Les Conquêtes d’al-Jazīrah et d’Arménie

 

Après que Sa‘d (qu’Allah soit satisfait de lui) fut entré à Madā'in (Ctésiphon), il écrivit à ‘Umar Ibn Khattāb pour l’informer de la bonne nouvelle de sa victoire et lui envoya le butin, ainsi qu’une requête pour pouvoir conquérir le reste des territoires perses.

Cependant, ‘Umar (qu’Allah soit satisfait de lui) ne le lui autorisa pas car il était contre l’idée d’expansion sans nécessité. Il lui permit cependant de nettoyer les poches de résistance perses autour de Madā'in, y compris Jaloūlā' et Houlwān. Puis les renseignements commencèrent à s’accumuler prouvant à ‘Umar (qu’Allah soit satisfait de lui) que les Perses étaient en train de rassembler une autre armée à Nahāvand, afin de combattre les Musulmans. ‘Umar (qu’Allah soit satisfait de lui) donna donc sa permission de reprendre la guerre afin de prévenir tout danger, et un certain nombre de larges unités militaires de l’armée de Sa‘d se mirent en route pour conquérir le reste de l’empire sassanide.

Ces unités étaient ainsi constituées :

 1. Une force de 5.000 soldats des tribus de Bakr Ibn Wā’il et ‘Anz Ibn Wā’il commandés par ‘AbdAllah Ibn Al-Mou’tāmm qui conquit Tikrīt, à 220 km au nord d’al-Madā'in. Ceci eut lieu au mois de Joumādah al-Awwal 16 H (Juin 637 EC). Puis ‘AbdAllah envoya environ 4.000 hommes commandés par Rib‘ī Ibn Afkal ‘Anzī, le commandant de l’avant-garde qui conquit Mossoul et Ninive. La force adverse était constituée d’alliés des Perse, des Romains et des Arabes, des représentants de ces deux puissances.

 2. Une force commandée par ‘Amr Ibn ‘Outbah qui conquit Qarqīssiyāh et Hīth sur l’Euphrate.

 3. Une armée de 5.000 hommes conduits par ‘Iyād Ibn Ghanm qui marcha en trois détachements :

(a) Un conduit par Souhayl Ibn ‘Adiyy marcha sur Raqqah via al-Firād, qui se rendit.

(b) Une seconde menée par ‘AbdAllah Ibn ‘AbdAllah Ibn ‘Itbān (qu’Allah soit satisfait de lui) marcha sur Mossoul puis acheva la conquête de Nusaybīn (Nisibe) par un traité de paix.

(c) Après la chute de Raqqah sur l’Euphrate et de Nusaybīn sur le Tigre, Souhayl et ‘AbdAllah joignit ses forces à ‘Iyād Ibn Ghanm et conquit ar-Rouhā (Edesse) et Harrān par des traités de paix. Puis ils complétèrent la conquête de Soumayssat, ainsi que de Sinjār, Mayyāfāriqīn, Saroūj, Rā‘skayfā (Hisn Kayfā, Kiphas), Ard a1-Baidā', Jisr Manbij, Kafratoūthā, Toūr Abdīn, Māridīn, Ras al-‘Ayn, Dārā, Qourada, Ya Zabda, Zoūzān, Arzan, Bidlīs (Bitlis), Khalāt et ‘Ayn al-Hāmidah qui font partie de l’Arménie. Ces conquêtes furent achevées en 17 H (638 EC) et al-Jazīrah (Al-Jazīrah était un territoire situé entre le Tigre et l’Euphrate, appelé Mésopotamie par les Grecques, et al-Jazīrah (l’ile) par les Arabes, parce que sa forme géographique était celle d’une ile, entourée de deux grands fleuves. Sa partie sud était nommée as-Sawād et la partie nord était la province d’al-Jazīrah, séparée de l’Irak. De nos jours, al-Jazīrah est partagée entre l’Irak, la Syrie et la Turquie. Au moment de l’avènement de l’Islam, al-Jazīrah était constituée de Diyār Rabi‘āh (ديار ربيعة) à l’est, Diyār Moudar (ديار مضر) à l’ouest et Diyār Bakr (دياربكر) au nord. (Mou‘jam al-Bouldān : 2/134, Al-Mounjid fil-A‘lām). Harrān, al-Rouhā (Urfa), Raqqah, Nusaybīn, Diyarbakir (Diyār Bakr), Mossoul, Falloūjah, Sinjār, Hadīthah, Habbāniyah, Tikrīt et Mardīn sont des célèbres villes d’al-Jazīrah) fut la terre la plus facile à conquérir.

 

Yazdgard mobilisa la dernière armée de son pays et rassembla une force de 150.000 soldats à Nahāvand.

 

Les Musulmans marchèrent de Koūfa et Basra et se rejoignirent à Qarmīssīn Kirmānshāh. Ils étaient conduits par Nou‘man Ibn Mouqarrin al-Mouzani et avancèrent vers Nahāvand, qui était une forteresse au sommet d’une montagne, et dont la route conduisait à ce qui se trouvait au-delà, qu’il était impossible de prendre d’assaut.

Les Perses sortaient de leur forteresse et combattaient les Musulmans en combat rapproché, et en cas de défaite, se retiraient dans leur forteresse pour y chercher refuge. L’hiver approcha et la situation des Musulmans devint grave car ils se trouvaient sur un espace ouvert et ne pouvaient pas atteindre les Perses dans leur forteresse. Ils mirent au point le plan de simuler la défaite dans leur combat contre les Perses, puis l’avant-garde se retirerait et attirerait les Perses dans une embuscade qu’ils auraient organisés en arrière. L’auteur de cette idée fut Toulayhah Ibn Khouwaylid al-Assadi. Qa‘qā‘ Ibn ‘Amr débuta donc le combat contre les Perses, feignit la défaite et se retira lentement devant l’ennemi, afin de leurrer leur armée en dehors de la forteresse. Puis, quand ils furent à une certaine distance, le piège se referma sur eux et la défaite de la plus grande armée que les Perses aient jamais mobilisée fut complète. Nahāvand tomba le vendredi 16 Mouharram 19 H (15 janvier 640 EC) ou le vendredi qui suivit. Nou‘man Ibn Mouqarrin (qu’Allah soit satisfait de lui) trouva le martyre pendant cette bataille.

 

 

 

Les Musulmans s’élancèrent ensuite vers Hamadān dont le commandant, Khosro (Khousrau) Shanoum, voyant ce qui était arrivé à l’armée de Nahāvand et sachant qu’il ne possédait qu’une petite force constituée des vaincus de Nahāvand, se hâta de soumettre Hamadān et Doustbai, puis Māhīn suivit l’exemple et s’acheva le nettoyage des protectorats de Nahāvand.

 

 

Le Cercle des Conquêtes s’étend

Les Conquêtes de Koūfa au Tabaristān

 ‘Umar (qu’Allah soit satisfait de lui) ordonna aux armées musulmanes de rechercher les armées non-arabes et de les pourchasser où qu’elles puissent être, afin de les vaincre. Ainsi, les conquêtes avancèrent le long de deux routes : l’une de la base militaire de Koūfa et la seconde de la base militaire de Basra.

 

 ‘AbdAllah Ibn ‘AbdAllah Ibn ‘Itbān al-Ansari (qu’Allah soit satisfait de lui), un des braves héros et l’un des éminents compagnons du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui), marcha de Koūfa à Madā'in (Ctésiphon) puis Nahāvand, où des renforts commandés par Aboū Moussa al-Ash’ari lui arrivèrent de Basra par la route d’Ahvāz. Ensuite, ils marchèrent de Nahāvand à Asbahān (Ispahan), la capitale d’al-Jibāl (les Montagnes) et la région non-arabe d’Irak, qu’ils conquirent en 21 H (641 EC) (Carte 58), puis marchèrent sur Kirman et, en chemin, furent rejoints par une force commandées par Souhayl Ibn ‘Adiyy.

 

Hamadān s’étant rebellée contre la loi musulmane, ‘Umar (qu’Allah soit satisfait de lui) y envoya Nou’aym Ibn Mouqarrin et la ville se rendit à lui. Ensuite, il se mit en route pour Wajroūd, puis Doustbai (Carte 59), et Zanbadī. Le gouverneur provincial perse se rendit à Nou’aym, après quoi il marcha avec lui sur Rey et une bataille commença aux pieds de ses montagnes, les forces perses étant commandées par Siyāwakhsh. Zanbadī guida les Musulmans vers une entrée de Rey qu’ils conquirent, puis Danbāwand (Damāvand) fit la paix avec Nou’aym Ibn Mouqarrin, sur l’accord qu’ils payeraient la Jizyah et que les Musulmans n’y entreraient pas.

 

De Rey, Souwayd Ibn Mouqarrin marcha sur Qoūmis (Carte 60), à 350 km à l’est, puis vers le Khorāsān (Le Khorāsān (خراسان) est actuellement une province orientale de l’Iran, où l’ancient Khorāsān s’étend jusqu’à Takhār, Ghazni et l’Oxus, incluant Nishapur, Herāt, Merv, Jouwayn, Bayhaq, Nasā, Sarakhs, Taloqan et Balkh. De nos jours, le Khorāsān est divisé entre l’Iran, l’Afghanistan et le Turkmenistan. La capitale de la province iranienne du Khorāsān est Meshed (Mashhad). (Al-Mounjid fil-A‘lām, Mou‘jam al-Bouldān : 2/350)) dont les habitants firent la paix avec lui le 22 H (642 EC). Ensuite, il conquit Jourjān (Gorgān) par un traité de paix, et les habitants du Tabaristān (Le Tabaristān, connu sous le nom de Mazandran en Iran actuel, est une des provinces littorale de Perse, située sur la Mer Caspienne et dont la capitale est Bābul, à ne pas confondre avec l’ancienne Babylone/Babil en Irak. (Al-Mounjid fil-A’lām)) et de Jilān (Gīlān, est une province septentrionale d’Iran dont la capitale est Rasht, située sur la Mer Caspienne et dont la région montagneuse est nommée Daylam. La soie est un produit célèbre de la région. (Al-Mounjid fil-A‘lām)) vinrent demander la paix, que Souwayd accepta de leur part, toujours en 22 H (642 EC).

 

Telles furent les victoires obtenues lors de la marche entre Hamadān et le Tabaristān.

 

 

 

Les Conquêtes de Koūfa à l’Azerbaïdjan 

Au même moment, deux autres forces marchaient sur l’Azerbaïdjan, et toutes deux participèrent à la conquête :

1. Le première s’élança de Houlwān et était commandée par Boukayr Ibn ‘AbdAllah al-Laythi. Ils marchèrent sur Garmīdān puis sur Ardabīl. Nou’aym Ibn Mouqarrin al-Mouzani envoya Simāk Ibn Kharshah al-Ansari depuis Rey pour renforcer Boukayr Ibn ‘AbdAllah qui, en route, affronta Asfandyār, le frère de Roustoum. Nou‘aym l’avait auparavant vaincu à Wajroūd et Boukayr et le mit en déroute une fois de plus et le fit prisonnier. C’est à lui que l’on doit le traité de paix avec l’Azerbaïdjan.

2. Quant à la seconde force, elle s’était mise en route de Mossoul en direction de l’ouest de l’Azerbaïdjan, commandée par ‘Outbah Ibn Farqad, qui vainquit en chemin Bahrām Ibn Farroukhzād, puis rencontra Boukayr à Ardabīl qui se rendit.

 

Ensuite, Boukayr, Sourāqah Ibn ‘Amr al-Ansari et Habīb Ibn Maslamah marchèrent sur al-Bāb, c'est-à-dire la cité de Darband (Derbent), sur la côte occidentale de la Mer Caspienne (Mer de Qazvīn), qu’ils prirent par la reddition de Shehrbrāz, le gouverneur d’al-Bāb, en 22 H (642 EC). Puis Sourāqah mourut, en ayant désigné pour successeur ‘Abder Rahmāne Ibn Rabī’ah. Pendant ce temps, Boukayr Ibn ‘AbdAllah avançait et conquit Moūqān.

 

 ‘Abder-Rahman Ibn Rabī’ah pénétra jusqu’à Balanjar, qu’il attaqua sous le califat de ‘Umar (qu’Allah soit satisfait de lui) sans que ses forces n’eurent à subir aucune perte. Son cheval blanc couvrit une distance de plus de 1.100 km après la victoire de Balanjar. Les récits historiques ne nous aident pas à déterminer la longueur exacte de cette marche mais il est clair qu’il contourna la Mer Caspienne par le nord et parvint à arriver avec ses forces à Jourjān, au sud-est de cette mer.

 

 

Les Conquêtes de Basra en Perse 

L’est et le nord-est était sous la responsabilité de la base militaire de Basra. La Perse (Fars) fut à l’origine de l’empire sassanide et avait gouverné pendant quatre siècles les territoires environnants d’Ahvāz jusqu’à l’Irak et al-Jazīrah, l’Arménie et l’Azerbaïdjan jusqu’au Kermān, le Sijistān et le Khorāsān. La Perse était l’un des pays les mieux protégés de par sa topographie naturelle montagneuse et ses nombreuses citadelles et forteresses, au point qu’Istakhri rapporta qu’elle en comportait plus de 5.000. Personne ne pouvait collecter tous les détails sur ces dernières et nul n’était prêt à essayer exepté les gens du gouvernement. La Perse était constituée de cinq régions :

 1. Arrajān : le premier plan d’Ahvāz, était la troisième plus grande région de Perse.

2. Ardsher Khourrah, sur le littoral du golfe, était la seconde plus grande région de Perse dont la capitale était Gūr ou Jūr (actuellement Ferozabād).

3. Dārābgerd (Dārābjird), dont la capitale était Dārājird et où se trouvait la cité de Fasā qui était plus grande que Dārābjird.

4. La région d’Istakhr (Pasargadae) : était la plus grande région de Perse et celle comportant le plus grand nombre de villes et de districts.

5. Shāpoūr est la plus petite région de Perse, communément connue sous le nom de Shehristān.

  

Les forces perses se regroupaient à Touwwaj en prévision de l’arrivée des Musulmans, mais les Musulmans l’ignorèrent ; ils avaient assignés trois armées pour conquérir la Perse et chaque armée marcha vers sa destination désignée, laissant les troupes perses où elles se trouvaient. Toutes ces armées avaient traversé la première région, Arrajan, dont la conquête fut accomplie par un traité de paix, sans aucun combat.

 

1. Moujashi‘ Ibn Mas‘oud Soulaymī marcha sur Shāpoūr et Ardsher Khourra et les nouvelles d’Arrajan atteignirent l’armée perse rassemblée à Touwwaj qui se dispersa, chaque unité se dirigeant vers sa ville d’origine pour la défendre. Ce fut leur première défaite, et Moujashi‘ affronta les Perses restés à Touwwaj et les mit en déroute.

 

2. ‘Uthman Ibn Abi al-‘Ās ath-Thaqafi arriva du Bahreïn avec une force navale, apportant une grande armée des tribus des ‘Abdel Qays, Azd, Tamīm, Banoū Nājiyah et autres et attaqua l’ile de Barkāwān puis, de là, avança vers Touwwaj, en 23 H (643 EC), d’après le récit le plus fiable. Dans une autre narration, il est rapporté que l’expédition débarqua sur les côtes d’Ardsher Khourreh et, de là, ils bifurquèrent vers Istakhar dont ils rencontrèrent l’armée à Jūr (actuelle Ferozabād) qu’ils vainquirent et éparpillèrent, tuant leur commandant, Shahrak.

 

3. Sāriyah Ibn Zounaym al-Kinānī marcha sur Fasā et Dārābjird et les conquit toutes les deux.

 

Moujashi‘ Ibn Mas‘oud, ‘Uthman Ibn Abi al-‘Ās ath-Thaqafi et Sāriyah Ibn Zounaym conquirent les zones rurales de la Perse.

  

Les Conquêtes de Basra à Kermān

 Souhayl Ibn ‘Adiyy marcha sur Kermān, son avant-garde étant commandée par Noussayr Ibn ‘Amr ‘Ajli. ‘AbdAllah Ibn ‘AbdAllah Ibn ‘Itbān ayant déjà achevé la conquête d’Ispahan, ‘Umar (qu’Allah soit satisfait de lui) l’envoya donc renforcer Souhayl. Noussayr vainquit l’armée de Kermān aux frontières de leur région, et Souhayl marcha sur Jīroft, alors que ‘AbdAllah avançait par le désert. Il apparait que la conquête fut achevée par Moujashi‘ Ibn Mas‘oud en 30 H (650 EC).

 

 

Les Conquêtes de Basra au Sijistān

D’après les récits les plus fiables, le Sijistān (Sistān) fut conquis par ar-Rabī‘ Ibn Ziyād Ibn Anas al-Hārithī, sous l’autorité de ‘AbdAllah Ibn ‘Āmīr, quand il se tourna vers le Khorāsān en 30 H (650 EC). Il campa à Fihraj puis marcha environ 415 km pour rejoindre la forteresse de Zaliq, située environ 28 km avant le Sijistān. De là, il marcha sur un village appelé Karkouwaih, à environ 9 km. Il campa à Roustāq Haisoūn et de là, il se rendit à Hindmand(Helmand) et traversa Wadi Noūq pour Zoūsht dont il vainquit la garnison, après quoi il marcha sur Nashroūd et en vainquit aussi la garnison. Ensuite, il marcha sur Sharwād, après quoi il assiégea Zaranj puis signa avec eux un traité. Après cela, il traversa Wadi Sanāroūd et marcha sur Qaryatayn puis retourna à Zaranj.

 

La conquête de Makrān

Makrān était un des territoires du Sindh vers lequel se dirigea Hakam Ibn ‘Amr at-Taghlibi qui y rencontra Shihāb Ibn Makhāriq, puis Souhayl Ibn ‘Adiyy et ‘AbdAllah Ibn ‘AbdAllah Ibn ‘Itbān. Ils rencontrèrent la résistance de Rasil, le Raja de Sindh, et de son armée mais le vainquirent, après quoi ‘Umar (qu’Allah soit satisfait de lui) leur ordonna de ne pas avancer plus loin.

 

La conquête du Khorāsān

Ahnaf Ibn Qays at-Tamīmi prit le commandement de l’armée pour le conquérir. Cette conquête avait une importance spéciale qui fit que le Khorāsān était le lieu où Yazdgard opposa sa dernière résistance et sa chute signifia la fin officielle de l’empire perse et sa propre fin.

Merv (Merv Shāhjān, Merv (مرو) est une ville du Turkmenistan, actuellement Mary, près de la jonction du fleuve Marghāb et du canal Qaraqoum qui nait de l’Oxus (Amou Daria (Darya)). C’était une ville oasis majeure de l’Asie Centrale sur la route historique de la soie. On pense que Merv était la plus grande ville du monde au XVème siècle. Aboū Mouslim al-Khorāsāni (mort en 750 EC) y déclara le califat abbasside. Elle fut aussi le centre du mouvement hérétique du VIIIème siècle soulevé par al-Moūqānna‘, « le voile du Prophète ». Al-Ma'moun, le calife abbaside, prit Merv comme résidence de 813 à 818 EC et le sultan Sanjar Seljouk y fut enterré. En 1221 EC, Tolui, le fils de Genghis Khan, entra à Merv dont la plupart des habitants, d’après al-Jouwaynī, furent massacrés. Il existe une autre ville nommé Merv en Afghanistan et pour faire la différence entre les deux, on appelle la première Merv Shahjān et la dernière Merv Roūd. (Mou‘jam al-Bouldān, Al-Mounjid fil-A‘lām)), où Yazdgard se réfugia, était située au bord du royaume, sa chute signifia que la dernière position de l’empire perse avait été conquise.

La marche vers le Khorāsān fut le pivot de la conquête, qui traça un chemin d’est en ouest à travers l’Iran. Ahnaf se mit en route avec ses forces depuis Basra en 21 H (641 EC), empruntant la route de Mihijān Qoudhaq, puis vers Ispahan, Tabas, après quoi il bifurqua vers Herāt et de là :

 (a) Il envoya Moutarrif Ibn ‘AbdAllah Ibn Shikhkhīr à Nishapur qui ne rencontra aucune résistance avant de l’avoir atteinte.

(b) Il envoya Hārith Ibn Hassān ad-Dawsi à Sarakhs.

 (c) Souhār Ibn ‘Ayyāsh ‘Abdi laissa pour eux une arrière-garde à Herāt, alors qu’Ahnaf avança vers Merv Shāhjān où Yazdgard avait trouvé refuge. Alors qu’Ahnaf approchait, il s’enfuit vers Merv Roūd et Ahnaf occupa la place qu’il avait laissée vacante.

 

Des renforts arrivèrent à Ahnaf depuis Koūfa et Hātim Ibn Nou’mān Bāhili fut désigné gouverneur de Merv Shāhjān. Ahnaf marcha sur Merv Roūd, après quoi Yazdgard s’enfuit pour Balkh et Merv Roūd tomba aux mains d’Ahnaf. Les Musulmans marchèrent ensuite à la poursuite de Yazdgard et affrontèrent les forces qui lui restaient ; les Perses furent vaincus et Yazdgard traversa le fleuve Balkh ou Oxus (Jaihoūn ou l’Amou Darya (Daria)). Les habitants du Khorāsān firent un traité de paix avec Ahnaf qui désigna Rib’ī Ibn ‘Āmīr at-Tamīmi comme gouverneur du Takhāristān, puis retourna à Merv Roūd. Yazdgard rechercha l’aide des voisins de son empire, les Turcs et les Soughd et, en réponse, le Khaqan des Turcs avança avec son armée, recrutée parmi les habitants de Farghanah (Ferghana) et Soughd. Cette armée était grande et Yazdgard la rejoignit et se retira avec eux. Ils traversèrent l’Oxus (Jaihoūn) et avancèrent sur Balkh. Les Musulmans se retirèrent devant eux jusque derrière les frontières de Merv Roūd puis Yazdgard et les Turcs se dirigèrent vers Merv Roūd mais y furent vaincus. Après la bataille, les Turcs firent demi-tour ou, selon un récit, repartirent sans combattre, parce que la guerre n’était pas leur soucis. Yazdgard les quitta et alla à Merv Shāhjān pour récupérer ses trésors. Il en assiégea la petite force musulmane, mais il tomba sur les habitants et des combats éclatèrent entre eux. Ensuite, Ahnaf arriva de Merv Roūd et Yazdgard s’enfuit et traversa à nouveau l’Oxus pour se rendre à Farghanah et aux Turcs. Les Perses restants firent volontairement un traité de paix avec Ahnaf Ibn Qays, en fonction duquel leur situation resterait stable. De cette manière, l’empire sassanide disparut.

 

Peu après, en 31 H (651 EC) pendant le califat de ‘Uthman Ibn ‘Affan (qu’Allah soit satisfait de lui), Yazdgard fut tué par des Perses.