3. L’attaque de 1816
Le Congrès de Vienne fit braquer, en 1814, les nations européennes contre
la Régence. Plusieurs croisières d’intimidation et tentatives de
représailles combinées allaient se succéder pour abattre « l’Etna de
la Méditerranée. »
Les anglo-hollandais se chargèrent de la besogne. Le prétexte était facile
et convaincant : réprimer la piraterie, détruire « le repaire des
voleurs » et faire rendre les esclaves chrétiens !
Mais la véritable intention de l’Angleterre était tout autre : compléter
par un succès sur Alger, l’immense influence que la victoire de
Waterloo (1815) lui avait assurée dans le concert des Rois ; une
action vigoureuse amènerait les Algériens à craindre « et à trembler
devant la Grande-Bretagne seule ! »
Deux amiraux, l’Anglais Exmouth[1]
et le Hollandais Von Capellan bien renseignés par des officiers qui
connaissaient parfaitement les fortifications d’Alger et les points
de défense[2],
se lancèrent, en août 1816, à la tête d’une trentaine de navires de
guerre pour dicter la volonté de l’Europe au Dey ‘Umar[3]. »
Les Algériens avaient déjà entamé les préparatifs de défense dès que les
informations belliqueuses de l’ennemi, parvinrent au Diwan.
Alors que les navires arrivés dès le 27 juin (3 chawwâl 1231)
s’approchaient de plus en plus du port, « les Arabes accourus de
divers points de la Régence, travaillaient nuit et jour aux
fortifications de la place[4]. »
La flotte algérienne, quatre frégates, cinq corvettes et une
quarantaine de petits navires armés de canons et de mortiers se
trouvaient entassés dans le port.
Les pièces qui armaient l’escadre ennemie étaient des canons de 32, 18 et
12 livres. D’après le plan d’attaque, tous ces navires ne devaient
présenter qu’un seul bord aux Algériens. Ainsi, les anglo-hollandais
opposèrent quatre-cent-cinquante canons aux trois-cents pièces de
32, 24 et 18 des batteries de la ville, face à la mer.
La puissante artillerie d’Alger se trouvait ainsi répartie, au Nord du
môle, dans une batterie demi-circulaire à trois étages :
quarante-quatre pièces, dans la forteresse à trois étages qui
entourait le phare : quarante-huit pièces, dans la batterie dite de
l’Est, et sur trois rangs : soixante-six pièces et dans un ouvrage
proche et du même genre : soixante pièces.
Deux canons, de calibre 68, d’une longueur énorme battaient l’entrée du
port. L’armement du môle totalisait deux cent vingt pièces, environ.
Au Sud, défendant le flanc maritime de la ville « la batterie du marché
aux poissons » abritait quinze canons sur trois étages. A côté, deux
autres de quatre et cinq canons.
Vers l’Ouest, le fort et les petits ouvrages n’avaient pas moins de
soixante à soixante-dix canons.
De l’autre côté de la jetée, entre le môle et la ville et sur la face de
la cité, on pouvait compter encore, battant la mer, une centaine de
bouches à feu.
Le 27 juin, canons et mortiers crachèrent leurs boulets simultanément. Le
combat commença. L’attaque fut violente et la résistance farouche.
Plus de 500.000 obus arrosèrent la ville, les forts et les
batteries. Comme un seul homme, les Musulmans rendaient les coups.
Exmouth ne put le cacher : « Je n’ai jamais vu de ma vie, disait-il,
des ennemis aussi opiniâtres, aussi fermes que les Algériens[5]. »
Dans cette bataille, la résistance déploya un courage à toute épreuve.
« On voyait les Algériens, nous dit Rotalier, servir leurs canons
sous le feu des vaisseaux avec un sang-froid et une activité qui
seuls ne se démentirent pas un instant. »
Le Dey, lui-même, supervisait les opérations et encourageait les
combattants.
Pendant six heures, les batteries d’Alger avaient résisté au feu
ininterrompu de six vaisseaux de ligne et de dix-sept frégates, sans
être sérieusement atteintes. Mais une ruse de l’Anglais et une
erreur d’appréciation du Dey allaient renverser la situation et
précipiter les choses.
Exmouth s’embossa très près de la jetée. On crut alors qu’il voulait
parlementer. Le trois ponts « Queen Charlotte » prit poste à
cinquante mètres des batteries. Dès lors, il était facile de
malmener ces dernières et de porter de rudes coups à la flotte
ancrée. L’intérieur du port, foudroyé par l’artillerie anglaise, fut
abandonné. On y envoya une petite embarcation qui attacha une
chemise soufrée à la frégate algérienne ancrée à l’embouchure. Le
feu, excité par le vent, se communiqua bientôt à presque tous les
bâtiments algériens : cinq frégates et cinquante chaloupes
canonnières furent embrasées en moins de quatre heures[6].
Cependant, on pouvait encore se défendre mais le Dey céda avec une
précipitation déconcertante.
Les pertes dues à la violence de l’accrochage furent énormes. Du côté
anglais, on déplora de nombreux tués[7].
Le consul de France, Deval, en signalait
huit-cent-quatre-vingt-trois « sans compter un grand nombre de
blessés[8]. »
Les dégâts matériels furent aussi importants. Le vaisseau "L’Imprenable"
qui, à lui seul, comptait deux cent dix hommes hors de combat, était
de beaucoup le bâtiment le plus touché. Il reçut deux cent
trente-trois boulets dans sa membrure[9]. Un vaisseau de
soixante-quatorze canons et une frégate de soixante, furent
gravement endommagés. Les autres n’en souffrirent pas moins.
Du côté algérien, les pertes en hommes, gonflées démesurément par certains
jusqu’à trois-mille, étaient d’après le consul Deval, au moins
égales à celles des Anglais.
« Il paraît, dit ce diplomate, qu’ils (les Algériens) n’en perdirent pas
davantage. » Par contre, on déplora des dégâts matériels très
lourds. Les forts et les magasins furent presque tous détruits. En
ville, beaucoup de maisons tombèrent en ruine.
Dans le feu de l’action, deux officiers britanniques parvinrent sur une
petite barque, à approcher une frégate algérienne et à l’incendier.
Le feu gagna, ensuite, les autres unités. Les flammes étaient si
hautes que « la nuit fut transformée en jour, à tel point que l’on
apercevait distinctement tous les forts, bâtisses du port et
jusqu’aux pierres des constructions de Râs al-Ahmar (la batterie la
plus avancée au Nord). Ainsi, en l’espace de quelques heures, la
flotte d’Alger, « la terreur des pilotes » fut anéantie[10]. »
‘Umar Pacha Dey reconnut, dans une lettre au Sultan, que « la guerre
affreuse qui ne s’est jamais vue au cours de l’Histoire de
l’Humanité » a duré onze heures et vingt-trois minutes[11].
« Dans cette nuit sombre, tous les bateaux des corsaires et leurs
vaisseaux de commerce ont brûlé. Il n’y a pas eu une seule minute de
repos et à chaque instant, un nombre considérable d’obus et de
bombes étaient lancés. Au bout d’une heure notre port et nos forts
ont croulé. Le feu était si abondant que c’était une véritable pluie
de projectiles que nous recevions. Plusieurs endroits ont été
détruits. Notre bien et notre argent ont disparu. Nombreux sont vos
serviteurs, héros courageux qui sont tombés martyrs de cette guerre
tout en défendant leur religion et leur Sultan[12]. »
Le commandant du port, arrivé à Istambûl, présenta un rapport[13]
sensiblement différent du compte rendu précédent, on y lit : « la
bataille dura de huit heures du matin à minuit, la violence était
des deux côtés, les Musulmans eurent à déplorer trois-cents morts et
l’ennemi, deux à trois-mille, dont huit à dix capitaines [...] Cette
nuit-là, le feu tiré par l’ennemi brûla quatre de nos frégates et
quatre des corvettes. Quant à la flotte adverse, deux des maudits
vaisseaux brûlèrent, deux autres à trois ponts et la totalité des
grands galions furent détruits. »
Certes, les dégâts étaient considérables et les sources en sont unanimes.
Un an après, les traces de la guerre étaient encore visibles.
L’officier de marine Cromber, s’arrêtant à Alger en mai 1817, notait
sur son carnet ces mots : « Ce qui charma surtout mes regards à
Alger, ce fut de voir les quais couverts encore de débris de sa
marine qui périt comme par un coup de foudre au moment de sa plus
haute splendeur. » Cependant, les destructions de navires
n’entamèrent point la volonté des Algériens de relever le défi en
mettant des bâtiments à la mer. « Le 7 septembre 1816, écrit
Devoulx, le consul de France délivrait des expéditions à Raïs Ahmed
et Raïs Mehmet. » Dès 1817, la flotte algérienne comprenait : trois
bricks, deux polacres et deux galiotes totalisant cent-vingt canons.
Si certains étaient achetés ou reçus sous forme de dons, les autres
étaient construits sur place[14]. »
Le Traité imposé à la Régence stipulait l’abolition de l’esclavage des
chrétiens, la mise en liberté des captifs de toutes les nations
européennes et sans rançon[15], celle versée
deux mois auparavant[16]
devait être restituée. L’Angleterre était désormais affranchie de
l’obligation onéreuse de faire des présents lors de l’installation
de ses consuls. Les traités avec Alger seraient communs avec le
Royaume des Pays-Bas.
Cependant, l’accord reconnaissait aux Algériens le droit de paix ou de
guerre avec les puissances chrétiennes ce qui rendait à peu près
illusoire la clause sur l’abolition de l’esclavage. D’un autre côté,
le droit de paix ou de guerre n’était autre chose qu’une
reconnaissance de fait de l’indépendance de la Régence.
Mais si l’Angleterre obtint l’érection de son pavillon sur la maison
consulaire à Alger, elle ne put jamais imposer au Dey le retour du
consul « insulté »[17].
Analysant les suites de l’expédition, Nettement trouvait « qu’au
lieu d’abaisser l’orgueil du Dey, elle lui a appris à connaître
combien il pouvait braver les efforts d’une escadre[18]. »
On a beaucoup disserté sur les causes de la demi-défaite algérienne. Elles
furent diversement analysées. On avait parlé du mauvais état des
canons de la capitale, des affûts « impossibles à manœuvrer, » des
tireurs sans expérience, d’une organisation politico-militaire
vicieuse, d’une lutte inégale (l’ennemi étant nombreux et aguerri).
De nombreuses opinions personnelles furent émises. Rotalier prétend
que « des batteries moins nombreuses servies par un ennemi plus
savant auraient rendu le succès (anglais) impossible. » L’historien
algérois, az-Zahhar, reste le plus dur envers le Dey ‘Umar. Il le
rend responsable de tous les malheurs qui frappèrent le pays. Dans
ses mémoires, il décrit avec maints détails, la situation qui
prévalait, la réaction de chaque dignitaire, les dispositions prises
et les dangers qui guettaient la Régence. Témoin averti, son long
réquisitoire, unique dans les sources musulmanes, mérite d’être
apprécié : « Une fois arrivés au milieu de la baie, les Anglais
dépêchèrent un émissaire au Dey tout en utilisant une ruse, le
pavillon blanc. Ils accordèrent deux heures au chef de l’Etat pour
répondre à leurs exigences. Le commandant du port vint prévenir ce
dernier, qui dormait et qui ne se réveilla qu’après l’expiration du
délai. Les Raïs mirent en garde Wâkil al-Hardj contre les manœuvres
de l’escadre ennemie, lui proposèrent sans tarder, avant qu’elle ne
parvienne à se mettre au-dessous des batteries et des canons [...]
Comment ouvrir le feu sur des navires qui battent pavillon blanc
leur rétorqua-il ! C’est une ruse, firent-ils remarquer ! Et malgré
leur l’insistance, il leur interdit toute action avant l’accord du
Dey.
Entre temps, l’escadre vint prendre position à moins de cinquante mètres
des batteries. Il était trop tard pour empêcher l’ennemi de frapper.
La canonnade fut si violente que les batteries furent sérieusement
endommagées et les canons réduits au silence. Les obus tombaient
comme une pluie forte et nos bateaux furent la proie des flammes.
Sous le règne de cet oppresseur, notre pays connut la décadence et fit un
pas en arrière. Si Dieu l’avait voulu, les Anglais seraient devenus,
cette fois-ci, les maîtres du pays car en entrant dans le port, ils
saccagèrent les forts et il ne leur restait plus qu’à débarquer
leurs troupes. La ville était presque déserte, car la majorité de la
population se trouvait dans le « fahs » à l’occasion du mawlid[19]. »
D’autres auteurs imputent la catastrophe au temps perdu par les Algériens
qui hésitaient ou qui attendaient des ordres du Dey. Alors que
« s’ils avaient ouvert le feu de leur artillerie à temps sur les
anglo-hollandais quand ils étaient à leur portée, la victoire de
Lord Exmouth fut peut être devenue un désastre[20]. »
Le consul Deval attribuait le succès des Anglais :
a) Au séjour assez long de l’amiral à Alger pour être venu, dans la même
année, trois fois à l’occasion des diverses négociations. « Sa
présence, disait-il, lui avait donné connaissance de la possibilité
de mouiller, avec son vaisseau, à l’entrée du port, presque à
toucher les maisons de la ville dont cette partie n’était pas
fortifiée, de manière à foudroyer l’intérieur du port et à prendre,
à revers, toutes les batteries supérieures des forts de la marine. »
b) A la hâte que mît le Dey pour traiter. S’il avait tenu bon, les Anglais
n’étaient pas en mesure de recommencer les bombardements, le
lendemain. Ils manquaient de munitions et leurs pertes étaient
importantes. Leurs vaisseaux étaient presque tous délabrés[21].
Les spécialistes modernes des attaques par mer ont, eux aussi, leur
opinion sur de pareilles batailles, ce qui aide à comprendre les
difficultés des défenseurs de la ville, à cette époque.
D’après eux, un combat entre des forts fixes et des « forts flottants »
comprend trop de risques. Les derniers, malgré leurs plates-formes
mobiles, compliquent singulièrement le travail de l’adversaire quant
au réglage de son tir. Par contre, le navire en vue de terre, arrive
aisément à connaître la distance et peut mieux se servir de son
artillerie.
L’escadre, note un spécialiste, si les forts ne sont pas suffisamment
défilés et soutenus, peut trouver un point d’attaque d’où elle fait
pleuvoir ses obus, tout en restant hors des atteintes de son
adversaire. Ce fut le cas en 1816[22].
Après l’euphorie du moment, on se rendit compte que la victoire de
l’amiral Exmouth était loin d’être totale ou décisive. La haine et
la soif de vengeance ayant cédé la place à l’analyse sereine, on
s’aperçut que la ville n’aurait pu être incendiée, ni par la grande
quantité du fusées ni par d’autres matières inflammables, les
maisons construites toutes en pierres et en briques, ne donnèrent
aucune prise au feu. Ensuite l’amiral revint en Angleterre sans
avoir pris possession d’Alger, « au nom de Sa Majesté Britannique. »
Il n’avait rempli que la partie la moins intéressante de sa mission.
On déchanta vite et il fut reçu assez froidement à Londres.
Dans les pays voisins, les événements d’Alger avaient fait la plus vive
sensation. La Régence de Tunis avait été « consternée du triomphe
d’une puissance chrétienne sur un prince musulman quoique son
ennemi. » On prétendit, dans les milieux diplomatiques, « que le
fanatisme a fait taire l’intérêt politique[23]. »
4. L’entre-deux guerres
De 1816 à 1824, les relations algéro-anglaises restèrent quelques peu
tendues. Le rêve des Britanniques fut certes de courte durée et la
joie des nations européennes se transforma en inquiétude. On ne vit
point le fruit d’une expédition « pas comme les autres. » L’attaque
« loin d’avoir dompté l’humeur guerrière des Algériens, l’a
singulièrement exaltée. Cette expédition qui semblait devoir amener
l’anéantissement de cette milice lui a donné, au contraire, la plus
haute idée de ses forces[24]. »
Si la Régence fut sérieusement affectée, par les pertes et les dommages,
notamment la destruction de la flotte, elle fut loin de céder, de
renoncer à ses activités en mer ! Les fortifications, même gravement
touchées, ne tombèrent point. « Le ciment qui les lie, disait Deval,
parait indestructible. » Les remparts, les forts et les moyens de
défense de la ville furent rapidement et considérablement augmentés[25].
Le nombre de soldats s’accrut. On tira d’utiles leçons des
événements passés. Les observateurs eurent à le constater. Toutes
les dispositions, notait Deval, donnent lieu de croire que les
Algériens, dont on ne conteste pas la valeur, soutiendront, avec le
plus grand acharnement, une (nouvelle) guerre. » Dès 1817, le défi
fut relevé :
a) Par la reconstitution de la flotte. Les Algériens, toujours prompts à
oublier leurs malheurs, si actifs à réparer leurs pertes, se mirent
au travail. La construction navale était prioritaire. Les efforts et
les sacrifices ne découragèrent aucun responsable. D’autre part, la
solidarité musulmane ne resta pas un vain mot.
Malgré les divergences avec la Porte et les Etats voisins, l’entraide
islamique apporta son soutien au Dey. Ayant sollicité l’envoi de
munitions, de poudre, de bateaux et de tout le nécessaire pour
repousser les agresseurs, la Régence reçut les dons des souverains
musulmans. Mawlây Slimane, après avoir accueilli l’envoyé spécial
d’Alger, le Mufti Hanafî al-Hadj Muhammad al-‘Annâbî, fit parvenir
au Dey deux corvettes et un bâtiment ainsi qu’une importante somme
d’argent. Le Pacha de Tripoli remit une polacre et le Sultan ottoman
fit don de plusieurs unités.
A cette contribution extérieure, s’ajouta la construction algérienne,
particulièrement soutenue, avec l’arrivée au pouvoir de Husayn Dey
en mars 1818.
b) Par la reprise des opérations en mer. En septembre 1817, une flotte
algérienne composée de six bâtiments de guerre, dont trois bricks,
une polacre-goélette et deux longues, sortie d’Alger, croisa, dans
les parages de l’Espagne et tout en poursuivant les pavillons
prussien et hambourgeois, aborda les navires de toutes les nations.
Parmi les bâtiments capturés, on comptait des navires hollandais et
anglais[26]. »
Dans un « Mémoire sur les Etats Barbaresques » lu, en séance académique,
le 20 août 1817, à Marseille, un orateur ne put retenir sa colère:
« Aujourd’hui, s’écria-t-il, tous les bâtiments de toutes les
puissances doivent être munis, les uns d’un firman de La Porte qui
les protège contre les vexations des Barbaresques et les autres,
d’un sauf- conduit stipulé avec les Deys, comme si la domination de
la Méditerranée appartenait à quelques misérables qui connaissaient
à peine la boussole. »
Les sorties de la flotte devinrent fréquentes et hardies. En juin 1820,
une division de cinq bâtiments mit le cap vers les mers du Nord[27].
Après quarante jours de croisière, elle rentra « amenant deux
polacres et une bombarde richement chargées » ainsi que trois
navicelles de Toscane « de quarante à cinquante tonneaux chargées de
provisions pour les corailleurs ancrés à Bône[28]. »
Un rapport du sieur Gimiani venant d’Alger nous dit « qu’il sortit de ce
port deux frégates, trois corvettes, deux goélettes et trois bricks
que le Dey envoie pour courir sur les bâtiments de Toscane, attendue
l’expiration prochaine de la trêve qu’il avait conclue avec le Grand
Duc[29]. »
L’analyse des rapports des capitaines de navires laisse deviner une
activité mordante qui rappelle le XVIème siècle. Rentrant d’Alger,
en janvier 1823, le capitaine Lauthier rapportait qu’on y armait :
« deux frégates et six autres bâtiments de guerre qui paraissaient
destinés à des hostilités contre l’Espagne[30]. »
La même année, l’escadre algérienne, forte de huit voiles, de retour d’une
longue mission dans les mers du Levant, rentra dans le port « la
santé des équipages fort bonne et n’occasionnant ici aucun soupçon
d’aucune sorte de maladie[31]. »
Cette vigueur de la marine d’Alger provoqua une vive agitation en Europe.
De 1816 à 1819, les Cours cherchèrent, désespérément, la meilleure
voie pour en finir avec le Diwan : constitution de ligues,
contingent de vaisseaux, participation des petits Etats aux frais de
l’entreprise envisagée, etc...
En septembre 1819, les Amiraux Jurien de La Gravière et Freemente furent
envoyés pour signifier au Dey la résolution du Congrès d’Aix La
Chapelle qui préconisaient de mettre un terme à la course des Etats
Barbaresques avec injonction d’obtenir d’Alger une adhésion pleine
et entière[32].
Après deux longues audiences, les 5 et 9 septembre, accordées aux
plénipotentiaires, Husayn, tout en admettant les principes émis par
le congrès, déclara :
1. Qu’il ne pouvait se désister du droit établi de visiter tous les
navires sans distinction afin d’y reconnaître ses amis ou ses
ennemis et de faire arrêter et confisquer tous ceux dont les papiers
ne seraient pas en règle ;
2. Qu’il ne reconnaissait pour amis que les nations qui avaient des agents
accrédités auprès de lui, quant aux autres, il les regardait comme
ses ennemis et les traiterait, toujours, comme tels, jusqu’à ce
qu’elles eussent envoyé, auprès de lui, des envoyés pour traiter de
la paix avec la Régence[33].
Cette démarche infructueuse resta sans lendemain.
5. Le coup d’éclat de 1824
Malgré les difficultés politiques et militaires, on entretenait toujours,
outre-Manche, des rêves de conquête de la Régence. Ecrivains et
journalistes laissaient libre cours à leur plume pour démontrer les
multiples avantages d’une présence durable chez nous.
« Nous convertirons donc, disait un illuminé, une nation de voleurs en un
peuple d’honnêtes gens et ils deviendront consommateurs des produits
de nos manufactures [. . .]
Il serait avantageux, pour l’Angleterre, d’avoir les clés du grenier de
Rome. Le commerce des grains serait pour elle d’un prix infini. Elle
nous fournirait, volontiers, les oranges, les dattes, les olives,
etc., [...] que les spéculateurs tirent d’Alger pour les répandre
dans toute l’Europe [...] L’Atlas est couvert d’excellents chênes et
d’autres bois propres à la construction, l’Angleterre les ferait
exploiter et les convertirait dans les chantiers d’Alger en
vaisseaux de guerre ou en navires marchands[34]. »
Huit ans après, une nouvelle petite guerre opposa les deux pays. L’origine
du conflit fut un incident diplomatique apparemment sans gravité. Un
navire américain s’était échoué près de Bijâya, à la suite d’une
tempête. Les habitants de la région, qui ne reconnaissaient pas
l’autorité du Dey, s’emparèrent de quelques passagers et de leurs
biens. Ayant appris la nouvelle, le gouvernement donna les ordres
pour arrêter les auteurs de ces actes et de faire restituer les
objets volés. Cependant, parmi les Bougiotes mis en cause, certains
travaillaient au Consulat Britannique à Alger. Le diplomate anglais
ayant refusé de les remettre à la police venue les arrêter, celle-ci
passa outre, entra au consulat et se saisit des hommes incriminés,
ce qui provoqua l’incident, la rupture et le départ du représentant
de Sa Majesté[35].
C’était en février 1824.
Quand le consul s’embarqua avec sa famille à bord d’une frégate, sous le
prétexte d’un déjeuner, il fut joint par un brick de guerre anglais.
A peine sortis de la rade, ils aperçurent au loin, une polacre
algérienne. Ils voulurent s’en saisirent et tirèrent d’abord à
poudre puis à boulets celle-ci feignit de ne pas entendre et força
de voiles, mais les deux unités ennemies l’atteignirent et lui
lâchèrent plusieurs bordées, l’endommagèrent gravement Le brick la
prit à l’abordage ; quinze soldats de la milice s’étaient réfugiés
dans la cale ainsi que l’équipage maure au nombre de
quatre-vingt-cinq. La frégate fit passer à bord le capitaine de la
polacre et son domestique, qu’il conduisit à Malte et laissa la
polacre et son équipage en reprenant les prisonniers espagnols qui
servaient dans les deux navires algériens capturés.
Le 23 février, l’Amiral Sir Neal arrivait devant Alger à la tête d’une
escadre de vingt-trois bâtiments, prétendant exiger du Dey « une
réparation de l’insulte faite au consul et la reconnaissance
de supériorité de l’Angleterre sur les autres puissances en outre
d’une forte indemnité. » Husayn repoussa de telles prétentions[36].
Après plusieurs tentatives d’intimidation, Neal déploya ses navires et
décréta le blocus du port. Notification fut signifiée aux puissances étrangères.
Cependant, les choses avaient changé depuis 1816. Les fortifications de la
capitale avaient été renforcées et de nouveaux ouvrages protégeaient
contre les approches de la mer rendant « presque impossible le
renouvellement de l’opération exécutée par la marine britannique[37]. »
Les Raïs, instruits par la douloureuse expérience de 1816,
sortirent, cette fois, à la rencontre des Anglais pour engager la
bataille à distance de la ville.
Les bâtiments du môle crachèrent un feu qui tint l’ennemi très loin. Le 26
juillet, les Anglais se retirèrent sans grand succès[38].
Après deux engagements, leur escadre fut contrainte de reculer. Une note
de l’époque renferme ces lignes : « Insignifiante démonstration
[...] elle n’y parut que pour éprouver l’audacieuse ténacité des
Algériens. Elle fut obligée de se retirer après deux combats peu
honorables pour les armes anglaises[39]. »
On fut, bon gré mal gré, obligé de conclure un arrangement sans recevoir
aucune réparation pour les insultes proférées et sans obtenir
l’abolition de la course qui reprit de nouveau sans rien craindre.
6. Des menaces sans
lendemain
L’expédition était bien sans suite. Deval, rendant compte à son Ministre,
disait que « cette dernière lutte avec les Anglais fera époque à
Alger et influera beaucoup sur les déterminations rigoureuses qui,
dorénavant, seront prises ici contre les puissances européennes. »
Les événements allaient lui donner raison.
La tension montait avec l’Espagne et les Pays-Bas. Les relations
algéro-françaises se dégradèrent brusquement, à propos des affaires
de Bône. Les Algériens avaient leurs manières d’exprimer leur
position. Ils lançaient leurs escadres dans les quatre coins de la
Méditerranée. Le consul de France en Sicile nous l’apprend :
« Depuis quelque temps, écrit-il, les bruits couraient à Palerme
qu’une escadre algérienne croisait sur les côtes de Sicile, à la
hauteur de Trapani. Des voyageurs français me confirmèrent cette
nouvelle en m’assurant avoir vu même cette escadre composée de
quatre voiles [...] La voix publique disait que cette escadre
croisait contre l’Espagne et les Sardes [...] Enfin, hier, une
dépêche télégraphique a été transmise de Messine, portant qu’un
bâtiment de guerre avait capturé, près de ce port, quatre navires
dont un anglais et trois siciliens[40]. »
Le Ministre des Affaires Etrangères de Hollande alerta son consul à
Marseille : « Attendu les dispositions hostiles du Dey d’Alger à
l’égard des Pays-Bas, le Roi a jugé à propos de prendre incessamment
des mesures pour la navigation sous pavillon du Royaume doit
protégée contre les manifestations des corsaires algériens en cas de
rupture[41]. »
.
De son côté, le commandant de l’escadre de Sa Majesté dans la
Méditerranée, reçut des instructions de détacher des forces navales
pour convoyer les navires marchands hollandais « des ports de la
Méditerranée vers la baie de Gibraltar et vice versa par la dite mer[42]. »
L’Espagne souffrit beaucoup de cette activité corsaire. En 1825, on disait
à Alméria qu’un navire a été pris par les Maures[43].
L’année suivante, les Affaires Etrangères communiquaient que les
Algériens avaient capturé sept navires espagnols[44].
Presque en même temps, parvenaient des nouvelles de cinquante-cinq
captifs, pris par la division algérienne qui croisait dans les eaux
d’Ibiza[45].
Nul n’a su, comme Domingo Badia, exprimer le désenchantement des Européens
devant l’inefficacité des expéditions punitives. Dans un mémoire
envoyé de Paris le 17 juillet 1817, au Duc de Richelieu, Ministre
des Affaires Etrangères, il lui rappelait : « J’ai lu dans le
journal de Paris d’aujourd’hui, article Francfort, le projet de la
commission de La Diète sur la piraterie barbaresque. A quoi a-t-il
servi l’expédition de Lord Exmouth ? A quoi ont-ils servi les
millions et le sang sacrifiés dans cette entreprise ? Ils ont
produit le même effet que les millions et le sang sacrifiés par
toutes les expéditions antérieures de la même Angleterre, de la
France, de l’Espagne, de la Suède etc. et la piraterie est allée
toujours son train ; on serait tenté d’appliquer aux cabinets la
sentence du Prophète : « Allah a scellé leurs cœurs et leurs
oreilles ; et un voile épais leur couvre la vue
[46]. »
SOLIDARITE ISLAMIQUE
1. Au secours des Andalous
Avec la chute de Grenade, en
1492, commençait pour les Musulmans d’Espagne, victimes de la
trahison et de l’intolérance, un des drames les plus douloureux que
l’humanité ait connu à travers l’histoire.
Un bref rappel des faits
permettra de saisir la profondeur des blessures, les préjudices
matériels et moraux subis par ces malheureux, plus attachés que
jamais à leurs croyances et à leur civilisation. Pour atténuer les
effets du drame, pour sauver ou venger des milliers de Musulmans qui
voulaient rester ce qu’ils ont toujours été, la marine algérienne
allait jouer un rôle spectaculaire.
L’incapacité des princes
andalous et leur désunion permirent à leurs adversaires de les
combattre avec succès. Après 1492, et malgré les accords et les
promesses, l’Espagne catholique ne visait rien d’autre que de
chasser les vaincus. Sous la pression des hommes de l’Eglise, les
monarques employèrent tous les moyens pour faire disparaître à
jamais, la présence de l’Islâm. Inquisition, répression,
provocation, humiliation, interdiction, rien ne fut épargné pour
soumettre des populations trop accrochées à leur religion et à leur
culture. Alors, devant l’offensive des maîtres du pays, il ne
restait à ces Musulmans, sans défense, d’autre choix que l’apostasie
ou l’exil[47]. »
Ferdinand d’Aragon (1479-1516)
avait pris l’engagement de respecter tous les droits des vaincus.
Les accords signés stipulaient, entre autres, le respect de la
religion islamique et les biens des Mudéjares[48].
Mœurs et coutumes devaient être protégées. Mais les traités furent
vite remis en question et l’ère des persécutions insupportables
commença. On interdit aux femmes le port du voile et,aux hommes
celui de la barbe. On obligea les gens à manger le porc, à ne pas
observer le Ramadhân, à se rendre à l’église. On ferma les mosquées
puis on en fit des lieux de culte chrétiens. On brûla publiquement
al-Qur’ân (le Coran). On fixa les cloches sur les minarets, on
déplaça les populations vers l’intérieur, on sépara les familles, on
fit tout pour effacer les traces de l’Islâm, pour tuer la
personnalité du Musulman, mais la révolte couvait. En 1499, le
soulèvement à Grenade donna le prétexte à la répression à Ronda,
Cadix et dans toute la Castille.
La situation s’aggrava encore
davantage sous le règne de Charles Quint (1516- 1556). Pour résoudre
le problème des Musulmans, ce monarque ne laissa à ces derniers que
la conversion ou le départ, ce qui provoqua la révolte de 1525 dans
la Sierra de Espadan. Un an plus tard, un décret impérial interdit
le port du costume arabe[49].
Philippe II (1556-1598) connu
pour son fanatisme aveugle, prit, dès son avènement, la décision
d’interdire aux Musulmans de parler l’arabe, de porter des armes,
d’aller au bain. Il fallait donc changer le mode de vie d’une façon
radicale.
En effet, les successeurs de
Charles Quint prévoyaient avec angoisse « le moment où une nouvelle
invasion des Maghrébins viendrait rallumer le feu de la révolte au
milieu de populations mal soumises et converties seulement en
apparence[50]. »
Une autre révolte, en 1558, à
Grenade, faillit réussir si le Sultan Sa’adien Mawlay’Abd Allah[51]
avait tenu ses promesses. Le mouvement avait gagné l’Alpujarra.
Malgré les pressions et les menaces, la résistance se poursuivit.
Philippe III (1598-1621) ne
pouvant rien faire pour écraser la révolte, se décida à expulser
tous les Musulmans restés fidèles à leur foi et à leurs coutumes.
Les édits des 22 septembre et 2 décembre 1609 et celui du 27 mars
1610 obligèrent ces derniers à quitter leur pays[52].
La Régence d’Alger ne pouvait
ignorer le drame de ces Musulmans livrés à des bourreaux fanatisés
par Ximénès et ses semblables.
Par le biais de la marine, une
assistance militaire et matérielle fut assurée aux infortunes, soit
pour se défendre, soit pour se replier ici[53]. »
On leur fit parvenir des armes,
des munitions et des volontaires. En été 1529[54],
Khayr ad-Dîn dépêcha une escadre de quinze navires, sous les ordres
de Ay ad-Dîn Raïs dans les parages d’Oliva, en Espagne, pour prêter
main forte aux insurgés. Au large de Formentura, le Raïs mit en
déroute une escadre espagnole commandée par Rodrigo Portando. Sur
huit bâtiments ennemis, un fut coulé et sept ramenés à Alger[55].
L’insurrection de 1569 fut
préparée avec l’appui de ‘Uldj ‘Alî. Le soulèvement devait se
déclencher le 1er novembre. Une flotte algérienne de quarante
navires arriva dans les eaux d’Alméria.
Seuls les agissements du chef
local firent échouer le plan. On chercha, au prix de mille
difficultés, à gagner d’autres villes côtières pour livrer les armes
et descendre les volontaires. Le déchaînement de la mer (on était en
novembre) causa à la flotte de sérieux dégâts et de sensibles
pertes.
Malgré le demi-échec, le
Beylerbey envoya, l’année suivante[56]
des armes et des techniciens. Il envisageait de conduire lui-même le
Jihâd en Espagne et reconquérir le royaume de Grenade. Mais la
chrétienté préparait déjà Lépante et le Sultan ne pouvait se passer
des Algériens. Sans la célèbre bataille, ‘Uldj ‘AIî allait débarquer
soixante-mille hommes à Valence.
Tout le long du XVIème siècle,
une aide multiforme fut accordée par la Régence aux Musulmans
demeurés en Espagne.
Un certain Fourquevaux apprend
au roi de France Charles IX, en 1569, que « cinq-cents Turcs se
trouvent aux côtés des rebelles de Grenade » et que « deux galiotes
d’Alger ont ces jours passés descendu des armes et munitions à la
marine de Sierre Nevada » quoique les galères espagnoles fussent
averties qu’elles devaient venir et s’en retournèrent sans danger[57]. »
En 1609 fut signé le traité de
La Haye entre l’Espagne et les Hollandais. Les Andalous, profitant
de l’épuisement de leurs oppresseurs se soulevèrent avec l’appui de
la Régence, à l’époque du Pacha Ridhwân. Les navires d’Alger
devaient accoster près de Dénia, mais l’ennemi, averti, pris la
décision d’expulser tous les Musulmans.
La deuxième tâche qui incombait
à la marine était de ramener vers les ports d’Algérie les expulsés.
Kâtib Tchélébî nous dit que Khayr al Dîne dût envoyer, sept fois,
une flotte de trente-six navires et ramener ainsi soixante-dix mille
Andalous, et, ce dans la seule année de 1529[58].
Les sources tant musulmanes que
chrétiennes, s’accordent sur le rôle des Barberousse et de leurs
successeurs pour soutenir leurs frères et les arracher à la
captivité et à l’esclavage.
On rapporte que pour permettre
à un grand nombre de fugitifs d’embarquer, Khayr ad-Dîn faisait
descendre ses matelots sur la terre ennemie. Les soldats cédaient
leur place mais aussi appuyaient la résistance[59]. »
Une lettre envoyée par les
Andalous au Sultan Sulaymân al-Qânûnî met en relief la contribution
de Khayr ad-Dîn en faveur des opprimés : « Nos voisins et frères du
Maroc nous ont abandonnés pendant que se tenait, à nos côtés, le
vîzîr, le moujahid Khayr ad-Dîn, celui qui fait triompher la
religion, le sabre de Dieu qui s’abat sur les mécréants. Quand il
était à Alger, les avis furent unanimes pour lui demander
assistance. Ce qu’il fit. Il fut à l’origine de la délivrance de
nombreux Musulmans et de leur départ en terre d’Islâm pour peupler
Bresk, Cherchell et les environs de Tlemcen. »
L’effort se poursuivra tout le
long du XVIème siècle. Hasan Veneziano[60]
ramena, en 1584 deux-mille hommes et femmes des environs d’Alicante
qui avaient sollicité son aide[61].
L’opération sauvetage coûta à
la marine de gros sacrifices en hommes et en matériels. Malgré les
accrochages avec l’ennemi, les moyens limités pour une action d’une
telle envergure et malgré une mer pas toujours coopérative, la
marine d’Alger devait remporter un succès certain : avoir sauvé des
milliers de Musulmans de l’enfer où le fanatisme les avait plongés,
avoir fait payer cher à l’Espagne sa politique antimusulmane en
rendant invivables ses côtes et en minant son activité économique.
Frapper l’ennemi là où il était
possible en attaquant ses navires, en capturant un grand nombre de
ses sujets, le terroriser sur terre et sur mer, piller ses biens...
était un devoir pour venger les persécutés[62].
Les actions en mer occasionnaient à l’ennemi, en plus des pertes,
des dépenses énormes relatives à l’armement et à la surveillance des
côtes. Il faut ajouter que la marine, en mouvement constant du
printemps à l’automne, quelquefois même en hiver, avait contraint
les galères ennemies à se cantonner souvent dans des opérations
d’arrière-saison, avec plus d’inconvénients que d’avantages.
"Les galères algéroises, écrit
Braudel, rendaient difficiles les relations par voie de mer entre
l’Espagne et l’Italie. La liberté des routes qui conduisaient vers
les pays italiens était indispensable à l’impérialisme espagnol
depuis que le roi catholique avait des possessions en Italie [...]
De là, les très lourds sacrifices consentis pour s’assurer
l’alliance des Génois et des Florentins, de là, la campagne de
Provence visant peut-être à créer un chemin terrestre entre le
Roussillon et la Ligurie, de là, les expéditions contre Alger et
Tunis[63]. »
2. La défense des
intérêts musulmans
Le gouvernement de la Régence
réagissait, parfois violemment, quand les intérêts musulmans, en
Occident ou en Orient étaient méconnus ou menacés. L’aide aux
coreligionnaires était le plus sacré des devoirs. Quelques exemples
vont le prouver.
Dans une de ses lettres, J. Le
vacher écrivait en 1681 : « Les puissances de ce pays continuent à
donner retraite en leurs ports aux corsaires de Salé et même de
vendre, en cette ville (Alger), les prises qu’ils font sur les
Français, à la réserve des personnes. Quand je leur en ai porté mes
plaintes, ils m’ont répondu que ces corsaires étaient leurs frères,
étant mahométans comme ils sont et que, dans le besoin, ils
reçoivent les vaisseaux d’ici en leurs ports et qu’à cette
considération, ils ne pouvaient leur refuser les leurs[64]. »
C’est aussi au nom de la
solidarité islamique que la marine s’était trouvée engagée aux côtés
de l’Egypte.
L’occupation d’Alexandrie et du
Caire, lors de l’expédition de Bonaparte (1798- 1801) eut ses échos
dans la Régence, le ressentiment contre les Français y était très
vif. Ecoutons le secrétaire du Dey : « Les Français, ennemis de
Dieu, ont enlevé par trahison la ville d’Alexandrie dans le courant
de Muharram 1213 (1er juillet 1798). D’Alexandrie, ils sont allés au
Caire qu’ils ont également enlevé par surprise à la fin de Muharram
(21 juillet). »
L’Islâm a subi un échec et
l’ennemi de Dieu a remporté la victoire. Que Dieu, par Sa toute
puissance, relève ses enfants de cette calamité[65]. »
Sitôt la nouvelle confirmée,
Mustapha Dey convoqua le Consul de France et « lui exprima sa colère
et sa désapprobation, le fit arrêter et envoyer casser les pierres
avec les captifs[66]. »
Les concessions de l’Est algérien furent saccagées et le personnel
mis à la chaîne.
La première audience accordée à
Dubois-Thainville, nommé Commissaire Général à Alger, porta sur les
événements d’Egypte : « Pourquoi n’êtes-vous pas sortis et
continuez-vous à faire la guerre à l’armée du Grand Vizir ? » lui
lança-t-il.
Mais c’est la marine qui devait
répondre à l’agression. Deux navires français furent capturés et
leurs équipages retenus. L’empire ottoman, paralysé par de multiples
crises, encourageait nos Raïs « à administrer des coups sévères aux
ennemis de la religion. »
A l’extérieur, notamment à
Tunis, les Algériens chauffaient les esprits.
Un agent du Dey à Tunis mena
une campagne contre l’expédition : « On l’a vu, écrit Devoize à
Talleyrand, et souvent sur la grande place, voisine du fondouk,
appeler les passants, former des rassemblements et là, s’exprimer en
termes les plus indécents sur le compte du Général Bonaparte pour
exciter une insurrection contre les Français, provoquer leur
assassinat[67]. »
Après la défaite de Napoléon,
la nouvelle arriva à Alger le vendredi 15 radjab 1214 (décembre
1790). « Samedi matin, nous dit le Secrétaire, Sid Mostepha Pacha
fit tirer le canon en signe de réjouissance .
Cette bonne nouvelle s’est
répandue partout. Dieu soit loué de cette faveur qu’il accorde à ses
créatures[68]. »
Quelques années plus tard,
l’Egypte sollicita les services de la Régence.
En 1823, Muhammad ‘Alî se fit
construire une frégate en Angleterre. Mais il craignait les
agissements des Grecs, en rébellion contre le Sultan. Elle pouvait
donc tomber entre leurs mains.
Venant de Londres et conduite
par le Raïs Koualî Muhammad kaptan, cette unité arriva à Alger. A la
demande du maître de l’Egypte, le Dey fit équiper deux frégates et
une goélette pour l’escorter sous le commandement de Hadj ‘Alî
Tatare et ce, jusqu’à l’île de Crète. Il fit également renforcer
l’équipage du navire égyptien par des marins et des canonniers
algériens[69].
Une fois en mer et craignant certainement un coup de main contre la
frégate, le Raïs pris la décision de pousser jusqu’à Alexandrie.
Une lettre de Hadj Ahmad, Wakîl
d’Alger, nous donne quelques détails sur l’activité de l’escorte
après son arrivée : « On apprend, dit-il, que les frégates et la
goélette sont arrivées à Alexandrie, qu’elles sont reparties, le 16
radjab pour la Morée à cause de l’insurrection qui a éclaté dans le
pays et les désordres excessifs qu’y exercent les Grecs mécréants[70]. »
[1]
Tachrifât,
p. 13, le surnomme Nemrôd al-Djadîd.
[2]
Playfer. « Episodes de l’Histoire des Relations de la
Grande Bretagne avec les Etats Barbaresques avant la
conquête française, » R.A., 1879, p. 463.
[3]
'Umar Aga Dayi (avril 1815 - octobre 1817).
Il faut rappeler qu’en avril de
la même année, Exmouth parut devant Alger à la tête d’une
imposante flotte et conclut une paix qui fut jugée onéreuse
pour le royaume de Naples et de Sardaigne. L’accord ne
soufflant mot sur la course ni sur l’esclavage, on accusa la
Grande Bretagne de faiblesse et l’indignation fut très forte
dans toute la chrétienté. Le cabinet de Londres, mis en
demeure « d’agir avec fermeté, » dépêcha l’Amiral avec
mission de rendre caduc ledit traité.
[4]
Chabaud-Armand, « Attaque des Batteries Algériennes par
Lord Exmouth en 1816, » R.A, 1875, p.l95.
[5]
Les Annales Maritimes de 1816 reconnaissent que les Anglais
eurent beaucoup à souffrir des batteries casematées.
L’algérois az-Zahhâr, témoin,
décrit la virulence de la bataille :
"و صار الليل نهارا من ضياء النار و بقي الأمر كذلك إلى شطر
الليل وقد رأيت طيورا بيضاء تحوم على البلد و الأبراج و انا
بعيد عن البلد قدر ساعة من الزمن و ما رؤيتي لتلك الطيور إلامن
ضوء النهار و أنا اذا ك ، ببستاني مقابلا للبحر و المرسى و
البلد . و عندما ا ابتدأ القتلل لم يقدر أحد من اهل البساتين
على الذهاب للبلد لأن الطرقات قد قطعت من ضرب الكور الذي كان
كالمطر الغزير."
[6]
Le même procédé fut tenté par les Algériens : vers minuit,
deux frégates en feu, poussées par le vent d’Ouest sur
l’escadre ennemie, obligèrent Exmouth de couper ses câbles,
puis les bateaux anglais et hollandais se retirèrent de
l’autre côté de la darse.
[7]
Chabaud-Armand parle de 13 tués chez les Hollandais et 128
chez leurs alliés, ce qui parait invraisemblable. Les
batteries inférieures qui étaient casematées et qui avaient
un mur très épais, tiraient bon et lançaient sans arrêt des
boulets meurtriers pendant les dix heures que dura le
combat.
Shaler parle de 200
morts et De Grammont de 833.
‘Alî Raïs, chef du port d’Alger,
dans une lettre au Sultan (12 septembre 1816) dit « deux à
trois-mille tués. »
[8]
A.N.Aff.Etr. (Quai d’Orsay), Mémoires et Documents,
n° 11/1816.
[9]
Chabaud-Armand, R.A., 1875, p. 201.
[10]
Devoulx, Tachrifât,
p. 14.
[11]
Grande fut la joie de certains auteurs dont Giulo Impccianti
: « Panagirico » (Panégyrique de la Grande Bretagne
et de l’Amiral Exmouth) « in mano d’un ora, la marina
d’Algeri, l’Etna des Mediterraneo il terrore dei piloti
resto incenerita, » pp. 18-19.
Par contre, « at-Tachrifât »
(p. 14) mentionne 9 bâtiments brûlés et (p. 15), 5 frégates,
4 corvettes et 30 chaloupes canonnières détruites.
[12]
Temimi (A), Documents. p 111.
[13]
Le 25 dhûl qa’da 1231 (17 décembre 1817).
[14]
Devoulx, « La Marine de la Régence, » R.A., 1875, p.
417.
[15]
Environ 1000 esclaves libérés d’où un millier de piastres
fortes perdues par le Trésor de la Régence.
[16]
Soit 370 000 piastres fortes pour 370 esclaves napolitains.
[17]
A.N.Aff.Etr. (Quai d’C-F-.’’), Mémoires et Documents,
n°l1. Rapport du consul Deval.
[18]
Histoire de la conquête d’Alger,
p. 149.
[19]
Az-Zahhar, Mudhakkirât, pp. 123-125.
[20]
Chabaud-Armand, « Attaques, », R.A., 1875, pp.
194-202.
De Grammont, « Histoire, »
p. 337. Egalement « Documents Turcs inédits sur le
bombardement, » R.O.M.M., 5/1968, pp. 111-133.
[21]
A.N.Aff.Etr. (Quai d’Orsay), Mémoires et Documents,
t. 11, (1825-1830).
[22]
Voir Amiral Melchoir, « La Marine et la Défense des Côtes, »
Paris, 1907.
[23]
A.N.Aff.Etr. (Quai d’Orsay), Mémoires et Documents,
T. 9 (1816). Doc. 35, rapport de Tunis à Paris.
[24]
A.N.Aff.Etr. (Quai d’Orsay), Mémoires et Documents,
t. 11.
[25]
Maçons et techniciens étaient requis jour et nuit. Ils
mirent à peine un mois pour effacer les traces de la guerre.
[26]
A.C.C.M. Série MR 46141, novembre 1817.
[27]
A.C.C.M., Série MR 46141.
[28]
A.C.C.M. Série MR 46141, Lettre adressée à MM. du Commerce,
20 août 1820.
[29]
A.D.B.R. Série M6- 12 (1820- 2 juillet)
[30]
Ibid. (1823 -janvier)
[31]
A.D.B.R. Série E 200 -454, Lettre de Deval à MM.de la Santé
à Marseille, 14 novembre 1823.
[32]
A.N.Aff.Etr. B III - 352. Egalement, A.E. (Quai d’Orsay),
Mémoires et Documents, t. 11 (Mémoire de Saint Martin
1827).
Avant le Congrès
d’Aix La Chapelle, eut lieu la conférence de Londres
(1816-1817). Elle réunit la France, l’Angleterre, la Russie,
l’Autriche et la Prusse pour débattre le problème de
l’abolition de la traite des noirs, mais on souleva celui de
la traite des blancs exercée en Méditerranée. On proposa la
création d’une ligue pour y faire face. Le projet opposa
vite la France et l’Angleterre. On étudia ensuite le projet
d’une marine destinée à faire la guerre à la Régence. En
effet, Londres accordait alors une grande place à la
question de la course.
Au congrès d’Aix La
Chapelle, la France se désolidarisa des autres nations au
sujet de la répression de la course barbaresque :
a) La guerre contre
les Régences d’Afrique du Nord est coûteuse.
b) La guerre
consacrerait la suprématie de l’Angleterre en Méditerranée ;
elle lui donnerait la haute police dans cette mer.
c) La France
n’avait rien à craindre, à l’époque des Etats du Maghreb.
Pourquoi les provoquer par une telle initiative ?
d) Le commerce de
Marseille se faisait presque exclusivement dans les mers du
Levant et du Maghrib.
[33]
A.N.Aff.Etr. B III - 322, Egalement Aff.Etr. (Quai d’Orsay),
Mémoires et Documents, t 11 (Mémoires de Saint
Martin), 1827.
Il faut rappeler que seul le Bey de Tripoli
fit une réponse complètement satisfaisante en promettant de
renoncer à la course et de vivre en bonne intelligence avec
les puissances de l’Europe.
[34]
Perrot, « Esquisse topographique et historique, » pp.
88-89.
[35]
Les consuls de France et de Hollande firent évader les
Bougiotes qui travaillaient chez eux. D’autres diplomates
livrèrent leurs employés recherchés par la police.
L’Anglais, Mac Donnel seul, refusa d’obtempérer, R.A., 1864,
p. 202 ; Grammont, Histoire, p. 385.
[36]
Détails, R.A., 1864, p. 213 ; Grammont, Histoire, p ;
386.
[37]
A.N.Aff.Etr. Mémoires et Documents, t. 11, Alger
(Mémoire militaire sur Alger).
[38]
Sur ces événements:
- A N.Aff.Etr.(Quai
d’Orsay), Mémoires et Documents, t. 3.
- Habby Neal et
Berbrugger, R.A., 1864, pp. 202-220.
- Az-Zahhar,
Mudhakkirât, pp. 151-152.
[39]
A.N., Mémoires et Documents, t. 11, Algérie
(1825-1830).
[40]
A.C.C.M. Série MQ 5-2, Algérie (an X - 1834), Lettre du 25
octobre 1824.
[41]
A.C.C.M. Série MQ 5-2, Algérie (an X - 1834), Lettre de
Bruxelles, 14 octobre 1824.
[42]
Le différend algéro-hollandais sera aplani en décembre 1824.
[43]
Espagne, Ministère de la Marine, section course, dossier n°
871. (2 janvier 1825).
[44]
Espagne, Ministère de la Marine, section course, dossier n°
873, (26 juillet 1826).
[45]
Ministère de la Marine, section course, dossier n° 1323, (14
juillet 1826).
[46]
A.N.Afï.Etr. Mémoires et Documents, 5, (Afrique).
Badia, quoique
arabisant distingué confond Hadîth et Qur’ân. La citation
est de la Surate « La Vache, » verset 7 : «
ختم
الله على قلوبهم و على سمعهم و على أبصارهم غشاوة
».
[47]
Tulio Halperin Donghi, « Recouvrement de civilisations » :
Les Morisques du Royaume de Valence au XVème siècle.
A.E.S.C. 1956.
[48]
al-Maqqari. « azhar ar-Riyadh. ». Le saisissant poème d’un
andalou dédié au Sultan Ottoman Bayazid, l’implorant
d’intervenir (105 vers). «
سلام كريم دائم متجدد - أخحئ به مولاي خير ظيئة »
[49]
D’amples détails dans Chaunu (P), L’Espagne de Charles
Quint, Paris, 1973.
[50]
Grammont (H de), Histoire, p. 6.
[51]
Surnommé al-Ghalîb bi-Allah (1557-1574). Dans cette révolte,
le souverain semble avoir joué un rôle assez obscur. Il
avait d’abord promis aux Andalous des secours, une fois
l’insurrection déclenchée, puis fit marche arrière quand
l’action armée devint effective. D’après l’auteur anonyme de
la chronique « Tarikh ad-dawla as-sa’diyya, » il
aurait même convenu avec les Espagnols que les révoltés
seraient déportés au Maroc pour y repeupler la côte et
former des troupes au service de la dynastie.
Voir également Terrasse (H), « Histoire du
Maroc, » II, p. 181.
[52]
Les édits d’expulsion visaient les Musulmans des différentes
provinces. Le dernier avait un caractère général et
impératif. Il enjoignit à tous les Musulmans, convertis ou
pas, et même aux catholiques islamisés de gré ou de force,
en un mot « à tous ceux qui, pour quelque raison et à
quelque époque que ce fut, avaient été musulmans » de
quitter immédiatement le pays.
Si les responsables de la tragédie des Andalous furent sévèrement
dénoncés, certains historiens de l’époque coloniale
applaudirent à la politique des rois espagnols.
Ecoutons de Grammont : « Ce qui doit étonner, c’est qu’on se soit
résigné à supporter pendant plus de cent ans, malgré l’avis
du grand Ximenès, la présence d’un million de Morisques en
état de conspiration permanente à l’intérieur et à
l’extérieur et qui mirent, à plusieurs reprises, le pays qui
les tolérait à deux doigts de sa perte. Cette mesure ne fut
donc qu’une nécessité publique de premier ordre et au lieu
d’accuser les grands hommes d’état qui surent se résigner, à
temps, à une amputation indispensable, on ferait mieux de
chercher là une leçon et peut-être un exemple à suivre. » (Histoire...,
p. 6, note 2).
[53]
Le Maghreb central reçut des centaines de milliers
d’Andalous « pleins d’ambition et bouillants du désir de
trouver une compensation aux biens perdus, d’où l’hostilité
implacable contre l’Espagne. »
[54]
L’année même de l’expulsion des Espagnols du Penon d’Alger.
[55]
R.A., 1880, p. 123.
[56]
S.I.H.M., t. 1, (série Sa’adiens-France), p. 294. Lettre de
Madrid, 19 décembre 1569.
[57]
En 1569, Uldj ‘Ali s’empara de Tunis occupée par les
Espagnols.
[58]
Grammont, lui, parle de 10 000 (Histoire..., p. 3).
[59]
« Ghazawât 'Arrûdj. »
" جهز الليهم ستة و ثلاثين جفنا... و لما رأى أهل الجبل من
الأندلس ما منح الله عسكر خير الدين من نصر نزلوا اليهم
من الجبل ... و ذهبوا بهم إلى مدينتهم فرفعوا نساءهم و ما
قدروا عليه مين الأومال .فاتوا بها إلى النجف ... و ركب فيها
عدد كثير و رجعوا إلى الجزاير ..."
[60]
Probablement, originaire de Venise, Beylerbey deux fois :
1577-1580 et 1582-1585.
[61]
Haëdo, « Histoire, » p. 193.
[62]
Hasan Agha attaqua Gibraltar en 1539, Salah Raïs enleva
Sakhrat Bâdis (le Penon de Velez) en 1551 pour mieux
dévaster les côtes ibériques et Hasan Vénéziano s’en prit
aux Baléares et à Barcelone en 1582. Les Raïs des XVIIème et
XVIIIème siècles ne feront pas moins.
[63]
Braudel (F), « Les Espagnols et l’Afrique du Nord de 1492
à 1577, » R.A., 1928, p. 380.
[64]
A.C.C.M., Série J 1351, Alger, le 12 juillet 1681.
[65]
Ephémerides,
R.A., 1874, p. 305.
[66]
Az-Zahhar, Mudhakkirât, p. 76.
[67]
Plantet, Correspondance des Beys de Tunis, octobre
1798, III, 365.
[68]
R.A., 1874, p. 106.
[69]
Az-Zahhar, op. cit., p. 149.
[70]
Documents publiés par Devoulx sous le titre : « Recherches
sur la coopération de la Régence d’Alger à la guerre de
l’indépendance grecque, » R. A., 1856. La lettre porte
le n° 4, pp. 135-136 (17 radjab 1238 / mars 1823).