De la prise de Jaffa par al-‘Adil, la prise de Beyrouth et le siège de Tibnin par les croisés et leur retrait

 

Au mois de Shawwal de l’année 593 de l’Hégire (1196), al-‘Adil Abou Bakr Ibn Ayyoub conquit Jaffa, sur la côte syrienne, qui était aux mains des croisés et cela arriva comme suit.

Les croisés étaient maintenant commandés par le comte Henri, comme nous l’avons mentionné précédemment, la paix avait été convenu entre les croisés et les Musulmans à l’époque de Salah ad-Din (qu’Allah lui fasse miséricorde). Quand Salah ad-Din mourut et ses fils lui succédèrent, comme nous l’avons rapporté, al-‘Aziz renouvela le traité avec le comte Henri, le souverain des croisés, et la période de la trêve fut prolongée et resta en vigueur jusqu’à maintenant.

 

A Beyrouth, il y avait un émir nommé Oussama, qui était le détenteur du fief et qui avait l’habitude d’envoyer des galères pour harceler le trafic maritime des croisés. Plus d’une fois, les croisés se plaignirent de cela à al-‘Adil à Damas et à al-‘Aziz en Egypte mais ils ne firent pas cesser Oussama. Les croisés se plaignirent alors à leur maître outre-mer de ce que les Musulmans faisaient et dirent : « Si vous ne nous aidez pas, les Musulmans prendront nos terres », de sorte que les croisés leur fournirent de nombreuses troupes dont la plupart étaient les soldats du roi des Allemands, commandé par un prêtre appelé le Chancelier.

Quand al-‘Adil fut informé de leur arrivée, il envoya un messager à al-‘Aziz en Egypte pour demander l’envoi de troupes ainsi qu’à al-Jazirah et Mossoul. Les renforts arrivèrent et se rassemblèrent près de la Source de Goliath (‘Ayn Jalout) ou ils restèrent le mois de Ramadan et une partie de Shawwal avant de marcher sur Jaffa. Ils prirent la ville mais les défenseurs de la citadelle résistèrent. Les Musulmans détruisirent la ville puis investirent la citadelle qu’ils prirent par la force des armes ce jour-là, un vendredi et le contenu prit comme butin et captifs.

Les croisés quittèrent alors Acre pour Césarée pour éviter que Jaffa ne tombe entre les mains des Musulmans mais pendant qu’ils s’y trouvaient, ils furent informés de la chute de la ville et ils se retirèrent. La raison de leur retard fut due au fait que leur chef, le comte Henri, était tombé mort d’un endroit élevé d’Acre ce qui avait entrainé de la confusion dans leurs affaires et les avaient retardés.

 

Les Musulmans retournèrent à ‘Ayn Jalout quand ils furent informés que les croisés s’apprêtaient à attaquer Beyrouth. Al-‘Adil et l’armée se déplacèrent alors vers Marj al-‘Ouyoun au mois de Dzoul Qi’dah et un détachement de l’armée partit à Beyrouth avec l’intention de la détruire. Ils rasèrent les murs de la ville le 7 du mois de Dzoul Hijjah et commencèrent la destruction des maisons mais Oussama les arrêta et s’engagea à tenir la ville.

Les croisés marchèrent d’Acre à Sidon. Les troupes musulmanes quittèrent Beyrouth et rencontrèrent les croisés dans la région de Sidon où eut lieu un accrochage au cours duquel plusieurs hommes furent tués des deux côtés avant que la nuit ne les sépare.

 

Le 9 du mois de Dzoul Hijjah, les croisés partirent pour Beyrouth et quand ils approchèrent, Oussama et tous les Musulmans qui étaient là s’enfuirent et les croisés prirent la ville sans le moindre effort ni combat. Ce fut une proie facile. Al-‘Adil envoya des hommes à Sidon qui détruisirent ce qui restait de la ville puisque Salah ad-Din en avait déjà détruit une grande partie. Les forces musulmanes se rendirent ensuite à Tyr où ils coupèrent les arbres, détruisirent les villages et les tours qui restaient. Apprenant cela, les croisés quittèrent Beyrouth et emménagèrent à Tyr où ils restèrent.

Les Musulmans campèrent au fort de Hanin et al-‘Adil donna la permission aux armées de l’Est de rentrer chez eux pensant que les croisés resteraient sur leur propre territoire. Il souhaita également libérer les forces égyptiennes mais au milieu du mois de Mouharram des nouvelles lui parvinrent que les croisés avaient investi la forteresse de Tibnin. Il y envoya donc une force pour protéger et défendre la ville quand les croisés quittèrent Tyr et descendirent sur Tibnin le 1er Safar de l’année 594 de l’Hégire (1197) ou ils engagèrent les défenseurs dans des combats acharnés et minèrent la ville de tous les côtés.

Ayant appris cela, al-‘Adil envoya un messager à al-‘Aziz en Egypte, lui demandant de venir en personne et disant : « Si tu ne viens pas, il sera impossible de tenir cette frontière » si bien qu’al-‘Aziz partit aussitôt en marche forcée  avec les troupes qui lui restaient.

 

Lorsque les défenseurs de Tibnin virent que le minage avait détruit la colline du château qui ne restait qu’à être envahi par la force des armes, certains d’entre eux descendirent chez les croisés pour demander des garanties pour leurs vies et leurs biens en échange du fort. Ils s’adressèrent au prêtre le Chancelier, l’un des hommes du roi allemand. Certains des croisés de la côte syrienne dirent à ces Musulmans : « Si vous abandonnez le château, cet homme va vous saisir et vous tuer. Défendez-vous. Ils revinrent donc comme s’ils étaient retournés pour consulter ceux du château sur la reddition et quand ils entrèrent dans le fort, ils résistèrent et combattirent comme des hommes luttent pour leurs vies et tinrent jusqu’à l’arrivée d’al-‘Aziz à Ascalon au mois de Rabi’ Awwal. Lorsque les croisés entendirent parler de son arrivée et du rassemblement des Musulmans, qu’ils (les croisés) n’avaient pas de roi pour les unir et que leurs affaires étaient dans les mains d’une femme, la reine, ils convinrent d’envoyer un messager au roi de Chypre nommé Amaury. Ils convoquèrent le frère du roi, qui avait été capturé à Hattin, comme nous l’avons raconté, et arrangèrent son mariage avec la reine, la veuve du comte Henri. Il était un homme sage qui aimait la paix et la bonne vie et après avoir pris le pouvoir, il ne reprit ni le siège et ni les attaques sur le château.

 

L’arrivée d’al-‘Aziz tomba le 1 du mois de Rabi’ Thani et il se dirigea avec ses forces vers la montagne d’Hébron, plus connue sous le nom du  mont ‘Amila ou il campa pendant plusieurs jours sous une pluie incessante, jusqu’au 13 Rabi’ Thani avant de lever le camp et de s’approcher des croisés. Il envoya ses archers en avant qui les couvrirent de flèches pendant un certain moment puis se retira. Il aligna alors ses troupes et leur demanda d’attaquer les croisés et de les engager avec acharnement tandis qu’il partit vers Tyr pendant la nuit du 15 Rabi’ Thani puis de là à Acre. Les Musulmans allèrent à Lajoun ou ils campèrent.

Des lettres de paix furent échangées et les tractations traînèrent si bien qu’al-‘Aziz retourna en Égypte avant que la situation ne soit résolue.

La raison de son départ est due au fait que plusieurs émirs, à savoir Maymoun al-Qasri, Oussama, Sira Sounqour, al-Hajjaf, Ibn al-Mashtoub, Fakhr ad-Din Jarkas l’administrateur de son état et d’autres avaient décidé de le tuer sur les ordres d’al-‘Adil.

Lorsque al-‘Aziz en fut informé, il partit mais al-‘Adil resta. Des envoyés allaient et venaient entre lui et les croisés pour conclure la paix et les conditions furent convenues que Beyrouth resteraient entre les mains des croisés si bien que la paix fut conclue eu mois de Sha’ban de l’année 594 de l’Hégire (1197).

Après la conclusion de la paix, al-‘Adil retourna à Damas puis de là se rendit à Mardin dans al-Jazirah. Nous rapporterons ce qui arriva par la suite si Allah Tout Puissant le veut.

 

 

De la conquête de Dvin par le roi des Géorgiens

 

En l’an 599 de l’Hégire (1202), les Géorgiens prirent possession de la ville de Dvin en Azerbaïdjan qu’ils pillèrent avant d’autoriser (aux soldats) son ravage et tuèrent la plupart des habitants.

Le pays et toutes les terres d’Azerbaïdjan étaient tenues par l’émir Abou Bakr Ibn Fahlawan qui passaient ses nuits et ses jours à s’enivrer sans jamais récupérer ni être sobre sans jamais se préoccuper des affaires de son royaume, de ses sujets et de son armée. Il avait rejeté tout cela de son esprit et suivit le chemin de celui qui n’a ni affiliation et ni obligations. La population locale l’appela souvent à l’aide et l’informa des incursions des Géorgiens ainsi que leurs raids successifs. Mais c’est comme s’ils appelaient un rocher sourd.

Lorsque, au cours de cette année, les Géorgiens assiégèrent la ville de Dvin, de nombreux citoyens vinrent demander de l’aide mais il n’en donna aucune. Plusieurs de ses émirs le mirent en garde contre le résultat de sa négligence, de sa faiblesse et de sa persistance dans son état mais il ne les écouta pas.

Après être resté ainsi pendant une longue période, les habitants devinrent faibles et incapables et les Géorgiens les passèrent violemment par l’épée et firent ce que nous venons de mentionner.

Lorsque leur position fut bien établit, les Géorgiens traitèrent bien le reste des habitants. Nous espérons vraiment qu’Allah Tout Puissant examinera les Musulmans et leur assurera quelqu’un pour garder et protéger leurs frontières et leurs terres car ils sont ouverts à la spoliation et en particulier dans cette région. Nous sommes à Allah et à Lui nous retournons. Ce que nous avons entendu à propos de massacre, d’esclavage et de soumission que les Géorgiens imposèrent au peuple de Dvin est suffisant pour faire hérisser la peau d’une personne (musulmane bien sûr).

 

 

Comment Constantinople fut prise aux Byzantins

 

Au mois de Sha’ban de l’année 600 de l’Hégire (1203), les croisés prirent Constantinople aux Byzantins et la destituèrent à la souveraineté de Byzance et cela arriva comme suit.

L’empereur avait épousé la sœur du roi des Français, l’un des plus grands rois des croisés, qui  donna naissance à un enfant mâle de lui. Un de ses frères lui usurpa le pouvoir, l’arrêta et lui prit la ville puis il l’aveugla et le mit en prison mais son fils s’enfuit et alla chez son oncle maternel à qui il demanda de l’aide contre le frère de son père. Cela eut lieu alors que de nombreux croisés s’étaient rassemblés pour partir en Syrie et reprendre Jérusalem aux Musulmans. Ils prirent le fils de l’empereur avec eux et se dirigèrent vers Constantinople avec l’intention de réparer les relations entre lui et son oncle paternel tandis que lui-même n’avait aucune ambition à ce propos.

Quand ils  arrivèrent, son oncle sortit avec les armées de Byzance pour les combattre et ils s’affrontèrent dans la bataille au mois de Rajab de l’année 599 de l’Hégire puis les Grecs furent vaincus et lorsqu’ils retournèrent dans la ville, les croisés firent de même tandis que l’empereur usurpateur s’enfuit vers les limites de son territoire.

 

Il a aussi été dit que l’empereur n’engagea pas les croisés hors de la ville mais qu’il avait été assiégé de l’intérieur.

 

A Constantinople, il y avait des Grecs qui étaient en faveur de l’enfant et qui mirent donc le feu à la ville. La population fut alors distraite et ouvrit une des portes de la ville par laquelle les croisés entrèrent. L’empereur s’enfuit et les croisés intronisèrent ce garçon avec le rang impérial mais il n’avait aucune autorité. Ils sortirent son père de prison bien que les croisés étaient les seuls à exercer le pouvoir dans la ville puis ils pressèrent lourdement les habitants et leur demandèrent des sommes d’argent qu’ils furent incapable de produire. Ils saisirent alors les richesses des églises, l’or et l’argent et tous ce qu’elles contenaient y compris ce qui était sur les croix, les images du Messie (paix sur lui) et de ses disciples ainsi que toutes les riches reliures des copies de leur livre sacré !

Les Grecs furent outragés par leur comportement odieux et supportèrent de grandes angoisses de ces faits. Ils cherchèrent alors l’empereur-enfant, le tuèrent, expulsèrent les croisés de la ville et verrouillèrent les portes au mois de Joumadah Awwal de l’année 600 de l’Hégire (1204).

Les croisés restèrent à l’extérieur de la ville où ils assiégèrent continuellement les Grecs et les engagèrent nuit et jour. Les Grecs devinrent très faibles et envoyèrent un messager au sultan Roukn ad-Din Souleyman Ibn Kilij Arsalan, seigneur de Konya et d’autres terres, pour lui demander son aide, mais il ne trouva aucun moyen d’y répondre.

 

Un  grand nombre de croisés, approximativement 30 000 d’entre eux résidaient dans la ville et en raison de la grande taille de la ville, leur présence n’était pas visible. Ils conspirèrent donc avec les croisés hors de la ville et déclenchèrent un incendie pour la seconde fois si bien qu’un quart de la ville fut la proie des flammes alors, ils ouvrirent les portes pour permettre à leurs camarades d’entrer et pendant trois jours, ils passèrent par l’épée les Grecs, les massacrèrent et les pillèrent. Pratiquement tous les Grecs furent retrouvés soit morts ou laissés pauvres sans aucune possession. Un certain nombre de grands byzantins entrèrent dans la grande église connue sous le nom de Sophie (Sainte-Sophie). Les croisés l’encerclèrent alors et plusieurs prêtres, des évêques et des moines en sortirent portant leurs Evangiles et la croix comme un moyen de faire appel à la foi des croisés pour les épargner mais ils ne portèrent aucune attention, les massacrèrent et saccagèrent l’église.

 

Il y avait trois princes dans la ville : le doge de Venise qui était le maître des navires y compris ceux de guerre qui avaient navigué à Constantinople et qui était un vieil homme aveugle, dont le cheval était guidé quand il montait, le second appelé le marquis était un commandant français et le troisième, le comte de Flandre qui avait le plus grand nombre de suivants. Quand ils prirent possession de Constantinople, ils tirèrent au sort pour choisir un souverain et le sort tomba sur le comte de Flandre. Ils tirèrent au sort une seconde et une troisième fois mais il gagna à chaque fois et ils le choisirent alors pour roi. Allah Exalté donne la royauté à qui Il veut et la retire à qui Il veut.

Quand il remporta, il fut nommé gouverneur de la ville et des terres voisines. Le doge de Venise recevrait les grandes îles comme la Crète, Rhodes et les autres, tandis que le marquis de France recevrait les terres à l’est du détroit (du Bosphore) comme Nicée et Laodicée. Cependant aucun d’entre eux n’acquit quoi que ce soit excepté la personne qui reçut Constantinople car aucun des Grecs ne survécut dans le reste du territoire du fait que ces terres avaient déjà leurs souverains. Les territoires à l’est du détroit qui étaient au voisinage du territoire de Roukn ad-Din Souleyman Ibn Kilij Arsalan, dont Nicée et Laodicée, étaient sous le contrôle d’un grand patricien byzantin nommé Laskaris et le sont encore à ce jour.

 

De l’incursion des croisés en territoire islamique de Syrie et la paix avec eux

 

Cette année, de nombreux croisés arrivèrent en Syrie par voie maritime et cela était devenu aisé pour eux depuis leur conquête de Constantinople. Ils s’ancrèrent à Acre dans l’espoir d’attaquer Jérusalem (qu’Allah la protège) et la prendre des Musulmans.

Après s’être reposer à Acre, ils marchèrent sur le territoire islamique dans la région du Jourdain qu’ils pillèrent après avoir tués un grand nombre de Musulmans et prit des captives.

 

Al-‘Adil qui était à Damas envoya des messagers pour rassembler ses troupes de Syrie et d’Egypte puis sortit de la ville et se dirigea vers Tour à proximité d’Acre pour empêcher les croisés d’envahir le territoire musulman.

Les croisés, qu’Allah les maudisse, campèrent dans la plaine d’Acre et attaquèrent Kafr Kanna ou ils saisirent tous les habitants et leurs biens. Les émirs pressèrent al-‘Adil d’envahir et de ravager leurs terres mais il s’en abstint et resta sans bouger jusqu’à la fin de l’année et que l’année 601 de l’Hégire (1205) entra. Al-’Adil fit alors la paix avec les croisés pour Damas et ses dépendances et pour ce qu’il tenait en Syrie. Il leur céda tous les revenus partagés de Sidon, Ramlah et autres lieux, leur donna Nazareth et ailleurs puis repartit vers l’Egypte.

Les croisés attaquèrent alors Hama dont le souverain était Nassir ad-Din Muhammad Ibn Taqi ad-Din ‘Omar Ibn Shahinshah Ibn Ayyoub qui les rencontra et les engagea. Il menait une petite force et fut donc battu et les croisés le poursuivirent vers la ville. Les habitants sortirent alors pour les affronter et tuèrent plusieurs d’entre eux avant de se retirer.

 

 

Cette année, une flotte croisée attaqua l’Egypte et saccagea la ville de Fouwah. Ils restèrent cinq jours durant lesquels ils prirent des captives et pillèrent tandis que les forces égyptiennes les confrontèrent sur le Nil mais ils n’eurent cependant aucun moyen de les atteindre parce qu’ils n’avaient pas de navires.

 

De même, il y eut cette année, un grand tremblement de terre qui toucha la plupart de l’Egypte, la Syrie, al-Jazirah, l’Anatolie, la Sicile, Chypre et qui se propagea jusqu’à Mossoul, l’Irak et ailleurs. Il détruisit les murs de la ville de Tyr et laissa sa marque sur une bonne partie de la Syrie.

 

 

Des émeutes à Baghdad

 

Le 17 du mois de Ramadan de l’année 601 de l’Hégire (1204), il y eut des troubles entre les habitants de Bab al-Azaj et ceux d’al-Ma'mouniyah parce que les gens de Bab al-Azaj avaient tué un lion et voulait parader avec mais les gens d’al-Ma'mouniyah les empêchèrent. Des émeutes éclatèrent entre eux et de nombreuses personnes furent blessées et plusieurs autres tuées. Le responsable, Sahib al-Bab sortit pour calmer l’émeute mais son cheval fut blessé et il se retira.

Le lendemain, les habitants d’al-Ma'mouniyah marchèrent contre ceux de Bab al-Azaj et de graves émeutes s’ensuivirent entre eux et ils luttèrent utilisant des épées et des arcs et des flèches. La situation s’aggrava et les maisons voisines furent pillées. Roukn ad-Din Ibn ‘Abdel-Qadir et Youssouf al-‘Ouqab firent de leur mieux pour calmer les gens. Les Turcs furent mobilisés et maintinrent une garde de nuit au-dessous du Belvédère. Les émeutiers furent alors empêchés de se rassembler et se calmèrent.

 

Le 20 de ce même mois, des émeutes similaires et pour les mêmes raisons eurent lieu entre les habitants de Qoutouftah et d’al-Qaryah sur la rive ouest qui en vinrent aux mains et un certain nombre d’entre eux furent tués. Une force leur fut envoyée du Diwan pour calmer la situation et arrêter les émeutes qui s’arrêtèrent en temps voulu.

 

 

Le 9 du mois de Ramadan, il y eut des émeutes entre les gens du marché du Sultan et d’al-Ja’fariyah. Des hommes furent envoyés du Diwan pour rétablir et calmer l’affaire puis après de nombreuses émeutes, un émir aîné, un des Mamalik du calife, fut nommé pour régler cette affaire et une grande armée lui fut confiée. Il patrouilla alors la ville saisit plusieurs suspects qu’il fit exécuter et le calme régna de nouveau.

 

D’une incursion géorgienne en territoire islamique

 

Au cours de cette année, les Géorgiens envahirent le territoire islamique à travers la province d’Azerbaïdjan ou ils causèrent beaucoup de peine, destruction, pillage, et réduisirent en esclavage un grand nombre de personnes. Ils attaquèrent la région de Khilat en Arménie et pénétrèrent profondément dans les terres aussi loin que Malazgirt. Pas un seul Musulman ne sortit pour s’opposer à eux. Ils reconnurent les terres, pillèrent, prirent des prisonniers et des captives et chaque fois qu’ils avançaient, les forces musulmanes se retiraient jusqu’à leur retrait en Géorgie.

Puisse Allah Tout Puissant considérer l’Islam et son peuple et leur donner quelqu’un pour protéger leurs terres et leurs frontières et faire la guerre à leurs ennemis.

Quand les Géorgiens envahirent Khilat cette année, ils arrivèrent à Arjish et ses régions qu’ils pillèrent, prirent des captives et ruinèrent le pays. Puis ils se rendirent dans le fort des Figues (Hisn at-Tin), un quartier de Khilat proche d’Erzurum. Le seigneur de Khilat rassembla son armée et se dirigea vers le fils de Kilij Arsalan, le seigneur d’Erzurum, pour lui demander son aide contre les Géorgiens. Il envoya toute son armée avec lui et ils partirent à la rencontre des Géorgiens qu’ils affrontèrent lors d’une bataille ou les Géorgiens furent défaits. Zakari as-Saghir (le Petit), un de leurs plus grands commandants fut tué. Il était le commandant de cette armée géorgienne et leur chef dans la bataille. Les Musulmans pillèrent tous leurs biens, des armes, des montures et autres après avoir tué un grand nombre d’entre eux et prit même des prisonniers avant de retourner dans leurs terres.

 

 

 

 

Du conflit entre l’émir de La Mecque et l’émir de Médine

 

Cette année, il y eut aussi un conflit entre l’émir de La Mecque Qatada al-Hassan et l’émir de Médine Salim Ibn Qassim al-Houssayn. Chacun d’eux avait une large suite et ils se livrèrent un féroce combat près de Dzoul Houlayah près de Médine après que Qatada eut attaqué Médine, l’assiégea et la conquit.

Salim le rencontra après qu’il eut visité la chambre du Prophète (Saluts et Bénédiction d’Allah sur lui), prié et fait ses prières. Il lui fit alors face et Qatada fut défait. Salim le poursuivit à La Mecque et l’assiégea mais Qatada acheta les émirs de Salim et les subordonna. Ils s’inclinèrent vers lui et lui prêtèrent serment. Quand Salim vit cela il partit et  retourna à Médine et la position de Qatada se renforca.

 

 

Cette année, une femme à Baghdad donna naissance à un enfant avec deux têtes, quatre jambes et deux bras. Il décéda le même jour.

 

De même, il eut un incendie qui se déclara dans une réserve d’armement appartenant au calife qui détruisit pratiquement tout et l’incendie dura deux jours. L’histoire de ce feu se propagea à travers les terres et les différents souverains fournirent une grande quantité d’armes à Baghdad.

 

À Herat, la neige tomba pendant une semaine entière et lorsqu’elle s’arrêta, elle fut suivie par une crue soudaine de la montagne qui traversa la Porte du Palais, détruisit une grande partie de la ville et jeta à bas une grande partie de la citadelle. De fortes pluies s’ensuivirent qui ruinèrent les fruits si bien qu’il y en eut très peu cette année.

 

Au cours de cette année, deux aveugles attaquèrent un autre aveugle à Baghdad et le tuèrent dans une mosquée pour lui voler quelque chose pour constater qu’il n’avait rien à prendre. Lorsque le matin arriva, ils s’enfuirent de peur avec l’intention d’aller à Mossoul. L’homme fut découvert mort et nul ne sut qui l’avait tué. C’est par prédestination qu’un des hommes du préfet sortit donc du Haram (palais) suite à un différend qui avait eu lieu. Il vit les deux hommes aveugles et dit à ceux qui l’accompagnaient en plaisantant : « Ce sont eux qui ont tué l’aveugle ». Alors l’un des aveugles répondit : « Par Allah, c’est lui qui l’a tué (en voulant dire son compagnon) » et l’autre dit : « Non, c’est toi qui l’a tué ». Ils furent donc tous les deux emmenés au responsable de la Porte (Sahib al-Bab ou le chef de la police) et ils avouèrent. L’un d’entre eux fut tué et l’autre fut crucifié à l’entrée de la mosquée où ils avaient tué l’homme.

 

 

Récit d’un désordre civil à Herat

 

Au mois de Mouharram de l’année 602 de l’Hégire (1205), les habitants se soulevèrent à Herat et un trouble majeur se produisit entre les habitants de deux marchés, celui des forgerons et celui des chaudronniers. Plusieurs personnes furent tuées, les propriétés furent saccagées et les maisons détruites. L’émir de la ville sortit pour les empêcher mais la foule le frappa avec une pierre qui lui donna de graves douleurs. Les agitateurs se rassemblèrent contre lui et il fut emmené dans le palais de Firouzi où il garda un profil bas pendant quelques jours jusqu’à ce que les troubles se soient calmés puis il réapparut.

 

Du raid du fils de Léon sur les districts d’Alep

 

Durant cette année, le fils de Léon, le seigneur des Passes, entreprit une série de raids sur la région d’Alep qu’il pilla, incendia et prit des prisonniers et des esclaves.

Le souverain d’Alep, az-Zahir Ghazi, le fils de Salah ad-Din, rassembla ses troupes et demanda de l’aide aux autres princes. Il rassembla de nombreux cavaliers et fantassins, quitta Alep et partit à la rencontre du fils de Léon qui avait campé sur les frontières de ses terres à côté du territoire d’Alep. Cependant ses propres terres étaient inaccessibles à cause du manque de routes sauf celles qui passent à travers les montagnes par des cols ardus et difficiles. Personne ne pouvait y entrer et en particulier depuis la direction d’Alep car la route à partir de là était totalement impossible.

Az-Zahir campa à une trentaine de kilomètres d’Alep et stationna une partie de son armée comme une avant-garde avec un émir aîné, l’un des Mamalik de son père nommé Maymoun al-Qasri, nommé d’après le palais (Qasr) des califes ‘oubaydi du Caire, auprès de qui son père avait été en service. Az-Zahir envoya des provisions et des armes dans une des forteresses appelée Darbsak proche des terres de son voisin le fils de Leon. Il donna également les ordres à Maymoun d’envoyer un détachement de troupes qu’il avait avec lui vers les routes ou ces provisions étaient acheminées pour Darbsak, ce qu’il fit en envoyant un grand corps de sa force tandis qu’il resta seulement avec quelques soldats.

Lorsque le fils de Léon fut informé, il se hâta vers lui alors que sa force était réduite. Une bataille acharnée s’ensuivit et Maymoun envoya un messager pour informer az-Zahir mais ce dernier était loin. La bataille dura longtemps et Maymoun se défendit lui-même ainsi que ses bagages malgré le petit nombre de Musulmans et le grand nombre d’Arméniens. Les Musulmans cédèrent et subirent des pertes. Certains d’entre eux furent tués et d’autres prit mais ils infligèrent aussi de nombreuses pertes aux Arméniens.

Les Arméniens saisirent et pillèrent la caravane de bagages des Musulmans et partirent avec elle. Cependant, les Musulmans qui avait protégés l’acheminement des réserves à Darbsak revinrent et tombèrent sur eux avant qu’ils ne réalisent ce qui leur arrivait et les passèrent par le sabre. Le combat devint très féroce et les Musulmans cédèrent de nouveau. Les Arméniens retournèrent alors sur leurs terres avec leur butin derrière la protection de leurs montagnes et de leurs forteresses.

 

Comment les Géorgiens pillèrent l’Arménie

 

Cette année, les Géorgiens, après avoir rassemblés leurs armées au complet, envahirent la région de Khilat en Arménie qu’ils pillèrent, tuèrent, réduisirent en esclavage de nombreux habitants et parcoururent tout le pays sans être inquiétés. Personne ne sortit de Khilat pour les arrêter, ils furent laissés libres de poursuivre leur pillage et saisir des captives alors que le pays était dépourvu de tout défenseur depuis que son souverain était un garçon et que le régent n’était pas suffisamment obéit par les soldats.

Lorsque la souffrance du peuple augmenta encore plus, ils protestèrent et s’encouragèrent mutuellement à agir. Les troupes musulmanes de cette région se réunirent toutes et furent rejoints par de nombreux bénévoles avant de partir terrifiés à la rencontre des Géorgiens. Un certain soufi pieux vit dans un rêve le défunt Sheikh Muhammad al-Bousti, un des justes, et le soufi lui dit : « Est-ce toi que je vois ici ? » « Je suis venu », répondit-il, « pour aider les musulmans contre leur ennemi. » Il se réveilla, fou de joie de la position d‘al-Bousti pour l’Islam et vint trouver le chef de l’armée et lui raconta son rêve. Ravit, le commandant fut déterminé à attaquer les Géorgiens, marcha sur eux avec les troupes et prit position.

Les Géorgiens furent informés de leur arrivée et se préparèrent à surprendre les Musulmans. Ils se déplacèrent de leur position dans la vallée vers les hauteurs où ils s’arrêtèrent pour être en mesure de surprendre les Musulmans à la tombée de la nuit. Les Musulmans informés de leur mouvement se déplacèrent vers les Géorgiens et tinrent l’entrée de la vallée et sa partie inférieure contre eux. C’était une vallée qui n’avait que ces deux routes. Quand les Géorgiens virent cela, ils furent convaincus qu’ils étaient perdus et leur volonté se brisa. Les Musulmans, plein de confiance, les engagèrent de près et tuèrent un grand nombre d’entre eux et prirent aussi beaucoup de prisonniers. Seuls quelques-uns Géorgiens s’échappèrent et Allah Exalté sauva les Musulmans de leur mal après avoir été sur le point d’être détruits.

 

 

Cette année, un agneau fut apporté d’Ouzbékistan avec un visage d’être humain et un corps d’agneau, ce fut vraiment une merveille.

 

 

Compte rendu de la capture de Kars par les Géorgiens et la mort de la reine géorgienne

 

En l’an 603 de l’Hégire (1206), les Géorgiens capturèrent la forteresse de Kars, l’une des dépendances de Khilat, qu’ils avaient assiégé pendant un long moment, pressé dur sur les habitants et recueillit les revenus de cette région pendant plusieurs années.

Nul de ceux qui avaient régné sur Khilat ne fournirent de défenseurs, d’aide ou firent un quelconque effort pour se soulager d’eux. Son gouverneur envoya un flux de messagers demandé de l’aide pour chasser les Géorgiens assiégeants mais ses demandes restèrent sans réponse.

Lorsque cette situation dura longtemps et qu’il ne vit aucune aide venir, il soumit des conditions aux Géorgiens pour la reddition de la forteresse en échange d’une grosse somme d’argent et d’un fief qu’il recevrait d’eux. Ainsi, il devint une maison de polythéisme après avoir été une maison d’unicité. En vérité, nous sommes à Allah et à Lui nous revenons. Nous prions Allah Exalté d’accorder Son aide à l’Islam et ses adeptes car les princes de notre époque sont occupés par leurs plaisirs, leurs passe-temps, leurs tyrannies jusqu’à l’abandon de la garde des frontières et de l’entretien des terres.

 

En fin de compte, Allah Tout Puissant vit combien peu étaient ceux qui aidaient l’Islam et Il se montra Lui-même Son ami (de l’Islam) en provoquant la mort de la reine des Géorgiens qui les fit tomber dans des conflits internes. Allah Exalté se chargea d’eux jusqu’à la fin de l’année.

 

 

Cette année, à Baghdad, un jeune homme tua un autre jeune homme. Ils avaient été des amis proches et tous deux étaient âgés d’environ vingt ans. L’un dit à l’autre en plaisantant : « Maintenant, je vais te frapper avec ce poignard. » Il se précipita vers lui avec le poignard mais il lui perça le ventre et il mourut. Le coupable s’enfuit mais il fut rattrapé et ordonné qu’il soit tué. Quand ils furent sur le point de le mettre à mort, il demanda un plumier et un peu de papier et écrivit ce qui suit :

« Je m’approche du Généreux sans bonnes œuvres mais avec un cœur pur.

C’est une mauvaise idée de préparer des provisions lorsque ton voyage est vers Le Généreux. »

 

 

Des raids croisés en Syrie

 

En l’an 604 de l’Hégire (1207), les croisés, qu’Allah les maudisse, se réunirent en grand nombre à Tripoli et Hisn al-Akrad et réalisèrent de nombreux raids sur Homs et ses territoires. Ils descendirent sur la ville de Homs et leur nombre était si vaste que son maître, Assad ad-Din Shirkouh Ibn Muhammad Ibn Shirkouh, n’était pas assez puissant pour résister et les repousser. Il demanda des renforts à az-Zahir Ghazi, le seigneur d’Alep, et d’autres princes syriens mais seul az-Zahir lui en fournit et lui envoya des troupes qui restèrent avec lui et défendirent son territoire des croisés.

Plus tard, al-‘Adil quitta l’Egypte avec de nombreuses forces et attaqua la ville d’Acre. Le souverain croisé conclut une trêve avec lui en échange de la libération des prisonniers musulmans et d’autres conditions. Puis, il marcha sur Homs et établit son camp près du lac Qadas ou il fut rejoint par les troupes de l’Est et d’al-Jazirah avant d’envahir les terres de Tripoli. Il fit le blocus sur une place nommée al-Qoulay’ah dont il permit à son maître d’aller libre mais à condition qu’il parte sans rien emporter. Puis il saisit la place et tout ce qu’elle contenait en armes et provisions avant de la raser et d’avancer sur Tripoli, où il pilla, incendia et prit des captives et du butin avant de revenir. La durée de son séjour sur les terres occupées par les croisés fut de douze jours avant qu’il ne revienne au Lac Qadas.

Il y eut un échange d’envoyés entre lui et les croisés pour discuter de la paix mais aucun terme ne fut conclu. L’hiver arriva et les armées de l’Est demandèrent à rentrer chez eux avant les grands froids. Un détachement de troupes resta à Homs avec son seigneur et al-‘Adil retourna à Damas où il passa l’hiver. Les troupes d’al-Jazirah retournèrent aussi dans leurs propres villes.

 

L’expédition d’al-‘Adil d’Egypte avec les troupes arriva comme suit.

Les habitants croisés de Chypre prirent plusieurs navires de la flotte égyptienne et fait leurs équipages prisonniers. Al-‘Adil envoya un messager au souverain d’Acre pour demander de restaurer de ce qui avait été pris, disant : « Nous sommes en trêve. Pourquoi as-tu agi perfidement envers mes hommes ? » Son excuse fut de dire qu’il n’avait pas de pouvoir sur la population de Chypre qui dépendait des croisés de Constantinople. Plus tard, les Chypriotes se rendirent à Constantinople en raison de la crise de famine qui les touchaient mais ils furent incapables de se procurer des vivres. Le souverain de Chypre vint alors trouver celui d’Acre et al-‘Adil répéta sa mission diplomatique, mais rien ne fut réglé. Alors, il sortit avec ses troupes et traita Acre comme nous l’avons mentionné. Son souverain décida ensuite de remettre ce qui a été demandé et libéra les captives.

 

 

Cette année, à la veille du mercredi, 5 jours avant la fin du mois de Rajab, il y eut un tremblement de terre à l’aube. À l’époque, j’étais à Mossoul où il ne fut pas très grave. Des nouvelles arrivèrent de nombreuses régions qu’il y avait eu un tremblement de terre mais il ne fut pas puissant.

 

Cette année, le calife an-Nassir Li-Dinillah renonça à toutes les taxe de vente et les taxes non canoniques qui étaient prises des commerçants sur tous les articles vendus, soit une grande somme. La raison fut que la fille de ‘Izz ad-Din Najah, le majordome du calife, décéda. Une vache fut achetée pour elle, pour être abattue et que sa viande soit donnée en aumône en son nom. Lorsque le coût fut calculé avec la taxe pour la vache, il fut considérable. Le calife prit alors conscience de cette situation et ordonna l’annulation de toutes ces taxes.

 

Au cours du mois de Ramadan, le calife ordonna la construction de maisons dans les quartiers à Baghdad pour que les pauvres puissent y rompre le jeûne et elles furent appelées « maisons d’accueil » où des agneaux furent cuit ainsi que du bon pain. Il fit ainsi sur les deux rives de Baghdad et dans chaque maison, il nomma des hommes, dont la probité ne pouvait être mise en doute, de donner à chacun une Qadah plein de ragoût de viande et un Mann de pain. Chaque soir, une multitude trop nombreuse pour être comptée rompit leur jeûne avec sa nourriture.

 

Cette année, le Tigre augmenta considérablement et l’eau entra dans le fossé de Baghdad de la direction de Bab al-Kalwadah et l’on craignait que la ville soit inondée. Le calife était préoccupé à bloquer les fossés (pour empêcher l’eau d’y entrer). Le vice-vizir Fakhr ad-Din et ‘Izz ad-Din chevauchèrent à hors de la ville pour un lieu élevé qu’ils ne quittèrent pas jusqu’à ce que le fossé fut endigué.

 

 

De la prise d’Arjish par les Géorgiens puis leur retrait

 

Au cours de l’année 605 de l’Hégire (1208), les Géorgiens avec toutes leurs armées déferlèrent jusqu’à la province de Khilat et attaquèrent la ville d’Arjish qu’ils prirent par la force des armes après l’avoir assiégée. Ils pillèrent tout l’argent, les biens et autres choses qu’elle contenait, emmenèrent des prisonniers et réduire la population en esclavage avant de mettre le feu à la ville qui fut détruite de fond en comble et pas un seul de ses citoyens ne survécut. La ville s’effondra sur ses bases comme si jamais aucun habitant n’y avait vécu précédemment.

Le seigneur d’Arménie, Najm ad-Din Ayyoub, était dans la ville de Khilat avec un grand nombre de troupes mais il ne fit aucun mouvement contre les Géorgiens pour plusieurs raisons. Parmi elles, le fait qu’ils étaient très nombreux et qu’il avait peur des gens de Khilat en raison des morts et des dommages qu’il leur avait déjà infligés en personne. Il craignit que s’il quittait la ville, il serait incapable d’y revenir. Après qu’il faillit à sortir et engager les Géorgiens, ces derniers retournèrent sains et saufs dans leurs propres terres, à l’abri de tout danger.

Tout cela et bien que ce fut pénible pour l’Islam et les Musulmans, fut insignifiant comparé avec les événements que nous allons mentionner entre les périodes de l’année 614 à 617 de l’Hégire (1217-1221).

 

 

Cette année, le Tigre en Irak devint très faible avec pour résultat que ne niveau de l’eau à Baghdad descendit à environ deux mètres de profondeur. Le calife ordonna le dragage du Tigre et rassembla une grande foule de personnes qui à chaque fois qu’ils creusaient quelque chose, le limon retournait et le recouvrait. En amont de Baghdad, des personnes pataugèrent dans le Tigre. Ce fut tout à fait sans précédent.

 

 

Du pillage de la caravane des pèlerins à Mina

 

En l’an 608 de l’Hégire (1211), la caravane des pèlerins fut pillée à Mina du fait que les ismaéliens (batini) attaquèrent quelqu’un de la famille de l’émir Qatada, le gouverneur de La Mecque, et le tuèrent à Mina pensant qu’il était Qatada. Quand Qatada entendit cela, il rassembla les Chérifiens, les Bédouins, les troupes d’esclaves, les habitants de La Mecque et marcha contre les pèlerins. Ils descendirent sur eux depuis les montagnes et les attaquèrent avec des pierres, des flèches et d’autres projectiles. L’émir du pèlerinage, le fils de l’émir Yaqout dont nous avons précédemment parlé était un jeune homme qui ne sut pas comment réagir, terrifié et perdu qu’il était. Le dirigeant de La Mecque fut alors en mesure de piller les pèlerins. Ceux qui étaient aux extrémités furent dépouillés mais les pèlerins restèrent comme ils étaient jusqu’à la nuit.

La caravane tomba ensuite dans la confusion et les pèlerins passèrent la nuit dans un état misérable, morts de peur et terrifiés par le pillage. Quelqu’un suggéra à l’émir du pèlerinage de déplacer la caravane dans le camp de la caravane syrienne. Il ordonna donc le déplacement et chargèrent leurs bagages sur les chameaux et alors que les gens étaient occupés, la cupidité s’éveilla de nouveau chez les ennemis qui pillèrent à volonté. Les chameaux et leurs charges furent saisis. Ceux qui s’échappèrent rejoignirent les pèlerins Syriens et restèrent avec eux. Puis, ils rejoignirent az-Zahir mais ils furent d’abord empêchés d’entrer dans La Mecque. Plus tard, ils furent autorisés à le faire, entrèrent, terminèrent leur pèlerinage et rentrèrent chez eux.

 

Par la suite, Qatada envoya son fils et plusieurs de ses hommes à Baghdad. Ils entrèrent dans la ville avec des sabres dégainés, des linceuls, embrassèrent le sol et s’excusèrent pour ce qui s’était passé avec les pèlerins.

 

 

Cette année, les hashashiyine dont le chef était Jalal ad-Din Ibn as-Sabbah annoncèrent qu’ils s’étaient écartés de leurs délits et de leur permission des choses interdites. Jalal ad-Din ordonna la mise en place des prières publiques et des ordonnances de l’Islam dans ses terres, le Khorasan et la Syrie. Il envoya des émissaires chez les princes, le calife de l’Islam et d’autres pour les informer de cette situation et envoya sa mère accomplir le pèlerinage. Elle fut reçue avec beaucoup d’honneur à Baghdad et même sur la route de La Mecque.

 

 

Compte de l’arrivée des croisés en Syrie, leur voyage en Egypte, leur conquête de la ville de Damiette et de son retour aux Musulmans

 

Cette crise depuis son début jusqu’à sa fin dura quatre ans moins un mois. Nous l’avons mentionné ici parce que ce fut l’année où ils firent leur apparition et nous avons fait un récit ininterrompu de façon à ce que les diverses parties puissent se succéder.

 

En l’an 614 de l’Hégire (1217), des renforts de croisés, qu’Allah les maudisse, arrivèrent par mer de Rome et d’autres endroits de leurs terres, à l’est et à l’ouest. Celui qui les organisa fut le pape de Rome, parce qu’il jouissait d’un statut élevé aux regards des croisés qui considéraient que ni ses ordres et si ses décrets ne pouvaient être désobéi pour le meilleur ou pour le pire. Il équipa en personne les armées commandées par plusieurs chefs croisés et ordonna à d’autres princes soit d’aller en personne ou d’envoyer une armée. Ils firent ce qu’il ordonna et se rassemblèrent à Acre sur la côte syrienne.

 

Al-‘Adil Abou Bakr Ibn Ayyoub était en Égypte. Il partit pour la Syrie puis à Ramlah et de là à Lydda. Les croisés quittèrent Acre pour l’attaquer et al-‘Adil partit à leur rencontre. Il arriva à Naplouse, avec l’intention de se rendre aux frontières de ses terres près d’Acre avant eux pour les défendre contre eux. Cependant, les croisés sortirent et arrivèrent avant lui. Al-‘Adil fit son camp à Bayssan dans la vallée du Jourdain. Les croisés avancèrent pendant le mois de Sha’ban avec l’intention de l’engager dans la bataille car ils savaient qu’il avait peu de troupes avec lui et qu’il avait dispersés les autres à travers ses terres.

Lorsque al-‘Adil vit qu’ils étaient près, il pensa qu’il ne serait pas en mesure de les affronter avec le détachement qu’il avait craignant la défaite et il était prudent et très circonspect. Il quitta donc Bayssan pour aller vers Damas et attendre à proximité ayant envoyé des messagers pour quérir ses troupes. Puis, il se rendit à Marj as-Souffar ou il campa.

Quand les gens de Bayssan et des régions avoisinantes virent qu’al-‘Adil étaient avec eux, ils devinrent confiants et ne quittèrent donc pas leurs terres, pensant que les croisés ne viendraient pas contre eux. Quand ces derniers avancèrent, al-‘Adil partit, prenant les habitants par surprise et seuls quelques-uns d’entre eux purent se mettre en sécurité.

Les croisés prirent toutes les réserves qui avaient été collectés dans Bayssan et elles étaient importantes. Ils saisirent une bonne partie du butin et pillèrent la région de Bayssan à Naplouse. Ils envoyèrent des raids dans les villages aussi loin que Khisfin, Nawah et les zones frontalières. Ils descendirent à Banyas ou ils restèrent trois jours avant de se retirer vers Acre courbés sous leur butin, leurs captives et des prisonniers de guerre au-delà de tout nombre sans compter tous ceux qu’ils tuèrent, ce qu’ils incendièrent et détruisirent. Ils restèrent plusieurs jours dans la ville où ils se reposèrent.

Puis ils revinrent à Tyr avec Beaufort comme objectif. Ils établirent leur camp à environ douze kilomètres de Banyas et pillèrent la région, Sidon et Beaufort, avant de revenir à Acre. Tout cela eut lieu entre le milieu du mois de Ramadan et la fête. Tout survivant de ces terres devait être agile et subtil pour être en mesure de s’échapper.

 

J’ai entendu dire que, lorsque al-‘Adil alla à Marj as-Souffar, il vit sur la route un homme portant une charge qui marchait pendant un moment et ensuite s’asseyait pour se reposer. Al-’Adil se tourna vers lui et dit : « O vieil homme, ne te presse pas. Prends soin de toi. » L’homme le reconnut et répondit : « O sultan des Musulmans, ne te presse pas toi-même ! Mais quand nous t’avons vu partir pour tes terres et nous avoir laissé à l’ennemi, pourquoi ne devrions-nous pas être pressé ! »

En fin de compte, ce que fit al-’Adil fut prudent et ce qu’il y avait de mieux à faire afin de ne pas risquer une rencontre alors que ses troupes étaient dispersées. Lorsqu’al-‘Adil campa à Marj as-Souffar, il envoya son fils al-Mou’azzam ‘Issa, le seigneur de Damas, avec un large détachement de l’armée à Naplouse pour protéger Jérusalem des croisés.