Après
son retour à Fustat, en l’an 21 de l’Hégire (641), ‘Amr Ibn al-‘As
(qu’Allah soit satisfait de lui) envoya quatre unités de son armée
vers différentes directions pour s’assurer qu’aucun élément hostile
ne lui avait échappé et aussi pour affermir fermement les
populations locales sous le contrôle des Musulmans.
Une
de ces unités patrouilla la région d’Héliopolis et ses environs, une
autre fut envoyée à Fayyoum et d’autres parties de l’Egypte
Supérieure, une partie à Dimyat et Tinnis tandis que la quatrième se
rendit vers l’Egypte Inférieure. Toutes ces unités ne rencontrèrent
aucune résistance et le pays entier tomba pacifiquement sous le
contrôle des Musulmans.
Cette
même année, ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) se
tourna vers une région ou les Musulmans ne s’étaient jamais
aventurés auparavant. Il envoya une expédition sous le commandent de
son jeune cousin ‘Ouqbah Ibn Nafi’ vers le sud de l’Egypte pour
découvrir de nouvelles terres et annexer le nouveau territoire.
Les
Musulmans entrèrent en contact avec de farouches et excellent
archers noirs et après plusieurs affrontements sans succès pour les
Musulmans, ‘Ouqbah retourna en Egypte. Et ce n’est que plus tard,
que les Musulmans retourneront au Soudan avec d’autres intentions.
La conquête de Barqah et de Tripoli
L’année 21 de l’Hégire touchait à sa fin quand ‘Amr Ibn al-‘As
(qu’Allah soit satisfait de lui) leva son armée et marcha vers
l’ouest.
Après
un mois de marche, l’armée arriva à Barqah[2],
une ville près de la Côte méditerranéenne, qui était encore sous le
contrôle des Romains mais qui n’avait aucune garnison pour la
défense.
Les
habitants de Barqah firent la paix avec ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah
soit satisfait de lui) sous l’agrément du paiement de la Jizyah.
‘Amr
Ibn al-‘As envoya un détachement de son armée sous le commandement
de ‘Ouqbah Ibn Nafi’ qui soumit paisiblement la région ouest et
Zawilah. Les Musulmans trouvèrent les habitants de la région bien
respectueux des lois et réguliers dans le paiement de la Jizyah si
bien que ‘Amr dispensa une partie des revenus pour les pauvres de la
région.
Après
le retour de ‘Ouqbah, ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de
lui) reprit sa marche jusqu’à Tripoli ou il assiégea la ville dans
laquelle se trouvait une garnison Romaine qui avait libre accès à la
mer.
‘Amr
Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) établit son camp à l’est
de la ville, sur un monticule qui lui permettait d’avoir une vue
globale de la région et d’où il pouvait bloquer les routes
d’accès.
Le
siège durait depuis déjà deux mois quand un jour, un groupe de huit
Musulmans quitta matinalement le camp pour aller chasser du côté
ouest de la ville. Sur leur route de retour et longeant la côte, ils
arrivèrent derrière la ville, là où la muraille rencontrait la mer.
Ils aperçurent une ouverture qui n’était pas gardée. Ils
effectuèrent alors une mission de reconnaissance pour s’apercevoir
qu’il n’existait aucun autre mur de protection entre la ville et la
mer et qu’ils pouvaient facilement accéder à la ville de ce côté, où
un certain nombre de navires romains étaient ancrés.
Ils
pénétrèrent dans la ville et avant que les Romains ne réalisent ce
qui était arrivé, ils tirèrent leurs sabres et crièrent profusément
le cri de guerre des Musulmans Allahou Akbar. Il s’ensuivit
une grande panique dans la ville. Un grand nombre de soldats
romains, croyant que les Musulmans avaient pénétré la ville
cherchèrent le refuge dans leur navire et s’enfuirent.
‘Amr
Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) entendit le cri des
Musulmans de l’extérieur et lanca aussitôt une attaque. Les portes
furent ouvertes et l’armée des Musulmans pénétra dans la ville. Les
Romains s’enfuirent avec ce qu’ils purent emporter et les Musulmans
prirent la ville comme prix de guerre.
Pendant la nuit qui suivit, ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait
de lui) envoya un régiment de cavalerie à Sabrata, à une
cinquantaine de kilomètres à l’ouest. Tôt le matin, lorsque les
habitants de Sabrata ouvrirent les portes de la ville pour sortir
paître leur bétail, les Musulmans déferlèrent sur eux, tuèrent la
garnison romaine et soumirent la ville en très peu de temps avant de
revenir victorieux à Tripoli.
Quelques jours après la chute de Tripoli et de Sabrata, ‘Amr Ibn
al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) écrivit au Calife : « Allah
à Lui les Louanges et la Gloire, nous
a donné Tripoli qui est à seulement neuf jours de l’Ifriqiyah. Si le
Commandant des Croyants désire poursuivre la guerre et la conquérir,
il peut le faire ainsi ».
-
« Non, ce n’est pas Ifriqiyah, mais Mafariqah[3] »
lui répondit le Calife (qu’Allah soit satisfait de lui), « c’est
périlleux et personne n’y mènera de guerre durant mon vivant ».
Alors
les Musulmans revinrent en Egypte.
En
l’an 23 de l’Hégire (643), ‘Omar divisa l’Egypte en deux provinces
distinctes. Il nomma ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de
lui) gouverneur militaire et régional pour la province nord ayant
pour capitale Fustat et ‘AbdAllah Ibn Sa’d Ibn Abi as-Sarh,
gouverneur militaire et régional de l’Egypte du sud avec son
quartier général à Fayyoum.
Au
début de l’année 24 de l’Hégire (644), Avec l’accession au califat
de ‘Uthman Ibn al-‘Affan Dzoul Nourrayn (qu’Allah soit satisfait de
lui) après l’assassinat de ‘Omar Ibn al-Khattab (qu’Allah soit
satisfait de lui), ‘AbdAllah Ibn Sa’d Ibn Abi as-Sarh, le
frère de lait du nouveau Calife, devint le gouverneur de toute
l’Egypte après le désistement de ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit
satisfait de lui).
La deuxième conquête d’Alexandrie
Les
Romains à Alexandrie qui se soumirent aux lois musulmanes après la
chute de la ville étaient loin d’être des sujets loyaux exactement
comme leur contemporain et comme ils le furent tout au long de
l’histoire. Ceux qui purent s’échapper à Byzance le firent mais plus
de 150.000 restèrent dans la ville. Selon les coutumes de guerre,
ils étaient techniquement des captifs, ainsi que leur famille et les
Musulmans avaient le droit de les prendre en esclavage. Mais les
conquérants musulmans montrèrent une extrême gentillesse à leur
égard et les autorisèrent à garder leurs maisons, leur richesse et
leur famille. Ils pourraient mener leurs vies normalement et avaient
la liberté complète de culte, en échange de deux dinars par an et
par mâle adulte. Mais les Romains restèrent ingrats et des sujets
déloyaux.
Ils
commencèrent à comploter contre les Musulmans et bientôt une grande
force fut constituée, armée, équipée, embarquée sur une flotte de
300 navires et envoyée vers Alexandrie sous le commandement d’un
général romain du nom de Manuel.
Au
début de l’année 25 de l’Hégire (645), la flotte romaine entra dans
le port d’Alexandrie et débarqua ses légions. Les Musulmans
n’étaient pas en nombre suffisant pour défendre une si grande ville
et bien qu’une grande partie d’entre eux périrent, beaucoup de
Musulmans ont pu s’échapper et rapporter les nouvelles à Fustat.
Le
troisième Calife ‘Uthman Ibn ‘Affan (qu’Allah soit satisfait de lui)
informé renomma ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui)
gouverneur militaire et régional d’Egypte avec pour mission de
chasser les Romains d’Egypte et de rétablir fermement le pouvoir
musulman.
Durant ce temps, les Romains avaient rétablit leur contrôle sur
Alexandrie et toutes les régions avoisinantes et accumulé une force
considérable avant de marcher vers Fustat.
Les
Romains étaient à mi-chemin de Fustat quand ‘Amr Ibn al-‘As
(qu’Allah soit satisfait de lui) se mit en marche avec une armée de
15.000 hommes et avança le long de la rive est du Nil en direction
d’Alexandrie.
Le
jour suivant, au contact des Romains, ils se déployèrent pour la
bataille sur la rive droite du Nil, la cavalerie sous le
commandement de Sharik Ibn Soumayy.
Une
grande partie des romains s’embarqua alors sur des berges et lorsque
ceux qui étaient restés au sol finirent par se déployer, ils se
mirent simultanément en marche. Quand l’infanterie romaine jugea les
Musulmans à portée de tir, les légions stoppèrent leur marche et
arrosèrent d’un lourd barrage de flèches les Musulmans tandis que le
groupe embarqué poursuivit sa navigation le long du flanc musulman.
Alors, à leur tour, ils couvrirent les Musulmans d’une pluie de
flèches si bien que ces derniers se retrouvèrent assaillit de deux
côtés. La plupart d’entre eux se mirent à l’abri derrière leurs
boucliers contre le feu frontal exposant leur flanc gauche.
Les
Musulmans souffrirent cruellement du feu croisé des romains et
particulièrement la cavalerie de Sharik Ibn Soumayy qui était au
contact direct de l’ennemi et qui subit les plus lourdes pertes.
Alors
la flottille romaine navigua en arrière du flanc des Musulmans,
débarqua près du corps principal de leur armée et rangs après rangs
reprirent leur formation de bataille. Lorsqu’elle fut enfin achevée,
l’armée romaine tira de nouveau sur les Musulmans un nouveau barrage
de flèches, comme une mortelle pluie de grêle.
Les
Romains pensant que les Musulmans seraient maintenant incapables de
supporter une charge, cessèrent de lancer des flèches, avancèrent et
attaquèrent les Musulmans qui reculèrent tactiquement pour se
libérer de l’étau romain. Après avoir parcouru une courte distance,
ils s’arrêtèrent et rétablirent leurs rangs tandis que les romains
stoppèrent leur avance.
Un
officier romain monté sur un superbe cheval et habillé
somptueusement d’une armure cloutée d’or, émergea des rangs romain
et lanca un défi général pour un combat singulier. Le défi fut
reprit par Houmal Abou Mazhij qui était un Arabe mince
et maigre, connut pour son courage et son habileté et qui s’était
distingué plusieurs fois dans la bataille.
Les
deux hommes s’affrontèrent dans l’espace entre les deux armées
pendant longtemps avec leur lance, sans aucun gain. Alors l’officier
romain laissa tomber sa lance et tira son épée suivit par Houmal.
Le Romain, qui était plus grand et plus fort, lanca un furieux
assaut et fut capable de blesser gravement le Musulman. Puis, il
plongea sur son adversaire pour le saisir avec ses mains nues mais
le Musulman eut juste assez de temps pour tirer sa dague et la lui
plongea dans la gorge. Le grand romain tomba foudroyé et mourut
aussitôt.
Quelques jours plus tard Houmal mourut aussi des suites de
ses blessures et ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui)
fut peiné par sa perte et prit part au transport de sa dépouille et
au rite funéraire.
Lorsque Houmal remporta le duel, les Musulmans étaient de
nouveau prêts pour la bataille tandis que Sharik avec reprit sa
position sur le flanc gauche devant le corps central de l’armée des
Musulmans. Alors ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui)
donna le signal de la contre-offensive et l’ensemble de l’armée
musulmane plongea sur l’armée ennemie et la bataille générale eut
lieu.
La
bataille fit rage durant quelque temps, les Musulmans attaquant
violemment et les romains supportant le choc de l’attaque jusqu’à ce
que les légions perdent leur homogénéité et que des brèches
apparaissent dans leur défense et par lesquelles les Musulmans
s’enfoncèrent dans leur centre. L’assaut des guerriers du désert
augmenta en violence et en férocité et l’armée romaine se brisa et
s’enfuit.
Les
Musulmans bondirent à leur poursuite et elle ne s’arrêta que lorsque
le dernier des romains entra à l’abri dans la forteresse, laissant
derrière eux le sol jonchés de leurs morts.
‘Amr
Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) regarda avec colère les
murs d’Alexandrie qu’il avait conquis cinq ans auparavant après une
très longue période et qui se dressait de nouveau imprenable devant
lui et les Musulmans.
Cette
fois, le siège ne dura pas longtemps. Après s’être mutuellement
bombardé lourdement durant une certaine période, un jour un des
portiers de la ville d’Alexandrie appelé Ibn Bassamah, approcha les
Musulmans et leur fit une offre : si les Musulmans garantiraient sa
sécurité, celle de sa famille et lui permettait de conserver sa
propriété, il ouvrirait la porte aux Musulmans et les laisserait
passer. La porte dont il était responsable était près du pont de
Souleyman. ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) accepta
l’offre du portier et la nuit et le temps pour l’assaut furent
fixés.
Ibn
Bassamah ouvrit sa porte au moment fixé et les Musulmans pénétrèrent
dans la ville. Les Romains qui s’opposèrent aux Musulmans furent
réduits en pièce et un rien de temps. La fureur des Musulmans fut
terrible, décidés à infliger une telle punition aux Romains afin
qu’ils n’osent jamais remettre les pieds en Egypte. Beaucoup de
Romains s’échappèrent dans leurs navires mais un très grand nombre
tomba lors de l’assaut.
Quelqu’un mentionna à ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de
lui) l’impuissance de l’ennemi et il ordonna immédiatement l’arrêt
des combats.
La
deuxième bataille d’Alexandrie était finie et la ville fut conquise
une deuxième fois au cours de laquelle vingt-deux Musulmans
seulement furent tués. Le général romain Manuel ayant perdu la
bataille se suicida et Talma, l’instigateur du complot qui avait
provoqué la campagne romaine pour prendre Alexandrie, fut capturé
par les Musulmans.
Il
fut ramené devant ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui)
qui, bien que coupable de la peine de mort, l’épargna et après
l’avoir paré de somptueux vêtements, lui
dit : « Va et
apporte-nous une autre armée ». Mais ce dernier refusa.
En
l’an 30 de l’Hégire (651), une puissante flotte de 600 navires
commandée par l’empereur byzantin Constantin en personne attaqua de
nouveau Alexandrie mais il s’ensuivit une bataille navale, la
Batailles des Mâts, près du rivage et après un engagement féroce, la
force navale musulmane commandée par ‘AbdAllah Ibn Sa’d battit les
Byzantins comme nous allons le voir par la suite. L’empereur
byzantin s’enfuit à Syracuse, où les gens exaspérés l’assassinèrent.
Suite
à cette nouvelle excursion, les Musulmans décidèrent de renforcer la
protection de la ville et l’enceinte externe fut démantelée bloc par
bloc et un nouveaux plan fut mis en place pour la défense
d’Alexandrie. ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui)
divisa l’armée en quatre groupes. Un groupe resta à Alexandrie pour
protéger la ville et une autre surveilla la côte de l’Egypte, avec
un roulement tous les six mois. Tandis que le reste de l’armée
retourna à Fustat et se dispersa.
Après
la mort d’Héraclius, le chaos régna à Constantinople. Ses deux fils
lui succédèrent, l’un après l’autre, mais tous les deux furent
déposés.
En
l’an 20 de l’hégire (641), le petit-fils d’Héraclius, Constans II,
devint empereur et après une courte stabilité, il dut s’enfuit de
Constantinople en Sicile où, en l’an 47 de l’Hégire (668), il fut
assassiné dans son bain par un gardien.
Pendant le règne de Constans II, en l’an 27 de l’Hégire (647),
quelques mois seulement avant que le Calife ‘Uthman Ibn ‘Affan
(qu’Allah soit satisfait de lui) envoie une armée de Médine à
Fustat, Grégoire rompit tous les liens avec l’empire et avec le
soutien de la population locale de Carthage, se déclara roi et
frappa des pièces à son propre nom.
Ainsi
quand les Musulmans quittèrent Fustat pour l’Ifriqiyah au mois de
Mouharram de l’année 27 de l’Hégire (647), ils envahirent le
royaume du roi Grégoire qui s’étendait de Tripoli à Tanger. C’était
un royaume puissant s’étalant sur plus de 3.500 kilomètres le long
de la Côte méditerranéenne.
En
l’an 25 de l’Hégire (646), le Calife ‘Uthman Ibn ‘Affan (qu’Allah
soit satisfait de lui) nomma ‘AbdAllah Ibn Sa’d gouverneur d’Egypte
avec pour mission de mener des excursions en Ifriqiyah (Afrique du
Nord). Aussitôt que ‘AbdAllah Ibn Sa’d assit son pouvoir, il envoya
des détachements aux confins de l’Egypte dans la région frontalière
de la Lybie actuelle où la population locale était des Berbères.
‘AbdAllah écrivit au Calife, lui décrivit la situation sur les
frontières de l’Egypte et lui demanda la permission de lancer une
majeure campagne vers l’ouest.
A la
fin de l’année 26 de l’Hégire (647), à Médine, ‘Uthman Ibn ‘Affan
(qu’Allah soit satisfait de lui) convoqua un conseil de guerre et
tous les grands Compagnons s’y rendirent. Les dernières nouvelles
d’Egypte et la situation sur la frontière furent discutées et il fut
unanimement reconnu que le temps était venu pour lancer une nouvelle
offensive dans le cadre du Jihad fis-Sabilillah[4]
et
que les Musulmans devaient pénétrer en Ifriqiyah.
Les
ordres furent donnés et bientôt des tribus entières affluèrent à
Médine. Dix-mille combattants Musulmans dont la plus grande partie
étaient de Qouraysh, des Mouhajirine et des
Ansars[5],
répondirent à l’appel du Calife pour participer au combat dans la
voie d’Allah, la meilleure œuvre d’adoration du Seigneur et la plus
récompensée : le martyr avec le paradis assuré et la gloire absolue
le Jour du jugement ou la victoire et le bien de ce monde et de
l’au-delà pour celui dont les pieds se seront couverts de poussières
et qui n’entreront jamais en enfer, s’il était bien évidemment
sincère.
Parmi
les respectables Compagnons, se trouvait Ma’bad Ibn ‘Abbas, un
cousin du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui), deux
fils du défunt Calife ‘AbdAllah et ‘Oubaydallah Ibn ‘Omar Ibn
al-Khattab et ‘AbdAllah Ibn Zoubayr Ibn al-‘Awwam, ‘AbdAllah Ibn
‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait d’eux).
Avant
le départ de l’expédition, le Calife ‘Uthman (qu’Allah soit
satisfait de lui) leur rappela leurs devoirs de Musulmans, de
l’obligation religieuse du combat dans la voie d’Allah et leur
souhaita le bien. Il donna le commandement provisoire de l’armée à
Harith Ibn al-Hakam jusqu’à ce qu’il arrive en Egypte après
quoi ‘AbdAllah Ibn Sa’d prendrait le commandement général de l’armée
unifiée avec celle d’Egypte.
Au
mois de Mouharram de l’année 27 de l’Hégire (647), l’armée
quitta Médine et rejoignit le reste de l’armée des Musulmans à
Fustat ou le total de l’armée s’éleva à 20.000 combattants.
Peu
de temps après, ‘AbdAllah Ibn Abi as-Sarh à la tête de
l’armée quitta Fustat, traversa le Nil et après avoir dépassé
Alexandrie, s’enfonça dans le désert, jamais vraiment loin de la
côte méditerranéenne.
Après
quelques semaines de marche, la colonne arriva à Barqah[6]
ou elle stationna quelques temps avant de s’enfoncer de nouveau vers
l’ouest, au mois de Joumadah al-Awwal de l’année 27 de l’Hégire
(648), vers Tripoli le bastion du Roi Grégoire.
Les
Musulmans passèrent par Benghazi et arrivèrent au milieu du mois
Joumadah Thani devant Tripoli ou ils mirent le siège. Ce fut une
répétition des opérations de ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit
satisfait de lui), quand il investit la ville en l’an 22 de l’Hégire
(642), et qu’un groupe de Musulmans découvrit un passage non gardé
près de la plage qui leur permit d’entrer dans la ville et d’ouvrir
les portes pour l’armée.
De
nouveau les Musulmans assiégèrent la ville et comme cinq ans
auparavant l’ouverture de la ville près de la plage s’y trouvait
encore. Par conséquent les Musulmans placèrent de chaque côté du
port des détachements armés qui finirent par stopper tout le trafic
fluvial d’approvisionnement.
Dans
son palais à Soubateylah, Le roi Grégoire fut informé de l’arrivée
des Musulmans à Tripoli et de la mise en place du siège à la ville.
Sa réaction fut immédiate. Le royaume était menacé et il devait agir
vite pour le défendre. Il faudrait un certain temps pour réunir une
armée capable de faire face à l’envahisseur mais plus important
l’avance musulmane devait être retardée jusqu’à ce que les
préparations soient achevées. Pour s’assurer que les Musulmans
resteraient occupés par le siège de Tripoli et pour éviter sa chute,
il envoya un groupe de soutien par la mer.
Lorsque les Romains débarquèrent, ils ne remarquèrent pas les
Musulmans qui tombèrent sur eux à l’improviste, les réduisirent en
pièces avant même qu’ils ne réalisent ce qu’ils leur arrivaient et
le siège se poursuivit.
Suite
à cela, les Musulmans resserrèrent le blocus naval et ‘AbdAllah Ibn
Sa’d envoya une avant-garde vers Soubateylah pour surveiller tout
mouvement suspect venant de l’ouest.
Le
plan de Grégoire ayant échoué, ce dernier accéléra ses préparatifs
et bientôt une très grande armée de 120.000 homme fut enfin prête
pour la bataille.
‘AbdAllah Ibn Sa’d quant à lui, assembla la majeure partie de son
armée et se dirigea vers l’ouest où après plusieurs jours de marche,
il passa près de Gabès et poursuivit sa marche vers Soubateylah.
Le
roi Grégoire informé de son avance, assembla toutes ses forces et
quitta Soubateylah avec l’intention de s’opposer à l’avance
musulmane bien en avant de la ville. Les Romains arrivèrent à Fayz,
à une cinquantaine de kilomètres de Soubateylah,
ou ils établirent leur camp.
Puis
Grégoire envoya une partie de son armée en avant comme une force
tampon pour couvrir ses préparations pour la bataille principale
qu’il avait l’intention de mener ici. Mais le camp était à peine
établit quand l’avant-garde musulmane arriva et attaqua aussitôt le
détachement qui après un bref affrontement fut repoussé dans le camp
romain principal.
Suite
à ce bref accrochage, le roi Grégoire changea d’avis et ordonna un
retrait vers Soubateylah. Le retrait romain s’effectua sans autre
incident de Fayz et à une dizaine de kilomètres de leur objectif,
l’armée romaine fit volteface et se déploya en formation pour la
bataille dans un endroit plus idéal et plus proche de leur base.
Peu
après, les Musulmans arrivèrent, établirent leur camp et
conformément à la loi musulmane, ‘AbdAllah Ibn Sa’d envoya au roi
Grégoire une délégation l’invitant à embrasser l’Islam ou, pour
éviter de répandre le sang, de payer la Jizyah (impôt de
guerre) et de se placer sous le pouvoir des Musulmans. Les offres
furent rejetées par le roi et les envoyés musulmans retournèrent
dans leur camp, l’issue devrait être décidée sur le champ de
bataille.
Les
deux armées se firent alors face et celle des romains était la plus
imposante des deux. Le roi Grégoire avait un grand trône qu’il avait
fait préparer à l’arrière de ses troupes près d’une élévation qui
lui permettait une bonne observation du champ de bataille. Son
personnel et ses conseillers étaient présent et un certain nombre de
chevaux était gardé prêt pour lui et ses officiers. Quand il s’assit
sur son trône, deux servantes le couvrirent d’une ombrelle de plumes
de paons pour le protéger des rayons ardents du soleil d’été.
Derrière lui, une grande plate-forme avait été érigée pour les
membres de sa famille dont sa fille et ses servantes ainsi que pour
ceux qui désiraient regarder la bataille.
La
bataille commença en l’an 27 de l’Hégire (647). A l’aube, les deux
armées s’affrontaient jusqu’au milieu du jour et quand la chaleur
devenait écrasante, chacune retournait dans son camp pour le reste
de la journée. Le jour suivant ce processus se
répétait et continua ainsi
durant plusieurs jours sans aucun avantage marquant pour les armées
quand le roi Grégoire eut l’idée d’offrir sa fille Sabiyyah en
mariage au champion qui viendrait à bout du général des Musulmans.
Le
général byzantin (al-batriq) ou roi Grégoire ou Grégorius (jarjis)
annonça alors : « Par le Messie et la foi chrétienne, s’il en est un
parmi vous qui tuera le commandant des Arabes, je le marierai à ma
fille, lui offrirais 100.000 pièces d’or et il aura une position
près de moi que nul autre ne pourra atteindre ».
Les
nouvelles de cette offre parvinrent à ‘AbdAllah Ibn Sa’d (qu’Allah
soit satisfait de lui) qui dit à son tour : « Celui qui tuera
Grégoire aura sa fille et tout ce qu’elle a ».
Au
cour de la bataille qui s’ensuivit et comme toutes les autres,
‘AbdAllah Ibn Zoubayr (qu’Allah soit satisfait de lui) déploya un le
maximum d’effort au cours de la bataille et tua le roi Grégoire lors
de la fameuse histoire ou il demanda : « Qui protègera mes arrières
? » Puis, il quitta le rang des Musulmans, pénétra la défense
romaine qu’il traversa jusqu’au arrière ou se trouvait Grégoire
assit sur un trône tandis qu’un esclave près de lui tenait une
ombrelle au-dessus de sa tête. ‘AbdAllah Ibn Zoubayr (qu’Allah soit
satisfait de lui) s’approcha de lui, lui trancha la tête, Kabbara
(dire Allahou Akbar) et l’éleva à la pointe d’une lance semant la
panique dans les rangs des romains.
L’armée romaine fut alors écrasée et détruite au cours de cette
fameuse bataille qui fut nommée la bataille de Soubateylah.
La
ville de Soubateylah fut prise comme prix de guerre et un immense
butin fut pris par les Musulmans. Chaque cavalier reçut deux-mille
dinars et chaque fantassin mille dinars.
Aussitôt après la capture de Soubateylah, ‘AbdAllah Ibn Sa’d réunit
l’armée musulmane et marcha sur Carthage qu’il assiégea. Peu de
temps après, les habitants de la ville cherchèrent à conclure la
paix et ‘AbdAllah Ibn S’ad accepta. Les termes du traité furent
établis en conséquence et signés. Alors, au début de l’année 28 de
l’Hégire (648), après une expédition de presque trois mois, l’armée
musulmane retourna à Fustat.
L’Ifriqiyah, une nouvelle fois conquise fut laissée mais cette
fois-ci après avoir mis pratiquement fin à huit siècles de présence
romaine.
[1]
Le Soudan dont il est mention ici ne correspond pas au
Soudan actuel mais Soudan signifie le pays des Soud ou des
Noirs. Donc toutes les régions ou se trouvaient ces peuples
étaient appelées Soudan. Le pays dont il est question ici
est la Nubie.
[2]
Pentapoles.
[3]
Mafariqah signifie division, rupture.
[4]
Jihad fis-Sabilillah : Lutte ou combat dans le
Sentier d’Allah et à tord traduit par « guerre sainte » dans
tous les livres y comprit ceux des Musulmans. Guerre Sainte
se dit en arabe « harb qoudoussiyah » et n’a
donc rien à avoir avec « jihad fis-sabilillah ». Les
termes guerre sainte, sainte foi catholique, sainte croisade
sont des termes employés par la papauté pour lever les
masses populaires pour combattre les Musulmans. Il n’y a
donc en Islam ni de sainte guerre, ni de sainte foi
islamique et ni de sainte croisade. Jihad fis-sabilillah
veut dire donc faire des efforts ou combattre dans la voie
d’Allah pour que Sa Parole soit élevée.
Le Calife ‘Uthman Ibn ‘Affan et les Compagnons
(qu’Allah soit satisfait d’eux) ont donc décidé que
le moment était venu de poursuivre la propagation de la
religion islamique.
[5]
Al-Mouhajirine (les émigrants) est un terme arabe
utilisé pour décrire les premiers Musulmans qui suivirent le
Prophète Muhammad (Saluts et bénédictions d’Allah sur lui)
lors de son Hégire (hijrah, retrait de la Mecque à
Médine). Les premiers Musulmans de Médine sont appelés les
Ansars (al-ansar, les Aides).