent ce qui était arrivé, ils tirèrent leurs sabres et crièrent profusément le cri de guerre des Musulmans Allahou Akbar. Il s’ensuivit une grande panique dans la ville. Un grand nombre de soldats romains, croyant que les Musulmans avaient pénétré la ville cherchèrent le refuge dans leur navire et s’enfuirent.

‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) entendit le cri des Musulmans de l’extérieur et lanca aussitôt une attaque. Les portes furent ouvertes et l’armée des Musulmans pénétra dans la ville. Les Romains s’enfuirent avec ce qu’ils purent emporter et les Musulmans prirent la ville comme prix de guerre.

Pendant la nuit qui suivit, ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) envoya un régiment de cavalerie à Sabrata, à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest. Tôt le matin, lorsque les habitants de Sabrata ouvrirent les portes de la ville pour sortir paître leur bétail, les Musulmans déferlèrent sur eux, tuèrent la garnison romaine et soumirent la ville en très peu de temps avant de revenir victorieux à Tripoli.

Quelques jours après la chute de Tripoli et de Sabrata, ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) écrivit au Calife : « Allah à Lui les Louanges et la Gloire,  nous a donné Tripoli qui est à seulement neuf jours de l’Ifriqiyah. Si le Commandant des Croyants désire poursuivre la guerre et la conquérir, il peut le faire ainsi ».

- « Non, ce n’est pas Ifriqiyah, mais Mafariqah[3] » lui répondit le Calife (qu’Allah soit satisfait de lui), « c’est périlleux et personne n’y mènera de guerre durant mon vivant ».

Alors les Musulmans revinrent en Egypte.

 

En l’an 23 de l’Hégire (643), ‘Omar divisa l’Egypte en deux provinces distinctes. Il nomma ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) gouverneur militaire et régional pour la province nord ayant pour capitale Fustat et ‘AbdAllah Ibn Sa’d Ibn Abi as-Sarh, gouverneur militaire et régional de l’Egypte du sud avec son quartier général à Fayyoum.

 

Au début de l’année 24 de l’Hégire (644), Avec l’accession au califat de ‘Uthman Ibn al-‘Affan Dzoul Nourrayn (qu’Allah soit satisfait de lui) après l’assassinat de ‘Omar Ibn al-Khattab (qu’Allah soit satisfait de lui), ‘AbdAllah Ibn Sa’d Ibn Abi as-Sarh, le frère de lait du nouveau Calife, devint le gouverneur de toute l’Egypte après le désistement de ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui).

 

La deuxième conquête d’Alexandrie 

Les Romains à Alexandrie qui se soumirent aux lois musulmanes après la chute de la ville étaient loin d’être des sujets loyaux exactement comme leur contemporain et comme ils le furent tout au long de l’histoire. Ceux qui purent s’échapper à Byzance le firent mais plus de 150.000 restèrent dans la ville. Selon les coutumes de guerre, ils étaient techniquement des captifs, ainsi que leur famille et les Musulmans avaient le droit de les prendre en esclavage. Mais les conquérants musulmans montrèrent une extrême gentillesse à leur égard et les autorisèrent à garder leurs maisons, leur richesse et leur famille. Ils pourraient mener leurs vies normalement et avaient la liberté complète de culte, en échange de deux dinars par an et par mâle adulte. Mais les Romains restèrent ingrats et des sujets déloyaux.

Ils commencèrent à comploter contre les Musulmans et bientôt une grande force fut constituée, armée, équipée, embarquée sur une flotte de 300 navires et envoyée vers Alexandrie sous le commandement d’un général romain du nom de Manuel.

 

Au début de l’année 25 de l’Hégire (645), la flotte romaine entra dans le port d’Alexandrie et débarqua ses légions. Les Musulmans n’étaient pas en nombre suffisant pour défendre une si grande ville et bien qu’une grande partie d’entre eux périrent, beaucoup de Musulmans ont pu s’échapper et rapporter les nouvelles à Fustat.

 

Le troisième Calife ‘Uthman Ibn ‘Affan (qu’Allah soit satisfait de lui) informé renomma ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) gouverneur militaire et régional d’Egypte avec pour mission de chasser les Romains d’Egypte et de rétablir fermement le pouvoir musulman.

Durant ce temps, les Romains avaient rétablit leur contrôle sur Alexandrie et toutes les régions avoisinantes et accumulé une force considérable avant de marcher vers Fustat.

Les Romains étaient à mi-chemin de Fustat quand ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) se mit en marche avec une armée de 15.000 hommes et avança le long de la rive est du Nil en direction d’Alexandrie.

Le jour suivant, au contact des Romains, ils se déployèrent pour la bataille sur la rive droite du Nil, la cavalerie sous le commandement de Sharik Ibn Soumayy.

Une grande partie des romains s’embarqua alors sur des berges et lorsque ceux qui étaient restés au sol finirent par se déployer, ils se mirent simultanément en marche. Quand l’infanterie romaine jugea les Musulmans à portée de tir, les légions stoppèrent leur marche et arrosèrent d’un lourd barrage de flèches les Musulmans tandis que le groupe embarqué poursuivit sa navigation le long du flanc musulman. Alors, à leur tour, ils couvrirent les Musulmans d’une pluie de flèches si bien que ces derniers se retrouvèrent assaillit de deux côtés. La plupart d’entre eux se mirent à l’abri derrière leurs boucliers contre le feu frontal exposant leur flanc gauche.

Les Musulmans souffrirent cruellement du feu croisé des romains et particulièrement la cavalerie de Sharik Ibn Soumayy qui était au contact direct de l’ennemi et qui subit les plus lourdes pertes.

Alors la flottille romaine navigua en arrière du flanc des Musulmans, débarqua près du corps principal de leur armée et rangs après rangs reprirent leur formation de bataille. Lorsqu’elle fut enfin achevée, l’armée romaine tira de nouveau sur les Musulmans un nouveau barrage de flèches, comme une mortelle pluie de grêle.

Les Romains pensant que les Musulmans seraient maintenant incapables de supporter une charge, cessèrent de lancer des flèches, avancèrent et attaquèrent les Musulmans qui reculèrent tactiquement pour se libérer de l’étau romain. Après avoir parcouru une courte distance, ils s’arrêtèrent et rétablirent leurs rangs tandis que les romains stoppèrent leur avance. 

Un officier romain monté sur un superbe cheval et habillé somptueusement d’une armure cloutée d’or, émergea des rangs romain et lanca un défi général pour un combat singulier. Le défi fut reprit par Houmal Abou Mazhij qui était un Arabe mince et maigre, connut pour son courage et son habileté et qui s’était distingué plusieurs fois dans la bataille.

Les deux hommes s’affrontèrent dans l’espace entre les deux armées pendant longtemps avec leur lance, sans aucun gain. Alors l’officier romain laissa tomber sa lance et tira son épée suivit par Houmal. Le Romain, qui était plus grand et plus fort, lanca un furieux assaut et fut capable de blesser gravement le Musulman. Puis, il plongea sur son adversaire pour le saisir avec ses mains nues mais le Musulman eut juste assez de temps pour tirer sa dague et la lui plongea dans la gorge. Le grand romain tomba foudroyé et mourut aussitôt.

Quelques jours plus tard Houmal mourut aussi des suites de ses blessures et ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) fut peiné par sa perte et prit part au transport de sa dépouille et au rite funéraire.

Lorsque Houmal remporta le duel, les Musulmans étaient de nouveau prêts pour la bataille tandis que Sharik avec reprit sa position sur le flanc gauche devant le corps central de l’armée des Musulmans. Alors ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) donna le signal de la contre-offensive et l’ensemble de l’armée musulmane plongea sur l’armée ennemie et la bataille générale eut lieu.

La bataille fit rage durant quelque temps, les Musulmans attaquant violemment et les romains supportant le choc de l’attaque jusqu’à ce que les légions perdent leur homogénéité et que des brèches apparaissent dans leur défense et par lesquelles les Musulmans s’enfoncèrent dans leur centre. L’assaut des guerriers du désert augmenta en violence et en férocité et l’armée romaine se brisa et s’enfuit.

Les Musulmans bondirent à leur poursuite et elle ne s’arrêta que lorsque le dernier des romains entra à l’abri dans la forteresse, laissant derrière eux le sol jonchés de leurs morts.

‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) regarda avec colère les murs d’Alexandrie qu’il avait conquis cinq ans auparavant après une très longue période et qui se dressait de nouveau imprenable devant lui et les Musulmans.

Cette fois, le siège ne dura pas longtemps. Après s’être mutuellement bombardé lourdement durant une certaine période, un jour un des portiers de la ville d’Alexandrie appelé Ibn Bassamah, approcha les Musulmans et leur fit une offre : si les Musulmans garantiraient sa sécurité, celle de sa famille et lui permettait de conserver sa propriété, il ouvrirait la porte aux Musulmans et les laisserait passer. La porte dont il était responsable était près du pont de Souleyman. ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) accepta l’offre du portier et la nuit et le temps pour l’assaut furent fixés.

Ibn Bassamah ouvrit sa porte au moment fixé et les Musulmans pénétrèrent dans la ville. Les Romains qui s’opposèrent aux Musulmans furent réduits en pièce et un rien de temps. La fureur des Musulmans fut terrible, décidés à infliger une telle punition aux Romains afin qu’ils n’osent jamais remettre les pieds en Egypte. Beaucoup de Romains s’échappèrent dans leurs navires mais un très grand nombre tomba lors de l’assaut.

Quelqu’un mentionna à ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) l’impuissance de l’ennemi et il ordonna immédiatement l’arrêt des combats.

La deuxième bataille d’Alexandrie était finie et la ville fut conquise une deuxième fois au cours de laquelle vingt-deux Musulmans seulement furent tués. Le général romain Manuel ayant perdu la bataille se suicida et Talma, l’instigateur du complot qui avait provoqué la campagne romaine pour prendre Alexandrie, fut capturé par les Musulmans.

Il fut ramené devant ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) qui, bien que coupable de la peine de mort, l’épargna et après l’avoir paré de somptueux vêtements, lui  dit : «  Va et apporte-nous une autre armée ». Mais ce dernier refusa.

 

 

En l’an 30 de l’Hégire (651), une puissante flotte de 600 navires commandée par l’empereur byzantin Constantin en personne attaqua de nouveau Alexandrie mais il s’ensuivit une bataille navale, la Batailles des Mâts, près du rivage et après un engagement féroce, la force navale musulmane commandée par ‘AbdAllah Ibn Sa’d battit les Byzantins comme nous allons le voir par la suite. L’empereur byzantin s’enfuit à Syracuse, où les gens exaspérés l’assassinèrent.

 

Suite à cette nouvelle excursion, les Musulmans décidèrent de renforcer la protection de la ville et l’enceinte externe fut démantelée bloc par bloc et un nouveaux plan fut mis en place pour la défense d’Alexandrie. ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) divisa l’armée en quatre groupes. Un groupe resta à Alexandrie pour protéger la ville et une autre surveilla la côte de l’Egypte, avec un roulement tous les six mois. Tandis que le reste de l’armée retourna à Fustat et se dispersa.



La conquête de l’Ifriqiyah 

Après la mort d’Héraclius, le chaos régna à Constantinople. Ses deux fils lui succédèrent, l’un après l’autre, mais tous les deux furent déposés.

En l’an 20 de l’hégire (641), le petit-fils d’Héraclius, Constans II, devint empereur et après une courte stabilité, il dut s’enfuit de Constantinople en Sicile où, en l’an 47 de l’Hégire (668), il fut assassiné dans son bain par un gardien.

Pendant le règne de Constans II, en l’an 27 de l’Hégire (647), quelques mois seulement avant que le Calife ‘Uthman Ibn ‘Affan (qu’Allah soit satisfait de lui) envoie une armée de Médine à Fustat, Grégoire rompit tous les liens avec l’empire et avec le soutien de la population locale de Carthage, se déclara roi et frappa des pièces à son propre nom.

Ainsi quand les Musulmans quittèrent Fustat pour l’Ifriqiyah au mois de Mouharram de l’année 27 de l’Hégire (647), ils envahirent le royaume du roi Grégoire qui s’étendait de Tripoli à Tanger. C’était un royaume puissant s’étalant sur plus de 3.500 kilomètres le long de la Côte méditerranéenne.

 

En l’an 25 de l’Hégire (646), le Calife ‘Uthman Ibn ‘Affan (qu’Allah soit satisfait de lui) nomma ‘AbdAllah Ibn Sa’d gouverneur d’Egypte avec pour mission de mener des excursions en Ifriqiyah (Afrique du Nord). Aussitôt que ‘AbdAllah Ibn Sa’d assit son pouvoir, il envoya des détachements aux confins de l’Egypte dans la région frontalière de la Lybie actuelle où la population locale était des Berbères.

‘AbdAllah écrivit au Calife, lui décrivit la situation sur les frontières de l’Egypte et lui demanda la permission de lancer une majeure campagne vers l’ouest.

 

A la fin de l’année 26 de l’Hégire (647), à Médine, ‘Uthman Ibn ‘Affan (qu’Allah soit satisfait de lui) convoqua un conseil de guerre et tous les grands Compagnons s’y rendirent. Les dernières nouvelles d’Egypte et la situation sur la frontière furent discutées et il fut unanimement reconnu que le temps était venu pour lancer une nouvelle offensive dans le cadre du Jihad fis-Sabilillah[4] et que les Musulmans devaient pénétrer en Ifriqiyah.

Les ordres furent donnés et bientôt des tribus entières affluèrent à Médine. Dix-mille combattants Musulmans dont la plus grande partie étaient de Qouraysh, des Mouhajirine et des Ansars[5], répondirent à l’appel du Calife pour participer au combat dans la voie d’Allah, la meilleure œuvre d’adoration du Seigneur et la plus récompensée : le martyr avec le paradis assuré et la gloire absolue le Jour du jugement ou la victoire et le bien de ce monde et de l’au-delà pour celui dont les pieds se seront couverts de poussières et qui n’entreront jamais en enfer, s’il était bien évidemment sincère.

Parmi les respectables Compagnons, se trouvait Ma’bad Ibn ‘Abbas, un cousin du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui), deux fils du défunt Calife ‘AbdAllah et ‘Oubaydallah Ibn ‘Omar Ibn al-Khattab et ‘AbdAllah Ibn Zoubayr Ibn al-‘Awwam, ‘AbdAllah Ibn ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait d’eux).

Avant le départ de l’expédition, le Calife ‘Uthman (qu’Allah soit satisfait de lui) leur rappela leurs devoirs de Musulmans, de l’obligation religieuse du combat dans la voie d’Allah et leur souhaita le bien. Il donna le commandement provisoire de l’armée à Harith Ibn al-Hakam jusqu’à ce qu’il arrive en Egypte après quoi ‘AbdAllah Ibn Sa’d prendrait le commandement général de l’armée unifiée avec celle d’Egypte.

 

Au mois de Mouharram de l’année 27 de l’Hégire (647), l’armée quitta Médine et rejoignit le reste de l’armée des Musulmans à Fustat ou le total de l’armée s’éleva à 20.000 combattants.

 

Peu de temps après, ‘AbdAllah Ibn Abi as-Sarh à la tête de l’armée quitta Fustat, traversa le Nil et après avoir dépassé Alexandrie, s’enfonça dans le désert, jamais vraiment loin de la côte méditerranéenne.

Après quelques semaines de marche, la colonne arriva à Barqah[6] ou elle stationna quelques temps avant de s’enfoncer de nouveau vers l’ouest, au mois de Joumadah al-Awwal de l’année 27 de l’Hégire (648), vers Tripoli le bastion du Roi Grégoire.

 

La Bataille de Soubateylah 

Les Musulmans passèrent par Benghazi et arrivèrent au milieu du mois Joumadah Thani devant Tripoli ou ils mirent le siège. Ce fut une répétition des opérations de ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui), quand il investit la ville en l’an 22 de l’Hégire (642), et qu’un groupe de Musulmans découvrit un passage non gardé près de la plage qui leur permit d’entrer dans la ville et d’ouvrir les portes pour l’armée.

De nouveau les Musulmans assiégèrent la ville et comme cinq ans auparavant l’ouverture de la ville près de la plage s’y trouvait encore. Par conséquent les Musulmans placèrent de chaque côté du port des détachements armés qui finirent par stopper tout le trafic fluvial d’approvisionnement.

 

Dans son palais à Soubateylah, Le roi Grégoire fut informé de l’arrivée des Musulmans à Tripoli et de la mise en place du siège à la ville. Sa réaction fut immédiate. Le royaume était menacé et il devait agir vite pour le défendre. Il faudrait un certain temps pour réunir une armée capable de faire face à l’envahisseur mais plus important l’avance musulmane devait être retardée jusqu’à ce que les préparations soient achevées. Pour s’assurer que les Musulmans resteraient occupés par le siège de Tripoli et pour éviter sa chute, il envoya un groupe de soutien par la mer.

Lorsque les Romains débarquèrent, ils ne remarquèrent pas les Musulmans qui tombèrent sur eux à l’improviste, les réduisirent en pièces avant même qu’ils ne réalisent ce qu’ils leur arrivaient et le siège se poursuivit.

Suite à cela, les Musulmans resserrèrent le blocus naval et ‘AbdAllah Ibn Sa’d envoya une avant-garde vers Soubateylah pour surveiller tout mouvement suspect venant de l’ouest.

Le plan de Grégoire ayant échoué, ce dernier accéléra ses préparatifs et bientôt une très grande armée de 120.000 homme fut enfin prête pour la bataille.

‘AbdAllah Ibn Sa’d quant à lui, assembla la majeure partie de son armée et se dirigea vers l’ouest où après plusieurs jours de marche, il passa près de Gabès et poursuivit sa marche vers Soubateylah.

Le roi Grégoire informé de son avance, assembla toutes ses forces et quitta Soubateylah avec l’intention de s’opposer à l’avance musulmane bien en avant de la ville. Les Romains arrivèrent à Fayz, à une cinquantaine de kilomètres de Soubateylah,  ou ils établirent leur camp.

Puis Grégoire envoya une partie de son armée en avant comme une force tampon pour couvrir ses préparations pour la bataille principale qu’il avait l’intention de mener ici. Mais le camp était à peine établit quand l’avant-garde musulmane arriva et attaqua aussitôt le détachement qui après un bref affrontement fut repoussé dans le camp romain principal.

Suite à ce bref accrochage, le roi Grégoire changea d’avis et ordonna un retrait vers Soubateylah. Le retrait romain s’effectua sans autre incident de Fayz et à une dizaine de kilomètres de leur objectif, l’armée romaine fit volteface et se déploya en formation pour la bataille dans un endroit plus idéal et plus proche de leur base.

Peu après, les Musulmans arrivèrent, établirent leur camp et conformément à la loi musulmane, ‘AbdAllah Ibn Sa’d envoya au roi Grégoire une délégation l’invitant à embrasser l’Islam ou, pour éviter de répandre le sang, de payer la Jizyah (impôt de guerre) et de se placer sous le pouvoir des Musulmans. Les offres furent rejetées par le roi et les envoyés musulmans retournèrent dans leur camp, l’issue devrait être décidée sur le champ de bataille.

Les deux armées se firent alors face et celle des romains était la plus imposante des deux. Le roi Grégoire avait un grand trône qu’il avait fait préparer à l’arrière de ses troupes près d’une élévation qui lui permettait une bonne observation du champ de bataille. Son personnel et ses conseillers étaient présent et un certain nombre de chevaux était gardé prêt pour lui et ses officiers. Quand il s’assit sur son trône, deux servantes le couvrirent d’une ombrelle de plumes de paons pour le protéger des rayons ardents du soleil d’été. Derrière lui, une grande plate-forme avait été érigée pour les membres de sa famille dont sa fille et ses servantes ainsi que pour ceux qui désiraient regarder la bataille.

 

La bataille commença en l’an 27 de l’Hégire (647). A l’aube, les deux armées s’affrontaient jusqu’au milieu du jour et quand la chaleur devenait écrasante, chacune retournait dans son camp pour le reste de la journée. Le jour suivant ce processus se  répétait et continua ainsi durant plusieurs jours sans aucun avantage marquant pour les armées quand le roi Grégoire eut l’idée d’offrir sa fille Sabiyyah en mariage au champion qui viendrait à bout du général des Musulmans.

Le général byzantin (al-batriq) ou roi Grégoire ou Grégorius (jarjis) annonça alors : « Par le Messie et la foi chrétienne, s’il en est un parmi vous qui tuera le commandant des Arabes, je le marierai à ma fille, lui offrirais 100.000 pièces d’or et il aura une position près de moi que nul autre ne pourra atteindre ».

Les nouvelles de cette offre parvinrent à ‘AbdAllah Ibn Sa’d (qu’Allah soit satisfait de lui) qui dit à son tour : « Celui qui tuera Grégoire aura sa fille et tout ce qu’elle a ».

Au cour de la bataille qui s’ensuivit et comme toutes les autres, ‘AbdAllah Ibn Zoubayr (qu’Allah soit satisfait de lui) déploya un le maximum d’effort au cours de la bataille et tua le roi Grégoire lors de la fameuse histoire ou il demanda : « Qui protègera mes arrières ? » Puis, il quitta le rang des Musulmans, pénétra la défense romaine qu’il traversa jusqu’au arrière ou se trouvait Grégoire assit sur un trône tandis qu’un esclave près de lui tenait une ombrelle au-dessus de sa tête. ‘AbdAllah Ibn Zoubayr (qu’Allah soit satisfait de lui) s’approcha de lui, lui trancha la tête, Kabbara (dire Allahou Akbar) et l’éleva à la pointe d’une lance semant la panique dans les rangs des romains.

L’armée romaine fut alors écrasée et détruite au cours de cette fameuse bataille qui fut nommée la bataille de Soubateylah.

La ville de Soubateylah fut prise comme prix de guerre et un immense butin fut pris par les Musulmans. Chaque cavalier reçut deux-mille dinars et chaque fantassin mille dinars.

 

Aussitôt après la capture de Soubateylah, ‘AbdAllah Ibn Sa’d réunit l’armée musulmane et marcha sur Carthage qu’il assiégea. Peu de temps après, les habitants de la ville cherchèrent à conclure la paix et ‘AbdAllah Ibn S’ad accepta. Les termes du traité furent établis en conséquence et signés. Alors, au début de l’année 28 de l’Hégire (648), après une expédition de presque trois mois, l’armée musulmane retourna à Fustat.

L’Ifriqiyah, une nouvelle fois conquise fut laissée mais cette fois-ci après avoir mis pratiquement fin à huit siècles de présence romaine.



[1] Le Soudan dont il est mention ici ne correspond pas au Soudan actuel mais Soudan signifie le pays des Soud ou des Noirs. Donc toutes les régions ou se trouvaient ces peuples étaient appelées Soudan. Le pays dont il est question ici est la Nubie.

[2] Pentapoles.

[3] Mafariqah signifie division, rupture.

[4] Jihad fis-Sabilillah : Lutte ou combat dans le Sentier d’Allah et à tord traduit par « guerre sainte » dans tous les livres y comprit ceux des Musulmans. Guerre Sainte se dit en arabe « harb qoudoussiyah » et n’a donc rien à avoir avec « jihad fis-sabilillah ». Les termes guerre sainte, sainte foi catholique, sainte croisade sont des termes employés par la papauté pour lever les masses populaires pour combattre les Musulmans. Il n’y a donc en Islam ni de sainte guerre, ni de sainte foi islamique et ni de sainte croisade. Jihad fis-sabilillah veut dire donc faire des efforts ou combattre dans la voie d’Allah pour que Sa Parole soit élevée.

Le Calife ‘Uthman Ibn ‘Affan et les Compagnons  (qu’Allah soit satisfait d’eux) ont donc décidé que le moment était venu de poursuivre la propagation de la religion islamique. 

[5] Al-Mouhajirine (les émigrants) est un terme arabe utilisé pour décrire les premiers Musulmans qui suivirent le Prophète Muhammad (Saluts et bénédictions d’Allah sur lui) lors de ​​son Hégire (hijrah, retrait de la Mecque à Médine). Les premiers Musulmans de Médine sont appelés les Ansars (al-ansar, les Aides).

[6] Pentapoles était la capitale de la province de Cyrénaïque.