De l’exhortation du calife pour le Jihad fi-Sabilillah et la chute de Qal’at ar-Roum

 

Au mois de Rabi’ Awwal de cette année, le souverain des Tatars, Arqoun mourut et son frère Kaykhatou lui succéda mais ce dernier se livra à la pédérastie et s’attira la haine de ses sujets. Argoun laissa deux fils Kazan et Rharbinda. 

Toujours cette année Talabougha, le fils de Mango Timour fut assassiné par Baghiyah, le fil de Nahal, de Tatar, de Joushi Khan, fils de Shinjiz Khan et fut succédé par Taktouqa son frère.

 

 

 

Le 14 du mois de Safar de l’année 691 de l’Hégire (1292), un des dépôts de la citadelle de la Montagne prit feu et une immense quantité de livres et d’objets furent consumés par les flammes.

 

Le vendredi 28 de ce même mois, le calife Hakim Bi-Amrillah prononça dans la mosquée de la citadelle de la Montagne, un prêche éloquent dans laquelle il exhorta vivement les Musulmans à combattre dans la voie d’Allah avant de guider Salat al-Joumou’a.

Ce même jour, le départ pour lutter dans la voie d’Allah fut décrété et à la huitième heure du samedi 8 du mois de Rabi’ Thani, le sultan al-Malik Ashraf Salah ad-Din al-Khalil se mit en marche à la tête de son armée au complet après avoir été informé que les Tatars avaient fait une incursion du côté de Rahbah et enlevé un grand nombre de troupeaux. Un détachement quitta Damas pour aller les combattre et le samedi 6 du mois de Joumadah Awwal, le sultan entra à Damas ou toutes les troupes musulmanes se trouvèrent rassemblées le lundi 8 de ce même mois.

Quelques jours plus tard, al-Malik al-Mouzaffar, le souverain de Hamah arriva ainsi que l’armée de Syrie qui prit aussitôt la route d’Alep. Le sultan passa alors ses troupes en revue et à la cinquième heure du lundi 16, il quitta Damas et fit son entrée à Alep, le 28. Il quitta cette ville le 4 du mois de Joumadah Thani et se dirigea vers Qal’at ar-Roum ou il arriva le mardi 8 de ce même mois et établit son camp sous les murs de la forteresse puis, il fit déployé vingt catapultes avec lesquelles il martela les remparts tandis que les sapeurs s’activèrent à miner la muraille. L’émir Sanjar ash-Shouja’i fit fabriquer une chaîne qui fut fixée d’un côté aux créneaux de la citadelle et l’autre solidement dans le sol que les soldats utilisèrent pour donner l’assaut après avoir combattu avec le plus grand courage.

Après un siège de trente-trois jours, le samedi 11 du mois de Rajab avec la grâce d’Allah à Lui les Louanges et la Gloire, la forteresse fut prise par la force des armes, la garnison éliminée et les habitants pris en captivité dont le patriarche des Arméniens. Le sultan renomma la ville Qal’at al-Mouslimin et c’est sous ce nom quelle fut désormais connue. La forteresse fut approvisionnée et mille-deux-cents prisonniers y furent enfermés.

Lorsque la nouvelle de la prise de Qal’at ar-Roum arriva à Damas, la ville fut décorée et les tambours de la victoire furent dument frapper pour marquer l’évènement. Le sultan ordonna à l’émir Sanjar ash-Shouja’i, le gouverneur de la Syrie, de rebâtir la forteresse Qal’at al-Mouslimin. Le sultan retourna alors à Alep ou il resta jusqu’au mois de Sha’ban avant de repartir ver Damas, où il entra à la deuxième heure du mardi 26 de ce même mois, précédé par un grand nombre de prisonniers dont le patriarche arménien.

 

 

 

Au mois de Rajab de l’année 692 de l’Hégire (1293), il tomba sur Baalbek des pluies continuelles qui formèrent des torrents qui dévastèrent les vignes, les champs et les maisons. Les pertes s’élevèrent a à plus de cent mille dinars.

 

A cette même époque, des envoyés du roi Tatar Kaykhatou arrivèrent porteurs d’une lettre dans laquelle le roi faisait savoir qu’il voulait prendre résidence dans la ville d’Alep qui avait été conquise par son père Houlakou. Il menaça en cas de refus de s’emparer de toute la Syrie. Le sultan lui fit répondre : « Les intentions du Khan sont en tout point conforme aux miennes. J’avais justement l’intention de reprendre Baghdad, de tuer la garnison et en refaire la capitale de l’Islam comme jadis. Nous allons voir qui sera le premier d’entre nous à pénétrer sur les terres de son ennemi. » Puis le sultan envoya aussitôt des ordres en Syrie pour préparer des vivres et passer les troupes en revue.

 

Cette même année, les pèlerins ne firent pas la prière du vendredi par crainte de la soif et à cause du manque d’eau.

 

 

 

Au mois de Mouharram de l’année 694 de l’Hégire (1295), arrivèrent les nouvelles que Kaykhatou, le fils de Houlakou qui avait succédé à Arqoun, avait été assassiné après un règne d’environ quatre années et succédé par Baldou, le fils de son frère qui le fut à son tour après avoir régné environ huit mois. Qazan, le fils d’Arqoun et petit-fils d’Abaghah, le gouverneur du Khorasan se rebella contre lui, le vainquit et lui prit son empire. Qazan embrassa alors l’Islam entre les mains du Sheikh Sadr ad-Din Ibn Joubali al-Jouwayni.

 

Au mois de Joumadah Awwal, la population de Damas accompagné du gouverneur sortit pour faire la prière de la pluie car elle n’était pas tombée depuis bien longtemps. Le prix des vivres ne cessa de monter et les greniers du sultan étaient vides de grains du fait qu’il les avait distribués aux émirs et à d’autres personnes.

 

Au mois de Rabi’ Awwal, une terrible maladie se déclara dans toute l’Égypte particulièrement au Caire et à Foustat. Le niveau du Nil resta faible et  les maux se multiplièrent. La province de Barkah fut également frappée de sécheresse et la famine se répandit dans toutes les contrées de l’est et de l’ouest de même qu’au Hijaz. La mortalité s’éleva rapidement et au mois de Dzoul Hijjah, le nombre des morts dont les noms furent inscrits sur les registres du divan s’éleva à dix-sept-mille-cinq-cents, sans compter les étrangers et les pauvres dont le nombre était bien plus supérieurs.

A cause de la famine, les habitants mangèrent les charognes, les chiens, les chats et les ânes et certains allèrent même jusqu’à manger leurs semblables. Chaque jour, le nombre des morts s’élevait à un millier d’hommes sans compter ceux qui ne furent pas enregistrés sur les divans (registres). Lorsque la misère fut arrivée à son comble, le sultan al-Malik al-‘Adil Zayn ad-Din Kitbougha al-Mansouri répartit les pauvres entre les hommes riches en fonction de leur possibilités.

 

 

La famine et la mortalité ravage de nouveau l’Egypte et la Syrie

 

En l’an 695 de l’Hégire (1296), le prix des vivres augmenta prodigieusement. Le prix de l’Ardab de froment d’Égypte s’éleva à cent cinquante dirhems et celui d’orge à plus de cent dirhems. Les fèves se vendirent quatre-vingt-dix dirhems l’Ardab. Le Rotl de pain coûta un dirhem d’argent. Un poulet entre trois dirhems et vingt et les poulets ne furent plus tués excepté pour les malades. Chaque dirhem de fut fixé à un dirhem d’argent. Un melon d’eau destiné pour les malades coûta cent dirhems d’argent et chaque Rotl quatre dirhems. Un coing se vendit trente dirhems et chaque Rotl de viande, sept dirhems.

A cause du manque de fourrage, les animaux domestiques périrent presque tous et l’on ne trouva plus aucune bête de somme à louer. Les chiens et les chats moururent également de faim.

Un grand nombre de personnes se retrouvèrent dans une position misérable et l’avarice devint commune au point que les grands émirs refusaient l’entrée de leurs maisons à des hommes distingués, au moment où le repas leur était servi. Les contrôleurs du Caire et de Foustat sévirent avec rigueur contre ceux qui vendaient la chair de chien ou des charognes mais le mal allait toujours croissant. Les habitants se mirent à manger des carcasses de chiens et d’autres animaux ainsi que des cadavres humains et des mères mangèrent leurs enfants morts.

 

Un émir vit un jour, à la porte de sa maison, une femme, d’aspect agréable qui demandait l’aumône. Prit de pitié, il la fit entrer chez lui et fut frappé par sa beauté. Il lui fit servir un pain rond et un vase rempli d’aliments qu’elle avala sans se rassasier. Il lui fit apporter la même qu’elle mangea de nouveau et lorsqu’elle eut finit, elle se plaignit encore de la faim. Il ne cessa de lui servir de nouveaux aliments jusqu’à ce que son appétit fût assouvi. Peu après, la femme s’appuya contre le mur et s’endormit. Lorsqu’on voulut la réveiller, on constata qu’elle était morte. On détacha de son épaule un sac qui contenait une main et un pied d’enfant. L’émir les prit avec lui et s’en alla à la citadelle pour les montrer au sultan et aux émirs.

 

Au mois de Rajab, les prix commencèrent à baisser. L’Ardab de froment ne se vendit plus que trente-cinq dirhems et celui de l’orge, vingt-cinq. Le Nil, après s’être arrêté de monter remonta et une digue fut creusée cependant, le jour de la fête de la rupture du jeune, le fleuve baissa radicalement avant de remonter. Les prix remontèrent et de nouveau l’inquiétude et l’avarice se montrèrent. La famine et la mortalité de nouveau ravagea l’Egypte et la Syrie. 

Le dimanche 9 du mois de Safar, le Sheikh Sharf ad-Din Ahmad Ibn Ibrahim Ibn as-Sabbaq al-Qazazi lit une lecture du Sahih de Boukhari (qu’Allah lui fasse miséricorde), dans la mosquée Qoubat an-Nisr et cette nuit, la pluie commença à tomber et tomba durant quarante jours avant d’être succédée par la neige. Les gens furent comblés de joie bien que les prix étaient toujours élevés cependant, ils ne tardèrent pas à diminuer.

 

Au mois de Rajab, la foudre tomba sur la coupole du puits de Zamzam et tua le Sheikh ‘Ali Ibn Muhammad Ibn ‘Abdes-Salam, le muezzin du Masjid al-Haram, alors qu’il appelait à la prière sur le toit de la coupole.

 

 

 

 

D’une affaire qui porte à réflexion

 

En l’an 697 de l’Hégire, la nouvelle suivante arriva par la poste. Un homme du village de Janin en Palestine perdit sa femme et elle fut enterrée. Lorsqu’il rentra chez lui, il se rendit compte qu’il avait oublié dans le tombeau un mouchoir contenant une somme de plusieurs dirhems. Il alla trouver le juriste du village et ensemble allèrent au tombeau qu’il ouvrit puis descendit à l’intérieur pour retrouver son argent tandis que le juriste était resté sur le bord de la fosse. L’homme trouva sa femme assise, les mains liées derrière son dos avec ses cheveux et ses pieds étaient également attachés avec ses cheveux. L’homme voulut alors dénouer les liens mais en fut incapable. Il redoubla d’efforts quand tout à coup la terre s’ouvrit et l’engloutit avec sa femme si bien que l’on entendit plus parler d’eux. Lorsque le juriste vit cela, il s’effondra choqué et resta évanouit durant un jour et une nuit.

Le sultan informa alors le Sheikh Taqi ad-Din Muhammad Ibn ad-Daqiq à propos de cet événement qui le rapporta à tout le monde afin qu’il soit un sujet de réflexion.

 

Du raid musulman en Arménie

 

Cette même année, on apprit, par un message arrivée d’Alep, que la division avait éclaté entre Taktay et Noukayah et qu’un grand nombre de Mongols avaient été tué lors de la bataille qui s’ensuivit et que le roi Taktay avait été vaincu. On apprit de même que Qazan avait fait tuer son vizir, Nirouz avec un grand nombre de ses partisans.

 

Le sultan voulut profiter de la division qui régnait chez les Mongols pour s’emparer de la ville de Sis. Il ordonna à l’émir Badr ad-Din Biktash de partir en campagne à la tête de dix-mille cavaliers secondés par trois émirs. Le gouverneur de Syrie reçut l’ordre d’envoyer pour cette expédition, l’émir Baybars al-Jaliq et d’autres émirs de Damas, de Safoud, de Hamah, de Tripoli. Lorsque l’armée fut prête, l’émir Badr ad-Din Biktash al-Fakhri la passa en revue et au mois de Joumadah Awwal, il quitta la ville pour attaquer Sis en compagnie des émirs Houssam ad-Din Lajin ar-Roumi et Shams ad-Din Aqsounqour al-Kartaba et arrivèrent à Damas le cinquième jour du mois de Joumadah Thani.

Trois jours après, ils quittèrent la ville accompagnés des émirs Baybars al-Jaliq al-‘Ajmi, Sayf ad-Din Qajkan et Shihab ad-Din Kara Arsalan ainsi que les troupes de Safad, de Homs, de Palestine, de Tripoli et al-Malik al-Mouzaffar Taqi ad-Din Mahmoud, le souverain de Hamah,

Quand le roi de Sis fut informé de leur marche, il envoya des messagers au sultan pour implorer son pardon mais il ne reçut aucune réponse. Peu après, à la tête de ses troupes, l’émir ‘Alim ad-Din Sanjar ad-Dawadar quitta le Caire et rejoignit l’armée des Musulmans à Alep. Les commandants quittèrent alors la ville accompagnés des troupes d’Alep qui étaient au nombre de dix mille cavaliers, et se dirigèrent vers ‘Oumk. L’émir Badr ad-Din Biktash et sa troupe se dirigea vers le défilé de Bagras vers la ville d’Iskandariyah et alla mettre le siège devant Tall Hamdoun. Al-Malik al-Mouzaffar, à la tête du reste de l’armée prit la route longeant le fleuve et entra dans le défilé de Sis le jeudi 4 du mois de Rajab quand la division s’engouffra dans les rangs des émirs. L’émir ‘Alim ad-Din Sanjar prétendit commander l’armée, conjointement avec l’émir Biktash et ce dernier fut d’avis d’assiéger les forteresses cependant Sanjar préféra le pillage et Biktash se rangea à son opinion.

L’armée traversa donc le fleuve Jihan (ou Jahan). Le souverain de Hamah vint camper sous les murs de Sis et l’émir Biktash pris la route d’Adanah Lout ou se rassemblèrent les différents corps de l’armée après avoir tués tous les Arméniens qui étaient tombés sur leur chemin. Après s’être livrées au pillage, les troupes quittèrent Adanah et marchèrent vers Massissah ou elles restèrent trois jours, le temps de construire un pont sur lequel l’armée passa pour se rendre à Bagras puis dans la plaine d’Antioche avant de reprendre la route de l’Égypte.

 

Quand Sanjar lui disputa le commandement de l’armée et s’opposa à ce qu’il assiège les forteresses, l’émir Biktash envoya un message à l’émir Bilban at-Tabakhi, le gouverneur d’Alep afin qu’il en informe le sultan Malik al-Mansour Hissam ad-Din Lajin al-Mansouri et bientôt arriva une réponse du sultan adressée aux émirs qui blâma la conduite de l’émir Sanjar. Le sultan déclara que Sanjar n’était que le commandant de ses propres troupes et que le commandement général de toute l’armée appartenait exclusivement à l’émir Biktash, que les troupes ne devaient pas revenir avant d’avoir capturer Tall Hamdoun et que si elles revenaient avant d’avoir pris cette place, elles seraient punies en conséquence.

L’armée retourna donc sur ses pas et de Rouj se rendit à Alep où elle séjourna huit jours avant de partir pour Sis, par le défilé de Bagras. Qajkan et Kara Arsalan marchèrent vers Ayas où ils opérèrent une retraite qui ressemblait à une fuite car les Arméniens leur avaient dressé une embuscade dans les forêts. L’émir Biktash blâma sévèrement leur conduire et à la tête de toutes les troupes, se dirigea vers Tall Hamdoun qu’il trouva abandonnée par l’ennemi qui s’étaient retirés dans la forteresse de Najimah. Le commandant général prit la place le 7 du mois de Ramadan et y plaça une garnison.

Entre temps, l’émir Bilban at-Tabakhi, le gouverneur d’Alep, envoya un corps de troupes qui s’empara de la ville de Mar’ash durant ce même mois.

Alors qu’il campait sous les murs de Tall Hamdoun, l’émir Biktash fut alors informé que la vallée qui s’étendait au pied des remparts des forteresses de Najimah et de Houmaymas était pleine d’Arméniens et que la garnison de Najimah se préparait à la défense. L’émir envoya un corps de troupes pour les attaquer puis un second mais qui n’obtinrent aucun succès. Les émirs se mirent alors en marche accompagnés d’une troupe nombreuse et attaquèrent les défenseurs de Najimah et descendirent dans la vallée ou ils tuèrent et firent prisonniers tous ceux qui s’y trouvaient. L’émir Biktash et al-Malik al-Mouzaffar restèrent sous les murs de la forteresse pour contenir la garnison jusqu’à ce que les troupes musulmanes arrive dans la plaine avant de les rejoindre.

Un nouveau message du sultan arriva qui leur ordonnait d’assiéger Najimah et de ne pas quitter la place avant sa chute. Les généraux retournèrent donc au pied de la forteresse ou ils assiégèrent la ville. L’émir Biktash et l’émir Sanjar s’opposèrent de nouveau quant à la conduite du siège. Salnar ad-Dawadar affirma que si l’armée attaquait toute à la fois, il serait impossible de distinguer ceux qui auraient réellement combattu.  « Il vaut mieux » dit-il « que chaque émir attaque chaque jour à la tête de son propre corps de troupe » voulant ainsi témoigner sa bravoure et montrer qu’il faisait peu de cas de la force de cette place, il dit : « Je m’engage à prendre cette ville avec un coup de pierre. » Tous les chefs se rangèrent à son avis et lui permirent d’être le premier à lancer l’attaque. Il s’avança donc et au moment où il atteignait le pied des remparts, une pierre lancée par une machine, le frappa au pied et lui coupa le tendon. Il tomba de son cheval et il faillit être fait prisonnier par les Arméniens cependant, ses soldats accoururent, l’emportèrent sur une planche et le conduisirent dans sa tente, où il fut forcé à l’inaction et retourna à Alep puis au Caire. Cette attaque coûtait la vie à l’émir ‘Alim-ad-Din at-Taqsaba an-Nassari.

L’émir Qartabah s’avança alors pour donner l’assaut. Il sapa la muraille et en détacha trois pierres cependant, il fut tué et treize de ses hommes avec lui. Ensuite, l’émir Biktash et le prince de Hamah marchèrent au combat et chaque corps agit séparément tout en se relayant les uns les autres. Protégés par une barricade de bois, ils parvinrent ainsi au pied des remparts et commencèrent les travaux de minage tout en construisant de nouvelles des palissades.      Le siège continua sans interruption durant quarante et un jours.

La place renfermait une nombreuse population campagnarde qui s’était réfugiée dans la forteresse mais quand l’eau commença à devenir rare, chaque jours deux cents ou trois cents d’entre eux étaient expulsés et tombaient entre les mains des Musulmans. Bientôt, il ne resta plus dans forteresse que les hommes en état de combattre. L’eau devint si rare dans la forteresse qu’elle fut disputée à coup d’épée et les assiégés demandèrent des conditions pour une capitulation qui leur furent accordés et au mois de Dzoul Qi’dah, l’armée musulmane entra dans la forteresse et les habitants furent remis en liberté. Onze forteresses tombèrent ainsi aux mains des Musulmans que l’émir Biktash confia à l’émir Sayf ad-Din Assandimour al-Kourji, l’un des émirs de Damas qui les occupa jusqu’à l’arrivée des Tatars. Alors, il vendit tout ce qui s’y trouvait d’objets précieux et les fit évacuer et les forteresses furent reprises par les Arméniens.

Après ces conquêtes, l’armée reprit la route d’Alep ou elle stationna à cause de l’hiver exceptionnellement rigoureux. Le sultan envoya leur envoya en renfort trois mille cavaliers des troupes d’Égypte, sous le commandement des émirs Sayf ad-Din Baktimour, ‘Izz ad-Din Taqtal, Moubariz ad-Din Awliyah Ibn al-Kouman et ‘Ala' ad-Din Idaqdi Shouqayr al-Houssami qui arrivèrent à Damas, le mardi 17 du mois de Dzoul Qi’dah. Ils en repartirent le 21 pour Alep où ils retrouvèrent l’armée.

 

Cette même année, il ne tomba pas de neige à Damas si bien que les sources tarirent, les grains en terre périrent en grande partie et les arbres séchèrent.

 

 

Malik an-Nassir Muhammad Ibn Qalawoun est nommé une seconde fois sultan

 

Au début du mois de Mouharram de l’année 698 de l’Hégire (1299), le sultan fut informé que les Tatars s’apprêtaient à conduire une expédition contre la Syrie. Il donna alors l’ordre aux troupes de se mettre immédiatement en marche suivie bientôt par l’émir Aqoush al-Afram.

Hamdam Ibn as-Salqay et ‘Ala' ad-Din Idaqdi ash-Shoukayr furent envoyés sur les chevaux de la poste pour donner l’ordre à l’émir Kanjak, le gouverneur de la Syrie, de se rendre à Alep, à la tête de son armée. Les deux messagers arrivèrent à Damas le 7 du même mois et Kanjak après avoir fait ses préparatifs, quitta la ville à la tête de ses troupes et des Mamalik Bahris, le mercredi 14. Peu après, Kanjak se rendit compte que c’était une fausse alerte qui avait eu pour but de l’écarter ainsi que d’autres émirs. Ce fut donc le motif qui le poussa à se réfugier chez les Tatars.

 

Cette année, Malik an-Nassir Muhammad Ibn Qalawoun succéda au sultanat pour la seconde fois.

 

Des nouvelles d’Alep informèrent que Kanjak et ses compagnons étaient arrivés sur les terres des Mongols et que Baqay et Taktay s’étaient affronté lors d’une bataille ou périt un grand nombre de Mongols et que Qazan, le fils d’Argoun se préparait à conduire une expédition en Syrie et qu’il avait donné l’ordre aux armées mongoles de se préparer. Il donna le commandement d’environ vingt-cinq mille cavaliers Salamish, le fils d’Afal, fils de Manjou le Tatar et l’envoya vers le pays de Roum.

Les émirs se préparèrent pour la bataille et levèrent les troupes qu’ils confièrent aux émirs Sayf ad-Din Bilban al-Habashi, Jamal ad-Din ‘AbdAllah as-Silahdar, Moubariz ad-Din Siwar at-Roumi, ash-Shiqar et donnèrent le commandement général des troupes à Jamal ad-Din Aqoush Kattal as-Sabah. Des ordres furent aussi envoyés à Damas pour l’envoi de quatre émirs commandants. Les émirs envoyés d’Égypte quant à eux arrivèrent à Damas le 7 du mois de Rajab.

 

Comment les croisés tentèrent de débarquer près de Beyrouth

 

De même, on fut informé par des nouvelles venant de Damas que dans les derniers jours du mois de Sha’ban, environ trente galères croisées avaient tenté d’accoster sur les côtes de Beyrouth mais que les habitants s’étaient rassemblés pour combattre l’ennemi. Allah Exalté à Lui les Louanges et la Gloire fit alors souffler un vent violent qui fracassa les navires en les repoussant sur le rivage. Les habitants de Beyrouth saisirent alors prisonniers tous ceux qui avaient échappé au naufrage soit quatre-vingts croisés francs.

 

L’arrivée de Qazan le roi tatar en Irak

 

Dans la nuit du mardi 16 Rajab, Silamish accompagné de Katkatou empruntèrent les chevaux de la poste et se rendirent dans la citadelle de la Montagne avec Moukhlis ad-Din ar-Roumi. Ils furent reçus avec honneur et traités des meilleures manières.

A propos de Silamish voici ce qui arriva. Après avoir été envoyé par Qazan pour conquérir le pays de Roum, il leva un corps de 10 000 hommes puis écrivit, à Ibn Karaman l’émir des Turcomans et au sultan en Égypte, une lettre qu’il fit porter par Moukhlis ad-Din ar-Roumi pour demander de l’aide afin qu’il puisse combattre Qazan et la réponse qu’il reçut, au mois de Rajab contenait des louanges et des félicitations. L’ordre fut envoyé aux troupes à Damas de lui porter assistance. Lorsque Qazan qui entre temps était arrivé à Baghdad, apprit que Silamish l’avait abandonné, il ajourna l’expédition qu’il avait projetée en Syrie et le premier jour du mois de Joumadah Thani, marcha vers le Sultanat de Roum à la tête de son armée de 35 000 hommes dont il donna le commandement à Boulay puis Qazan retourna à Tabriz en compagnie de Kanjak, Baktimour, al-Baqi et Bazlar.

Boulay se dirigea vers le Sinjar puis s’arrêta à Ras al-‘Ayn, ou établit son camp avant de marcher sur Amid. Silamish se retrouva à la tête d’environ 60 000 hommes et lorsqu’il arriva devant Siwas, les habitants lui fermèrent la porte si bien qu’il assiégea leur ville. Le 1 du mois de Rajab, il fut informé de l’approche de Boulay et des troupes de Qazan alors tous les Tatars qui servaient sous ses ordres l’abandonnèrent et rejoignirent les rangs de Boulay qui fut également rejoint par les troupes du Sultanat de Roum. Les Turcomans s’enfuirent vers les montagnes et Silamish se retrouva seul avec environ 500 hommes. Il leva aussitôt son camp, quitta Siwas et se dirigea vers Sis puis Bahisna ou il arriva à la fin du mois de Rajab.

Le 5 du mois de Sha’ban, la nouvelle de sa débandade arriva à Damas alors que les émirs qui s’apprêtaient à lui porter assistance étaient dans la ville. Silamish arriva à Damas le 21 du mois de Ramadan et repartit le lendemain, accompagné de l’émir Baktimour, pour Sis via Alep qu’il quitta à la tête d’un corps de troupes. Les Tatars, avertis de sa marche, l’attaquèrent et l’émir Baktimour fut tué dans le combat. Silamish qui s’était réfugié dans une forteresse fut prisonnier et conduit à Qazan qui ordonna son exécution.

Peu après, la nouvelle arriva que Qazan et ses troupes s’étaient mis en marche pour attaquer la Syrie. Il fut donné l’ordre par écrit aux émirs Qartay et Katloubak de rejoindre les émirs qui avaient été précédemment envoyés et ils arrivèrent à Damas le 24 du mois de Dzoul Hijjah puis, le sultan quitta la citadelle à la tête de son armée, le 24 du mois de Dzoul Hijjah et établit son camp en dehors de la ville du Caire laissant derrière lui pour gouverner en son absence, l’émir Rouqn ad-Din Baybars al-Mansouri.

 

Cette année, l’Egypte éprouva une épidémie de rats qui causèrent de grands dommages.

 

La première invasion de la Syrie du roi tatar Qazan

 

Alors que l’année 699 de l’Hégire débutait (1300), le sultan quitta Le Caire pour la Syrie suite aux intentions belliqueuses de Qazan. Bientôt les informations se succédèrent rapidement et de nombreuses vagues de fugitifs arrivèrent successivement. Les soldats employèrent la gratification qu’ils reçurent pour acheter ce dont ils avaient besoin et tout se vendait à des prix élevés à cause des rumeurs qui annonçaient la prochaine défaite de l’armée.

 

Des informations venant d’Alep annoncèrent que l’avant-garde de Qazan avait quitté les rives de l’Euphrate et traversé ce fleuve et que tous les habitants des villages sans exception avaient pris la fuite.

L’armée de Damas quitta alors la ville suivie par le sultan et ses troupes et se dirigea vers Homs ou le camp fut établit près de la ville après que des éclaireurs arabes aient été envoyés pour ramener des informations sur les troupes ennemies qui étaient arrivés près de Salamiyah. Les troupes restèrent en armes durant trois jours tandis que les prix des denrées étaient exorbitants.

Dans la matinée du mercredi 28 du mois de Mouharram, le sultan monta à cheval et pressa la marche de l’armée jusqu’à la quatrième heure du jour quand on vit apparaitre l’avant-garde tatare. Un mot d’ordre fut alors crié à l’armée de laisser de côté leurs lances et de ne se fier qu’à leur masse de guerre et leurs sabres, ce que firent tous les soldats.

 

La bataille de Majmou’ al-Mourouj

 

Après une nouvelle heure de marche, le sultan disposa l’armée de plus de vingt-mille cavaliers en ordre de bataille dans un lieu appelé Majmou’ al-Mourouj appelé de nos jour, Wadi al-Khazindar. Les Tatars quant à eux étaient au nombre d’environ cent mille.

L’émir ‘Issa Ibn Mouhannah reçut le commandement de l’aile droite avec tous les Arabes. Le centre de l’armée fut confié à l’émir Bilban at-Tabbakhi, le prince d’Alep, à la tête des troupes de sa ville et de celles de Hamah tandis que dans l’aile gauche se trouvaient les émirs Badr ad-Din Biktash, Aqoush Kattal as-Sabah, ‘Alim ad-Din Sanjar, Toughroul Iqani, al-Hajj al-Kourti, le souverain de Tripoli et un grand nombre d’autre émirs.

Un grand nombre d’émirs dont Baybars, Silar, Bourlouqi, Katloubak, Aybak al-Khazindar se trouvaient au centre avec les Mamalik du sultan. Houssam ad-Din Lajin était avec le sultan à quelque distance du champ de bataille tandis que cinq cents artificiers Mamalik étaient à l’avant-garde de l’armée.

Lorsque l’émir Baybars voulut ordonner le centre, il fut pris d’une violente crise de diarrhée qui l’empêcha de tenir sur son cheval et il quitta le camp sur une litière. Les savants musulmans exhortèrent les soldats à combattre dans la voie d’Allah et à tenir ferme ce qui fit verser les larmes.

Qazan resta dans sa position sans faire aucun mouvement car il avait recommandé à ses soldats de ne pas bouger avant qu’il ne le fasse lui-même et de s’élancer alors tous d’un seul homme.

Les troupes musulmanes avancèrent donc les premières puis les artificiers mirent le feu au naphte et fondirent sur Qazan qui ne fit pas le moindre mouvement alors que les Musulmans avaient pensé qu’il se jetterait dans la bataille. Les chevaux perdirent donc leur élan et les naphtes s’éteignirent. C’est alors le moment que choisit Qazan pour s’élancer avec ses troupes qui se précipitèrent tout à la fois précédé par dix mille archers qui couvrirent les Musulmans d’une pluie de flèches tuant ainsi un grand nombre d’entre eux ainsi que leurs montures et particulièrement les Arabes qui s’enfuirent les premiers suivis par les troupes d’Alep et de Hamah. Ainsi l’aile droite musulmane fut pulvérisée et mise en déroute par l’aile gauche de Qazan.

L’aile gauche composée par l’armée égyptienne attaqua la droite du commandant tatar qu’elle rompit et mit en déroute après avoir tué environ cinq-mille Tatars. La nouvelle fut apportée au sultan qui était en arrière avec sa garde spéciale et Houssam ad-Din qui se réjouirent de la nouvelle.

Qazan était sur le point de s’enfuir quand il fit appeler Kanjak, l’ex-gouverneur de Damas qui l’encouragea et lui demanda de résister. La roi tatar réunit autour de lui tous les fuyards et fondit sur le centre de l’armée égyptienne qui ne put soutenir son attaque. Silar, Baktimour, Bourlouqi et le reste des émirs prirent la fuite. Qazan les poursuivit de si près, que ses flèches atteignaient les casques des cavaliers, et en faisaient jaillir des étincelles.

Le sultan voulut s’enfuit mais Houssam ad-Din l’empêcha si bien qu’il ne resta à ses côtés que dix-huit Mamalik.

L’aile gauche musulmane qui avait défait l’aile droite de Qazan revint à Homs après le ‘Asr avec un butin considérable et ils furent stupéfiés de voir les émirs du centre qui avaient été mis en déroute poursuivit par les Mongols. Qazan, qui craignit une embuscade renonça alors à les poursuivre et ce fut par effet de la miséricorde divine sur les Musulmans car s’il avait poursuivi son action, les soldats égyptiens auraient tous péri. Le reste des fuyards arrivèrent à Homs au moment du coucher du soleil.

Les Tatars s’emparèrent du camp des Musulmans et prirent un butin considérable. Les fuyards musulmans pour se sauver plus vite jetèrent leurs armes tandis que leurs chevaux s’épuisèrent de fatigue. Les Égyptiens continuèrent leur route vers Baalbek dont ils trouvèrent les portes fermées. Après avoir pris des vivres, ils poursuivirent leur retraite jusqu’à Damas où ils arrivèrent le samedi 1 du mois de Rabi’ Thani.

Le plus grand nombre des fuyards se dirigea vers l’Égypte par la route de la Palestine. A peine les troupes étaient-elles entrées dans Damas, que des cris annoncèrent l’approche de Qazan. Les soldats évacuèrent la ville, après un séjour d’environ une heure, abandonnant tout ce qu’ils possédaient. Les habitants se hâtèrent de fuir et se débandèrent dans toutes les directions. L’armée en retraire tomba sur des pirates des tribus arabes de ‘Ashir qui pillèrent une bonne partie de leurs bagages et tuèrent plus de mille soldats ou Mamalik ainsi que le Qadi al-Qoudat Hanafi de Damas Houssam ad-Din al-Hassan Ibn Ahmad ar-Roumi.

 

La marche des Tatars sur Damas

 

Lors de la bataille, les Tatars, perdirent environ quatorze mille hommes de leur côté. Qazan, après la déroute de l’armée égyptienne marcha sur Homs où il trouva les trésors du sultan et les bagages des troupes qu’il enleva et confia à l’émir Nassir ad-Din Muhammad-Ibn as-Sarim avant de se diriger vers Damas, laissant ses soldats piller toute la région et qui recueillirent un immense butin.

 

Le samedi 1 du mois de Rabi’ Thani à l’heure de midi, un tumulte effrayant se fit entendre dans la ville de Damas.  Les femmes sortirent de leurs maisons, le visage découvert tandis que les hommes abandonnèrent leurs boutiques et leurs biens pour s’enfuir hors de la ville. La foule était si grande, qu’un très grand nombre de personnes moururent écrasées aux portes de la ville. Une partie des habitants se réfugièrent sur le sommet des montagnes et dans les villages tandis que d’autres se dirigèrent vers l’Égypte.

Dans la nuit du dimanche, les prisonniers s’échappèrent et le pillage de la ville commença puisqu’il n’y avait plus personne pour garder la ville. Le lendemain matin, les habitants qui étaient restés se réunirent devant la grande mosquée et envoyèrent une députation vers Qazan.

Le Qadi al-Qoudat Badr ad-Din Muhammad Ibn al-Jima’ah et le Sheikh ash-Shouyoukh Taqi ad-Din Ahmad Ibn-Taymiyah partirent à la rencontre du roi tatar le lundi 3 de ce même mois accompagnés d’un nombreux cortège de personnages distingués, de juristes et de lecteurs. Arrivés au lieudit an-Nabl, ils rencontrèrent Qazan, qui était en marche. Les envoyés demandèrent l’amnistie pour les habitants de Damas et offrirent les présents qu’ils avaient apportés. Qazan n’y prêta aucune attention et leur dit : « J’ai déjà envoyé l’acte que vous demandez. » Après quoi, il les congédia et ils retournèrent le vendredi après le ‘Asr. Ce jour-là aucune invocation ne fut dite pour aucun souverain.

La capitulation accordée par Qazan était déjà parvenue à Damas, le jeudi, sixième jour du mois. Le vendredi, sept, Isma’il le Tatar arriva à la tête d’une troupe et le samedi entra dans la ville, afin de lire le traité dans la grande mosquée ou toute la population était réunie. Un des Perses, qui arriva à la suite de l’émir Isma’il, lut l’acte qui assura à tout le monde d’être sans inquiétude. Isma’il retourna dans son logement après avoir fait la prière de ‘Asr.

 

Kanjak, Baktimour et leurs suites s’établirent dans le Maydan al-Akhdar tandis que les Tatars se dirigèrent vers Jérusalem et Karak pour piller et faire des prisonniers.

 

Le vendredi 14 la Khoutbah fut faite à Damas au nom de Qazan à qui les titres suivants furent attribués : « Le sultan suprême, le sultan de l’Islam et des Musulmans, Mouzaffar ad-Dounia wa ad-Din Mahmoud Qazan » et un grand nombre de Mongols firent la prière du vendredi.

 

Le pillage et la ruine de Salahiyah

 

Le 15 du mois de Rabi’ Thani, les Tatars commencèrent à piller Salahiyah et enlevèrent tous les tapis et les lampes qui décoraient la grande mosquée, les collèges et les tombeaux. Ils creusèrent la terre pour chercher les trésors enfouis qu’ils découvrirent en grande quantité comme s’ils avaient connu d’avance les lieux où ils étaient entreposés. Ibn Taymiyah suivit d’une foule nombreuse sortirent pour se plaindre et, à sa vue, les Tatars prirent la fuite.

Voici les raisons du motif qui amena le pillage de Salahiyah. Le roi de Sis voulu détruire Damas, en représailles des ravages commis dans ses états mais l’émir Kanjak (ou Kabjak) s’opposa à sa ruine et donna Salahiyah au roi tatar qui incendia la ville, les mosquées, les écoles après avoir tué neuf-mille-neuf-cents personnes et prit un nombre considérable de prisonniers avant de ravager la ville. Puis, après ruiné de Salahiyah, les Tatars se dirigèrent vers Mizzah et Daria qui subirent le même sort.

 

La résistance de la citadelle de Damas

 

Le jeudi 22, le savant Ibn Taymiyah se rendit à Tall Rahit ou campait Qazan mais qui ne put être admis devant le roi qui était ivre. Il alla donc trouver les deux vizirs, Sa’d ad-Din et Rashid ad-Din qui lui dirent : « Il faut à tout prix payer un tribut. »

Ibn Taymiyah retourna à Damas ou les Tatars commençaient à exiger rigoureusement le paiement de l’impôt. Ils ordonnèrent de placer dans la grande mosquée, une catapulte destinée contre la citadelle et les pièces étaient sur place pour la déployer. Arjiwash le commandant de la citadelle informé envoya un détachement qui  descendit en armes sur la mosquée et détruisit les préparatifs faits par les Tatars mais ces derniers déployèrent une nouvelle machine autour de laquelle ils établirent une garde. Ils avaient transformé la mosquée en un lieu de débauches et dans laquelle ils se livraient à la prostitution, à la pédérastie et buvaient du vin. Pendant plusieurs nuits, la prière du soir ne fut pas accomplie et les Tatars pillèrent le marché qui se trouvait près de la mosquée. Un des soldats de la citadelle se dévoua pour tuer le machiniste. Il pénétra avec un certain nombre d’homme dans la mosquée alors que les servants montaient la catapulte. Il tua d’un coup de couteau l’ingénieur tandis que ses compagnons se jetèrent sur les Mongols et les massacrèrent. Les survivants se hâtèrent de prendre la fuite et le commando musulman rentra sain et sauf dans la citadelle.

Arjiwash commença alors à démolir ou incendier tout ce qui environnait la citadelle et tous les bâtiments depuis la porte d’an-Nasr jusqu’à celle de Faraj furent détruits ainsi qu’un grand nombre de palais, de maisons pavillons et de jardins situés hors de la ville dont la mosquée Tawbah à Aqbiyah.