La garnison musulmane abandonne Damiette

 

Le samedi, les croisés descendirent sur la rive du Nil où se trouvait l’armée musulmane et où ils dressèrent une tente rouge pour le roi de France. Les Musulmans engagèrent le combat avec les croisés et ce jour, l’émir Najm ad-Din Ibn ash-Sheikh al-Islam fut tué. C’était un homme pieux qu’al-Malik an-Nassir Daoud avait mis au service d’al-Malik as-Salih Najm ad-Din pour lui tenir compagnie quand il fut emprisonné à Karak. De même, l’émir Sarim ad-Din Ouzbak al-Wiziri trouva également la mort. Quand la nuit tomba, l’émir Fakhr-ad-Din Ibn Sheikh al-Masha'ikh se retira avec ses troupes et se rendit sur la rive orientale de la ville de Damiette, abandonnant ainsi la rive occidentale aux croisés puis retourna avec ses soldats à Ashmoum Tannah.

Quand les habitants de Damiette virent que l’armée se retirait, ils quittèrent alors la ville. Cette action de l’émir Fakhr ad-Din fut l’une des plus honteuses qui lui fut attribuée car même sous le règne d’al-Malik al-Kamil, quand les croisés vinrent assiéger Damiette, il y avait bien moins de provisions et de munitions dans la ville et en dépit de cela, les croisés ne purent s’en emparer qu’après un siège d’une année quand la population périt de faim et de maladie. Et bien qu’il y eu cette fois ci à Damiette une garnison de soldats des Banou Kinanah, elle ne fut d’aucune utilité.

A l’aube du dimanche 23 du mois de Safar, les croisés marchèrent sur Damiette et quand ils arrivèrent, ils trouvèrent les portes ouvertes sans un seul homme pour la défendre. Craignant une ruse ils stoppèrent marche jusqu’à ce qu’ils réalisèrent que la population de la ville avait pris la fuite et l’avait abandonnée. Ils entrèrent alors dans la ville sans combattre et s’emparèrent de tout ce qu’ils trouvèrent ainsi que des quantités considérables de machines de siège, d’armes, d’équipements.

 

Les croisés prennent Damiette sans combat

 

Lorsque les nouvelles de la prise de Damiette parvinrent au Caire et à Foustat, les habitants furent terrifiés et désespérèrent après la fuite de l’armée de l’Islam. Les croisés se trouvèrent considérablement renforcés par leur prise du butin et de la puissante citadelle qu’ils n’auraient jamais pu prendre sans un très long siège. La santé du sultan al-Malik as-Salih s’aggrava au point qu’il ne put plus faire un seul mouvement.

 

Quand les troupes de Fakhr ad-Din arrivèrent à Ashmoum Tannah suivit par les habitants de Damiette, le sultan entra dans une terrible colère contre les Banou Kinanah et ordonna de les tuer pour avoir abandonné la ville sans ordre ce qui avait permis aux croisés de s’en emparer. Plus de cinquante de leurs émirs furent pendus après que le sultan eut demandé aux juristes de lui donner un avis juridique sur le sort qu’ils devaient subir.

 

Le sultan s’indigna contre l’émir Fakhr-ad-Din et lui dit : « N’aurais-tu pas pu tenir une heure devant ces croisés ? Nul homme n’a été tué parmi vous excepté mon hôte, le Sheikh Najm ad-Din. C’était pourtant l’occasion de montrer ta valeur et faire ton devoir ! »

Et tout le monde blâma l’acte de l’émir Fakhr ad-Din. Un grand nombre d’émirs et d’autres personnes qui craignaient le caractère emporté du sultan pensèrent à l’assassiner mais Fakhr ad-Din leur conseilla de patienter car il était sur le point de mourir et leur dit : « S’il meurt, vous en serez débarrassés sans violence et dans le cas contraire, vous pourrez lui faire ce qui vous conviendra. »

 

L’arrivée du sultan à al-Mansourah

 

Après ces événements, le sultan ordonna le départ pour al-Mansourah et transporté à bord d’une Harrakah (un petit navire), 5 jours avant la fin du mois de Safar, il se rendit dans le fort d’al-Mansourah sur le Nil. Les soldats remirent en état le campement pour y séjourner et des marchés furent établit. L’enceinte fut restauré et des protections élevées. La flotte de Foustat (Misr) arriva alors avec des renforts de fantassins et de munitions. Puis bientôt des quantités de volontaires arrivèrent pour combattre dans la voie d’Allah (Jihad) ainsi qu’un grand nombre de combattants arabes qui se chargèrent alors d’harceler les croisés qui en avaient profité pour fortifier l’enceinte de Damiette qu’ils avaient garni de soldats.

 

Le lundi 1 du mois de Rabi’ Awwal, trente-six prisonniers croisés dont deux chevaliers arrivèrent au Caire escortés des Arabes puis le 5 de ce même mois, trente-sept prisonniers suivis par vingt-deux le 6 et quarante-cinq autres dont trois chevaliers le 16.

 

 

Lorsque les soldats de Damas fut informée que les croisés avaient pris Damiette, ils marchèrent sur Sa’idah qu’ils prirent avoir l’avoir assiégée et livré plusieurs combats.

Le 26 du mois de Rabi’ Thani, les habitants informés des nouvelles de cette victoire s’en réjouirent tandis qu’un nombre régulier de prisonniers croisés continuaient d’arriver au Caire.

 

Le 18 du mois de de Joumadah Awwal, cinquante autres prisonniers croisés arrivèrent au Caire.

 

Pendant ce temps, la maladie du sultan s’aggrava et ses forces diminuèrent tellement que les médecins désespérèrent de le sauver du fait qu’il était atteint en même temps d’une plaie fistulaire et de la tuberculose.

 

 

Le 13 du mois de Rajab de cette même année, quarante-sept prisonniers et onze chevaliers croisés furent amenés au Caire. Quelques jours plus tard près de Nastarawah, les Musulmans capturèrent un navire croisé qui transportait des soldats.

 

La mort du sultan al-Malik as-Salih Najm ad-Din Ayyoub

 

Durant sa guerre contre les croisés et dans la nuit du lundi 15 du mois de Sha’ban, le sultan al-Malik as-Salih Abou al-Foutouh Najm ad-Din Ayyoub mourut à al-Mansourah alors qu’il était âgé de quarante-quatre ans, après avoir désigné son fils Touranshah comme son successeur. Il lui fit porter allégeance par l’émir Fakhr ad-Din Ibn Sheikh, par Mouhsin l’eunuque et les personnes en qui il avait confiance.

Avant de mourir, il signa dix mille lettres vierges qui serviraient pour les documents officiels afin de tenir sa mort secrète jusqu’à l’arrivée de son fils Touranshah qui se trouvait à Hisn Kayfa. Sa mère était une mère d’enfant et se nommait Ward al-Mani.

Son fils aîné était al-Malik al-Moughith ‘Omar, qui mourut en prison dans la citadelle de Damas et il eut aussi de sa femme Shajarah ad-Dour un fils nommé Khalil qui mourut en bas âge.

 

Al-Malik as-Salih régna en Egypte dix ans moins cinquante jours. Un des médecins qui avaient soigné le sultan durant sa maladie lava lui-même son corps pour cacher sa mort et qu’il fit transporter dans la forteresse de l’île de Rawdah. Sa mort resta dissimulée jusqu’au 22 du mois de Ramadan puis peu de temps après, son corps fut transféré dans le mausolée qu’il s’était fait construire près de la Madrassah as-Salahiyah, au Caire.

 

Ce fut al-Malik as-Salih qui établit en Egypte les Mamalik Bahri durant la nuit où il perdit le pouvoir à cause de la défection des Kurdes et de ses autres troupes tandis que seuls ses Mamelouk restèrent avec lui. Quand il remonta sur le trône d’Egypte, le sultan se rappela de leur conduite et acheta une grande quantité de Mamalik qui devinrent la majorité de son armée. Puis après avoir emprisonné les émirs déserteurs, il octroya leurs titres à ces Mamelouk dont il fit sa garde rapprochée et leur confia la surveillance de la tente royale. Il leur donna le nom de Bahri parce qu’ils habitaient avec lui dans la forteresse de l’île de Rawdah, sur le Nil.

 

L’allégeance à al-Malik al-Mou’azzam Touranshah

 

Quand le sultan mourut, sa femme, Shajarah ad-Dour, fit venir l’émir Fakhr ad-Din Ibn Sheikh et le Tawashi Jamal ad-Din-Mouhsin qui était le plus proche du sultan et qui contrôlait ses Mamalik ainsi que les gens de sa maison. Shajarah ad-Dour leur apprit alors que le sultan venait de rendre l’âme et elle leur donna l’ordre de cacher sa mort pour ne pas affoler les Musulmans.

L’émir Fakhr ad-Din était un homme intelligent et pouvait prendre en charge les affaires de l’état en plus d’être généreux et populaire. Shajarah ad-Dour convint donc avec eux de s’occuper des affaires de l’état jusqu’à l’arrivée d’al-Malik al-Mou’azzam Touranshah.

 

Shajarah ad-Dour convoqua alors les émirs qui se trouvaient dans le camp et leur dit : « Le sultan vient d’ordonner que vous lui renouvelez votre allégeance ainsi qu’à son successeur, son fils al-Malik al-Mou’azzam Ghiyath ad-Din Touranshah, le prince de Hisn Kayfa et que vous juriez de reconnaître l’émir Fakhr ad-Din Youssouf comme son général, l’atabek et le régent du royaume ». Tous les émirs consentirent parce qu’ils pensaient que le sultan était vivant et ils portèrent donc tous serments suivit par les soldats ainsi que les Mamalik du sultan.

 

Shajarah ad-Dour gouverna donc de manière à laisser apparaitre que rien n’avait changé. La tente royale resta ou elle était avant la mort du sultan et chaque jour, la table était servie. Les émirs continuaient de remplir leurs fonctions et quand ils venaient, Shajarah ad-Dour leur disait : « Le sultan est malade et recevra personne aujourd’hui. »

 

L’appel au Jihad

 

Cependant dès que les croisés soupçonnèrent la mort du sultan, ils sortirent de Damiette et campèrent à Fariskour accompagnés par leurs navires sur le Nil. Puis le jeudi cinq jours avant la fin du mois de Sha’ban, ils quittèrent Fariskour et le vendredi suivant, une lettre venant du camp des Musulmans arriva au Caire dans laquelle le peuple était invité à combattre dans la voie d’Allah et qui commençait par ce verset : « Légers ou lourds, lancez-vous au combat, et luttez avec vos biens et vos personnes dans la voie d’Allah. Cela est meilleur pour vous, si vous saviez. » (Qur’an 9/41)

Cette lettre qui était éloquente et qui contenait des exhortations pressantes fut lue aux gens depuis la chaire de la grande mosquée du Caire et quand sa lecture fut achevée, les gens pleurèrent puis, les villes du Caire et de Misr furent désertées par ces derniers qui rejoignirent l’armée. Un nombre considérable de gens arrivèrent dans le camp des troupes musulmanes pour combattre les croisés.

 

Le mardi 1 du mois de Ramadan de cette même année, une bataille eut lieu entre les Musulmans et les croisés ou ‘Ala ad-Din l’émir du Majlis trouva le martyre et un grand nombre de croisés furent tués. Ces derniers se rendirent alors à Sharimsah ou ils établirent leur camp.

 

Le lundi 7 de ce même mois, les croisés vinrent camper à al-Barmoun tout près de l’armée musulmane.

 

 

 

 

Les croisés établissent leur camp à al-Mansourah

 

Le dimanche 13, les croisés arrivèrent à l’extrémité de la rive de Damiette et ils établirent leur camp face à al-Mansourah, séparés des Musulmans par le canal d’Ashmoum tandis que les fils d’al-Malik an-Nassir Daoud, le souverain de Karak se trouvait sur la rive occidentale avec un corps de l’armée.

Les croisés fortifièrent alors leur camp qu’ils entourèrent d’un fossé avant d’activer leurs mangonneaux qui bombardèrent le camp des Musulmans de projectiles. La flotte croisée jeta l’ancre près du camp de ces derniers tandis que celle des Musulmans se trouvait devant al-Mansourah. Les deux armées s’affrontèrent tant sur terre que sur le Nil et le mercredi 16, six cavaliers passèrent dans le camp musulman et leur firent savoir que la situation des croisés devenait précaire.

Le jour de la Fête de ‘Id al Fitr (la rupture du jeûne), un comte qui était un parent du roi de France fut pris prisonnier. Les combats se poursuivirent et pas un jour ne passa sans que des croisés ne soient tués ou prit prisonniers. Quand les Musulmans harcelaient les croisés, ces derniers se jetaient à l’eau et retournaient sur la rive ou se trouvait de camp de leur armée. Les Musulmans s’exercèrent alors à toutes les ruses possibles pour s’emparer des croisés comme ce Musulman qui creusa un melon de manière à s’en coiffer puis après s’être mit à l’eau il nagea jusqu’à ce qu’il fut tout près des croisés qui crurent que c’était un melon qui venait vers eux. L’un d’entre eux se jeta dans le fleuve pour l’attraper mais le Musulman s’empara de lui et regagna à la nage, avec son prisonnier, le camp des Musulmans.

 

Le mercredi 7 du mois de Shawwal, les Musulmans s’emparèrent d’un navire dans lequel se trouvaient environ cent fantassins croisés et un comte.

 

Le vendredi 15 de ce même mois, les croisés montèrent à cheval mais les Musulmans les attaquèrent et tuèrent quarante d’entre eux.

 

Le vendredi, troisième jour de Dzoul Hijjah ( ? le texte dit du même mois de Shawwal), soixante-sept prisonniers croisés dont trois templiers arrivèrent au Caire.

 

Le jeudi, 22 de ce mois, un grand navire croisé fut incendié sur le Nil ce qui renforca le moral des Musulmans.

 

Les croisés pénètrent dans le camp musulman

 

Cependant, le mardi 5 du mois de Dzoul Qi’dah, la situation se renversa quand un traître musulman montra aux croisés un passage praticable dans le canal d’Ashmoum et les troupes musulmanes qui ne craignaient aucune attaque furent sidérés de trouver les croisés au milieu de leur camp. Les cris des soldats parvinrent jusqu’à l’émir Fakhr ad-Din qui prenait son bain et lui apprirent que les croisés avaient envahi le camp des Musulmans. Il sortit alors de son bain et sauta sur son cheval sans revêtir son armure et ordonna aux soldats de monter à cheval, il partit se rendre compte de la situation. Accompagné seulement de quelques Mamelouk, il fut intercepté par un groupe de templiers qui se jetèrent sur lui tandis que ses hommes s’enfuirent et l’abandonnèrent. Bien que l’émir résista, il fut transpercé par un coup de lance et les épées croisées l’achevèrent. Qu’Allah lui fasse miséricorde !

 

Mille-quatre-cent chevaliers croisés sous le commandement du frère du Roi de France marchèrent alors sur Jadilah et lorsque l’émir Fakhr ad-Din fut tué, les croisés se ruèrent dans al-Mansourah devant qui les troupes musulmanes vaincues s’enfuirent dans toutes les directions.

 

Baybars al-Boundouqdari

 

Alors que le roi de France allait s’approcher de la porte du palais du sultan, Allah par Sa miséricorde protégea les Musulmans du malheur qui les menaçait. Un groupe de Mamelouk Turcs Bahri et Jamdari sous le commandement de l’émir Baybars al-Boundouqdari se jetèrent sur les croisés, les repoussèrent, brisèrent leur cohésion et les chassèrent de la proximité du palais puis, quand ces derniers s’enfuirent, les Mamalik se saisirent de leur masse d’arme et se lancèrent à leur poursuite et tuèrent un très grand nombre d’entre eux et n’était-ce le pont par lequel le reste s’enfuit pas l’un d’entre eux n’aurait échappé à la mort.

Après la bataille qui fut livrée dans les ruelles d’al-Mansourah et sous le couvert de la nuit, les croisés s’enfuirent en désordre à Jadilah, où se trouvait leur campement fortifié. Cette bataille fut le début des victoires que les Musulmans allaient remporter sur les croisés.

 

Au moment où les croisés envahirent le camp d’al-Mansourah, des pigeons apportèrent la nouvelle au Caire qui terrifia les habitants. Les gens et les soldats abandonnèrent alors leurs villages et vinrent se réfugier au Caire ou les portes furent laissés ouvertes durant les nuits du mardi et du mercredi pour leur permettre d’entrer. Cependant, à l’aube du mercredi, ils reçurent les nouvelles de la victoire des Musulmans sur les croisés. Le Caire fut aussitôt décorée et les tambours furent battus dans la Citadelle de la Montagne ce qui causa une immense joie aux habitants. Par ordre de Shajarah ad-Dour, l’armée resta toutefois sur ses positions.

 

L’émir Fakhr ad-Din Youssouf Ibn ash-Sheikh al-Masha'ikh gouverna soixante-quinze jours en Egypte après la mort du sultan al-Malik as-Salih. Le jour où il fut tué, ses Mamelouk et plusieurs des émirs pillèrent sa demeure. Ils brisèrent ses coffres et prirent toutes ses richesses, ses chevaux et incendièrent la maison.

 

Bataille Phase 1

 

 

 

Le sultan al-Malik al-Mou’azzam Touranshah se rend à Damas

 

Le sultan al-Malik al-Mou’azzam Touranshah Ghiyath Ad-Din Ibn al-Malik as-Salih Najm ad-Din Ayyoub Ibn al-Malik al-Kamil Ibn al-Malik al-‘Adil Abou Bakr Ibn Ayyoub Ibn Shadi Ibn Marwan quitta Hisn Kayfa pour Damas, le 11 du mois de Ramadan et campa à ‘Anah avec cinquante cavaliers de sa garde personnelle le jeudi 15 de ce même mois de l’année 647 de l’Hégire (1249). Puis le dimanche suivant, il reprit sa route  et se dirigea vers Damas en prenant le chemin de Samawat qui traversait le désert. Puis après avoir campé à al-Qoussayr il fit son entrée dans la ville de Damas le samedi 17 du mois de Ramadan et se rendit dans la citadelle. L’émir Jamal ad-Din se rendit devant lui et lui porta allégeance suivit par les émirs et c’est à partir de ce moment, qu’il fut considéré comme le sultan. Il distribua des vêtements d’honneur aux émirs, et leur distribua de si larges sommes d’argent qu’il dépensa tout ce qui se trouvait dans la citadelle de Dama, soit trois cent mille dinars. Quand il eut épuisé ces richesses, il fit en venir d’autre de Karak qu’il distribua aussi. Puis, il fit libérer les prisonniers qui avaient été détenues à Damas sur l’ordre de son père, al-Malik as-Salih.

 

Le mercredi 27 du mois de Shawwal, le sultan Touranshah quitta Damas pour l’Egypte et le Qadi al-Qoudat, Badr ad-Din as-Sinjari, sortit de la ville et le rencontra à Gaza et se mit en marche avec lui pour se rendre au Caire.

Le samedi, quatorze jours avant la fin du mois de Dzoul Qi’dah, al-Malik al-Mou’azzam se rendit dans le palais que son père avait habité et ce fut seulement à ce moment qu’on annonça officiellement la mort d’al-Malik as-Salih. Durant toute cette période, les affaires restèrent dans le même état, la tente d’al-Malik as-Salih et sa table étaient dressés comme d’habitude. Les émirs y prenaient leur service comme durant sa vie et Shajarah ad-Dour se chargeaient des affaires et elle continuait à dire : « Le sultan est malade et ne peut recevoir. ».

Cela dura ainsi jusqu’à l’arrivée d’al-Malik al-Mou’azzam Touranshah à as-Salahiyah ou il prit possession de l’empire d’Egypte. Les poètes composèrent des poésies en son honneur et plusieurs débats scientifiques eurent lieu en sa présence cat il était instruit versé dans les sciences et connaissait les fondements de la jurisprudence islamique.

Puis, al-Malik al-Mou’azzam Touranshah quitta Salahiyah pour Tilsana, campa à Manzala ath-Thalithah avant d’arriver à al-Mansourah, neuf jours avant la fin du mois de Dzoul Qi’dah, ou il fut rejoint par les Mamelouk et les émirs après être descendu dans le pavillon où habitait son père.

 

La capture de la flotte des croisés

 

Le camp des croisés était régulièrement ravitaillé de Damiette via le Nil. Les Musulmans construisirent un certain nombre de navires qu’ils transportèrent démontés à dos de chameau, jusqu’au lac de Mahallah dans lequel ils les lancèrent et qu’ils remplirent de soldats tandis que les eaux du Nil montait à cette époque.

Quand les vaisseaux des croisés arrivèrent dans le lac de Mahallah, les navires musulmans embusqués fondirent sur eux et les attaquèrent en les prenant par surprise. Au même moment, la flotte musulmane arriva à al-Mansourah si bien que tous leurs navires furent capturés et ils étaient au nombre de cinquante-deux. Lors de cette bataille navale les croisés perdirent environ mille hommes et les Musulmans s’emparèrent de tous les provisions et les munitions qu’ils transportaient tandis que les prisonniers furent amenés au camp montés sur des chameaux.

Ainsi, les croisés dans leurs camps furent coupés de leurs approvisionnements de Damiette et commencèrent à souffrir de la faim.

 

Le 1 du mois de Dzoul Hijjah, les croisés capturèrent sept navires de la flotte qui patrouillaient dans le lac Mahallah cependant, les équipages purent s’échapper en se jetant à l’eau.

 

 

Le jour d’Arafat, des navires chargés de provisions destinées aux croisés arriva et la flotte musulmane captura trente-deux vaisseaux dont neuf de guerre ce qui eut pour conséquence d’aggraver leurs conditions si bien que les croisés envoyèrent des messagers au sultan pour conclure une trêve. Les Musulmans leur proposèrent de rendre la ville de Damiette en échange de Jérusalem et d’autres villes de Palestine mais ils refusèrent ces conditions.

 

Le vendredi, trois jours avant la fin du mois de Dzoul Hijjah, les croisés brulèrent toutes les constructions de bois de leur camp et détruisirent leurs navires avec l’intention de se retirer à Damiette et l’année prit fin alors qu’ils se trouvaient encore dans leur camp.

 

Cette année aussi, un groupe de Tatars marcha sur Baghdad et ravagèrent le pays poussant les habitants à s’enfuirent devant eux.

 

 

Bataille Phase 2

 

 

 

La bataille d’al-Mansourah et le retour de Damiette aux Musulmans

 

Durant la nuit du mardi au mercredi 3 du mois de Mouharram de l’année 648 de l’Hégire (1250), les croisés quittèrent leur camp et se dirigèrent vers Damiette précédés par leurs navires sur le Nil. Les Musulmans les poursuivirent après avoir traversé sur la rive qu’ils occupaient.

A l’aube du mercredi, les Musulmans avaient totalement encerclés les croisés qu’ils assaillirent et tuèrent un grand nombre d’entre eux et prirent un aussi grand nombre de prisonniers. Les Musulmans prirent un butin considérable et une centaine d’entre eux tombèrent au cours de la bataille

Au cours de cette bataille, les Mamalik Bahri commandés par l’émir Baybars al-Boundouqdari combattirent le plus férocement. Le roi de France, accompagné d’un certain nombre de nobles se réfugièrent sur une colline et finirent par capituler. La vie sauve leur fut garantie et ils descendirent de la colline puis furent emmenés à al-Mansourah ou le roi de France fut enchaîné et interné avec son frère dans la maison du Qadi Fakhr ad-Din Ibrahim Ibn Louqman. Soubh al-Mou’aththami fut chargé de leur garde.

Le sultan al-Malik al-Mou’azzam ordonna alors à l’émir Sayf ad-Din Youssouf Ibn at-Taradi, d’exécuter tous les prisonniers croisés, ce qu’il fit après un certain temps du fait de leur grand nombre.

 

Plus tard après l’assassinat du sultan al-Malik al-Mou’azzam, l’émir Abou ‘Ali fut charger de se rendre chez le roi de France pour la reddition de Damiette et après plusieurs entretiens, il fut décidé que les croisés quitteraient Damiette et que le Roi de France serait libre de retourner dans son pays quand il aurait payé la moitié de la somme qui avait été fixée pour sa rançon.

Le roi de France envoya une lettre aux croisés qui se trouvaient à Damiette en leur ordonnant de rendre la ville aux Musulmans mais ils refusèrent. Le roi insista et les étendards de l’Islam flottèrent une nouvelle fois sur les remparts et le témoignage de Foi retentit dans les mosquées.

Les croisés occupèrent Damiette onze mois et neuf jours. Quand le roi versa quatre cent mille dinars pour sa rançon, il retrouva la liberté en même temps son frère, son épouses, ses compagnons et les prisonniers qui étaient détenus à Misr et au Caire soit 12 110 individus qui gagnèrent tous la rive occidentale du Nil et s’embarquèrent pour Acre.

 

Jamal ad-Din Ibn Matrouh écrivit ces vers au sujet de cette expédition :

« Rapporte au roi de France quand tu te présenteras devant lui, ces paroles véridiques d’un bon conseiller.

Qu’Allah te prodigue Ses bienfaits pour te récompenser d’avoir fait tuer les adorateurs de Jésus, le Messie !

Tu allas en Egypte pour t’emparer de ce royaume n’espérant y trouver que des flûtes et des trompettes.

Mais le Destin t’amena vers des multitudes dont le nombre te fit paraître l’immensité bien étroite.

Et tu précipitas avec tes beaux plans tous tes compagnons dans les profondeurs du tombeau.

Sur soixante-dix mille, pas l’un d’entre eux ne sera vu hormis sinon tué, prisonnier ou blessé.

C’est incontestablement Allah qui t’a inspiré un tel projet ! Peut-être bien que Jésus rira de votre débâcle.

Si c’est le pape qui vous a incités à faire cette expédition,

Prenez-le comme devin, car il est pour vous un meilleur conseiller que Shik ou Satih.

Dis-leur que s’ils pensaient à revenir pour se venger de cette défaite ou pour commettre encore quelque vile action,

La maison d’Ibn Louqman est toujours là et les chaînes chez l’eunuque Soubh. »

 

La nouvelle croisade et de la mort du roi Louis IX en Ifriqiyah

 

Quand le roi de France retrouva la liberté et retourna dans son pays, il décida d’attaquer la ville de Tunis en Ifriqiyah. Comme la ville était puissamment défendu, il écrivit aux rois d’Europe pour les appeler à la guerre et demanda de l’aide au pape pour les pousser à répondre à son invitation. Le pape écrivit donc aux souverains chrétiens et leur ordonna de partir en campagne avec le roi de France à qui il permit d’utiliser les biens des églises selon ses besoins pour cette nouvelle croisade. Le roi d’Angleterre, de Barcelone ou le roi d’Aragon ainsi que plusieurs autres princes chrétiens répondirent à son appel.

 

Le sultan et roi de Tunis Abou ‘Abd-Allah-Muhammad al-Moustansir Billah Ibn al-Amir Abou Zakariyyah Yahya Ibn ash-Sheikh Abou Muhammad ‘Abdel-Wahid Ibn ash-Sheikh Abou Hafs ‘Omar, se prépara pour faire face à la menace mais lui envoya toutefois des messagers pour lui demander la paix et lui offrir quatre-vingt-mille dinars. Le roi de France prit l’argent mais refusa sa demande et arriva donc devant Tunis le dernier jour du mois de Dzoul Qi’dah de l’année 668 de l’Hégire (1269).

Il débarqua à Carthage avec 6 000 cavaliers et 30 000 fantassins ou il resta environ six mois. Durant cette période, les Musulmans livrèrent vaillamment un certain nombre de bataille jusqu’au milieu du mois de Mouharram de l’année 669 de l’Hégire et au cours desquelles, un nombre considérable d’hommes périt des deux côtés. Les Musulmans étaient sur le point de remporter la victoire quand un matin, le roi mourut. Les Chrétiens demandèrent aussitôt la paix et quittèrent le pays.

 

La destruction et la reconstruction de Damiette

 

Quand les Musulmans prirent possession de Damiette, la bonne nouvelle fut transmise au Caire, à Misr et dans toutes les parties de l’Egypte. Les tambours furent battus et les troupes revinrent au Caire, le jeudi 9 du mois de Safar.

 

 

L’émir Izz ad-Din Aybak épousa la sultane Shajarah ad-Dour le 29 du mois de Rabi’ Thani. Cette princesse abdiqua volontairement et elle descendit du trône après avoir régné durant quatre-vingt jours.

 

Le 19 du mois de Sha’ban de l’année 648 de l’Hégire (1250), après une décision adoptée par les membres du gouvernement, débuta la démolition de Damiette et un très grand nombre d’ouvriers quitta Le Caire pour la circonstance. Les murailles furent abattues et la ville entièrement rasée à l’exception de la grande mosquée tandis que les pauvres habitants se construisirent des maisons de roseaux le long du Nil. Le plan d’une nouvelle enceinte fut tracé sur l’emplacement de la ville actuelle de Damiette.

 

Ainsi prirent fin la septième et huitième croisade au Levant et au Maghreb.