Une série d’événements qui doivent servir de leçon

 

En l’an 493 de l’Hégire (1099) les marchandises et les maisons des Banou Jahir à la Porte des Roturiers furent vendues. L’argent récolté vint à Mouayyad al-Moulk mais il fut tué en l’an 494 (1100) et sa propriété et ses bagages furent vendus. Tout fut saisit et porté au vizir al-A’azz qui fut à son tour tué, ses biens vendues et sa richesse partagée. Le sultan et ceux qui lui succédèrent au poste en prirent la plupart et fut dispersé aux quatre vents. C’est le résultat des services aux princes.

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Ce que St Gilles le croisé fit au siège de Tripoli

 

En l’an 495 de l’Hégire (1101), St Gilles le croisé (qu’Allah les maudisse) rencontra Kilij Arsalan Ibn Souleyman Ibn Qoutloumish, le seigneur de Konya, quand le premier était à la tête de 100 000 guerriers et le dernier à la tête d’une petite bande. Ils luttèrent et les croisés furent vaincus. Un grand nombre furent tués et un aussi grand nombre pris captif. Kilij Arsalan revint avec le butin et une victoire sur laquelle il n’avait pas escompté. Vaincu et avec 300 hommes, St Gilles poursuivit sa route en Syrie.

 

Fakhr al-Moulk Ibn ‘Ammar, le seigneur de Tripoli, envoya à l’émir Yakhouz, Janah ad-Dawlah son député responsable de Homs et au prince Douqaq Ibn Toutoush, pour leur dire : « Notre meilleure solution est d’agir rapidement avec le croisé tant qu’il a ce nombre réduit. » L’émir Yakhouz partit aussitôt en personne et Douqaq envoya 2 000 soldats. Des renforts de Tripoli les rejoignirent et ils se rassemblèrent devant les portes de Tripoli et établirent des lignes de bataille pour affronter le croisé qui envoya cent de ses hommes contre les hommes de Tripoli, cent contre les troupes de Damas, cinquante contre les troupes de Homs tandis qu’il resta lui-même avec cinquante soldats. Les troupes de Homs rompirent dès qu’ils virent l’ennemi et s’enfuirent, suivit par la force damascène. Les hommes de Tripoli luttèrent contre les cent qui s’opposèrent à eux puis après observation, St Gilles (Raymond de) chargea avec ses 200 soldats et détruisit les hommes de Tripoli, tuant 7 000 d’entre eux. Puis, il se prépara pour assiéger Tripoli.

 

Les habitants de Jabal et d’as-Sawad, qui pour la plupart d’entre eux était des Chrétiens, allèrent le retrouver et l’aidèrent dans le siège. Les défenseurs luttèrent plus vaillamment et les trois cents croisés furent tués. Leur roi fit une trêve en échange d’argent et de chevaux et se retira dans la ville de Tartous (Antartous ou Tortose) dans le district de Tripoli et l’assiégea. La ville tomba et tous les Musulmans furent tués. Puis, il procéda vers la forteresse d’at-Touban près de Rafaniyah et dont le commandant était appelé Ibn al-‘Arid qui résista et la garnison du fort emporta la victoire et fit prisonnier un des plus grands chevaliers croisé qui se rançonna pour 10 000 dinars et 1 000 captifs mais Ibn al-‘Arid refusa.

 

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Des actions des croisés

 

Cette année, le Danishmand libéra Bohémond, le seigneur croisé d’Antioche, qu’il avait capturé comme cela a déjà été mentionné. Il reçut de lui 100 000 dinars et la promesse qu’il libérerait la fille de Yaghi Siyan qui avait été le seigneur d’Antioche et qui était prisonnière de Bohémond.

 

Libéré de prison, Bohémond revint à Antioche ce qui renforca beaucoup le moral de ses gens. À peine s’était-il installé qu’il envoya demander le tribut aux habitants des Marches, de Qinnassrine et du voisinage. De ce fait, les Musulmans souffrirent tellement que les bâtiments protecteurs que le Danishmand avait construits tombèrent en ruine.

 

St Gilles marcha alors sur le château des singes (Hisn al-Akrad) qu’il assiégea. Janah ad-Dawlah rassembla ses forces pour le surprendre mais un batini l’assassinat dans la mosquée centrale. Il a été rapporté que son beau-fils Ridwan mit sa tête à prix. Après sa mort, le maudit croisé arriva devant Homs le matin du jour suivant, investit la ville, bloqua ses habitants et saisit les régions environnantes.

 

Le comte descendit sur Acre au mois de Joumadah Thani de cette même année et commença un siège renforcé. Il prit pratiquement l’endroit après avoir monté des tours de siège et des trébuchets tandis que seize de ses navires attaquait depuis la mer. Les Musulmans de toutes les autres régions côtières se rassemblèrent, attaquèrent leurs machines et leurs tours et les incendièrent ainsi que les navires. Ce fut une magnifique victoire par laquelle Allah Exalté humilia les mécréants.

 

Cette année le comte et seigneur d’Edesse vint à Beyrouth sur la côte syrienne et l’assiégea durant une longue période mais ne rencontra aucun succès et se retira.

 

Au mois de Rajab de cette année, les forces égyptiennes marchèrent sur Ascalon pour libérer les terres syriennes qui étaient entre les mains des croisés. Baldwin, le seigneur de Jérusalem, ayant été informé de leur approche, sortit à leur rencontre avec 700 chevaliers. Allah le Très Haut donna la victoire aux Musulmans dans la bataille et les croisés s’enfuirent après qu’un grand nombre d’entre eux fut tué. Baldwin s’enfuit et se cacha dans un bosquet de roseaux qui fut incendié. Une partie de son corps fut brûlé mais il réussit a échappé au feu en partant dans la direction de Ramlah. Les Musulmans le poursuivirent et l’encerclèrent mais il se déguisa et s’échappa de nouveau vers Jaffa. Beaucoup de ses hommes furent tués ou capturés.

 

Compte rendu des actions des croisés en Syrie

 

En l’an 496 de l’Hégire (1102), al-Afdal l’émir al-Jouyoush d’Egypte envoya en Syrie un Mamelouke de son père, nommé Sa’d ad-Dawlah et mieux connu sous le nom d’at-Tawashi, pour lutter contre les croisés commandés par Baldwin (qu’Allah le maudisse) qu’il rencontra entre Ramlah et Jaffa. Ils établirent leurs lignes de bataille et quand la bataille commença,  les croisés firent une charge sans réserve et les Musulmans s’enfuirent du champ de bataille.

 

Les astrologues avaient prédit à Sa’d ad-Dawlah qu’il mourrait d’une chute à cheval et il était donc très prudent à chaque fois qu’il montait. Quand il devint gouverneur de Beyrouth où la terre était pavée, il fit enlever le dallage de peur que son cheval ne glisse ou trébuche et qu’il chute. La prudence ne l’aida pas quand le destin frappa. Il s’enfuit durant cette bataille mais son cheval glissa et il mourut des suites de sa chute. Les croisés saisirent ses tentes et tout ce que les Musulmans avaient emmené avec eux.

 

Après cela, al-Afdal envoya son fils Sharaf al-Ma’ali à la tête d’une grande force qui rencontra les croisés à Yazour près de Ramlah. Les croisés furent vaincus et un grand nombre d’entre eux fut abattu tandis que leurs survivants revinrent épuisés. Quand Baldwin vu combien les choses étaient sérieuses, il craignit la mort ou la captivité et se jeta dans un fourré ou il se cacha. Dès que les Musulmans furent à une distance respectable, il sortit de sa cachette et se rendit à Ramlah. Sharaf al-Ma’ali Ibn Afdal quitta le champ de bataille et assiégea un château à Ramlah où se trouvaient 700 nobles croisés, y compris Baldwin qui partit déguisé pour Jaffa. Durant quinze jours le fils d’al-Afdal lutta contre ceux qui étaient restés et les captura par la suite ensuite. Il tua 400 d’entre eux de sang-froid et envoya 300 comme prisonniers en Egypte.

 

Ses suivants furent en désaccord sur leur objectif suivant. Certains dirent : « Permet-nous d’attaquer Jérusalem et la conquérir » et d’autres dirent : « Permet-nous d’attaquer Jaffa et la prendre. » Alors qu’ils étaient en désaccord, une grande foule de croisés arriva en bateau pour le pèlerinage à Jérusalem. Baldwin leur ordonna de le rejoindre pour mener une expédition. Ils marchèrent alors sur Ascalon, où se trouvait Sharaf al-Ma’ali. Il n’était pas assez fort pour s’opposer à eux mais Allah Exalté étendit Sa Bonté sur les Musulmans. Les croisés d’outre-mer virent combien Ascalon était fortifiée et craignant une attaque nocturne, ils se retirèrent à Jaffa. Ibn al-Afdal retourna chez son père qui envoya Taj al-‘Ajam, un du plus grand Mamelouke de son père, par voie terrestre avec 4 000 cavaliers et une flotte commandée par un homme nommé Qadi Ibn Qadous. La flotte bloqua Jaffa pendant que Taj al-‘Ajam vint à Ascalon. Ibn Qadous contacta Taj al-‘Ajam pour lui demander de le rejoindre pour unir leur action militaire contre les croisés mais il dit : « Je ne peux pas te rejoindre sauf par ordre d’al-Afdal » et il ne fit donc rien pour l’aider. Ibn Qadous envoya au Qadi d’Ascalon les fonctionnaires et les notables locaux qui prirent leurs déclarations signées qu’il était resté vingt jours à Jaffa, qu’il avait appelé Taj al-‘Ajam qui n’avait ni répondu à son appel ni envoyé le moindre homme. Quand al-Afdal se rendit compte de ce qui était arrivé, il envoya des gens qui arrêtèrent Taj al-‘Ajam et il envoya un autre homme, nommé Jamal al-Moulk, qu’il plaça dans Ascalon et en fit le commandant des troupes syriennes.

 

Vers la fin de cette année, les croisés (qu’Allah les maudisse) occupaient Jérusalem et la Palestine excepté Ascalon, Jaffa, Arsouf, Césarée, Hayfa, Tibériade, Lattaquié et Antioche et dans Bilad ar-Rafidayn (Mésopotamie)  Edesse et Sarouj.

 

St Gilles assiégea la ville de Tripoli bien que les provisions y transitaient. Il fut retenu par Fakhr al-Moulk Ibn ‘Ammar, qui envoyait ses hommes dans des navires pour razzier les terres occupées par les mains des croisés et tuer quiconque ils trouveraient. Son but était d’éloigner de la campagne les gens qui pourraient cultiver, pour rendre les croisés à court de provisions pour qu’ils partent.

 

Les croisés attaquent Raqqa et Qal’at Ja’bar

 

Au mois de Safar de l’année 497 de l’Hégire (1103), les croisés d’Edesse attaquèrent la plaine de Raqqa et de Qal’at Ja’bar. Quand ils quittèrent Edesse, ils se divisèrent en deux groupes et voyagèrent de leur base durant un jour vers les deux villes où ils devaient mener leur raid. Ils razzièrent comme ils le planifièrent et emmenèrent tout le bétail ainsi qu’ils firent prisonniers tous les Musulmans qui tombèrent dans leurs mains. Les deux villes étaient gouvernée par Salim Ibn Malik Ibn Badran Ibn al-Mouqallad Ibn al-Moussayab et qui lui avait été donné par Malik Shah en l’an 479 de l’Hégire (1086), comme nous l’avons mentionné lors de cette année.

 

La conquête de Joubayl et d’Acre en Syrie par les croisés

 

Des navires transportant des marchands, des troupes, des pèlerins et d’autres des terres des croisés arrivèrent cette année dans la ville de Lattaquié. St Gilles le croisé leur demanda de l’aide pour assiéger Tripoli qu’ils assiégèrent ensemble par terre et mer et après plusieurs jours d’un sévère blocus sans succès, ils se dirigèrent vers Joubayl qu’ils assiégèrent et attaquèrent violemment. Lorsque les habitants virent qu’ils ne pourraient pas résister aux croisés, ils acceptèrent des termes et abandonnèrent la ville. Cependant, les croisés, malédiction d’Allah sur eux, violèrent les termes et saisirent violemment leurs propriétés en utilisant toutes sortes de punitions et de tortures.

 

Quand ils finirent avec Joubayl, ils vinrent à Acre où Baldwin, le roi des croisés et le souverain de Jérusalem, réquisitionna leurs services pour le siège et ils assiégèrent la ville par terre et mer. Bana, le gouverneur de ville, plus connu sous le nom de Zahr ad-Dawlah al-Jouyoush indiquant son affiliation à l’émir al-Jouyoush al-Afdal, s’opposa à eux autant qu’il put et finalement, incapable de tenir la ville la quitta et les croisés, malédiction d’Allah sur eux, prirent la ville de force par l’épée en commettant des actes odieux sur les habitants. Le gouverneur alla à Damas où il resta jusqu’à ce qu’il revienne en Egypte ou il fit ses excuses à al-Afdal qui accepta son plaidoyer.

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Acre - 'Akkah

 

Comment Souqman et Joukarmish attaquèrent les croisés

 

Quand les croisés (puisse Allah les anéantir) vantèrent leurs conquêtes des territoires islamiques et, heureusement pour eux, les armées et les princes d’Islam étaient distraits luttant les uns contre les autres, alors les Musulmans se divisèrent sur leurs opinions, leurs ambitions et leurs richesses se dissipèrent.

 

Harran était aux mains d’un Mamelouk de Malik Shah, nommé Qaraja, qui l’année précédente nomma comme son député un homme appelé Muhammad al-Isfahani avant de partir. Al-Isfahani se révolta contre Qaraja aidé par les habitants à cause de son oppression. Al-Isfahani était ferme et audacieux et ne permis à aucun partisan de Qaraja de rester dans Harran autre que le Mamelouk turc Jawouli dont il fit le commandant en chef de son armée. Il devint ami avec lui et un jour le joignit pour une soûlerie. Jawouli avait projeté avec un de ses domestiques de le tuer et ils le tuèrent alors qu’il était ivre. À ce point, les croisés marchèrent sur Harran et l’assiégèrent.

 

Il y avait des hostilités entre al-Mou’in ad-Dawlah Souqman et Shams ad-Dawlah Joukarmish depuis que Souqman chercha la vengeance pour le meurtre de son neveu (la raison du meurtre de Joukarmish sera rapporté s’il plait à Allah) et tous les deux se préparèrent à s’affronter. Quand leur parvinrent les nouvelles, ils s’envoyèrent mutuellement des messages pour appeler à l’unité pour sauver la situation de Harran et en annonçant qu’il s’était offert au service d’Allah Exalté en échange de Sa récompense future. Chacun accepta les conditions de l’autre, se préparèrent et se rencontrèrent al-Khabour, où ils firent des serments réciproques avant de marcher à la rencontre des croisés.

 

Souqman avaient 7 000 chevaliers turcomans tandis que Joukarmish avait 3 000 chevaliers turcs, arabes et kurdes. Ils rencontrèrent les croisés près du fleuve Balikh, où les armées se rangèrent pour la bataille. Les Musulmans feignirent la fuite et furent poursuivis par les croisés sur environ quatre kilomètres puis les Musulmans firent volteface et les massacrèrent à volonté. Les mains des Turcomans se remplirent de butin et ils acquirent d’immenses richesses parce que le camp croisés était à proximité. Le seigneur d’Antioche et Tancrède, le seigneur de la Côte, s’étaient retirés derrière une colline pour prendre les Musulmans à revers lorsque la bataille se serait engagé. Quand ils émergèrent, ils virent les croisés en fuite et le camp de leurs soldats pillé. Ils attendirent tous les deux jusqu’à la tombée de la nuit pour s’enfuir ensemble. Les musulmans les poursuivirent et tuèrent un grand nombre d’entre eux et prirent un nombre similaire de prisonniers. Seuls les deux rois réussirent à s’enfuir avec six chevaliers.

 

Le comte Baldwin, le seigneur d’Edesse, s’enfuit avec plusieurs de leurs nobles. Ils traversèrent le fleuve Balikh mais leurs chevaux s’enfoncèrent dans la boue. Un des hommes de Souqman, un Turcoman, arriva et les captura. Il ramena Baldwin dans la tente de son maître qui s’était lancé avec certains de ses hommes à la poursuite de Bohémond. Les partisans de Joukarmish virent que les hommes de Souqman avaient saisi la propriété du croisé et qu’ils retournaient sans butin supplémentaire. Ils dirent donc à Joukarmish : « Que sera notre réputation parmi nos pairs et les Turcomans si ces derniers partent avec le butin et que nous n’avons aucune part ? » Ils le persuadèrent de saisir le comte et il envoya donc des hommes qui prirent le croisé des tentes de Souqman. Quand ce dernier revint, il fut outragé et ses hommes voulurent en découdre mais il les retint en disant : « Ne permettez pas la joie des Musulmans pour cette expédition d’être remplacés par le désespoir à cause de nos désaccords. Je préfère ne pas apaiser ma colère pour que se réjouisse nos ennemis des problèmes musulmans. » Il partit immédiatement, en prenant les armes des croisés avec leurs drapeaux. Il donna à ses hommes les vêtements croisés et leur demanda de les vêtir ainsi que de monter leurs chevaux puis, il se rendit dans un certain nombre de châteaux de Shayhan tenus par les croisés, qui en les voyants crurent que leurs camarades avaient été victorieux, seulement pour être tués et perdre leur château et cela arriva à un certain nombre de châteaux.

 

Joukarmish, d’autre part, alla à Harran et reçut sa capitulation. Ayant pris des dispositions pour qu’un de ses députés prenne possession de la ville, il partit pour Edesse qu’il assiégea durant quinze jours avant de revenir à Mossoul en prenant le comte avec lui qu’il avait saisi des tentes de Souqman. Le comte se rançonna lui-même pour trente-cinq dinars et 160 captifs musulmans. Le nombre des croisés qui furent tué s’éleva à 12 000.

 

 

 

Il y eut cette année beaucoup d’agitations parmi la population de Baghdad ou les gangs urbains se répandirent.

 

De même Abou Nou’aym Ibn Sawah, le docteur Wassiti fut tué et il était un expert dans la pratique médicale avec beaucoup d’excellents succès à son crédit.

 

Le sultan Sinjar désista son vizir al-Moujir Abou al-Fath at-Toughra’i cette année. Cela arriva parce que l’émir Bouzghoush, le commandant en chef de l’armée de Sinjar, lui lanca un message disant : « Tu ne prospéreras pas avec ce sultan. » Puis un autre atterri chez Sinjar : « Tu ne prospéreras pas avec l’émir Bouzghoush et la grandeur de sa suite. » Bouzghoush rassembla les fonctionnaires enturbannés et leur montra les deux missives. Ils convinrent que l’employé de bureau d’at-Toughra’i était le suspect. L’évidence contre lui fut préparée et il fut exécuté. Sinjar arrêta at-Toughra’i et eut l’intention de l’exécuter mais Bouzghoush l’empêcha et dit : « Il est dû quelque chose pour un service » et Sinjar l’exila à Ghazna.

 

Cette même année Bouzghoush rassembla une large troupe du Khorasan et un grand nombre de volontaires se joignit à lui. Il marcha pour lutter contre les ismaéliens et attaqua Tabas qui était entre leurs mains. Ses troupes réduisirent les châteaux et les villages voisins en ruines. Beaucoup furent tués ou pris en captivité et pillés tandis que des choses horribles leur furent faites. Les fonctionnaires de Sinjar avisèrent que l’on devrait leur accorder des garanties de sécurité et qu’il devrait être stipulé qu’ils ne construisent aucun château, n’achètent aucune arme et n’appellent personne pour accepter leurs convictions. Beaucoup de personnes furent mécontentes avec ces termes et cette paix et ils retournèrent leur colère contre Sinjar. Puis après son retour de cette expédition, Bouzghoush mourut et l’acte final de sa carrière fut cette expédition de Jihad (puisse Allah Exalté être Clément envers lui)

 

L’état des batini au Khorasan

 

En l’an 498 de l’Hégire (1104), un grand groupe d’ismaéliens de Touraythith, un des districts de Bayhaq, quittèrent la ville et organisèrent des raids proches et lointains dans l’ensemble de cette région où ils tuèrent un grand nombre des habitants. Ils pillèrent leur propriété et prirent leurs femmes en captivité, trahissant leur précédente trêve.

 

Cette année leur cause se fortifia et leur pouvoir augmenta. Ils ne retinrent pas leurs mains contre ceux qu’ils voulaient tuer parce que les sultans étaient distraits. Voici une des choses qu’ils firent. Une caravane de pèlerins se rassembla cette année de la Transoxiane, le Khorasan, l’Inde et ailleurs. Quand ils arrivèrent à Khouwar ar-Rayy, les maudits batini les attaquèrent à l’aube et les passèrent par le fil de l’épée. Ils les tuèrent à volonté et prirent leurs marchandises et leurs troupeaux comme butin sans rien laisser.

 

Ils tuèrent aussi cette année Abou Ja’far Ibn al-Moushat, un des principaux savant Shafi’i qui avait été un élève d’al-Khoujandi. Il avait l’habitude d’enseigner et donner des sermons dans Rayy. Quand il descendit de sa chaire d’enseignant, un batini arriva et le tua.

 

Comment les croisés ont tenu cette année par rapport aux Musulmans en Syrie

 

Au mois de Sha’ban de cette année, il y eut une bataille entre Tancrède le croisé, le seigneur d’Antioche et le prince Ridwan seigneur d’Alep au cours de laquelle ce dernier fut vaincu.

 

Cela arriva après que Tancrède ait assiégé le fort d’Artah ou se trouvait le lieutenant du prince Ridwan. Les croisés, qu’Allah les maudisse, resserrèrent le blocus sure les Musulmans et son lieutenant envoya un messager à Ridwan pour demander de l’aide et l’informer du siège qu’il subissait et qui l’avait affaibli. Ridwan se mit en route avec une large force de cavaliers et 7 000 fantassins dont 3 000 étaient des volontaires pour le Jihad qui arrivèrent à Qinnassrine tout près des croisés. Quand Tancrède vit le grand nombre des Musulmans, il envoya un messager à Ridwan pour faire la paix et qui accepta mais le commandant Sabawah, qui était entré dans son service après la mort d’Ayaz, argumenta sa décision. Il refusa donc de faire la paix et les lignes de bataille furent établies. Les croisés se retirèrent sans lutter puis dirent : « Retournons et faisons une charge soit nous réussissons ou perdons ! » Ils chargèrent donc les Musulmans qui ne tinrent pas ferme et se disloquèrent si bien que beaucoup furent tués et autant furent fait prisonniers.

 

L’infanterie était déjà entrée dans le camp croisé après leur retraite initiale et occupée à le piller et les croisés les tuèrent. Seul un d’entre eux réussit à s’enfuir pour être prit prisonnier pris plus tard. Ceux d’Artah fuirent Alep qui fut pris par les croisés. Le commandant Sabawah se rendit chez Toughtakin, l’Atabeg de Damas et se mit à son service.

 

Une bataille entre les croisés et les Egyptiens

 

Au mois de Dzoul Hijjah de cette année, il y eut une bataille entre les croisés et les Egyptiens qui se finit par aucun avantage pour eux. Elle se produisit ainsi : Al-Afdal, le vizir du souverain d’Egypte avait envoyé son fils Sharaf al-Ma’ali contre les croisés l’année précédente. Il les avait battus et leur avait pris Ramlah. Cependant, les Egyptiens et les Bédouin étaient entrés en désaccord après que chacun prétendit que la victoire était sienne et quand un détachement de croisés les attaqua, chacun d’entre eux refusa de soutenir l’autre, et les croisés eurent la main supérieure. Suite à cela, Sharaf al-Ma’ali retourna chez son père en Egypte qui dépêcha son autre fils, Sana’ al-Moulk Houssayn, avec plusieurs émirs dont Jamal al-Moulk, le gouverneur égyptien d’Ascalon et demanda aussi de l’aide à Toughtakin, l’Atabeg de Damas qui leur envoya le général Sabawah avec 1 300 cavaliers tandis que les Egyptiens étaient au nombre de 5 000.

 

Baldwin, le seigneur de Jérusalem, d’Acre et de Jaffa sortit à leur rencontre avec 1 300 cavaliers et 8 000 fantassins et la bataille eut lieu entre Ascalon et Jaffa. Aucun côté ne gagna une victoire décisive sur l’autre et chacun d’entre eux perdit environ 1 200 hommes dont Jamal al-Moulk, l’émir d’Ascalon.

 

Quand les Musulmans virent l’égalité des dommages de chaque côté, ils cessèrent la bataille et revinrent à Ascalon tandis que Sabawah revint à Damas. Plusieurs Musulmans combattaient aux côtés des croisés dont Baktash Ibn Toutoush. Toughtakin avait transféré la souveraineté à son neveu, le fils de Douqaq, encore un petit enfant, comme nous l’avons relaté et c’est ce qui motiva Baktash de rejoindre les croisés.

 

 

Cette année, la variole se répandit dans beaucoup de pays surtout en Irak, où elle toucha toutes les régions. Un nombre incalculable d’enfants périt et cette épidémie fut suivie par beaucoup de maladie et une grande mortalité.

 

Récit de la bataille entre Toughtakin et les croisés

 

Au mois de Safar de l’année 499 de l’Hégire (1105), il y eut une bataille entre l’Atabeg Toughtakin, le seigneur de Damas et un des puissants comtes des croisés qui arriva ainsi. Il y eut une série de batailles et de raids entre l’armée de Damas et de Baldwin, d’abord avec la victoire pour le premier et finalement pour le dernier qui construisit un fort à environ deux jours de marche de Damas. Toughtakin anxieux de ce qui pourrait en résulter et du mal qui s’ensuivrait, rassembla ses forces et marcha contre lui. Baldwin demanda alors de l’aide au comte de la région pour le soutenir et l’aider contre les Musulmans mais ce dernier lui répondit qu’il n’avait pas besoin de lui et qu’il était capable de faire face aux Musulmans si ces derniers l’attaquaient et Baldwin revint donc à Acre.

 

Toughtakin marcha contre les croisés et une féroce bataille s’ensuivit. Deux émirs de l’armée de Damas s’enfuirent et Toughtakin les poursuivit et les tua. Le croisés se retirèrent et se réfugièrent dans leur fort. Toughtakin dit alors : « Quiconque luttera vaillamment contre eux et me demande quelque chose, je répondrais à sa demande et quiconque m’apportera une pierre du fort, je lui remettrais cinq dinars. » Les fantassins risquèrent leurs vies et grimpèrent jusqu’au château, le dévastèrent et rapportèrent ses pierres à Toughtakin qui tint sa promesse. Il ordonna de lancer les pierres dans la vallée et de tuer toute la garnison excepté 200 hospitaliers qu’il prit comme captifs et seule une poignée des occupants de la forteresse réussirent à s’enfuir.

 

Toughtakin revint victorieux à Damas et quatre jours de festivités furent organisés dans la ville. Il partit alors pour Rafaniyah, une des forteresses de Syrie, que les croisés avaient conquise et qui était gouvernée par le neveu de St Gilles, qui assiégeait en personne encore Tripoli. Toughtakin débuta le siège et prit ensuite la forteresse en tuant les 500 croisés qu’y s’y trouvait.

 

Compte rendu de la conquête de Bosra par Toughtakin

 

En l’an 497 de l’Hégire (1103) et nous avons relaté les circonstances du départ de Baktash Ibn Toutoush de Damas et son ralliement avec les croisés, avec Aytakin al-Halabi, le seigneur de Bosra et comment les deux allèrent à Rahbah et revinrent ensuite. Quand leur situation s’affaiblit, Toughtakin marcha sur Bosra et l’assiégea pendant que les hommes d’Aytakin le retenaient. Ils entrèrent alors en contact avec Toughtakin et offrirent leur capitulation après un délai qu’ils fixèrent entre eux. Il accepta et se retira à Damas. Quand la période fixée à cette année s’écoula, ils livrèrent la place et Toughtakin traita les hommes avec égard et remplit les promesses qu’il leur avait faites. Il les traita avec le plus grand respect et ils le louèrent grandement et appelèrent les bénédictions sur lui. Leurs cœurs s’inclinèrent vers lui et ils finirent par l’aimer.

 

La prise de la forteresse d’Apamée par les croisés

 

Cette année les croisés prirent la forteresse d’Apamée en Syrie et cela arriva de cette manière : Khalaf Ibn Moula’ib al-Kilabi usurpa le pouvoir dans Homs et provoqua beaucoup de mal. Ses hommes attaquèrent les voyageurs et beaucoup de hors-la-loi le rejoignirent. Donc Toutoush Ibn Alp Arsalan lui prit Homs et l’envoya au loin mais les changements de fortune le menèrent à entrer en Egypte d’où il ne reçut l’attention de personne et s’établit donc là.

 

Il arriva que le gouverneur de la part du prince Ridwan d’Apamée, envoya au souverain d’Egypte, puisqu’il avait des affinités, pour lui demander quelqu’un à qui il pourrait abandonner une puissante forteresse. Ibn Moula’ib présenta une requête pour qu’il en soit résident disant : « J’ai l’intense désir de lutter contre les croisés et je me suis consacré au Jihad. » Ils lui donnèrent donc la forteresse tout en lui prenant des otages qui serviraient de garantie. Dès qu’il eut y prit le pouvoir, il renia sa fidélité et n’observa pas ce sur quoi ils s’étaient entendu. Ils lui envoyèrent des menaces en lui disant ce qu’ils feraient à son fils qu’ils détenaient mais il répondit : « Je ne renoncerai pas à mon endroit. Envoyez-moi un des membres de mon fils et je le mangerai ! » Ils désespérèrent de son retour à l’obéissance et il resta dans Apamée, terrifiant les voyageurs et interrompant la circulation. Beaucoup de scélérats affluèrent de nouveau vers lui il devint immensément riche.

 

Alors les croisés prirent Sarmin, une des dépendances d’Alep, dont les habitants étaient des extrémistes shiites qui se dispersèrent après la conquête des croisés. Le Qadi rejoignit Ibn Moula’ib et habita avec lui, honoré, aimé et confiant mais il monta un stratagème contre ce dernier. Il écrivit à Abou Tahir, surnommé as-Sa’igh, un des commandants du prince Ridwan mais aussi un chef batini et un de leurs agents, et ensemble concordèrent un plan pour assassiner Ibn Moula’ib et donner Apamée à Ridwan mais le secret perça. Ses fils qui s’étaient échappés d’Egypte rejoignirent Ibn Moula’ib et lui dirent : « Nous avons entendu ainsi et ainsi de ce Qadi. Le meilleur plan est de t’occuper de lui et d’être sur tes gardes. L’affaire est connue publiquement. » Ibn Moula’ib le convoqua et il vint avec une copie du Qur’an dans sa manche parce qu’il avait vu les signes de problème. Ibn Moula’ib lui répéta ce qui était venu à ses oreilles, ce à quoi il répondit : « O émir, chacun sait que je suis venu chez toi effrayé et affamé. Tu m’as donné la sécurité, m’a enrichi et m’a tenu en estime. Je me suis donc devenu riche et influent. Si certains d’entre ceux qui envient ma position près de toi et tes faveurs à mon égard m’ont diffamé, je te demande de prendre tout ce que j’ai et je partirai comme je suis venu. » Il jura être sincère et fidèle et Ibn Moula’ib accepta son apologie et lui accorda sa protection.

 

Le Qadi renouvela sa correspondance avec Abou Tahir as-Sa’igh et lui conseilla de se mettre d’accord avec Ridwan pour envoyer à 300 hommes de Sarmin et d’envoyer avec eux quelques chevaux francs, des armes et certaines têtes croisées puis d’aller trouver Ibn Moula’ib et feindre d’être des Moujahidine se plaignant d’être maltraités par Ridwan et ses hommes, ce qui les avaient poussés à le quitter puis, qu’ils avaient rencontrés un détachement de croisés qu’ils avaient vaincus et apporter tout ce qu’ils avaient à Ibn Moula’ib. Alors quand il leur permettrait de rester, ils conviendraient d’un autre plan pour le chasser et Abou Tahir exécuta le plan à la lettre. Ses hommes arrivèrent à Apamée et vinrent trouver Ibn Moula’ib avec les chevaux et d’autres choses. Il les accepta et leur ordonna de rester avec lui, en les logeant dans la banlieue d’Apamée.

 

Une certaine nuit où la garde dormait dans le château, le Qadi et certains hommes de Sarmin dans la forteresse laissèrent couler des cordes et les nouveaux venus grimpèrent, cherchèrent les fils d’Ibn Moula’ib, ses cousins et ses suivants et tuèrent ces derniers. Le Qadi et quelques autres allèrent trouver Ibn Moula’ib qui était avec ses émirs. Il les entendit s’approcher et demanda : « Qui êtes-vous ? » « L’ange de la mort vient pour saisir ton âme, » fut la réponse. Ibn Moula’ib les supplia au Nom d’Allah mais il lui asséna un coup mortel sans hésitation et tua aussi ses compagnons. Ses deux fils s’enfuirent mais l’un fut tué et l’autre réussit à se rendre chez Abou-Hassan Ibn Mounqid, le seigneur de Shayzar, qui lui donna protection à cause d’un pacte entre eux.

 

As-Sa’igh se rendit alors à Apamée après avoir entendu les nouvelles d’Apamée, persuadé que le fort lui revenait maintenant mais le Qadi lui dit : « Si nous convenons d’un accord mutuel et reste avec moi tu es le bienvenu et nous nous mettrons sous ton commandement autrement retourne d’où tu viens » et les espoirs d’as-Sa’igh furent anéantis.

 

Un des fils d’Ibn Moula’ib qui s’était querellé avec son père était à Damas avec Toughtakin qui lui avait confié la charge d’un fort et il s’était engagé à garder la route. Cependant, il manqua à son devoir et s’abandonna au brigandage en saisissant les caravanes. Les voyageurs demandèrent de l’aide à Toughtakin qui envoya des gens pour le chasser. Il s’enfuit donc chez les croisés et leur conseilla d’attaquer la forteresse d’Apamée en leur disant : « Il n’y a de provisions que pour un mois. » Les croisés l’assiégèrent et quand les habitants firent face à la famine ils se rendirent. Les croisés tuèrent le Qadi qui était devenu un despote et exécutèrent aussi as-Sa’igh, qui fut celui qui ramena les convictions batini en Syrie.

 

C’est ce qu’une source a rapporté, à savoir qu’Abou Tahir as-Sa’igh fut tué par les croisés à Apamée. Cependant, d’autre ont dit que c’est Ibn Badi’, le gouverneur d’Alep qui le tua en l’an 507 de l’hégire (1113) après la mort de Ridwan et nous l’avons rapporté cette année et Allah est Plus Savant.

 

 

 

 

Comment les bédouins pillèrent Bosra

 

Nous avons rapporté que l’émir Sadaqah prit le contrôle de Bosra et y laissa son député, un Mamelouk qui avait appartenu à son grand-père Doubays Ibn Mazyad, surnommé Altountash à qui il confia 120 cavaliers. Les bédouins des Bani Rabi’ah, d’al-Mountafiq et d’autres tribus arabes qui les rallièrent et ensemble en très grand nombre, attaquèrent Bosra. Altountash résista mais il fut pris prisonnier tandis que ses hommes s’enfuirent quant à la garnison, elle fut incapable de tenir la ville. Vers la fin du mois de Dzoul Hijjah, les bédouins entrèrent par la force des armes et pillèrent et incendièrent tout ce qu’ils purent durant trente-deux jours de saccage. La population s’enfuit comme des réfugiés dans le pays et une bibliothèque caritative qui avait été établie par le Qadi Abou-Faraj Ibn Abi al-Baqa’ fut dévalisée.

 

Les nouvelles parvinrent à Sadaqah qui expédia une force qui arriva quand les bédouins était déjà parti. Sultan Muhammad envoya alors un préfet et un administrateur civil à Bosra qui l’enlevèrent à Sadaqah. La population revint et commencé la reconstruction de la ville.

 

L’état de la ville syrienne de Tripoli par rapport aux croisés

 

St Gilles le croisé prit Jabalah et poursuivit son siège de Tripoli et voyant qu’il était incapable de capturer l’endroit, il construisit une forteresse dans le voisinage et un quartier de logement au-dessous de lui puis il garda un œil vigilant sur la ville et attendit l’arrivée d’une opportunité pour attaquer.

 

Fakhr al-Moulk Abou ‘Ali Ibn ‘Ammar, le seigneur de Tripoli fit une sortie et incendia la colonie. Le croisé était sur un des toits brûlants, avec plusieurs de ses comtes et chevaliers quand il s’effondra sous lui et suite à cela, St Gilles tomba malade dix jours et ensuite mourut. Il fut emmené à Jérusalem et enterré là.

 

L’empereur Byzantin ordonna à ses hommes de Lattaquié de transporter par navires des provisions pour les croisés à Tripoli mais Fakhr al-Moulk Ibn ‘Ammar envoya une flotte pour l’intercepter. Une féroce bataille s’ensuivit entre les Byzantins et les Musulmans qui abordèrent et capturèrent un de leur navire dont ils prirent l’équipage prisonnier avant de revenir.

 

Le conflit entre les habitants de Tripoli et les croisés dura cinq années. Les provisions diminuèrent et la population craignit pour leurs vies, leurs enfants et leur famille. Les pauvres partirent et les riches devinrent pauvres. Ibn ‘Ammar démontra une grande endurance, du courage et une politique saine.

 

Une des choses qui porta atteinte aux Musulmans est que le souverain de Tripoli demanda l’aide de Souqman Ibn Artouq qui rassembla ses forces et se mis en marche mais il décéda en cours de route comme nous l’avons rapporté (c’est Ibn al-Athir qui dit souvent « comme nous l’avons rapporté » et que je n’ai peut-être pas particulièrement traduit puisque je ne traduis que les éléments relatifs aux hashashiyine, aux croisés et aux Tatars) et Si Allah Exalté a décidé d’une chose, Il fait qu’elle arrive !

 

Ibn Ammar paya les troupes et donna aux nécessiteux. Quand son argent diminua, il commença à en prélever des gens qu’il dépensait pour la cause du Jihad. Il prit de l’argent de deux hommes riches et à d’autres aussi. Les deux riches (que la malédiction d’Allah soit sur les traitres de tous les temps) se rendirent chez les croisés et leur dirent : « Notre seigneur nous a extorqué de l’argent et nous sommes venus pour vous rejoindre. » Puis ils les informèrent aussi que les provisions venaient de ‘Arqa et de Jabal si bien que les croisés, qu’Allah les maudisse, postèrent un corps d’hommes de ce côté pour empêcher tout ce qui pourrait entrer dans la ville. Ibn ‘Ammar proposa de grandes sommes aux croisés pour qu’ils leur livrent les deux hommes mais ils refusèrent, Cependant, Ibn ‘Ammar prit des dispositions pour que des gens les assassinent.

 

Tripoli était une des plus grandes villes d’Islam et un des plus élégantes et riches. Les habitants vendirent une quantité innombrable de bijoux et de vaisselles rares. Les lingots d’argent furent vendus à chaque cent dirham pour un dinar. Quelle grande différence entre cette situation et l’état des Byzantins sous les jours du sultan Alp Arsalan ! Nous avons rapporté comment ils furent en l’an 463 de l’Hégire (1071). Un de ses hommes, à savoir Koumoushtakin, le secrétaire de ‘Amid al-Moulk, s’était enfuit par crainte quand son maître ‘Amid al-Moulk fut arrêté. Il alla à Raqqa qu’il prit et il fut rejoint par beaucoup de Turcomans dont al-Afshin et Ahmad Shah. Mais ils le tuèrent et envoyèrent son argent à Alp Arsalan. Al-Afshin entra dans le territoire byzantin et lutta contre Philarètes, le seigneur d’Antioche, qu’il vainquit en tuant un très grand nombre de Byzantins. L’empereur byzantin marcha de Constantinople à Malatya et al-Afshin entra dans ses terres et parvint aussi loin qu’à Amorium (Amorion). Lors de ce raid, il tua 100 000 âmes et lorsqu’il revint dans les terres islamiques et ceux avec lui s’étaient dispersés, il fut attaqué par les troupes d’Edesse, qui était alors aux mains des Byzantins et aussi par les bédouins de la tribu des Banou Noumayr. Il les affronta avec deux cents cavaliers, les vainquit et les pilla ainsi que les terres byzantines si bien que l’empereur envoya à un messager à al-Qa’im Bi-Amrillah demandant la paix. Ce dernier dépêcha un envoyé à Alp Arsalan concernant cette affaire et la paix fut faite avec les Byzantins pour 100 000 dinars, 4 000 vêtements de différentes sortes et 300 têtes de mulets. Quelle différence entre ces deux situations !

 

Quelle différence, je dis, entre la situation de ces hommes minables que je congédierais comme incapable et la situation des gens de notre temps, qui est l’année 616 de l’Hégire (1219) qui font face de nouveau aux croisés et aux Tatars. Vous verrez ceci complètement rapporté si Allah le veut, pour que vous puissiez comprendre la différence. Nous supplions Allah le Tout-puissant de pourvoir à l’Islam et les Musulmans quelqu’un qui s’engagera à leur apporter la victoire et les défendre avec ceux de Ses créatures qu’Il aime et « et cela n’est nullement difficile pour Allah ». (Sourate TaHa, verset 20)

 

 

Durant cette année, arriva à Baghdad un des Voilés (al-Moulathamin ou les Mourabitine), les princes du Maghreb, avec l’intention de visiter le palais califal. Il fut reçu avec honneur et avec lui se trouvait un homme appelé le Juriste qui était aussi un des Voilés. Le Juriste donna un sermon dans la mosquée du palais ou une grande foule s’était réunie. Il prêcha voilé et seuls ses yeux étaient visibles. Ce Voilé était présent avec le fils de l’émir al-Afdal al-Jouyoush en Egypte, lorsqu’il rencontra les croisés lors de sa bataille et il montra une grande bravoure.

 

La raison de leur arrivée à Baghdad est due au fait que les gens du Maghrib avaient une mauvaise opinion des ‘oubaydi (Alid est le terme employé par Ibn al-Athir mais je ne peux l’employer du fait qu’ils n’étaient pas des alides (descendant de ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) mais d’un maudit juif usurpateur comme nous l’avons rapporté), les souverains de l’Egypte. Chaque fois qu’ils voulurent se rendre au pèlerinage ils évitèrent l’Egypte. L’émir al-Jouyoush Badr, le père d’al-Afdal, voulut établir de bonnes relations avec eux mais ils ne montrèrent aucune inclination pour un quelconque rapprochement. Badr ordonna de tuer ceux qui furent pris mais quand son fils al-Afdal accéda au pouvoir, il les traita bien et chercha leur aide pour lutter contre les croisés. Cet homme fut l’un d’entre ceux qui luttèrent à ses côtés. Après son association avec les Egyptiens, il craignit de revenir dans son propre pays (et d’être accusé d’hérétique), et ainsi vint à Baghdad puis plus tard à Damas. Les Egyptiens ne menèrent pas une seule bataille contre les croisés sans qu’il ne fût présent et il trouva le martyre lors d’une des batailles. Il était brave, un combattant mortel et audacieux.

 

Au mois de Rabi’ Thani, une comète à queue apparut dans le ciel, comme l’arc-en-ciel, voyageant de l’ouest vers le milieu du ciel. Elle put être vue près du soleil avant son coucher. Elle continua d’apparaître plusieurs nuits consécutives avant de disparaitre.

 

Cette année le prince Kilij Arsalan Ibn Souleyman Ibn Qoutloumish, le souverain d’Anatolie, vint assiéger Edesse, tenue par les croisés. Les partisans de Joukarmish posté dans Harran le contactèrent pour lui demander de se rendre chez eux. Il se rendit donc à Harran et reprit la ville. Les habitants furent ravis de son arrivée pour mener le Jihad contre les croisés. Il resta à Harran un certain nombre de jours mais il tomba gravement malade ce qui nécessita son retour à Malatya. Il retourna dans son état malade tandis que ses hommes restèrent dans Harran.

 

Cette même année, le Qadi Abou al-‘Ala’ Sa’id Ibn Abi Muhammad an-Nissabouri al-Hanafi, fut tué dans la mosquée d’Ispahan par un assassin batini.

 

Abou al-Fawaris al-Houssayn Ibn ‘Ali Ibn al-Houssayn Ibn al-Khazin, le possesseur de la main prolifique qui est dit avoir écrit cinq cents copies du Qur’an décéda cette année à l’âge de cinquante ans. Son décès a aussi été rapporté en l’an 502 de l’Hégire.

 

La mort de Youssouf Ibn Tashfine et la succession de son fils ‘Ali

 

En l’an 500 de l’Hégire (1106), le souverain du Maghrib et de l’Andalousie, le Commandant des Musulmans Youssouf Ibn Tashfine décéda, puisse Allah Exalté lui faire miséricorde. Il fut un bon souverain, charitable et juste, qui favorisa les hommes de religion et les étudiants religieux qu’il honora et suivi leurs préceptes. Quand il conquit l’Andalousie, comme nous l’avons rapporté, il rassembla les juristes et les traita des meilleures manières. Ils lui dirent : « Il est correct que ton autorité doit venir du calife pour t’obéir et qu’il le soit obligatoire pour tous. » Il envoya donc un envoyé au calife al-Moustadhir Billah, le commandant des croyants, avec de larges cadeaux ainsi qu’une lettre, dans laquelle il mentionna les territoires croisés qu’Allah Exalté avait conquis et ses efforts pour apporter la victoire à l’Islam. Il demanda l’investiture pour régner sur ses terres. Un diplôme lui accordant ce qu’il souhaitait fut publié par la cour de la chancellerie califale et on lui alloua le titre de commandant des Musulmans. Des robes d’honneur lui furent aussi envoyées et il fut ravi par cela.

 

Il fut celui qui bâtit la ville de Marrakech pour les Mourabitine et resta souverain jusqu’à l’an 500 de l’Hégire (1106). Après son décès, son fils ‘Ali Ibn Youssouf lui succéda et prit aussi le titre de commandant des Musulmans. Et mieux il fit en honorant les ‘Oulama et suivit leurs conseils. Chaque fois qu’un d’entre eux prêcha, il écouta humblement le sermon qui adoucissait son cœur, comme cela était tout à fait visible.

 

Youssouf Ibn Tashfine était frugal, généreux, dévot et charitable. Il aimait les hommes de religion et les étudiants religieux et leur donna l’autorité dans ses terres. Il aimait montrer la clémence et pardonner les grandes offenses.

 

Le meurtre de Fakhr al-Moulk Ibn Nizam al-Moulk

 

Le jour de ‘Ashoura de cette année, Fakhr al-Moulk Abou al-Mouzaffar ‘Ali Ibn Nizam al-Moulk fut tué et il était le plus vieux des fils de Nizam al-Moulk. Nous avons rapporté qu’il devint vizir pour le sultan Barkyarouq en l’an 488 de l’Hégire (1095) et quand il renoncé à être son vizir, il partit à Nishapour et devint le vizir du prince Sinjar Ibn Malik Shah. Le jour de ‘Ashoura, il se réveilla et avant de rompre le jeûne il dit à ses partisans : « J’ai vu al-Houssayn Ibn ‘Ali (qu’Allah soit satisfait d’eux) dans mon rêve qui me dit : « Dépêche-toi de nous rejoindre afin que tu rompes ton jeûne avec nous. » Je n’ai fait que de penser à cela et il n’y a nul moyen d’éviter le décret d’Allah Exalté. » Ils lui dirent : Puisse Allah te protéger ! La meilleure chose que tu puisses faire est de ne pas sortir de ta résidence aujourd’hui ni ce soir. » Il passa ce jour en priant, en récitant le Qur’an et donna une grande quantité d’aumônes.

 

Quand le temps pour la prière du soir arriva, il quitta le palais dans lequel il se trouvait pour la résidence des femmes. Il entendu alors les cris d’un pétitionnaire extrêmement tourmenté qui disait : « Les Musulmans sont tous partis. Il n’y a personne pour enquêter sur un grief ou prendre la main d’un homme dérangé. » Par pitié pour lui, Fakhr al-Moulk l’appela et lui demanda : « Que t’arrive-t-il ? » L’homme lui donna la pétition et pendant que Fakhr al-Moulk la lisait attentivement, il le poignarda avec une dague et le tua. Le batini fut emmené à Sinjar qui le fit torturer. Il fit une fausse confession, impliquant plusieurs des hommes du sultan et dit : « Ils m’ont incité à le tuer, » voulant tuer tant par sa propre main que par sa calomnie et ceux qu’il nomma furent appelés et exécutés à tort et après eux le batini fut exécuté à son tour. Fakhr al-Moulk avait soixante-six ans.

 

La bataille entre l’empereur de Constantinople et les croisés

 

Un profond antagonisme survint cette année entre l’empereur des Byzantins, le souverain de Constantinople et Bohémond le croisé. Bohémond envahit et pilla le territoire de l’empereur avec l’intention de le pousser à le combattre (pour usurper son trône). L’empereur envoya un messager au prince Kilij Arsalan Ibn Souleyman, le souverain de Konya, d’Aksaray et d’autres terres pour lui demander son aide et ce dernier lui fournit un détachement de son armée. Cela renforca l’empereur qui marcha contre Bohémond et après avoir formé leurs lignes de bataille, ils s’affrontèrent. Les croisés tinrent ferme en comptant sur leur bravoure tandis que les Byzantins et leurs alliés à cause de leur nombre. La bataille dura longtemps et à la fin tourna à l’avantage des byzantins et la défaite des croisés dont la plupart furent tués et un aussi grand nombre capturé. Ceux qui survécurent revinrent dans leur terre en Syrie. Les troupes de Kilij Arsalan se mirent alors en route pour retourner chez eux en ayant l’intention de rejoindre leur souverain dans al-Jazirah. Cependant, les nouvelles de sa mort leur parvinrent comme nous le rapporterons si Allah le veut et ils n’allèrent pas plus loin, et restèrent sur place.