LE BLOCUS D’ALGER
(1827-1830)
Voici une question restée
obscure à ce jour, et qu’il convient d’élucider à la lumière de
documents d’archives et de sources demeurées inexploitées ou
insuffisamment traitées ! De nombreux historiens se sont contentés
d’effleurer le sujet ou de résumer les différents épisodes de la
grande crise algéro-française[1],
tout en épousant la thèse, défavorable au gouvernement du Dey[2].
Cette attitude partisane amène
le chercheur à engager des investigations poussées afin de mieux
saisir tous les aspects de « la petite guerre. »
1 - Les origines du conflit
Le refroidissement des
relations entre les deux pays, puis la dégradation des rapports,
suite à de nombreux malentendus et à la non résolution des problèmes
posés[3]
et suite aux agissements peu élégants du consul Deval[4],
le tout aboutit, dès 1826, à une crise sans précédent, laquelle
crise conduira à l’expédition de 1830.
Les prétextes de la rupture ne
manquaient pas. Les historiens européens ont fait du coup d’éventail[5],
le 30 avril 1827, le point de départ du blocus. En réalité, deux
affaires avaient déjà assombri le ciel franco-algérien.
a) La
capture de deux navires romains :
La marine d’Alger avait mis la
main, en 1824, sur des bâtiments appartenant au Pape. En août 1826,
elle en arraisonna encore deux dans les conditions que décrit le
consul de France à Civita Vecchia : « Une escadre algérienne de deux
corvettes et deux bricks croise sur le mont Argentai et vient de
capturer, sous pavillon français, le vaisseau « François de Paul, »
romain de quarante-deux tonneaux venant de Gênes à Civita Vecchia,
richement chargé[6].
».
Puis ce fut le tour d’un autre
appartenant également au Pape. Conduits à Bône (‘Annâba), ils furent
déclarés de bonne prise et leurs équipages retenus prisonniers. A
cette époque, Alger ne reconnaissait pas le pavillon pontifical.
Le chef de l’Eglise sollicita
l’intervention de la France aussi bien en 1825 qu’en 1826 afin de
récupérer bâtiments, cargaisons et matelots. Les pressantes
démarches de la France étaient intéressées[7].
Cependant, le refus du Dey fut catégorique et les demandes du consul
Deval restèrent sans suite[8].
On avait prétendu que le chef
de la Régence confondait alors le Saint Siège et l’Ordre de Malte,
ce qui paraît invraisemblable : plus d’une fois, les dirigeants
d’ici eurent affaire au Vatican, notamment au sujet des captifs
algériens retenus à Livourne ou des missionnaires de la Propagande
Fide. La cause d’un tel refus s’explique plutôt par l’attitude
constamment hostile des Papes organisateurs de croisades contre la
Régence[9].
Et ce n’est pas un Dey comme Hussayn qui oublie les multiples
expéditions dictées et bénies par le chef de la chrétienté.
b) La visite
des bâtiments français :
Deux navires français, « Le
Gustave» et « La Conception» revenaient de Corse et se rendaient à
Toulon, avec des dépêches du Roi, quand ils furent arrêtés et
visités par la marine algérienne conformément aux clauses des
traités signés[10].
Aucun incident ne fut provoqué par l’opération. Le message du
commandant de la marine à Toulon, adressé à Marseille, ne laissait
rien percevoir de répréhensible dans le comportement des Raïs: « Je
suis informé, dit l’officier, qu’un des bateaux poste de la Corse, «
Le Gustave, » a été visité par une division algérienne qui paraît
avoir établi sa croisière des côtes d’Espagne aux côtes d’Italie et
qui a annoncé avoir reçu l’ordre de visiter tous les bâtiments de
quelque nation qu’ils soient, afin de s’assurer s’ils n’ont pas de
Grecs à bord. La visite qu’à reçue « Le Gustave » a été faite, avec
tous les procédés convenables, mais comme elle doit occasionner, à
ce bâtiment, une quarantaine assez longue, j’ai cru devoir vous en
donner avis[11]. »
Le consul de France et le
commandant Fleury entreprirent alors des démarches auprès du Dey,
lequel avait beaucoup de choses à dire à ses visiteurs. Il furieux
contre les agissements des Français sur la côte est du pays, malgré
les accords conclus sur le commerce et la pêche du corail[12].
Alger y voyait un dessein hostile et une violation des traités.
Seuls le temps et les circonstances étaient défavorables à une
action armée, même si le vice-consul en poste à Bône, le sieur
Alexandre Deval, neveu du consul à Alger, lançait depuis 1825, défi
sur défi aux autorités du pays. C’est pourquoi les discussions
tournèrent à l’échec.
2 - Les réactions de la
France
Devant la ferme détermination
du Dey et son refus de restituer les bâtiments du Pape, on prit
outre-Méditerranée, dès novembre 1826, la décision d’envoyer une
force navale « pour intimider le Dey et l’amener à une attitude
conforme au désir du gouvernement. » Et si les résultats restaient
encore négatifs, il conviendrait de « bloquer le port d’Alger et de
s’emparer des navires algériens qui tenteraient d’y rentrer. »
La France attendait de son
escadre qu’elle paraisse devant Alger le plus tôt possible « afin
d’y prévenir, dans l’état avancé de la saison, le retour des
armements que le Dey a envoyés en course et afin de ne pas manquer
aussi l’occasion de s’emparer de quelques-uns de ces bâtiments[13].
» Rappelons que la flotte algérienne était, à cette date, divisée en
trois parties : la première ancrée au port, la seconde sillonnait
les mers dans le cadre de la course et la troisième, engagée aux
côtés des Ottomans dans leur guerre contre les Grecs en rébellion.
Malgré le danger le Dey était
confiant ; il mit à la disposition des pèlerins désireux de se
rendre à la Mecque, trois bâtiments de guerre sous les ordres de
Mustapha Raïs pour les convoyer jusqu’à Alexandrie[14].
A Paris on attendait beaucoup
de l’apparition des vaisseaux du Roi et des menaces proférées pour
obtenir une satisfaction et, on espérait aussi que « l’exemple
encore récent du Bey de Tripoli produira un salutaire effet sur le
gouvernement algérien[15].
».
Le recours au blocus était-il
la seule solution pour faire céder Alger ? Il faut admettre que les
nombreux bombardements de la capitale depuis le XVIème siècle
n’avaient donné que de maigres satisfactions. Ils ne consistèrent «
qu’à briser des vitres avec des guinées, » comme le soulignait
d’Estaing dans sa réponse à Jefferson. D’un autre côté, pouvait-on
envisager une attaque de vive force contre une ville efficacement
défendue, qui n’aurait été possible « qu’avec d’assez grandes
difficultés et très peu de probabilité de succès, » restait donc le
blocus avec l’espoir de détruire les armements de la Régence.
Cependant, si la décision fut prise en novembre 1826, son exécution
ne démarra qu’en juin 1827. C’est qu’en hiver, le blocus d’un port,
comme celui d’Alger, était à l’époque, très difficile et « souvent,
il faudrait l’abandonner pour ne pas s’exposer à des dangers sans
compensation. » Une autre considération avait retenu l’attention du
Conseil du Roi : la flotte algérienne hivernait à Alger,
généralement, pour ne reprendre la mer qu’au printemps et pour la
surprendre, il fallait attendre le printemps[16].
La première étape se situe en
mai-juin 1827. Un mois après l’incident de l’éventail, une goélette,
entrant au port d’Alger, jeta l’ancre à l’intérieur de la rade
suivant la règle établie, à l’arrivée des navires étrangers. Le va
et vient de leurs consuls avec la chaloupe du commandant du port
était une pratique courante. Le consul Deval s’étant rendu à ce
bâtiment déclare qu’il ne partirait pas et renvoya la chaloupe
algérienne[17].
Le lendemain, le capitaine
Collet arriva dans la rade à la tête d’une escadre, porteur d’un
ultimatum. Ecoutons le Dey relater les événements de ce 13 juin : «
Leurs navires de mauvais augure, un vaisseau de deux ponts, deux
frégates et une corvette apparurent à la surface de la mer et leur
goélette qui était dans le golfe, leva l’ancre et se joint à eux. Le
lendemain, une lettre fut envoyée à leur amiral avec demande de
réponse dans les vingt-quatre heures... Cette lettre demandait
d’arborer le drapeau français à la Qasba... et de hisser au-dessous
de lui l’étendard de l’Islam et, de la même façon, à la tour de
Gueubekli, place principale de la forteresse impériale dont la
renommée est universelle. Il fallait en outre tirer cent coups de
canon pour l’annoncer, de nos tours, à tout le monde et que les
chefs de l’Odjaq impérial et les grands de l’arsenal, demeure des
combattants pour la foi, se rendissent à leurs maudits navires pour
présenter des excuses, et aussi d’autres conditions inacceptables
qui auraient porté préjudice à l’honneur de l’Islam[18].
»
Ces exigences, jugées par le
Dey, « indignes d’hommes d’Etat intelligents mais ressemblant aux
propos de fous internés dans les maisons de santé » furent rejetées[19],
sans tarder, la marine algérienne tenta d’enlever le brick « St
Joseph » et la galiote du Roi « La Torche[20].
»
Le 16 juin, la rupture était
officiellement consommée. Le but cherché par la présence de
l’escadre était de « faire naître la misère et la famine, de
provoquer une réaction et des mouvements populaires avec chance de
renverser le Dey ou de le rendre plus traitable. »
Le problème des pavillons
neutres se posa dès le début du blocus. Pouvaient-ils, sans risque,
entrer dans le port d’Alger ?
L’inquiétude des maisons de
commerce qui avaient des relations avec la Régence fut grande.
Certains pays, tenus par des traités, de fournir au Dey des présents
ou des armes, en contrepartie de la bonne harmonie avec Alger, se
demandaient comment honorer leurs engagements. Des consuls en poste
ici pouvaient-ils recevoir les plis habituels ?
Le vice-amiral, préfet maritime
de Toulon, devait dissiper par une note le moindre doute à ce sujet.
« Le blocus, disait-il, a été officiellement signifié à toutes les
puissances dès le 7 juillet 1827. » Le problème des neutres était
déjà réglé depuis le début du siècle[21].
Devant une action aussi
téméraire, la décision du gouvernement fut aussi dure que rapide.
a) A l’Est, on ordonna la
destruction des établissements français de la Calle et de ‘Annâba[22].
Les fortins furent rasés au niveau du sol et leurs occupants eurent
juste le temps de s’embarquer avec leurs armes et matériels à bord
de deux navires de Toulon.
Les postes de la côte furent
armés avec ordre de tirer sur les navires ennemis qui tenteraient de
s’approcher.
Les incidents se multiplièrent.
Le Raïs ‘Alî al-Feloujî, venant d’Alger, se trouva « serré de près
par les Français. » Etant au large de Râs al-Hamra (Cap de Garde),
il dut s’enfuir du côté de L’Edough et de là, il prévint les
responsables de Bône. Il reçut deux felouques avec des soldats armés[23].
b) C’est à Alger que les
décisions les plus importantes furent prises. Comme on craignait un
débarquement, la cavalerie fut renforcée et portée à 60.000 hommes.
Yahya Agha supervisa les dispositions prises dans les forteresses. A
Sidi Fredj, il fit élever un bastion doté de douze canons. Il
renforça la garde avec les nouveaux soldats. Les canonniers furent
requis de passer la nuit dans les forteresses pour faire face à
toute éventualité[24].
La situation de la marine
algérienne était délicate ; une partie de la flotte se trouvait en
opération, depuis 1926, en Méditerranée orientale « au service de
notre Maître fortuné, » en guerre, contre les Grecs comme disait le
Dey. On préparait, en effet, Navarin. Une autre partie sillonnait la
mer dans la guerre de course[25].
Mais le gros de la flotte était ancré dans le port d’Alger, quand
l’escadre française envahit la rade. Seules, des unités légères
furent armées pour la surveillance et pour tenter de briser le
blocus.
Cette situation rendit le baron
de Damas optimiste. Sa lettre au consul à Tunis, le 3 juillet 1827,
traduit cette confiance : « tous les armements du Dey se trouvent
resserrés dans ce port, à l’exception d’une frégate et d’une
corvette qui avaient été envoyées à Alexandrie [...]. Dans tous les
cas, les corsaires d’Alger se trouvent, maintenant, dans
l’impossibilité de nuire à notre commerce et à celui des autres
nations[26].
»
On passa l’été à s’organiser
des deux côtés et à riposter. Du côté français, on voulait bloquer
la flotte devant Alger, mais faire aussi la chasse aux bâtiments
algériens’ dans différents secteurs de la Méditerranée. Le consul
Guys fit Ravoir au baron de Damas que « la frégate « Marie Thérèse»
commandée par le capitaine Fouqué arrive d’Alger. Elle va croiser le
Cap Bon pour s’emparer des deux bâtiments algériens qui doivent y
passer en revenant du Levant[27].
c) La chasse aux navires
français se poursuivaient. Le blocus, loin d’arrêter la guerre
navale, ne fit que l’étendre en Méditerranée où les forces
françaises n’avaient jamais été aussi importantes[28].
La chasse à ses dernières, fit alors rage.
Des bâtiments algériens
réussirent à gagner le large avant et pendant le blocus. Un groupe
de quatre unités, armées de quatre à six pierriers quitta le port,
dans la nuit du 18 au 19 juin sans que la division ennemie s’en soit
aperçue et menaça le commerce et les propriétés des Français[29].
Dès le mois d’août 1827, deux navires furent capturés dans les eaux
d’Oran et leurs équipages fait prisonniers. On revint alors au
système des convois dont le coût et l’inefficacité furent étalés au
grand jour.
Un avis affiché à la bourse de
Marseille, le 6 août, avertit les bâtiments destinés pour Ajaccio «
qu’ils doivent se trouver à Toulon le 8, parce que ceux de Bastia y
sont déjà rendus et qu’il n’y a qu’une escorte pour tous, » tandis
que ceux arrivant des Terres Neuves et entrant en Méditerranée «
doivent attendre à Cadix l’escorte dont ils auront besoin pour
naviguer avec sécurité[30].
»
Les négociants et armateurs de
Marseille ayant dans la rade de Tunis un nombre considérable de
navires « qui y chargeaient de l’huile et des laines [...] se
trouvaient compromis par la guerre d’Alger et surtout après qu’il
est sorti des corsaires de cette Régence. »
Ce n’était pas seulement dans
leurs déplacements que les bâtiments français couraient le risque ;
une lettre de négociants nous l’apprend : « Ils sont en péril même à
l’ancre parce que les rades du royaume de Tunis sont très ouvertes
et sans défense. Les corsaires voisins qui se glissent à la côte
pourraient, impunément, y exercer leurs rapines[31].
»
On chercha, à partir de la rade
d’Alger et de Toulon, à prévenir le désarroi dans le commerce était
très grand. « La Faune» commandée par le capitaine Faure arriva
d’Alger... « La Vestule » prit la croisière du Cap Bon tandis que «
La Marie-Thérèse» ralliait la division d’Alger, dit un message du
consul Guys au baron de Damas[32].
Collet dépêcha « L’Eclipse, » un brick goélette qui devait « être
suivi d’un autre bâtiment pour protéger le commerce de Tunis, sous
les ordres du comte d’Oysonville[33].
» Pour sa part, le commandant de la marine à Toulon, désigna
quelques unités de guerre pour croiser dans les eaux tunisiennes
afin d’en « empêcher l’approche aux corsaires. » Les navires
marchands devaient être escortés jusqu’à Marseille. Cette mesure
était jugée indispensable à la sûreté du commerce et devait relever
le courage des marins qui ne voulaient plus hasarder en Barbarie.
Les Raïs de la Régence
déployèrent une action si intense que l’on rencontrait partout les
fameux corsaires.
Le capitaine Ch .Lefee, de
Rouen, commandant le brick « L’Edouard, » signalait à son arrivée à
Marseille que « se trouvant dans le détroit de Gibraltar, le 3 août,
vers sept heures du matin, étant par 36,40 de latitude Nord et de
4,50 de longitude Ouest, un Brick-goélette de guerre dont l’équipage
était costumé à l’algérienne, a passé près de lui, courant vent
arrière [...] qu’il y avait en vue plusieurs navires parmi lesquels
se trouvait une frégate de guerre[34].
»
Dans les parages de Tunis, la
surveillance étant stricte. Un navire français, « l’Aimable, »
chargé d’huile pour Marseille fut capturé. Reconduit à Tunis, son
chargement fut vendu aux enchères[35].
Alors, le consul de France se trouva contraint d’arrêter les départs
pour la cité phocéenne jusqu’à l’arrivée de l’escorte militaire.
Cependant, l’effort militaire de la France dans le secteur de Tunis
ne semble pas avoir porté ses fruits, comme le laisse voir la
correspondance du comte de Chabrol : « La goélette « la Cigogne »
est en route pour aller à
Tunis, seconder « la Marie THhérèse. » Mais les felouques
algériennes trouveront toujours moyen de tromper la surveillance de
nos bâtiments de guerre[36].
5 - Deux
batailles navales devant la capitale.
L’affrontement entre les deux
marines devenait inéluctable. Le premier combat eut lieu le 4
octobre 1827. Ce jour coïncidait avec la célébration de la fête du
Mawlid an-Nabawî.
Deux récits de témoins nous
donnent d’amples détails sur cet épisode du blocus[37].
Le premier est celui du Dey, lui-même, rapporté dans sa longue
lettre au Grand Vizîr.
« Nous avons équipé, dit-il,
nos onze petits vaisseaux de guerre qui se trouvaient à l’intérieur
de notre port, composés d’une vieille frégate et de bricks pour le
reste[38].
L’intérieur de ces navires fut bourré de guerriers musulmans[39].
La veille du douzième jour de rabî al-awwal de l’année actuelle de
la Victoire, après le coucher du soleil, plaçant leur confiance en
Dieu et demandant l’intercession du Prophète de Dieu [. ..] Ils ont
pris la mer[40]
et, le lendemain, jour sacré de la naissance du Prophète, les
navires des Infidèles [...] ont été en vue. Le combat dura quelques
heures après que l’ennemi, craignant d’être enveloppé et soumis à
l’abordage, fit voile, en toute hâte, à la rencontre des Algériens.
Bien que nos vaisseaux, ajoute le Dey, semblables à des dragons à
sept têtes les aient attaqués, la volonté de Dieu Très Puissant
ayant opposé un vent défavorable, nos vaisseaux ont dû rester au
rivage et ne sont parvenus, qu’à grands efforts, dans les eaux de
l’ennemi avec lequel ils se sont mesurés. Sur le champ, ils ont
allumé le feu de la guerre et, par un duel d’artillerie de plus de
trois heures, ils ont transformé la surface de la mer en une
fournaise[41].
»
Pfeiffer, chirurgien allemand
au service du Dey, fut lui aussi, le témoin de cet engagement : «
Les navires barbaresques, dit-il, entourèrent les Français et une
lutte acharnée commença. Quatre bâtiments algériens attaquèrent, en
même temps, la frégate, deux autres canonnèrent la corvette, le
brick eut à se défendre contre d’autres unités...
Les Musulmans déployèrent une
véritable fureur [...] Le feu était si vif, qu’une épaisse fumée
enveloppait les deux escadres et que dans ce nuage plein de
tonnerre, on voyait seulement palpiter, comme des éclairs la flamme
des canons. En de rares intervalles, lorsque les équipages faisaient
une manœuvre et que le vent emportait la blanche vapeur, on
découvrit les flottilles déjà criblées de projectiles[42].
»
La foule des Algérois, ceux qui
n’avaient pu se porter volontaires, suivaient anxieux sur les
terrasses, les péripéties du combat. D’après Pfeiffer, un seul
navire montra une vaillance et une habilité supérieure. C’était une
goélette commandée par le Raïs ‘Umar (qui) eut l’adresse de couper
le vent aux Français après qu’il fondit sur leur goélette et, la
maltraitant d’une façon très dure, abattit son grand mât et rompit
son gouvernail en deux[43].
Le hardi capitaine allait
l’aborder quand l’amiral français donna le signal du départ[44].
La frégate prit à la remorque la goélette en mauvais état. Puis, les
navires se mettant l’un derrière l’autre, filèrent vent côté dans la
direction de la haute mer, et furent bientôt hors de vue. A leur
tour, les bâtiments algériens regagnèrent le port[45],
après avoir beaucoup souffert. Les équipages avaient perdu du monde.
Le comte d’Attali avance « vingt morts et quarante blessé du côté
algérien... et les deux plus gros bâtiments fort endommagés. » Le
Dey par contre, affirme qu’une bataille de cette violence n’a causé
aucun dommage à nos vaisseaux, seulement un homme, de nationalité
arabe, a bu la coupe du martyr. Nous avons six blessés « tandis que,
se basant sur des lettres parvenus de Tunis et des pays chrétiens,
il signale, au sujet de l’ennemi, qu’un des grands capitaines de
vaisseau amiral avait eu la main emportée par un boulet et, en
outre, les pervers infidèles précipités dans le feu de l’enfer, les
blessés transportés dans les hôpitaux de Toulon seraient au nombre
de cinquante-six. »
Cependant, malgré les prouesses
des Raïs, le demi-échec de la marine affecta profondément le Dey
qui, dit-on menaça ses capitaines de leur couper la tête. Le consul
Sarde trouvait que l’artillerie n’était pas à la hauteur. Elle
aurait été servie par des gens sans compétence, « des marchands
connaissant, à peine, le maniement des armes. D’autre part, les
divergences et les rivalités qui divisaient les responsables, ne
furent pas pour gagner un combat[46].
Le second accrochage eut lieu
le 25 octobre 1827. Quatre vaisseaux de la Régence, armés chacun de
six pièces de canon, chacun de soixante hommes, se trouvèrent en
face de cinq vaisseaux ennemis, « La Provence, » « La Constante, » «
l’Alerte, » « la Chapenoise, » et « la Flore. Ces bâtiments
donnèrent la chasse aux Algériens. Cependant, malgré le feu
protecteur des batteries du Cap Caxine, deux unités furent détruites
et deux autres s’échouèrent sur la côte[47].
6 - Des effets peu probants.
Durant les premiers mois de
1827, on affichait, de l’autre côté de la Méditerranée, une sérénité
et une foi dans l’œuvre entreprise. On fondait aussi beaucoup
d’espoir sur un succès de taille. Dans le discours du trône, le 5
février 1828, le Roi affirmait qu’ « un blocus rigoureux dont le
terme est fixé au jour où j’aurais reçu la satisfaction qui m’est
due contient et punit Alger et protège le commerce français. » Un
mois après, La Ferronnays, Ministre des Affaires Etrangères ajoutait
: « Nous avons lieu de croire jusqu’à présent que le blocus suffira
pour obtenir les satisfactions exigées sans qu’on ait besoin de
recourir à d’autres moyens[48].
».
Malgré cet optimisme délirant,
l’année 1828 fut très riche en activité corsaire. Paris Gaetani, du
brig sarde « l’Union, » parti de Gibraltar, le 29 janvier, arriva à
Dieudonné le 22 février. Mais ayant relâché à La Roquette, près
d’Alméria, il y trouva mouillés cinq bâtiments français et il fit, à
son insu, la découverte suivante : un bateau de construction
valencienne « mâté et voilé de même, » vint mouiller près de brig «
l’Union. » L’officier put voir que ce bateau avait à son bord « une
cinquantaine d’hommes, tous habillés à la turque. » Il se rendit
alors avec son canot à bord du brigantin « Le Bon Barthelemy » pour
avertir les deux frères Roux que le bateau mouillé à leur côté...
était un corsaire algérien. On alerta le capitaine du port et les
commandants des autres bâtiments français. Il fut question de réunir
les cinq équipages pour attaquer, mais la proposition du capitaine
Paris Gaetani ne fut pas retenue[49].
Plus on croyait les Algériens
étouffés par le blocus, plus ces derniers se montraient
entreprenants. N’a-t-on pas vu treize capitaines de navires adresser
à la Chambre de Commerce de Marseille, une pétition dans laquelle
ils exposaient que la crainte des corsaires algériens s’oppose à
leur départ qu’ils ne veulent effectuer que sous escorte. » Ils
suppliaient la Chambre « d’intercéder pour eux auprès de M. le
Commissaire général de la Marine pour que cet administrateur expédie
à Marseille, au plus tard le 5 juillet, un navire de guerre qui
puisse les convoyer jusqu’à Gibraltar[50].
»
Dans ce long conflit, Mahon
jouait un rôle de relais à la marine française. Les navires reliant
Marseille à la rade d’Alger y passaient. Il y avait aussi des dépôts
de vivres et les bâtiments affectés au blocus y venaient
régulièrement s’y ravitailler. C’est là que les Raïs les
attendaient. Le consul de France, dans cette ville, s’adressant à
son ministre, lui fit le récit détaillé de la présence d’un bâtiment
algérien dans ce port et l’incapacité de deux vaisseaux français de
s’en saisir. Armé de six canons et portant soixante hommes
d’équipage, commandé par ‘Arif Raïs, il était sorti d’Alger depuis
25 jouis... A cause du temps, il se réfugia à Mahon. Le consul en
avertit deux commandants qui s’y trouvaient et on prit toutes les
dispositions nécessaires pour le clouer et pourtant... il quitta les
lieux sous le nez des officiers chargés de le prendre... puis, on le
repéra près des côtes de Sardaigne. Un brick français, « l’’Alerte »
quitta la rade d’Alger et partit à sa recherche. Il ne le trouva
jamais[51].
Le 29 août, eut lieu la prise
du brick « l’Amitié » de Saint Brieuc, escorté pourtant par le
navire « La Fauvette, » à l’ouest de Cadix, dans les circonstances
que voici : « parti de Marseille vers l’Océan, il fut attaqué par
deux balancelles algériennes qui venaient de capturer deux bricks :
« l’Albine » et « la Marie Joseph. » La première prise fut conduite
à Tétouan, la seconde à Larache (al’arâ’ich). Les bricks étaient
richement chargés[52].
Un mois après, « le Solitaire » et « l’Adèle » tombèrent à leur tour
tout près de Palma. Conduits dans ce port, ils furent déclarés de
bonne prise par les autorités espagnoles.
L’inquiétude gagna les
autorités maritimes de France. Les dépêches signalaient les unités
algériennes çà et là et même, « à deux lieux environ au sud du Cap
Couronne[53].
» Et tout le monde alertait tout le monde.
Le commandant Blanchard du
brick français « la Jeune Indienne » venait de Saint Pierre
(Martinique) et à peine arrivé dans le Cap de Gâte, il était déjà
mis en garde par le capitaine d’un brick du Roi « de se méfier d’une
balancelle corsaire algérienne[54].
» La hantise du chébec était si grande qu’on le voyait là où il
n’était pas. Dans une lettre. Le commandant de la frégate «
l’Euphigénie » fait le récit d’une drôle de méprise : un bâtiment à
trois mâts, vue par l’avant, au mouillage de Bougie venait d’être
signalé comme pouvant être une corvette algérienne. « L’Euphigénie »
et le brick « le Voltigeur » furent envoyés vers ce point et au
moment où toutes les dispositions étaient prises pour l’enlever ou
le détruire, au mouillage même sous les batteries de la ville, cette
corvette... s’était transformée en ... navire marchand toscan[55] !
Quant à la flotte retenue dans
le port, les craintes qu’elle inspirait n’étaient pas des moindres.
On s’attendait à des sorties ravageuses surtout à la faveur de la
nuit. Le Préfet Maritime de Toulon prévenant le Commissaire de la
Marine à Marseille lui dit dans un message : « Le commandant du
blocus d’Alger me prévient que deux corsaires de cette Régence sont
prêts à sortir du port. Comme il serait impossible qu’ils
parvinssent à tromper la vigilance de nos croiseurs, prévenez en la
Chambre de Commerce pour qu’elle engage les bâtiments de convoi à ne
pas s’écarter de leur escorte[56].
Les craintes finirent par
gagner de nombreux capitaines qui, au moindre soupçon, abandonnaient
leur navire. Ce fut le cas, notamment, de ceux du « Saint Joseph »
et du « Mont Blanc » de Morlaix. Quant au capitaine Herve, terrorisé
à la simple apparition d’une silhouette, if quitta lâchement son
navire en abandonnant son équipage... et la silhouette s’avéra un
garde-côte espagnol !
Plus le blocus durait, plus le
mécontentement se généralisait en France. Une pareille entreprise
était jugée avec sévérité. Le coût de l’opération était un argument
contre.
« De tous les moyens, s’écriait
Laborde ainsi que l’avait annoncé le discours de la Couronne en
1827, le moins efficace était, sans doute, celui qu’on a employé, le
système du blocus qui, depuis trois ans, coûte à la France plus de
vingt millions sans résultat. En effet, si on s’approche trop de la
terre, on court le risque, en un moment, d’être affalé à la côte et
brisé sur les rochers. Si on tient trop la haute mer, il n’y a plus
de blocus[57].
Le premier but assigné à
l’entreprise était d’intercepter toute communication entre la mer et
les ports assiégés de la Régence. Il n’était pas atteint. « Des
corsaires, sortis d’Alger, constatait un responsable, se sont
répandus impunément dans la Méditerranée et ont déjà fait à notre
commerce des prises qu’ils sont allés vendre à Oran d’où ils
paraissent être rentrés, tranquillement, pour en sortir à nouveau !
»
A la déception des Français,
s’ajoutait celle de la chrétienté. Le début du blocus avait fait
naître beaucoup d’espoir en Europe, « Le Saint Siège, la Toscane,
l’Italie toute entière, attendaient les résultats avec anxiété. » Le
blocus avait ranimé la confiance et l’espoir des Etats de la
Péninsule. Mais voici que leur sécurité s’était évanouie « en
apprenant que les corsaires algériens continuaient d’infester la
Méditerranée[58].
» On ne comprenait pas l’inactivité de l’escadre dont les bâtiments
éprouvaient des avaries. Les marins exposés aux maladies furent, les
uns emportés par la mort[59],
les autres démoralisés et affaiblis par un séjour éprouvant. «
Pendant trois mortelles années, écrit Nettement, mener la même vie
sur la même mer, se promener sur le même tillac, en vue de la même
côte, avec les mêmes compagnons, savoir d’avance que le lendemain
ressemblera au jour, comme le jour ressemble à la veille, c’est là
pour les jeunes marins, chose plus difficile que de braver les
périls de la tempête ou les dangers de la guerre[60].
».
Le commerce français fut touché
directement. Les négociants de Marseille disaient que le blocus «
n’a pour le Dey que des inconvénients bien moins graves que ceux
dont nos armateurs se plaignent. » Du Petit Thouars affirmait qu’il
n’y a pas eu de destruction de navires algériens « parce qu’aucun
n’a pris la mer, il n’y a pas eu de prise sur le commerce algérien
parce que Alger n’a pas de commerce, le blocus n’a pas réduit le
Dey, parce qu’un blocus est inévitablement inefficace pour réduire
Alger[61].
»
Les responsables du blocus
semblent avoir méconnu les remarques de l’Amiral Ruyter[62]
consignées dans une de ses lettres: « Je suis d’opinion, dit-il, que
le dessein de tenir la ville d’Alger assiégée un an entier par eau
ne peut être exécuté sans beaucoup de risques parce qu’en hiver,
lorsque les vents viennent à se renforcer du Nord et à faire enfler
la mer, les vaisseaux sont trop violemment battus des vagues et des
brisants qui sont dangereux à cause de peu de profondeur. Ainsi, on
a toujours à craindre les périls auxquels les Algériens mêmes furent
exposés au mois de décembre 1662, car ils perdirent alors quatorze
de leurs vaisseaux et sept prises qu’un vent forcé du Nord fit périr
aussi bien au dedans du môle qu’au dehors. »
Les résultats furent en fin de
compte très maigre. Clossoles ne s’empêcha pas de dire : « Le blocus
fatigua nos marins bien plus que les sujets de la Régence[63].
»
8 - Les effets de l’opération sur le pays.
On ne peut nier que la Régence
connut des entraves à des échanges commerciaux. Le gouvernement vit
ses revenus de la mer tomber sérieusement. Pour limiter la portée du
blocus, on se retourna vers l’intérieur, on en tira les denrées
indispensables à la vie de la capitale. La différence de valeur des
objets importés sur ceux emportés restait, en fin de compte, en
Algérie. Les campagnes répondirent, dans l’ensemble, aux besoins. Le
commerce s’alimentait par le Sud, par Tunis ou par le Maroc. On
n’était point aux abois pour céder. Si le blocus a exacerbé la
population de la ville[64],
il ne l’a pas entraîné dans l’insurrection. Dans Alger, on trouvait
bien des produits européens transitant par Oran et Bône (‘Annâba)
qui recevaient des navires anglais abordant de Gibraltar ou des
bâtiments italiens venant de Livourne[65].
Du côté de la mer, les choses
se dégradaient pour la marine de la Régence. Le blocus permit, selon
le Dey, « aux navires des brigands grecs, au nombre de plus de
quinze, de croiser depuis Tripoli jusqu’au détroit de Gibraltar,
attaquant et mettant en fuite les Musulmans[66] ».
A Oran, la vigilance était
molle. Alors que le brick « l’Adonis » se trouvait en mission de
surveillance devant la ville, le capitaine Ropert réussit un coup de
main audacieux. Le 14 mai 1828, il apprit par un navire toscan qui
sortait d’Oran, qu’il y avait dans le port un navire de Marseille
capturé sur la côte d’Espagne. Il fournit toutes les indications
utiles permettant la prise du bâtiment. Aidé par le brick «
l’Alerte, » le capitaine Ropert monta son opération et malgré
l’alarme donnée par le garde du port, le bateau fut remorqué et
emmené.
9 - Comment sortir de l’impasse.
L’absurde guerre avait, de plus
en plus, d’adversaires en France. Pour en finir, on envisagea
d’autres solutions dans l’espoir de faire plier le Dey.
Aujourd’hui, on dirait la
guerre psychologique. Par l’usage de faux bruits, de nouvelles
alarmistes, de rumeurs de débarquement, on chercha à faire peur, à
terroriser le Diwân et les dignitaires. Le 4 septembre 1827, le Dey
fit lire au consul sarde, chargé des intérêts français, un article
de la Gazette de Génova et dans lequel il était question des
effectifs de la flotte française de guerre. On parlait de deux cents
unités ! Il n’échappa à personne que l’article, visiblement inspiré,
tendait à intimider les dirigeants algériens[67].
b)
L’occupation d’Oran et de Bône :
On était, en effet, à la
recherche d’une solution de rechange. Le 15 mai 1829, une commission
de marine réunit trois vice-amiraux, un contre-amiral, un capitaine
de vaisseau, le secrétaire général de l’Amirauté ainsi que des
fonctionnaires civils et militaires. Le consul Deval y assistait.
Présidée par le Ministre de la Marine et des Colonies, la réunion
avait, à son ordre du jour, l’occupation d’Oran ou de Bône par la
force. Un succès pouvait mettre fin à cette interminable guerre
d’Alger.
On prétendait alors qu’avec
deux mille hommes à peine l’occupation d’une de ces villes était
possible. Les stratèges préféraient une action contre Bône. Les
mobiles économiques n’étaient pas absents dans le choix. Cependant,
le projet fut rejeté par le Ministre des Affaires Etrangères qui
s’en tenait à la négociation avec Alger pour clore le différend[68].
Le choix de l’envoyé se porta
sur La Bretonnière pour mener à bien les pourparlers. Chargé d’une
mission auprès du Dey, il devait arriver à une transaction avec ce
dernier, la France étant revenue sur ses premières exigences. Mais,
quand l’envoyé spécial se rendit, le 31 juillet 1829, à l’audience
accordée par le Dey, les marques d’hostilité l’attendaient sur son
chemin. Trois chaloupes provenant des frégates françaises «
l’Euphigénie » et « la Duchesse de Berry, » débris du drame du 18
juin[69],
furent placés sur le passage de la délégation. « De jeunes Algériens
frappaient dessus afin d’attirer l’attention des Français sur ces
objets[70].
Le 2 août 1829, les
propositions françaises furent rejetées. Le 3, vers midi, le
vaisseau parlementaire « la Provence » essuya un tir des batteries
du Fanal, puis une canonnade à boulets[71].
L’Allemand Pfeiffer nous en
donne les raisons : « Le vaisseau français dériva vers les grands
forts, trois fumades, faites selon l’usage, avec de la poudre brûlée
à l’air libre lui donnèrent, inutilement, avis de s’éloigner ou de
mettre en panne sans qu’il répondit à cette invitation et que ce fut
alors que commença la canonnade[72].
»
Qui donna l’ordre de tirer ?
Sur ce point, plusieurs versions s’affrontent. L’Algérois az-Zahhâr
affirme que le Pacha (Dey) ordonna à Wakîl al-Hardj et au Bachtobjî
de tirer sur le vaisseau, si, dans un délai de deux heures, il était
encore au port. Le temps imparti s’étant écoulé, on le bombarda[73].
Par contre, Hamdân Khûdja dit
que le Dey est absolument étranger à cet incident[74],
mais l’historien ajoute que si le chef de la Régence avait nommé, à
la tête de la marine, un homme digne de ce poste, la guerre n’aurait
pas eu lieu.
Le consul de Sardaigne fit
supporter la responsabilité du grave incident à deux hommes : Wakîl
al-Hardj « l’homme le plus ignorant, le plus acharné contre les
Français et contraire à la paix ainsi que tous ceux qui l’entourent
à la marine. » Le deuxième est le consul de Naples « qui guidait le
Dey par ses intrigues [...]. La conduite infâme de cet indigne
employé pendant cette négociation à mettre les plus grands obstacles
au progrès de l’heureuse réussite qu’on déjà espérait [...] puisque
j’avais presque décider Le Dey à envoyer l’officier de marque à
Paris [.. .] Je ne puis concevoir comment la cour de Naples ait pu
confier une charge aussi honorable à un homme aussi obscur que
grossier car il était pêcheur de corail. »
Il y avait aussi l’Angleterre
qui veillait et soufflait sur le feu. Ecoutons le diplomate sarde :
« Il arrive, très fréquemment, des bateaux de guerre anglais et, par
une fatalité inconcevable, ils précèdent toujours de près les
parlementaires ou bien, ils se trouvent aux époques où il y a
quelque opération importante à la négociation. Le « Pilorus »
destiné à croiser dans toutes les côtes d’Afrique, commandé par le
capitaine Guin, se trouve ici à l’ancre depuis avant-hier au soir.
Le commandant est à terre et il s’arrêtera sept à huit jours. Ils
apportent des nouvelles obscures. »
Pendant qu’on préparait la
solution militaire, le blocus n’était au juste qu’une entreprise
d’attente. Puisque Alger s’était montré, encore une fois,
imprenable, il fallait se décider à son investissement du côté de la
terre. C’est pourquoi le blocus commencé le 16 juin 1827, devait
prendre fin ce 14 juin 1830, le jour du Débarquement à l’Ouest de la
capitale.
On s’était posé la question sur
les possibilités qu’avait Husayn de rompre, à son avantage, la
longue présence française devant la capitale. Avait-il songé à
d’autres plans pour vaincre ? A première vue, la chose aurait été
impossible tellement les erreurs commises étaient graves et
nombreuses. D’abord, le gouvernement avait, depuis toujours et
imprudemment, tout concentré dans Alger : navires, arsenaux,
établissements maritimes, dépôts, canons et munitions. Il n’avait
jamais voulu ou su exploiter les nombreux avantages qu’offraient les
ports et rades du pays. De l’Ouest à l’Est, de Honaïn à Bône,
plusieurs points pouvaient reprendre l’activité d’Alger. Bougie
avait un bon mouillage et une position telle qu’on pouvait, suivant
les anglais, y construire un second Gibraltar. Les ports d’Oran et
de Mars al Kabîr ne manquaient pas d’atouts. Leur arrière-pays était
riche. Mais ces points étaient mal entretenus et dépourvus
d’infrastructure. Le cas de Bône par exemple. Le Raïs ‘Alî
al-Fellouji, venant d’Alger, parvint à ce port malgré le blocus
décrété par les Français. L’artillerie de la ville n’était pas
entretenue. Le Raïs s’en chargea alors que cette besogne incombait
d’habitude « au canonnier en chef qui doit surveiller l’entretien
des affûts et des accessoires, mais cela avait été négligé durant
ces derniers temps[75].
»
D’autre part, le Dey, entêté de
son droit et fameusement soutenu par quelques puissances[76]
dont l’Angleterre « attendait avec patience que la tentative navale
échouât comme toutes celles qui l’avaient précédée[77].
» Et, « La petite guerre » devant Alger céda la place à une grande,
déclenchée à partir de Sidi Fradj.
[1]
Sur le blocus : Rozet et Carette, L’Algérie, p. 28 ;
Mercier (E), Histoire de l’Afrique septentrionale,
III, 526-532 ; Grammont, Histoire d’Alger, pp.
390-392 ; Esquer, La prise d’Alger, Chap. III et IV ;
Julien (Ch.A), Histoire de l’Algérie contemporaine,
pp. 21-26 ; Feraud (Ch), Destruction des Etablissements
français de La Calle en 1827, R.A., pp. 421-436.
[2]
Nettement, Histoire de la Conquête d’Alger, Lecoffre,
1856, p. 140 à 148.
[3]
Dont la très louche affaire du règlement des créances Bacri
et Bouchnaq, les puissants négociants juifs d’Alger.
On relève, dans le Mémoire de
Saint Martin, rédigé en 1827, ce qui suit : « La justice
dans ces contestations était, il faut en convenir, du côté
des Algériens. Les décrets violents du gouvernement impérial
contre le commerce anglais et la navigation des neutres
ainsi que le refus ou tacite ou formel d’exécuter les
clauses du traité du 17 décembre 1801 qui rendait les deux
gouvernements français et algérien solidairement
responsables des créances réciproques de leurs sujets...
furent les causes de ces dissensions. Le refus constant que
faisait la France de donner attention aux réclamations bien
ou mal fondées des négociants de la maison Bacri, avait fini
par aigrir la Régence. Les Algériens hors d’état d’obtenir
justice se la firent violemment. » (A.N. Aff.Etr.
Mémoires et Documents, 1825-1830, t. 11).
[4]
Pierre Deval fut consul à Alger du 20 août 1815 au 11 juin
1827. « Il était, écrit Ch.A Julien, unanimement considéré
dans les ports méditerranéens comme un homme taré qu’on
pouvait, à bon droit, suspecter. Agé de cinquante-cinq ans,
il avait une longue expérience des pays musulmans [...] Il
avait acquis plus de souplesse, d’humilité intéressée et de
sens des intrigues que de capacités diplomatiques. A Alger,
on le tenait pour un proxénète, un homme assez soucieux du
droit des gais. » (Histoire, p. 24).
[5]
Le coup d’éventail n’est qu’un futile prétexte. La France
avait subi, auparavant, de plus graves humiliations. A-t-on
oublié les coups de canons que plusieurs fois Don Miaule de
Portugal avait fait tirer sur les vaisseaux français « sans
que jamais on eut songé à armer seulement une frégate pour
demander réparation ? »
Que de vaisseaux endommagés ou même détruits ! Que de
dangers pour les marins !
« Chaque fois, écrit
DJ. Montagne, que cet attentat s’est renouvelé, on s’est
contenté de l’explication donnée par un ministre et du
simulacre d’une destitution contre le chef militaire qui
avait été l’instrument de cette grave insulte. » (Physiologie
morale et physique d’Alger, pp. 101-102).
Deux consuls de France en poste à
Alger, Le Vacher et Poile, furent attachés le premier en
1683, le second en 1688 à la bouche du canon et exécutés
sans provoquer autre chose que la conclusion en 1689, d’un «
traité de paix centenaire. »
[6]
A.C.C.M. Série M R.46 141, Lettre à Mlle Président du
Conseil du Commerce de Marseille.
[7]
A peine Paris s’était-il manifesté que le Souverain Pontife
s’empressa d’ordonner que les navires français fussent admis
et traités, désormais, dans les ports romains au même titre
que ceux de ses sujets.
[8]
Devenu exigeait le respect du pavillon papal au mépris de
l’ordonnance du 3 mai 1781 interdisant aux consuls de «
recevoir aucune commission ou mission de puissances
étrangères. »
[9]
A.N.Aff.Etr. Mémoires et Documents, (1825-1830), t.
11.
[10]
Voir l’article IV du traité franco-algérien du 7 septembre
1719.
[11]
A.C.C.M. Soie M R 46 1 41,19 août 1826.
[12]
Sur les travaux entrepris à La Calle, Nettement (Histoire,
pp. 143-144). On y éleva de véritables forteresses dotées
d’armes et avec présence d’officiers et de soldats. On
raconte que le Dey, apprenant ces mesures, s’écria qu’il ne
souffrirait jamais un seul canon infidèle sur le territoire
algérien.
[13]
Lettre au Comte Chabrol, Ministre de la Marine (A.N.
Mémoires et Documents, t. 11).
[14]
Zahhâr, Mudhakkirât, p. 170.
[15]
Allusion à la guerre entre les Etats-Unis et la Régence de
Tripoli et au blocus de cette ville, 1801- 1805.
[16]
A.N.Aff.Etr. Mémoires et Documents, 111, Algérie
(1825-1830).
L’idée d’un blocus de
la capitale n’est pas nouvelle. Déjà, Jefferson avait son
projet : « Le blocus perpétuel d’Alger par une flotte
internationale. » Il avait sollicité l’opinion de d’Estaing
qui lui avait répondu : « qu’en bloquant Alger, à l’aide de
navires solidement ancrés et amarrés et réunis les uns aux
autres par des câbles et des chaînes de fer, cette cité
serait bien vite dans l’obligation de demander la paix. »
(Dupuy, Américains et Barbaresques, p. 31)
La ville avait connu, en 1824, un
petit blocus, celui de l’Anglais Neal qui décréta que « les
ports de la Régence ont été déclarés en état de blocus et
que toute communication avec ces ports se trouve interdite.
» Entreprise en mars, la tentative fut levée le 26 juillet,
sans résultat.
[17]
Lettre du Dey au Grand Vizir à Istambûl, trad. et publ. E.
Kûran, R.A., 1952, pp. 188-195, Le document est daté du
dernier jour de jumâdâ al ûlâ 1243 de l’H (19 décembre
1827).
[18]
R.A., 1925, p. 190.
[19]
« Je m’étonne, aurait dit Husayn, que les Français ne me
demandent pas aussi ma femme ! »
[20]
A.C.C.M. Série MR 46.1.41.
[21]
Au terme de l’article XII de la Convention du 8 vendémiaire,
an IX, entre la République Française et les Etats-Unis, «
l’entrée des ports ennemis de l’une des deux nations,
bloqués, assiégés ou investis par ses forces, est absolument
interdite aux bâtiments de toutes espèces de l’autre, et
vice-versa. » Lettre du Chargé du Service d’Etat-major au
citoyen Dolier, Président du Conseil de Commerce à
Marseille, 21 pluviôse, an X (A.C.C.M. Série M Q 5-2,
Algérie An X- 1834).
Signalons que le 15
octobre 1803, le blocus de Tripoli reprit et le 18, le
consul des Etats-Unis à Marseille notifia la mesure au
Préfet Maritime des Bouches du Rhône. Dès le 23, l’affaire
fut évoquée par la chambre de Commerce qui dénonça « le
funeste effet du blocus sur le commerce des neutres. »
Répondant à l’indignité des
Marseillais (qui ne seront pas indignés en 1827), Talleyrand
soulignait, le 29 février 1804, que « le droit de blocus
était reconnu aux Américains par leurs conventions avec la
France et, d’une façon générale, par les conventions
maritimes qui règlent, en temps de guerre, les rapports des
neutres avec les puissances belligérantes (J.Reynaud, Revue
de la C.C.M. n° 541, février 1945, pp. 24-25).
[22]
Sur ces faits, Feraud, « La Destruction des
Etablissements français de La Calle en 1827, d’après les
Documents Indigènes, » R.A., 1873, pp. 421-437.
[23]
Feraud, R.A., 1873, p. 426.
[24]
Zahhâr, op. cit., p. 163.
[25]
En août 1827, le Raïs ‘Alî al-Buzarrî’î, monté sur un
chébec, amenait d’Oran une prise chargé de savon et de...
vin dont le produit était « de 150 douros de France (45 750
francs). Deux mois plus tard, deux chébecs français furent
capturés. Leur produit atteignit 11 333 boudjouds (20 399
francs). Quelques jours après, deux chébecs d’Alger
amenaient une autre prise d’Oran. Puis ce fut le tour du
Raïs ‘Alî al-Miyûrqî, qui venant de Tunis, ramenait une
prise dont le produit était de 39 142 riais (29 356 francs).
(Devoulx, Registre, R.A., 1872, pp. 302-303).
Le 26 septembre 1827, les
corsaires d’Alger capturèrent deux bâtiments espagnols qui
furent ramenés à Alger et les équipages faits prisonniers.
(Modica, « Le Rôle du Comte Dattili, » B.S.G.A.,
1/1914, p. 82).
[26]
Plantet, Correspondance des Beys de Tunis avec la Cour de
France, III, p. 634, Lettre du 3 juillet 1827.
[27]
Plantet, op. cit. Lettre du 5 juillet 1827.
[28]
Dès juillet 1827, la France plaça en Méditerranée des forces
navales bien supérieures à celles qu’elle avait coutume d’y
entretenir :
L’escadre du Levant : 23
bâtiments dont 4 vaisseaux prêts à opérer sous le
commandement du contre-amiral de Rigny ; une division navale
de bâtiments, bientôt portée à 12, s’établit en croisière
devant les ports de la Régence d’Alger sous les ordres du
capitaine de vaisseau Collet ; 6 autres navires
patrouillaient en divers points de la Méditerranée (Cap Bon,
Côtes d’Italie, Baléares) ; quatre bricks et des goélettes
employés à convoyer les navires de commerce sur les lignes
principales: Marseille/Cadix et Marseille/Archipel. La
Méditerranée occupa, à elle seule, près de 50 bâtiments de
la marine royale.
[29]
A.N.Aff.Etr. Mémoires et Documents, t. 11
(1825-1830).
[30]
A.C.C.M. Série MR 46 1 41, Lettre du vice-amiral, Préfet
Maritime à MM. du Commerce adressée de Toulon, le 4 août
1827.
[31]
A.C.C.M. Lettre des négociants de Marseille à MM. du
Commerce. 23 juillet 1827.
[32]
Plantet, Correspondance des Beys, III, p. 637, Lettre
du 4 septembre 1827.
[33]
Plantet, Correspondance, III, p. 638, Lettre de Guys
au Baron de Damas. Tunis. 20 septembre 1827.
[34]
A.C.C.M. Série MR 46 1 41
[35]
A.C.C.M. Série MR 46 141, Lettre des négociants de Marseille
à MM. du Commerce, 27 août 1827.
[36]
Plantet, Correspondance, III, p. 637, note 3, Lettre
au Baron Damas.
[37]
L’algérois az-Zahhâr, témoin oculaire des combats, reste
étonnamment concis (Mudhakkirât, pp. 163-164).
[38]
Si le nombre des navires a fait l’unanimité ou presque des
historiens, le type des bâtiments et leur puissance de feu
non ! En voici deux exemples :
Devoulx : -1 frégate
(al Tulûniva) 50 canons.
- 1 corvette (al
Fasiya) 40 canons.
- 1 corvette (Muchar
Tawfïq) 36 canons.
- 1 corvette (qâra) 24
canons.
- 1 polacre à 3 mâts,
20 canons.
- 1 brick (ni’mat al
Hudâ) 16 canons.
- 1 goélette (fatiya)
16 canons.
- 1 goélette (al
Mansûr) 24 canons.
- 1 goélette (Thawriya)
12 canons.
- 1 goélette 14 canons.
(R.A., 1869, p. 420).
Nettement : - 1 grande
frégate portant des canons de 18
- 4 corvettes de 20 à
24 canons de 18
- 6 bricks ou goélettes de 6 à 8
pièces de 12 (Histoire de la Conquête, pp. 160-161).
[39]
On évalua les volontaires à 3.000 hommes.
[40]
Soit pour briser le blocus, soit pour gagner le large et se
répandre en Méditerranée et dans l’Océan afin de porter des
coups au commerce fiançais comme le précise une lettre des
Intendants de la Santé à MM. du Commerce, 12 octobre 1827,
(A.C.C.M. Série MR 46.1.41)
[41]
R.A., 1952, p. 193.
[42]
Un des rares récits de la bataille vue de l’intérieur, est
donné par un jeune allemand, Pfeiffer (son mémoire fut
traduit et publié par A.Michels, R.A., 1875, p. 479).
[43]
Husayn Dey explique autrement le comportement des autres
navires : « Trois de nos vaisseaux, dit-il, à cause du vent
défavorable sont restés sans mouvement et n’ont pu
participer au combat. »
[44]
Qui, le premier, avait abandonné le combat ? Les Algériens
d’après Nettement se basant sur le rapport de Collet ; les
Français d’après Pfeiffer et le livre intitulé Daftar
Tachrifât.
[45]
Le consul Dattili, chargé des intérêts fiançais affirme que
« l’histoire d’Alger ne signalait, jusqu’à ce moment-là,
aucun combat naval » (B.S.G. A., 1914, p ; 89) ce qui est
manifestement inexact.
Le capitaine anglais Walter
Crocker fut, en août 1815, le témoin d’une bataille navale
dans la baie d’Alger. « Deux heures avant mon arrivée à
Alger, dit-il, je rencontrai l’escadre hollandaise de cinq
frégates, une corvette de vingt canons et un brick. Le
lendemain matin, vers cinq heures, j’aperçus une frégate
hollandaise tirant des coups de canon sur une corvette
algérienne de vingt-quatre canons. Elles combattirent en
retraite et bientôt après, les deux autres frégates
hollandaises firent feu sur la corvette. On poursuivit le
combat de part et d’autre jusqu’à six heures et demie que
l’Amiral hollandais fit le signal de ralliement à son
escadre. Les batteries d’Alger commencèrent à tirer sur
l’escadre hollandaise qui partait au large... A peine
l’Amiral hollandais avait-il rappelé son escadre qu’il
arbora le pavillon de trêve qui fut accueilli avec grand
mépris par les Algériens ; car le Dey ordonna au consul
anglais de dire à l’Amiral hollandais qu’il pouvait amener
son pavillon blanc, le Dey ayant intention d’envoyer sa
flotte l’attaquer... je n’ai perdu aucune occasion
d’observer tous leurs mouvements. (A.N.Aff.Etr. Mémoires
et Documents, Afrique 5 (1755-1830), p. 271)).
[46]
Peu de temps après, arriva dans la capitale une autre
mauvaise nouvelle : le désastre de Navarin où la flotte
algérienne était engagée. La bataille décisive eut lieu le
20 octobre 1827. La flotte tunisienne fut détruite à
l’exception d*un brick et d’une goélette.
[47]
Nettement prétend qu’après l’engagement du 4 août,
commençant près de 3 années d’immobilité. Devoulx affirme
que cette tentative fut le dernier effort de la marine de la
Régence « bloquée étroitement dans son repaire, la flotte
algérienne ne devait plus sillonner ces mers où pendant si
longtemps, elle avait été l’effroi des chrétiens, » (R.A.,
1829, p ; 420).
[48]
Esquer, La prise d’Alger, pp. 87-88.
[49]
A.C.C.M. Lettre du 25 février 1828. On apprit par la suite
que ce bateau algérien était anciennement sous pavillon
colombien, qu’il fut capturé par les Raïs qui ignoraient
tout de ce pavillon. Amené à Alger, il fut armé pour la
course.
[50]
A.C.C.M. Série MR 46.1.41 (Voir le document y afférent).
[51]
A.N.Aff.Etr. Mémoires et Documents, t. III (1828),
Lettre du 29 février où le diplomate accuse les deux
officiers d’insouciance.
[52]
Navires et cargaisons se trouvaient encore dans les ports
marocains en 1832 et le dépérissement en fit tomber le prix.
[53]
Lettre du conseiller d’Etat, Préfet à la Chambre de Commerce
le 29 juin 1829.
[54]
Lettre de juillet 1829.
[55]
Lettre du 4 avril 1829.
[56]
A.C.C.M. Série MR 46.1.41.
[57]
« Au Roi et aux Chambres, » pp. 82-83.
[58]
A.N.Aff.Etr. Mémoires et Documents, t III (1828),
Note du 19 janvier 1828.
[59]
Collet mourut le 20 octobre 1828 et La Bretonnière lui
succéda immédiatement.
[60]
Nettement, Histoire, p. 162.
[61]
Lettre du 20 septembre 1827, dans Nettement Histoire, p ;
151.
[62]
Amiral hollandais (1607-1676). Il arrêta la flotte
franco-britannique en Zélande en 1671.
[63]
L’Algérie pittoresque,
II, p. 11.
[64]
Zahhar, seul, exprime le mécontentement des soldats qui,
exténués par « l’effort fourni, » souhaitaient la victoire
de l’ennemi pour en finir, et la situation des citadins qui
« n’en pouvaient plus » ou bien parle d’un complot ourdi
contre le Dey à Sidi Benour à Bouzaréah... (Mudhakkirât,
pp. 164-168).
[65]
Plantet, Correspondance des Beys, III, p. 656, Lettre
de Raimbert à Lesseps, 25 mars 1828.
[66]
Lettre de Husayn Dey au Sultan ottoman, R. A., 1925, p. 192.
[67]
Klein, Feuillets, VI (1913), p. 101.
[68]
A.N.Aff.Etr. Mémoires et Documents, t. 11
(1825-1830).
[69]
« L’Euphigénie» et « La Duchesse de Berry» perdirent le 18
juin 1829, trois canots et vingt-cinq hommes dans une
attaque.
[70]
D’autre part quand La Bretonnière, après l’audience du Dey,
rendit visite à tous les membres du gouvernement, il ne
trouva, auprès d’eux, que méfiance et inimitié « sauf
l’Agha, gendre du Dey, qui témoigna des dispositions
favorables à la France. » Toutes ces personnes « parurent
contraires au succès de la mission de M. de La Bretonnière.
» (Nettement, Histoire, p. 177)
[71]
Le vaisseau essuya le feu de 80 coups de canon et celui de
plusieurs bombes : 11 boulets atteignirent le corps du
bâtiment.
[72]
Cité par nettement, Histoire, p. 181
[73]
Zahhar, Mudhakkirât, p. 167.
[74]
Hamdân Khûdja, al-Mir’ât, p. 184.i « Mais, ajoute-t-il, le
maître est responsable des fautes de son serviteur. »
إن السيد المسؤل عن اخطاء مبده.
[75]
Feraud, R. A., 1873, p. 426.
[76]
Le Dey fut berné par de nombreux envoyés ou par des
messages. Citons la lettre du consul sarde à Tunis, Filippi,
à son compatriote, le consul Dattili : « Il faut, écrit-il,
que le Dey résiste aux insinuations et menaces de la France.
Qu’il ne craigne rien : la Sardaigne le soutient et si, des
menaces jusqu’ici futiles étaient effectuées, qu’il résiste
toujours et dans le cas où le Dey, notre ami, serait en
danger, il pourrait compter sur l’appui de la Sardaigne qui
est maîtresse de la Méditerranée par sa navigation. »
(Esquer, La Prise d’Alger, p. 252).
[77]
Julien (Ch.A), Histoire de l’Algérie Contemporaine,
p. 29.