Après la chute successive de toutes les villes musulmanes d’Andalousie, un grand nombre de Musulmans retourna au Maghreb pour se protéger et protéger leur religion. Néanmoins, un grand nombre de Musulmans restèrent parmi les mécréants qui les appelèrent al-Moudajjanin, (les pauvres animaux ou les poulets encagés). Si certains d’entre eux se rebellèrent ce ne fut pas le cas pour tous et ceux qui restèrent finirent par s’intégrer aux mécréants, oublièrent l’Islam et la langue Arabe et ils créent leur propre langue qui porta le nom de Khimiadi, la langue parlée de castille mais transcrite en arabe.  

 

 

A cette époque, le royaume de Grenade, surnommée la petite Andalouse, était composée de quatorze villes (madina), de quatre-vingt-dix-sept forteresses (qal’ah) sans compter un très grand nombre de tours (abraj) et de forts (houssoun), plus de cent-soixante-dix villages (qu’aria) ou vivait, d’après certains historiens, plus de quatre millions de Musulmans. 

Comme nous l’avons aussi mentionné, le fondateur de ce royaume fut Abou ‘Abdillah al-Ghalib Billah Muhammad Ibn Youssouf Ibn Muhammad Ibn Ahmad Ibn Khalis Ibn Nasr Ibn Qays al-Khazraji qui naquit en l’an 591 de l’Hégire (1194), connut sous le nom d’Ibn al-Ahmar et surnommé ash-Shaykh et dont l’ancêtre était le respectable Compagnon Sa’d Ibn ‘Oubadah al-Khazraji al-Ansari (qu’Allah soit satisfait de lui). La devise des gouverneurs du royaume de Grenade à cette époque était donc « la ghalib illa billah » (nul vainqueur excepté par Allah).

  

En l’an 660 de l’Hégire (1261), les croisés atteignirent la plénitude de leur force et Alfonsh X marcha de Léone sur Grenade et menaça la ville avec son immense armée. 

Muhammad Ibn Nasr Ibn al-Ahmar prépara une armée pour mettre fin à cette menace tout en envoyant un groupe de gens au Maghreb pour demander de l’aide aux Musulmans. Le Sultan des Bani Marine, Abou Youssouf Ya’qoub Ibn ‘Abdel Haqq, lui envoya trois-mille combattants sous le commandement de ‘Amir Ibn Idriss Ibn ‘Abdel Haqq, et ce fut la première armée des Banou Marine qui fut envoyé au secours des Musulmans et qui posa le pied en Andalousie.

Ces Moujahidine créèrent un corps armé qui fut appelé Minsha'at al-Ghouzat, et avec l’aide des Moujahidine maghrébins, Ibn al-Ahmar put faire face aux croisés et repousser leurs attaques.

 

En l’an 661 de l’Hégire (1261), Alfonsh X tenta une nouvelle fois de reprendre Grenade et Ibn al-Ahmar repoussa son attaque malgré la petitesse de ses moyens. Alfonsh ne cessa de répéter ses tentatives si bien qu’al-Ahmar, en l’an 665 de l’Hégire (1266), conclut le fameux traité de paix humiliant que nous avons déjà mentionné et les affaires restèrent en paix.

 

En l’an 671 de l’Hégire (1272), Alfonsh trahit son engagement et attaqua de nouveau Grenade, malgré toutes les concessions faites par Ibn al-Ahmar qui demanda de l’aide au Sultan des Banou Marine al-Mansour Abou Youssouf Ya’qoub Ibn ‘Abdel Haqq qui accepta de l’aider et envoya ses forces en Andalousie qui repoussèrent la nouvelle menace d’Alfonsh mais qui arrivèrent après la mort d’Ibn al-Ahmar le fondateur du royaume de Grenade, à qui succéda son fils Muhammad Ibn Muhammad Ibn Youssouf Ibn al-Ahmar surnommé al-Faqih. Il fut appelé ainsi parce qu’il étudia la science religieuse chez les grands ‘Oulémas de l’époque et était lui-même un savant et un juriste.

 

La bataille d’ad-Don Nonawiyyah 

En l’an 673 de l’Hégire (1274), lorsque la pression des croisés devint de nouveau intense sur Grenade, Muhammad al-Faqih demanda de l’aide aux Banou Marine.

Au mois de Dzoul Hijjah de cette même année, une armée des Banou Marine de cinq-mille combattants débarqua en Andalousie, suivie deux mois plus tard par l’émir des Banou Marine al-Mansour Abou Youssouf Ibn Ya’qoub en personne.

L’armée jointe des Musulmans sortit de Grenade pour mettre fin à la menace permanente des croisés dont l’immense armée du roi de Castille Alfonsh X était stationnée à Istidjah au sud de la ville de Cordoue, sous le commandement de Don Nonio Dillara, d’où le nom de la Bataille d’ad-Don Nonawiyyah et c’est sous ce nom quelle est mentionnée dans l’Histoire de l’Islam.

L’armée des Musulmans au nombre de 10.000 hommes était sous le commandement de l’émir des Banou Marine al-Mansour qui donna le commandement de l’avant garde à son fils Youssouf. L’avant garde était composée des gens de Grenade avec à leur tête Muhammad al-Faqih.

De nouveau, une bataille décisive allait avoir lieu. Si les Musulmans perdaient ce serait la fin de Grenade et du futur des Musulmans et s’ils sortaient vainqueurs, ils auraient battu la puissante armée de Castille de 90.000 hommes. Les armées, inégales tant au niveau logistique que du nombre, se rencontrèrent le 15 Rabi’ Awwal de l’année 674 (1275) près de Cordoue.

L'armée des croisés, forte de ses moyens et de son commandant invincible, avança en toute confiance. Quant aux Musulmans, ils placèrent leur confiance en leur Seigneur et à Son obéissance Exalté et Loué soit-Il, espérant Sa grâce, Sa miséricorde et qu’Il, à Lui les Louanges et la Gloire, leur accorde la victoire.

 

Avant la bataille, l’émir des Banou Marine, al-Mansour Abou Youssouf Ya’qoub Ibn ‘Abdel Haqq descendit de son cheval, refit ses ablutions et pria deux unités de prières. Puis il leva ses mains vers le ciel et fit une longue invocation à voix haute, la Dou’a ô musulman,  la Dou’a,  tandis que les Musulmans disaient amine (aminoun) à chacune de ses invocations.

Sa dernière invocation fut celle que le Messager d’Allah (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui) fit pour les compagnons (qu’Allah soit satisfait d'eux) le jour de la bataille de Badr : « O Grand Seigneur, donne la victoire à ce groupe, assiste-le et aide-le à combattre Tes ennemis et nos ennemis » (allahoumma ansour hadil ‘issaba wa ayadha wa a’inha ‘ala jihad ‘adouwika wa ‘adouhina).

Puis il remonta sur sa monture, se prépara pour la bataille et donna ses instructions à son fils à l’avant-garde. Puis il dit : « O Musulmans et groupe de combattants ! Vous êtes les secoureurs de la religion. Ce jour est un grand jour et un témoignage sans conteste pour ce qu’il y a après. Le Paradis vous a ouvert ses portes tandis que ses Houris et sa terre se sont faites belles pour vous accueillir. Elancez-vous et soyez ferme. Le Paradis n’est-il pas à l’ombre des sabres ? Allah a acheté des Musulmans leurs âmes et leurs bien qu'ils auront le Paradis. Profitez de ce commerce fructueux et concourez vers le Paradis avec les œuvres pieuses. Soyez sans pitié envers les ennemis d’Allah, les mécréants (al-kafara). Combattez les associateurs immoraux (al-fajara). Celui d’entre vous qui mourra, mourra martyr (shahidan) et celui qui vivra retournera à sa famille en paix enrichit, acquitté et louant (hamidan). Soyez endurants. Incitez-vous à l’endurance. Luttez constamment (contre l’ennemi) et craignez Allah, afin que vous réussissiez ! »

Alors les gens pleurèrent et se congratulèrent les uns et les autres pour l’adieu et persuadés de trouver le martyr en ce jour et de ne jamais plus se revoir en ce monde. Ils vendirent leurs âmes au Seigneur de l’univers en échange de Son Paradis et poussèrent leurs cris de guerre : « Allahou Akbar  » !

Ils se conseillèrent mutuellement la patience et de ne pas tourner le dos puis, ils enfourchèrent leurs montures et se jetèrent sur l’ennemi. Et c’est ce qu’ont rapporté les historiens sur cette bataille.

Et 10.000 Musulmans se lancèrent contre 90.000 croisés et l’émir des Banou Marine assisté de ses lions du Maghreb (oussoud al-maghrib) pénétrèrent rageusement les rangs ennemis fauchant de leurs sabres quiconque se tint sur leur route. La bataille dura un certain temps avant que les Musulmans ne l’emportent. Ce fut une horrible et écrasante défaite pour les croisés et un très grand nombre de leurs soldats mourut. Mourut également lors de cette bataille le commandant de leur armée Don Nonio, 7.800 prisonniers furent fait et 6.000 autres trouvèrent la mort. Le butin fut si important qu’il est rapporté que les moutons furent vendus 1 dirham la pièce.

Les historiens ont aussi rapporté concernant cette bataille : « Les Musulmans n’avaient pas été victorieux depuis la bataille d’al-‘Iqab ou fut battu an-Nassir al-Mouwahhidi suite à une traîtrise d’Alfonsh VIII en 609 de l’Hégire (1212) soit 69 années ».

 

De l’importance de l’invocation 

Avant de continuer plus loin puisque la circonstance l’oblige, je voudrais vous mentionner ce qui a été rapporté sur l’importance de l’invocation ou la Dou’a.

 

Pour commencer Allah Exalté soit-Il, à Lui les Louanges et la Gloire a dit dans Son Livre Saint : « Et quand Mes serviteurs t’interrogent sur Moi ; alors, Je suis tout proche, Je réponds à l’invocation de celui qui M’invoque s’il M’invoque. Qu’ils répondent à Mon appel, qu’ils croient en Moi, afin qu'ils soient bien guidés[1] », 

« Et Votre Seigneur a dit : « Invoquez-moi, j’exaucerai vos demandes. Ceux qui, par orgueil, se refusent à M’adorer entreront bientôt dans l’enfer, humiliés[2] » », 

« Et quand ils affrontèrent Goliath et ses troupes, ils dirent : Seigneur! Déverse sur nous l’endurance, affermis nos pas et donne-nous la victoire sur ce peuple infidèle. Ils les mirent en déroute, par la grâce d’Allah. Et David tua Goliath ; et Allah lui donna la royauté et la sagesse, et lui enseigna ce qu’Il voulut. Et si Allah ne neutralisait pas une partie des hommes par une autre, la terre serait certainement corrompue. Mais Allah est Détenteur de la Faveur pour les mondes[3] »,

 

Nou’man Ibn Bashir (qu’Allah soit satisfait de lui) a rapporté que le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « L’invocation ou la supplication est l’essence de l’adoration ». Rapporté par Abou Daoud, at-Tirmidi, an-Nassa'i, Ibn Majah, Ibn Hibbane et al-Hakim.

‘Oubadah Ibn Samit (qu’Allah soit satisfait de lui) a rapporté que le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « Tout musulman au monde, qui invoque Allah sera exaucé, sinon Allah, Exalté soit-Il, le préservera d’un mal à condition qu’il ne demande rien d’illicite ni la rupture des liens parentaux ». Rapporté par at-Tirmidi et al-Hakim.

 

Dans une autre version, Abou Sa’id al-Khoudri (qu’Allah soit satisfait de lui) a rapporté, en plus du Hadith précédent, que le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « …sans qu’Allah ne lui accorde l’une des trois choses suivantes : soit qu’Il l’exauce promptement, soit qu’Il lui en réserve la rétribution dans l’Au-delà ou soit qu’Il lui épargne son équivalent de mal ». Rapporté par Ahmad, al-Bazzar, Abou Ya’la et al-Hakim.

 

Abou Hourayrah (qu’Allah soit satisfait de lui) a rapporté que le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « L’invocation ou la supplication est l’arme du croyants (silah al-mou'minin), le piler de la religion (‘imad ad-din) et la lumière des cieux et de la terre (wa nour samawati wal ard) ». Rapporté par al-Hakim et Abou Ya’la.

 

Salman (qu’Allah soit satisfait de lui) a rapporté que le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « Allah est tellement Bienveillant et Généreux qu’Il a honte de refuser une demande à quelqu’un qui lève les mains vers Lui » Rapporté par Abou Daoud, at-Tirmidi, Ibn Majah, Ibn Hibbane et al-Hakim.

 

Ibn ‘Omar (qu’Allah soit satisfait d’eux) a rapporté que le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « L’invocation procure le bien en ce qui n’est pas encore survenu comme en ce qui l’est déjà. Alors vous devez aussi, ô serviteurs d’Allah multiplier les invocations » et aussi : « Celui qui invoque est privilégié par la miséricorde (d’Allah) et la meilleure invocation est celle où l’on demande le salut (‘afiyyah) ». rapporté par at-Tirmidi et al-Hakim

 

Thawbane (qu’Allah soit satisfait de lui) a rapporté que le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « Rien ne peut repousser le sort, excepté les supplications adressées à Allah. Tien ne peut prolonger la vie, à part le piété. On se prive des richesses par les péchés que l’on commet » Rapporté par Ibn Hibbane et al-Hakim.

 

Le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « Allah donne la victoire à cette communauté grâce aux faibles parmi eux, grâce à leurs invocations, à leurs prières, à leur sincérité » et « Soyez bienveillants envers les gens faibles parmi vous, car vous êtes secourus et vous avez votre subsistance grâce aux gens faibles parmi vous » et « N’êtes-vous pas secourus et votre subsistance ne vous vient-elle pas grâce aux gens faibles parmi vous ? » Rapporté par al-Boukhari

 

Al-Mansour Abou Youssouf Ya’qoub, émir des Bani Marine 

Al-Mansour des Bani Marine fut victorieux lors de cette bataille qui eut le 15 Rabi’ Awwal de l’année 674 (1275) qui repoussa la chute définitive de l’Andalousie. Ce fut une bataille décisive et encore une autre bataille oubliée de l’Histoire des Musulmans.

Après la bataille, l’armée des Musulmans se divisa en deux parties. Une partie de l’armée sous le commandement d’Ibn Ahmar al-Faqih marcha vers Jaén tandis que l’autre partie sous le commandement d’al-Mansour vers Séville.

 

Ibn Ahmar mit le siège sur la ville et renforça son blocus tandis que Sancho fils de Jacqoum (shanja Ibn jaqoum) le roi d’Aragon, prépara son armée pour le stopper et marcha sur Jaén ou les deux armées se rencontrèrent, l’armée des croisés sous le commandement de Sancho et celle des Musulmans par Ibn Ahmar. Les Musulmans écrasèrent les croisés lors de cette bataille et Sancho fils de Jacqoum fut tué.

Le roi d’Aragon qui avait entretemps envoyé une autre armée au secours de son fils rencontra l’armée d’Ibn Ahmar le lendemain de sa victoire. Don Nino, le commandant de l’armée des croisés, hésita à combattre les Musulmans et les deux armées se firent face longtemps. Puis il envoya des messagers pour demander la paix à la condition que la dépouille de Sancho lui soit remis. Ibn Ahmar accepta à condition que les croisés relâchent tous les prisonniers musulmans qu’ils avaient. Les échanges eurent lieu et l’armée des croisés quitta les lieux en direction de Tolède ou ils enterrèrent son corps dans la mosquée qui avait été transformée en église.

 

Quand à al-Mansour, il mit le siège sur Séville. Les habitants demandèrent la paix en échange du paiement d’un impôt de guerre et al-Mansour accepta leur demande.

Après des années d’humiliation la gloire de l’Islam semblait se réanimer et si les Musulmans étaient sincères envers Allah, à Lui les Louanges et la Gloire, et revenaient à lui, ils seraient toujours victorieux. Non seulement Allah Exalté dit la Vérité mais les innombrables batailles de l’Islam sont là, comme un exemple vivant et permanent de ces vérités

 

Lorsque les affaires retrouvèrent la tranquillité, al-Mansour retourna au Maghreb cinq mois après, au mois de Rajab de cette même année, laissant derrière lui un corps de troupe de 3.000 combattants pour assister les Andalous.

Al-Mansour ne chercha pas à reconquérir l’Andalousie au bénéfice des Banou Marine mais il était venu juste pour combattre dans la voie d’Allah le Très Haut pour que Son Verbe soit Elevé puisse Allah Exalté et Loué soit-Il le récompenser en bien (jazahou lahou khayra).

 

Le retour d’al-Mansour en Andalousie 

En l’an 677 de l’Hégire (1278), al-Mansour retourna en Andalousie ou il rencontra Ibn al-Ahmar al-Faqih le gouverneur de Grenade et ensemble, ils se dirigèrent vers Séville qui avait rompu ses engagements. Sur leur route, ils conquirent un certains nombres de forts puis il envoya divers détachements capturer d’autres petites villes dans la région surnommée l'île verte ou Algésiras, proche du détroit de Tariq. Quant à son fils Youssouf Ibn al-Mansour accompagné par al-Ahmar, ils se dirigèrent vers les régions du nord ou ils prirent un certain nombre de forteresses et de forts.

 

Le gouverneur de Cordoue s’inquiéta des mouvements des Musulmans quand l’armée conjointe des Musulmans arriva à Cordoue et assiégea la ville.

Cordoue était devenu la capitale des croisés. Le gouverneur envoya des messagers pour demander la paix. Al-Mansour laissa la décision à al-Ahmar du fait qu’il était le gouverneur d’Andalousie et ce dernier accepta la demande de paix du roi de Castille aussi à cause de la fatigue qui pesait sur l’armée.

Lorsque l’impôt de guerre, al-Jizyah, fut payé, al-Ahmar et al-Mansour revinrent à Grenade. Al-Mansour fut accueilli par les gens en liesse du fait des victoires successives des Musulmans. Et pour les récompenser, il fit distribuer tout le butin de guerre entre les habitants ce qui lui valut plus d’amour de leur part.

 

Pendant ce temps, le gouverneur de Malaga mourut et son fils prit sa succession. Lorsqu’il vit qu’al-Mansour restaurait la gloire des Mourabitine, il offrit son poste et sa ville au Sultan Youssouf Ibn Ya’qoub et ainsi Malaga devint la première ville à se soumettre aux Bani Marine. Youssouf nomma son fils Abou Zayyan gouverneur de la ville et retourna au Maghreb.

Alors le pire se produisit sous les artifices du maudit Iblis. Ibn al-Ahmar eut peur que les Banou Marine lui prennent le pouvoir bien que c’était un savant et qu’il connaissait l’Histoire. Et l’histoire des Mourabitine lui revint en mémoire aidé en cela par les suggestions du malin.

Il se rappela l’histoire entre Youssouf Ibn Tashfine et al-Mou’tamid Ibn ‘Abbad. Mou’tamid Ibn ‘Abbad était le gouverneur de l’état indépendant de Séville qui lorsque les croisés se firent menaçants et que la ville fut en danger, il demanda de l’aide aux Mourabitine. Ceux-ci répondirent à son appel en la personne de Youssouf Ibn Tashfine qui revint plusieurs fois assister les Musulmans d’Andalousie et dut ôter le pouvoir aux gouverneurs des états indépendants, après l’édit juridiques des savants de Syrie,  parce qu’ils étaient non seulement incapables de se défendre eux même mais posaient un réel danger pour les Musulmans. Et ainsi avait pris fin l’état ville-indépendantes d’al-Mou’tamid Ibn ‘Abbad qui choisit la rébellion plutôt que la soumission.

 

La traitrise d’Ibn al-Ahmar 

Ibn al-Ahmar obnubilé par le pouvoir ne pensa qu’à lui-même et hélas ne prit pas en compte les Musulmans ni ce qu’il y avait de mieux pour sa communauté. Et il dit une parole mal placée dans son contexte : « Il y a dans l’Histoire une leçon ! »

Certes ! Il y a dans l’histoire une leçon qu’il ne faut pas suivre les traces du diable ou se séparer de la communauté mais certainement pas de leçon de sacrifier les intérêts des Musulmans en général pour protéger les siens d’autant plus que le Messager d'Allah (Saluts et bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « Aime pour ton frère ce que tu aimes pour toi ».

Ibn al-Ahmar détesta pour son frère ce qu’il aimait pour lui oubliant la leçon de travailler ensemble pour le bien de tous !

Ibn al-Ahmar, l’ingrat, oublia ce que les Bani Marine avaient fait pour le protéger et décida de se préparer à lutter contre eux et comme personne ne pouvait l’aider, il eut recourt aux ennemis des Musulmans, les croisés, et il n’y a de force et de puissance qu’en Allah. Il en appela donc aux mécréants pour l’assister dans sa lutte contre eux. A quoi donc peut servir la science lorsqu’on ne craint pas Allah le Très Haut !

 

Saisissant l’occasion en or qui se présentait à lui, via le traître Ibn al-Ahmar, le roi de Castille mit à sa disposition une armée pour expulser les Banou Marine d’Andalousie et leur armée qui était stationné près de Jibal Tariq dans la région d’Algésiras (jaziratoul khadrah).

L’armée Ibn d’al-Ahmar se joignit à celle des croisés et ensemble ils marchèrent sur les Banou Marine. Arrivé sur place, ils mirent le siège tandis que les Banou Marine appelaient à l’aide leurs frères au Maghreb. Après avoir d’abord envoyé son fils en urgence pour secourir leurs frères al-Mansour débarqua une nouvelle fois en Andalousie. Youssouf Ibn al-Mansour conduisit une flotte de quatre-cents navires mais les croisés informés leur opposèrent une autre flotte et eut lieu une grande bataille navale entre les Musulmans et les croisés dans le détroit de Tariq ou avec la grâce d’Allah le Très Haut sur Ses serviteurs, les croisés furent battus. Lorsque les croisés virent la puissante flotte (oustoul dakhm) des Musulmans non seulement ils se retirèrent mais abandonnèrent Ibn al-Ahmar à ses problèmes.

Ibn al-Ahmar lorsqu’il se retrouva seul regretta son geste et fit envoyer des messagers au Banou Marine leur demandant de lui pardonner son erreur et leur proposa des généreuses sommes d’argents et des navires. Al-Mansour lui envoya néanmoins une terrible lettre pour le sermonner et décida de ne pas tenir compte de son erreur.

Al-Mansour retourna au Maghreb tandis que son fils Youssouf resta en Andalousie ou il occupa la région d’Algésiras. Puis il se mit à penser à ce traître d’Ibn al-Ahmar qu’il avait secourut maintes et qu’il n’avait pas hésité à les trahir de cette manière ! Youssouf al-Mansour décida donc de le punir.

Al Mansour quant à lui retourna au Maghreb préoccupé par une rébellion en Algérie dans la région de Tilimsen à laquelle il dut faire face en personne.

Son fils, seul sans consulter personne, chercha un moyen de se débarrasser d’Ibn al-Ahmar. Son père était trop préoccupé pour l’aider et il n’avait avec lui qu’une petite armée. Et il pensa que seuls les mécréants pouvaient l’aider ! Lui qui était venu pour fin mettre fin à la menace des croisés voilà maintenant qu’il pensait à leur demander de l’aide pour punir ce traître ! Et effectivement, Il contacta Alfonsh X qui réjouit de voir les Musulmans à ce point divisé, lui proposa de lui envoyer une armée pour attaquer Grenade !

Youssouf eut peur d’agir sans l’autorisation de son père et il dit aux messagers que lui avait envoyé Alfonsh X : « Allez voir mon père et essayez de le convaincre ! Ce qu’ils firent immédiatement et lorsqu’ils se trouvèrent en présence d’al-Mansour et lui dirent les raisons de leur présence, il entra dans une terrible colère ! Il envoya aussitôt des messagers à son fils pour le menacer en lui disant : « Tu veux punir une trahison par une autre trahison ? »

Et Allah le Très Haut préserva les Musulmans d’Andalousie de cette erreur qui aurait pu être tragique pour eux !

Ensuite les Musulmans connurent une période de calme tant au Maghreb qu’en Andalousie alors qu’il en était tout autrement chez les Chrétiens.

 

La division chez les croisés 

En l’an 681de l’Hégire (1282), Sancho fils d’Alfonsh X se rebella contre son père à Castille qui était l’état le plus important des croisés aux nord. Il l’évinça du pouvoir et l’expulsa. Alfonsh X qui dirigeait depuis assez longtemps refusa de se laisser faire. Alors il s’en alla en Europe chercher de l’aide auprès des rois mais pas l’un d’entre eux ne l’aida. Puis il alla à Rome et demanda de l’aide au pape qui ne voulut pas se mêler des affaires intérieures d’Alfonsh X du fait que ce n’était pas un problème entre les Chrétiens et les Musulmans mais entre un père et son fils.

Alfonsh humilié retourna en Andalousie et pensa à demander de l’aide aux Musulmans. Il traversa le détroit de Tariq et s’en alla demander de l’aide au Sultan al-Mansour au Maghreb.

Il serra la main du Sultan et lorsqu’il fut partit le Sultan alla aussitôt se laver les mains de cet homme qui avait déjà tué des milliers de Musulmans. Le Sultan le rencontra et l’écouta et Alfonsh lui offrit sa couronne royale en guise de cadeau. Al-Mansour se dit qu’il devait profiter de l’occasion de la même manière que les croisés profitaient des divisions des Musulmans.

Al-Mansour décida d’aider le roi déchu. Son armée débarqua de nouveau en Andalousie cette même année et tous les partisans d’Alfonsh X qui voulaient son retour à la royauté se joignirent à cette armée qui attaqua Séville, Cordoue et mit la pression sur Sancho.

Le siège dura deux années complètes et Alfonsh X mourut soudainement. Tous les gens qui avaient rejoints al-Mansour n’ayant plus aucune raison de rester s’en allèrent tandis qu’al-Mansour retourna au Maghreb. 

 

La mort d’al-Mansour Abou Youssouf Ya’qoub 

En l’an 684 de l’Hégire (1285 M), al-Mansour retourna une nouvelle fois en Andalousie pour donner une leçon aux croisés.

Sancho lui envoya deux armées l’une par terre et l’autre par mer pour l’en l’empêcher. Mais ces deux armées furent battues et Sancho contraint demanda la paix. Al-Mansour accepta sous certaines conditions dont celle qu’il devait bien traiter les Musulmans d’Andalousie. Car c’est à cause des nombreuses plaintes des gens qui se plaignirent d’être maltraités par les croisés tant pour leurs biens, leurs personnes et leur religion qu’al-Mansour était venu en Andalousie.

Sancho accepta et l’accord fut mis sous écrit. Al-Mansour demanda aussi que tous les livres des Musulmans qui avaient été pris dans les villes lui soit renvoyés au Maghreb et effectivement de grandes quantités de livres lui fut envoyés. Et ainsi une grande partie des livres religieux et scientifiques Musulmans échappèrent à la destruction grâce à al-Mansour et ces livres se trouvent de nos jours dans la grande bibliothèque de Fès au Maroc.

 

En l’an 685 de l’Hégire (1286) le grand Sultan al-Mansour Abou Youssouf Ya’qoub qui terrifia les croisés en Andalousie, qui gouverna avec justice, décéda lors d’une de ses batailles en Andalousie puisse Allah le Très Haut lui faire miséricorde,

Son fils Abou Ya’qoub Youssouf Ibn Ya’qoub lui succéda et les relations entre lui et Ibn al-Ahmar al-Faqih ou Muhammad II, n’étaient pas vraiment bonnes. Ibn al-Ahmar eut peur de lui lorsqu’il apprit sa succession et pour prouver sa loyauté, il se rendit au Maghreb pour rassurer Youssouf sur ses intentions pacifiques et qu’il n’avait nullement l’intention de trahir une nouvelle fois. Il lui fit des promesses, lui donna des garanties et lui dit qu’il avait vraiment regretté son geste. Et pour confirmer ses paroles, il lui proposa de prendre ce qu’il voulait des terres d’Andalousie.

Youssouf Ibn al-Mansour l’accueillit, l’honora et accepta ses doléances. Youssouf le confirma à son poste mais réclama la région d’Algésiras de même que la ville de Tarif. Et tout alla bien jusqu’en l’an 690 de l’Hégire.

 

En l’an 690 de l’Hégire (1290), comme à leur accoutumée et encore une fois les croisés trahirent leurs promesses et leurs engagements envers les Musulmans après leur défaite en mer et sur terre et préparèrent une importante armée.

Youssouf voulut se rendre en Andalousie pour les corriger mais avant qu’il ait put bouger les croisés envoyèrent une flotte de guerre pour l’empêcher de traverser. Eut lieu alors une importante bataille navale ou les Musulmans furent dispersés avant même d’avoir pu organiser leurs forces.

Le Sultan Youssouf refusa de fuir et fit face aux navires croisés et les autres navires Musulmans voyant qu’il tenait ferme se rallièrent a lui et ensemble ils mirent en fuite la flotte ennemie. Le Sultan Youssouf débarqua alors en Andalousie et marcha directement sur Séville où il mit le siège. Mais les conditions météorologiques se gâtèrent et des pluies diluviennes s’abattirent si bien qu’après un certain temps le Sultan Youssouf leva le camp et retourna au Maghreb. Et n’était ces conditions seul Allah, à Lui les louanges et la Gloire, sait ce qui serait arrivé.

 

La chute de Tarif

Ibn al-Ahmar ayant vu les forces du Sultan Youssouf à l’œuvre et de plus en plus puissante eut peur une nouvelle fois que les Banou Marine lui prenne le pouvoir. Il demanda donc une nouvelle fois de l’aide aux croisés pour venir à bout d’eux. Les croisés acceptèrent de l’aider et les deux armées réunies marchèrent vers Tarif ou ils mirent le siège.

Les Banou Marine conscient du danger ne purent rien faire du fait qu’ils devaient faire face à des problèmes au Maghreb néanmoins, le Sultan Youssouf réussit à envoyer une flotte navale au secours des Banou Marine de Tarif.

Lorsque les croisés furent informés, ils envoyèrent à leur tour une autre flotte qui empêcha les Musulmans de porter assistance à leurs frères. Deux batailles successives eurent lieu l’une sur terre et l’autre sur mer entre les Banou Marine et Ibn al-Ahmar le traître allié aux croisés. Mais au final, après quatre mois de blocus, Tarif tomba aux mains des croisés et bien que les clauses du contrat que le traitre avait signé, stipulaient que toutes les villes que les croisés réussiraient à conquérir lui reviendraient, le traître se retrouva lui-même trahit ! Ils refusèrent de lui remettre la ville car ils étaient maintenant parvenus à l’extrême-sud de l’Andalousie et Ibn al-Ahmar se retrouva piégé. L’Andalousie était maintenant coupée du Maghreb et alors Ibn al-Ahmar regretta encore une fois son geste ! Il vit de ses propres yeux l’œuvre des croisés tandis que la menace des Banou Marine n’avait jamais été réelle pour lui mais juste une peur infondée qu’il avait eue.

Il se rendit de nouveau au Maghreb présenta ses excuses au Sultan Youssouf qui l’accueillit encore une fois et l’honora. Il lui offrit un des quatre grands Massahif (Qur’an) que ‘Uthman Ibn ‘Affan (qu’Allah soit satisfait de lui) avait envoyé dans tout l’empire Musulmans pour qu’ils soient réimprimés à partir de cette version originale.

Ibn al-Ahmar lui donna vingt forteresses, la région d’Algésiras, la ville de Randa et le Sultan Youssouf envoya son ministre ‘Omar Ibn S’oud al-Jashmi à la tête de son armée pour chasser les croisés de Tarif qui était une ville fortifiée et qui ne serait pas tombée sans la trahison de Ibn al-Ahmar et toutes les tentatives de capture de la ville échouèrent.

 

La mort d’Ibn al-Ahmar al-Faqih 

En l’an 701 de l’Hégire (1301), Ibn al-Ahmar al-Faqih mourut et son fils Abou ‘Abdillah Muhammad surnommé al-Makhlou’ (le détrôné) lui succéda mais ce fut son ministre qui dirigea réellement le royaume de Grenade tandis que Muhammad III n’en était que la façade. avant d’être détrôné en l’an 708 de l’Hégire (1308) pour être succédé par Nasr.

 

Ce ministre traître coupa ses relations avec les Banou Marine et ouvrit des relations avec les croisés. Puis profitant que les Banou Marine étaient occupés par des rebellions en Algérie, le ministre, Abou ‘Abdillah al-Hakim, envoya une armée d’Andalousie au Maghreb.

Cette armée était commandée par le fils de son oncle Abou Sa’id Faraj Ibn Isma’il qui réussit à capturer la ville de Ceuta et cela dans le but d’empêcher les Banou Marine d’intervenir en Andalousie. Puis pour semer la division dans les rangs des Banou Marine, il annonça sa rébellion au Sultan Youssouf Ibn al-Mansour et sa reconnaissance au rebelle des Banou Marine, ‘Uthman Ibn Abi al-‘Ala al-Marini.

 

Cette même année, le Sultan Youssouf Ibn al-Mansour devait décéder des suites de cette affaire fomentée par les Andalous. Et Abou Thabit Ibn Abi ‘Amir al-Marini lui succéda.

Mais il s’ensuivit des troubles avec son oncle Abou Salim. Et ainsi les Bani Marine se trouvèrent divisés en trois groupes. Abou Thabit réussit à venir à bout de son oncle et aussitôt combattit ‘Uthman al-Marini qui s’était rebellé contre son père et assiégea Ceuta. Alors qu’il assiégeait la ville, Abou Thabit mourut et lui succéda le Sultan Abou Rabi’ qui renforça tellement le blocus sur Ceuta qu’il ne tarda pas à reconquérir la ville. ‘Uthman dut s’enfuir et se réfugia à Grenade.

 

La chute de Gibraltar 

En l’an 708 de l’Hégire (1308), alors que les croisés contrôlaient la presque totalité de l’Andalousie, et en dépit des accords avec les Musulmans de Grenade, ils décidèrent de capturer le reste du pays et Fernando IV à la tête de son armée marcha sur Almeria, la ville portuaire de la flotte navale des Musulmans tandis qu’il envoya une autre armée alliée au roi Jacques pour capturer Gibraltar (jibal tariq).

Cette même année Nasr succéda à Abou ‘Abdillah Muhammad surnommé al-Makhlou’

 

En l’an 709 de l’Hégire (1309) Gibraltar tomba car personne ne vint secourir les Musulmans.

Nasr pensa que son pouvoir était en danger et que son tour n’allait pas tarder d’autant plus que la ville d’Almeria était assiégée depuis une année maintenant. Il envoya des messagers au Sultan des Bani Marine au Maghreb pour demander de l’aide. Le Sultan après avoir posé ses conditions envoya hommes et argent pour soutenir le gouverneur de Grenade.

 

Cette même année, Fernando IV resserra son étau sur Almeria qui subissait un double blocus navale et terrestre. Les habitants fermes et intransigeants poussèrent Fernando à creuser un tunnel assez large sous le sol pour permettre l’accès à vingt cavaliers afin qu’ils puissent accéder à la forteresse.

Les Musulmans s’en rendirent compte et eux même se mirent à creuser un tunnel qui rejoignit celui des Chrétiens et une bataille eut lieu sous la terre. ‘Uthman des Bani Marine qui avait trouvé refuge à Grenade leva une armée et porta secours au gens d’Almeria. Et par la grâce d'Allah le Très Haut, les Musulmans eurent le dessus et écrasèrent leurs ennemis.

 

En l’an 713 de l’Hégire (1313), Nasr qui succéda à Abou ‘Abdillah Muhammad al-Makhlou’ fut contraint de se désister et il fut remplacé par Abou al-Walid Ibn Isma’il Ibn Faraj Ibn Isma’il qui n’ait autre que le frère de Muhammad I ou Ibn al-Ahmar, le fondateur du royaume de Grenade.

Sous son règne eut lieu une bataille entre une armée de Grenade de 6.000 combattants dont 1.500 cavaliers, sous le commandement de Sheikh al-Ghouzat, ce fameux corps de combattants formé par les Bani Marine, contre une immense force de croisés de Castille sous les commandements de Don Pedro et Don Juan, les tuteurs du jeune roi de Castille, Alfonsh XI.

Le 20 du mois de Rabi’ Awwal de l’année 718 de l’Hégire (1318) eut lieu la grande bataille près d’Alvéra pas très loin de Grenade ou les croisés furent écrasés par la grâce d’Allah Exalté. 

 

En l’an 725 de l’Hégire (1324), le Sultan de Grenade al-Ghalib Billah Abou al-Walid décéda et son fils Abou Muhammad lui succéda avant d’être tué (qoutil) en 733 de l’Hégire et d’être succédé par son frère Abou al-Hajjaj Youssouf Ibn Isma’il.

 

La reprise de Gibraltar 

Ainsi l’histoire nous démontre qu’il suffit que les Musulmans soient unis pour qu’ils remportent les victoires et qu’ils les perdent lorsqu’ils sont désunis.

Le Sultan Abou al-Hassan ‘Ali Ibn ‘Uthman Ibn Abi Ya’qoub gouverneur du Maghreb et chef des Bani Marine débarqua en Andalousie en l’an 741 de l’Hégire pour porter assistance aux Musulmans. Il s’entendit avec Abou al-Hajjaj Youssouf al-Awwal des Bani al-Ahmar pour mettre fin à l’avancée des croisés en Andalousie mais aussi pour récupérer les terres que les Musulmans avaient perdus. Les deux armées unifiées réussirent à reprendre Gibraltar puis ils firent leurs préparatifs pour attaquer Tarif.

Lorsque les croisés virent cela, ils firent de même et les armées de Castille et d’Aragon s’allièrent pour stopper l’avance des Musulmans et porter secours à Tarif tandis que le pape de Rome appelait à une nouvelle Guerre Sainte, ou Croisade contre les Musulmans.

L’armée anglaise ainsi que d’autres européennes vinrent leur porter assistance en navires jusqu’au détroit de Gibraltar ou ils mirent le blocus pour éviter que le Maghreb envoie des renforts.

L’armée musulmane sans renforts se retrouva sous immense pression puis bientôt sans vivre mais les deux émirs Abou al-Hassan ‘Ali Ibn ‘Uthman Ibn Abi Ya’qoub et Abou al-Hajjaj restèrent ferme jusqu’à l’arrivée de l’armée portugaise qui reçut l’ordre du pape de son obligation d’assister l’armée des croisés. Les Musulmans se retrouvèrent encerclés par trois armées sur terre et la flotte des croisés en mer.

Les trois armées donnèrent simultanément l’assaut contre les Musulmans enfonçant leurs lignes et l’armée des portugais transperça le centre des Musulmans et arriva jusqu’à la tente du Sultan Abou al-Hassan. Sa garde personnelle se battit farouchement pour protéger la vie du Sultan mais tous trouvèrent la mort si bien que les portugais firent prisonnier le fils du Sultan.

Le Sultan, quant à lui, réussit à rejoindre de manière extraordinaire un groupe de solides combattants qui réussirent à l’’extraire du champ de bataille avant de l’emmener dans un endroit de la région d’Algésiras puis dans l’île de Gibraltar. Et de là il fut emporté au Maghreb, échappant ainsi de peu à la mort.

Abou al-Hajjaj, réussit aussi à retourner à Grenade tandis que l’armée des Musulmans fut décimée. Un très grand nombre de Musulmans périt lors de cette bataille mais aussi de grands ‘Oulémas tel que ‘Abdillah Salba Salmani et le Qadi ‘Abdillah al-Maliki alors qu’il haranguait les gens leur disant : « Ce jour est le jour de joie, heureux de ce que leur Seigneur leur a donné de Ses bienfaits ». La femme du Sultan fut prise prisonnière avec d’autres femmes tandis que d’autres encore furent tuées.

Ce fut une douloureuse défaite pour les Musulmans et il n’y a de force et de puissance qu’en Allah le Très Haut.

 

Afin d’enrichir vos connaissance, nous allons vous rapporter maintenant ce que firent les croisés sous le commandement de ‘Alfonsh XI après leur victoire en comparaison avec al-Mansour le chef des Mouwahhidine lorsqu’il assiégea Tolède avec ses puissantes machines de guerre et qui fut sur le point de tomber n’était-ce les donzelles[4] que le roi de Castille lui envoya qui l’émurent au point où il les couvrit d’or, de pierre précieuse et de lever le siège. Qu’on le veuille ou non, cet événement restera dans tous les sens possible une référence, que l’on peut utiliser dans toutes les circonstances.

Le roi de Castille Alfonsh XI, malédiction d’Allah sur lui, entra dans le camp des Musulmans puis dans la tente du Sultan des Bani Marine et égorgea tous ses enfants avec une sauvagerie inouïe ! Des enfants qui accompagnaient leur père, quelle crime avaient-ils commis ? La haine des croisés est à ce point qu’ils n’ont même pas pitié des enfants des Musulmans comme les Musulmans ont pitié de leurs femmes jusqu’à abandonner une victoire ?

Non, ils ne connaissent pas, nous avons bien vu l’Algérie, la Bosnie, l’Iraq, l’Afghanistan etc. et je dirais qu’ils font même mieux de nos jours puisqu’ils urinent même sur les victimes avant de les bruler!

 

Après leur victoire, la flotte des croisés mit le blocus sur les forts Musulmans en mer et prirent celui d’Abou Sa’id.

 

La chute d’Algésiras

Sitôt son arrivée au Maghreb, le Sultan Abou al-Hassan ‘Ali Ibn ‘Uthman Ibn Abi Ya’qoub leva une nouvelle armée et une nouvelle flotte et se dirigea à nouveau vers l’Andalousie. Les deux flottes se rencontrèrent en mer mais la flotte des Musulmans préparée à la hâte était de loin insuffisante pour faire face à celle des Anglais et des Européens et ils furent de nouveau battus. Les croisés contrôlèrent le détroit de Gibraltar puis de là, mirent le blocus sur toute la région d’Algésiras tandis que le pape demandait un surplus d’aide à fournir aux Espagnols. L’Angleterre envoya une nouvelle armée soutenir le roi de Castille.

Le siège d’Algésiras dura trois années et demi jusqu’en l’an 741 de l’Hégire (1340). Abou al-Hajjaj envoya une nouvelle armée pour les aider mais elle ne put rien faire. Et en l’an 743 de l’Hégire (1342), après un long et harassant siège, les Musulmans demandèrent la paix et la sécurité qui leur fut accordée à condition qu’ils quittent la région, et c’est ce qu’ils firent.

Ainsi toute la région d’Algésiras tomba aux mains des croisés réduisant encore plus la présence musulmane en Andalousie.

 

En l’an 750 de l’Hégire (1349), Alfonsh XI marcha sur l’île de Gibraltar qui était une forteresse et mit le siège. A cette époque, apparut une maladie qui se propagea tout le long des pays en bordure de la Mer Méditerranée et qui toucha l’armée du Najiss al-Khabith Alfonsh XI qui périt ainsi que pratiquement toute son armée des suites de ce virus, que la malédiction d’Allah soit sur lui et ses semblables.

Et le siège sur Gibraltar qui durait depuis un an fut levé avec la Puissance d’Allah le Très Haut Exalté et Loué soit-Il qui les châtia tous et d’un seul coup pour leurs abominables crimes. L’invocation des opprimés est toujours exaucée, ne serait-ce après un certain temps !

 

Mais ce qui est bien triste, c’est que les croisés survivants prirent la dépouille contaminée de l’impur (najiss) Alfonsh XI qu’ils ramenèrent à Séville et qu’ils demandèrent l’autorisation aux Musulmans de traverser la ville de Grenade pour s’y rendre et tant qu’à faire a aussi contaminer les Musulmans de la ville qui ne l’avaient pas été et les Musulmans acceptèrent leur demande à la place d’en finir avec eux et certains d’entre eux allèrent jusqu’à porter le deuil et se vêtirent de noir, imitant les mécréants (taqlid an-nassarah) ! Vraiment les Musulmans de Grenade tombèrent bien bas et vous verrez un grand nombre d’exemples similaires dans l’Abrégé de l’Histoire des Croisades.

Le Messager d’Allah (Salut et Bénédiction d’Allah sur lui) a dit : « Celui qui imite des gens est considéré comme étant l’un d’eux.» rapporté par Ahmad et Abou Daoud.

Le Prophète (Salut et Bénédiction d’Allah sur lui) a dit : « Il n’est pas des nôtres celui qui imite des gens différents de nous, n’imitez ni les juifs, ni les Chrétiens ».

Le Prophète (Salut et Bénédiction d’Allah sur lui) a dit : « Vous suivrez les faits et gestes de ceux qui vous ont précédé, leur ressemblant comme se ressemblent les pennes d’une flèche, jusqu’au point où s’ils entraient dans un trou de lézard, vous les suivriez ». Les Compagnons demandèrent : « O Messager d’Allah ! Sont-ils les Juifs et les Chrétiens ? » Il répondit : « Qui d’autre alors ? » Rapporté par al-Boukhari.

 

Ou était-donc les Musulmans du Sultan Marini al-Mansour Abou Youssouf Ya’qoub Ibn ‘Abdel Haqq alors qu’il se trouvait dans son palais à Algésiras qui, lorsque le roi de Castille Alfonsh X lui demanda de l’aide après avoir détrôné en l’an 781 de l’Hégire, comme nous allons le voir, lorsqu’il mit fin à l’entrevue qu’il avait eu avec le roi des croisés après lui avoir serré la main dit en langue berbère à ses servants : « Ramenez moi de l’eau que je lave mes mains du contact de cet impur (qoublat ada najass) »

Comment les Musulmans de Grenade ont-il put honorer la dépouille de celui qui vendit en esclavage les femmes et filles du Sheikh Marini al-Ghouzat après qu’il eut égorgé de la pire manière ses enfants ! Ce sont des choses extrêmement importantes à savoir, n’avaient-ils donc plus aucun honneur !

 

A Castille, Boutra I surnommé al-‘Ati, le tyran, l’injuste, succéda à Alfonsh XI, alors qu’il était âgé de 16 ans. Trop jeune pour gouverner, c’est sa mère qui dirigea donc les affaires en attendant qu’il grandisse mais il la tua. Alors les gens se levèrent contre lui et il les punit très durement. De même ses proches se rebellèrent contre lui et ils subirent le même traitement et le pays des croisés tomba dans une profonde apathie à cause de ce tyran.

 

En l’an 755 de l’Hégire (1353), al-Ghalib Billah Abou al-Hajjaj Youssouf I mourut à Grenade, poignardé par un fou dans la mosquée alors qu’il priait, le jour de l’‘Id Fitr. Et son fils Muhammad V (al-khamis) Ibn Youssouf surnommé al-Ghani Billah lui succéda.

 

Le 18 Ramadan de l’année 760 de l’Hégire (1359), Isma’il Ibn Youssouf surnommé le Deuxième (al-thani), aidé par le mari de sa sœur Muhammad VI et une centaine d’hommes prirent le palais du gouverneur de Grenade tandis que Muhammad V s’enfuit sur sa monture vers la ville de Wadi Ash.

L'année suivante, Isma’il II fut assassiné et Muhammad VI devint seul gouverneur de Grenade. Deux ans, après Muhammad V qui s’était enfuit demanda de l’aide au Sultan du Maghreb qui l’assista et l’aida à récupérer le pouvoir. Tandis que Muhammad VI s’enfuit chez les croisés accompagné de trente-sept personnes. Ne sachant pas où aller, il alla chez Boutra qui après les avoir reçu, ordonna qu’ils soient tous tués tandis qu’il tua en personne Muhammad VI ! Il fit trancher leurs têtes et les envoya à Muhammad V.

 

Troubles en Castille 

En l’an 769 de l’Hégire (1367), les affaires empirèrent en Castille. Et ces troubles permirent à Grenade de durer un peu plus.

Imri II, aidé par la France, se rebella contre son frère Boutra, à cause de ses incessantes injustices, assistés en cela par l’armée ce qui poussa Boutra à fuir. Boutra partit au Portugal demander de l’aide mais toute aide lui fut refusée.

Alors, il alla en Galice et la Galice n’était pas vraiment en bon terme avec Castille. Le gouverneur Moutran mit à sa disposition une armée de 1.200 hommes. Alors Boutra le trahit lui prit tous ses biens s’embarqua sur un navire et alla dans l’île de Bayonne appartenant aux anglais et la captura.

Boutra demanda ensuite de l’aide au Prince de Galles qui l’aida avec une armée avec laquelle il revint à Castille et reprit le pouvoir de son frère. Imri se sauva en France. Boutra se vengea alors de tous ceux qui s’étaient rebellés contre lui et n’était-ce le Prince de Galles qui l’en empêcha, il les aurait tous tué. Puis il mit la pression sur les gens riches pour récupérer toute la somme d’argent qu’il avait donné au Prince de Galles en échange de son aide. Le Prince de Galles fut choqué par le comportement de cet homme et l’abandonna très en colère après lui.

Imri, aidé par les français retourna et attaqua Castille aidé par les habitants de la ville.

 

Ibn al-Ahmar annonça qu’il était prêt à aider Imri. Et l’armée d’Imri assiégea Cordoue, la capitale de Castille. Mais l’armée de Boutra la repoussa une première fois puis, le 14 avril 1367 eut lieu une grande bataille entre Imri et Boutra qui fut battu. Et après plusieurs autres batailles Boutra fut finalement tué et Imri II reprit le pouvoir.

 

Le roi du Portugal, profitant de ces batailles entres les Castillans, annonça en l’an 770 de l’Hégire (1368) qu’Imri II n’était pas le roi légitime de Castille et que c’était lui le roi du Portugal qui était le roi légitime de Castille. Et la guerre commença entre le Portugal et Castille.

Imri II réussit à vaincre le roi du Portugal et faillit contrôler le Portugal mais le pays resta un royaume indépendant. Et finalement les différents des croisés prirent fin et pendant toutes ces années, ils n’attaquèrent pas une seule fois les Musulmans leur laissant un peu de répit.

 

Le prédicateur Sio Nassiq 

En l’an 793 de l’Hégire (1390), apparut à Castille un homme du nom de Sio surnommé Sio Nassiq qui était un prédicateur. Et du fait que plusieurs de ses prédictions arrivèrent réellement les gens commencèrent à le suivre et à se rapprocher de lui.

Un jour, il annonça que les croisés allaient capturer Grenade comme ils capturèrent Valence. Il rencontra le gouverneur de la ville de Qantara qui le crut et qui se mit à envoyer des messages de soumission au gouverneur de Grenade.

Sio accompagné de 5.000 hommes marchèrent sur Grenade. Imri le gouverneur de Castille lui conseilla de ne pas faire cela du fait qu’il avait conclu des arrangements avec les Musulmans suite à leur aide apportée pour combattre Boutra.

Mais Sio et les gens refusèrent de l’écouter si bien qu’Imri changea d'avis et rompit son pacte. Sio annonça aussi à ses partisans que la ville serait prise pacifiquement et que pas un seul d’entre eux ne serait tué. Ils attaquèrent les faubourgs de Grenade et les Musulmans sortirent à leur rencontrèrent et tuèrent certains de ses partisans.

Alors les gens furent stupéfaits et ils dirent à Sio : « Mais tu nous avais dit que personne ne mourait ! »  Sio rigola et dit : « Je vous avais dit dans la bataille mais pas lors du siège ». Et les gens le crurent à nouveau.

Comme ceux-ci continuaient d’avancer, les Musulmans sortirent et les attaquèrent si bien qu’il s’ensuivit une bataille. Les Musulmans les écrasèrent et 3.500 d’entre eux furent tués y comprit Sio tandis que les autres fuirent la bataille et ceci est le seul évènement important qui arriva à cette époque.

 

Et de nouveau la situation empira à Grenade 

En l’an 793 de l’Hégire (1390) mourut Abou al-Hajjaj Youssouf II  Ibn Muhammad V. Abou al-Hajjaj succéda à son père puis lorsqu’il prit le pouvoir, Muhammad VII lui succéda après sa mort.

Muhammad VII n’était pas le plus grand de ses fils et il y eut des différents entre les frères et Muhammad VII fit emprisonner son grand frère. Et la division s’infiltra dans les rangs des Bani Ahmar. Cette division motiva les croisés pour intervenir et en l’an 809 de l’Hégire (1406) Yohannah II prit la succession après la mort d’Imri III.

La femme de Yohannah du nom de Catherine (katarina) et était une fanatique chrétienne. Et elle insista tant et tellement, soit cinquante années, auprès de son mari à rompre ses engagements avec les Musulmans et d’attaquer Grenade que celui-ci n’eut pas d’autre choix. Et il prépara donc son armée en conséquence.

Tandis qu’à Grenade la désintégration s’annonçait tant la situation était mauvaise pour les Musulmans.

 

En l’an 811 de l’Hégire (1408), Youssouf III, le plus grand en âge, fils de Youssouf II, frère de Muhammad VII était en prison comme nous l’avons mentionné et Muhammad VII pensa que si quelqu’un venait à libérer son frère qui était légitimement le prétendant au trône, celui-ci se retournerait contre lui et le forcerait à abdiquer sans oser imaginer les suites néfastes.

Alors, il ordonna de faire tuer son frère dans sa cellule et il écrivit au responsable de la prison pour qu’il exécute les ordres et celui-ci reçut le message alors qu'il était en train de jouer aux échecs avec le prisonnier du fait qu’une amitié était née entre eux.

Lorsqu’il lit la lettre, son visage se transforma du fait qu’il était obligé de tuer son  ami. Youssouf III se rendit immédiatement compte de ce changement et prit la lettre des mains du responsable et la lut ! Il dit au responsable :

- « Finissons d’abord la partie ». Et celui-ci étonné lui répondit :

- « Mais as-tu lu le message ? » Et l’autre de répondre :

- « Oui ».

- « Mais j’ai reçu l’ordre de te tuer ! »

- « Finissons d’abord la partie te dis-je ! »

Et à peine avait-il finit la partie, qu’on vint leur annoncer la mort de Muhammad VII ! Gloire à Allah le Très Haut (soubhanallah) ! Et Youssouf III le prisonnier devint le gouverneur officiel de Grenade après la mort subite de son frère dont le dernier acte et sur lequel il sera ressuscité est d’avoir ordonné la mort de son frère (souh al-khatimah) !

Les historiens ont rapporté que le règne de Youssouf II fut un bon règne.

 

En l’an 815 de l’Hégire (1412), Yohannah II enfin près attaqua et captura Nouqirah bien que Youssouf II envoya une armée pour défendre la ville mais elle fut battue. 

 

Le retour de la division à Grenade 

En l’an 820 de l’Hégire (1417), Muhammad, surnommé al-Ayssar ou Muhammad VIII, prit le pouvoir et sous son règne les troubles recommencèrent.

Il gouverna jusqu’en l’an 831 de l’Hégire (1427) quand son fils Muhammad Junior (as-saghir) ou Muhammad IX, se révolta contre lui et le détrôna. Muhammad al-Ayssar se réfugia en Tunisie ou le gouverneur de Tunis lui fournit 1.500 combattants qui lui permirent de retourner en Andalousie ou il fut rejoint par ses partisans et la bataille commença entre le père et son fils !

 

En l’an 833 de l’Hégire (1429), la bataille entre Muhammad as-Saghir et Muhammad al-Ayssar redoubla de violence, et le père victorieux retrouva le pouvoir. Mais ce n’était pas la fin des problèmes pour lui et un homme surnommé Youssouf IV Ibn Moull se rebella à son tour contre lui.

Le roi de Castille, profita de ces différents pour s’introduire dans le conflit entre les Musulmans et fournit de l’aide à Youssouf IV des Bani Ahmar contre Muhammad al-Ayssar gouverneur de Grenade. Youssouf IV réussit à venir à bout du gouverneur et l’écarta du pouvoir pour la deuxième fois.

 

En l’an 837 de l’Hégire (1433), Youssouf IV Ibn Moull décéda et Muhammad al-Ayssar retourna au pouvoir pour la troisième fois et continua à gouverner, bien que les gens doutèrent de ses aptitudes.

 

En l’an 845 de l’Hégire (1441), les rois d’Espagne se divisèrent à nouveau.

Les Musulmans auraient pu profiter de ces troubles aussi pour reconquérir ce qu’ils avaient perdu mais Muhammad al-Ayssar était un gouverneur particulièrement faible. La population finit par se rebeller contre lui et le lui ôter pour son incapacité. Et Muhammad X surnommé al-Ahnaf prit la succession. Muhammad X tenta aussitôt de renforcer le gouvernement et le pays.

 

En l’an 848 de l’Hégire (1444), il conduisit plusieurs batailles contre le roi de Castille mais sans en emporter une seule.

 

De même en l’an 849 de l’Hégire (1445), il envoya plusieurs commandos, sans ne connaître un seul succès. Alors les gens une nouvelle fois doutèrent de ses capacités de gouverneur incapable de remporter une seule victoire et lui ôtèrent le pouvoir. Et Muhammad V fils de Muhammad al-Ayssar lui succéda.

Cette même année, Muhammad al-Ahnaf, pour la seconde fois, reprit le pouvoir de Muhammad V juste quelques mois après sa nomination.

 

Les Musulmans sous le règne des croisés 

Que sont devenus les Musulmans qui étaient restés vivre dans les villes capturées par les croisés ?

Et bien, ils furent de plus en plus maltraités et humiliés alors que les Musulmans n’ont jamais maltraités les Chrétiens qui vivaient sous leurs lois !

Des nouvelles lois furent crées et appliquées pour que ces injustices leur soient naturellement appliquées et quelles deviennent une obligation. Et parmi ces lois :

- Il était permis à n’importe quel Chrétien de corriger et de frapper un musulman lorsqu’il le jugeait utile.

- Il fut interdit aux Musulmans de rentrer dans la maison d’un Chrétien exceptés les docteurs Musulmans car la science comme nous l’avons dit était chez les Musulmans !

- Il fut interdit aux Musulmans de fréquenter les Chrétiens sous peine de cruelles punitions.

- Comme les Musulmans avaient leur propre quartier et leur propre tribunal qui jugeaient encore selon les lois d’Allah le Très Haut Exalté et Loué soit-Il, les tribunaux Musulmans furent interdits et fermés.

Les Musulmans, sujets à ces cruelles lois commencèrent à quitter les villes des croisés et pour leur interdire de partir :

- Quiconque parmi les Musulmans qui tenterait d’émigrer vers Grenade serait pris comme esclave.

- Tout musulman interdisant à son enfant de se christianiser sera torturé.

- Sachant que le commerce était aussi aux des mains des Musulmans, le roi de Castille imposa une loi annulant toutes les dettes des Chrétiens envers les Musulmans. 

- Tout musulman qui serait pris en train d’attester à voix haute la parole de foi « la ilaha illallah wa Muhammad Rassoul Allah » serait immédiatement mis à mort.

- Il fut interdit aux Musulmans d’utiliser la langue arabe et l’utilisation d’al-Khimiado[5] fut rendue obligatoire sous peine de terrible punition.

Telles étaient quelques-unes des principales lois[6] auxquels étaient soumis les Musulmans surnommé « les moins que rien » (al-moudajjanin) dans les villes occupées par les Chrétiens.

 

Ahmad al-Tilmisani (de Tlemcen, en Algérie actuelle), le savant (‘alim) du Maghreb Arabe, un des plus grands savants de l’époque édicta son fameux arrêté juridique (fatwa), valable pour tous les temps et stipulant : « Obligation à tous les Musulmans interdit de pratiquer leur religion de quitter le pays dans lequel ils vivent. « Ceux qui ont fait du tort à eux-mêmes, les Anges enlèveront leurs âmes en disant : Où en étiez-vous? (à propos de votre religion) - Nous étions impuissants sur terre, dirent-ils. Alors les Anges diront : La terre d’Allah n’était-elle pas assez vaste pour vous permettre d’émigrer ? Voilà bien ceux dont le refuge et l’Enfer. Et quelle mauvaise destination ! A l’exception des impuissants : hommes, femmes et enfants, incapables de se débrouiller, et qui ne trouvent aucune voie. A ceux-là, il se peut qu’Allah pardonne. Allah est Clément et Pardonneur. »  Si un musulman ou qu’il se trouve ne peut protéger sa religion l’émigration devient obligatoire pour lui ».

Cette Fatwa se trouve dans son fameux livre : « asnal matajir fi bayan ahkam liman ghalaba ‘ala watanihil nassara wa lam youhajir wa ma yataratab ‘aleyhi minal ‘ouqoubati wal zawajir ».

Les gens commencèrent donc à émigrer en secret craignant de devenir esclave s’ils étaient pris. Et les gens de Grenade ne purent aider leur frère du fait des batailles que les gouverneurs se livraient pour le pouvoir.

 

La chute de Gibraltar 

En l’an 863 de l’Hégire (1458), Muhammad al-Ahnaf fut déposé et Sa’d Ibn Muhammad Ibn Youssouf II prit le pouvoir pour quatre années et en l’an 867 de l’Hégire (1462), il fut déposé à son tour par Youssouf V qui quelques années après fut redéposé par Sa’d Ibn Muhammad.

 

Profitant de la faiblesse des Musulmans, le roi de Castille attaqua en l’an 868 de l’Hégire (1463) l’île de Gibraltar (jabal tariq) et la captura bien que sa forteresse était la plus imprenable et la plus puissante de toute l’Andalousie. Puis le roi de Castille mit la pression sur Grenade mais la prédestination voulut que des différents surgissent entre les rois croisés et Alfonsh se rebella contre Imri IV et les gens prirent son parti.

Les deux armées se rencontrèrent mais aucun des deux ne remporta la victoire. Le différent dura quelques temps jusqu’à ce qu’Alfonsh meurt et que tout revienne en ordre. Les partisans d’Alfonsh portèrent allégeance à Isabelle (izaballa), la sœur d’Alfonsh mais celle-ci refusa de se rebeller contre son frère Imri et un arrangement eut lieu entre eux. Isabelle deviendrait après son frère reine de Castille.

La capture de l’île de Gibraltar par les croisés fut un dur coup insurmontable pour les Musulmans du royaume de Grenade car c’est par cette île et celle d’Algésiras que transitaient les aides du Maghreb. Avec la perte de ces deux îles stratégiques au profit des croisés, le contact avec le Maghreb fut coupé et cela accentua la chute de Grenade d’autant plus que la dynastie des Banou Marine connaissait ses derniers instants.

 

 

En l’an 868 de l’Hégire (1363), al-Ghalib Billah Abou al-Hassan ‘Ali Ibn Sa’d devint le nouveau Sultan et il était marié à deux femmes. L’une d’entre elle, ‘Ayshah, était la fille de son oncle et la seconde une espagnole convertie à l’Islam après avoir été capturée au cours d’une bataille du nom de Fourayah ou Thourayah.

Il eut de ‘Ayshah, Muhammad surnommé as-Saghir et Youssouf et de Fourayah ou Thourayah Sa’d et Nasr.

Abou al-Hassan voulut donner la succession à son grand fils de Thourayah parce qu’il aimait beaucoup celle-ci mais le véritable prétendant à la succession était Muhammad as-Saghir. Lorsque son épouse espagnole fut informée de ses desseins, elle fit emprisonner ‘Ayshah et son fils à Bourj Oumarish qui était une tour fortifiée. Avec ce complot intra familial, la sédition se glissa dans la famille régnante.

 

En l’an 869 de l’Hégire (1464), le règne des Bani Marine prit fin pressé par les Bani Wattass tandis qu’une nouvelle fois les troubles secouaient le Maghreb et que l’Andalousie, du moins ce qui en restait, connaissait ses derniers sursauts du fait de son extrême faiblesse.

Les croisés quant à eux étaient unifiés et prêt à saisir ce qui restait des possessions musulmanes en Andalousie.

 

En l’an 874 de l’Hégire (1469), le successeur du roi d’Aragon Fernando V (frinidad al-khamis) se maria avec Isabelle, la future reine de Castille.

 

En l’an 879 de l’Hégire (1474), Imri IV mourut et Isabelle prit le pouvoir.

 

La naissance de l’Espagne actuelle 

En l’an 884 de l’Hégire (1479), Yohannah II abdiqua le pouvoir en faveur de son fils, Ferdinand V et les deux époux annoncèrent l’unification des deux états devenu un qui prit le nom d’Espagne qui est le début de l’histoire de l’Espagne actuelle.

L’Espagne se retrouva divisée en trois états : l’Espagne, le Portugal et, la royauté de Grenade aux mains des Bani Ahmar et qui ne représentait pas le dixième de la superficie totale de l’Andalousie.

Cette unification entre les croisés rendit le pays plus fort. Les époux organisèrent le pays en mettant fin au banditisme et s’allièrent à eux plusieurs îles dont celle de Majorque et de Minorque.

 

En l’an 887 de l’Hégire (1482), Fernando marcha sur Grenade et plus particulièrement le sud est vers la ville stratégique de Hamah qu’il conquit et où il massacra tous les Musulmans, hommes, femmes, enfants et vieillards sans laisser un seul être vivant.

Puis il avança vers une puissant fort sur sa route vers Grenade, le fort de Locha. Dans ce fort il y avait une petite garnison de soldats musulmans commandé par le Sheikh ‘Ali al-‘Atar, puisse Allah le Très Haut lui faire miséricorde, qui avait à cette époque 80 ans. Mais cela ne l’empêcha pas non seulement se résister au siège mais de combattre à arme égale l’armée de Fernando qui ne put ni saisir le fort et ni aller de l’avant stoppé par la bravoure du Sheikh et de ses soldats.

Le Sheikh ‘Ali al-‘Atar ainsi retarda la chute de Grenade et empêcha Fernando d’aller plus loin. Le sabre de ce Sheikh existe toujours de nos jours et est conservé dans le musée de guerre de Madrid.

 

Cette attaque de Fernando sur Hamah permit à Ibn Hakim Muhammad XI de se sauver puis de contester le pouvoir à son père ‘Ali Ibn Sa’d qu’il finit par prendre en l’an 887 de l’Hégire (1482). Il fut connu sous le nom d’Abi ‘Abdillah al-Malik as-Saghir al-Ghalib Billah Muhammad XI.

La devise des Banou Ahmar, « la ghaliba illallah », écrit au-dessus de leur trône est toujours visible de nos jours dans le Palais al-Hamra à Cordoue.

 

Al-Malik Muhammad as-Saghir, rappelez-vous ce nom parce qu’il joua un grand rôle dans les derniers jours de l’Andalousie, Muhammad as-Saghir Ibn ‘Ali surnommé Muhammad XI ou al-Ghalib Billah et Malik as-Saghir avait pour patronyme (qounia) Abou ‘Abdillah.

C’est avec lui que débuta la fin de l’Andalousie pour les Musulmans.



[1] Qur’an, Sourate 2, verset 186.

[2] Qur’an, Sourate al-Ghafir, verset 60.

[3] Qur’an, Sourate 2, versets 250, 251.

[4] La mère, l’épouse et les filles d’Alfonsh. 

[5] Nous avons déjà mentionné cette langue nouvelle crée par al-Moudajjanin.

[6] Si Allah Exalté le veut, lorsque j’aurais finis cette série historique des Abrégés, je traduirais l’excellent livre du Docteur al-Jaza’iri : « le Mythe du Barbarisme Musulman et ses Objectifs » qui mentionne tous ces évènements ainsi que les lois des infâmes tribunaux de l’inquisition.