‘Amr
Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) demanda une réunion
personnelle avec le général romain de Babylone. Cette rencontre lui
permettrait d’avoir une meilleure idée de la forteresse et son
contenu.
Au
moment convenu de la rencontre, ‘Amr Ibn al-‘As accompagné de
plusieurs Musulmans se rendit au rendez-vous, ignorant que le
général romain, Théodore, avait donné des ordres au commandant de la
garde de la porte de jeter sur ‘Amr un rocher et de le tuer pour
affaiblir la détermination de l’armée musulmane et réduire son
efficacité dans la bataille. Après l’entretien, Théodore dit à ‘Amr
(qu’Allah soit satisfait de lui) : « Tu es entré maintenant vois
comment tu peux sortir ». ‘Amr se retourna vers lui et lui dit :
« J’aimerai ramener certains de mes frères afin qu’ils entendent de
toi ce que j’ai entendu ».
Theodore approuva et donna discrètement des ordres pour permettre
aux Musulmans de passer indemne. ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit
satisfait de lui) sortit sain et sauf et sut que dorénavant seul le
sabre déciderait et qu’il n’entrerait de nouveau dans la forteresse
qu’en vainqueur.
Les
Musulmans ne purent exploiter aucune faiblesse dans la défense de la
ville et les Romains ne sortirent pas pour lutter. Plusieurs
semaines passèrent tandis que les Musulmans continuèrent à pilonner
la ville avec leurs catapultes.
‘Amr
Ibn al-‘As et ‘Abdallah Ibn Zoubayr (qu’Allah soit satisfait d’eux)
cherchèrent des solutions au problème et réalisèrent plusieurs
missions de reconnaissances quand un jour, vers la fin du mois de
Dzoul Hijjah, en examinant le mur du fort, ‘Abdallah Ibn
Zoubayr (qu’Allah soit satisfait d’eux) trouva l’endroit qu’il
cherchait au sud-ouest de la forteresse, près de la rive du fleuve.
A cet endroit se trouvait une porte, connue comme la Porte de Fer,
flanqué de deux tours et lors de sa reconnaissance,
‘Abdallah Ibn Zoubayr ne
trouva aucune garde à cet endroit, ni près de la porte et ni sur les
tours. Comme les combats s’étaient toujours déroulés sur les fronts
Nord et Est et qu’aucun mouvement musulman ne s’était dirigé de ce
côté, les Romains négligèrent ce côté.
‘Abdallah Ibn Zoubayr (qu’Allah soit satisfait d’eux) vint aussitôt
informer ‘Amr et ensemble concoctèrent un plan d’assaut. ‘Abdallah
Ibn Zoubayr (qu’Allah soit satisfait d’eux) décida d’escalader le
mur et dit : « Je sacrifie ma vie à Allah. Qui veut me suivre peut
me suivre ». Beaucoup de soldats se proposèrent et ‘Abdallah Ibn
Zoubayr choisit un groupe qui le suivrait en haut l’échelle et dans
le fort. Deux autres groupes furent désignés pour la même tache dont
l’un commandé par Shourahbil Ibn Houjayyah al-Mouradi.
Durant la dernière nuit du dernier jour du mois de Dzoul Hijjah de
l’année 19 de l’Hégire (639), les Musulmans mirent an action leur
plan. Au milieu de la nuit, Shourahbil Ibn Houjayyah
et ‘Abdallah Ibn Zoubayr (qu’Allah soit satisfait d’eux) ainsi que
leurs hommes sortirent, chaque groupe portant une échelle, et se
dirigèrent rapidement vers les murs choisit pour l’assaut qu’ils
escaladèrent sans trouver aucun signe de vie sur les créneaux. Un
grand nombre de Musulmans les suivirent.
Pendant ce temps, ‘Abdallah Ibn Zoubayr (qu’Allah soit satisfait
d’eux) et ses camarades descendirent à l’intérieur de la forteresse
et se précipitèrent vers les portes qu’ils ouvrirent après avoir
éliminés les gardes de faction. Alors l’armée des Musulmans
s’écoulèrent dans la forteresse, le sabre à la main sous leur cri de
guerre Allahou Akbar.
Quand
le cri d’Allah est Grand fut repris par les Musulmans, la panique se
répandit chez les Romains. Quelques unités de l’armée impériale
tentèrent d’arrêter le déferlement musulman mais la vague les
submergea et leur résistance se brisa. L’armée impériale fut
repoussés vers les rives ou ils s’embarquèrent et s’enfuirent,
Théodore le premier d’entre eux.
Néanmoins, un grand nombre de Romains furent tués au cours de
l’assaut et un aussi grand nombre fut fait prisonniers.
Après
sept mois de siège, la Bataille de Babylone prit fin le 1 Mouharram
de l’année 21 de l’Hégire (641) et les habitants signèrent un traité
de paix soumit à la Jizyah.
Les Musulmans marchent vers Alexandrie
Héraclius envoya une large flotte à Alexandrie avec les ordres de
défendre la ville à tout le prix. Sitôt arrivée, l’armée romaine
entreprit les travaux de réparations de la forteresse et des
remparts d’Alexandrie avant de se préparer pour la bataille.
‘Amr
Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) et les Musulmans
restèrent à Babylone deux mois après la chute de la ville. Quand il
fut informé de l’arrivée des renforts à Alexandrie, il écrivit au
Calife ‘Omar Ibn al-Khattab (qu’Allah soit satisfait de lui) et lui
demanda la permission d’avancer sur Alexandrie. Peu après, un
messager arrivant de Médine lui apporta les ordres du Calife de
prendre Alexandrie. ‘Amr Ibn al-‘As laissa une petite garnison pour
surveiller Babylone et au mois de Rabi’ al-Awwal de l’année 21 de
l’Hégire (641) donna l’ordre au reste de l’armée, environ 12.000
soldats, de marcher vers Alexandrie.
Les
Romains d’Alexandrie ayant appris l’avance des Musulmans de Gizeh,
informèrent à leur tour Héraclius qui envoya une autre armada de
vaisseaux à Alexandrie avec de nouvelles troupes, des armes et de
l’équipement. Le général romain de la garnison d’Alexandrie qui
avait déjà envoyé une force de couverture en avant pour observer
l’avance des Musulmans et le tenir informer de leur mouvement
renforça cette avant-garde qui occupait plusieurs positions entre
Babylone et Alexandrie.
Trois
jours après avoir quitté Gizeh, l’avant-garde musulmane entra en
contact avec un petit détachement romain à Tarrana (tarnout)
et après un bref affrontement, les Romains furent chassés du village
qu’ils occupaient et forcés de se retirer. L’avant-garde s’arrêta et
attendit que le général de l’armée musulmane ‘Amr Ibn al-‘As
(qu’Allah soit satisfait de lui) arrive avec le corps central de
l’armée.
Le
jour suivant ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) après
avoir établi son camp à Tarnout envoya de nouveau l’avant-garde
musulmane sous le commandement de Sharik Ibn Soumayy en mission de
reconnaissance. Sharik partit en avant et après avoir franchi de
nombreux kilomètres le long de la rive ouest du Nil, tomba sur une
nouvelle force armée romaine en travers de sa route. Les Romains
attaquèrent aussitôt l’avant-garde avec une telle force qu’ils
surprirent les Musulmans qui rompirent à cause du grand nombre des
Romains. Sharik ordonna un retrait immédiat afin qu’il puisse
réorganiser sa force et reprendre son avance et entra dans un
village sur la rive du Nil ou il prit position et ce village prit
dorénavant le nom de Qoum Sharik.
‘Amr
Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) rejoignit l’avant-garde
et le jour suivant les Musulmans reprirent leur avance. Après avoir
couvert environ une dizaine de kilomètres, ils quittèrent la rive du
Nil et pour se diriger vers Alexandrie.
Après
deux jours de marche, ils rétablirent le contact avec un large
détachement de Romains qui attendait les Musulmans à Soultays mais
‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) ne leur laissa pas
le temps de s’organiser et les attaqua aussitôt. Il s’ensuivit un
dur combat et la résistance romaine ne tarda pas à montrer signe de
faiblesse avant de se retirer rapidement en direction d’Alexandrie.
Soultays ne se trouvait qu’à deux jours de marche d’Alexandrie ou se
trouvaient une garnison de 50.000 Romains protégés par de puissants
remparts et l’accès direct à la mer pour l’acheminement des
provisions ou aussi une issue de secours en cas de débâcle. Mais
lorsque les Musulmans arriveraient dans le Delta, la région entière
serait sous leur contrôle et Alexandrie se trouverait totalement
isolée. Pour éviter à tout prix cette situation, le général romain
de la garnison envoya une très large force à Kiryoun avec l’ordre
d’attendre l’arrivée des Musulmans et de les arrêter définitivement.
La
force romaine se trouvait déjà dans Kiryoun quand l’avant garde des
Musulmans, sous le commandement de ‘AbdAllah Ibn ‘Amr Ibn ‘al-‘As
(qu’Allah soit satisfait d’eux), arriva suivit de peu par le corps
central de l’armée sous le commandement de son père.
Au
contact, ‘AbdAllah lanca immédiatement son avant-garde contre les
Romains qui s’enfuirent du champ de bataille.
Lorsque ‘Amr Ibn ‘al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) arriva, il
déploya l’armée des Musulmans pour la dure bataille qui s’ensuivit
et qui dura plus de 10 jours ou un très grand nombre de Romains
furent tués. Le reste s’enfuit vers Alexandrie, les Musulmans sur
leurs talons et le jour suivant, ils arrivèrent en vue de la ville
après 22 jours de marche et livrés quatre batailles.
Alexandrie était une puissante ville fortifiée comprenant sept
forts, chacun protégés par de puissantes enceintes.
Au
mois de Rabi’ Thani de l’année 21 de l’Hégire (641), l’armée des
Musulmans arrivèrent devant la ville d’Alexandrie et ‘Amr Ibn al-‘As
(qu’Allah soit satisfait de lui) établit le camp des Musulmans bien
en retrait.
Lorsque ‘Amr prépara son armée et avança, il fut aussitôt bombardé
par les catapultes romaines qui se trouvaient sur les remparts. ‘Amr
fit reculer l’armée pour rester hors de portée des projectiles.
La
seule solution pour les Musulmans était de mettre le siège,
d’escalader les murs et d’assaillir la ville mais le fréquent
bombardement des catapultes romaines brisa l’élan des Musulmans et
retarda leur assaut.
Durant deux mois, lorsque les bombardements cessaient, les Romains
effectuaient de fréquentes sorties avec l’intention de repousser les
Musulmans et de briser leur étau mais à chaque fois avec de lourde
perte.
Un
jour, lors d’un violent affrontement, les romains tranchèrent la
tête d’un combattant musulman de la tribu de Mahrah qu’ils
emportèrent avec eux. Les hommes de Mahrah furent très en colère et
ne voulurent pas enterrer le corps sans la tête.
‘Amr
Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) vint les trouver et leur
dit : « Ceux contre qui votre fureur est destinée n’ont rien à faire
de votre colère. Quand l’ennemi attaquera de nouveau, tuez un de
leur homme, tranchez-lui la tête et échangez la contre celle de
votre frère ».
Le
jour suivant un membre de la tribu de Mahrah tua un officier romain
et coupa sa tête. Ils permirent aux Romains d’emporter le corps,
mais refusèrent de livrer la tête jusqu’à ce qu’ils aient renvoyé
celle de leur camarade. Finalement un accord fut conclu, les deux
têtes échangées et le musulman fut enterré décemment.
‘Amr
Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) décida de lever le camp
qu’il avait fait établir près de Houlwan et de l’éloigner de
la proximité romaine. A peine le nouveau camp fut établit, qu’un
raid de la cavalerie romaine, sortit d’une porte près du lac et
déferla sur son camp. Les Musulmans n’eurent aucun problème à
repousser la cavalerie ennemie qui de nouveau rompit l’engagement et
s’enfuit poursuivit par les Musulmans. Cette fois ci, les Romains ne
purent refermer la porte derrière eux et un groupe de Musulmans
pénétra dans la ville.
Un
dur engagement s’ensuivit et le petit nombre de Musulmans fut
rapidement submergé par la vague de Romains et douze d’entre eux
furent tués près de l’église d’or (kanissat-ad-dahhab). Le
reste fut chassé et la porte refermée derrière eux.
Après
ce raid, l’initiative passa aux Musulmans et en escaladant les murs,
ils purent plusieurs fois pénétrer dans la forteresse ou ils
luttèrent férocement dans les rues, mais la défense romaine s’avéra
solide et les Musulmans durent se retirer à chaque fois.
De
Constantinople, l’Empereur Héraclius constamment informé s’inquiéta.
« Si les Arabes prennent Alexandrie », dit-il, « ce sera la fin du
règne des Romains et leur anéantissement ». Il rassembla une large
force avec l’équipement et les réserves nécessaires mais avant
d’embarquer Héraclius mourut et les renforts pour Alexandrie furent
dispersés.
Le
siège d’Alexandrie ne se relâcha pas et les affrontements furent
quotidiens. Un jour, les Romains sortirent en force et s’ensuivit un
féroce combat durant lequel, un champion romain lanca un défi aux
Musulmans que releva Maslamah Ibn Moukhallad qui était alors âgé de
19 ans et l’un des meilleurs combattants musulman. Le Romain réussit
à le faire tomber de son cheval et lorsqu’il avança pour le tuer, un
autre musulman se précipita pour le détourner.
Le
combat général se poursuivit et les Musulmans repoussèrent les
Romains. Quand ces derniers se retirèrent, les Musulmans les
suivirent et peu après entrèrent dans l’une des tours d’Alexandrie.
Les Romains contre-attaquèrent violemment et chassèrent les
Musulmans excepté quatre d’entre eux qui restèrent piégés dans la
tour puisque les Romains avaient refermé la porte extérieure. Ces
quatre Musulmans descendirent dans une chambre souterraine ou le
combat était impossible à cause de l’étroitesse du passage qui y
menait. Les Romains savaient qu’il y avait quatre Musulmans dans la
cave, mais ils ignoraient leur identité et parmi eux se trouvaient
‘Amr Ibn al-‘As et Maslamah Ibn Moukhallad.
Les
Romains ne pouvant rien faire contre eux décidèrent de négocier avec
les Musulmans et un interprète fut amené.
-
« Vous êtes maintenant nos captifs » dirent-ils « rendez-vous
et ne vous tuez pas ».
Mais
les Musulmans refusèrent.
Alors
les Romains dirent : « Les vôtres ont un certain nombre des nôtres
prisonniers. Nous promettons de ne pas vous tuer, mais vous utiliser
pour un échange de prisonniers ».
Cet
arrangement fut aussi rejeté.
Après
un certain temps, les Romains dirent : « Choisissons donc une
solution qui sera profitable pour vous et pour nous. Nous nous
donnerons alors parole mutuellement et choisirons chacun un
combattant pour un duel. Si notre homme bat le vôtre, vous vous
rendrez. Et si votre homme bat le nôtre, nous vous permettrons de
rejoindre vos camarades ».
‘Amr
Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) accepta cette
proposition.
Les
Romains choisirent un de leurs meilleurs champions et ‘Amr Ibn
al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) sortit pour le combattre
mais Maslamah Ibn Moukhallad refusa et lui dit : « Ne commet pas une
nouvelle erreur. Tu es séparé de tes hommes alors que tu es leur
commandant et ils dépendent de toi, leurs cœurs sont avec toi et ils
ignorent ta situation. Ne t’offre pas pour le combat singulier. Si
tu es tué ce sera une catastrophe pour les Musulmans. Reste ici et
je lutterai en ton nom, si Allah le veut ».
‘Amr
accepta cet arrangement et pria pour son succès et les Musulmans
sortirent de la cave. Maslamah et le champion romain se firent face
et le combat commença. Puis Maslamah tua son adversaire et les
Romains ouvrirent alors la porte de la tour et permirent aux
Musulmans de rejoindre leurs camarades. La confrontation entre les
Musulmans et les romains était à son sixième mois tandis qu’un
nouvel empereur Constantin II, un jeune enfant, s’assit sur le trône
de Byzance.
À
Médine, l’Emir des croyants ‘Omar Ibn al-Khattab (qu’Allah soit
satisfait de lui) impatient, attendait en vain des nouvelles de
l’Egypte. Finalement, le Calife écrivit à ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah
soit satisfait de lui) : « Je suis surpris par le retard dans ta
conquête de l’Egypte ou tu te trouves maintenant depuis deux ans.
C’est ce qui arrive quand vous changez et commencez à aimer la vie
de ce monde comme vos ennemis l’aiment. Allah le Très Haut n’aide
pas une nation à moins que son intention ne soit sincère.
Je
t’ai envoyé quatre hommes dont chacun d’entre eux égalait mille
puisque je les connaissais à moins que ce qui a changé les autres ne
les ait changés aussi. Quand tu recevras ma lettre, adresse toi aux
Musulmans et conseillent leur de lutter contre leur ennemi et d’être
persévérants. Envoie ces quatre hommes en avant et permet aux
Musulmans d’avancer ensemble afin que leur attaque soit comme celle
d’un seul homme.
Fait
que cette attaque ait lieu en début d’après-midi un vendredi, car
c’est l’heure de l’arrivée des bénédictions
divines et de l’exaucement des prières. Permettez aux gens de se
tourner vers Allah Exalté et d’implorer Son aide ».
‘Amr
Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) lut soigneusement la
lettre, réfléchit à sa situation et consulta Maslamah Ibn Moukhallad
qui lui dit : « Trouve un des Compagnons du Messager d’Allah (Saluts
et Bénédictions d’Allah sur lui), qui est instruit et qui a de
l’expérience. Nomme-le le commandant sur les hommes et permet-lui de
mener l’attaque ».
-
« As qui penses-tu », demanda ‘Amr.
-
« ‘Oubadah Ibn as-Samit », répondit Maslamah.
‘Amr
fit venir ‘Oubadah (qu’Allah soit satisfait de lui) et le nomma
commandant des troupes.
Le
vendredi suivant, l’armée entière se réunie pour la prière du
Vendredi (salat al-joumou’ah) et ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah
soit satisfait de lui) leur lut la lettre du Calife. Alors il appela
les quatre champions, les aligna devant les hommes, procéda à la
prière et implora Allah pour la victoire.
Sitôt
la prière finie, l’armée se déploya pour l’attaque avec les quatre
Compagnons au poste avancé sous le commandement de ‘Oubadah. Alors
comme un seul homme, le sabre en avant, ils déferlèrent sur la
forteresse près de la porte de l’église d’or et Allah le Très Haut
leur accorda la victoire et la ville tomba au mois de Shawwal de
l’année 21 de l’Hégire (641).
‘Amr
Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) écrivit au Calife :
« J’ai conquis une ville dont je me retiendrai de décrire, sauf que
j’y ai trouvé 4.000 immenses maisons, 4.000 bains, 400 endroits
d’amusement pour les princes et 40.000 Juifs payant la taxe qui se
sont tous enfuit avant la chute de la ville ».
La
conquête d’Alexandrie fut un des coups les plus dévastateurs contre
l’empire romain qui perdit au profit des Musulmans une des plus
grandes villes du monde et une large base navale. Cette victoire
donna l’opportunité aux Musulmans d’étendre leur pouvoir militaire,
l’accès à la mer et ouvrit les portes à la conquête de l’Afrique du
Nord.
En
plus des respectables Compagnons (qu’Allah soit satisfait d’eux) qui
prirent part à cette conquête se trouvaient Abou Dzar al-Ghifari et
Abou Ayyoub al-Ansari[1]
(qu’Allah soit satisfait d’eux) dont le nom réel était Khalid Ibn
Zayd chez qui resta le Prophète (Saluts et Bénédictions sur lui)
lorsqu’il émigra à Médine, l’année de l’Hégire.
Alexandrie fut laissée en paix et un traité signé soumit à la
Jizyah qui consistait à payer 2 dinars par personne et par an,
et une taxe supplémentaire pour les propriétaires terriens, selon la
quantité des produits de leur terre. En échange, ils étaient libres
de vivre comme ils l’entendaient, de pratiquer la religion qu’ils
voulaient et leur sécurité contre leurs ennemis garantie par l’état
musulman. Cela s’appliquait à tous les citoyens romains, et ceux qui
n’étaient pas d’accord pour payer la Jizyah furent autoriser
à partir pour Byzance. Il y avait 200.000 Romains à Alexandrie et
30.000 riches quittèrent la ville avec leurs marchandises et leurs
richesses sur plus de cent navires. Le reste resta à Alexandrie
comme les sujets de l’état musulman mais restèrent loin d’être des
sujets fidèles, comme nous allons le voir.
En
l’an 21 de l’Hégire (641), ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait
de lui) laissa à Alexandrie une garnison de mille hommes sous le
commandement de ‘AbdAllah Ibn Houzafah avant de lever le camp
et de retourner au camp musulman précédent à Babylone où Amr avait
laissé sa tente[2].
Autour de cette tente, l’armée musulmane prit ses quartiers et
construisit une nouvelle ville qui allait se développer et prendre
le nom de Fustat (foustat) et qui allait devenir la nouvelle
capitale de l’Egypte
La
première structure qui fut construite dans Fustat fut une très large
mosquée, qui allait devenir la célèbre mosquée ‘Amr Ibn al-‘As qui
existe toujours de nos jours.
Le
site de la mosquée était alors une région couverte de jardins et de
vignobles et ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui)
supervisa personnellement sa construction et la première fois ou
elle fut utilisé pour la prière en congrégation, 80 Compagnons du
Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) y prièrent.
Il
fut aussi construit une chaire pour l’Imam et lorsque le
Calife ‘Omar Ibn al-Khattab (qu’Allah soit satisfait de lui) fut
informé de cela, il désapprouva la construction de la chaire et
écrivit à ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) : «
Il m’est parvenu que tu as construit une chaire au moyen de laquelle
tu te tiens debout au-dessus des épaules des Musulmans ce qui est
similaire à avoir les Musulmans sous tes talons. Je t’ordonne donc
de démonter la chaire ».
‘Amr
choisit un site pour sa propre maison à côté de la porte de la
mosquée et construit une maison principale avec une extension
supplémentaire. ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui)
laissa un grand lot de terre près de la mosquée pour le Calife ‘Omar
et lui écrivit : « Nous t’avons choisi un endroit pour ta maison
près de la mosquée ». Le Calife ‘Omar Ibn al-Khattab (qu’Allah soit
satisfait de lui) lui répondit : « Que peut faire un homme vivant
dans le Hijaz d’une maison en Egypte ? Que cette parcelle de
terre soit utilisée comme un marché pour les Musulmans ». Le lot fut
par conséquent transformé en marché.
Fustat, au fil du temps s’agrandit et absorba Babylone et
aujourd’hui Fustat est appelée Misr al-Qadimah ou l’Ancien
Misr.
Quand
la nouvelle fut propagée de l’excavation d’un canal qui devait
raccorder le Nil avec la Mer Rouge, un copte vint trouver ‘Amr Ibn
al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) et lui offrit de lui montrer
l’emplacement du vieux canal, si les Musulmans l’exemptait lui et sa
famille du paiement de la Jizyah et ‘Amr Ibn al-‘As donna son
accord.
Le
travail débuta immédiatement pour dégager le canal sur une distance
de 130 kilomètres du Nil à la Mer Rouge à Qoulzoum (Suez) et fut
complété en une année. Il fut connu sous le nom du « canal du
commandant des croyants » et utilisé pour transporter le grain de
Fustat au Hijaz. Le canal resta opératif plusieurs décennies
avant d’être abandonné durant le règne des Omeyyades.
Pendant la durée de l’excavation, les Musulmans ne restèrent pas
inactifs et le général ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de
lui) était déjà partit depuis bien longtemps avec son armée pour de
nouvelles conquêtes.
La
montée du niveau annuel du Nil était provoquée par les lourdes
pluies tropicales qui, dans les temps anciens, avaient toujours lieu
dans des périodes précises et les Egyptiens célébraient le début de
la montée du fleuve comme leur Jour de l’an. Bien que la montée et
la diminution des eaux fussent régulières, il arrivait parfois que
la montée soit retardée ou totalement absente. Quand l’arrivée des
eaux avait lieu au moment attendu, les Egyptiens se réjouissaient,
croyant que c’était due à la magnanimité du dieu du Nil et le
remerciait. Et quand elle était retardée, ils considéraient que cela
était dû à la colère de ce Dieu qui devait donc être apaisé.
Les
Musulmans ignoraient donc tout du sacrifice humain que les Egyptiens
offraient l’année ou la colère du dieu devait être apaisée.
Une
délégation d’anciens coptes vint trouver ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah
soit satisfait de lui) et lui dirent : « O commandant, notre terre à
sa coutume, et sans celle-ci, le Nil ne montera pas ».
-
« Et qu’elle est-elle » demanda ‘Amr ?
-
« Quand les douze premiers jours de ce mois sont passé, nous
choisissons une jeune vierge que nous prenons avec le consentement
de ses parents, l’ornons des meilleurs vêtements et la lançons dans
le Nil ».
La
fille était lancée dans le fleuve comme une offrande au dieu du Nil
en échange de sa générosité et quand quelques jours plus tard l’eau
commençait à monter les gens supposaient que leur dieu avait accepté
le cadeau et montrait son agrément.
Néanmoins, pour les Musulmans c’était un horrible acte qu’ils ne
pouvaient accepter pour la bonne raison de l’inexistence de ce faux
dieu que l’Islam était justement venu détruire.
-
« Cela ne peut pas être fait dans l’Islam », répondit fermement ‘Amr
Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui). « L’Islam a annulé tout
qui était avant lui ».
Les
Egyptiens furent peinés par la décision du commandant musulman et
s’inquiétèrent car sans eau, pas de récolte et sans récolte la
famine. Les gens regardèrent anxieusement le niveau du Nil. La
montée des eaux aurait dû avoir commencé et le mois toucha à sa fin
sans aucun changement.
Un
autre mois passa et ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de
lui). écrivit en hâte au Calife et l’informa de la situation.
Après
la lecture de la lettre de ‘Amr, l’Emir des croyants ‘Omar Ibn
al-Khattab (qu’Allah soit satisfait de lui) lui écrivit en réponse :
« Au
nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux
Du
serviteur d’Allah, ‘Omar, le commandant des croyants au Nil de
l’Egypte.
Si tu
coules par ta propre volonté, cesse donc de couler. Mais si c’est
Allah, l’Unique et le Puissant, qui te fais couler, alors nous
prions Allah, l’Unique et le Puissant, de te faire couler ».
Il
adressa une lettre séparée à ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit
satisfait de lui) : « Tu as dit vrai que l’Islam a annulé tout qui
lui précédait. Je t’envoie une autre lettre. Quand tu la recevras,
jette-là au milieu du Nil ».
Alors
que le désespoir des égyptiens était total, ‘Amr reçut le message du
Calife qu’il lanca dans le Nil et la nuit suivante le fleuve monta à
son hauteur maximale.
Allah
avait ordonné au fleuve de couler et cela mis définitivement fin à
la vile coutume des polythéistes de sacrifier un être humain pour
rien.
[1]
Abou Ayyoub al-Ansari (qu’Allah soit satisfait de lui)
mourut au combat lors de la première attaque musulmane sur
Constantinople sous le règne de Mou’awiyyah (qu’Allah soit
satisfait de lui). Il est enterré à Islamboul (Istanbul).
[2]
Foustat en arabe : Ce mot a plusieurs sens dont ville, lieu
de réunion mais aussi tente.