3. Les bombardements
successifs
Louis XIV voulait persuader l’Europe de sa puissance militaire. Il
prit Alger pour cible, afin de montrer ses forces. Se posant en
champion de toute la chrétienté, qui réclamait dès 1680 la
destruction totale de la capitale barbaresque, il entreprit en moins
de six ans, trois coûteuses expéditions[1].
A l’époque, on croyait, à Versailles, qu’il suffisait de partir avec
des bombes pour revenir avec des traités.
a) La première
expédition (1682)
Pendant que les troupes ottomanes mettaient le siège devant Vienne,
le roi très chrétien faisait bombarder Alger par Duquesne. Prétextés
et arrières pensées ne manquaient pas : capture par les Algériens
d’un navire français, détention à Alger d’un gentilhomme de la
maison du roi, course, etc... Mais le mobile essentiel était
« d’obliger les corsaires à accepter la paix aux conditions
marquées, et de se rendre maître de leur môle, brûler leurs
vaisseaux et les mettre [...] hors d’état de nuire à la
chrétienté. » En effet, le climat politique en France était à
l’algérophobie. Les Barbaresques étaient des forbans ; ils
constituaient « une menace permanente pour la civilisation, » un
danger pour le commerce...
On oublie cependant de citer les véritables causes de ces guerres.
Les traités de paix de 1666, 1670 et 1679 signés entre l’Algérie et
la France, fixaient les droits et devoirs de chaque partie
contractante. Mais l’application s’était avérée difficile. Les
historiens européens en rejettent la responsabilité sur Alger,
accusé de violer, sans cesse les accords conclus.
La correspondance du Père Le Vacher, consul à Alger de 1675 à 1683,
éclaire le chercheur et explique la lente mais fatale dégradation
des rapports entre les deux pays[2].
De 1669 à 1675, les relations étaient au beau fixe. Le Diwan voulait
« observer inviolablement les traités de paix. » Puis, quelques
nuages vinrent assombrir le ciel méditerranéen. Il y eut la
supercherie de 1676. Des négociations aboutirent à un échange de
prisonniers. Lors de la première exécution de l’accord, on s’était
aperçu ici, que les Français avaient renvoyé des invalides au lieu
de captifs bien portants, lesquels étaient gardés sur les galères du
roi. Plusieurs réclamations furent formulées mais restèrent sans
suite. On y répondait par des moyens dilatoires.
Sur ce différend, se greffa l’affaire de La Rochelle : une prise
algérienne y fut capturée, sans motif valable. D’autre part, sept
algériens, évadés d’Espagne, arrivant à Marseille, furent embarqués
sur les galères du roi.
Ces violations des traités furent jugées, à Alger, avec sévérité et
le ressentiment ne cessa de croître. Voulait-on indisposer le Dey ?
Cherchait-on à le provoquer ? Aux réclamations du Diwan, Louis XIV
répondait par la hauteur et Colbert, reconstituant la marine,
trouvait dans ce lot d’Algériens, un renfort inattendu. Il payait le
Dey de promesses...
La riposte ne tarda pas. Les corsaires surent inquiéter les Français
par des actions téméraires. De nombreux bâtiments furent amenés à
Alger. Leur libération fut vite liée à celle des sept détenus
algériens. Le consul de France fut harcelé de toutes parts. « Les
puissances de ce pays, écrit-il, m’ont fait appeler ce matin pour
entendre la lecture de quelques lettres que leur ont écrites les
Turcs et Mores de ce pays, détenus à Marseille, se plaignent non
seulement de leur détènement mais spécialement de ce que, après
qu’il a plu au Roi de leur concéder la liberté, on les a contraints
de faire un voyage à la galère. »
La lettre du consul fait connaître les suites. « Les puissances de
ce pays ont fait, ce matin, assembler le Diwan extraordinairement et
y ayant convoqué, outre les personnes qui s’y trouvent
ordinairement, tous les capitaines de vaisseaux corsaires, les
officiers janissaires, m’y ayant aussi fait appeler où il a fallu me
porter [.. .] Les susdites puissances ayant représenté de nouvelles
plaintes que leur ont faites les Turcs et les Mores de ce pays qui
sont en France à cause de leur détènement (détention) et de ce que,
depuis qu’il a plu au Roi de leur concéder la liberté, on les a
contraint de faire des voyages à la galère ; ce que le Diwan ayant
entendu a, avec lesdites puissances, d’un mutuel consentement,
résolu la rupture de la paix avec la France, l’ont tous acclamée et
proclamée d’une même voix, en ma présence, ce que je n’ai pu
empêcher[3]. »
La rupture entraîna une recrudescence de l’activité corsaire. On
notait, fin 1681, plus de vingt navires et des centaines de marins
et marchands français capturés.
« Les corsaires, écrit le consul, n’ont pas plus tôt conduit leurs
prises au port, qu’on les oblige de se remettre à la voile pour
aller faire d’autres. Ils arment même pour ce trajet, les bâtiments
des prises sitôt qu’ils ont été débarqués[4]. »
La France décida, à grands cris, une expédition punitive. On en
confia le commandement à Duquesne[5],
le plus grand marin français de l’époque. Le vainqueur des Espagnols
et des Hollandais, fort de ses victoires, crût l’entreprise trop
facile. A la tête d’une escadre de onze vaisseaux de haut bord,
quinze galères, cinq galiotes à bombes[6],
deux brûlots et plusieurs tartanes partis de Toulon et de Brest.
L’amiral se présenta devant Alger, pour incendier et détruire « ce
nid de vipères » et aussi pour expérimenter de nouvelles armes. Il
fallait, en effet, faire l’essai d’engins tout à fait nouveaux : les
mortiers à bombes[7],
inventés par un jeune basque, Renau d’Elisa Garay. L’essai fut un
échec. Dès le premier tir, une gargousse mit le feu aux voiles.
De la galiote de Renau, tout l’équipage épouvanté, se jeta à la mer.
Quand le tir reprit, les dégâts en ville furent considérables. Le
Vacher évaluait à une centaine les victimes. De nombreux minarets
furent endommagés et des maisons sérieusement atteintes. Mais pas de
reddition d’Alger.
Avant même la fin des opérations, Louis XIV donnait ses instructions
à Saint Amans en mission au Maroc. « Il (l’envoyé) sait que Sa
Majesté a donné des ordres pour faire une forte guerre aux corsaires
d’Alger. Et comme il y a apparence que ce qui doit être entrepris
contre leur ville réussira et sera d’un grand éclat dans tous les
pays voisins, il se servira des nouvelles qu’il en apprendra pour
faire connaître encore plus la puissance de Sa Majesté et de porter
le roi du Maroc de profiter de l’occasion du trouble et de
l’épouvante des Algériens pour continuer plus fortement la guerre
qu’il a commencée contre eux et pour attaquer même leur ville[8]. »
b) La deuxième tentative
(1683)
Malgré les faibles résultats obtenus une année auparavant, on revint
à la charge en juin 1683. On bombarda de nouveau la capitale.
Cependant, l’effet provoqué, cette fois, fut inférieur à ce
qu’espérait l’assaillant. D’abord l’escadre française n’arriva pas à
l’improviste et la surprise ne joua point en sa faveur. Les
renseignements parvenaient au Dey beaucoup plus vite que les flottes
ennemies. En France, on était persuadé que les négociants juifs de
Marseille ayant des intérêts en Algérie, mettaient au courant les
responsables de la Régence, des préparatifs et des mouvements de
navires hostiles. On s’aperçut chaque fois, que les ports algériens
étaient barrés par une estacade et que les défenseurs étaient à
présents à leur poste. Aussi, les succès étaient-ils très limités et
sans commune mesure avec les troupes engagées, les frais consentis
et les préparatifs entrepris.
Alger comptait surtout sur un système de défense perfectionné qui
faisait l’étonnement des spécialistes.
Quant aux fameuses bombes, si la quantité d’explosifs qu’elles
contenaient, pouvaient détruire toute une ville, la hauteur
d’éclatement n’était pas bien réglée. La plupart de ces armes de
« dissuasion » tombaient en mer[9].
Si la première expédition avait provoqué quelque inquiétude parmi
les Algérois, celles-ci (et les suivantes) les avaient habitués au
danger et « dans toutes ses croisières contre les pirates, la marine
française ne remporta pas un seul succès notable, au grand dépit de
Louis XIV. » Ces bombardements firent plus de bruit à Paris qu’à
Alger. « Les deux expéditions, nous dit Plantet, furent les moins
glorieux exploits de ce fameux marins[10]. »
Lors de l’oraison funèbre de Marie-Thérèse[11],
Bossuet en interpellant la ville d’Alger lança ces propos et, avec
quelle emphase ! : « Tu céderas ou tu tomberas sous ce vainqueur,
Alger riche des dépouilles de la chrétienté. Tu disais en ton cœur :
je tiens la mer sous mes lois et les nations sont ma proie ! La
légèreté de tes vaisseaux te donnait de la confiance, mais tu te
verras attaquée dans tes murailles [...] Tu rends déjà tes esclaves
[...] Tes maisons ne sont plus qu’un amas de pierres [...] La
navigation va être assurée par les armes de Louis[12]. »
Deux traités de paix et de commerce furent conclus en 1684 et 1686.
Ils ne furent qu’une trêve. Chaque partie accusant l’autre de
non-respect des accords et la paix fut rompue dès 1687.
c) Ultime tentative du
Roi (1688)
On chargea M. d’Anfreville de bloquer le port d’Alger mais, vu
l’ouverture de la rade, le projet fut jugé irréalisable. Les vents
qui régnaient, ici, par tous les temps, découragèrent les tenants
d’un blocus. On édifia un autre plan : couler bas les deux fluttes
maçonnées à l’entrée du port... Mais comment les y amener face à des
batteries vigilantes et puissantes ?
Alors, il ne restait que l’expédition classique. Le Maréchal
d’Estrées fut désigné « pour châtier Alger. » A la tête de huit
vaisseaux, huit galères et onze mille bombes, le voici devant la
cité-obsession, avec pour ordre de « ruiner la ville, pénétrer dans
le môle, y brûler les vaisseaux, d’en faire autant à Cherchell et à
Bougie, le tout en quinze jours, de se répandre de là, dans toutes
les croisières et de tâcher d’y prendre les vaisseaux qui étaient
dehors[13]. »
Voltaire, (Le siècle de Louis XIV, t.1, pp. 174-175 et 178) a
consacré quelques lignes aux bombardements d’Alger, mais à sa façon.
Pour le grand philosophe, Louis XIV « était encore le plus redouté
sur les côtes d’Afrique où les Français n’étaient connus avant lui
que par les esclaves que faisaient les Barbares. Alger, deux fois
bombardée, envoya des députés lui demander pardon et recevoir la
paix ; ils rendirent tous les esclaves chrétiens et payèrent encore
de l’argent ce qui est la plus grande punition des corsaires... »
Devant la rade, le Maréchal tenta d’intimider le Dey Husayn (Mezzo
Morto). Il lui fit parvenir le 29 juin la lettre suivante : « Le
Maréchal d’Estrées, vice-amiral de France, vice-roi d’Amérique,
commandant l’armée navale de l’Empire de France, déclare aux
puissances et milices du Royaume d’Alger que, si dans le cours de
cette guerre, on exerce les mêmes cruautés qui ont été ci-devant
pratiquées contre les sujets de l’Empereur, son maître, il en usera
de même avec ceux d’Alger, à commencer par les plus considérables
qu’il a entre les mains, et qu’il a eu ordre d’emmener pour cet
effet avec lui. »
La réponse du Dey fut cinglante : « Vous dîtes que si nous mettons
les chrétiens à la bouche du canon, vous mettez les nôtres à la
bombe ; eh bien, si vous tirez des bombes, nous mettrons le roi des
vôtres au canon et si vous me dîtes qui est roi ? C’est le Consul !
Ce n’est pas parce que nous avons la guerre, c’est parce que vous
tirez des bombes. Si vous êtes assez fort, venez à terre ou tirez le
canon avec les vaisseaux[14]. »
L’Amiral fit bombarder la ville durant quinze jours. On estimait à
dix mille, les obus qui tombèrent sur la capitale[15].
La marine algérienne en avait souffert ; de nombreux bâtiments
furent coulés, cependant, malgré les dégâts et les pertes humaines,
la victoire du Maréchal ne fut pas décisive. Aucun but fixé par les
responsables de l’expédition ne fut atteint. Alors, les fatales
accusations contre les chefs militaires, firent le tour des milieux
parisiens. Duquesne, écrira plus tard Capot-Rey, n’avait pas
l’aptitude pour affronter les Algériens et d’Estrées était un chef
terne[16]. »
Le manque de résultat fut sévèrement jugé. Deval notait que « trois
bombardements désastreux de la ville d’Alger à la fin du XVIIème
siècle, dans l’espace de six ans n’ont servi qu’à rendre, peu de
temps après, les Algériens plus audacieux[17]. »
On n’a pu faire sauter Alger ni rendre le port impraticable.
Devant l’impossibilité de mettre à genoux un pays toujours prêt à
rendre les coups, on chercha à le harceler en mer.
« Les Algériens, dit un document de l’époque, ayant souffert le
bombardement avec la plus grande opiniâtreté et sans se soumettre
aux conditions qu’on avait voulu leur imposer, il fut résolu de
faire la course contre eux[18]. »
Mais la guerre coûtait cher à la France : elle troublait son
commerce et fatiguait sa marine sans lui procurer de satisfaction.
Le Roi résolut d’en finir « sans se compromettre. » Il avait besoin
de toutes ses forces pour affronter d’autres adversaires On choisit
la négociation ! On passa par la voie de Tunis avec qui on était en
paix, pour amener le Dey à un traité. Et l’accord fut signé le 24
septembre 1689.
« Tous les ménagements, ajoute un document cité plus haut,
montraient la faiblesse et le besoin qu’on avait de finir la guerre
avec les Algériens [...] Subtils sur intérêts, ils en pénétrèrent
les motifs et en profitèrent [...] De toutes ces nations
barbaresques, celle d’Alger est la plus subtile pour les
négociations [...] Fin 1690: enfin la paix aux conditions ci-dessus
et on obtint à peine qu’ils rétabliraient un consul français. »
A la victoire militaire, la Régence obtint une victoire diplomatique
d’une grande portée. Louis XIV, qui avait longtemps refusé de
traiter avec Alger, renonçait à ce « protocole. » Il reconnut, en
fait, le Dey « comme un prince indépendant, avec lequel il peut sans
déchoir traiter d’égal à égal[19]. »
d) L’après Louis XIV
Les successeurs du Roi ne renoncèrent pas toujours à l’usage de la
force. Le recours aux expéditions était fréquent.
En 1727, cinq vaisseaux, sous les ordres de M.de Mons, longèrent la
côte, et vinrent se joindre à l’escadre de Toulon pour se présenter
devant Alger et y étaler leur force... L’opération recommença en
1730 puis en 1732 et 1734. Chaque fois, des escadres marquèrent leur
présence devant la capitale, soit pour appuyer une demande, soit
pour négocier une convention ou exposer des doléances[20].
En mai 1753, on confectionna un plan pour réduire Alger. On tenait
le raisonnement suivant : du moment que la guerre était inévitable
avec les Algériens, il fallait s’y préparer « sans les en menacer et
de faire en sorte que le bruit leur parvienne. »
Les préparatifs devaient consister principalement dans la
construction de plusieurs galiotes à bombes « parce que c’est le
seul châtiment qu’ils craignent et le seul même qu’on puisse leur
faire subir, étant très difficile et presque impossible de prendre
leurs bâtiments en mer. »
Pour l’exécution du plan, il fallait « amener six galiotes au moins
[...] Ces galiotes doivent être accompagnées de six frégates
légères, quatre gros vaisseaux, deux ou trois galères et une flotte
pour porter les bombes et les munitions [...] Pendant que l’on
préparera cet armement et que le bruit s’en répandra jusqu’à Alger,
on pourra envoyer une frégate seule demander réparation. »
On jugeait la méthode préférable à une guerre « dont l’issue peut
être douteuse. »
Hommes politiques et chefs militaires ne manquaient pas de tirer les
leçons de tant de guerres. Un rapport de décembre 1753 en expose
l’essentiel : l’expérience de tous les temps a appris que toute
guerre avec les Barbaresques était ruineuse pour le commerce et
onéreuse pour la marine du Roi.
« Quoique la marine de Sa Majesté soit supérieure à la leur, elle ne
saurait cependant les combattre à armes égales, leurs vaisseaux sont
assez forts pour enlever nos marchands et trop légers pour que nos
vaisseaux de guerre les puissent atteindre. »
« La marine française n’est utile que pour les tenir en crainte et
pour les empêcher de commettre des avanies trop fréquentes. Les
Algériens sont, de tous les Barbaresques, les plus difficiles à
réduire parce qu’ils sont les plus forts à la mer et les mieux
fortifiés par terre[21]. »
Médailles commémoratives du bombardement d’Alger par Duquesne (1683)
LE DEFI DES PETITS ÉTATS
1. Un coup de main
Toscan
Conçue par le Grand-Duc de Toscan, Ferdinand 1er de Médicis[22],
l’entreprise contre les côtes de la Régence fut confiée aux
Chevaliers de Saint Etienne. La cible : la ville de ‘Annâba (Bône).
Guarnieri[23]
trouve deux raisons à cette petite guerre :
- La cité était une base menaçante et source d’inquiétude pour les
Etats italiens. Ensuite, c’est là que furent massacrés de nombreux
chevaliers de l’Ordre.
- C’est là surtout se tenait une foire aux esclaves. On espérait en
délivrer un grand nombre.
L’expédition partit de Livourne le 1er septembre 1607, sous le
commandement du connétable Silvio Piccolomini, assisté d’officiers
réputés. La formation navale composée de neuf galères, cinq
transporteurs, et deux-mille fantassins appuyés par des centaines de
volontaires, arriva devant la ville, le matin du 15, après une
traversée lente et prudente, motivée par des raisons de sécurité[24].
Les opérations de débarquement et les préparatifs de l’assaut eurent
lieu en plein jour et sous le feu nourri des Algériens qui, quoique
surpris, se défendirent avec détermination.
C’est le lendemain de la dite foire qu’eut lieu le débarquement
« pour éviter que la foule des marchands n’opposât aux assaillants
une force de résistance[25]. »
La tactique de Piccolomini consistait à entourer la place forte et à
l’attaquer violemment de toutes parts et simultanément afin
d’immobiliser les défenseurs et les clouer à leurs postes. Ainsi,
les brèches ouvertes ne seraient pas colmatées et la progression de
l’assaillant ne serait ni arrêtée, ni retardée. Les positions
tombèrent l’une après l’autre. Les combattants, attaqués par le
nombre et le feu de l’ennemi, ne purent empêcher l’escalade des
chevaliers.
Une fois la porte principale de la forteresse sautée, l’ennemi
envahit l’intérieur mais il se heurta aux fusils et aux canons. La
puissance de leur feu le découragea. Il fallut toute l’autorité du
chef et de son adjoint pour donner espoir aux croisés.
Divisés en trois colonnes, ils entrèrent dans la forteresse sautée
grâce à l’artillerie. Pour hâter la victoire, Piccolomini fit
bombarder durement le côté de la forteresse qui donnait sur la mer
et qui était très solide. Six heures d’un combat naval et terrestre
s’écoulèrent et la forteresse fut prise. Avant l’arrivée des
secours, les chrétiens se retirèrent avec le butin et les captifs[26].
Trois ans plus tard, le 17 août 1610, les galères du Grand-Duc Cosme
de Médicis revinrent. Les chevaliers se jetèrent sur la petite
bourgade de Bresk, entre Ténès et Cherchell. Depuis, elle ne put
jamais se relever de ses ruines[27].
Un rapport de l’amiral Inghirami des chevaliers, rédigé dans le
golfe de Bougie, le 20 du même mois, indique que « les galères de
l’Ordre surveillent la côte algérienne de Bougie à Bresk et chaque
fois qu’une naye paraît, elles lui tombent dessus. »
2. Un coup d’essai danois
A l’instar des Espagnols, les Danois prirent la relève des Français
et des Anglais.
Poussée par son consul à Alger, le sieur Darbois, la Cour de
Danemark lança en juillet 1770, une escadre de douze vaisseaux,
frégates et bombardes[28]
sous le commandement du contre-amiral de Caas afin d’intimider le
Dey[29].
L’expédition pénétra dans la baie et s’y immobilisa durant trois
jours. Puis elle se mit à bombarder la ville, mais de loin, si bien
qu’aucun projectile ne toucha la capitale, ce qui fit dire au Dey
« qu’apparemment les Danois n’étaient venus à Alger que pour faire
la guerre aux poissons[30]. »
On raconte que les Algériens, au lieu de riposter au tir, firent
venir la musique sur le môle pour narguer l’ennemi. Puis ordre fut
donné au Wâkîl al Hardj d’ouvrir le feu. Les batteries du môle
crachèrent un feu si intense que l’ennemi recula sans rien réaliser.
Un poète populaire, témoin des événements décrit ces moments de
tension : « Chacun, dit-il, des Algériens travaille avec joie et à
l’envie l’un de l’autre, au service des batteries. Le peuple, même
sans arme, ne craint point d’affronter l’ennemi. Les ‘Ulama, ces
flambeaux de la nation, donnent l’exemple de dévouement et excitent
l’émulation des vrais croyants. »
Lors des bombardements qui durèrent onze jours, la marine harcelait
sans cesse l’agresseur dont l’action fut si inutile qu’il se
retira. »
« Les Raïs, poursuit notre poète témoin, sur ce radeau, occupés à
dresser le mât et à lier les cordages ; on lit dans leur air,
l’ardeur qui les anime pour les combats, ils n’en sont jamais
rassasiés[31]. »
En levant l’ancre, les Danois laissèrent sur le terrain, un riche
butin. Comme leurs navires de commerce avaient souffert à cause de
l’activité des Raïs, ils sollicitèrent la paix moyennant un
substantiel dédommagement[32]
et le Dey n’y consentit qu’après un délai[33].
LES CRISES ALGERO-ANGLAISES
Les relations traditionnelles entre la Régence et l’Angleterre
étaient réciproquement bénéfiques. L’entente servait surtout le
commerce anglais dont les navires, de Gibraltar à Malte, naviguaient
en vue des côtes maghrébines.
Les rivalités franco-anglaises poussaient souvent les cabinets de
Londres à soutenir les puissances méditerranéennes, notamment Alger,
quand elles étaient hostiles à la France et ce, pour éviter que
l’influence de cette dernière n’absorba toute la mer blanche. Vente
d’armes et renseignements d’ordre militaire plaisaient beaucoup aux
Deys. Consuls et commerçants anglais avaient souvent l’oreille des
dirigeants d’ici. Un exemple entre tant d’autres : Jeanfort,
négociant anglais était fort apprécié à Alger. Il était chargé vers
le milieu du XVIIIème siècle, des commissions pour le rachat des
esclaves chrétiens. En plus, il instruisait les officiers de la
Régence. Son crédit était tel « qu’il pouvait déterminer la balance
ou pour la paix ou pour la guerre[34]. »
1. Les expéditions de
1620-1621
La première crise entre les deux pays remonte à 1620. Cédant à son
ambassadeur en Espagne, le Roi Jacques 1er[35]
dépêcha une escadre, sous le commandement de Robert Mansell,
vice-amiral d’Angleterre et d’un conseil de guerre désigné par Sa
Majesté.
Le but visé était de faire échec à l’activité des corsaires
algériens qui gênaient le commerce et d’avoir une flotte en
Méditerranée pour surveiller les mouvements de l’Espagne.
Les préparatifs commencèrent dès le 20 juillet. Le départ eut lieu
le 12 octobre de Plymouth. L’escadre comprenait : six navires de
guerre de Sa Majesté totalisant 230 canons en bronze, dix navires
marchands et deux pinaces portant 243 canons en fer. Des officiers
expérimentés[36]
accompagnaient le corps. Après des relâches à Gibraltar, Malaga et
Alicante, on arriva le 27 novembre dans la rade d’Alger[37].
Cependant, le 2 décembre, la flotte anglaise leva l’ancre n’ayant pu
emporter qu’une quarantaine d’esclaves. A son retour, Mansell « se
vanta d’avoir coulé à fond un grand nombre de bâtiments algériens
mais ses récits, dénués de preuves, trouvèrent beaucoup d’incrédules
et il fut même accusé d’être demeuré en repos dans un des ports
ennemis[38]. »
Depuis le départ d’Alger, les Anglais ne cessèrent de patrouiller, à
la recherche des corsaires mais en vain.
En avril 1621, la flotte mit le cap sur Alger. Elle arriva le 21
mai. Auparavant, à Alicante, l’amiral dut louer une polacre et
acheter trois brigantines actionnées par des rameurs. Il acquit même
une maison où il fabriqua divers engins destinés à incendier les
navires en dedans du môle d’Alger.
Ici, les navires prirent leur mouillage sur la rade suivant une
double ligne orientée du Nord au Sud. Le vaisseau amiral se trouvait
au centre « à l’Est de l’extrémité méridionale du môle. » Ensuite,
l’Amiral donna l’ordre à six navires marchands « de patrouiller à
l’Ouest, aussi près du rivage qu’ils le pourraient, sans
inconvénient, afin d’empêcher que les pirates ne vinssent s’insinuer
entre la flotte et la côte. »
Puis, il désigna deux bâtiments pour aller dans le môle « où ils
devaient s’incendier après s’être attachés par des chaînes aux
bateaux des pirates. »
Pour brûler la flotte algérienne, on avait mis dans deux navires
pris aux corsaires, une grande quantité de matières inflammables :
du bois sec, des étoupes, de la poix, de la résine, du goudron, du
soufre et autres substances très combustibles. Les deux unités
portaient également des chaînes et des grappins pour s’attacher aux
navires auxquels ils devaient mettre le feu. Ils avaient aussi des
chaloupes pour ramener les équipages, une fois l’incendie déclenché.
Trois brigantines pourvues de seaux de feu grégeois et de piques
devaient servir à fixer leurs substances inflammables sur les
navires. Pour atteindre les bâtiments ancrés en dedans du môle, une
canonnière anglaise chargée de produits, de chaînes et de grappins
de fer devait se porter au milieu. Là, elle devait s’attacher à l’un
de ces navires et y mettre le feu.
Sept bateaux de secours, bien garnis d’hommes armés, se tenaient
prêts (près) pour prêter main forte aux artificiers chargés de
l’opération en cas de danger. Tout était prêt et on n’attendait que
le moment propice.
Le 24 mai, navires et bateaux incendiaires s’avancèrent vers le môle
mais le vent tomba si bien qu’ils étaient dans l’impossibilité d’y
entrer. Un clair de lune les découvrait. Les veilleurs de nuit, sur
les murs de la ville, ayant donné l’alerte, les premiers tirs
couchèrent une dizaine d’Anglais. Le vent manquait toujours pour
alimenter et disperser le feu. Faute de résultats, l’Amiral leva
l’ancre et se retira au large, le 25. Cinq jours après, les
assaillants entrèrent de nouveau dans la baie.
Entre temps, les Algériens avaient barré l’entrée du bassin si bien
qu’il n’était possible, à aucun navire d’y pénétrer pour mettre le
feu aux bâtiments de la Régence « qui étaient maintenant remplis
d’hommes en armes, sans compter trois galères et quinze bateaux bien
armés qui étaient stationnés en permanence, en dehors du môle pour
monter la garde devant la chaîne[39]. »
La marine algérienne n’allait pas se cantonner à la défense du môle.
Le 2 juin, trois galères sortirent du bassin, passèrent devant la
flotte anglaise qui fit feu sur elles. « Nos coups ne portèrent
guère ou pas du tout » dit l’auteur du Journal, membre de
l’expédition. Après avoir harcelé les Anglais, les trois galères
revinrent dans le bassin. Pendant tout ce temps, les captifs
chrétiens se sauvaient à la nage et gagnaient la flotte ennemie.
Le 4 juin, devant l’impossibilité d’entrer dans le môle, les Anglais
mirent à la voile pour Alicante. L’échec fut total. Mais les
expéditions allaient se répéter souvent.
En 1653, l’Amiral Black, le Comte de Winchelsac, en 1659, Sir Lawson
en 1662 et 1663 voulurent, chacun à sa manière, réduire ou faire
céder le gouvernement d’Alger. Les résultats furent insignifiants.
Un autre officier tenta sa chance en 1678. J. Narborough lança
quelques boulets devant la capitale mais deux nouvelles batteries,
récemment installées, l’éloignèrent de la rade.
Durant le XVIIIème siècle, les relations algéro-anglaises connurent
des hauts et des bas, suivant la personnalité des Deys et le
comportement des consuls.
En 1775, le Dey Baba Muhammad était particulièrement favorable à la
France. La fierté et l’insolence des Anglais le révoltaient. Aussi,
traitait-il avec la plus grande hauteur le commandant de la flotte
anglaise qui vint à Alger avec ordre de rétablir le consul chassé de
son poste par les autorités. Le Dey alla jusqu’à refuser à cet
officier l’autorisation de descendre à terre et « rendit aux Anglais
menace pour menace[40]. »
2.
Le
problème de Malte
Avec le XIXème siècle, une série de crises allait envenimer les
relations entre les deux puissances.
La querelle survint à propos de Malte. L’île était tombée aux mains
des Anglais en septembre 1800, après un siège mémorable. Sans
tarder, l’Angleterre, en signant un accord avec le Dey Mustapha,
stipula que les Maltais seraient traités comme des sujets anglais et
l’île comme une dépendance de la Grande-Bretagne.
Les Maltais naviguaient avec des passeports anglais. Les Algériens
en ayant capturés quelques-uns, la brouille fut suivie d’une
tension. Le consul fut expulsé d’Alger. Londres ressentit la gravité
du geste et prescrivit à Nelson de « capturer ou de détruire tous
les bâtiments appartenant à la Régence ou à ses sujets et de nuire,
par tous les moyens, à cet Etat[41]. »
Nelson était convaincu que « frapper un coup soudain sur les
nombreux corsaires du Dey est le seul moyen de l’amener à
composition. » Mais il fallait un plan ; il en conçut un : les
corsaires algériens rentraient au port en septembre pour y passer
l’hiver et ne réarmaient qu’en février, pour remettre à la voile au
début avril. L’amiral demandait un délai « afin d’atteindre d’un
seul coup tous les vaisseaux du Dey d’un bout de la Méditerranée à
l’autre. » En attendant, il suggérait de laisser le Dey dans le
doute quant aux intentions de l’Angleterre. Cependant, Nelson se
heurtait à une difficulté des plus complexes : comment distinguer
les navires algériens de ceux de Tunis ou de Tripoli, car les trois
flottes se ressemblaient ?
Certes les consuls en poste dans les deux Régences voisines
pouvaient délivrer aux bâtiments de ces pays des certificats, mais
cela reviendrait à légaliser leur course !
Malgré toutes les difficultés d’une intervention, le capitaine Keats
se présenta devant Alger avec mission de "réclamer réparation de
l’offense faite au consul et libéra ion des captifs et des navires
maltais pris". Le Dey refusa.
En exécutant des instructions reçues, Nelson devait « prendre,
couler, brûler ou détruire tout bâtiment algérien. » Le port d’Alger
devait être déclaré en état de blocus[42].
Les autorités d’Alger avaient déjà pris les mesures. « Les forts
sont prêts à recevoir l’ennemi ; les canonniers ont la mèche allumée
» confiait le consul de France à Tunis à MM. du Commerce[43].
Pourtant, la guerre n’eut pas lieu : le gouvernement de Londres
voulant éviter un affrontement coûteux, se contenta d’excuses et
renonça à réclamer les navires maltais, « mais, on espérait toujours
abattre le Diwan et conquérir la Régence » On méditait déjà un plan.
L’opinion britannique trouvait que « l’Afrique septentrionale fut
jadis le grenier de Rome. Occupée par une population industrieuse
(entendez anglaise), elle pourrait devenir infiniment utile à
l’Europe [...] pourquoi n’y transporterions-nous de la surabondance
de notre population et qui nous empêcherait d’y fonder une
colonie...? La côte septentrionale de l’Afrique est plus à portée de
l’Angleterre que tant de contrées qu’elle s’est empressée d’occuper
au loin[44]. »
[1]
Sur ces expéditions :
a) Les sources
contemporaines analysées par Turbet-Delof, Bibliographie
Critique, p. 222-223
b) La Roncière, Le
Bombardement d’Alger par Duquesne en 1683: Jal (A),
Histoire de Duquesne et la Marine de son temps, II, pp. 414
et suiv. (les sièges de 1682 et 1683).
[2]
Tessier (O), Correspondance du P.J. Le Vacher, Consul de
France à Alger, faisant connaître le vrai motif de la
rupture de la paix entre la France et la Régence d’Alger
1676-1683 (Mélanges Historiques, IV, 755-784. Paris,
1882)
[3]
Lettre du 18 octobre 1681 (A.C.CM., série J. 1351).
[4]
Lettre du 13 décembre 1681
[5]
Il avait détruit, en 1681, la flotte de Tripoli (huit
vaisseaux) dans le port de Chio.
[6]
La galiote à bombes était un « bâtiment d’une longueur de
23m et d’une largeur de 8 très solide d’échantillon, ayant
deux massifs formés de farines recouvertes de terre bien
battues au-dessus desquels reposent des plates-formes
destinées à recevoir les deux mortiers qui composent
l’armement. » (Loir. La Marine Française, p. 61).
[7]
Appelée par les Anglais « bomb ketch. » La Roncière parle de
« machine d’une invention nouvelle » qui fut expérimenté
d’abord à Dunkerque en présence de Seigneley en
février-avril 1682. (Le bombardement de 1683,
B.S.G.A., 1916, tiré à part, p. 7)
[8]
S.I.H.M., t. II, p. 204 (Instructions, Versailles, 3
juin 1682)
[9]
Ibn Zâkûr al-Fâsî qui séjournait alors à Alger pour y
parfaire ses études a noté dans sa relation (Rihla)
une brève description des bombardements de 1683.
[10]
Les consuls,
p. 32.
[11]
Marie Thérèse d’Autriche (1638-1683), reine de France par
son mariage avec Louis XIV.
[12]
Prélat, écrivain et orateur français, 1627-1704. Le passage
est tiré des Œuvres Oratoires, Paris, Louis Vivès,
1863, Vol. 12, p. 513.
[13]
A.N.Aff.Etr. B III- 305 (mars 1688).
[14]
Grandchamp, « Le maréchal d’Estrées devant Alger, »
Documents inédits de 1687 et 1688, R.T., 1918. Sur le
dialogue des morts du 18 juillet, Tuibet-Delof, B.C., n°
259-261 : Des Français sont mis à mort dont le consul
Piolle. D’Estrées jette sur le radeau, « au gré de la mer »
3 Turcs la tête éclatée à coups de mousquet ; Alger riposte
en exécutant 7 Français ; la France confie à un autre radeau
18 Algériens préalablement égorgés dont 2 Raïs. Les
Algériens continuent... La France menace de tuer 130
Algériens de la chiourme royale...
[15]
La Condamine qui se trouvait à Alger en 1731 affirme que la
ville « se sent encore des bombardements. Il y a, dit-il,
des maisons qui ne sont pas encore rétablies" (Voyages,
R.A., 1954, p. 380) Le savant semble tout ignorer du
tremblement de terre de 1717 et dont les secousses
« durèrent neuf mois de suite » (Laugier de Tassy,
Histoire. p. 169).
[16]
Capot-Rey, op. cit., p. 122.
[17]
A.N.Aff.Etr. Mémoires et Documents, t. 14 (Alger).
[18]
A.N.Aff.Etr. B III - 305 (1688).
[19]
Capot-Rey, la politique Française, p. 123.
[20]
A.N.Aff.Etr. B III - 305, p. 32.
[21]
A.N.Aff.Etr. B III - 305 (décembre 1753)
[22]
A régné de 1587 à 1609
[23]
Guarnieri (G), Icavalieri di Santo Stefano, Pisa,
1960, p. 144.
[24]
L’expédition avait peut-être d’autres raisons : Mettre la
main sur Murad Raïs, venir à Alger pour y incendier la
flotte ; les Algériens ayant été mis au courant du projet,
les Chevaliers tournèrent leur sortie vers ‘Annâba (Bône).
[25]
D’après l’auteur de « Heureux Succès et Victoire des
Chrétiens et Aimée du Grand-Duc de Toscane, » 1607, cité
par Turbet-Delof, B.C, n°88, p. 67.
[26]
Leur nombre varie selon les sources de deux cents à mille
cinq cents, Voir Turbet-Delof, B.C., n°92, p. 68.
[27]
Brève description de cette ville dans al-Idrîsî, Nuzhat
al-muchtâq, Ed.H.Pérès, La Maison des Livres, Alger, p.
61
[28]
Az-Zahhâr, (Mudhakkirât, p. 25) parle de onze
bâtiments.
[29]
Le Dey Muhammad ibn Uthmân, 1766-1791.
[30]
Beaudicour, La guerre et Gouvernement d’Alger, p.
128.
[31]
« Un chant algérien du XVIIème siècle » recueilli sur place
par Venture de Paradis, édité par Fagnan, R.A., 1894, pp.
325-345.
[32]
D’après Beaudicour (op. cit., p. 129), Le Dey assura qu’il
n’attendait plus des Danois que des bombes d’or.
Az-Zahhâr parle de
deux millions et demi de douros plus le tribut annuel ainsi
que les présents aux dignitaires de l’Etat et aux Raïs,
après quoi la paix fut signée (Mudhakkirât, p ; 25).
Venture de Paradis dit que la
paix se fit moyennant 50.000 sequins algériens en plus de
quatre bâtiments chargés de munitions navales estimés à
40.000 sequins, des présents aux dignitaires et du rachat
des esclaves évalués à 30.000 sequins (R. A., 1897, p. 117).
[33]
Rappelons que le 1er août 1746 avait été signé un traité de
paix entre les deux pays.
[34]
A.N.Aff.Etr. B III - 305, p. 45.
[35]
Roi d’Angleterre, 1566 à 1625.
[36]
Dont Button et Hawking, deux contre-amiraux.
[37]
Durant la présence de l’escadre anglaise dans le port
d'Alger, des « Turkes Pirates » y entrèrent avec deux
vaisseaux anglais qu’ils venaient de capturer (Playfer, « Episodes
des Relations de la Grande Bretagne avec la Régence d’Alger, »
R. A., 1878, p. 307)
[38]
Perrot, Esquisse, p. 76.
[39]
Pravost, « Une expédition anglaise contre les pirates
d’Alger, 1620-1621, » Cinquantenaire de la Faculté des
Lettres d’Alger, 1881-1931, Alger, p. 434.
L’auteur a largement puisé dans un journal de l’époque
intitule : “Algiers Voyages in A Journal or Brief reportary
of ail occurents hapening in the Fleet of Ships sent on by
the King His Most Excellent Majestie ar welle againt the
pirates of Algiers, as others.”
Le récit de ce
membre de l’expédition n'est signé que par ses initiales :
I.B.
[40]
Rapport de Saint Didier à de Sartine, A.E. B III - 305,
Pièce 106.
Les Anglais eurent
recours au Sultan Ottoman. Démarche inutile. Le Dey ayant
méprisé les recommandations de La Porte, Londres renonça à
toutes ses prétentions et le nouveau consul ne fut admis
qu’en... 1780.
[41]
Instructions de Lord Hobart à Nelson, 23 avril 1803,
rapportées par Douin, La Méditerranée de 1803 à 1805,
Paris, 1917.
[42]
Pour éviter les représailles, les bateaux anglais entrant en
Méditerranée passaient par un chemin au Nord des îles Ibiça
et Majorque.
[43]
A.C.C.M. Série M.Q. 52, Lettre du 15 pluviôse, an XII.
[44]
Vers la même époque, la Régence fut l’objet d’une clause
secrète dans l’accord de Tilsitt (7 juillet 1807) entre
Napoléon 1er et le Tsar de Russie. On se promit d’en faire
la conquête au profit du Roi de Sardaigne pour le dédommager
de la perte de ses états d’Italie.
Malta