La conquête de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan

 

Ces conquêtes furent une conséquence des conquêtes précédentes et eurent lieu en trois vagues d’invasion :

 

La première vague 

Elle vint de deux directions : 

1. Du sud de la Mer Caspienne ; deux forces marchèrent sur l’Azerbaïdjan. 

La première armée : Elle vint de Houlwān et était commandée par Boukayr Ibn ‘AbdAllah al-Laythi qui marcha jusqu’à traverser Qarmīssīn (Bākhtarān), et vainquit les restes éparpillés de l’armée perse. Ensuite, il rejoignit Simāk Ibn Kharshah al-Ansari qui apportait des renforts de Rey après en avoir achevé la conquête. Boukayr avança ensuite en direction du nord vers Moūqān, qu’il conquit et prit la route d’al-Bāb. 

La seconde force : Elle s’élança de Mossoul, commandée par ‘Outbah Ibn Farqad as-Soulamī qui commença par conquérir Shehrzoūr, puis Sāmghān et Dārābād.

Les habitants firent un traité de paix avec lui, en fonction duquel ils acceptaient de payer la Jizyah et le Kharāj; cela eut lieu en 22 H (642 EC) et les conquêtes de ‘Outbah s’étendirent aussi loin que la ville d’Urmia (Ourmiyah).

 

2. Quand la conquête d’al-Jazīrah fut achevée en 18 H (639 EC) par ‘Iyād Ibn Ghanm, il s’élança vers Arzan qu’il conquit par un traité de paix. Ensuite, il entra dans Darb et marcha jusqu’à Bidlis (Bitlis), qu’il traversa pour atteindre Khalāt (Ahlāt) avec qui ils signèrent également un traité de paix puis ‘Iyād retourna à Raqqah et de là marcha sur Hims (Homs) en 19 H (640 EC).

 

Durant cette campagne, ‘Iyād envoya Habīb Ibn Maslamah al-Fihri à Malatya (Malatiyyah) qu’il conquit mais que les Romains reprirent dans des circonstances obscures. Certains chercheurs soutiennent que cette attaque des Musulmans était exploratoire et qu’ils repartirent après.

 

La seconde vague

Quand Mou‘āwiyah Ibn Abi Soufyan (qu’Allah soit satisfait d’eux) devint gouverneur de Syrie, il envoya une fois de plus en Arménie Habīb Ibn Maslamah qui se mit en route pour ce pays avec une force de 6.000 à 8.000 hommes de l’armée de Syrie et d’al-Jazīrah ; il marcha sur Qālīqalā (Erzurum). Les Romains réunirent une grande armée contre lui, et Mou‘āwiyah (qu’Allah soit satisfait de lui) envoya 2.000 hommes pour le renforcer à Qālīqalā. Entre 6.000 et 8.000 hommes en renfort de plus, commandés par Salmān Ibn Rabī‘ah al-Bāhili, le rejoignirent à Koūfa mais Habīb Ibn Maslamah balaya les forces romaines au bord de l’Euphrate et tua le commandant Armanyāqis avant que Salmān n’arrive avec ses renforts. Quand il les rejoignit après la bataille, ‘Uthman Ibn ‘Affan (qu’Allah soit satisfait de lui) leur ordonna d’attaquer Arrān et Habīb marcha sur Mirbālā, puis Khalāt puis Basfourjān (Vaspurakan), et envoya ceux qui l’avaient conquise à Arjish (Ercis) et Bajounais.

Ensuite, il marcha sur Azdīsat (Qirmiz) puis traversa Nahr al-Akrad, après quoi il prit Dubayl (Duwin) par un traité de paix signé après l’avoir assiégée, le vendredi 15 Shawwāl 19 H (6 Octobre 640 EC).

 

Sa cavalerie conquit tous les villages et il signa avec eux le traité de paix suivant :

 « Au Nom d’Allah, le Très-Miséricordieux, le Tout-Miséricordieux.

Voici une déclaration d’Habīb Ibn Maslamah au peuple chrétien de Doubayl, à ses Mages et à ses Juifs, les présents comme les absents, et par lequel je garantis la sécurité de vos vies, de vos biens, de vos églises, de vos synagogues et de vos remparts. Vous êtes en sécurité et il nous incombe de remplir notre part de ce contrat tant que vous en remplissez la vôtre et payez la Jizyah et le Kharāj. Allah est (mon) Témoin et Allah suffit comme Témoin. »

 

Il le scella alors avec son sceau puis s’en alla à Nashwa (Nakhichevan) où il signa un traité de paix similaire à celui signé avec les habitants de Doubayl ; et de même tout Vaspurakan signa un traité de paix. Il marcha alors sur Sisjān (Sisjān est une ville d’Arménie située à 16 farsakhs (89 km) de Doubayl et qu’Habīb Ibn Maslamah conquit lors des premières batailles d’Arménie. (Mou‘jam al-Bouldān : 3/297)) qu’il vainquit et signa un traité de paix avec eux. Après cela, il marcha sur Jourzān dont les habitants demandèrent un traité de paix après quelques combats. Puis il se dirigea vers Tiflis (Tbilisi) en Géorgie qui signa aussi un traité de paix avec lui.

 

Quant à Salmān Ibn Rabī’ah al-Bāhili, il marcha de Qālīqalā (Erzurum) vers Arran et soumit Bailqan (Phaidagaran) au moyen d’un traité de paix avant de se rendre à Barza‘ah dont le peuple signa un pacte de paix, lui permettant d’y entrer et de conquérir les villages environnants ; puis il marcha vers le point de rencontre des deux fleuves connu sous le nom d’Aras et Koura. Il traversa le Koura derrière Bardij et conquit Qabalah, les habitants de Sharwan ainsi que des villes et villages alentour, jusqu’à la ville d’al-Bāb, et signa avec eux un traité de paix.

 

Ensuite, il avança et traversa le fleuve Balanjar, où il rencontra le Khaqan des Khazar et leur cavalerie que les Musulmans combattirent ; et au cours de la bataille, d’après les sources arméniennes,  Salmān et 4.000 de ses soldats tombèrent martyrs. Toujours d’après les sources arméniennes, on rapporte que l’expédition marcha d’Azerbaïdjan sous le commandement de ‘Uthman et de ‘Ouqbah – et il est très probable que les deux personnes dont on parle ici étaient ‘Uthman Ibn Abi a1-‘Ās et ‘Outbah Ibn Farqad et non pas ‘Ouqbah – et quand l’armée atteignit la frontière arménienne  elle se divisa en trois :

 

La première marcha sur Vaspurakan et atteignit la ville de Nakhichevan (Nashwa) après avoir capturé les terres fertiles.

 

La seconde marcha vers la province de Taroūn et prit une grande quantité de butin et de prisonniers.

 

La troisième marcha vers la province de Koūjovit, y arrivant avec de grandes difficultés.

 

Ils atteignirent la forteresse d’Ardzāb et y entrèrent de nuit. Ils étaient plus de 3.000 hommes mais le commandant arménien, Theodore Rashtoūni, put la reprendre et libérer les prisonniers. Il attaqua les Musulmans et seuls quelques-uns purent se retirer. Il revint chargé d’un immense butin, dont une partie fut donnée à Constans II, l’empereur byzantin.

 

En l’an 34 H (654 EC), Constans avança contre l’Arménie accompagné d’une immense armée. Il entra à Doubayl (Dubail, Duvin) à la tête de 20.000 hommes et essaya une fois de plus de forcer les Arméniens à adopter sa croyance, que le Concile de Chalcédoine avait approuvée en 451 EC, et qui déclarait la pleine humanité et la pleine divinité du Messie (Christ), la seconde personne de la « Sainte Trinité ». Mais les Arméniens rejetèrent cette doctrine – comme les Coptes d’Egypte avant eux – et Constans renvoya de son poste le gouverneur arménien Théodore, parce qu’il refusait de croire au dogme Chalcédonien. Théodore se révolta et Constans envoya 30.000 soldats le combattre à Al-Kurj (Géorgie), en Albān (Albanie caucasienne) et à Siyoūni afin de contraindre ses supporters à la soumission ; mais ces missions échouèrent.

 

La troisième vague

Constans plaça de force l’armée d’Arménie sous le commandement de Brokob, le commandant de l’armée byzantine, et Théodore rechercha donc l’aide des Musulmans ; les Arméniens étaient plus favorablement disposés envers les Musulmans qui n’avaient jamais forcé qui que ce soit à adopter leur religion. Ils envoyèrent leur soutien à Théodore qui les posta à Yoūfīt et Baznoūnīk, au nord et au nord-ouest du Lac de Van. Brokob traversa l’Euphrate avec son armée en se servant d’un pont supporté par des bateaux et attaqua le territoire syrien mais les Musulmans le vainquirent et la situation des Romains empira du fait que Farīd, le fils de Théodore l’Arménien, qui commandait le contingent arménien des forces romaines, coupa le pont et laissa dériver les bateaux qui furent emportés par le courant. Ceci leur coupa toute voie de retraite et les Musulmans les jetèrent dans le fleuve, où la plupart se noyèrent.

 

A la fin de l’hiver 35 H (655 EC), les Musulmans avancèrent une fois de plus contre l’Arménie, avec l’aide de Théodore Rashtoūni, et parvinrent à repousser les Byzantins jusqu’à la Mer Noire. Ils lancèrent également une attaque contre la ville byzantine de Trabzon et revinrent chargés d’une énorme quantité de butin et d’un grand nombre de captifs romains. Face à cette défaite écrasante, Constans décida de ne plus jamais lancer d’attaque contre les Musulmans.

 

Mou‘āwiyah Ibn Abi Soufyan (qu’Allah soit satisfait d’eux) envoya une délégation aux Arméniens pour négocier avec eux et le résultat en fut un traité de paix qui contenaient les plus justes conditions pour les Arméniens, telles qu’ils n’avaient jamais obtenu auparavant des Perses ou des Romains. Cela les incita à se jeter dans les bras des Musulmans et Théodore Rashtoūni rendit visite à Mou‘āwiyah Ibn Abi Soufyan (qu’Allah soit satisfait d’eux) à Damas, qui lui accorda une récompense, des cadeaux et le désigna gouverneur de l’Arménie et des territoires d’al-Kourj, Albān et Siyoūni, jusqu’à Derbent (Darband). L’armée musulmane entra en Arménie et fut chaleureusement accueillie par le peuple ; ils passèrent l’hiver à Doubayl puis retournèrent en Syrie.

 

L’historien arménien, Sebios, contemporain des évènements, a enregistré ce pacte de la façon suivante :

« Vous et moi avons conclu un accord pour une période de temps spécifiée par vous et moi – une période de trois ans – pendant laquelle je ne lèverai aucune Jizyah sur vous.

Mais selon cet accord, après cela, vous payerez la Jizyah que vous désirez ; et ce sera votre droit qu’il y ait sur vos terres une armée de 15.000 cavaliers auxquels vous fournirez leurs rations que je prendrai en compte dans le calcul de la Jizyah. Je ne requerrai pas la présence de vos cavaliers en Syrie, mais il leur incombe d’être prêts à partir très vite vers toute destination s’ils en reçoivent l’ordre, afin de combattre à nos côtés contre toute agression éventuelle. Je n’enverrai aucun gouverneur vers vos forteresses, et je n’enverrai aucun gouverneur arabe ou perse. Nous combattrons tout ennemi qui viendrait en Arménie et si les Byzantins venaient vous attaquer, j’enverrais des armées – dont vous m’indiquerez la taille – pour vous aider. J’en fais ici le serment devant Allah, le Puissant, le Sublime ».

 

  

 

La Conquête de Mā-Warā' an-Nahr (Les terres au-delà de l’Oxus ou la Transoxiane) 

(La Transoxiane (arabe ماوراء النهار: Māwarā' an-Nahr) était le nom donné par les Grecs au fleuve Oxus (جيحون) ou Amou Daria. C’est le plus vieux nom donné à cette partie de l’Asie Centrale correspondant de nos jours à l’Ouzbékistan, au Tajikistan, au sud-ouest du Kazakhstan et à certaines parties du Kyrgyzstan et du Turkmenistan. Les principales villes et centres culturels de Transoxiane sont Samarcande, Boukhara, Khiva (Khwarezm) et Tachkent. Genghis Khan envahit la Transoxiane en 1219 EC lors de la conquête de Khwarezm. Tamerlan devint le dirigeant du territoire en 1369 EC et choisit Samarcande comme capitale de son futur empire).

 

Les armées musulmanes continuèrent leurs opérations militaires contre les territoires d’Orient, et pour certaines d’entre elles jusqu’aux frontières de la Chine puis retournèrent à Merv pour repartir les conquérir, encore et encore. Puis, en 30 H (650 EC), ‘AbdAllah Ibn ‘Āmīr Ibn Kourayz attaqua le Khorāsān et conquit par la force le Kohistān (Kohistān (un territoire montagneux s’étendant de Herāt à Nahāvand, Hamadān et Bouroūjard dans la province d’al-Jibāl (Iran). Qayen est la capitale et Toūn, Gonabad (à présent Joūymand) et Tabas sont d’autres villes importantes. (Mou‘jam al-Bouldān : 4/416) De nos jours, le Kohistān est située dans la province de Khorāsān en Iran.) et envoya Yazīd al-Jourashi Ibn Yazīd à Roustāq Zam de Nishapur et il conquit également Bākharz et Jouwayn. Ibn ‘Amīr conquit Boust, Ashband, Roukh, Zawah, Khouwāf, Asfrānayn, Arghiyan et Abrshehr, de Nishapur.

 

 Ibn ‘Amīr envoya également ‘AbdAllah Ibn Khazim à Sarakhas qu’il conquit. Il envoya une armée à Herāt dont le dirigeant signa un traité de paix avec eux au nom de la ville et au nom de Bādghīs et Boūshang.

 ‘AbdAllah Ibn ‘Āmīr acheva la conquête de tous les territoires en deçà du fleuve Oxus, qui cherchait à faire la paix et signèrent un traité avec eux.

 En 41 H (661 EC), les Musulmans reconquérir Zaranj, Khawāmis et Boust, ainsi que Kāboul et Rabī‘ Ibn Ziyād al-Hārithī conquit Balkh, alors que son fils ‘Abdel Fattāh étendait ses conquêtes jusqu’à l’Oxus (Jayhoūn).

 

La conquête de Termiz, Boukhara et Samarcande 

 (Boukhara est la cinquième plus grande ville d’Ouzbékistan, et la capitale de la province de Boukhara. Boukhara est située dans le bassin inférieur du fleuve Zeravshan (Zar Afshan). Il se peut que le nom soit dérivé de « vihārā », le mot sanskrit pour monastère. Les sources islamiques citent des gouverneurs locaux comme Boukhara Khoudāh. La ville fut fondée en 500 AC et entra dans l’Histoire comme état vassal de l’empire perse. Au cours de l’Histoire, elle passa entre les mains d’Alexandre le Grand, de l’empire hellénistique séleucide gréco-bactriens et de l’empire koushan. Alors que le commerce se développait le long de la Route de la Soie, Boukhara fleurit et devint un choix logique de marché. Les forces musulmanes arrivèrent en 54 H sous le commandement de ‘Oubaydoullah Ibn Ziyād, et conquirent la cité après une sanglante bataille. Qoutaybah Ibn Mouslim reconquit Boukhara après la bataille de Talas en 91 H / 710 EC et intronisèrent Taghshādah Toūq-e-Siyādah comme roi. De nombreuses importantes personnes vivaient à Boukhara durant l’ère islamique. L’Imam Muhammad Ibn Isma’īl al-Boukhari (qu’Allah lui fasse miséricorde) y naquit (194 H /809 EC) et parmi les autres personnes célèbres originaires de Boukhara l’on compte : Ibn Sina (980-1037 EC), l’exégète Zamakhsharī, Ismatoullah Boukhari (1365-1426), un illustre poète, etc. En 260 H / 874 EC, Boukhara tomba aux mains des Samanides et finalement devint leur capitale. En 999 EC, les Samanides furent renversés par les Karakhanides Uyghurs. En Dzoul Hijjah 616 H / Février 1220 EC, Genghis Khan rasa la ville, sauf la mosquée principale (Jamī‘ Masjid) et quelques palais, et l’incendia. La ville se remit doucement et devint prospère sous l’ère des successeurs de Genghis Khan. A nouveau, Īlkhān Abāqa occupa Boukhara qu’il détruisit en 671 H / 1273 EC. Après seulement quelques décennies en 1500 EC, Shaybānī Ouzbek conquit Boukhara, qui tomba aux mains de Nādir Shāh en 1153 H / 1740 EC. En 1860-85 EC, l’émir Mouzaffar ad-Dīn, l’émir de Boukhara, se soumit à l’URSS et Boukhara devint une pièce d’échec dans le grand jeu entre la Russie et la Grande-Bretagne. (Da'irah Ma‘arif-i-Islamiyyah : 4/110-116, Tarikh at-Tabari : 4/22, Al-Mounjid fil-A‘lam). Yaqoūt donne des détails sur la chute de Boukhara sous le califat omeyyade : « Après que ‘Oubaydoullah Ibn Ziyād fût revenu à Basra, Mou‘āwiyah (qu’Allah soit satisfait de lui) envoya Sa‘īd Ibn ‘Uthman Ibn ‘Affan comme gouverneur du Khorāsān. Sa‘īd et son armée traversèrent l’Oxus près de Boukhara. Une gigantesque armée turque de 150.000 hommes émergea face aux Musulmans cependant, l’impératrice de Boukhara manœuvra de façon à régler pacifiquement la situation et soumit la ville aux Musulmans pour éviter le bain de sang. » (Mou‘jam al-Bouldān : 1/355)).

 

 En 51 H (671 EC), Ziyād Ibn Abi Soufyan désigna Rabī‘ Ibn Ziyād al-Hārithī comme gouverneur du Khorāsān et transféra à Koūfa et Basra avec lui plus de 50.000 soldats et leur famille qu’il posta en deçà de l’Oxus.

 

En 54 H (674 EC), il attaqua Baykand et Boukhara. Sa‘īd Ibn ‘Uthman Ibn ‘Affan était le commandant d’une expédition pour le Soughd (Sogdiane était une province de l’empire perse achéménide. L’état sogdien était centré autour de leur ville principale de Samarcande, entre l’Oxus (Amou-Daria) et Jaxartes (Syr Daria), embrassant la vallée fertile de Zerafshan (ancienne Polytimetus). Sogdiane fut prise en 327 BC par les forces d’Alexandre le Grand. Les Sogdiens facilitèrent le commerce entre la Chine et l’Asie Centrale. D’après le géographe musulman, al-Bayrounī, des zoroastriens habitaient à Sogdiane ainsi que des bouddhistes et des Chrétiens nestoriens. Pendant l’ère islamique, d’après Istakhri, Soughd Khas (Sogdiane principale) s’étendait entre Daboūssiya, à l’est de Boukhara jusqu’à Samarcande. La capitale était soit Samarcande, d’après Ya‘qoubi, ou Kish comme il le dit ailleurs. (Da'irah Ma‘arif-i-Islamiyyah : 11/65,66)) et conquit Bāb al-Hadīd et Termiz (Termez) ; et Sālim Ibn Ziyād put conquérir Boukhara et Samarcande et en 78 H (696 EC) Mouhallab Ibn Abi Soufrah al-Azdī, qui avait été désigné gouverneur du Khorāsān par al-Hajjāj Ibn Yoūssouf ath-Thaqafi le gouverneur d’Irak, occupa la ville de Kash, dans le Soughd.

 

Les Conquêtes de Qoutaybah Ibn Mouslim

Pendant les années 86-96 H (705-715 EC), al-Hajjāj désigna Qoutaybah Ibn Mouslim al-Bāhili gouverneur du Khorāsān et de la région à l’est, et ce dernier reprit le Tokharistan (Bactriane, Takhar (Takhar dans le nord de l’Afghanistan) est une des anciennes provinces d’Afghanistan entourée des provinces de Badakhshān, Baghlān et Koundouz. Sa capitale, Tâloqân, est célèbre pour ses mines de sel. Le géographe musulman, Istakhri, situe le Tokhāristān à l’est de Balkh et de la chaine des Hindou Kouch. L’Imam Tabarī mentionne Jabghoūyah at-Takhārī comme étant le roi du Boukhāristīn et du Tokhāristān dans les détails des batailles entre les Turcs et les Arabes. Après 123 H/740 EC, le Takhāristān devint une partie du royaume ghouride de Bāmiān. Cependant, après le VIIème siècle H, le nom de Tokhāristān en tant que territoire fut abandonné. (Da'irah Ma‘arif-i-Islamiyyah : 12/429)) en 86 H (705 EC). Ensuite, il conquit Baykand en 87 H (705 EC), prenant une grande quantité de butin, après quoi il retourna à Merv.

 

Nīzak Tarkhan retint les captifs musulmans et Qoutaybah lui écrivit, lui demandant de les libérer et le menaçant s’il refusait d’obtempérer. Il en résultat que Nīzak libéra les prisonniers et Qoutaybah l’appela à faire la paix avec lui et à lui donner des garanties, ou alors il le combattrait et ne cesserait qu’après l’avoir vaincu. Nīzak vint donc voir Qoutaybah, et les habitants de Bādghīs (Bādghīs est l’une des 34 provinces de l’Afghanistan, située entre les fleuves Mourghāb et Hari Roūd. Elle tire son nom du mot perse Bādkhez qui signifie « où se lèvent les vents » ou « la terre des vents ». Bādghīs est entourée par les provinces d’Herāt, Ghur et Fāryāb. Bādghīs est la terre de celui que certains considèrent comme le premier poète perse, Hanzala Badghīsī. (Da'irah Ma‘arif-i-Islamiyyah : 3/865)) signèrent un traité avec lui, sur la base qu’il n’y entrerait pas. Mais lorsque Qoutaybah fût reparti, les gens de Baykand violèrent leur traité, et il retourna vers eux pour trouver qu’ils avaient fortifié la ville. Il les combattit pendant un mois, après quoi ils demandèrent la paix, mais il refusa et continua de les combattre jusqu’à ce qu’il les ait vaincus, tuant ceux qui dans la ville avaient participé aux combats. Puis il marcha sur Amul et traversa de Zam à Boukhara, et les habitants de Noūmoushkat et Karmīn (à Boukhara) signèrent un traité de paix avec lui en l’an 88 H (706 EC) ; il était accompagné de Nīzak Tarkhān.

 

Ensuite, Ramithnah signa un traité de paix avec lui et il repartit, traversant l’Oxus à Termez, d’où il continua vers Balkh puis Merv. En 90 H (707 EC), Qoutaybah se mit en route pour une expédition militaire contre Boukhara qu’il attaqua, après quoi il renouvela le traité de paix avec Tarkhoun, le roi de Soughd, à la condition qu’ils payeraient une rançon. Mais Nīzak Tarkhan trahit Qoutaybah et décida de lui faire la guerre, supporté par le roi de Tâloqân. Ainsi, Qoutaybah marcha sur Tâloqân qu’il attaqua puis il vainquit Nīzak et le tua en 91 H (708 EC) à Merv ou, d’après une autre narration, au Tokharistan, avec 700 de ses hommes, et le crucifia. Pour la seconde fois, en l’an 91 H (709 EC), il attaqua Shoūmān, Kash et Nasf.

 

En l’an 92 H (710 EC), il attaqua le Sijistān (Sistān) et fut reçu par les messagers de Routbīl, qui signa un traité de paix avec lui, après quoi il les quitta.

 

En 93 H (711 EC), Qoutaybah attaqua Khwārezm et sur le chemin du retour attaqua Samarcande, qui avait auparavant signé un traité de paix avec lui mais qui entre-temps l’avait violé en envoyant de nuit ses armées attaquer les Musulmans. Qoutaybah fut informé du plan et organisa une embuscade dans laquelle ils tombèrent de nuit.

 

En 94 H (712 EC), Qoutaybah traversa l’Oxus et imposa une conscription militaire aux habitants de Boukhara, Kash, Nasf et Khwarezm, afin de lever une armée de 20.000 combattants. Cette armée marcha alors avec lui sur Soughd, après quoi il se dirigea vers Shāsh (capitale de l’Ouzbékistan et également de la province de Tachkent), alors qu’il repartait vers Farghanah, il rencontra leur armée à Khojand en un certain nombre d’occasions, et les vainquit à chaque fois. De plus, la force qu’il avait envoyée à Shāsh la conquit en 95 H (713 EC) et en brula la plus grande partie. Qoutaybah se rendit alors à Kāshān, une ville de la province de Farghanah, après quoi il retourna à Merv.

 

Al-Hajjāj Ibn Yoūssouf mourut en Shawwāl 95 H (713 EC), puis le calife Walīd Ibn ‘Abdel Malik mourut au cours du mois de Joumādah al-Ākhirah 96 H (714 EC). Souleyman Ibn ‘Abdel-Malik lui succéda mais comme Qoutaybah le craignait, il se mit donc en route pour une expédition militaire en l’an 96 H (714 EC) et emmena avec lui sa famille à Samarcande. Il envoya Kathir Ibn Foulān à Kāshghār (Kāshghār (officiellement : Kaxghar ; Kashi) est une ville oasis de la région de Xinjiang Uyghur en Chine. Kash dans Kāshghār voudrait dire « de plusieurs couleurs » et Ghar signifierait « fait de briques ». Au premier siècle, les Chinois occupèrent Kāshghār (Li-ning) que Qoutaybah Ibn Mouslim conquit en 96 H ; mais ce ne fut pas avant le IVème siècle que l’Islam fut établi à Kāshghār sous le royaume d’Uyghur. Le sultan Satouq Boughra Khan, le plus célèbre roi des Uyghurs, se convertit à l’Islam et devint le premier roi musulman en 344 H / 955 EC. Le royaume fut détruit par l’invasion de Kara-Khitai, puis à nouveau balayé en 1219 EC par Genghis Khan. En 1389-1390 EC, Tamerlan ravagea Kashgar. En 1755 EC, les Chinois furent les suivants à prendre la ville  qui tomba aux mains de Ya‘qoūb Beg en 1865 EC mais qui fut réoccupée par les Chinois, ainsi que tout le Xinjiang en 1878 EC. (Da'irah Ma‘arif-i-Islamiyyah : 17/18)), alors que lui-même poussait jusqu’en Chine. L’empereur chinois le contacta et accepta de payer la Jizyah. Puis la vie de Qoutaybah arriva à son terme quand il fut tué au Khorāsān âgé de 55 ans, au cours d’une Fitnah (trouble) fomentée par les dirigeants omeyyades (voir l’histoire des Omeyyades).