Du siège et de la destruction du fort de Tour par les croisés

 

Lorsque les croisés eurent campé dans la plaine d’Acre, ils firent leurs préparatifs et emportèrent avec eux leur équipement de siège comme les trébuchets et autres, et se rendirent au fort de Tour qui était une forteresse récemment construite par al-‘Adil au sommet d’une colline près d’Acre qu’ils assiégèrent et assaillirent puis gravirent la colline jusqu’à ce qu’ils atteignent la paroi. Cependant, ils faillirent car il arriva qu’un des défenseurs musulmans tua un certain prince des croisés de sorte qu’ils abandonnèrent le château et repartirent vers Acre après dix-sept jours de siège. Après leur départ de Tour, ils restèrent un petit moment, puis se rendirent par mer en Egypte, comme nous allons le raconter, si Allah Tout Puissant le veut. Al-Mou’azzam se rendit alors à Tour qu’il rasa jusqu’aux fondations car la forteresse était dans le voisinage d’Acre et difficile à tenir.

 

Comment les croisés assiégèrent Damiette et sa chute

 

Quand les croisés, qu’Allah les maudisse, revinrent du siège de Tour, ils restèrent à Acre jusqu’au début de l’année 615 de l’Hégire (1218) puis se rendirent à Damiette par la mer ou ils arrivèrent au mois de Safar et jetèrent l’ancre sur la rive de la péninsule séparée de Damiette par le Nil, car une branche du Nil se jetait dans la mer à Damiette. Un grand tour fortifiée avait été construite dans le Nil où de puissantes chaînes de fer avaient été installées et tendues en travers du Nil jusqu’aux murs de Damiette pour empêcher les navires qui arrivaient par la mer de procéder librement sur le Nil vers l’intérieur du pays. N’eut été cette tour et ces chaînes personne n’aurait été capable d’empêcher les vaisseaux ennemis de s’engager sur une quelconque partie, proche ou lointaine du territoire de l’Egypte.

Lorsque les croisés eurent débarqués sur la péninsule séparées par le Nil de Damiette, ils bâtirent un mur défensif et creusèrent un fossé pour les protéger contre les attaques avant de commencer à engager la garnison de Damiette avec les machines de siège, les Marammas et les tours qu’ils utilisèrent depuis leurs navires pour attaquer la chaîne de la tour pour prendre cette dernière d’assaut et qui possédait une large garnison d’hommes.

Al-Kamil Ibn al-‘Adil, qui était le souverain d’Egypte avait fait son camp dans un endroit connu sous le nom d’al-‘Adiliyah dans les environs de Damiette tout en envoyant une série de renforts à Damiette pour empêcher l’ennemi de traverser vers son côté.

Les croisés persévérèrent avec des attaques successives sur la tour sans succès. Leurs Marammas et engins de siège furent brisés et pourtant, ils poursuivirent leurs assauts et continuèrent ainsi pendant quatre mois sans être capables de la prendre. Quand finalement ils réussirent à surmonter le problème, ils coupèrent les chaînes pour permettre à leurs navires d’entrer sur le Nil à partir de la mer et de prendre le contrôle des terres.

Pour remplacer les chaînes, al-Kamil prépara un grand pont de bateaux qui stoppa leur accès au Nil mais ils luttèrent intensément et sans répit pour ce ponton jusqu’à ce qu’ils finissent par le détruire. Lorsqu’ils l’eurent coupé, al-Kamil envoya un certain nombre de grands navires qu’il fit remplir (de terre ?), percer et couler dans le Nil si bien que les navires croisés furent ainsi été empêchés d’entrer dans le fleuve.

Voyant cela, les croisés tournèrent leur attention vers un canal connu comme le (canal) Bleu, où le courant principal du Nil avait coulé autrefois dans les temps anciens. Ils creusèrent et approfondirent ce canal, en amont des navires qui avaient été sabordés dans le Nil, qu’ils relièrent à la mer si bien que le flot jaillit. Ils amenèrent leurs navires jusqu’à un endroit appelé Bourah, également du côté de la péninsule, en face de l’endroit où al-Kamil campait afin qu’ils puissent l’engager à partir de là, n’ayant aucune autre voie par laquelle ils pourraient venir à bout de lui puisque Damiette était un obstacle qui les séparaient de lui. Quand ils s’établirent à Bourah, ils se retrouvèrent en face de lui et s’engagèrent sur l’eau. Ils attaquèrent plus d’une fois mais sans gagner un quelconque avantage.

 

Pendant ce temps, rien ne changea pour la population de Damiette parce l’approvisionnement et les renforts continuèrent d’arriver sans interruption et le Nil était une barrière entre eux et les croisés. Ils restèrent défiants et à l’abri de tout mal. Les portes de la ville étaient encore ouvertes et ils ne souffraient d’aucune difficulté ou ni de dommages causés par le siège.

Il arriva alors, comme Allah à Lui la Puissance et la Gloire voulut qu’al-‘Adil mourut au mois de Joumadah Thani de l’an 615 de l’Hégire (1218), comme nous le rapporterons si Allah le veut. Le moral des gens s’affaiblit parce qu’il était le sultan et même si ces fils étaient des princes sous son autorité, il n’en contrôlait pas moins leurs affaires et il était celui qui en avait fait d’eux des princes dans les terres. Son décès survint au moment où l’état des affaires dans la lutte contre l’ennemi était tel que nous l’avons décrit.

Parmi les émirs en Egypte, l’un d’entre eux était ‘Imad ad-Din Ahmad Ibn ‘Ali plus connu sous le nom d’Ibn al-Mashtoub, un Kurde (de la tribu) Hakkari qui était le plus grand émir en Egypte avait de nombreux partisans. Tous les émirs suivaient son exemple et lui obéissaient, en particulier les Kurdes. Il conclut un accord avec d’autres émirs et convint d’un plan pour renverser al-Kamil du pouvoir et mettre à sa place son frère al-Fa'iz Ibn al-‘Adil, afin qu’ils puissent acquérir autorité sur lui et le pays.

Al-Kamil entendit parler de cela et abandonna donc son camp dans la nuit, laissant sa caravane de bagages et alla dans un village appelé Ashmoum Tannah ou il campa. Dans la matinée, l’armée trouva leur sultan disparut. Chaque personne suivit sa propre inclination et personne ne se sentit concerné avec un autre. Ils furent seulement en mesure de prendre un peu de leurs tentes, de provisions, de biens et d’armes et ce qui était léger à porter puis laissèrent tout le reste dans l’état et partirent  à la poursuite d’al-Kamil.

 

Quant aux croisés, lorsque le lendemain se leva, ils ne virent aucun des Musulmans sur la rive du Nil où ils auraient dû être normalement et furent laissés sans savoir ce qui s’était passé. Puis des gens vinrent les trouver et les informèrent de la véritable situation. Sur ce, ils traversé le Nil du côté de Damiette en toute sécurité, sans aucune opposition ou résistance le 20 du mois de Dzoul Qi’dah de l’année 615 de l’hégire (1219) et saisirent tout ce qui était dans le camp des Musulmans, une quantité au-delà de tout compte pour ceux qui essayèrent de la comptabiliser.

 

Al-Kamil fut sur le point d’abandonner l’Egypte parce qu’il n’avait désormais aucune confiance en ses troupes et les croisés avait presque tout pris sans problème ou difficulté, quand, par la grâce d’Allah Tout Puissant sur les Musulmans, al-Mou’azzam ‘Issa Ibn al-‘Adil vint trouver son frère al-Kamil deux jours après cette affaire alors que les gens étaient confus. Son cœur fut renforcé par son arrivée, son dos se raidit, son esprit redevint stable et il retrouva son poste. Ils expulsèrent Ibn al-Mashtoub en Syrie qui rejoignit par la suite al-Ashraf et devint une partie de son armée.

 

Lorsque les croisés franchirent la rive de Damiette, l’ensemble des diverses tribus des Bédouins se regroupèrent et pillèrent la zone dans le quartier de Damiette, coupèrent la route et provoquèrent le chaos à un degré exceptionnel. Ils étaient bien plus pires que les croisés pour les Musulmans et la chose la plus préjudiciable pour les habitants de Damiette étaient l’absence totale de l’armée parce que le sultan et les troupes qui avaient été à proximité pour les défendre contre l’ennemi quand arriva cette affaire à l’improviste et qu’aucune troupe n’était entrée dans la ville, tout ceci à cause d’Ibn al-Mashtoub. Et il n’est pas étonnant qu’Allah Exalté ne lui accorda plus beaucoup de temps après cela et le « puni d’un peine supérieure à d’autres » comme nous allons le raconter, si Allah le veut.

 

Les croisés encerclèrent Damiette et engagèrent la défense par terre et mer. Ils creusèrent un fossé pour se prémunir contre toutes les attaques des Musulmans ce qui était leur pratique normale. Ils poursuivirent leurs assauts et la situation s’aggrava pour les habitants. La nourriture et d’autres choses devinrent difficiles à trouver et ils se fatiguèrent des combats constants parce que les croisés étaient capables de combattre en équipe en raison de leur grand nombre alors que dans Damiette, il n’y avait pas assez d’hommes pour être en mesure d’organiser des combats par tours successifs. Néanmoins, ils persévérèrent d’une manière impensable. Beaucoup d’entre eux furent tués ou blessés d’autres décédèrent ou tombèrent  malade. Ils endurèrent le siège jusqu’au 27 du mois de Sha’ban de l’année 616 de l’Hégire (1219) mais après les survivants furent incapables de tenir car ils étaient si peu nombreux et la nourriture impossible à trouver. A cette date, ils soumirent la ville aux croisés sur des conditions. Certaines personnes partirent et d’autres restèrent parce qu’ils étaient trop faibles pour se déplacer. Ainsi furent-ils dispersés aux quatre vents.

 

Comment les Musulmans reprirent Damiette aux croisés

 

Quand les croisés eurent capturé Damiette, ils s’y établirent et envoyèrent leurs escadrons à travers toutes les régions avoisinantes pour piller et tuer si bien que les habitants abandonnèrent leurs terres. Les croisés se lancèrent alors dans la réparation et la fortification de Damiette qu’ils rendirent imprenable.

Al-Kamil resta près d’eux sur les confins de son territoire pour le défendre. Lorsque les croisés dans leur pays d’origine entendirent parler que les leurs avaient conquis Damiette, ils se hâtèrent de les rejoindre de « venant de tout chemin éloigné » (Qur’an 22/27) la ville devint leur nouvelle destination.

 

Al-Malik al-Mou’azzam revint en Syrie et détruisit les murs de Jérusalem parce que tous les gens sans exception avaient peur des croisés. L’Islam, tous ses habitants et toutes ses terres étaient sur le point de sombrer à la fois de l’est et l’ouest. Les Tatars par centaines de milliers vinrent des pays de l’Est et atteignirent les districts de l’Irak, l’Azerbaïdjan, Arran et ailleurs, comme nous allons le rapporter si Allah le veut et les croisés par centaines de milliers vinrent de l’ouest et conquirent une ville comme Damiette en Egypte pour ne pas mentionner le fait qu’il n’y avait pas de forteresses pour défendre le pays contre ses ennemis. Ainsi, toutes les terres d’Égypte et de Syrie étaient sur le point de tomber et tous les gens avaient peur d’eux attendant la catastrophe chaque matin et soir. La population d’Egypte voulut évacuer leurs terres par crainte de l’ennemi « quand il n’était plus temps d’échapper » (Qur’an 38/3), car l’ennemi les avait cernés de toutes parts. Si al-Kamil leur aurait permis de le faire, ils auraient quitté le pays qui se serait effondré sur ses fondations mais ils furent empêchés de le faire et restèrent fermes.

Al-Kamil envoya lettre après lettre à ses frères, al-Mou’azzam, le seigneur de Damas, et al-Ashraf Moussa Ibn al-‘Adil, le seigneur de Mésopotamie, d’Arménie et ailleurs, leur demandant des renforts et les incita à venir en personne et que si cela ne leur était pas possible, de lui envoyer des troupes.

Le seigneur de Damas alla en personne trouver al-Ashraf à Harran et vit qu’il était trop préoccupé par des intérêts qui le menaçaient pour être en mesure de leur fournir de l’aide du fait que ceux qui lui avaient porté allégeance s’étaient rebellés contre lui, ce que nous rapporterons sous l’année 615 de l’Hégire (1218), si Allah le veut, dans le cadre de la mort d’al-Qahir, le seigneur de Mossoul. Le lecteur le trouvera là. Al-Mou’azzam accepta son excuse et retourna tandis que pendant ce temps, la situation avec les croisés resta inchangée.

Peu après, les dissensions disparurent des terres d’al-Ashraf et les princes qui s’étaient rebellés retournèrent à son obéissance et en l’an 618 de l’Hégire (1221) sa position fut fermement rétablie tandis qu’al-Kamil devait encore faire face aux croisés.

 

Au début de l’année 618 de l’Hégire (1221), al-Kamil fut informé que les problèmes d’al-Ashraf s’étaient résolus et il lui envoya de nouveau un messager pour lui demander des renforts ainsi qu’à son frère, le seigneur de Damas. Ce dernier, al-Mou’azzam, se rendit chez al-Ashraf pour le pousser à partir, ce qu’il fit et marcha vers Damas avec les troupes qu’il avait avec lui tout en ordonnant au reste des troupes de le rejoindre à Damas où, il resta un certain temps à les attendre. Certains de ses émirs et proches conseillers lui suggérèrent qu’il devait envoyer des troupes mais retourner en personne sur ses terres, de peur de différend qui pourrait survenir en son absence mais il n’accepta pas et dit : « J’ai fait l’intention du Jihad et il est essentiel de respecter cette intention. » Puis, il procéda vers l’Egypte.

 

Les croisés sortirent de Damiette à pied et à cheval pour prendre des mesures contre al-Kamil et ils campèrent en face de lui près d’un canal du Nil appelé l’embranchement d’Ashmoum, qui les séparait. Ils bombardèrent avec des trébuchets et tirèrent avec des arbalètes sur l’armée musulmane et tout le monde fut convaincu qu’ils allaient conquérir l’Egypte.

 

Al-Ashraf poursuivit sa marche et lorsque son frère al-Kamil entendit dire qu’il était proche, il alla à sa rencontre réjouit ainsi que tous les autres Musulmans qu’ils avaient uni leurs forces dans l’espoir qu’Allah Exalté leur accorderait une victoire et un certain succès de ce fait.

Quant à al-Mou’azzam, il marcha aussi vers l’Egypte et sur Damiette en pensant que ses deux frères et leurs armées avaient déjà investi la ville. Une version différente affirme qu’il fut informé sur sa route que les croisés étaient sur leur voie de retour à Damiette et qu’il tenta d’arriver avant eux pour les rencontrer de face tandis que ses deux frères étaient sur leurs arrières, et Allah est Plus Savant.

 

Quand al-Ashraf rejoignit al-Kamil, il fut convenu entre eux qu’ils devraient progresser le long du canal du Nil plus connu sous le nom d’al-Mahallah. Ils firent ainsi et luttèrent contre les croisés du fait qu’ils étaient proche les uns des autres. Les galères musulmanes se déplacèrent en amont du Nil et, après avoir affronté les galères des croisés, prirent trois de leurs navires avec les hommes à bord, l’argent et les armes qu’elles contenaient. Les Musulmans se réjouirent et se ravirent de cette victoire qu’ils prirent comme un bon présage. Leur moral remonta et ils prirent le dessus sur leurs ennemis.

Bien avant que cela eut lieu, des émissaires allaient et venaient entre eux pour établir les bases de la paix. Les Musulmans leur offrirent la reddition de Jérusalem, d’Ascalon, de Tibériade, de Sidon, de Jabalah, de Lattaquié et tout ce que Salah ad-Din conquit des croisés sur la côte et qui a déjà été consigné précédemment, sans compter Karak, s’ils renonçaient à Damiette. Les croisés refusèrent et demandèrent 300 000 dinars de dédommagement pour la destruction de Jérusalem afin qu’ils puissent utiliser cette somme pour la reconstruire. Toutefois rien ne fut conclu entre. Les croisés demandèrent également : « Vous devrez nous remettre Karak. »

Dans cette situation et les croisés refusant tout compromis, les Musulmans furent contraints de les affronter. Les croisés, en raison de leur excès de confiance, n’avaient pas apporté avec eux suffisamment de nourriture excepté pour un certain nombre de jours, imaginant que les armées musulmanes ne tiendraient pas contre eux, que les habitants et l’arrière-pays seraient tous laissés entre leurs mains et qu’ils pourraient alors leur prendre toutes les provisions qu’ils voulaient, tout cela à cause d’un plan qu’Allah Tout Puissant avait établi pour eux.

Un détachement de Musulmans traversa le canal et se rendit du côté ou se trouvaient les croisés puis ouvrirent les écluses du Nil et l’eau inonda la plupart de cette partie de terre. Les croisés se retrouvèrent avec nulle part où aller sauf dans une seule direction qui était confinée.

A ce moment, al-Kamil mit en place le pont de bateaux sur le Nil à Ashmoum et les troupes traversèrent. Ainsi, il prit le contrôle de la route que les croisés devraient suivre s’ils souhaitaient revenir à Damiette et aucune échappatoire ne leur fut laissée.

A ce stade, il arriva qu’un grand navire de croisés, l’un des plus grands navires appelé Maramma arriva escorté par un certain nombre de Harraqas (barge ?). Chacun d’entre eux étaient chargés de provisions, d’armement et de choses dont ils avaient besoin mais les galères des Musulmans tombèrent sur eux, les engagèrent dans la bataille, triomphèrent sur la  sur le Maramma et ses Harraqas d’escortes qu’ils saisirent. Voyant cela, les croisés désespérèrent et réalisèrent qu’ils avaient été malavisés de quitter Damiette pour un pays qu’ils ignoraient.

Entre temps, les troupes musulmanes furent autour d’eux, tirant des flèches et chargeant leurs flancs. Quand la situation s’aggrava pour les croisés, ils brûlèrent leurs tentes, leurs trébuchets et leurs bagages dans l’intention d’avancer contre les Musulmans et les engager dans l’espoir qu’ils pourraient revenir à Damiette. Cependant, ils virent que ce qu’ils espéraient était loin, qu’ils étaient empêchés d’y parvenir à cause de la boue et les eaux qui les entouraient et que la seule voie possible était déjà entre les mains des Musulmans.

Quand ils devinrent convaincus qu’ils étaient cernés de tous les côtés, qu’ils étaient incapables d’obtenir des provisions et que le destin leur avait montré ses crocs, leur moral s’effondra, leurs croix se brisèrent et leur diable les déserta. Ils contactèrent al-Kamil et al-Ashraf et demandèrent des conditions pour la restitution de Damiette avec rien en retour. Alors que les négociations se déroulaient, une grande armée soulevant beaucoup de poussière et un grand tumulte se fit entendre dans la direction de Damiette. Les Musulmans pensèrent que des renforts étaient arrivés pour les croisés et ils s’inquiétèrent. Soudain, il apparut qu’al-Mou’azzam, le seigneur de Damas, était arrivé et qui avait pris un itinéraire via Damiette en raison de ce que nous avons mentionné. La domination des Musulmans augmenta tandis que les croisés devinrent plus défaitistes et épuisés. Ils conclurent la paix en échange de la reddition de Damiette. L’accord et les serments furent conclut le 7 Rajab de l’année 618 de l’Hégire (1221).

Les princes des croisés, leurs comtes et leurs nobles se soumirent à al-Kamil et al-Ashraf comme otages pour la reddition de Damiette parmi eux se trouvaient le souverain d’Acre, le représentant du Pape de Rome, le comte (?) et vingt autre princes en tout. Ils écrivirent à leurs prêtres et moines de Damiette pour effectuer la remise de la ville et les hommes là-bas ne refusèrent pas et se rendirent aux musulmans le 9 du mois de Rajab. Ce fut un jour mémorable.

Une chose merveilleuse arriva par la suite. Quand les Musulmans reprirent la ville, des renforts pour les croisés arrivèrent par voie maritime et s’ils avaient précédé les Musulmans, ils auraient refusé de se rendre mais les Musulmans arrivèrent en premier afin qu’Allah puisse accomplir une affaire qui devait être réalisée. Seules les personnes incapables parmi les habitants étaient restées dans la ville. Les autres s’étaient dispersées aux quatre vents, certains étaient partis par choix personnel, certains moururent et certains furent pris par les croisés.

 

Quand les musulmans entrèrent dans la ville, ils virent que les croisés l’avaient puissamment fortifiée de sorte qu’ils la rendirent inattaquable et inaccessible. Cependant, Allah à Lui la Puissance et la Gloire rétablit la vérité à sa place et rendit la place à ses propriétaires légitimes. Il accorda aux Musulmans une victoire qu’ils n’espéraient pas quand leur espoir avait été de céder les terres qu’ils avaient prises aux croisés de Syrie pour récupérer Damiette. Cependant, Allah Exalté leur accorda la reprise de Damiette et leurs terres restèrent dans leurs mains. Allah Exalté doit être Loué et Remercié pour Sa grâce envers l’Islam, les Musulmans et pour avoir frustré l’agression de leurs ennemis car Il les sauva aussi du mal des Tatars, comme nous allons le rapporter si Allah le veut.

 

 

Cette année, il y eut une infestation de rats dans la ville de Doujayl dans le quartier de Baghdad. Un homme ne pouvait pas s’asseoir sans avoir un bâton pour repousser les rats au loin. Un grand nombre d’entre eux furent clairement vu, les uns à la suite des autres.

 

Cette année, le niveau du Tigre augmenta considérablement d’une façon qui n’a jamais été préalablement vu et Baghdad fut sur le point d’être inondée. Le vizir, les émirs et tous les notables sortirent et rassemblèrent une grande foule d’habitants et d’autres pour travailler sur les digues autour de la ville. Les gens furent anxieux et très perturbé face à la destruction. Ils préparèrent des bateaux pour être prêts à se sauver. Le calife fit une apparition publique et pressa pour les travaux. Une des choses qu’il dit fut : « Si ce que je vois pouvait être acheté avec de l’argent ou autre chose, je le ferais. Si cela pouvait être repoussé par les armes, je le ferais mais le décret d’Allah ne peut être évité. »

L’eau monta des canalisations et des puits de la rive orientale et une grande partie fut inondée. Le sanctuaire de l’Imam Abou Hanifah (qu’Allah lui fait miséricorde), une partie de Roussafah, la mosquée d’al-Mahdi, le village d’al-Malakiyah et le jardin furent tous inondés et les prières furent abandonnées dans la mosquée du sultan. Quant à la rive ouest, la plupart d’al-Qourayah, les canaux ‘Issa et d’ash-Shatiyah furent détruits ainsi que les vergers, le cimetière d’Ahmad Ibn Hanbal (qu’Allah lui fait miséricorde), le Haram Tahir, une partie de la Porte de Basra, les maisons sur la rive du canal ‘Issa et la plupart du quartier de Qoutouftah furent ruinés.

 

 

 

 

 


Chapitre Six

 

De l’année 617 de l’Hégire (1220)

 

De l’irruption des Tatars dans les terres d’Islam

 

Pendant plusieurs années, j’ai continué à éviter la mention de cette catastrophe qui m’horrifia et que j’étais peu enclin à raconter. J’avançais une étape en avant puis une autre en arrière. Qui donc pourrait trouver facile d’écrire la nécrologie de l’Islam et les Musulmans ? Pour qui serait-il insignifiant d’en faire l’exposé ? Oh, puisse ma mère ne m’avoir jamais enfanté ! Oh, puis-je avoir été mort avant qu’elle ne se produit et être une chose oublié, totalement oublié ! Cependant, un groupe d’amis m’exhorta à l’enregistrer mais j’hésitais. Je vis ensuite que négliger son rapport ne serait d’aucune utilité mais nous affirmons toutefois que le faire consiste à raconter la plus terrible catastrophe et le plus grand malheur que le passage des jours et des nuits ne peuvent produire de semblable. Il concerne tous les hommes mais affecta particulièrement les Musulmans.

Si quelqu’un venait à dire que, depuis la création d’Adam (paix sur lui) par Allah Exalté à Lui la Puissance et la Gloire, jusqu’à présent, jamais l’humanité n’a été affectée par quelque chose de comparable, il aurait dit la vérité. Les livres d’histoire ne contiennent pas quelque chose de semblable ou quelque chose qui s’en rapproche.

L’un des plus grands désastres qu’ils mentionnent est ce que Nabuchodonosor a fait aux Banou Isra'il, leur massacre et la destruction de leur temple al-Haykal. Qu’est donc Bayt al-Maqdis par rapport aux terres que ces maudits détruisirent où chaque ville est plusieurs fois supérieure à Jérusalem ? Et que sont les Banou Isra'il par rapport à tous ceux qu’ils massacrèrent ? Et la plus petite ville dont ils tuèrent ses habitants, ces derniers étaient  bien plus nombreux que tous les Banou Isra'il réunit. Peut-être que l’humanité ne verra plus une telle calamité, en dehors de Gog et Magog jusqu’à ce que le monde touche à sa fin et que toute vie cesse.

Quant à l’Antéchrist, il ménagera ceux qui le suivront et détruira ceux qui s’opposent à lui tandis que ceux-ci n’épargnèrent personne. Au contraire, ils massacrèrent les hommes, les femmes et les enfants et allèrent jusqu’à éventrer les femmes enceintes pour tuer aussi les fœtus. À Allah nous appartenons et à Lui retournons. Il n’y a de Puissance et de Force qu’en Allah le Très Haut, le Tout-Puissant.

Il s’agit d’une calamité dont les étincelles se propagèrent au loin et au large et dont les dégâts embrassèrent toute chose. Les Tatars se répandirent à travers les terres comme un nuage poussé par le vent, un peuple sortit des confins de la Chine qui se dirigea vers les villes de Transoxiane, Samarcande, Boukhara et autres et qui traitèrent leurs habitants de la manière que nous allons vous rapporter. Ensuite, un groupe d’entre eux traversa pour le Khorasan qu’ils conquirent, détruisirent, massacrèrent et ravagèrent systématiquement et minutieusement avant de passer à Rayy et Hamadan, les Hautes Terres et toutes les villes jusqu’à la frontière de l’Irak. Par la suite, ils attaquèrent l’Azerbaïdjan et Arran qu’ils ruinèrent et dont la plupart des gens furent massacrés. Seuls quelques rares fugitifs survécurent et tout cela fut accompli en moins d’une année. Rien de similaire n’avait jamais été entendu.

Quand ils eurent fini avec l’Azerbaïdjan et Arran, ils procédèrent à Darband, Shirwan dont ils prirent les villes et seule la citadelle où se trouvait leur roi fut sauf. De là, ils pénétrèrent les terres des Alains, des Lakzr et des divers peuples de cette région qu’ils massacrèrent systématiquement, pillèrent, ravagèrent et détruisirent. Ensuite, ils attaquèrent la terre des Qafjaq (Kiptchak), certains des plus nombreux Turcs, et tuèrent tous ceux qui leur résistèrent. Le reste s’enfuit dans les bois et les sommets des montagnes, abandonnant leurs terres, que les Tatars saisirent. Ils réalisèrent tout ceci en un temps record et ne s’attardèrent pas plus que le temps nécessaire à franchir les distances et rien de plus.

Un autre groupe, différent de celui-ci, alla à Ghazna, ses dépendances et les terres voisines de l’Inde, du Sijistan et de Kirman ou ils pénétrèrent et procédèrent de la même manière sinon pire.

 

Rien de semblable n’a jamais été rapporté auparavant. Alexandre, reconnut par les historiens à avoir conquis le monde, ne le conquit pas avec cette rapidité mais en une dizaine d’années et ne tua personne. Il accepta simplement l’allégeance des gens tandis qu’en environ un an, ces hommes conquirent la plupart de la terre connue, sa partie la plus juste, la plus civilisée et peuplée par des habitants les plus équitables dans les mœurs et la conduite. Dans les terres ou ils n’étaient pas encore parvenues, il n’y avait personne qui n’était pas terrifié par eux, les attendant et guettant leur arrivée.

Les Tatars n’avaient pas besoin de vivres et de denrées alimentaires car ils étaient accompagnés par leurs moutons, leurs bovins, leurs chevaux et d’autres animaux de bât dont ils consommaient leur chair et rien d’autre. Les animaux qu’ils montaient creusaient la terre avec leurs sabots, mangeaient les racines des plantes et ne connaissaient rien de l’orge. Ainsi, quand ils campaient, ils n’avaient nul besoin.

 

Quant à leur religion, ils se prosternaient devant le soleil à son lever et rien n’était rituellement interdit. Ils mangeaient tous les animaux, même les chiens, les porcs et d’autres. Ils n’avaient aucune notion de mariage. Toutes les femmes étaient visitées par plus d’un homme et tout enfant qui naissait ignorait son père.

 

Pendant cette période, l’Islam et les Musulmans furent éprouvés des malheurs qu’aucune communauté n’a jamais éprouvés. Par exemple, ces Tatars, qu’Allah les maudisse, apparurent de l’Est et commirent des méfaits qui horrifièrent tous ceux qui ont entendirent parler d’eux[1]  et qui seront mentionnés en temps voulu, si Allah le veut. Puis il y eut l’arrivée (non fortuite) des croisés, qu’Allah les maudisse aussi, de l’ouest de la Syrie, leur attaque sur l’Egypte et leur prise du port de Damiette. L’Egypte, la Syrie et d’autres endroits furent sur le point de tomber entre leurs mains n’était-ce la grâce d’Allah Tout Puissant et Son aide contre eux, ce que nous avons rapporté sous l’année 614 de l’Hégire (1217).

 

Un autre malheur est que ceux qui échappèrent à ces deux hordes étaient à couteaux tirés entre eux et leurs dissensions faisaient rage. Nous avons aussi parlé de cela. En vérité, nous appartenons à Allah et à Lui retournons.

Nous prions Allah Exalté d’accorder Son aide à l’Islam et les Musulmans car il n’y a personne pour aider et défendre l’Islam. « Et lorsqu’Allah veut [infliger] un mal à un peuple, nul ne peut le repousser : ils n’ont en dehors de lui aucun protecteur. » (Qur’an 13/11)

Et c’est seulement en raison de l’absence d’un solide défenseur que la cause des Tatars prospéra.

La raison pour laquelle une telle personne fit défaut est due au fait que Khwarizm Shah Muhammad prit le pouvoir des terres de ses voisins dont il tua et élimina tous leurs princes. Il devint ainsi le sultan incontesté de toutes ces terres et quand il fut vaincu par les Tatars, il ne restait plus personne qui aurait pu leur résister ou défendre les terres « afin qu’Allah accomplisse ce qui était destiné. »

 

Il est temps maintenant pour nous de rapporter le début de leur irruption dans les terres.

 

(J’en profite pour préciser que je n’ai pas traduit les affaires internes des Musulmans entre eux ni même l’Histoire de Khwarizm Shah Muhammad et comment il conquit les terres de ses voisins. Je pense que cela est relatif à toutes les dynasties musulmanes et aussi à toutes les nations du monde de vouloir prendre les terres de leurs voisins, soit pour se préserver de leur maux ou tout simplement pour avoir plus de revenus dans les caisses.

 

 

De l’irruption des Tatars dans le Turkestan et la Transoxiane et ce qu’ils y firent

 

Cette année, les Tatars apparurent dans les terres d’Islam. Ils étaient une variété de nombreux Turcs qui habitaient dans les montagnes de Tamghaj en direction de la Chine et qui sont séparées des terres islamiques d’une distance de plus de six mois de voyage.

Leur apparition survint quand leur chef nommé Shinjiz (Shinjiz) Khan et plus connu sous le nom de Timoujin quitta ses terres et se rendit dans les régions du Turkestan. Il envoya un groupe de marchands et de Turcs accompagnés d’une importante quantité de lingots, de peaux de castors et d’autres choses dans les villes de Transoxiane, Samarcande et Boukhara pour lui acheter des textiles pour faire des vêtements. Ils arrivèrent dans une ville dans les terres des Turcs appelés Outrar, à la frontière du royaume de Khwarizm Shah, qui avait un gouverneur. Lorsque ce groupe de Tatars vint le trouver, il envoya un messager à Khwarizm Shah pour l’informer de leur arrivée et des biens qu’ils avaient avec eux. Khwarizm Shah lui envoya un messager en retour qui lui ordonna de les tuer, de saisir leurs biens et de les lui transmettre, ce qu’il fit et lui envoya ce qu’ils avaient, ce qui était une somme considérable, et les distribua parmi les marchands de Boukhara et Samarcande après avoir obtenu le prix qu’il fixa.

Quand Khwarizm Shah conquit la Transoxiane du Qarakhitay, il ferma les routes du Turkestan et des terres au-delà. Un autre groupe de Tatars avait déjà vu le jour alors que le pays appartenait à la tribu de Qarakhitay. Quand Khwarizm Shah conquit les terres en Transoxiane du Qarakhitay et les tua, ces Tatars prirent le contrôle du Turkestan, Kashgar, Balasaghoun et ailleurs, ou ils entreprirent de faire la guerre aux troupes de Khwarizm Shah. C’est pour cette raison qu’il retint les marchandises, les textiles et autres choses qui en provenaient.

Cependant, il y a un autre rapport sur la raison de leur irruption dans les terres d’Islam qui ne doit pas être mentionné entre les couvertures de livres.

Ce qui arriva est arrivé, quelque chose que je ne mentionnerai pas.

Pense le meilleur et ne pose pas de questions sur les faits.

 

Lorsque le gouverneur de Khwarizm Shah tua les partisans de Shinjiz Khan (Gengis Khan), il envoya des espions chez ce dernier pour voir quelle sorte d’homme il était, combien de Turcs il avait avec lui et quelles étaient ses intentions. Les espions partirent, traversèrent le désert et les montagnes pour aller le trouver et ne revinrent qu’après un long moment pour lui dire que leur nombre était si grand qu’il était impossible de les dénombrer, qu’ils étaient les plus fermes des créatures d’Allah dans la bataille, qu’ils ne connaissaient pas la fuite et qu’ils fabriquaient les armes dont ils avaient besoin de leurs propres mains.

 

Khwarizm Shah regretta alors d’avoir tué leurs hommes et prit leurs biens puis devint de plus en plus préoccupé si bien qu’il convoqua Shihab ad-Din al-Khiwaqi, qui était un juriste, un homme de science tenu en haute estime et dont les conseils n’étaient jamais contredits. Il se présenta devant le sultan qui dit : « Une affaire grave s’est produite. Il est indispensable de réfléchir et d’avoir ton conseil sur ce que nous devrions faire. Le fait est qu’un innombrable ennemi a pris des mesures contre nous de la région des Turcs ». Shihab ad-Din répondit : « Vos armées sont nombreuses. Nous devrions écrire aux provinces et rassembler les troupes. Soit lancer un appel général aux armes car il est du devoir de tous les Musulmans de t’aider avec de l’argent et leurs personnes ou alors de nous laisser aller avec toutes les troupes sur les rives du Syr-Daria (un grand fleuve qui sépare les terres des Turcs des terres d’Islam). Nous serons là et quand l’ennemi arrivera, après avoir parcouru une longue distance, nous les rencontrerons reposé tandis que lui et ses troupes seront fatigués et épuisés. »

 

 Khwarizm Shah rassembla ses émirs et ses conseillers à la cour pour les consulter. Ils ne furent pas d’accord avec son plan et dirent : « Le meilleur plan est de leur permettre de franchir le Syr-Daria et de laisser voyager à travers les montagnes et les cols étroits que nous connaissons mais qu’ils ignorent. Ensuite, nous les écraserons et les détruiront et aucun d’entre-deux n’échappera.

Tandis qu’ils étaient ainsi occupés, un émissaire de ce maudit Shinjiz Khan arriva accompagné de plusieurs autres et menaça Khwarizm Shah en lui disant : « Tu as tué mes hommes, mes marchands et prit mes biens. Prépare toi donc à la guerre car j’arrive contre toi avec une armée innombrable.

Entre temps Shinjiz Khan était allé au Turkestan et prit Kashgar, Balassaghoun et toutes les terres après avoir éliminé les Tatars locaux inconnus et effacé leur trace comme s’ils n’avaient jamais existé après qu’ils aient été massacré comme les Qarakhitay avant d’envoyer le messager sus cité à Khwarizm Shah qui, quand il l’entendit, ordonna l’exécution de son envoyé qui fut dûment exécuté et l’ordre de raser les barbes des gens qui étaient avec lui. Puis, ils furent ensuite renvoyés à leur maître, Shinjiz Khan pour l’informer de ce qui était arrivé à son envoyé et lui dire : « Khwarizm Shah te dit : « J’arrive à ta rencontre quand bien même tu aurais été aux confins de la terre pour de punir de la même façon que j’ai traité tes suivants. »

 

Khwarizm Shah se prépara et se mit en marche après le départ des envoyés pour parvenir avant l’arrivée des nouvelles de sa venue et pour les prendre par surprise. Il força la marche et couvrit la distance de quatre mois de voyage. Lorsqu’il arriva dans leur camp,  il ne vit que des femmes, des enfants et des bagages sur qui il tomba, prit comme butin et asservi les femmes et leur progéniture.

Les mécréants étaient absents parce qu’ils étaient allés faire la guerre à un prince des Turcs nommé Koushloug Khan. Après l’avoir combattu, vaincu et saisit tous ses biens comme butin, ils revinrent pour être informé sur leur route de retour des nouvelles de ce que Khwarizm Shah avait fait à ceux qu’ils avaient laissés derrière. Ils se pressèrent à toute vitesse et arrivèrent avant que ce dernier ait quitté leurs tentes. Ils formèrent leurs lignes de bataille et se livrèrent une bataille sans précédent qui dura trois jours et nuits ou le nombre des morts des deux côtés fut au-delà de tout compte. Personne ne s’enfuit. Les Musulmans tiennent bon par ferveur pour la religion et parce qu’ils savaient que s’ils s’enfuyaient, ils ne pourraient pas survivre et qu’ils seraient pris parce qu’ils étaient loin de leurs terres. Les mécréants en revanche résistèrent pour sauver leurs familles et leurs biens. La situation devint critique. Certains descendirent même de leurs chevaux et combattirent leurs adversaires à pied et échangèrent des coups de poignards. Le sang se répandit tellement sur le sol que les chevaux commencèrent à glisser et les deux côtés épuisèrent leurs endurances et leurs forces. Cet engagement eut lieu avec le fils de Shinjiz Khan, son père n’était pas présent dans la bataille puisqu’il l’ignorait. Les Musulmans tués lors de cette bataille furent dénombrés à environ vingt mille mais les mécréants tombés ne furent pas comptés.

Lorsque la quatrième nuit tomba, ils se séparèrent et campèrent l’un en face de l’autre. Quand l’obscurité tomba, les mécréants allumèrent leurs feux de camp qu’ils laissèrent bruler et quittèrent le champ de bataille tandis que les Musulmans firent de même du fait que le combat avait épuisé chaque côté.

Les mécréants retournèrent chez leur chef Shinjiz Khan et les Musulmans se retirèrent à Boukhara où Khwarizm Shah se prépara pour un siège parce qu’il réalisa sa faiblesse, incapable qu’il avait été de remporter une victoire sur une partie de l’armée de Shinjiz Khan. Comment aurait-il été s’ils étaient venus avec tous leurs chefs ? Il ordonna aux habitants de Boukhara et de Samarcande de se préparer pour un siège et de collecter toutes les provisions nécessaires pour se préparer à résister. Il plaça à Boukhara 20.000 cavaliers de son armée pour la défendre et 50.000 à Samarcande et leur dit : « Tenez la ville pour me permettre de revenir au Khwarezm et au Khorasan et pour rassembler des troupes, appeler les Musulmans à l’aide et revenir vers vous. Quand il eut fini, il se mit en route pour le Khorasan, traversa l’Oxus, s’arrêta dans les environs de Balkh et établit son camp.

 

Quant aux mécréants, lorsqu’ils eurent achevés leurs préparatifs, ils partirent pour la Transoxiane et arrivèrent à Boukhara, cinq mois après l’arrivée de Khwarizm Shah. Ils investirent la ville qu’ils assaillirent pendant trois jours avec d’intenses combats continus. L’armée du Khwarezm qui n’était pas assez forte pour y faire face, abandonna la ville et retourna au Khorasan. Lorsque les citoyens se réveillèrent et constatèrent la disparition de l’armée, leur moral s’effondra. Ils envoyèrent alors le Qadi Badr ad-Din Qadi Khan pour demander des conditions pour les habitants que les Tatars accordèrent.

Un détachement de l’armée qui avait pas pu s’enfuir avec leurs camarades et était resté en arrière, se fortifièrent dans la citadelle. Lorsque Shinjiz Khan accepta les conditions, les portes de la ville furent ouvertes le mardi 4 du mois de Dzoul Hijjah de l’année 616 de l’Hégire (1220). Les mécréants entrèrent à Boukhara et ne firent de mal à personne. Cependant, ils dirent aux gens : « Ramenez-nous tout ce que vous avez qui appartient au sultan, les trésors et d’autres choses et aidez-nous à combattre ceux dans la citadelle. Ils feignirent la justice et la bonne conduite à leur égard puis, Shinjiz Khan entra alors en personne dans la ville et encercla la citadelle en proclamant que personne ne devait rester en arrière sous peine d’être tous tué. Tous les habitants se présentèrent et furent invités à combler les douves qu’ils remplirent de bois, de terre et d’autres choses. Les mécréants prirent même le Minbar et les étagères des Qur’an qu’ils jetèrent dans le fossé. En vérité, nous appartenons à Allah et à Lui nous retournons. En vérité, un des Noms Allah Exalté Dieu est Le Patient sans quoi la terre les aurait engloutis pour avoir fait une telle chose.

 

Ils maintinrent leurs assauts sur la citadelle où se trouvaient environ quatre cents guerriers musulmans qui firent de leur mieux et défendirent la citadelle pendant douze jours, luttant tant contre l’armée des mécréants que les habitants de la ville. Certains d’entre eux furent tués mais ils poursuivirent leur résistance jusqu’à ce que les Tatars, après un assaut, atteignent les murs de la citadelle que les sapeurs minèrent. Le combat devint alors intense. Les Musulmans dans celle-ci tirèrent tout ce qu’ils purent trouver, des pierres, des substances incendiaires et des flèches. Le maudits se mit en colère et retira ses hommes pour ce jour-là mais, il reprit l’assaut tôt le lendemain et lutta de toutes ses forces. Les défenseurs de la citadelle se fatiguèrent et s’épuisèrent, surmontées par des forces écrasantes. Les mécréants les vainquirent alors et entrèrent dans la citadelle où les défenseurs combattirent et furent tués jusqu’au dernier homme.

Lorsqu’il eut pris la citadelle, Shinjiz Khan ordonna de lui fournir la liste des notables et des chefs de la ville et quand elle lui fut remis, il les fit tous demander et leur dit : « Je veux que vous me rameniez les lingots que Khwarizm Shah vous a vendu et que vous avez car ils sont à moi et ont été pris à mes hommes. »

Tout ce qui était en leur possession fut amené devant lui et il leur demanda de quitter la ville qu’ils quittèrent, dépossédés de leurs biens excepté les vêtements qu’ils portaient. Les mécréants entrèrent alors dans la ville qu’ils pillèrent après avoir tué tous ceux qu’ils y trouvèrent. Ceux des Musulmans qui ne le furent pas, il ordonna à ses hommes de se les partager entre eux, ce qui fut fait.

Ce fut un jour terrible vu la quantité de pleurs des hommes, des femmes et des enfants qui furent dispersés aux quatre vents et complètement séparés. Ils divisèrent aussi les femmes entre elles. Boukhara devint vide de toute vie, effondrée sur ses fondations, comme si nul n’y avait jamais existé. Ils commirent des actes horribles avec les femmes alors que les gens regardaient et pleuraient, incapables de se défendre de tout ce qui leur arrivait. Certains refusèrent cela et choisirent plutôt la mort et combattirent jusqu’à ce qu’ils soient tués. Parmi ceux-là, ceux qui choisirent de se faire tuer plutôt que de voir ce qui arrivait aux Musulmans fut le juriste et Imam, Roukn ad-Din Imamzade et son fils qui, lorsqu’ils virent ce qui était fait aux femmes, ils se battirent jusqu’à ce qu’ils furent tués. Le Qadi Sadr ad-Din Khan agit de la même façon. Ceux qui abandonnèrent, leur volonté anéantie, furent pris prisonniers puis les mécréants mirent le feu à la ville, aux Madrassah et aux mosquées. Ils torturèrent aussi les habitants de diverses façons pour qu’ils avouent ou ils avaient cachés leur argent.

 

Alors les Tatars partirent en direction de Samarcande après avoir constaté que Khwarizm Shah n’avait toujours pas quitté sa position entre Tirmid et Balkh, impuissant contre eux. Ils emportèrent avec eux les survivants de la population de Boukhara prisonniers qu’ils trainèrent de la plus misérable façon. Tous ceux qui s’épuisaient et étaient incapable de marcher furent tués. Lorsqu’ils approchèrent de Samarcande, ils envoyèrent la cavalerie en avant suivie par les prisonniers et les bagages derrière eux qui arrivèrent lentement pour terrifier encore plus le cœur des Musulmans. Quand les gens de la ville virent leur dense masse, ils furent horrifiés.

Le lendemain, l’infanterie, les bagages et les prisonniers arrivèrent. Les Tatars avaient donné à chaque groupe de dix d’entre eux (les prisonniers) une bannière afin que les habitants de la ville pensent qui faisaient partie des troupes. La ville où se trouvaient les 50.000 soldats de l’armée de Khwarezm et aussi bien que les gens ordinaires devinrent soucieux face à cette innombrable multitude qui les encerclèrent totalement. Certains habitants courageux, des hommes à la volonté inébranlable sortirent à pied sans qu’un seul soldat ne les accompagne à cause de la peur de ces maudits qui avait transi leurs cœurs. Les hommes à pied engagèrent l’ennemi hors de la ville et les Tatars se retirèrent devant les citoyens qui confiants les poursuivirent. Les mécréants avaient placé une embuscade pour eux et quand ils dépassèrent celle-ci, ils sortirent de leur cachette et les coupèrent de la ville. Ceux qui avaient initialement engagés le combat tentèrent de se retirer et les bénévoles locaux qui se trouvaient dans leur centre, furent abattus de chaque côté par les épées et pas l’un d’entre eux ne survécut. Ils furent massacrés en martyrs (qu’Allah leur fasse miséricorde) jusqu’au dernier homme et selon les rapports, ils étaient 70.000.

Lorsque les troupes restantes et les habitants virent cela, leur moral s’effondra et ils furent certains qu’ils étaient condamnés. Les soldats, des Turcs, dirent : « Nous sommes de leur race. Ils ne vont pas nous tuer », alors ils demandèrent des conditions qui leurs furent accordées. Les portes de la ville furent ensuite ouvertes et les habitants furent incapables de les arrêter puis, ils se rendirent chez les mécréants avec leurs familles et leurs biens. Ces derniers leur dirent : « Remettez-nous vos armes, vos biens et vos montures car nous allons vous envoyer dans un endroit où vous serez en sécurité. » Ils obéirent et après avoir pris leurs armes et leurs biens, les mécréants se jetèrent sur eux, les passèrent par l’épée, les tuèrent jusqu’au dernier homme et saisirent leurs biens, montures et femmes.

(Nous remarquons que les mécréants, peu importe leur pays ou leur race, ont tous en commun les mêmes caractéristiques, la cruauté, le non-respect de la parole, des serments, des pactes et des traités.)

Le quatrième jour, il y eut une proclamation dans la ville que toute la population devait partir et que quiconque resterait en arrière serait tué. Tous les hommes, les femmes et les enfants sortirent et les habitants de Samarcande furent traités comme les habitants de Boukhara. Ils furent dépouillés de leurs biens, tués, asservis et outragés puis, les Tatars entrèrent dans la ville et pillèrent ce qu’elle contenait. Ils mirent le feu à la mosquée mais laissèrent le reste de la ville telle qu’elle était. Ils violèrent les jeunes filles et torturèrent les personnes avec des variétés de torture à la recherche d’argent. Ceux qui étaient inaptes à être réduits en esclavage furent tués et ces évènements eurent lieu au mois de Mouharram de l’année 617 de l’Hégire (1220).

 

Khwarizm Shah était encore dans son camp. Chaque fois qu’un corps de troupes venait le rejoindre, il l’envoyait à Samarcande et ne pouvant y parvenir, ils ne revenaient pas. Nous cherchons refuge en Allah d’être ainsi abandonné par Lui. Lors d’une occasion, il envoya 10 000 cavaliers qui retournèrent abattus sans avoir engagé une seule bataille puis 20 000 autres mais ils revinrent également de la même façon.



[1] Excepté les mécréants qui se réjouirent du malheur des Musulmans.