Des erreurs de Salah ad-Din

 

Nul n’a jamais contesté la haine et l’animosité des croisés envers les Musulmans que ce soit dans le passé, de nos jours et dans le futur. D’autre part, nous avons vu leur innombrables traitrises des pactes et des paroles données et pour revenir à Salah ad-Din et sa politique de pardon envers ses ennemis, les historiens musulmans que ce soit les anciens ou les récents ont tous rapprochés à Salah ad-Din cette politique d’autant plus qu’elle engendra de nombreux maux pour les Musulmans.

Lorsque Salah ad-Din libéra des milliers de croisés et particulièrement leurs chefs et les autorisa à partir pour la ville fortifiée de Tyr, les croisés s’y retrouvèrent à nouveau en immense nombre et levèrent une nouvelle armée sous le commandement de Conrad de Montferrat qui était selon les historiens musulmans un fanatique chrétien courageux et ferme qui avait promis, avant l’arrivée de ces nouveaux croisés libérés, de soumettre pacifiquement la ville à Salah ad-Din mais avec l’arrivée des croisés libérés, il changea d’avis et lui ferma la porte au nez.

Salah ad-Din dut alors assiéger la ville mais du fait des lourdes fortifications de la ville, il ne pur rien faire et se retira sans gain.    

 

Au mois de Joumadah Awwal de l’année 584 de l’Hégire (1188), il fit un acte qui laissa pantois plus d’un Musulman en relâchant le roi de Bayt al-Maqdis, Guy de Lusignan, suite à une requête de son épouse la reine Sybille qui se trouvait à Tarablous (Tripoli). Il libéra en même temps dix des commandants des croisés et parmi eux le commandant des Templiers Gérard de Ridefort, le seul templier que Salah ad-Din avait laissé en vie.

Après sa libération, Guy de Lusignan se rendit à Tripoli mais Conrad de Montferrat refusa de le laisser entrer dans la ville et ce n’est qu’après quelques jours d’attentes qu’il l’autorisa et quand il entra, il leva une force de croisée pour razzier Acre qui était la seconde ville du royaume de Jérusalem (Bayt al-Maqdis), une ville-port fortifié en bordure de mer, aussi importante et stratégique pour les croisés que Bayt al-Maqdis que certains historiens ont appelé al-Constantiniyah al-Franj du fait de ses fortifications imprenables.

Il assiégea donc ‘Akka au mois de Rajab de l’année 585 de l’Hégire (1189) et au mois de Sha’ban de cette même année, Salah ad-Din attaqua les assaillants et leur infligea de lourdes pertes mais dû se retirer pour cause de maladie due selon certains historiens à l’odeur des corps putréfiés abandonnés. 

Les croisés profitèrent de son retrait pour renforcer leur position et creuser des fossés de protection avant de couper l’accès à la ville des forces avancées que Salah ad-Din avait laissé derrière lui et commandées par Baha ad-Din Qaraqoush qui résista vaillamment.

Le siège s’accentua et dura en longueur tandis que la pression sur la force de Qaraqoush s’accentua tandis qu’au mois de Ramadan de l’année 586 de l’Hégire (1190), Frederik de Souabia, successeur de son père Frederik Barbarossa, débarqua à Acre avec le reste des soldats allemands.

 

La chute d’Acre aux mains des croisés

 

Les deux autres armées, française et anglaise, la première commandée par Philippe Auguste s’embarqua à Marseille et la seconde par Richard I à Gênes arrivèrent en Sicile en l’an 586 de l’Hégire (1190) ou ils restèrent six mois et durant lesquels les désaccords entre eux s’aggravèrent au point ou Richard abandonna son projet de mariage avec la demi-sœur du roi français. Puis Philippe s’embarqua pour Tripoli puis pour Acre en compagnie de Conrad de Montferrat ou ils arrivèrent au mois de Rabi’ Awwal de cette même année.  

Richard I quant à lui s’embarqua avec son armée pour Chypre avec l’intention d’enlever l’ile à son gouverneur Isaac de Comnène qui avait emprisonné tous les passagers d’un navire anglais dans lequel se trouvait sa future épouse. Après avoir capturé l’île, il se rendit à Tripoli ou l’entrée de la ville lui fut interdite sur les ordres de Philippe et de Conrad. Alors il s’embarque de nouveau pour Acre ou il arriva au mois de Joumadah Awwal de l’année 587 de l’Hégire (1191). Ainsi un nombre considérable de croisés se retrouvèrent à ‘Akka qui était assiégée depuis deux ans mais qui recevait toutefois de l’aide néanmoins avec l’arrivée de cette nouvelle force, le blocus sur la ville se resserra.

Le 17 du mois de Joumadah Awwal la ville posa des conditions pour sa soumission qui furent acceptées et ‘Akka ouvrit ses portes pour son plus grand malheur car une fois les croisés, qu’Allah les maudisse,  à l’intérieur, il ne fut plus question ni de condition et ni de traité, croix de bois et langue de vipère !

Il est difficilement compréhensible que les Musulmans puissent se faire avoir à chaque fois d’autant plus que le Messager (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) nous a avertis et dis : «  Le Musulman ne se laisse jamais piquer deux fois par la bête sortant du même trou ! » Et là, il ne s’agit plus de deux fois mais d’une centaine de fois ! Comment les Musulmans peuvent donc encore faire confiance aux mécréants, quelle misère et il n’y a de force et de puissance qu’en Allah !  Je reste perplexe ! 

Ne valait-il pas mieux combattre et trouver la mort dignement que de l’horrible manière dont ils allaient être traités ?

 

Au mois de Rajab de cette même année, les mésententes ayant atteint leur point culminant entre les Français et les Anglais, le roi Philippe Auguste retourna dans son pays et Richard I, malédiction d’Allah sur lui, devint le commandant de tous les croisés et intronisa son commandement de la manière la plus chevaleresque et la plus honorifique en tuant de sang-froid et d’un seul coup 3 000 prisonniers Musulmans ligotés. Ils eurent tous la tête tranchée à Tall al-‘Iyadiyah et pour quelle honorifique raison d’après vous ?

Parce que d’après lui, les Musulmans avaient tardé à rendre « Salib as-Salabout », le bout de bois de la fausse croix, lors de la reddition d’Acre et à d’autre, il dit qu’il avait voulu entrainer les soldats anglais qui n’avait pas fait couler de sang durant les six mois qu’ils avaient passé en Sicile ! Mais quels Musulmans ? Des combattants ? Non des prisonniers désarmés et enchainés ! Mais ce qui est incroyable c’est que Salah ad-Din va faire envoyer à ce criminel ses propres médecins, des cadeaux, des fruits et de l’eau glacée parce qu’il était malade !  

Et cela ne les empêchera pas d’haïr profondément Salah ad-Din et les Musulmans jusqu’à nos jours.

 

Au mois de Sha’ban de cette même année, eut lieu une bataille à Arsouf en Palestine entre les croisés commandés par Richard I et les Musulmans commandés par Salah ad-Din qui fut battu cependant la bataille ne fut pas décisive comme celle de Hattin. Cette bataille avait pour but, que n’ignorait pas Salah ad-Din, la conquête de Bayt al-Maqdis c’est pourquoi, il fit détruire tous les villages et villes importantes et stratégiques sur la route de Jérusalem pour qu’ils ne tombent pas aux mains de l’ennemi comme Ascalon, Loud et Ramlah. Puis, il se rendit à Bayt al-Maqdis pour défendre la ville ou arriva Richard I au mois de Dzoul Qi’dah de cette même année pour faire face à l’importante défense qu’avait mis sur pied al-Malik an-Nassir Salah ad-Din.

Les croisés surent alors qu’ils ne pourraient pas faire face à ce qui les attendait et que tout siège serait inutile c’est pourquoi, ils rebroussèrent chemin pour Ramlah.    

Au même moment, il arriva un certain nombre d’évènements du côté des croisés et Richard I fut invité à une importante réunion à Ascalon en l’an 588 de l’Hégire (1191) à laquelle participa tous les commandants et chefs croisés en terre d’Islam pour mettre fin au conflit entre Conrad de Montferrat et Guy de Lusignan qui prétendait tous les deux aux trône de Jérusalem. Conrad fut donc nommé roi de Jérusalem mais il fut tué peu de temps après, au mois de Joumadah Awwal de cette même année, par deux assassins des hérétiques ismaéliens hashashiyine envoyé par Sheikh al-Jabal Rashid ad-Din Sinan, sur les ordres de Richard qui était aussi en conflit avec lui et parce qu’il avait été désigné contre sa volonté.

Henri de Champagne se maria avec Isabelle, la veuve de Conrad, et devint ainsi le nouveau roi de Bayt al-Maqdis. Quant à Guy de Lusignan, il acheta Chypre aux templiers sur l’ordre de Richard I et devint gouverneur de l’île.

 

Après un certain nombre de batailles sans importance majeures, Richard I voulut signer un  traité de paix avec Salah ad-Din pour retourner rapidement en Angleterre d’où il avait reçu des nouvelles alarmantes sur son frère Jean (John) qui lui disputait le pouvoir. Cependant Salah ad-Din refusa parce que le traité stipulait le retour d’al-Qouds aux croisés.

Richard lui envoya un message disant : «  Nous ne ferons aucune concession sur al-Qouds qui est notre lieu d’adoration et nous combattront jusqu’au dernier homme de nos armées. »

Voici ce que lui répondit Salah ad-Din : « Al-Qouds est à nous comme elle est à vous. Mais elle nous est plus grande et plus noble qu’à vous parce qu’elle fut la direction du Voyage (asra) de notre Prophète (Saluts et bénédictions d’Allah sur lui) et le lieu de résurrection (ma’shar) de notre communauté. Il est donc impensable que nous puissions vous l’abandonner et encore moins de penser à débattre du sujet entre les Musulmans. » 

 

Allahou Akbar Ya Salah ad-Din ! (C’est l’auteur qui dit cela, moi je ne fais que traduire). Savez-vous enfin pourquoi ils détestent Salah ad-Din jusqu’au jour de Qiyamah ? Parce qu’il se plaça tel un roc inébranlable sur la route des croisés et que leurs plans faillirent par la grâce d’Allah sur Ses serviteurs et puis Salah ad-Din.

Pourtant, un grand nombre de ses officiers et de ses commandants lui désobéirent et quittèrent son armée à cause de la longueur de cette guerre et malgré cela, il ne fit aucune concession à l’ennemi sauf la libération des prisonniers.

 

 

 

 

La mort de Salah ad-Din

 

Richard pressé par les évènements ne put attendre plus longtemps et signa un traité de paix à Ramlah le 28 du mois de Sha’ban de cette même année pour une durée de trois ans et trois mois. Dans ce traité, les croisés gardait le littoral méditerranéen de Tyr à Jaffa tandis que le reste de la Palestine et Bayt al-Maqdis revenait aux Musulmans. La visite de la Palestine était permise aux pèlerins chrétiens. Loud et Ramlah resteraient neutres tandis que ‘Asqalan (Ascalon) serait détruite.

 

La troisième croisade faillit donc aussi par la grâce d’Allah Exalté sur Ses serviteurs par le biais de serviteur comme Salah ad-Din Youssouf Ibn Ayyoub, puisse Allah Exalté lui faire miséricorde.    

Quand à Richard I, il repartit pour son pays mais son navire coula dans la Mer Adriatique toutefois, il réussit à survivre et se joignit à des pèlerins chrétiens de retour de Syrie mais il fut reconnu et capturé par son ennemi le Duc d’Autriche qui l’envoya à l’empereur allemand Henri III (inri thalith) le fils de Frederik Barbarossa qui demanda une lourde rançon pour sa libération qui fut payée par les anglais. Richard retourna à Londres avant de retraverser pour la France ou il combattit Philippe Auguste et au cours d’un de ses assauts contre un fort, il fut touché mortellement par une flèche et mourut au mois de Joumadah Thani de l’année 595 de l’Hégire (1198) et fut enterré en France.

 

Au mois de Safar de l’année 589 de l’Hégire (1192),  le sultan al-Malik an-Nassir Salah ad-Din al-Ayyoubi décéda et fut enterré à Damas laissant derrière lui dix-sept enfants dont le plus grand d’entre était al-Malik al-Afdal Nour ad-Din ‘Ali qui fut surnommé par les historiens musulmans al-Malik an-Nawam mais il ne fut d’aucune utilité pour la nation islamique de l’époque qui aurait eu besoin d’un homme puissant.

Les frères et les chefs Ayyoubi entrèrent malheureusement en conflit lors du partage du royaume de Salah ad-Din et al-Malik al-‘Adil Abi Bakr Ibn Ayyoub Ibn Shadi devint le nouveau sultan de la dynastie des Ayyoubi.

 

Reprise de la chronologie d’Ibn Athir sur les évènements précédents.

 

 

De la conquête de Shaqif Arnoun

 

Au mois de Rabi’ Awwal de l’année 585 de l’Hégire (1189), Salah ad-Din procéda à Shaqif Arnoun, une très puissante forteresse pour y mettre le siège. Son seigneur Renaud, le seigneur de Sidon, descendit pour rencontrer Salah ad-Din montrant son obéissance et amitié. Ce Renaud était l’un des plus intelligents et plus sournois des hommes. Il dit : « J’ai beaucoup d’amour pour vous et j’admets votre bonté mais je crains que le marquis soit informé de notre rapport et que par conséquent, mes enfants et ma famille qui sont avec lui, n’en souffre. Je désire que vous me donniez le temps pour prendre des dispositions pour  qu’ils s’écartent de lui. Alors je viendrais avec eux chez vous puis vous abandonnerai le château et rejoindrai votre service. Nous nous contenterons de n’importe quel fief vous nous accorderez. » Salah ad-Din croyait qu’il disait la vérité et accepta ce qu’il demanda après qu’il fut convenu qu’il abandonnerait Shaqif Arnoun au mois de Joumadah Thani.

Salah ad-Din resta dans Marj ‘Ouyoun, attendant la date convenue tout en étant inquiet et dérangé à cause de la proximité de l’expiration de la période de trêve entre lui et Bohémond, le seigneur d’Antioche. Il ordonna à son neveu Taqi ad-Din de se déplacer avec ses troupes et ceux qui viendraient des terres de l’est et de prendre position faisant face à Antioche pour prévenir son seigneur de faire une quelconque incursion hostile dans le territoire musulman à la fin de la trêve.

 

Il était également perturbé et soucieux par les nouvelles du rassemblement de croisés dans la ville de Tyr et de leur réception constante de renforts par navires et aussi du fait que le roi des croisés, qu’il avait capturé et libéré après la chute de Jérusalem, s’était arrangé avec le marquis après qu’ils eut été en désaccord et qu’ils s’étaient réunis maintenant en innombrable nombres et qu’ils avaient commencé à se répandre au-delà de Tyr. Toutes ces affaires ainsi que d’autres le dérangèrent et il craignit de laisser Shaqif Arnoun sur ses arrières et marcher sur Tyr ou se trouvaient des troupes abondantes capables de couper ses approvisionnement. Néanmoins, en dépit de ces affaires, il resta fidèle à son accord avec Renaud, le seigneur de Shaqif Arnoun.

Pendant la période de trêve, Renaud, qu’Allah le maudisse, achetait des provisions du marché du camp, des armes et d’autres choses pour renforcer son château. Salah ad-Din interprétait tout sous un meilleur jour. Quand on lui laissa entendre que Renaud se livrait à la tromperie et que son but était de temporiser en attendant que les croisés n’émergent de Tyr pour révéler son inimité et son opposition, il refusait de l’accepter.

Quand la fin de la trêve approcha, Salah ad-Din déplaça son camp pour être près de Shaqif Arnoun. Il convoqua Renaud trois jours avant la fin de l’expiration de la date concordée et lui parla de la capitulation du château. Renaud utilisa une nouvelle fois le prétexte de ses fils et famille comme excuse en disant que le marquis ne leur avait pas permis de le rejoindre et demanda une autre période de retard. À cela, Salah ad-Din réalisa sa ruse et tromperie et le captura en lui ordonnant de renoncer au château. Renaud demanda un prêtre pour convoyer un message aux hommes pour qu’ils capitulent. Quand il lui fut apporté, il lui chuchota quelques instructions que les Musulmans ne comprirent pas. Ce prêtre retourna alors dans la forteresse et demanda aux défenseurs de de résister. Salah ad-Din envoya Renaud à Damas et l’emprisonna. Puis, il avança près de Shaqif Arnoun ou il exerça un blocus en plaçant des hommes empêcher toutes provisions et tout renfort d’entrer.

 

De la rencontre de l’avant-garde musulmane avec les croisés

 

Alors que Salah ad-Din était à Marj ‘Ouyoun et assiégeait Shaqif Arnoun, il reçut des lettres de ses hommes qu’il avait envoyés en avant garde pour surveiller les croisés à Tyr qui l’informèrent que ces derniers avaient décidé de traverser le pont de Tyr et prévoyaient d’assiéger Sidon. Avec ses braves soldats excepté ceux à qui il avait ordonné de surveiller  Shaqif Arnoun, Salah ad-Din disposa sans sa caravane de bagages mais arriva seulement après avoir manqué l’action.

Le fait est que les croisés avaient déjà quitté et marché vers leur destination. La force de reconnaissance musulmane les rencontra dans l’étroit passage ou elle les retint et les engagea dans une féroce bataille à rendre un enfant vieillard. Ils capturèrent plusieurs croisés et en tuèrent plusieurs d’autres dont sept de leurs célèbres chevaliers et blessèrent aussi plusieurs. Un certain nombre de Musulmans furent aussi tués dont un Mamelouk de Salah ad-Din, un des plus braves hommes. Il chargea le rang croisé seul, pénétra leur ligne et abattit son sabre à droite et à gauche mais ils le maîtrisèrent et le tuèrent (puisse Allah lui faire miséricorde). Les croisés furent donc incapables d’atteindre Sidon et revinrent d’où ils étaient partis.

 

D’un deuxième engagement par les volontaires pour le Jihad

 

Lorsque Salah ad-Din rejoignit l’avant-garde après avoir manqué le premier affrontement, il resta avec eux dans une petite tente, attendant le retour des croisés pour les punir et venger les Musulmans qu’ils avaient tué. Un jour, il monta avec un petit groupe sur une colline pour voir le camp croisé et agir en conséquence en fonction de ce qu’il verrait. Quelques volontaires arabes et non-Arabes voulurent engager une bataille rangée et procédèrent avec enthousiasme et pénétrèrent profondément dans la terre ennemie abandonnant toute prudence. Ils laissèrent le sultan sur leur arrière et s’approchèrent des croisés. Salah ad-Din dépêcha un certain nombre d’émirs pour les rapporter et les protéger jusqu’à ce qu’ils se soient retirés saufs mais ils n’écoutèrent ni ne se conformèrent.

Les croisés crurent d’abord qu’il y avait une embuscade derrière eux et restèrent sur leur position. Ils envoyèrent alors des hommes pour voir leur vraie position et lorsqu’ils leur dirent qu’ils étaient isolés du reste des Musulmans et qu’il n’y avait rien à craindre derrière eux, ils chargèrent comme un seul homme et les engagèrent dans la bataille et ne tardèrent pas à tous les tuer. Plusieurs hommes notables parmi eux furent tués. Ce qui leur arriva consterna Salah ad-Din et les Musulmans. Cela arriva à cause de leur confiance excessive en soi[1] (puisse Allah leur faire miséricorde). Cet engagement eut lieu le 19 du mois de Joumadah Awwal.

Quand Salah ad-Din vit ce qui arrivait, il descendit de la colline avec ses troupes, chargea les croisés, les repoussa jusqu’au pont et occupa leur route si bien que les croisés se jetèrent à l’eau et environ cent hommes en armure furent noyés sans parler de ceux qui furent tués lors de la charge.

Le sultan projeta alors de persévérer dans l’affrontement et de les presser durement. Nos hommes entendirent les nouvelles et le rejoignirent de toutes les directions jusqu’à ce qu’une grande armée se rassembla près de lui. Quand les croisés la virent, ils se retirèrent dans la ville de Tyr et lorsqu’ils firent ainsi, Salah ad-Din alla à Tibnin et ensuite à Acre pour inspecter son état de défense avant de rejoindre l’armée et le camp.

 

Récit d’un troisième engagement

 

Lorsque Salah ad-Din revint vers l’armée, il reçut des nouvelles que des croisés étaient sortis de Tyr pour recueillir du bois à brûler et du fourrage en groupes dispersés. Il écrivit aux troupes d’Acre et leur fixa un rendez-vous pour le lundi 8 du mois de Joumadah Thani pour engager l’ennemi sur deux fronts. Il prépara une embuscade à un endroit couvert de fourrés près d’un ravin et choisit un groupe de ses plus braves soldats et leur ordonna d’harasser les croisés et, si ces derniers chargeaient de résister un peu puis de simuler une fuite pour leur faire croire qu’ils étaient incapables de tenir contre eux. Quand les croisés les poursuivraient, ils devraient les attirer et passer l’endroit où l’embuscade avait été placée puis se rabattre sur eux tandis que l’embuscade émergerait derrière eux. Ils se mirent dûment en route avec ce plan.

Quand les deux corps furent en vue, ils se rencontrèrent et luttèrent. La cavalerie musulmane était trop fière même pour feindre la fuite et résista. Les deux côtés tinrent ferme et la bataille devint intense et importante. Le conflit dura une longue période et les hommes dans l’embuscade, incapable d’attendre plus longtemps, craignirent pour leurs frères, quittèrent leurs positions pour se ruer vers eux et les rejoindre. Ils arrivèrent alors qu’ils étaient violemment retenus et l’action devint plus féroce.

Il y avait quatre émirs de Rabi’ah et de Tayy parmi eux qui ne connaissaient pas ce pays et ne suivirent pas la route de leurs camarades. Ils suivirent un chemin qu’ils croyaient les ramènerait à leurs camarades suivit par un des Mamalik de Salah ad-Din. Quand les croisés les virent dans la vallée, ils se rendirent compte qu’ils s’étaient perdus et tombèrent sur eux dans la bataille. Le Mamelouk descendit alors de son cheval, s’assit sur une roche, prit son arc dans ses mains et se défendit. Les croisés commencèrent à tirer des traits d’arbalète sur lui et il tira sur eux. Il blessa plusieurs d’entre eux et ils lui infligèrent un grand nombre de blessures puis il tomba et ils vinrent alors qu’il rendait son dernier souffle. Ils le laissèrent donc et partirent en le croyant mort. Le jour suivant, les Musulmans vinrent à cet endroit et enterrèrent leurs morts mais virent que le Mamelouk était vivant. Ils le portèrent sur une cape, à peine reconnaissable à cause du sang du grand nombre de ses blessures. Ils désespérèrent de sa vie et se détournèrent de lui, ayant entendu son attestation de foi et le félicitèrent comme un martyre. Ils le quittèrent mais quand ils revinrent par la suite, ils virent qu’il s’était ranimé. Ils lui apportèrent une boisson et il se rétablit. Par la suite, il n’assista pas à une bataille sans réaliser de grands exploits.

 

De la marche des croisés sur Acre et de son  siège

 

Les croisés s’était rassemblé en immense nombre à Tyr, comme nous l’avons déjà mentionné, chaque fois que Salah ad-Din conquit une ville ou un château, il accepta les conditions de leurs habitants et les y envoya avec leurs biens, leurs femmes et enfants et ainsi une énorme multitude au-delà de tout compte, se réunirent là ainsi qu’une prodigieuse quantité d’argent inépuisable en dépit des grandes dépenses sur plusieurs années. Les moines, les prêtres et un grand nombre de leurs nobles et chevaliers se vêtir de noir et proclamèrent leur chagrin de la perte de Jérusalem.

Le patriarche de Jérusalem les réunis et les emmena dans les terres des croisé ou ils voyagèrent demandant aide et secours aux gens tout en leur conseillant de se venger pour Jérusalem. Ils dessinèrent le Messie (paix sur lui) avec un Arabe en train de le battre. Ils mirent du sang sur le portrait du Messie et dirent aux gens : « C’est le Messie avec Muhammad[2], le Prophète des Musulmans qui l’a frappé, blessé et tué. »

Les Chrétiens furent peinés en voyant ce dessin et répondirent à l’appel en très grands nombres, y compris des femmes car il y avait avec eux à Acre, un certain nombre de femmes qui rivalisaient avec les hommes, comme nous le rapporterons si Allah Exalté le veut. Ceux qui furent incapables de partir engagèrent des gens pour aller à leur place et leur donnèrent de l’argent selon leurs conditions. Le patriarche réunit autour de lui plus d’hommes et d’argent qu’il y n’aurait jamais pu compter.

 

Un Musulman habitant dans Hisn al-Akrad, un des soldats de son souverain qui l’abandonna autrefois aux croisés me raconta son histoire. Cet individu se repentit de son ancienne coopération avec les croisés, de ses attaques contre les terres islamiques, de son combat et d’avoir travaillé avec eux. La raison pour laquelle je m’entretins avec lui sera relatée dans le chapitre de l’année 590 de l’Hégire (1193) si Allah Tout Puissant le veut. Cet homme m’a dit qu’avec un groupe de croisés de Hisn al-Akrad, il visita les croisés et les terres grecques sur les mers dans quatre galères pour chercher des renforts et dit : « Nos voyages nous amenèrent finalement à Rome que nous avons quittée avec nos galères pleines de lingots. »

 

Un certain captif croisé m’a dit qu’il était le seul fils de sa mère et comme elle ne possédait aucune richesse autre que sa maison, elle l’avait vendue et utilisée l’argent de la vente pour l’équiper et l’envoyer libérer Jérusalem et qu’il fut pris prisonnier. C’est un exemple extrême de la motivation religieuse et spirituelle que les croisés avaient. Ils sont venus de chaque parcelle de terrain et de chaque coin par terre et par mer. Si Allah Exalté n’avait pas accordé Sa grâce aux Musulmans et détruit le roi des Allemands à son arrivée en Syrie après qu’il eut quitté ses terres, ce que nous raconterons, les gens diraient : « La Syrie et l’Egypte appartenaient jadis aux Musulmans. » Cela explique pourquoi ils quittèrent leurs maisons.

 

Quand ils se rassemblèrent à Tyr, ils s’affrontèrent les uns contre les autres comme des vagues ondoyantes. Ils avaient d’immenses richesses et la mer les approvisionnaient avec des réserves de marchandises, de nourritures, d’armes, d’équipement et d’hommes. La ville de Tyr ainsi que les terres adjacentes devinrent trop petit pour eux et ils projetèrent donc d’attaquer Sidon, comme nous avons l’avons déjà mentionné mais changèrent cependant d’avis. Ils consentirent alors de marcher sur Acre et l’assiéger résolument.

Ils disposèrent alors avec toutes leurs forces, leur cavalerie et infanterie et marchèrent le long de la mer sans la quitter excepté quand la voie ne le permettait pas tandis que leurs navires les suivaient en mer, transportant leurs armes, équipements et nourritures mais aussi pour les embarquer s’ils venaient à tomber sur une force écrasante pour les ramener.

Ils se mirent en route le 8 du mois de Rajab et arrivèrent à Acre, au milieu de ce même mois après avoir été harcelés par les unités avancées des Musulmans durant leur marche qui saisirent tous les retardataires.

 

Lorsqu’ils se mirent en route, les nouvelles de leur départ furent transmises à Salah ad-Din qui se mit en route pour être en contact avec eux. Alors il réunit ses émirs et les consulta s’ils devaient procéder à leur rencontre et les engager sur la marche ou s’ils devraient suivre une  route différente de celle des croisés. Ils répondirent : « Il n’est pas nécessaire pour nous de supporter l’épreuve de les suivre car la route est difficile et étroite et il n’y a aucun avantage pour nous de le faire. Le meilleur plan pour nous consiste à prendre la route normale et les rencontrer à Acre, où nous les disperserons et détruirons. »

Salah ad-Din se rendit compte que leur inclination était pour un repos  à court terme et il fut d’accord ainsi avec eux. Sa propre idée était de lutter contre eux alors qu’ils étaient en marche. Il dit : « Si les croisés viennent à camper, ils se cramponneront à leur position et nous n’aurons aucune chance de les expulser et de gagner la main supérieure sur eux. La meilleure solution est de lutter contre eux avant qu’ils atteignent Acre » mais ils ne furent pas d’accord et il les suivit.

Ils marchèrent par la route de Kafar Kannah si bien que les croisés arrivèrent avant eux. Salah ad-Din avait nommé quelques émirs pour suivre leurs mouvements et les harceler avec des escarmouches. Les croisés ne firent aucun mouvement contre eux en dépit de leurs petits nombres.

Si l’armée avait suivi le plan de Salah ad-Din et avait engagé les croisés avant qu’ils ne descendent sur Acre, il aurait accompli son but et aurait bloqué leur avance mais quand Allah Exalté décide une affaire, Il en prépare les moyens.

 

Quand Salah ad-Din arriva à l’Acre, il vit que les croisés l’avaient déjà totalement investi de la mer et que les Musulmans n’avaient aucun moyen d’accès. Salah ad-Din fit le camp pour les bloquer et monta sa propre tente sur Tall Kayssan. Son aile droite s’étendait jusqu’à Tall al-‘Ayadiyah et sa gauche à la rivière permanente. La caravane de bagages s’arrêta à Saffouriyah. Il envoya aussi des lettres aux provinces pour convoquer les troupes. Les troupes de Mossoul arrivèrent aussi bien que celles de Diyar Bakr, Sinjar et d’autres endroits d’al-Jazirah. Puis ses neveux Taqi ad-Din et Mouzaffar ad-Din Ibn Zayn ad-Din, le seigneur de Harran et d’Edesse, le rejoignirent.

 

Les provisions avaient l’habitude d’atteindre les Musulmans par route et les croisés par bateau. Pendant leurs séjours à Acre, les deux côtés se livrèrent un grand nombre de batailles tant grandes que petites, certaines durant des jours continus et d’autres plus espacées. Je donnerai le compte des jours continus pour éviter d’être trop long et parce que les autres furent des engagements mineurs de forces limitées, qu’il n’est pas nécessaire de mentionner.

 

Quand Salah ad-Din encercla les croisés, ils furent incapable d’approcher d’Acre jusqu’à la fin du mois de Rajab. Il les engagea alors le premier jour de Sha’ban sans accomplir ce qu’il espérait. Les troupes passèrent la nuit en ordre de bataille et quand le matin arriva, il les attaqua de bonne heure avec toute sa force. Il les encercla alors complètement à partir du début de la matinée jusqu’au midi. Les deux côtés résistèrent si fermement qu’ils stupéfièrent le spectateur.

 

A la mi-journée, Taqi ad-Din réalisa une formidable charge depuis l’aile droite et repoussa de leur position ceux qui étaient en face de lui qui se retirèrent chacun pour soi et se refugièrent avec leurs camarades qui se joignirent à eux pour les protéger. Ils laissèrent donc la moitié de la ville accessible et Taqi ad-Din occupa leur position et se mit en contact avec la ville. Il tint ce que les croisés avaient abandonné et les Musulmans furent capables d’entrer et de sortir de la ville. L’accès fut rétablit et le blocus sur les habitants levé.

Salah ad-Din envoya alors tout ce qu’il voulut comme hommes, marchandises, argent et armements. Si les Musulmans avaient persévéré dans la lutte jusqu’à la tombée de la nuit, ils auraient emporté ce qu’ils voulaient car le premier affrontement apporte la panique mais après qu’ils eurent accompli ceci, ils disposèrent pour se reposer et cessèrent de lutter en disant : « Nous les attaquerons demain matin et les éliminerons. »

 

Parmi les hommes que Salah ad-Din envoya à Acre se trouvaient les émirs Houssam ad-Din Abou al-Hayja’, un des grands émirs de son armée. Il était un Kurde de la tribu Hakami d’Irbil. Un grand nombre des croisés furent tués ce jour.

 

Récit d’une autre bataille et de l’engagement des Bédouins

 

Le jour suivant, le 6 du mois de Sha’ban, les Musulmans déterminés à lutter le plus férocement possible engagèrent une nouvelle fois les croisés pour les éliminer. Ils avancèrent en ordre de bataille mais virent que ces derniers étaient prudents et sur leur garde pleins de regrets pour leur négligence du jour précédents.  Ils avaient protégé leurs flancs et leurs lignes et avaient commencé à creuser un fossé pour prévenir l’accès. Les Musulmans persistèrent dans leurs attaques mais les croisés ne firent aucun mouvement ni ne quittèrent leurs emplacements. En voyant cela, les Musulmans se retirèrent.

 

Plus tard, un groupe d’Arabes entendu dire que les croisés partaient de l’autre côté pour collecter du bois à brûler et pour d’autres buts. Ils partirent pour les attendre dans les détours et les rives de la rivière le 16 Sha’ban. Quand un groupe de croisés émergea, comme à leur habitude, les Arabes les chargèrent et les tuèrent jusqu’au dernier homme en prenant ce qu’ils avaient comme butin. Ils apportèrent les têtes à Salah ad-Din qui les récompensa et leur donna des robes d’honneur.

 

 

 

Récit d’une importante bataille à Acre

 

Après cette bataille que nous avons mentionnée, les Musulmans continuèrent chaque jour jusqu’au 20 Sha’ban à retenir matins et soirs les croisés tandis que ces derniers restèrent dans leur camp sans le quitter. Les croisés se réunirent pour un conseil et dirent : « L’armée d’Egypte n’est pas encore venue et notre situation avec Salah ad-Din est comme elle est. Qu’adviendra-t-il lorsqu’ils arriveront ? Notre meilleur plan est d’affronter les Musulmans demain dans l’espoir que nous les vaincrons avant que leurs armées se rassemblent et que des renforts arrivent. »

Une grande partie de l’armée Salah ad-Din était absente ; une partie était à Antioche pour prévenir tout mouvement hostile de son seigneur Bohémond contre les terres d’Alep, une autre partie était à Homs et faisait face à Tripoli pour surveiller le front, une force était devant Tyr pour protéger les terres avoisinantes, un autre en Egypte en garnison dans les ports de Damiette et d’Alexandrie parmi d’autres et les troupes égyptiennes restantes n’étaient pas encore arrivés à cause de leur longue période en campagne, comme nous l’avons auparavant rapporté et c’est ce qui encouragea les croisés à sortir pour engager les Musulmans.

 

Les Musulmans commencèrent leur matinée comme d’habitude certains avancèrent pour lutter, certains restèrent dans leurs tentes et d’autres partis réglés certaines de leurs affaires, visiter un ami ou acquérir certaines choses pour eux, leurs compagnons ou leurs montures. Alors, comme un fléau de sauterelles rampant sur la face de la terre remplissant de tous les côtés l’horizon, les croisés émergèrent de leur camp et chargèrent l’aile droite musulmane menée par le neveu de Salah ad-Din, Taqi ad-Din ‘Omar qui lorsqu’il vit les croisés avancer vers lui et ses hommes prit des précautions et se retira à leurs approches.

 

Quand Salah ad-Din qui était dans le centre vit la situation, il renforca Taqi ad-Din avec ses propres hommes pour le soutenir Les troupes de Diyar Bakr et de certains des Orientaux étaient au centre et quand les croisés virent que ce dernier avait été soulagé d’une partie de ses hommes, que beaucoup d’entre eux avaient rejoint l’aile droite, ils se tournèrent vers le centre et chargèrent comme un seul homme. Nos détachements cédèrent dans le désordre devant eux bien que certains hommes restèrent fermes. Plusieurs rencontrèrent la mort de martyre tels que l’émir Moujalli Ibn Marwan, Zahir ad-Din, le frère du juriste ‘Issa qui était le gouverneur de Jérusalem, un homme qui combina la bravoure au combat, l’érudition et la piété ainsi que le chambellan Khalil al-Hakkari et d’autres hommes braves et dévoués sur le champ de guerre. Il ne resta personne dans le centre pour les repousser et ils se dirigèrent sur la colline sur laquelle se trouvait la tente de Salah ad-Din tuant tout ce qui tomba sur leur passage. Près de la tente de Salah ad-Din, ils tuèrent d’autres Musulmans et parmi eux notre enseignant, Jamal ad-Din Abou ‘Ali Ibn Rawata al-Hamawi, un savant religieux et un bon poète qui avait une longue histoire de martyre dans sa famille puisqu’il avait pour ancêtre, ‘AbdAllah Ibn Rawata (qu’Allah soit satisfait de lui), un compagnon du Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) qui fut tué par les Byzantins dans la bataille de Mou'tah en l’an 8 de l’Hégire (629). Puis les croisés descendirent le flanc de la colline de l’autre côté en passant aussi par l’épée tous ceux qu’ils rencontrèrent.

Par la grâce d’Allah Tout Puissant, les croisés ne jetèrent pas à bas la tente de Salah ad-Din. S’ils l’avaient fait, nos gens auraient su que les croisés l’avaient atteinte, nos troupes se seraient enfuies et il y aurait eu une complète déroute.

Les croisés regardèrent alors en arrière et virent qu’ils étaient coupés de tout soutien et ils se retirèrent donc en craignant qu’ils puissent être coupés de leurs camarades. La raison pourquoi ils furent séparés est que notre droite leur faisait face et tandis que d’autres durent s’arrêter pour les contrer. L’aile gauche musulmane chargea les croisés et leurs troupes de soutien en les engageant et occupés par combat ne purent se lier avec leurs camarades et retournèrent devant la ligne de leurs tranchées puis l’aile gauche chargea alors les croisés qui avaient atteint la tente Salah ad-Din et les affronta alors qu’ils se retiraient. Une bataille s’ensuivit et les pages de l’armée montèrent et les poursuivirent.

 

Quand le centre s’enfuit, Salah ad-Din les poursuivit en leur criant et en leur ordonnant de revenir et reprendre la lutte et un grand nombre d’entre eux se rallièrent autour de lui et il les mena dans une attaque sur l’arrière des croisés impliqués dans le combat contre l’aile gauche. Les sabres d’Allah les submergèrent de chaque côté et pas l’un d’entre eux ne s’enfuit. La plupart furent tués et le reste prisonniers. Parmi eux se trouvait le maître des Templiers que Salah ad-Din avait capturé et libéré et qu’il exécuta. Les tués à part ceux qui étaient tombé à côté de la mer, étaient environ 10 000 et Salah ad-Din ordonna de jeter leurs dépouilles dans la rivière d’où les croisés s’abreuvaient. La plupart des morts étaient des chevaliers croisés car l’infanterie n’avait pas eu le temps de les rattraper. Parmi les prisonniers, il y avait trois femmes croisées qui avaient lutté à cheval et ce n’est que lorsqu’elles furent capturés et leurs armures ôtées qu’il fut découvert qu’elles étaient des femmes.

 

Quant aux Musulmans qui avaient fui, certains d’entre eux allèrent aussi loin que Tibériade, certains traversèrent le Jourdain avant de revenir et d’autres allèrent aussi loin que Damas. Si ces unités ne s’étaient pas dispersées dans la déroute, ils auraient accompli leur but et anéantis totalement les croisés. Cependant, le reste des Musulmans fit son maximum, lutta violemment et voulut entrer dans le camp des croisés en même temps que ces derniers pour provoquer la panique dans leur rang mais ils furent informés par un cri que leurs bagages et leurs biens avaient été pillés.

 La raison de ce pillage est dû au fait que lorsque nos hommes constatèrent la déroute, ils chargèrent leurs bagages sur les bêtes de somme. Les valets de camp et les pages se révoltèrent et pillèrent et s’enfuirent avec les bagages.

Ce fut le plan de Salah ad-Din de renouveler l’attaque et l’assaut le jour suivant mais il vit que ses hommes étaient préoccupés par leurs biens qu’ils avaient perdus et qu’ils s’efforçaient de récupérer et de protéger. Il ordonna de proclamer que tout ce qui avait été pris devrait être rapporté, assez d’accessoires, de sacoches de selles pleines, de vêtements, d’armes pour remplir la terre furent restituées à leurs propriétaires.

Ce jour-là Salah ad-Din manqua l’occasion d’accomplir son but car la panique des croisés se calma et l’état des survivants parmi eux relevé.

 

Du retrait de Salah ad-Din devant les croisés et de leur formation pour le blocus d’Acre

 

Après ce grand nombre de croisés tués, la terre devint malsaine de l’odeur des cadavres qui corrompirent l’air et l’atmosphère si bien que la santé des hommes se détériora et Salah ad-Din souffrit d’une pénible colique récurrente. Ses émirs qui l’accompagnaient lui conseillèrent de bouger de cet endroit et d’abandonner la pression sur les croisés. Ils le lui présentèrent comme la meilleure chose à faire en disant : « Nous avons appuyé durement sur les croisés et même s’ils voulaient quitter leur position, ils ne pourraient pas. Notre meilleur plan est de partir pour qu’ils puissent lever leur camp et partir. S’ils partent, et c’est le résultat le plus probable, alors nous auront été épargnés de leur peine et eux de la nôtre. S’ils restent, nous pourrons revenir à la bataille et retourner ou nous étions auparavant. De plus, ta santé est mauvaise et ta douleur intense. Si cette rumeur se propageait, nos hommes seraient perdus. Considérant tous ces points, notre meilleur plan est de se retirer. »

Les docteurs furent du même avis et il accepta de faire ce qui était la volonté d’Allah « Et lorsqu’Allah veut [infliger] un mal à un peuple, nul ne peut le repousser : ils n’ont en dehors de Lui aucun protecteur. » (Qur’an 13/11).

Il se retira donc vers al-Kharroubah le 4 du mois de Ramadan. Après leur avoir dit la raison de son départ, Salah ad-Din ordonna aux défenseurs musulmans d’Acre de tenir, de fermer les portes et de prendre toutes les précautions nécessaires.

 

Après son départ et celui de ses troupes, les croisés s’estimèrent à l’abri, s’étendirent dans la région et assiégèrent encore une fois Acre qu’ils encerclèrent sur terre et mer avec leurs navires. Ils commencèrent à creuser un fossé et accumulèrent un rempart avec la terre du fossé et ce qu’ils accomplirent était au-delà de toute atteinte. Notre force d’attaque avait l’habitude de leur faire face chaque jour mais ils refusaient de lutter ou de bouger car la seule chose qui les inquiétait était la réalisation du fossé et du rempart pour se protéger de Salah ad-Din s’il revenait à la bataille.

Et avec le temps, le plan de ceux qui avaient préconisé ce retrait devint clair.

 

Chaque jour qui passait, le détachement avancé informait Salah ad-Din de ce que les croisés faisaient en exagérant la situation bien que Salah ad-Din fut inquiet de sa maladie et incapable d’entreprendre des opérations militaires. Un certain nombre de personnes lui conseilla d’envoyer toutes les troupes pour empêcher les croisés de travailler sur le fossé et le rempart et les engager dans des batailles mais il répondit : « Si je ne suis pas présent avec eux, ils ne feront rien et peut-être le mal qui en résultera sera bien des fois supérieur au bien que nous espérons. »

L’opération fut donc retardée jusqu’au rétablissement de Salah ad-Din et pendant ce temps les croisés furent capables de construire ce qu’ils voulurent, rendirent leurs affaires stables et se fortifièrent avec ce qu’ils trouvèrent de disponible. Durant cette même période de temps, les hommes d’Acre firent des sorties quotidiennes, engagèrent les croisés et provoquèrent un certain nombre de pertes dans leurs rangs.



[1] Je ne pense pas que cela soit vraiment le cas. En général les volontaires, et parce qu’ils sont volontaires et ne reçoivent aucun salaire en ce monde, combattent pour l’excellence du martyre et le salaire de l’au-delà. C’est pour cela qu’ils ne font pas marche arrière sachant l’immense récompense qu’ils sont à un pas d’obtenir (contrairement aux volontaires qui sont des espions et qui bien qu’ils affirment rechercher le martyre, ne le chercheront jamais puisqu’ils reçoivent un salaire en ce monde. Ils resteront donc toujours en arrière et éviteront le combat en trouvant mille et un prétextes pour rester en vie). Ce genre d’opération est fréquente chez les Moujahidine volontaires et sont appelés des commandos martyres. Nous avons déjà raconté l’histoire d’un de ces groupes venu du Maghreb sous le règne d’al-Hajib al-Mansour en Andalousie dans le premier volume de notre Abrégé de l’Histoire du Maghreb et de l’Andalousie.

[2] Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui.