Le conflit entre les tribus arabes et l’armée permanente de Baghdad

 

Durant le mois de Ramadan de l’année 556 de l’hégire (1161), les Banou Khafajah se rassemblèrent à al-Hillah et Koufa et exigèrent leur allocation régulière de nourriture, de dattes et d’autres choses que l’émir du Pèlerinage Arghoush, qui était le détenteur du fief de Koufa, leur refusa et l’émir Qayssar le préfet d’al-Hillah, tous les deux des Mamalik du calife, l’approuva dans cette action. Les Khafajah se soulevèrent et pillèrent l’arrière-pays agricole de Koufa et d’al- Hillah. L’émir Qayssar, le préfet de d’al-Hillah, leur envoya 280 cavaliers et Arghoush les rejoignit avec ses troupes. Les Banou Khafajah se retirèrent devant eux mais ils furent poursuivit aussi loin que Rahbah en Syrie. Ils envoyèrent des excuses, en disant : « Nous avons supporté le lait des chameaux et le pain d’orge pendant que vous nous niez nos allocations fixes et ils demandèrent la paix mais Arghoush et Qayssar ne répondirent pas à leur offre.

Beaucoup d’Arabes s’étaient joints au Banou Khafajah et ils établirent leurs lignes et livrèrent bataille. Pour les couper de leurs arrières, les Arabes envoyèrent un détachement dans le camp et la caravane de bagages des troupes et après une charge formidable les troupes furent mises en déroute et beaucoup d’entre eux furent tué dont l’émir Qayssar. Plusieurs autres furent faits prisonniers et l’émir du Pèlerinage fut sévèrement blessé. Il entra dans Rahbah dont l’émir le protégea, lui fournit une escorte et l’envoya à Baghdad quant à ceux qui échappèrent aux Banou Khafajah, ils moururent de soif dans le désert.

Les femmes esclaves des tribus arabes sortirent avec de l’eau et abreuvèrent les blessés. Et tous les soldats qui en demandèrent en reçurent mais il y eut plus de pleurs et de gémissements sur les morts à Baghdad. Le vizir ‘Awn ad-Din Ibn Houbayrah et ses troupes s’équipèrent et partirent à la recherche des Banou Khafajah mais ces derniers entrèrent dans le désert et émergèrent à Basra. Après leur entrée dans le désert, le vizir revint à Baghdad. Les Banou Khafajah envoyèrent leurs excuses comme suit : « Nous avons été maltraités. Nous avons abandonné nos terres mais ils nous ont poursuivis et nous avons été forcés de lutter. » Ils demandèrent le pardon qui leur fut accordé.

 

Comment le roi des Géorgiens conquit la ville d’Ani

 

Au mois de Sha’ban de cette année, les Géorgiens se rassemblèrent avec leur roi et marchèrent sur la ville d’Ani dans Arran, qu’ils conquirent en tuant une grande multitude. Shah Arman Ibn Ibrahim Ibn Souqman, le seigneur de Khilat décida de s’opposer à eux et rassembla ses troupes. Une grande foule de Moujahidine volontaires affluèrent et se joignirent à lui. Ils se mirent en route et après s’être affrontés dans la bataille, les Musulmans furent vaincus et la plupart d’entre eux furent tué et prit prisonniers. Shah Arman se retira vaincu et de son armée in initiale pas plus de quatre cents cavaliers revinrent avec lui.

 

Comment ‘Issa devint le souverain de La Mecque (puisse Allah Tout Puissant la protéger)

 

Cette année,  l’émir de La Mecque fut Qassim Ibn Foulaytah Ibn Qassim Ibn Abi Hashim al-‘Alawi al-Houssayni. Quand il entendu dire que les pèlerins étaient arrivés près de La Mecque, il extorqua de l’argent des personnes dévotes et aux notables locaux et prit une grande partie de leur richesse avant de s’enfuir de La Mecque par peur de l’émir du Pèlerinage Arghoush.

 

Cette année, le commandant de l’armée de Mossoul, Zayn ad-Din ‘Ali Ibn Baktakin partit en pèlerinage, accompagné par un détachement considérable de troupes. Quand l’émir du Pèlerinage arriva à La Mecque, il installa à la place de Qassim Ibn Foulaytah son oncle ‘Issa Ibn Qassim Ibn Abi Hashim qui resta dans sa fonction jusqu’au mois de Ramadan. Alors Qassim Ibn Foulaytah rassembla un grand contingent d’Arabes qu’il enjoliva avec un peu d’argent qu’il avait à La Mecque. Ils le suivirent et il se mit en route avec eux pour La Mecque. Quand son oncle ‘Issa fut informé, il abandonna la ville. Qassim rentra dans la ville où il resta comme émir pendant plusieurs jours mais il n’avait pas d’argent à remettre aux Arabes. Il tua alors un de ses officiers, un homme d’excellente conduite et l’attitude de ses hommes envers lui changèrent et ils se mirent en contact avec ‘Issa, qui les rejoignit. Qassim s’enfuit et gravit le Mont Abou Qoubays où il tomba de son cheval et fut saisi et tué par les hommes de ‘Issa. ‘Issa fut consterné par son meurtre, prit son corps, le lava et l’enterra dans al-Mou’allah par son père Foulaytah et le pouvoir de ‘Issa devint fermement établi. Et Allah est Plus Savant.

 

Durant le mois de Mouharram cette année, un large rassemblement de Turcomans de Fars arriva à Nishapour avec un grand nombre de moutons pour le commerce. Ils les vendirent, reçurent leur argent, quittèrent la ville et campèrent à deux étapes de de Tabas Kilaki. Quand ils s’endormirent, les ismaéliens fondirent sur eux dans une attaque surprise de nuit et les passèrent par l’épée. Ils tuèrent la plupart d’entre eux et seul un fugitif s’enfuit. Les ismaéliens, qu’Allah les maudisse, saisirent comme butin tout l’argent et les affaires qui étaient avec eux et se retirèrent dans leurs forts.

 

Il y eut cette année, Dans la plupart des terres, une chute abondante de pluie surtout dans Khorasan ou les pluies tombèrent sans interruption du 20 Mouharram jusqu’au milieu du mois de Safar et durant cette période les gens n’eurent pas de soleil.

 

De même cette année, une lutte opposa les Géorgiens et le prince Saltouq Ibn ‘Ali le seigneur d’Erzeroum au cours de laquelle ses troupes furent vaincues et où il fut fait prisonnier. Sa sœur Shah Banwar qui s’était marié avec Shah Arman Souqman Ibn Ibrahim Ibn Souqman, le seigneur de Khilat envoya un présent de grande valeur au roi des Géorgiens et lui demanda de le prendre comme une rançon pour son frère. Il le libéra et il reprit sa fonction de gouverneur.

 

Cette année aussi, le souverain croisé de Sidon rechercha Nour ad-Din Mahmoud le souverain de la Syrie pour demander sa protection. Il lui donna des garanties et envoya aussi une force avec lui pour le protéger des croisés. Cependant une embuscade de croisé les submergea sur leur voie et tuèrent un certain nombre de Musulmans tandis que les survivants s’enfuirent.

 

Pointe de lance

 

Du siège de Harim par Nour ad-Din

 

En l’an 557 de l’Hégire (1161), Nour ad-Din Mahmoud Ibn Zanki Ibn Aqsounqour le seigneur de la Syrie réunit ses troupes à Alep et marcha sur la forteresse de Harim, à l’ouest d’Alep, qui était tenue par les croisés. Il l’assiégea et l’attaqua énergiquement mais elle tint ferme devant lui à cause de ses puissantes fortifications et le grand nombre des chevaliers croisés et de braves guerriers.

Quand les croisés furent informés, ils rassemblèrent leur cavalerie et leurs fantassins de toutes leurs terres, joignirent leur force, firent leurs préparations et marchèrent ensuite pour le forcer à lever le siège. Quand ils s’approchèrent, il se rangea pour une bataille rangée mais ils ne se conformèrent pas à son désir. Ils échangèrent des messages avec lui et poursuivirent une politique prudente d’inaction. Quand il vit qu’il était incapable de prendre la forteresse et qu’ils refusaient la bataille, il revint sur ses terres.

Un d’entre ceux qui l’accompagnèrent lors de ce raid fut al-Mouayyad ad-Dawlah Oussama Ibn Mourshid Ibn Mounqid al-Kinani, qui était le summum de la bravoure. Après son retour à Alep, il entra dans la mosquée à Shayzar, ou  il était entré l’année précédente en route pour le Pèlerinage. Quand il entra à cette occasion, il était écrit sur le mur :

« À Toi les Louanges, mon Seigneur ; combien de grâce et de faveur je Te dois que ma gratitude ne peut pas comprendre !

Je suis venu dans cette mosquée cette année lors de mon retour,

De campagne, partageant abondamment dans sa récompense.

J’ai monté mes chameaux ici l’année précédente.

À la Maison d’Allah, le coin et la Pierre Noire,

J’ai réalisé mon devoir religieux et j’ai déchargé de mon dos

La charge de mes péchés juvéniles que je portais. »

 

Du conflit entre les Musulmans et les Géorgiens

 

Au mois de Sha’ban de cette année, les Géorgiens se rassemblèrent au nombre de 30 000 guerriers et entrèrent dans le territoire islamique avec pour but la ville de Dvin en Azerbaïdjan qu’ils prirent et dévastèrent. Ils tuèrent environ 10 000 habitants y compris les paysans voisins. Ils prirent beaucoup de captifs et réduisirent les femmes en esclavages qu’ils dénudèrent et emmenèrent nues et nu pieds. Ils brulèrent la mosquée principale et les mosquées régionales.

Quand ils revinrent chez eux, les femmes géorgiennes condamnèrent ce qui avait été fait aux femmes musulmanes, en disant : « Vous avez obligé les Musulmans à nous traiter de la même façon que vous avez traité leurs femmes » et ils donnèrent des vêtements aux femmes.

 

Quand les nouvelles de cela atteignirent Shams ad-Din Ildikiz, le seigneur d’Azerbaïdjan, des Terres Hautes et d’Ispahan, il leva ses troupes et fut rejoint par Shah Arman Ibn Souqman al-Qoutbi, le seigneur de Khilat et Ibn Aqsounqour, le seigneur de Maraghah et d’autres endroits. Ils rassemblèrent une grande force de plus de 50 000 combattants et marchèrent sur le territoire géorgien au mois de Safar de l’année 558 de l’Hégire (1162) qu’ils pillèrent, asservirent les femmes et les enfants et firent des prisonniers.

Les Géorgiens les affrontèrent et le combat entre eux fut très féroce dans lequel les deux côtés tinrent fermes. Les hostilités entre eux durèrent plus d’un mois et finalement la victoire alla chez les Musulmans et les Géorgiens furent vaincus et beaucoup d’entre eux furent tués ou capturés.

 

La raison de leur défaite est due au fait qu’un des Géorgiens se rendit chez Ildikiz et accepta l’Islam de ses mains et lui dit : « Me donneras-tu une force que je mènerais par une route que je connais pour tomber sur l’arrière des Géorgiens sans qu’ils le sachent ? » Il lui fit confiance et envoya avec lui une force après s’être mis d’accord pour le jour de l’attaque. Quand ce jour-là arriva, les Musulmans engagèrent les Géorgiens et pendant qu’ils luttaient, le converti géorgien arriva avec sa force. Ils crièrent « Allahou Akbar » et chargèrent l’arrière des Géorgiens qui s’enfuirent après qu’un grand nombre des leurs furent tués ou capturés. Les Musulmans prirent comme butin leurs bagages qui étaient trop riche pour être compté. Ils avaient été convaincus que leur nombre leur donnerait la victoire mais Allah Exalté réduisit leur espoir à néant. Les Musulmans les poursuivirent durant trois jours consécutifs en tuant et en prenant des captifs avant de revenir victorieux et triomphants.

 

 

Cette année, les pèlerins arrivèrent à Mina mais la plupart des personnes furent incapables de réaliser leur pèlerinage parce que l’on les empêcha d’entrer dans La Mecque et procéder à la circumambulation et le Sa’i (parcours entre as-Safah et al-Marwah). Les gens qui entrèrent dans La Mecque le Jour de Sacrifice et exécutèrent la circumambulation et le Sa’i furent capables d’accomplir la totalité de leur pèlerinage mais ceux qui s’attardèrent au-delà de ce jour furent empêchés d’entrer dans La Mecque à cause d’une dispute qui survint entre l’émir du Pèlerinage et l’émir de La Mecque.

La raison est qu’un groupe de serviteurs de La Mecque causa des problèmes aux pèlerins à Mina. Un des émirs du Pèlerinage appela ses camarades à l’aide et ils tuèrent certains d’entre eux. Les survivants revinrent à La Mecque, se regroupèrent entre eux et attaquèrent les chameaux des pèlerins, en prenant presque mille d’entre eux. L’émir du Pèlerinage appela toutes ses troupes et ils enfourchèrent leurs montures complètement armés. Une bataille s’ensuivit dans laquelle plusieurs furent tués et un certain nombre de pèlerins et de gens de La Mecque furent volés. L’émir du Pèlerinage se retira sans entrer dans La Mecque et resta à az-Zahir pas plus d’une journée. Beaucoup de personnes revinrent à pied à cause du manque de chameaux et rencontrèrent des difficultés.

Parmi ceux qui firent le pèlerinage cette année se trouvait notre grand-mère, la mère de notre père. Elle manqua la circumambulation et le Sa’i. Il fut demandé au Sheikh Abou al-Qassim Ibn al-Bazri de lui donner une décision juridique (fatwa) et il dit : « Elle peut continuer dans l’état de sacralisation ou si elle veut, elle peut faire une expiation et se mettre hors sacralisation à plus tard jusqu’à l’année prochaine. En revenant à La Mecque, elle peut exécuter la circumambulation et le Sa’i et compléter son premier pèlerinage. Ensuite, elle pourra reprendre son sacralisation une deuxième fois, revenir à ‘Arafat pour y faire la station, Rami al-Jamarat, la circumambulation et le Sa’i et obtenir ainsi un second pèlerinage. » Elle poursuivit en état de sacralisation jusqu’à l’année suivante ou elle retourna au pèlerinage et fit comme il avait dit et accomplit ainsi son premier et deuxième pèlerinage.

 

Cette année, de gros grêlons tombèrent dans le Khorasan durant les derniers jours de Nisan et particulièrement à Jouwayn, Nishapour et les régions adjacentes. Ils détruisirent les récoltes et furent suivit une lourde pluie qui dura dix jours.

 

Au mois de Joumadah Thani de cette même année,  un incendie éclata à Baghdad qui brûla le marché des oiseaux, les maisons près de lui et à l’opposé, le nouveau marché de cuivre, le caravansérail, les magasins de grains et d’autres.

 

Cette année aussi mourut al-Kiyah as-Sabbahi, le seigneur d’Alamout et le chef des hashashiyine. Son fils lui succéda dans la place et se repentit publiquement. Lui et ses disciples restituèrent les prières et le jeune du mois de Ramadan. Ils envoyèrent un messager à Qazwin et lui demandèrent des gens qui pourraient les guider dans la prière et leur enseigner les prescriptions de l’Islam et il envoya dûment ceux-ci.

 

 

Récit de la défaite de Nour ad-Din Mahmoud face aux croisés

 

En l’an 558 de l’Hégire (1162), Nour ad-Din Mahmoud Ibn Zanki fut vaincu par les croisés sous le Hisn (fort) al-Akrad lors de la bataille d’ al-Bouqay’ah.

Cela arriva quand Nour ad-Din  rassembla ses troupes et entra dans le territoire des croisés et campa à al-Bouqay’ah au pied de Hisn al-Akrad pour l’assiéger avec l’intention d’attaquer et d’assiéger Tripoli. Un jour, à la mi-journée alors que les troupes étaient dans leurs tentes, ils furent surpris par l’apparition des croix des croisés derrière la colline sur laquelle était bâti Hisn al-Akrad. Les croisés s’étaient rassemblés et décidés d’une attaque surprise de jour sur les Musulmans qui se croyaient sûrs et à l’abri. Les croisés se déplacèrent immédiatement sans retard, rassemblèrent leurs troupes et entreprirent une marche forcée. Avant que les Musulmans ne soient conscients de leur mouvement, ils étaient déjà près d’eux. Ils essayèrent de les arrêter mais ils en furent incapables. Ils envoyèrent un messager à Nour ad-Din pour l’informer de la situation mais les croisés les submergèrent avec leur charge et les Musulmans ne purent tenir leur position. Ils se retirèrent donc en cherchant le camp musulman avec les croisés à leur trousse et arrivèrent ainsi ensemble dans le camp de Nour ad-Din. Les musulmans furent incapables de monter leurs chevaux et de prendre leurs armes avant que les croisés ne soient sur eux, en tuant et en capturant un grand nombre d’entre eux.

L’homme le plus féroce contre les Musulmans était le duc byzantin qui avait quitté son propre pays pour venir au Levant avec un grand corps de Grecs qui luttèrent pour le mérite religieux comme ils le prétendirent. Ils n’épargnèrent personne et se lancèrent sur la tente de Nour ad-Din mais il était déjà monté sur son cheval et s’était enfui cependant, à cause de sa hâte, il monta son cheval alors que sa patte était encore entravée. Un Kurde démonta et trancha la corde au prix de sa propre vie pour que Nour ad-Din puisse s’enfuir. Nour ad-Din fut généreux envers ses héritiers et leur assigna des fiefs.

Nour ad-Din s’arrêta au Lac de Qadas près de Homs à 22 kilomètres du site de bataille ou il fut rejoint par les soldats survivants dont l’un d’entre eux lui dit :

- « Il n’est pas prudent pour toi de rester ici. L’ardeur des croisés peut les encourager à venir contre nous et nous serons capturés dans cet état. » Nour ad-Din le réprimanda et lui demanda de garder le silence. - « Si j’avais mille chevaux avec moi, » dit-il, « Je leur ferais face sans m’inquiéter d’eux. Par Allah, je ne me mettrai à l’abri sous aucun toit jusqu’à ce que je me sois vengé et l’Islam. »

Il envoya alors des messagers à Alep et à Damas et demandant de l’argent, des vêtements, des tentes, des armes et des chevaux. Il remplaça tous ce que ses soldats avaient perdus sur la base de leur parole et l’armée fut restituée comme si elle n’avait pas subi de défaite et le fief de chaque homme tué fut donné à ses enfants.

 

Quant aux croisés, qu’Allah les maudisse, après cette défaite qu’ils infligèrent ils eurent l’intention d’attaquer Homs parce que c’était le territoire le plus proche d’eux. Cependant, quand ils entendu dire que Nour ad-Din s’était posté entre eux et leur projet, ils dirent : « Il ne l’aurait pas fait sans avoir la force pour s’opposer à nous. »

 

Quand les hommes de Nour ad-Din virent la grande quantité de sa dépense, l’un d’entre eux vint et lui dit :

- « Dans tes terres tu as beaucoup de pensions et des aumônes payées aux juristes, aux mendiants, aux dévots, aux soufis, aux lecteurs de Qur’an et d’autres de ce genre. Si tu avais utilisé ces fonds à ce moment particulier, cela serait plus utile. » Cela le rendit furieux et il répondit :

- « Par Allah, mon seul espoir pour la victoire est à travers ces hommes. « C’est seulement par vos faibles que vous êtes soutenus et obtenez la victoire[1]. » Comment puis-je je couper les subventions d’hommes qui luttent pour moi avec des flèches qui ne manquent pas leurs cibles quand je dors sur mon lit et les distribuer à ceux qui luttent pour moi seulement quand ils peuvent me voir, avec des flèches qui peuvent toucher ou manquer ! Ces gens ont une part dans le porte-monnaie publique ; comment puis-je donc juridiquement le donner à d’autres ? »

 

Les croisés communiquèrent alors avec Nour ad-Din et lui demandèrent une trêve qu’il refusa. Ils laissèrent une force pour protéger Hisn al-Akrad et revinrent sur leurs terres.

 

Cette année un feu éclata à Baghdad de l’entrée de la rue Farashah et se propagea des deux côtés et aussi loin que le Quai des Teinturiers.

 

 

Compte-rendu de l’expédition de Shirkouh et des troupes de Nour ad-Din en Egypte et de leur retour

 

Au mois de Joumadah Awwal de l’année 559 de l’Hégire (1163), Nour ad-Din Mahmoud Ibn Zanki envoya une grande armée en Egypte et en donna le commandement à l’émir Assad ad-Din Shirkouh Ibn Shadi, son commandant militaire et l’émir le plus fameux et le plus brave de son état.

Nous rapporterons sous l’année 564 de l’Hégire (1168) la cause de son lien avec Nour ad-Din et son statut élevé à son service, si Allah Exalté le veut.

 

La raison de l’envoi de cette armée est que Shawar, le vizir d’al-‘Adid Li-Dinillah, le souverain ‘oubaydi (ismaélien) d’Egypte, avaient été vaincu lors d’une dispute avec Dirgham pour le vizirat et s’était enfui en Syrie ou il se réfugia chez Nour ad-Din et lui demanda sa protection. Nour ad-Din le reçut généreusement, fut doux avec lui et généreux.

Il arriva au mois de Rabi’ Awwal de cette année et il demanda que l’on envoie des troupes avec lui en Egypte pour le restituer à son poste. Nour ad-Din recevrait un tiers des revenus de l’Egypte après que le salaire des troupes ait été payé. Shirkouh resterait avec ses troupes en Egypte et Shawar lui-même agirait sur les ordres et la volonté de Nour ad-Din qui ne cessa de mesurer le pour et le contre faisant tantôt un pas en avant et tantôt un pas en arrière. A certain moment, il était persuadé par considération pour Shawar qui avait cherché son aide et par le désir d’augmenter son dominion et gagner de la force contre les croisés et à d’autre moment, il était retenu par les dangers de la route du fait que les croisés étaient en travers et la peur que Shawar, s’il était rétabli dans le pouvoir, ne réaliserait peut-être pas ses promesses.

Finalement, il prit la ferme décision d’envoyer des troupes, leur ordonna de s’équiper et de leur fournir tout ce dont ils auraient besoin. Assad ad-Din était très impatient et il avait un tel courage et une telle détermination qu’il n’était inquiété par rien.

Lorsque les préparatifs furent achevés, ils se mirent tous en route avec la compagnie de Shawar au mois de Joumadah Awwal de l’année 559 de l’Hégire (1164). Nour ad-Din donna l’ordre à Shirkouh de restituer Shawar à son poste et de le venger contre tous ses rivaux.

 

Nour ad-Din marcha avec ses troupes à la frontière de territoire croisé près de Damas pour empêcher les croisés d’intercepter Assad ad-Din et ses hommes. Le mieux que les croisés, qu’Allah les maudisse, pouvaient faire était de garder leurs terres contre Nour ad-Din. Assad ad-Din et ses troupes arrivèrent à Bilbays où Nassir ad-Din, le frère de Dirgham, sortit à leur rencontre avec l’armée égyptienne mais il fut vaincu et revint dérouté au Caire.

Assad ad-Din arriva et campa au Caire dans les derniers jours de Joumadah Thani.

Dirgham sortit du Caire le dernier jour du mois et il fut tué près du sanctuaire de Sayyidah Nafissah. Son corps fut laissé durant deux jours avant d’être ensuite enlevé et enterré à al-Qarafa. Son frère Faris al-Mouslimin fut aussi tué. Shawar reçut la robe d’office le premier du mois de Rajab et restitué au vizirat dont il prit le ferme contrôle.

Assad ad-Din resta à l’extérieur du Caire mais Shawar agit traîtreusement envers lui. Il renia ses engagements avec Nour ad-Din et aussi avec Assad ad-Din à propos des terres d’Egypte. Shawar envoya un message à ce dernier lui ordonnant de revenir en Syrie. Il répondit avec un refus et demanda ce qui avait été conclu entre eux. Quand Assad ad-Din vit que Shawar ne se conformait pas à ses promesses, il envoya un messager à ses lieutenants pour prendre la ville de Bilbays et imposa son autorité sur les provinces de l’est. Shawar demanda alors de l’aide aux croisés et leur soutien en les mettant en garde contre l’éventuelle conquête de l’Egypte par Nour ad-Din. Les croisés étaient déjà convaincus qu’ils étaient perdus s’ils n’en prenaient pas le contrôle.

Quand Shawar leur envoya la demande d’aide pour évincer Assad ad-Din du pays, ils furent saisit d’une immense une joie et d’un espoir sur lequel ils n’avaient pas escompté et c’est pourquoi, ils s’empressèrent de répondre à sa demande d’aide. Ils eurent enfin l’espoir de prendre l’Egypte d’autant plus que Shawar leur avait déjà offert de l’argent pour l’expédition. Ils firent donc leurs préparatifs et se mirent en route.

 

Quand Nour ad-Din entendit ces nouvelles, il se déplaça avec ses troupes à la frontière des croisés pour les empêcher de partir mais cela ne les dissuada pas parce qu’ils savaient que le danger de rester était plus grand si Assad ad-Din prenait l’Egypte. Ils laissèrent des hommes derrière eux pour garder leur territoire et le roi de Jérusalem disposa pour l’Egypte avec le reste de l’armée.

Un grand corps de croisés était venu en bateau pour faire le pèlerinage à Jérusalem et ceux du Levant leur demandèrent leur aide ce qu’ils acceptèrent. Certains d’entre eux les joignirent dans l’expédition et d’autres restèrent pour protéger leurs terres.

 

Quand les croisés s’approchèrent du Caire, Assad ad-Din quitta la ville et partit pour Bilbays où lui et ses troupes restèrent et s’appliquèrent à en faire une place forte pour lui et ses troupes. Les forces égyptiennes et des croisés combinées assiégèrent Assad ad-Din Shirkouh dans Bilbays et le bloquèrent durant trois mois mais il tint bon en dépit du fait que le mur était très bas, qu’il n’y avait pas de douve, ni de fossé et de fortifications pour le protéger. Il les engagea matin et soir les ennemis d’Allah n’accomplirent rien ni même ne gagnèrent un quelconque avantage.

Dans cette situation, ces derniers furent informés de la défaite des leurs à Harim, que Nour ad-Din avait pris l’endroit et marché sur Banyas, ce que nous rapporterons si Allah Tout Puissant le veut. Alors ils devinrent abattus et voulurent retourner garder leurs terres. Ils firent des ouvertures de paix à Assad ad-Din en lui proposant de quitter l’Egypte, de revenir en Syrie et de remettre aux Egyptiens ce qu’il retenait. Il fut d’accord avec cela parce qu’il ignorait ce que Nour ad-Din avait fait au croisés en Syrie et parce que ses provisions et ses réserves étaient basses. Il quitta donc Bilbays au mois de  Dzoul Hijjah de cette même année.

 

Quelqu’un qui vit Assad ad-Din quand il quitta Bilbays me raconta la chose suivante :

« Il envoya ses hommes en avant et resta parmi les derniers, avec une hache en fer dans sa main pour protéger leur arrière-garde tandis que les Egyptiens et les croisés le regardaient. Un croisé d’outre-mer vint prêt de lui et dit :

- « Tu n’as pas peur que ces Egyptiens et ces croisés puissent agir traîtreusement puisqu’ils vous encerclent toi et tes hommes et qu’aucun de vous ne survivra ? » Shirkouh répondit :

- « Je veux qu’ils fassent ainsi pour que tu puisses voir ce que je ferais. Par Allah, je brandirais mon sabre et pas un de nos hommes ne sera tué avant que j’ai tué plusieurs d’entre vous. Alors al-Malik al ‘Adil Nour ad-Din les attaquera, les affaiblira et leurs champions seront éliminés. Nous prendrons leurs terres et tous les survivants périront. Par Allah, si mes hommes m’avaient obéi, je vous aurais chargé dès le premier jour, mais ils ont refusé. » Le croisé fit le signe de la croix et dit :

 - « Nous avions l’habitude de nous émerveiller des croisés de ces terres qui exagérèrent votre description et leur peur de vous. Maintenant nous les excusons ! » Puis il se retira alors. »

 

Shirkouh procéda en Syrie et arriva en toute tranquillité. Les croisés avait posté un escadron dans un laisser-passer étroit sur sa route pour le capturer ou gagner un peu de succès contre lui, mais il en fut informé et prit une autre route.

 

La défaite des croisés et la chute de Harim

 

Au mois de Ramadan, Nour ad-Din Mahmoud Ibn Zanki conquit le fort de Harim des croisés.

Quand Nour ad-Din revint vaincu de la bataille d’al-Bouqay’ah près de Hisn al-Akrad, comme nous l’avons déjà rapporté, il distribua de l’argent, des armes et d’autre équipement, comme cela a aussi été mentionné et l’armée fut restituée comme si elle n’avait subie aucune défaite. Ils commencèrent alors à faire des préparations pour le Jihad et pour se venger.

Pendant ce temps les croisés et leur roi arrivèrent au Caire et Nour ad-Din voulu attaquer leur terre pour qu’ils se retirent d’Egypte. Il envoya donc un messager à son frère Qoutb ad-Din Mawdoud le seigneur de Mossoul et de Diyar Bakr, à Fakhr ad-Din Qara Arsalan le seigneur de Hisn Kayfa, à Najm ad-Din Albi le seigneur de Mardin et d’autres souverains des provinces demandant de l’aide militaire. Qoutb ad-Din réunit son armée et se mit en route en toute hâte avec Zayn ad-Din ‘Ali, son commandant en chef.

Il fut demandé à Fakhr ad-Din, le seigneur de Hisn Kayfa, comme je l’ai entendu dire, par ses amis inséparables et son cercle proche : « Que action propose-tu ? » et il leur dit : « Rester où je suis. Nour ad-Din s’est épuisé avec beaucoup de jeûne et de prières et aussi en se lançant avec ses gens dans les dangers. » Ils l’approuvèrent tous.

Le jour suivant, cependant, il ordonna la mobilisation pour la campagne. Ses hommes lui demandèrent alors : « Qu’est-ce qui t’a fait changer d’idée ? Hier nous t’avons quitté dans un certain esprit et aujourd’hui nous voyons l’opposé. » Il répondit : « Nour ad-Din a pris une certaine ligne de conduite avec moi ; si je ne l’aide pas, mes sujets vont se rebeller contre moi et prendre mes terres car il a écrit aux ascètes locaux, aux hommes dévots et à ceux qui ont renoncé à ce monde, en leur racontant ce que les Musulmans ont rencontrés des croisés, le meurtre et la captivité qu’ils subirent et leur demandent le support de leurs prières et d’urger les Musulmans à prendre les armes. Chacun de ces hommes à son endroit public, avec ses partisans et disciples et lit les lettres de Nour ad-Din à haute voix, en pleurant et en lançant des imprécations et des malédictions contre moi. Je dois aller chez lui. » Donc il fit ses préparations et se mis en route personne. Et Najm ad-Din envoya aussi des troupes.

 

Quand les forces furent rassemblées, Nour ad-Din marché sur Harim, qu’il assiégea en déployant ses trébuchets et exécutant une série d’assauts. Les croisés, qu’Allah les maudisse, qui restaient sur la côte se réunirent et marchèrent avec leur force armée, leurs princes et chevaliers, leurs prêtres et leurs moines. Ils avancèrent contre lui en se hâtant, venant de toutes les directions, commandés par Bohémond le seigneur d’Antioche, le seigneur de Tripoli et ses districts, le fils de Josselin un des célèbres champions des croisés et le duc, un grand commandant byzantin. Ils rassemblèrent leurs cavaleries et leurs fantassins et à leur approche, Nour ad-Din se déplaça de Harim à Artah pour les encourager à le suivre et les avoir ainsi dans son pouvoir parce qu’ils seraient bien loin de leur territoire, s’ils l’affrontaient dans la bataille. Ils le suivirent donc et campèrent à Ghamr ou ils se rendirent alors compte qu’ils étaient trop faibles pour l’affronter si bien qu’ils se retirèrent à Harim. Quand ils retirèrent, Nour ad-Din les suivit avec ses héros musulmans prêts pour la bataille.

 

Quand les deux côtés s’approchèrent, ils établirent leurs lignes de bataille. Les croisés commencèrent par une charge contre l’aile droite musulmane où étaient le contingent Alep et le seigneur de Hisn Kayfa. Les Musulmans s’enfuirent alors et furent poursuivis par les croisés. On a dit que cette fuite sur la droite fut  un plan concordé qu’ils avaient conçu, à savoir que les croisés les suivraient et se détacheraient ainsi de leur infanterie pour que les Musulmans restants puissent se tourner vers l’infanterie et l’éliminer. Quand leurs chevaliers reviendraient, ils ne trouveraient aucune infanterie pour se protéger et sans soutien sur qui compter. Ceux qui avaient fui reviendraient alors sur leurs talons et les Musulmans les submergeraient de tous les côtés et il advint exactement ce qu’ils avaient planifié.

Quand les croisés poursuivirent ceux qui s’étaient enfuis, Zayn ad-Din ‘Ali avec le contingent de Mossoul chargea l’infanterie croisé et les annihila en les tuant ou en les prenant prisonniers. Leur cavalerie revint après s’être assuré de leur poursuite et de peur pour leur infanterie tandis que les Musulmans qui avaient fui revinrent sur leurs talons. Quand les croisés virent ce qui étaient arrivé et leurs fantassins tués ou prisonniers. Leur moral s’effondra et ils virent qu’ils étaient perdus, abandonné au milieu et encerclé de tous les côtés par les Musulmans. La bataille s’intensifia et devint un engagement féroce. Beaucoup de croisés furent tués et leur défaite fut totale. Les Musulmans stoppèrent la tuerie et se concentrèrent à prendre des prisonniers qui furent pris au-delà du compte et parmi les captifs se trouvaient le seigneur d’Antioche, le seigneur de Tripoli, le démon parmi les croisés et le plus extrêmement hostile aux musulmans, le duc le commandant byzantin et le fils de Josselin. Plus de 10 000 d’entre eux furent tués.

 

Les Musulmans conseillèrent à Nour ad-Din de procéder à Antioche et de prendre la ville parce qu’elle était dépourvu des défenseurs et de combattants pour la tenir, mais il ne fit pas ainsi et dit : « La ville est une affaire facile mais la citadelle est puissante. Il se peut qu’ils l’abandonnent à l’empereur byzantin parce que le souverain est son neveu. Entre avoir Bohémond comme voisin, je trouve préférable d’être un voisin du souverain de Constantinople. » Il envoya alors des escadrons dans ces régions qu’ils pillèrent, saisirent et tuèrent les habitants. Plus tard, il rançonna Bohémond contre une grande somme d’argent et la libération d’un grand nombre de captifs musulmans.

 

 

 

Comment Nour ad-Din prit aussi la citadelle de Banyas

 

Au mois de Dzoul Hijjah de cette année, Nour ad-Din conquit Banyas près de Damas et qui était dans les mains des croisés depuis l’année 543 de l’Hégire (1148). Quand il conquit Harim, il permit aux troupes de Mossoul et de Diyar Bakr de revenir chez eux tandis qu’il fit semblant de se diriger vers Tibériade. Le reste des croisés firent de la défense et de la fortification leur objectif principal mais il procéda rapidement vers  Banyas parce qu’il savait combien la garnison chargée de la défense était peu nombreuse. Il l’assiégea donc attentivement et procéda à un certain nombre d’assauts. Parmi ses troupes se trouvait son frère, Nousrat ad-Din Amir Amiran, qui fut touché par une flèche et perdit un de ses yeux. Quand Nour ad-Din le vit, il lui dit : « Si la récompense qui t’a été préparée t’était révélée, tu souhaiterais perdre l’autre. » Il renforca durement le siège et entendant les nouvelles, les croisés réunirent leurs forces mais avant qu’ils ne soient complètement rassemblés, la place était tombé puisque les croisés avaient été affaiblis par la perte et la capture de leurs hommes à Harim.

Nour ad-Din prit la citadelle, l’a remplie de provisions, d’équipement et d’hommes puis il prit des dispositions pour partager les revenus du district de Tibériade avec les croisés qui s’engagèrent à lui payer de l’argent annuellement pour les districts dont il n’avait pas un tel arrangement avec eux.

Les nouvelles de la perte de Harim et du siège de Banyas atteignirent les croisés en Egypte qui firent des termes avec Shirkouh et revinrent pour atteindre Banyas à temps mais ils arrivèrent seulement après sa chute. Quand Nour ad-Din se mit en route pour revenir à Damas, il portait une bague avec un rubis, une des plus belles pierres précieuse que l’on appelait la Montagne, à cause de sa taille et sa beauté mais elle glissa de sa main dans les broussailles de Banyas où il y avait beaucoup d’arbres avec de nombreuses branches entrelacées en couche épaisse. Quand il fut à un certain endroit du lieu où il l’avait perdu, il réalisa sa perte et envoya certains de ses hommes pour la chercher en leur décrivant l’endroit où il était quand il l’a vit sur lui pour la dernière fois. Il leur dit : « Je crois que c’est là où elle est tombé. » Ils retournèrent donc et l’ont trouvé.

 

De la mort de Jamal ad-Din le vizir et un petit résumé de sa carrière

 

Le vizir de Qoutb ad-Din le seigneur de Mossoul, Jamal ad-Din Abou Ja’far Muhammad Ibn ‘Ali Ibn Abi Mansour al-Isfahani, mourut cette année au mois de Sha’ban alors qu’il était en état d’arrestation. Il avait été arrêté en l’an 558 de l’Hégire (1162) et resta emprisonné durant environ une année.

 

Il m’a été rapporté la chose suivante par un soufi appelé Abou al-Qassim qui était son domestique particulier dans la prison : « Pendant son emprisonnement, il continua à s’inquiété de son futur et il avait l’habitude de dire : « Je crains que je ne sois porté de mon siège d’office au tombeau. »

Quand il tomba malade, il me dit un jour : « Abou al-Qassim, si un oiseau blanc vient, fait le moi savoir. » Je me suis alors dis qu’il était dérangé d’esprit. » Le jour suivant, il me questionna beaucoup à ce sujet et subitement un oiseau blanc, dont je n’ai jamais vu nul pareil descendit. Je lui dis : « L’oiseau est venu » et il se félicita de la nouvelles, en disant : « La vérité est venue. » Il ne cessa de faire la déclaration de foi et la Bismillah jusqu’à ce qu’il rende l’âme. Quand il mourut, l’oiseau s’envola et j’ai alors réalisé qu’il avait vu quelque chose à propos de sa signification.

Il (puisse Allah exalté lui faire miséricorde) fut enterré près de Fath al-Karami ou il resta environ une année avant d’être ensuite transféré à Médine, où il fut enterré près de la Mosquée du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) dans un hospice qu’il avait construit pour lui là.

Il dit à Abou al-Qassim : « Il y a entre moi et Assad ad-Din Shirkouh un contrat que le premier d’entre nous qui décèdera sera emmené à Médine et enterré là dans le tombeau qu’il a construit. Quand je serais mort, va chez lui et rappelle le-lui. »

Après sa mort, Abou al-Qassim alla trouver Shirkouh pour cette affaire. Shirkouh lui dit : « Combien veux-tu ? » à quoi il répondit : « Je ne veux que le prix d’un chameau pour le transporter, un chameau pour porter moi et mes provisions. » Shirkouh le réprimanda et lui dit : « Est-ce un homme comme Jamal ad-Din doit être ainsi transporté à La Mecque ? » Et il lui donna une belle somme d’argent pour prendre plusieurs personnes qui pourraient exécuter le pèlerinage au nom d’ad-Din Jamal et plusieurs autres qui pourrait réciter le Qur’an en avant de sa civière quand il serait transporté ou déposé du chameau.

Quand ils entraient dans une ville, les psalmodieurs y entraient pour réciter des versets et on pria pour lui dans chaque endroit qu’ils traversèrent. Il donna aussi de l’argent pour que des aumônes soient offertes en son nom. On dit des prières sur lui dans Tikrit, Baghdad, al-Hillah, Fayd, La Mecque et Médine. Dans chaque ville des foules au-delà de tout nombre se réunirent pour l’honorer.

Nous n’avons jamais vu pleurer autant que ce jour. Ils l’ont porté autour de la Ka’bah et prièrent sur lui dans le Noble Sanctuaire. Son tombeau est à environ sept mètres du tombeau du Prophète Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui).

 

Quant à sa manière de vie, il était (qu’Allah lui fasse miséricorde) le plus généreux des hommes et le plus libéral avec sa richesse. Il était compatissant envers les bons et les justes. Comme exemple de ses travaux, il restaura la mosquée d’al-Khayf à Mina et y dépensa des sommes énormes d’argent. Il construisit le clos à côté de la Ka’bah, décora et rehaussa d’or la Ka’bah, qu’il revêtit de marbre. Quand il planifia cela, il envoya un magnifique présent  à al-Mouqtafi Li-Amrillah et lui présenta sa requête. Il envoya aussi un grand cadeau et des robes magnifiques d’honneur à ‘Issa, l’émir de La Mecque, dont un turban qui coûta 300 dinars qui par conséquent, lui permit de le faire.

Il construisit aussi la mosquée au sommet du Mont Arafat et les escaliers qui y menaient car les gens avaient l’habitude d’éprouver de grandes difficultés pour y grimper. Il bâtit aussi des citernes d’eau et leur fit apporté de l’eau du Nou’man par des conduits souterrains et beaucoup d’argent fut dépensé pour cela. On fit qu’il y ait de l’eau courante dans les citernes chaque année durant les jours d’Arafat. Il construisit aussi une enceinte autour de Médine, la ville du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) et autour de Fayd qu’il fit aussi fortifier.

À la porte de sa résidence, il avait l’habitude de distribuer quotidiennement au nécessiteux et aux pauvres cent dinars amiri sans compter les pensions et les primes régulières pour les Imams, les dévots et les membres des grandes maisons.

Parmi ses remarquables projets d’architecture qui sont sans parallèle fut le pont qu’il construisit sur le Tigre à al-Jazirat Ibn ‘Omar avec des pierres dressées, du fer, de la chaux et des conduits cependant, il décéda avant son achèvement. À proximité, il bâtit un autre pont de la même manière sur le fleuve al-Aryar. Il construisit aussi des hospices et il était sollicité de tous les habitants de la terre. Il est suffisant qu’Ibn al-Khoujandi, le recteur des Shafi’i dans Ispahan, le sollicita aussi bien qu’Ibn al-Kafi le Qadi de Hamadan a qui, il remit une grande quantité d’argent. Ses aumônes et ses bienfaits parvinrent jusqu’aux limites du Khorasan et du Yémen. Chaque année, il avait l’habitude de dépenser 10 000 dinars sur les rançons de prisonniers de la Syrie seule pour ne pas parler de ceux des Géorgiens.

 

Mon père m’a rapporté sur les choses suivantes :

J’avais fréquemment l’habitude de voir Jamal ad-Din quand la nourriture lui était offerte en prendre un peu et aussi quelques sucreries et le laissez dans du pain devant lui. Moi et d’autres avions l’habitude de croire qu’il les ramenait à la mère de son enfant ‘Ali.

Une certaine année, il arriva à al- Jazirat Ibn ‘Omar avec Qoutb ad-Din ou j’étais responsable du Diwan. Il amena sa concubine, sa mère d’enfant dans ma maison pour utiliser la salle de bain. Elle resta plusieurs jours dans ma maison. Quand j’étais avec lui dans son camp, après qu’il eut mangé, il fit ce qu’il avait l’habitude de faire. La compagnie se dispersa et je me suis levé pour partir mais il dit : « Assieds-toi, » ce que je fis. Quand tous furent partis, il me dit : « Je vais te préférer à moi aujourd’hui. Comme je campe dans des tentes je ne peux pas faire ce que je fais d’habitude. Prends ce pain et met le dans ta manche dans cette serviette. Oublie la masse au-dessus de ta tête et rentre à la maison. Si sur ton chemin tu vois un  homme pauvre qui te semble méritant, assieds-toi et nourrit le avec cette nourriture, » ce que je fis. J’avais une grande compagnie avec moi que je congédiais sur la route pour qu’ils ne me voient pas le faire et on me laissa avec mes provisions personnelles. Dans un endroit, je vis un homme aveugle avec ses enfants et sa femme. Ils étaient dans un état pitoyable de pauvreté. J’ai démonté, produit la nourriture et leur ait donné à pour manger. À l’homme j’ajoutai : « Viens demain tôt à la maison d’untel et untel, nommant la mienne, bien que je ne me sois pas identifié. « J’aurai une aumône pour vous de Jamal ad-Din. » Dans la soirée, je me rendis dans la maison de ce dernier et quand il me vit, il me demanda : « Qu’as-tu fait à propos de ce que je t’ai mentionné ? » Je commençais à lui dire parler d’un sujet en rapport avec leurs affaires d’état mais il me dit : « Ce n’est pas ce que je te demande. Je te questionne à propos de la nourriture que je t’ai donnée. » Je lui racontais alors ce qui était arrivé. Ravi de cela, il dit : « La seule chose que tu aurais dû faire c’est d’avoir dit à l’homme de venir chez toi avec sa famille, pour les habiller, leur donner quelques dinars et organiser un paiement mensuel d’un dinar. » Je répondis : « J’ai déjà dit à l’homme de venir chez moi. » Il fut encore plus ravi. J’ai traité l’homme comme il avait dit et il continua de recevoir son dû jusqu’à son décès. Il y eut un grand nombre d’autres fois où il agit ainsi. Par exemple, il donna ses propres vêtements qu’il portait une année où la nourriture était rare.

 

 

Cette année, l’émir Muhammad Ibn Ounour razzia le territoire ismaélien dans le Khorasan en prenant ses habitants par surprise. Il tua un grand nombre d’entre eux, les pilla et prit des prisonniers. Ses hommes remplirent leurs mains de butin.

 

Cette année aussi, Abou al-Fadl Nasr Ibn Khalaf, le souverain du Sijistan, mourut à l’âge avancé de plus de cent ans tandis que son règne dura 80 ans. Il fut succédé par son fils, Shams ad-Din Abou al-Fath Ahmad Ibn Nasr. Abou al-Fadl était un souverain juste qui ne spolia pas ses sujets. Il effectua de formidables exploits et dans plus d’une situation pour aider  le sultan Sanjar.

 

Toujours cette année, l’empereur de Byzance quitta Constantinople avec des forces innombrables et attaqua les terres d’Islam qui étaient tenues par Kilij Arsalan et Ibn Danishmand. Les Turcomans se rassemblèrent dans ces terres en grand nombre et ils avaient l’habitude d’attaquer de nuit les lisières de l’armée de l’empereur et disparaitre le matin. Beaucoup de Grecs furent ainsi tués jusqu’à ce que leurs pertes atteignent des dizaines de milliers. L’empereur revint à Constantinople et après son retour, les Musulmans lui prirent plusieurs forteresses.

 

 

Au mois de Safar de l’année 560 de l’Hégire (1164), un sérieux désaccord se produisit dans Ispahan entre Sadr ad-Din ‘Abdel-Latif Ibn al-Khoujandi et le Qadi, avec d’autres membres des écoles de loi à cause du soutien partisan en faveur des différentes écoles. Le combat entre les deux groupes dura huit jours d’affilés durant lesquels un grand nombre fut tué. Beaucoup de maisons et de marchés brûlèrent et furent détruits avant qu’ils ne se séparent dans le pire état possible.

 

Cette année, les hashashiyine construisirent un château près de Qazwin et Shams ad-Din Ildikiz en fut informé mais il fut incapable de condamner cette action de peur de leur cruauté et de leurs attaques meurtrières. Néanmoins, plus tard, il marcha sur Qazwin et l’assiégea. Les habitants luttèrent férocement comme il n’a jamais été vu. Un de nos amis, non, un de nos Sheikhs et érudit Imam m’a dit la chose suivante :

« J’étais dans Qazwin, engagé dans des études religieuses. Il y avait là un homme bien connu pour sa bravoure qui était le chef d’un grand groupe. Il avait un turban rouge qu’il enroulait autour de sa tête quand il luttait. Je l’aimais et était impatient de m’asseoir et d’étudier avec lui. Un jour où j’étais avec lui, il dit : « J’ai eu une vision des hérétiques attaquant la ville demain. Nous sortîmes alors et luttèrent contre eux et j’étais en tête des gens coiffés dans ce turban. Nous avons lutté contre eux et je fus le seul homme tué. Alors les hérétiques se retirèrent et nos gens aussi. » Par Allah, le jour suivant un cri fut lancé que les hérétiques (hashashiyine) étaient venu. Les gens sortirent alors pour les combattre puis je me suis souvenu de ce que l’homme avait dit. Je suis allé en avant aussi mais mon seul désir était de voir si ce qu’il avait dit s’avérerait vrai ou non. Après seulement une brève période, les gens revinrent avec cet homme porté devant eux mort coiffé de son turban rouge. Ils dirent alors qu’aucun d’eux n’avait été tué excepté lui. Je fus stupéfié par combien ses mots s’étaient avérés vrais sans le moindre changement. D’où a-t-il obtenu cette connaissance certaine ? »

Quand il me raconta cette histoire, je ne lui ai pas demandé la date. C’était certainement dans cette période dans cette région et donc je l’ai enregistré sous cette année par conjecture plausible.

 

Cette année, des nouvelles arrivèrent que les gens qui avaient disposé pour le Pèlerinage l’année précédente avaient rencontrés des difficultés. Une grande foule s’était séparée d’eux à Fayd, Tha’labiyah, Waqissah et ailleurs et beaucoup périrent. La caravane de pèlerin n’alla pas à Médine, la ville du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) pour ces raisons et aussi à cause des prix élevés et du manque de denrées alimentaires. La maladie éclata dans le désert ou des masses innombrables de gens moururent. Leurs animaux périrent aussi et les prix à La Mecque étaient élevés.



[1] Célèbre Hadith du Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui).